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Universityof Ottawa
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ETIENNE DESTRANGES
Le Théâtre
à Nantes
DEPUIS SES ORIGINES JUSQU'A NOS JOURS
±<l30 — ±90±
Nouvelle Edition revue et augmentée, ornée de sept Gravures,
de trois Plans et d'un Portrait
PAIUS
Librairie FISGHBACHER
(sociérÉ anonymk)
«y.V, Hue de Seine, .V.V
NANTKS
J. UESSARD
LIDUAIKK ÉDITICUH
î'i, Hue Kuben», 13
i vus '1 1 Dits !'• »(•( r. j
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Le Théâtre à Nantes
ÏA| uir ,*c^ Oçiyinc* ju#qua no* jouçf
DU ijaêfiae nws^ewp^
Etudes unalytiques, critiques, thématiques
L'Attaque du Moulin, d'Alfred Bninean.
liRisÉis, (YEmmanuel C/iahrier.
Le Chant de la Cloche, de Vincent d'Inf/ij.
L'KvoLUTiON MUSICALE CHEZ Verdi : AiDA, Otiiello. P'alstaff.
Les Femmes dans l'œuvre de Richard Wagner, avec une préface
d'Alfred Bruneaii et vingt dessins d'A. de Broca.
T'ervaal, de Vincent d'Ind/j.
HjEnsel et Ciretel, d'E. Huniperdinck.
Kérim — Requiem — Penthésilée — Lieds de P'rance — Chansons
a Danser, d'Alfred Bruneaii.
Les Lnterprètes musicaux du Faust de Gœthe (épuisé).
Messidor, d'Alfred Bruneau.
L'Œuvre lyrique de César Franck.
L'Œuvre théâtral de Meyerbeer.
L'Ouragan, d'Alfred Bruneau.
Proserpine, de Saint-Saëns.
Le Rêve, d'Alfred Bruneau.
Samson et Dalila, de Saint-Saëns.
Sancho, do E. Jaques-Dalcroze.
TaNNH/EUSER.
Les Troyens, de Berlioz.
Le Vaisseau Fantôme.
Ouvrages divers
CoLLOT d'Herbois A Nantes, d'aprù.s une pièce originale décou-
verte dans les Archives de la Ville.
Dix jours a Bayreuth.
Notes de Voyage.
Souvenirs de Bayreuth.
En préparation
Consonnances et Dissonances.
Nantes. — Imprimerie F. Salières, rue Santeuil, 12.
ETIENNE DESTRANGES
Le Théâtre
à Nantes
DEPUIS SES ORIGINES JUSQU'A NOS JOURS
±^30 — ±90±
Nouvelle Edition revue et augmentée, ornée de sept Gravures,
de trois Plans et d'un Portrait
PAIUS
Librairie FISGHBAGHER
(société anonymk)
.'y./, Rue de Seine, .Vi
NANTES
J. UHSSARD
LIBliAlRE ÉnrrKUR
75. '•'•'- '^'"'— f'
1002
Tous droits réservés
PM .•
A
MON VIEIL AMI
Alexis Ba^cRman
PREMIÈRE PARTIE
t)epuis les ^Origines jusqu'à la \(yOnslrucLion du 'Grand- JhéàLre
1430 ? — 1787
LES MYSTERES
1430— 1518
Jj.' jeu fie Bioii advis«'pl mal advisé. — Diffi^entfs pièce* jouets à \nntcs
NANTES, comme partout ailleurs, nous devons chercher les
l^i^^jj.j origines du th(^àtre dans 1rs Mystùrf». On sait que ces
Q^^iAfj) niyst«'n'S n'était'iU aulro chose qur il ' nt
écrites relatant des épisodes de la vif ^ . t
de Ji'sus Christ sur la terre. A cette époque de foi «C de croyance»
naïves, c'était pour le peuple une grande joie de voir rendues vivanu^s,
devant ses yeux, les figures du Christ, de la Vierge, des apùtn's et des
martyrs. L'Eglise, qui, dopuis, a foudroyé le théàtn' et los comédiens,
les protégeait à cette épo<jue. Souvent, elle ouvrait toutes grande;»
les portes do ses cathédrales aux f^On/r^n'n dp la Pauttinn, On doit
donc considérer le clergé comme l'un des principaux instigateurs des
représentations dramatiques, car c'est sous ses auspiix» que le goût du
théâtre, qui s'était perdu dans les premiers temps de barbarie, résultat (alal
de l'écroulement du monde romain, refleurit de nouveau parmi l«»s popu-
lations.
De nombreux mystères furent donnés à Nant*»s, pendant toute la pén«>de
du Moyen-Age et de la It^maissance.
Le premier dont nous trouvons trace fut la Passion ci fft'.turrrction rir
Notre- Seigneur JestuA-Chriaty joué, sur l'ordre du duc Jean, en Tan H'-V.K
LK TIIEATRK A NANTES
Pour cela, on fit venir de Rennes \{^'s joueurs nécessaires â cette représen-
tation.
En H.')."), on i-eprésenta le my.strre do Bien fidniaè et mal nclDiu'. J'ai
copié, dans les comptes du bureau, la noie de Pierre Lellù, receveur et
misrur des œiwrcs et réparations de la ville, qui :
« Sujjplye lui estre fait raison des paine et travault que il eut et souslint
aux jeux de Jiic/i adrisé et mal adoisé, que le duc et la vilb: lirent joor
dei'/iièreîuent au BoufFay de ceste dite ville, tant pour l'ère ferer ia roe de
fortune^ pour faire charréer le boays d'icello et un grand nombre de clays et
de boays et autres plusieurs choses à faire; les ciiafïdult, tant pour les joeurs
que pour le peuple qui estoit à vcoîr lesditcs jeuz où il alla et envoya par
plusieurs et diverses joies et y fils de grandes dilijences qu'il plaise à
mesdits seigneurs des comptes en ordonner à leur bon plaesir... Ensuyvent
les mises faictes pour le fait du mystère de Bien adoise et mal adoisé, tant
pour matières, ouvriers, que pour aultres choses, ainsi qu'il ensuist, quel fut
joé devant le duc et la duchesse, — Pour une douzaine estam vert et doré
pour la goulle d'enfer, 2' 6**. Pour deux grandes peaux de parchemin et
deux cordes de boeau pour faire h; tonnerre, 3* 9'' . Pour deux liv?es rouzine
à faire sortir le feu'par les naseaux de ladite goulle, 16'' . Pour un cent de
queues de vaches à mettre sur la goulle, 5». Pour sept linceuls à .')* chacun,
cinc| touailles à '.i"" 1'' chacune, mis à faire ladite goulle, les orailles et les
cornes, 51^ S'i . A Louis Blanchart et son père pour la façon de ladite goulle,
et icelle avoir painti; et fourny et rais autre chose qui y failloint, 112- 11'' .
Pour l'empidrenient de quatre bourgrains noirs, pour tandre devant l'enfer,
qutMdx turent rompus et souillez, 2(>. »
Mellinet^ dans sa remarquable notice sur La Musique à Xantes, raconte
que :
« Lors des brillantes fêtes données par François II à la belle Antoinette de
Villequier, parente d'Agnès Sorel, les t/'ois galants Sans Soucf/, comé-
diens célèbres lurent appelés exprès à Nantes. Ils y représentèrent des
farces pieuses et profanes, la Passion, de Jean-Michel. d'Angers ; une
Sottise à huit personnages, par le même auteur ; le Mj/stère du jugement
de Paris, le Mgstère de saint Rogatien et de saint Donatien, enfin une
Pastorale dans un boccage, avec musique, et grandes rejouissanees.
»> Le spectacle n'était pas cher alors, car, en novembre 1 175, le trésorier
Cilles Thomas no paya que vingt livres aux compagnons de Sans-Soucy,
pour avoir représenté une/are^ devant le duc.
)) La représentation des Mystères se multiplia, principalement eu 1498.
quand la reine Anne revint à Nantes, après la mort de Charles VIII, ce roi
que notre duchesse aoait espouse lorsque'le ciel voulut moucheter le manteau
roijal de France des hermines de Bretagne. On représenta la Feinte de
Fortune, au carrefour Saint-Jean, la Feinte du Mijstère de Vérité, au
carrefour Saint-Vincent, et la ville donna, au carrefour du Pilori, une
Morisque de moralité, sorte de ballet pantomime. »
A l'occasion du mariage de la reine Anne de Bretagne avec Louis XII,
on joua aussi différentes pièces dont l'une avait pour auteur Siméon Bour-
gt?ois, valet de chambre du roi.
« Les théâtres étaient magnifiquement ornés, très vastes, avec des déco-
LF.8 MY«tTi:RES
rations ;i penipturtivcs, où l'on voyait les (ontaineit sourdant des croopcii des
montagrifs. la main di^ )M'intrc<*t l'art du i ' ' •
à la faron d«' la naiiiro. ««i v«)\aii-nn par «-ii
l>ouillonnaiit«, •
Ilots vl Ilots; i>ii.
|>att«*s (>t halLint •!<' ICau. ei<:. ; mu tl< ^ iet> uitieaux, p^Tchc» ^Qt
it's ranii<»rs, g.i/.ouillaimt a IN-rivi ft !•
)' On rcinar(|uaii trois dani<-^ (|iii v
\)iisst'' ; ('«'st à savoir avant roln- «I'hm '
tiairnt di' rirhfs rolrs d«< dnip d'<
d'or «|iii trou.s>ai(>ni «-n {«Mirs c\u\- .., ■ .
<|ui Ixiillairnl à leurs \isaLr<s un»* \ir\i'r
«lit«»s danio nM)n''M'nt;iMt !»•> f/'oi« (Jifiri-g. ,,-^ jmmk- ou i.un i.m
de solcnnilt*. Elles tenaient ehaeuiie en i idh un pliiniail (ait en
manière «{'«'ventoir. eoniine |)our soi évenier le vi>;tpr quand il fait
eliaud '). »
I II i.i I i .1 1 1< liii I i.ii I ^ I il I
!"•
nu I II)' I >
c'est (jne les auteurs (•' et les aeteur> du crû étaient nire". Au^m, la |iUi|>.-irt
du temps, les faisait-on venir des villes voisines. II no y«* trouva personne
à Nante>, nous dit M. DuK-i-st Matifeux, dans une int4''n'»s.iiite)-iiide imMiif
il V a <|uel(jue trente ans ilaiis la lierue tien l'rorinres tir l'dut.it, r.<. \.\.
de eoin|K}ser un divortisstMiient ou représentation tliéàtrak on rhom
Fraiifjois I"^, (|ui devait se n'tidrt; à Nantes en eoni|Mi{;n!e do 1 1
Kléonoro, sa seconde femme et du dauphin. 11 fallut reronrir a un |)r<>. ti-
reur de Poitiers, en renom j)our ses vor>. nommé Je^in Houihei.
On tn)uvera |)eut-6tre «-uricux losdi^tails suivant.s, donnés pr M. r)uKa>i
Matifeux :
« A l'échafaud «lu earrofour Saint-Nieolas. à l'enin**' do la r** >ii
une danie nounine Tlx^tis ilisant son dii-ton. r^>
N(^r<^ides vestues <le (alfetas bleu, lev uinn<li<'s »m>(iI!- (\
|x'tiz enfants au devant vestus de (
Thélis avait la této miiverie d'un ■
étaient vêtUs de talfetas bleu et \ert sur le nu. l'A a 1 entrée liii liaupjnn
> avoit I grande Iieriu\ ne. nn-partio de fleurs de I,\s. laquelle se .«untoiJ
et, par dedans, au devant, ung jeune enfant disant son dioion a monsieur !••
dauphin.
» Sur l'échafaud du Chanj:»'. il v avait là trois p<»r.onnag<'«.. sa\oir :
humaine Providence, v^tue de taiîelns bleu. v,m:- '" a>ant
«levant elle Bonheur, vêtu «le t;dTeias vi«>l«»t. et N d'une
simple robe «le t«)il«'. Providtr ' • uail l'un ■ ••
ch;ilne de for. Sa «oilî»' «^tait - vert. «1 i<-
«le honhiMirél.MtdeUilfiLis i:riv, tji.mc et violet (livroc «lu d.iupliin). .\laili«ur
était coitî»' «l'un bonml de «Mtoii blain-.
(I)«'.«mill«' M" Uini'l. hi rommiinr ft ht Milir,- d-- \"t.r»M. lui. ||I.
j'i» JeiH» \..i-< Ml."'!. :'. .iiiT ,1.1.- 1. t....i.- I. .11 \i. «.-i , ' .1, , •.|uii j NaalM rrr* lll'i
<t T«Wut i\ l;> . .M AiiO». 11 «1 connu
par un ctiritii
LE THEATRE A NANTES
)) Les sonneurs du roi étaient disposés autour de l'échafaud, et jouèrent
à l'entrée delà reine.
)) A l'entrée du dauphin, il y eut le comb;it du roi Arthur de Bretagne
contre Flolo, tribun romiiin. Une pucelle, la fille Michel Le Loup, repri';-
sentant la S;iinte-Vier^c, protégeait Arthur, dont elle couvrait l'écusson de
l'envers de son m;jntoau d'hermine : ce qui fut cause que les princes de
liretafjne prindrent les hevmtines pour blason de leurs armes. Le man-
teau de la Vierge était en satin blanc de Bourges. Les sonneurs du roi
jouèrent, ainsi que les trompettes des galiotes. Arthur abattit l'aigle que
Flolo portait sur son casque. »
A la même époque on représenta aussi les pièces dont les noms suivent :
Moralité très excellente à V honneur de la glorieuse Assomption de
Notre-Dame, par Jean Parmentier.
Mystère du vieil Testament, par Jean Petit.
Mystère de la Conception et Nativité de Icc glorieuse Marie Vierge, avec
le mariage d'icelle, la Nativité, Passion, Résurrection et Ascension de
N. S. J.-C, par Joseph de Marnef, etc.
En 1515, lorsque Marie Stuart, encore enfant, passa par Nantes en se
rendant à la cour de France pour épouser François lï, plusieurs rej)résen-
tations furent données, notamment à la Fosse, où l'on avait dressé un certain
nombre d'échafauds.
II
LE PREMIER OPERA A NANTES
is'.x;
lieprtiseiHntion (TArimène, dnn* In yrumlf snlle du ChAtean
'ai cité, dans le chapitre précédent, In Pastorale dann un
boccage, qui fui représentée, avec musique, lors dos f«''ies
données par lo duc François If. Mcllinet croit qu«< cette
J'asiorattî pourrait bien élre le jeu do lioiin et de Marion,
du l)Ossu d'Arras, qui date du XIII* siècle, et que l'on peut considérer
comme le premier opéra comique joué en France. L'auteur de la Musique
à Nantes hase cette supposition sur le lieu de la svëuc, qui est un boceage
dans lo Jeu comme dans la l'astorale; mais les renseignements précis man-
quant absolunu'Dt, je ne crois pas devoir signaler cette dernière «pu vre comme
la première œuvre lyrique jouée dans notre ville.
Il faut attendre entore plus d'un siècle pour arriver a la rcprc>i.'iiuiti'wi,
non pas d'un opéra proprement dit, mais d'une pièce qui, par son genre,
par le luxe de la mise en scène, s'en rapproche assez.
L'ouvrage que l'on peut considérer, avec assez de raison, comme le
premier opt'ra monté dans la capitale artistique de la HreUigne, fut j«>ué
sous la Ligue.
Nantes, ville ultra catholique, était alors gouvernée par le duc de Mer-
cœur, qui, après l'assassinat du duc de Guise, s'était déclaré le '
ligueurs en Hrotagne. Le duc, et surtout sa femme, jouissaient a
d'une grande popularité. La duchesse était fille du duc de Penthièvre ; elle
était donc issue de Charles do Hlois et de Jeanne de Hret^igne. C'était assex
à cette éi>oque troubUn», qui avait déj;\ vu sur^^ir tant d'étranges compi^iitions,
pour que lo duc de Mercœur rêvât de rétablir à son profit le duché de
Bretagne. Aussi le gouverneur, en attendant qu'il pût définitivement placer
sur sa tète la couronne tant enviée de la bonne dur/iesse, tenait-il à Nantes
une véritable cour. Les courtisans y affluaient de toutes jKirt> et comme le
duc était un esprit cultivé qui aimait à protéger les lettres, les poètes ne
2
LE THEATRE A NANTES
ijiiUKiiiaient point autour de lui. L'histoire nous a conservé de nombreuses
pièces à la louange du ^/-t'.s- illustre et du très magnanime prince Philippe
Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, et de Madame Marie de Pen-
thiùore, son épouse.
Pendant que le frère Jacques le Bossu prononçait ses fougueuses haran-
gues, soit pour légitimer l'assassinat du roi, soit pour exciter le peuple
contre Henri IV, au château les fêtes succédaient aux fêtes. La duchesse
de Mercœur était jeune, ardente au plaisir, et même elle ne dédaignait pas
de se mêler au peuple et de prendre part aux vieilles danses bretonnes sur
la Motte Saint-Pierre.
Parmi les poètes de la petite cour du duc de Mercœur se trouvait un gen-
tilhomme du nom de Nicolas de Montreux, qui signait ses nombreuses
productions du pseudonyme-anagramme d'Olenix du Mont-Sacré. C'est
à sa plume qu'est duc l'importante pastorale intitulée Arimène, représentée
dans la grande salle du Château de Nantes, le 25 février 1596. Malheureu-
sement, si la pièce nous a été conservée dans son intégrité, il n'en a pas été
de même de la musique, qui ne nous est pas parvenue.
M. Louis Lacour, dans une brochure devenue rare aujourd'hui, a publié,
en 1858, une notice sur l'opéra d'Olenix du Mont-Sacré.
Je ne le suivrai pas dans l'analyse détaillée d'Arimène. La chaste
passion du berger Arimène pour la pastourelle Alphise, passionnerait médio-
crement mes lecteurs; je donnerai seulement des détails sur les intermèdes
mythologiques placés entre les cinq actes de cette pastorale fadasse.
Olenix du Mont-Sacré publia son Arimène à Nantes, chez Pierre Dorion,
imprimeur et libraire-juré de l'Université, demeurant en la rue Saint- Piprre.
L'édition porte la date M. D. XCVII L'auteur prit le soin de joindre à la
pièce sa mise en scène détaillée. Je crois intéressant de la donner ici :
« Le téastre eslevé, dit Montreux, à l'un des boutz de la grand'salle du
chastcau, avoit vingt-cinq piedz en quarré ; la face en estoit abaissée d'un
pied et demy pour en rendre plus apparente la perspective. Il portoit en
face quatre pantagones chacun rendant cinq diverses faces et ces pantagones
estoient meuz et tournez par une seule viz de fer qu'un homme seul pouvoit
tourner soubz le téastre ; les faces estoient peinctes diversement selon le
subject de la pastorale et des divers intramèdes, les chapeaux des panta-
gones semez de fleurs meslez de lambrisseaux d'or et portant chacun quatre
flambeaux alumez. »
Ces pentagones dont parle Olenix, remplaçaient, selon toutes probabilités,
les châssis placés dans les théâtres actuels le long des portants. Grâce à ces
pentagones, les changements à vue dcA^aient se faire avec une rapidité
étonnante. Il est vrai que ces lourdes masses étaient sans doute fort embar-
rassantes et devaient gêner la circulation dans les coulisses ; cependant il faut
avouer que, pour l'époque, c'était vraiment bien imaginé.
LE PRKMIEfl OPÉRA
(( Sur h' K'iastre ostoitun grand ciel portant la face nocturne |v»ur supporter
les corps célestes représentez aux intrainrdes. Les pant;igones laissunnl
diverses ouvertures entre eux par où sortoient les acteurs. A l'un des ^x»ulz
du téastre estoit la grotte de Circimant, magicien, d'où sortoient lesd(^'n»ons
alors de ses conjuremens, et de l'autre un antique rocher duquel sortoient
partie des effecls de sa magie, comme feux, fonUiines, serjK'nts et autres
choses. Les deux costez du téastre estoient garni/, de rangs de lampes de
verre, plaines d'huiles odorantes et de toutes couleurs.,
» Près du téastre estoit eslevé un [M-rron couvert de tapisserie, où estoient
siz nionseigncur, mesdames, monsieur l'ainhassadeur du rov catholi(|ue, feu
monsieur le marquis de Belle Isje, madame sa femm».', monsieiirde Kerlwrio
et plusieurs autres seigneurs, daines et damoisclles ; le Injut et le- !o
la salle garniz de siégt's en forme d'amphité;istre pour as«.eoirgrai :e
de damoiselles et autres personnes, avec des galleries au l>out et autour,
faictes exprès pour contenir la grande et immense multitude des spectaUnirs;
l'ordre du chasteau si prudemment n»is, suivy et parach.'M- par messietirs
les capitaines d'iceluy (ju'il n'y survint ny rumeur, ny désordre, ny i>éril.
» Derrière le théastre étoient plusieurs salles et chambres où s'habilloient
les acteurs.
» Liutermède du coml)at des dieux et géautz se re présent;» de la sorte :
les faces des pantagones, qui durant le premier acte de la p istonle avoienl
paru champestresen divers objeetz. changèrent repré.senUmtz « <s rochers et
les entassantz les ims sur les aultres. Il demeuroit au lieu d'eux sni lis pin-
tagones une certaine représentation que laisse une pierre arrachée. .\u lu ml
de ces hommes, Jupiter j)arul au ciel en un glolxî tournant, qui. venant à
s'ouvrir, feit voir ce dieu assis sur l'arc du ciel, vestu d'une robe de toille
d'or, avec sa couronnn et son sceptre : à ses costés l*allas et Mercure,
habillez en leurs habitz ordinaires.
» Sur téastre se feit, «'t comme sur le ciel, un tint;imarre et bruit ressem-
blant au tonnerre, avec son de tamlnjurs.et mille feuz diversement artificiel/.
Jupiter après, tenant dans sa dextre son fouidre ardent, le lança sur les
géantz. (jui mout(V, sur les rochers le combattoieut main à main. .\ l'instant
et hommes et rochers furent abysmez et perduz au fond des enfers, dispa-
roissanl comme u\\ esclair à la veue, et le fouidre alumé courant et brui.inl
sur le téastre dont les fumées étoient douces pour avoir entré de> |K»rfuns
parmi la fouidre. Le ciel s'estant refermé et les pantagones ra|>porté leurs
faces silveslres, le concert des musiciens a\ec les voix et le«; instrument^ de
toutes sortes, chantèrent. »>
Deuxième intermède :
« Sur le téastre parut une mer agité, et les pantagones changeans de face
parurent portant iWs grotesques et rochers, à l'un ilesquel/. dont \r pied m»
ixiignoit dans les Ilots de la mer, parut Andromède attachée a\c. dis, haines
de fer. Du ciel ilescendit l'ersé'i^ sur le Pé'gaze (jue fort intiu^tricii-.Miient il
faisait mouvoir. .\ l'instint sortit le monstre de la mer a\»v un haut bruit
et jaillissemens de floLs (|ui, s'approchant pour dévorer Andromède, fut
empesclié par Persée. longtemps combattu, puis enlin tué. Le chevallier
après, iléliant sa pucelle et la mett^int en croupe sur le Pégaze, s'en revoll.t
victorieux. Puis les chantres chantèr.xt »
L'avant dernier intermède ne fut pis i.- moins curieux :
« Les pantagones parurent en faces Im>ci| he ^\\r le
théastre, marchant et passant, Argus avec . icUcetlu
LE THEATRE A NANTES
rcp;ardant do ses cent yeux ; Jupiter descend du ciel en une nue et dans un
globe suspendu en l'air, Mercure à son costé qu'il feit descendre soubz une
nue sur le téastre pour charmer et tuer Argus ; ce qu'il feit, sonnant du
flagcollot On vit peu à peu les yeux d'Argus se fermer, comme touchez du
sommeil, estantz tous endormiz ; Mercure lui trenche le chef , met la A-achc
en liberté, qui s'en court sur le téastre, puis remonte au ciel et porte la
teste d'Argus à Jupiter. Cela fait, le concert des chantres chanta avec les
instruments. » • .
Le quatrième et dernier tableau des intermèdes montra les pentagones
(( en faces tristes, creuses, noires, semées d'ombres, des. serpents, de feux
et de mille horreurs. Le téastre s'ouvrit et lors parut la gueule d'enfer
ayant eu dedans le chien Cerbère, jetant le feu par les trois gueules, Orphée
habillé d'un satin blanc, et à la mode des anciens prebstres de Thrace, un
luth en la main, parut sur le téastre chantant fort doucement. Peu à peu
l'on vit Cerbère cesser son feu comme ravy de ceste douce voix, puis l'ayant
cessé de tout, permettre l'entrée d'enfer à Orphée, qui devallant chantoit
toujours ses vers asoupissant la flamme et les fumées qui sortaient de ce
creux manoir, où arrivé, charme de sorte les esprits de son doux chant qu'ils
luy rendirent sa femme dont la teste parut sur le téastre et hors de l'enfer où
soudain elle retomba pour l'avoir tournée, et regardé derrière elle. Orphée,
se retirant triste, en piteux regrets récita les derniers vers, puis le concert
des musiciens respondit. »
Quand on lit ces descriptions, on reste étonné qu'à cette époque une
pareille mise en scène ait pu être exécutée. Ce serait à se demander si le récit
d'Olenix de Mont-Sacré est vraiment véridique. Mais comme le fait si bien
remarquer M. Louis Lacour, l'auteur nous raconte les merveilles de sa pièce
avec un tel accent de franchise, qu'on ne peut douter de sa véracité. Nos
pères étaient, comme on le voit, fort avancés sous le rapport de la machinerie.
Il est vrai qu'à cette époque, Rugierri, le fameux alchimiste de Catherine de
Médicis, se trouvait aussi au château de Nantes. Il est donc plus que
probable qu'il collabora d'une façon active aux décorations et aux trucs
d'Arimène. Ce premier opéra fut joué à Nantes avec un luxe véritablement
extraordinaire. La représentation coûta au duc de Mercœur la jolie somme
de quatre mille écus. Il en fut quitte pour élever encore les charges de la
ville, mais seulement celles de la bourgeoisie et du clergé, car Monsieur
de Lorraine ménageait le peuple, dont il était l'idole. En cette qualité,
il jugeait bon de le flatter^ car il craignait que Jacques Bonhomme ne vint
tout à coup le réveiller et faire envoler le beau songe qui, selon son expres-
sion, durait depuis dix ans.
coc.
n^fm^^^^^
MOLIÈRE A NANTES. — TROUPES NOMADES
ir,3i)1720
/." ti'Oiip'' '/'• /'lllii^trr Ti'-aslro. — Dtms qiipllp si'H'' MoUv,-'' jmin-t-Uf —
lllfllfCl'I'lIff lin Vit')'!!!'.
i/kpO'^uk 011 nt>ii> arrivons, le iliéàtrc s'ôtait ilf plus fn plus
l)erf»'Ctionn«'' en Fran<e. Corneillo avait d('?jà donné plu-^icurs
chofs-d'œuvre à la sc6no fraiit.aisc. et Racinr se pri"'p.irait à
niaroiicr >nr les traces ilc son illustre devancier. De momiIm-
iroupi's de eomodiens nomades exploitaient la province, comme li-
iiijonrd'hui les tournées f.rganisées pour faire connaître les piwes en
N.llli<'>, jMl .suil IIU|)Un,lH' r, i-i III i'Mli lll<lli|il'-f .mx .iMi^"- .inii'in.i.ii-.
Aussi irouve-t-on dans le> rogistro municipaux de nombreu^-es traee- du
passage des comédiens dans notre ville.
Malheureusement, les détails manquent absolument. <,Miolles ont éi<' les
|)ièces jouées à Nantes pendant < efte j)ériode ? Malgré des recherche^
longues et minutieuses, il m'a été impossible d'en découvrir la liste. J'ai
luéme du ni'estimer très heureux do trouver deux ou trois noms (fe piêce>
que je citerai plus loin.
Il est bien marqué sur les registres que les coniédieDs ont donné la
nomenclature «le leurs pièces; mais le greflier a négligé de transcrire celte
nomenclature dans le compte rendu des delibi'ralions du bureau. Cette lactuie
st des plus regrettables ; nous en aurons de bien plus gravi's à déplorer plus
ird. Il faut bien l'avouer, nomlue de doeameuis «|ui auraient pu s.^rvir a
l'histoire du théâtre à Nantes ont disparu.
C'est à la date du .'» mai ir»:{<), que l'on trouve, dans les arclu\e^ mi;
pales, la première mention touchant les comédiens. Il N*;igii d'une ti
qui était à .Vngers. Le bureau ivfusa à ces artistes la p«'rmission de re|)a'si '
des tragi-comédies « quant à présent pour plusieurs cous idérat ions u <|Ui ne
-ont pas indiquées.
LE THK.VTHI-: A NANTES
i'ji IfîlT. il se trouvail aussi une troupe do comédiens à Nantes. L'6ta-
blisscnicnf du droit des pauvres dans notre ville remonte à cette année. Les
conditions étaient alors plus douces qu aujourd'hui. Voici le texte de la déli-
bération telle qu'elle existe dans nos archives :
Du diiuanclie 29 décembre 1(M7. n Sur ce qui a été représenté au bureau
(pa • M. du Perron), qu'en plusieurs vilbis du royaume les eommédiens qui
di'sirent monter sur le téastre, n'en reçoivent permission qu'à condition qu'ils
jouront ung jour pour les pauvres de l'Hostel-Dieii de la ville oîi ils sont ;
ce (|uy se p(MJt aussi bien pratiquer dans ceste ville que ailleurs et qu'il serait
facile de le faire à présent qu il y a une troupe de eommédiens en la ville.
L'allaire mise en délibération, a[)rès avoir mandé au bureau le sieur de
Be.nipré, l'un des coinniédiens. auquel on a fait entendre que de l'advis
commun du bureau conforinémenl à ce qu'il se pratique aux bonnes villes de
ce loyaume, les conrmé(hViis jouront un jour ouvrable tel qu'il plaira au
bureau, pour les pauvres de l'Iiostel-Dieu de ceste dicte ville. Et en l'argent
rendu à la port(^ du Jeu de Paulnu^ pour la représentation des dicis pauvres
se tiendront si besoin est ung tie Messieurs les eschcvins et ung de Messieurs
les F'èi-es des pauvres. »
L'année 1048 restera justement célèbre dans les annales de notre théâtre.
C'est celle oîi Moiière, qui alors courait la province, vint donner à Nantes,
du 23 avi'il au IS mai 1048, une série dereprésentations.
On lil dans les registres municipaux, en date du 23 avril 1648 :
(( Ce jour, est venu au bureau le sieur Morlière Tsic), l'un des eommé-
diens de la troupe du sieur Dufresne, qui a remonstré que le reste de la dite
troupe doibt arriver ce jour en ceste vilb;, et supplyé très humblement
Messieurs, leui' permettre de monter sur le téastre pour y représenter leurs
eomédyes. » Le bureau remet au dimanche à se prononcer. Le dimani he
2(î avril, [\L de la Meillerayc, iiouverneur, étant malade. « déiTenses feut
faictes aux eommédiens de conmieiicer à monter sur le téastre, jusques à ce
qu'on aye nouvelles de sa convalescence. »
Le nom de l'immortel auteur de Tartuffe a été mal orthographié par le
scribe chargé de la transcription des délibérations. Il n'en faudrait pas
con<dure de là que Morlière et Molière font deux. Il n'y a pas qu'à Nantes
où le grand comédien a laissé des preuves certaines de son séjour à cette
époque, dans les provinces de l'Ouest. D'ailleurs, M. de la Nicollière-
Teijéro le savant archiviste de la ville, a découvert, dans les registres de
l'église Saint-Léonard, l'acte de naissance de l'enfant de Pierre Réveillon et
de .Marie Brel, comédiens de la troupe de Dufresne. Cet acte est signé de la
plupart des camarades de Molière, et entr'autres des Béjart. La compagnie
de comédiens dont faisait partie le grand comique, était donc bien véritable-
ment à Nantes en 1048, et le génie sublime dont la France est. à bon droit.
-i fiète. s'\ tiDUviiil t'gal(Miieiil.
M. Lduis de Ke:j.'an (Emile ( iimiaud) a révoqué en doute la ve:u:e d(!
Molièie, sous !• jinHcxu; sni\aiii. Molièiv, no-.i- dit-ii. ••1:11; le / li." d-' la
MOLIÈRE. — LE8 TROUPE8 v,.vfAi.ic U
troupe (Je Vlllustrr Thrntn', et dans les registn-s municipaux c'est Dulresne
<|ui est désigm- eornino dirtîcteur. Cela suffit à M. de Kerjean pour traiter
d«' l«''.i,'rMd«' \r sr-joiir dr M<di«;re dans uotrv \'i\\r. Il «mi profit»' pour railb-r
«Ml passant C:imilh> Mrilinct sur les pag»'s qu'il a cou.sacnfs au grand comé-
dien. Iri, M. (Jrimaud, iuiprinjnur, repralt sous le noble K barn- de son
psi'udonynir. Dans \v «-iitalogur il- la l)il>liotli6qiie, M. P<^hant
l'assoriion tir M. île Kerj«;tn. Il avoue francliriuent <|U<*. |K'ndaiii .(u. i-jn'
if'iiips. il a doui»', lui aus-i. de la vèrarit«'* d«' li tradition, mai» «|u'.i\anf
trouvi' d.ins lu liil)liolhêt|ue de M. tle Soleiuiies la preuve i-videntc qu'il
islait dans la troujM' d«' V/tluMtrr Thëiitri' un nommé Dufn-sne, il lui
'lublc dorrna%Mnt prouvé qu«- Molière e>t bien venu à Nante>. Poursuivi
par se> «réauri» m>, Molii're avait peut être tre.\rellent«'N rais<»ns |»our ne jias
fif^iirer à ce moment à la tête d'une compaifiiie de couHnliens. et il a pu
prendre Dufresiie comme préte-nom.
Le prix du s|)ect;icle était fixé jKir |K'rsonnt' a lô >ous tournois pour les
|)icccs nouvelles et à 10 sous pour celles déjà jouées. La repré.stmtation pour
les pauvres eut lieu le 18 mai KA^.
D'après Camille Mellinet. Mcdière joua pendant s«tii s«'j(»iir -i-* deux
pièces de Ui Jaloiu<ie du /larhouillc ri <lu I)ortriir Amourrux. L'auteur do
la Miisiquo à Xante» a lU'jilijîé de nous indiquer d'où vient ce renseigne-
Mjent ou sur quoi il fonde son assertion. C'est d'ailleurs le grand défaut de
Camille Mellinet. Dans ses nombreux travaux, tous si utiles et si curieux,
il a troj) souvent le tort de m» jkis signaler ses souree.s. Lorsqu'il s'agit de
|)oints liistori«|ues à élucider, c'est i>ourtant fort nécessjiire. Je laisse donc à
Mellinet la complète respons;ibiIité du fait qu'il avance. Que Molière ait
joué à Nantes les diHix petites comédies qu'il venait de composer, cela me
parait fort probable; mais connue je n'ai rien trouvé dans les archives sur
ce sujet, et qu'il n'existei point, à ma connaissance, d'autre source où l'on
puisse trouver des renseignements sur le séjour de Molière dans la cité nan-
taise, j<» me gardi'rai bien d' rien affirmer.
D'après la tradition. Molière joua dans la salle du jeu de Paume de la
nie Saint-Léonard. Cette salle fut démolie en 18^U>. Son emplaceujent est
a«'tuelU'nu'nt oceU|H'' \>ar un mag-asin de droguerie. I ■...-•. i!.t,..i> ...iv ii.i- .
été placée sur la fac.ade [)ar les soins d«' .\L Verger .
ICI EXISTAIT us AN<IEN JEU DE PAI'ME
I»KTRUIT EN IXttî. DAN9 LEQUEL
IN M O L I K R ».
JiU A l\ roMKlHi: IN l'»l>^
Aujounl'bui, cett»' plaque est dans un piteux èiai : les lettres sont etîacées.
il est fort difficil.> d<- les déehilfr.T. Il est xériiablement lionieux de lai*M«r
12 LE THÉÂTRE A NANTES
ainsi rinscri))tioji destinéo à perpétuer le souvenir tlu séjour à Nantiîs de
r.'inteurde tant de chefs-d'œuvre.
Pourtant, il est très probable que ce n'est point dans cette salle (|ue
Molière donna ses représentations. Les troupes de passage avaient l'habi-
tude déjouer dans le jeu de Paume de la ville. Or, le jeu de Paune de la
rue Saint-Léonard appartenait à un particulier. Celui de Messieurs du
bureau était situé dans les Fossés Saint-Léonard, à peu ])rès en face de
l'église de ce nom, qui occupait le fond des jardins de la mairie actuelle.
A la date du 17 mai lfll8, dans le compte rendu de la délibération au
sujet de la j)ièce due à l'hôpital, il est dit « qu'il sera rais ordres à ce que
l'argent soit receu, à la porte du Jeu de Paulmes, par personnes que Ton y
commettra a cet effet. » S'il s'était agi d'un autre Jeu de Paume que celui
de la ville, on l'aurait spécialement désigné, car il en existait un certain
nombre. Je suis, en cela, de l'avis de M. de la Nicollière, et j'ai tout lieu
de su[)poser que c'est par erreur qu'on a cru, jusqu'ici, (|ue Molière donna
SCS représentations rue Saint-Léonard.
Molière et sa troupe auraient ])eut-êtro prolongé leur séjour, si un nommé
Dominique Ségalla, italien de naissance et montreur de marionnettes de son
état, n'était venu établir une terrible concurrence. Les spectateurs délaissè-
rent le grand comédien et allèrent applaudir les pantins du bateleur. Le
caractèi'c d<'s Nantais n'a jias changé depuis cette époque, puisque, aujour-
d'hui encore, nous vo\oiis le public abandonner le théâtre et les œuvres de^-
maîtres pour courir au cirque, admirer les grimaces des clowns et battre des
mains aux dislocations de l'homme-serpent.
Il existe plusieurs petites pièces sur le séjour de Molière à Nantes. J'en
parlerai plus tard, à la date de leurs représentations.
Camille Mcllinct a publié, sur le même sujet, une scène dramatique qui
n'a jamais été jouée. Cette esquisse, qui met en scène Molière, M">^"de Sévi-
gné, M. Harrouys et un gentilhomme bel e-sprit nantais, le marquis Ragault
de la Hautière, est vraiment fort intéressante et mérite une mention spé-
ciale.
A partir de l(IU). les troupes nomades deviennent de plu> en plus nom-
breuses, .l'ai extrait des registres les principales délibérations, au >-uj(M des
comédiens. Ces documents ont un certain intérêt :
2(5 août 1619. — « Ce jour, le sieur Dupré, commédien, est vemi au
l)ureau et a supplié Messieurs luy permettre de faire monter sa troupe sur
h* téasire, en ceste ville, et représenter nombre de pièces qu'il a données p;u'
(léclaration et qu'il se contentera de six sols par persontie qui désireront la
voir. L'advis counnun du bureau arrête permettre au sieur Dupré et à sa
troupe (le monter sur le léastre, à la charge de iloimer une pièci^ aux pauvres
de riiospital de cette ville, laijuelle pièce sera choisye par le bureau. »
•-'7 septembre 1049. — « Ce jour, h; sieur Dupré. commédien. est venu au
LES TH0LPB9 NOMADE»
biinNiii nt ;i ;ipi''
«•Il rc-^tf \ illc 1
la
vil, .
preniin; «■! choisn ji | ;.(••• .;• > •.. r.,
la<|lH'l|i- si'lM .1.: . -. • . . i. .1
Dii|>r<^.
'"est la promi^re fol» que l'on irouv»'. dans lf\s rcgisiros, le nom d'une
pii'ce.
la troiii laiiips. !)<• T .
Il 1
rc'i
pour li.'.s jJici rs ijUi oui C} Uis
14 avril Vt't'*. — « l'iio i rn.ili.iK ,\ int riî.i Ar,<^.fr un
têiislro au jeu de Pauliufs d. <ls
aux carrnfours ot pi ■ " lu
bureau, cl faite ce <| ix
mandez de venir aiii iti*
par ••ul\ f:ii('t«' rxni- wr
sui -<•-
qii' 'T
d'icfUca cl *'ij il tiiie puiii Us j) .
ville, N'ur a f't .-iti, Mf-ruii^ d
iidalr. r
lit niai l<i->). -- '" i'-l. 'VI MCIM ' '•IIMIi;'»!! <l" IM"
prendre que huit soh pa'
2- juin Wi.*!.'!. — « ' .ti »i«-iii ' ' ne
prendttî que dix sols , , .et qu<' :; , ni
la comniédie de JutUcqur, «pie lo l)uri'aii a clioisvf |>our les paux :
Tniay H'm'i. — .. P ! v .. • „
do ne pn'Uilre que , ••$
nouvelli'-< tprils ont. mi iKs mat!iiui>. ili-.Mjiullcs il.% prmùront
davanlig*'. »
il est ri'grellable do ne p:is "^avoir ntudlcs étaient e^s doux pièces nouvelles
ù il y avait des macliine^ ne pas jwssrdrr le «oiupi: n'iidu de
de leurs représentations. Il atr ;ii|>:irrr Li mise
en scène de «es «eu vros avec .-.> ,,,,,. .. m . . <
dont j'ai donné, dans le ehapiiio \ . une niu>
:! avril l^îriM. — î,n frotip • rln <;ieitr T>tirnrinier rdttir'nt It p-Tin^^çinn df'
juii
A partir de celle époque, la repp'-"'»» ••!»'i pour I
par un droit dont le taux varie a\> troupe.
Les troupes des sieurs de Villena^vt', du Cormni la
I 1 Lie THKATKF, A NANTRS
Coiistiire donnent des représonlations pendant la fin de l'année Kmi; ci
l'annéo lO.*)?.
A la date du 17 juin KlôlJ, il existe nne très curieuse délibération du
luirciLi, (|iii j)eint l)ien l'esprit de répof|ne. La voici '•
» Sur ce qui a été représenté par M. le Procureur syndic, en rabsence de
M. le Procureur du roy de la prévosté de ceste ville, qu'en toutes les bonnes
villes de ce royaume pour la vénéracion que l'on doibt au Saint-Sacrenieni
de l'autel, l'on ne permet point pendant l'octave de la Feste-Dieu que les
commédiens ny aultres gens fassent auculnes représentations publiques de
téàstres ; iiéanmoins, certains commédiens (|:ii sont à présent en ceste ville,
forment le dessing de représenter leurs comédyes. et à ceste fin ont rais les
allielies et placards par les carfours de ceste dite ville, et fauxbourgs, qui est
une yrré vérence de ceste auguste sacrement, contre l'honneur et gloire de Dieu
et édification du prociiain, requérant y estre pourvu. '>
De l'avis général du bureau, il fût défendu aux comédiens de représenter
leurs pièces pendant l'octave de la Fête Dieu. Quantum mutatus ab illoU
2.") mars lG(!f). — Permission accordée à Richemond et à sa troupe, à la
condition « d'être modestes en leurs comportemens et de ne prendre (jue
quinze sols pour chaque piéc(> connue, et vingt sols pour chaque pièce nou-
velle, et de payer deux pist.oles pour les pauvres. »
25 avril Kîfîl. — Autorisation à la troupe du sieur Fillandre. ('eiii- lois.
le droit (Xi^^ pauvr(>s est nx(' à la somm(» de trente livres.
2Ô mai l(i.'14. — Autorisation à troupe du sieur de Boncourt.
Le droit de l'enlrée permanente des autorités municipales au théâtre date
du 27) avril 1GG5. Ce jour là, le sieur Richemond étant venu au bureau pour
obtenir l'autorisation de jouer des pièces, cette autorisation lui fui accordée
(( A la charge oultre celles déjà connues de mettre un banc dans le jeu
de Paulmes pour Messieurs du corps de ville, lesquels pourront aller à la
comét.l\e loisque bon leur semblera. »
20 avril 1066. — Permission accordée aux sieurs Pierre Chasteauneuf et
Nicolas Besnard.
;} juillet l(i()7. — Permission à la troupe de Richemond « à condition d.>
)ie rien jouer et représenter contre notre saincte religion. »
27 avril 1(580. — Permission au sieur de Ciuisteauneuf.
;} août IGHO. — Autorisation accordée à Delagarde, « commédicn de Son
•Vitesse Royale. »
1GS2. — Autorisation aux comi-ditMis royaux de (Jliambord.
1(! avril l()8'i. — Permission aux conu-diens de troupe Lyonnaise d'«'lever
leui' iln'àlre dans le jeu de Paume du ("ha|)eau-Rougo.
12 a\ril l()^>^). — Autorisation à la troupe royale de Chambord. « à condi-
tion de ne représenter aulcunes pièces pendant le service divin, ni (pTelles
soient deshonnestes ou contre la religion catholique. »
29 juillet IGKIî. — Permission à 'l'oulxd de Raselis u commédien de la
seule troupe de Madame la Dauphine. •>
2 mars 1GS7 et 2"» janvier K^t^'^. — Même troupe.
LKS rnonpKS XOMAhKS I'.
Coinino on I»» voit, \os rm ipagni'^s d»-
f'om<^<li(MH >onl fori p.iiivros, v> . i ;....,, . ..,.,;.
-*.'» janvier IfJHS. — [».rmi->i"n lU -i.ur ToiiM « dr faire dresser un
léasirr «M «l'y j<>ii.r iH.t ..g, mais no pourra jouer li<^
(liin.'iiichr.^ l't festrs «|u'a|: -<
I' i| I Mfllini'f. le prpniiprop<'?M fut jou(^à NantcM, en 10M7, et s'appelait
IcH Pfigini, ur. l^»s Pygmrrn. «jui vo tr«>uvcni, dans no*
arcliives, . • ,(.■> 1',., ,. fun'nt rcj.r n ICKK. \\%
avaient ('U- , .; % d'un a;.;.. .,„ .,i, .•InVifi»*, js,,,... - .,. i , » - '• — n.
muniquo de Cainhert. Cet opéra. ct6^ â Londres, fut jou<* jwur . . r».
fois en Fronre à Nantes, sous la diriH'tiun d'un nommé Aumont. A oeti**
(époque, on tlonna aussi d<'U\ autres œuvr»»s de Cambt^rt : I^omor-r »m |«>s
f'rini'Mft Plaisirs rli' rAiiiour.
: avril VV.YA. - PiTun'ssion au sieur Honneuil « d'élever un l<?:iNlre a
condition de n'y représenter aulcunes piiVes infamant*^ ou inallionn-'
Pour toutes CCS troupes, ainsi que pour c«dlc>. qui \i>'
lions sont les mêmes : Kepréseni.ic'on m l»"i.i'f;, .• ■?.<
et banc pour messieurs de la ville.
• mai ]i\\H\. — Troupt» de S<>ipion Clavel.
iX mars l(î!»7, 1 1 avril MVM, \A M'pteinl>re P'/js. _ Troupe de L
7 avril ITOI. — Troup*' <i'' l'i ti,. (^ , i.t ,!; i ,i...- •. i ... i
de rilùtel de Bourgogne
l.'t mars 1701 et i:i avril 17n:,. - Iioujkj I)ut4'illav.
M mars 17UG. - Troup*- «le Touleville.
'^ avril 1707. — Permission au sieur Dumnnt. dir«v»t«»Mr do^ *<oti|.
du comte de Toulon-
'22 »)clobre 17o7. - :
du CliaïKîau-linuge.
H) avril 17«W. — V -leur Ucbclhi u clc\ci uu .. icoAlre *>iUus
le jeu de Paume du ' : .;i'.
2 novembre 1720. — Permission au sieur La (traniçi* de jouer au CliapcMu*
Hou(;e.
Pendant toute la périoile de 17«iS a 172(), il n'est pn^ fait nx^-oi.ui ......
seule fois, dans les registres, des troupes de eominliens. V.'o^i for
car. a cette é]vxiuo. le pMit du ih'Vitre était ivi>sé définitivement dans li>s
mœurs. Peut être les troup<^s se midtipliT " • " • " ,,•
contentait, au bureau, de donn<*r une au; r>
pourquoi nuMilionner les unes et se tnire sur les autres ? Peut-^*lrt> auvsi
y avait il alors ui ri» ^ Nair ^' ' i.»
et refouillé |«s A ri.n tr t.
définitive.
Kn 1721, il fut permis au.\ comédiens de Michel Lecocbais de r<»prés«»ni*»r
16 lA^ TIIÉATR15 A NANTES
(( ]:i coiiK'tl) (' ;iH lii;U de Imi- (•>limii>-L-iiii-iiu j^'HiL v ii t(ii il> in: .-. i-< .u l'-m y^jiHl
de la. bioisciaiico et des bonnes mœurs, à la charge de donner aux écoliers du
droict douzi- billets francs de parterre, clia((né jour de représentation, non
compris celui de l'écolier qui aura soin des billets, parce que lesdits écoliers
observeront une conduite rt-gulière pendant les représentations, et que
déiïenses leur soient laites d'y faire aucuns tioubles, et d'y entrer armés
d'épées, de cannes, de bâtons, sur les peiu<'S portées. »
!! janvier 172."). — Le bureau autorise le sieur Mysoli, qui avait obtenu le
privilège de jouer dans toute la Bretagne, à repl-ésenter .ses pièces à Nantes.
10 mars 172^. — Permission à la troupe du sieur (iérardy.
Pendant ilouze ans, on ne rencontre plus, dans les Archivés, trace d'une
autorisation accordée.
Par contre, à chaque instant, on trouve montioii de l'invitation faite ])ar les
Pères de l'Oratoire à Messieurs du bureau, pour venir écouter la tragi'dieou
la comédie interprétée par les élèves du collège.
Dans une société musicale dont les réunibns avaient !i(Mi rue de la Fos>e.
« On ne se bornait pas seuhMnentà la musique de concert, nous dit Camille
Mellinet. On jouait aussi l'opéra, que l'on faisait mémo imprimer, en inscri-
vant en tête du titre: Concert' de Nantes. J'ai retrouvé, avec ce titre, chez
Pasquier, bouquiniste à Nantes: le JaloKX corrigé, opéra bouffe, sans nom
d'auteur, à trois personnages ; Almazis, acte-ballet, avec chant et chœurs
d'indiennes; les Fcies (jrecques et romaine» ; les Fêtes de l'Hjimrn et de
t Amour ; les Amours du Temps ; Plaire. >>
Les mots hymen, amour, portèrent-ils ombrage au clergé ? C'est i)rolial>Ie,
car le \''\ avril 1753, M. le doyen prit un arrêté où il déclarait: « Qwe,
suivant les instructions du chapitre, il avait fait déffenses à M. Nicolas
Thielin, diacre d'oflice, d'aller au concert. )>
Voici, d'après des documents que j'ai découverts dans les Archives de la
ville, les noms des directeurs, depuis l'année 173S :
1738. Mus, Desforges et Leroi. — 1740, Loinvillect Francis(|ne. — 174i\
Fierville t>t Deschamps. — 1743. H Lis et Desforges.
A la date du 14 août 1743, est enregistrée cette délibération intéressante :
« Il a été arresté (pi'il sera fait une loge dans l'appartemenl appart(^-
nantau sieur Bézier, où. se représente la comédye, pour y placer Messieurs
du bureau, en remplacement du l)anc que la communauté y avait ancienne-
ment, le tout suivant l'usage qui se pratique dans les autres villes du
royaume. »
Si j'en crois un manuscrit de la Bibliothèque, riniolérance catholique
contre les gens a])partenant au théâtre sévissait, à Nantes, en l'an de grâce
1714. En effet, le 14 janvicu'. un comédien ('tant mort en refusam de -e
confesser, son corps fut jeté dans les fossés Merca>ur, où il resta jusqu'à ce
que des personnes plus humaines que les ministres de Celui qui prêcha
l'Amour \miversel et \o pardon des offenses vinssent l'en retirer, pour le
j)orter au ciuuMière des protestant--.
\\
LA SALLE DU BIGNON-LESTARD
PRKMIEKB PKKIODK
1725-1788
Al Montnnsier . — Cnllot-iVUerbois. — CmurriHc. — Laricf. — */"•• D^'ifilanJ^ et
Lt'nfanf. — /Inrrrfofe*. — Appointements des artisteë ti celte i^oque.
H*^}^/vV^<)is arrivons, maintenant, à l'époque de la premièn' salle de
^r^Yr-^)] spectacle élevée à Nantes. Celte salle, siluw rue du HiKii<>n-
'. Lestard, aujourd'hui rue Kub<*ns, occupait l'emplacement
L' • --. compris entre l'imprimerie actuelle de la rue du Chapeau-
Roufçe et le n* G de la rue Rubcns. L'entrée princi|>ale du théâtre éUiit sur
o<!tte dernière nie. C'est donc par erreur que le Vieux Nantais, dans ses
souvenirs si inlt'rcssanls et si curieux, a ccrit que l'hôtel du Phare dr la
Loire avait été l)dli sur le terrain de l'ancienne sxille du Bignon-La>tard.
L'origine de ce théâtre est d'ailleurs fort obscure, et ce n'est pas sans
peine que je suis arrivé à reconstituer, d'une fai.-on à peu prt»s certaine, l'his
toirc do SOS commencements.
Ll d'alMjrd. la date man<|uc ; nulle part je n'ai trouvé, dans les registres
municipaux, une délib«'*ration première touchant une salle de spectacle à
élever rue du Higiion-Lest.ard. Mellinet. dans son Histoire rfr la Afnsitjue,
passant en revue les princip;iux faits relatifs au théâtre, écrit brièvement :
« De \Cà\0 à l(î80, constru«lion de la première salle de spectacle, rue du
Bignon Lcstird, établie et surveillée par des négociants de Nantes, sous la
régie du sieur Desiuarets. » L'auteur de la Commune et la Milice
dr Xantrs s'est trom|H^ de prî'S d'un siècle.
Mn 1(>8(), les représentations se donnaient tout simplement dans les diffé-
rents jeux de paume. Au fond, l'on dressait des tréteaux sur lesquels on
élevait le théâin^. Ou rempliss;iit ensuite la s.Ule de bancs et d* ' *' - ts
autres sièges plus ou moins cotnmodes, et c'est ainsi que nos |- u-
daient tragédies, comédies et opéras.
18 LE THÉÂTRE A NANTES
Co qui projivo cluircnient l'erreur de Mellinet, c'est que Desiuarets élait
(lircrrfeiir vers 17H0. 11 n'est pas question do lui avant cotte époque.
D'ailleurs, ou n'a qu'à se reporter au chapitre précédent, dans lequel j'ai
cit(''i toutes les troupes dont j'ai pu relever les noms dans les Archives, et
l'on verra que, souvent, le jeu de paume dans lequel elles devaient jouer est
indiqué. Il est donc bien évident que pendant toute la fin du dix-septième
siècle et la première moitié du dix-huitième, Nantes ne possédait pas encore
de véritable thécâtre. En 1743, — j'en ai donné la preuve la plus évidente, —
les représentations se donnaient dans r appartement du sieur Bézier. Je n'ai
pu décoLivrir où se trouvait cet appartement.
Cependant, à peu près vers cette époque — il m'a été impossible de fixer
la date exacte — un nommé Tarvouillet. installa, rue du Bignon-Lestard. un
commerce de traiteur. Il faisait nopces et festins et construisit un lieu ronrert
pour recevoir les convives. C'était la salle Leduit de l'époque. C'est là l'ori-
gine du théâtre du Bignon-Lestard. Le commerce de Tarvouillet, florissant
à l'origine, tomba-t-il plus tard en décadence? Un rival plus heureux eut il,
de préférence à lui, la vogue des repas de fêtes? Je ne sais, mais ce qu'il va
de certain, c'est qu'il loua sa salle aux comédiens, après avoir fait faire
quelques aménagements des plus rudimentaires.
1745, Direction Leneveu. — 1745, Direction Labatte et Guy. — 1746,
Direction IIus et Desforges. — 1747, Direction Dorville. — 1748, Direc-
tion Giraud. — 1750, Direction Demarignan. — 1753, Direction Bessac. —
1759, Direction Stigny et Lebon. — 1769, Direction Bernaud.
Sous la direction Demarignan, en 1750, voici quels étaient les prix des
places : Premières loges : 40 sous ; Secondes loges : 30 sous ; Parterre :
20 sous.
En 1754, un nommé Devais, qui tenait auparavant le café de la Bourse,
prit la direction du théâtre du Bignon-Lestard. 11 la conserva jusqu'en 1758.
Celte année là, il y eut une grande discussion entre le directeur et Tar-
vouillet. Ce dernier, propriétaire du théâtre, profitant de l'absence dos
comédiens, avait fait mettre sa provision de foin dan la salle. Mais le direc-
teur l'emporta, et force fut à Tarvouillet d'enlever son foin. Kien que par
cette petite anecdote, on peut voir que le théâtre du Bignon-Lestard était, à
cette époque, de piteuse importance.
La mémo année, les sieurs Rosimond et Parmentier avaient ohteiui le
privilège du théâtre et s'étaient installés au Bignon-Lestard. Mais ils ne
tinrent pas leurs engagements, ils ne formèrent pas de troupe et la ville
resta, par leur faute, dix huit mois sans théâtre. Le duc d'Aiguillon, gou-
verneur de Bretagne, s'émut d'un pareil état de choses, et il engagea le
bureau à prendre à ses frais l'entreprise des spectacles.
LA SALLB Dr Bir.NON-LBSTARD 10
\.i' 2<î juin ITC.K. la ville alfcriiia, moyennant l'AH) livres, lu salle du
Mignon, au sieur TarvouflUît, inarehand-traiteur, propriélaim do la salle
' iM)ur neuf ann('<'s cons.cuiives, à partir dr la Sainl-J<an 17^12 a < li.i
la ville (|ue, dans les rngageinenlîs qu'elle fera avec les lroup<îs «Ij-s <
<liens, ledit bailleur, sa femme et se> enfants auront, dans tous l«'s ^
I i'l»'s. leurs en tr«'*es libres sans m ri<'n payer, trois biM ■•'= •■"- ' ■
^' tii ition, les bals a leur disposition, plus doux clian«l'
r<'|n<*sentation, que les coni«*<liens feroni renwttre emv i« m i. nu.-- r j»' nr
faut' la visiirde ladite salle à la fin du sjxTti» b». et. on outre, un fxjste de
.'W sous ('/".'V) par chaqu»' r<|
libre pour lui, sa femme n
lu ('bajM'a!! Kouge, en tout U.>iii|i>, a loul h
loii/aint's de cliaises dans la salb' m bon »'■'
•ra remise» a la tin du pr«'*"«ent bail i.- i..ii> |.
' I p'ns de la troujx- feront leurs mii. par lt> \u>
• omluit a la salb*, sans «ju'il soit permis aux arti'urs d'«'nirer ou de sortir |iur
II cuisine du dit bailleur, qu'aut;int que cela lui en fera plaisir. ■
he plus, Tarvouillet se réservait le droit de faire vendre des rafraichissc-
inrnts dans la salle.
I.c l décembre 1762, le duc d'Aiguillon arrêta la liste des p»«rsonnes
i\aiit leurs entn'-t's libres au thMtre.
(Jetaient: MM. Joubert du Collet, maire; Etienne Maussion, sous-maire ;
Pierre Bordage, de I^intimo. Le Beau du Bignon, Guérin de Bcaumont,
Herrouëtte, échevins ; Pierre Greslan, procureur durci syndic; liolxTt
Rouillé, Pierre Bruand. greffiers de la ville; (îarreau. major de la milice
liourgeoiso ; enfin, le lieutenant et le grellier de police.
La ville fit faire quelques réparations à hi salle et la direction fut confiée
! Maron. qui loua le théâtre pour une jx^riode de trois ans.
Hn 17»>,'), les sieurs Bernard et Cressenl alîermèrent le théâtre et legar !■
rent jusqu'en 1767. Ils mout(>rent la Fee Urgèle, de Duni, oi le G
'U la Soirée à la Mode, de Poinsinet. M"' Duminy. pensionnaire du Boi.
\int donner des représentations en 17«!7.
Mil 17(W, la direction passa entre les mains de M"" Montansier, la future
léatrice du Thé/itre du Palais-Royal. KUe n'administrait pas elle même le
Hignon-Lesiard ; elle avait pour régisseur un nommé Bursay, qui était son
■lélégué à Nantes.
Kn 177(), plusieurs négociants de Nanties, MM. Louis Huguct. Darrech
iiiié, (traslin, Drouéi, Lavigne, Mosneron et Canier, tous amateurs despec-
taeles, voyant ave»' p<'ine b> tlnV
d'une din»otion inlelligeiite. se i . : ,
«le lever une troupe pour jouer « latragtViic, la comédie française plitaliopm*.
l'opéra, l'operi comique et le boufTon. »
ils se déridèrent à faire Mtir une salle plus élé.
elle qui existait. On p«'nsa a l'élever dans le«.
20 I-K THÉÂTRE A NANTES
nombreux pourparlers furent entamés avec des propriétaires d'immeubles,
mais ils n'aboutirent pas.
Le temps pressant, on résolut d'agrandir la salle du Bignon-Lestard et de
la transformer. Mellinct et le Vieux Nantais ont donné de cette salle deux
descriptions, que je ne puis mieux faire que de reproduire.
(( La salle, richement décorée, était peinte rouge et or. Elle se composait :
à l'avant-seène, entre deux colonnes dorées, de deux logos, l'une aux armes
du roi, l'autre aux armes de la ville; aux premières de douze rangs de loges
soutenues par un pilastre représentant Atlas (il n'y avait pas de baignoires) ;
aux secondes et troisièmes, des galeries régnantes. Le parterre était debout.
L'orchestre n'avait que deux rangs de musiciens. »
De plus, sur la scène même, se trouvaient deux balcons dont les places
étaient très recherchées.
D'après le vieux Nantais, il y avait :
« Au rez-de-chaussée, trois cents places réparties entre le parquet, le
parterre et les loges grillées ; aux premières loges, deux cents places,
cent soixante aux secondes, cent soixante aux troisièmes, où conduisait
un escalier de bois. L'orchestre, disposé pour cinquante musiciens, avait
sa sortie par le foyer. Les balcons, les banquettes étaient recouverts de
fourrures. Un grand café attenait au théâtre de la comédie, comme on
disait alors. «
En ce qui concerne ce dernier détail, le Vieux Nantais confond le théâtre
du Chapeau-Rouge, qui fut construit plus tard, avec la salle du Bignon-
Lestard. C'est à celui là qu'il y avait un grand café, faisant partie du
théâtre, dont la vaste terrasse plantée d'arbres dominait la rue Boileau
actuelle.
Toujours, suivant le Vieux Nantais, ce premier théâtre possédait cinq
sorties : l'une de deux mètres de large, sur la rue da Bignon-Lestard ; deux
latérales et deux sur la rue du Chapeau-Rouge. Ces dégagements étaient
insuffisants. Aussi, la salle, dès 1785, était-elle reconnue des plus dange-
reuses. Ce ne fut cependant qu'en décembre 1811 que l'autorité se décida à
ordonner sa fermeture. Elle devint alors un atelier de chaudières.
En 1770, les actionnaires, qui avaient apprécié les qualités de M'i* Mon-
tansier comme directrice, l'appelèrent à la tête du théâtre. Pendant quatre
années, M^'" Montansier dirigea encore le Bignon-Lestard. Ce fut la période
la plus brillante de ce théâtre. Lekain et Mole vinrent y jouer.
Malgré toutes mes recherches, je n'ai rien pu découvrir sur le séjour do
ces artistes. Il m'a même été impossible de trouver quelles pièces ils firent
applaudir. La célèbre tragédienne Raucourt fit ses premiers pas. en 1771,
sur la scène du Bignon-Lestard. Son père était un acteur assez médiocre,
mais il sut deviner lo talent de sa fille, qu'il faisait monter sur les planches
LA 8ALLK OU BIGNON-LESTARD
•Jl
à peine ugéc de quinze ans. L'année suivant»-, elle débuUiii .1 n * mum,.
Française. *
Pri^ville et la Saint-Val, de la Comédie-Fnincaise, donnèrent aussi des
représentations pendant la direction Montansier.
La première représentation de Zcmire et Aior <^ut lieu en 1772. l'our la
circonstance, le prix des places fut augmenté. La même annej, on
joua aussi le SuisHe dupé, pantomime. A l'occasion de cette pièce, le
régisseur demanda à la municipalité « la lilxîrté entière du théâtre, son
espace étant ahsolumt'nt nécessaire pour le jeu des machines. »>
En 177:^ le futur conventioiniel Collot d'IIerbois faisait partie de la
trou[M' du Bignon-L»'stard. C'éuiit un pensionnaire fort médiocre et fort
turbulent. Il e.viste dans les Archives un cert^iiu procès verbal drc^-sé contre
lui, en raison du tapngc qu'il fit un soir au ihêâtn\ J'ai publié séparmient
ce curieux document absolument inédit sur If fameux révolutionnaire (M.
Desforges, l'auteur de la Femmo jalouse et de Tom Jonra, donna aussi
des représentations au Dignon-LesUird. Il vint, pour la prenuère fois à
■ Nantes, pendant la tenue d.-s Htats, en 1770. Dans .ses Mémoires, il se loue
beaucoup du publier nantais. Il revint en 177r» et se fil surtout applaudir
dans Zrmire et Asor. Le 21 octobre de la même année, il épou&i. à
l'église Saint Léonard, une de ses camarades, qui jouait les jeunes r«Mes
dans l'opéra boulFon.
Comnie je l'ai dit déjà, les détails manquent sur la plupart des pièces
jouées à cette époque. On sait cependant qu'entre autres opéras, le théâtre
de Nantes repsèsenti : /rU.s/,a. de Jéliote : la Vénitienne, de LaUrre ;
Titon et V Aurore, de Mondoville, paroles d'un Nantais, l'abbé de
Lamarre ; le Fils indocile, de La Santé : Sancho Panra. de Phili«lor :
Aris et Galilée, de Lully ; Aline, le Cadi dupé, le Déserteur, le Roi et le
Fermier, lioae et Colm^, la Reine de Golconde, Félix, de Monsigny ;
Dardanu.s, de Kameau ; les Chasseurs et la Laitière, les Sahots, de
Duni ; le Ifuron, Lurile, le Tableau parlant, de Grétry ; le Maréchal-
Ferrant, le Sorcier, de Philidor ; les Troifueurs, de Dauvergne ; le Derin
du cillar/e, de Rousseau ; r Amoureux de quiiue ans, le Fermier d'un
Jour, de Martini ; le Faui Lord, les Pécheurs, de Gossce ; Cendrillon,
d«' Laruett<> ; les Lihertins dupés, de notre compatriote Thibault ; les Trois
Sulianes,(\c Gibert ; le Mort marie, de Brianohi ; les Trois Fermiers, de
Dezaide ; /'/ Mèlomanie, de thampcin ; Jeannot et Cotin, de Higel ;
\rion, de Matheau.
Outre ces différents opéras, on donna aussi l\[renturière. l'Amour
filial, les Métamorphoses de Tricolin, comédies de KoUand. ingénieur du
( 1 1 l'.lieiiMf DpsIrAiiRos, — Çnllnt trih'r'mis o ynntes, d'iiprèa nnd«»ciiinont «lècoiivert
ilaiis ira arcliivrs il»* la VilU'. — Stock, «■dilcur.
22 LE THÉÂTRE A NANTES
roi ; Niza et Bëkir, de M"« Darcpy ; les Plaisirs de l'esprit, le Jurjpment
unicersel, pièces niécaiiiqucs ; le Mariar/e de Toinetie, par Patras ; l'Elan
de cœur, de Dupray, « à l'occasion de raccouchement de la reine et de la
naissance de M. le Dauphin » ; l'A rnour platonique.
La Montansicr abandonna la direction en 1774. Gourville, dont je
parlerai plus loin avec détails, prit sa succession. Il monta L'Amitir à
l'épreuve, de Gr(^try et la Belle Arsène, de Monsigny.
A cotte époque, la saison thf'âtrale ooraraen^ait le lundi de la Quasimodo
et se terminait le jour des Rameaux.
D'après Camille Mellinet, en ITTô ou 1770, le Decin du cillaf/e fut joué
par des amateurs. Le rôle de Colette était tenu par M'"* Mosneron, qui
s'acquitta de cette tâche difllcile avec une rare perfection de talent. Son mari
lui adressa le lendemain de la représenfcition, sous le voile de l'anonymat,
un compliment en vers, où, faisant allusion au personnage qu'elle avait
rempli, il finit par lui dire:
Si Colette avait eu ta grâce et ton langage,
Jamais Colin n'aurait été volago.
Le comte d'Artois vint à Nantes en 1775 et il assista a une représentation
de gala au Bignon-Lestard. Le spectacle se tomposaitde la Partie de chasse
de Henri IV et de Rose et Colin.
(( Le prince parut content du jeu des acteurs, dit un manuscrit du temps,
cité par Guépin. On le vit applaudir, ce qui lui valut à lui-même les vivats
et les bravos du parterre. A la fin de la pièce, il fut salué par M. Gourville,
le principal acteur de la troupe, et la manière dont il reçut cet habile comé-
dien lui valut de nouveaux applaudissements. »
Le lendemain, il vint également au bal donné dans la salle en son hon-
neur. Il dansa trois fois. A l'occasion de son passage, on institua un
couronnement de rosière, qui continua à se faire chaque année sur la scène
nantaise.
A cette époque le théâtre faisait fureur. Souvent, la salle se trouvait trop
petite pour contenir les spectateurs ; aussi, donnait on parfois deux repré-
sentations, l'une dans la journée, l'autre le soir. Comme on le voit ce n'est
pas d'hier que remonte, à Nantes, la fondation des matinées.
En 1825, MM. GauUier et Chaplain firent représenter, pour l'ouverture
de l'année théâtrale, un à-propos en vers. Lorsqu'ils publièrent cet à-propos
en brochure, il le firent précéder d'une courte notice isur les principaux
artistes qui avaient paru, jadis, sur la scène nantaise ; ils joignirent à ces
notes biographiques quelques anecdotes. C'est à l'opuscule de MM. GauUier
et Chaplain que j'ai eu recours pour la plupart des détails qui vont
suivre.
LA SALLe DU BIGNON-LeSTARD 23
Il |)aralt qu'a la fin du dix-huitième siècle la jeunesse nautaise ('•tait fort
turbulente, et qu'elle choisissait, quelquefois, le th<^dlre comme lieu do se^
\ploits. Un beau soir, plusieurs jeun«'"< gms ayant dos reproches à (aire au
lirecteur Longo, décidèrent qu'uno brillante représentation, annoncée pour
le lendemain, n'aurait pas lieu.
« Ils arrivent i la m11«* avant l'ouveriur»^ de> bureauT, «î placent -«ur 'I
iJKnes dans le couloir, et, la tr-tr haute, l'épée x la main. lU nff.ii.!.
\)tf)d ferme les specLatciir>. (Jcuxci •« présentent ; on leur a
■|u'il n'y a jkis de sjx'clacie ; rn vain invo«|ue l on le témo.^,. ..
t celui des receveurs du bureau, loujoun même répf)nse : r>. il
n'y a pas de specljicle aujmird'hui. » Ils insistent, on leur |>r'ijM)-.- in ^
honuOiemenl d'aller se couper la gorge, quelques-uns acceptent, mais le plus
grand nombre prend le parti de se retirer et <! "
gens qui ordonnent de fermer le théiiin'. et j.
tout un public. Bien plus, le lendemain, le diruiJtcur lui oblige de Uctiiaodcr
excuse à genoux a ces despot^'s nantais. »
.\I"* Desglands, qui, plus tard, fît partie de l'Opéra-Comique, chanta à ce
théAtro. Une autre cantatrice de valeur, M"« Lentant, débuta la veille de la
fête do Noël. Un b«'l esprit nantais en profita pour faire le jeu de niot5 suivant:
Puer nciuH es nohix.
l'arnii les autres artistes qui parurent a ce théÀtre, il faut citer I.Arive,
|iii, plus tard, devait remplacer Lekain aux Français; Monvel, le futur
auteur des Victimes cloîtrées, et l'arrière-grand-père du peintre Boutet «le
Monvel ; les (iranger, Brizard. M"« Dumesnil. enfin fiourville le favori des
iinateurs nantais.
Quelques détails sur Gourville ne sont pas inutiles. En eftet, cet artiste a
joui, à Nantes, p<^ndant toute sa carrière, d'une telle estime générale, — très
méritée d'ailleurs, — qu'il doit avoir une place a part dau>- l'}ii<!»-->ir.i ,i,,
théâtre avant la Révolution.
Il avait d'abord commencé par être peintre, et avait cultivé cet art avec
111 certiiin succès ; mais, tenté par le démon du théâtre, il no tarda pas à
< iiil)r.iss«'r la carrière de comédien. Il se fit applaudir d'aUird dans les rôles
de premier comique, qu'il abandonna pour ceux de financiers et ceux dits à
manteaux. Sa réputation parvint à Paris, et un jour, il reçut un ordre de
dél)Utàla Comédie Fnmçaise. Le public parisien lui fut tout aussi favor*'-' •
que celui de la province, mais (tourville adorait Nantes, et il langui
loin du ruisseau du Bignon-Lestard. Dès qu'il le put, il s'empressa de reve-
nir dans sa chère ville, où sa rentrée fut fêtée avec empressement par un
public dont il était l'idole.
« Le meilleur rôle de (lourville était l'/lcartf. Il était surtc-» ni»,,, nia..
dans la scène où il arrive pillé, volé, appelant sa chère cassct
rette scène qu'un *«oir, M. (iraslin enthousiasmé, s'écria en s»ii;,r.,m . n
dehors de sa loge et a plusieurs reprises : Voilà Cacart! Voila Carare ' Cet
24 LE TURATRK A NANTES
incidcDt fut s;ii>i, et des applaudissciiK'nt.s éclatèrent de toutes parts, (iour-
villo, le lendemain, s'empressa de donner l'explication de cette énigme.
Quelques mois auparavant, il avait demandé à M. (iraslin, après unt? repré-
sentation de r.4rrtre, s'il était content de sa manière de jouer Harpagon.
(( Oui, répondit, M. Grasiin, vous avez fort bien joué V Avare, mais ce n'est
pas l'AvAia-;. (|uc j'ai vu sur l(.' théâtre! »
» Gourville, qui connaissait M. Grasiin pour un liomnie i'un goût su p»--
rieur, pour avoir joué avec Lekain et plusieurs acteurs célèl»res, soumit son
rôle à de nouvelles méditations, et s'associa pour ainsi dire au génie de
Molière. )>
Gaullicr rapporte sur Larive l'anecdote suivante :
(( Un jour qu'il jouait Pygmnlion, déjà livré tout entier aux inspirations
de son génie, il semblait s'être identifié avec le personnage qu'il représentait.
Tout-à-coup, ses regards rencontrent une statue colossale placée sur la
scène. Sa vue le chociue, il la saisit avec force et la rejette dans la coulisse,
sans sortir du caractère de son rôle. La pièce finie, quelques acteurs s'éton-
nait'nt (ju'il eût pu transporter une niasse pareille : « Rien de plus facile,
dit Laiive rcdcvtMiu lui-même, et il essaye de recommencer. Mais ce fut en
Vain : la force ((ui l'animait nexistait [)lus. )>
ï'n autre artiste de la troupe du Bignon-Lestard, Baudrier, devint plus
lard .sociétaire des Français. Il avait quitté le barreau pour se faire acteur"
C'était, parait-il. nu Don Juan do coulisse.
« Une jeune lille de dix-huit ans, attachée au théâtre, tomba amoureuse
de lui. Une autre actrice, maîtresse de Beaudrier, le surprit dans une loge
avec la jeune lille. 11 s'ensuivit une scène d'une telle violence, que la pauvre
enfant se précipita hors du théâtre, gagna le Port-au-Vin. et se jeta dans le
fleuve. »
Baudrier jouait fort bien à la paume ; les amateurs distingués de ce jeu le
recherchaient avec empressement.
(iourville conserva la direction jusqu'en 1778, année où les rênes directo-
riales passèrent entre les mains de Desmarcts, acteur froid et correct, qui
les conserva pendant six ans.
M. Parenteau a fait don à la Bibliothèque de Nantes, des livres d'émar-
gements de l'une des directions de Desmarcts. J'y ai copié, à litre de eurio
site, les appointements des principaux artistes pour la saison 17.'^1-17><:?.
Malheureusement, la désignation d<^s emplois fait défaut :
par ail
MM. lluin :?.4(X) livres
Kélix et son épouse 5.000 —
Gourville ; 3. (XX) —
Lavandaise ... 2 .')00 —
Paulin 4.000 —
Fleuri 3.<XM") —
Montville 3.C»00 —
La Marche 2 400 —
Landrv M. 000 —
Saint Vair 1200 —
LA HALLE Di; DIGNON-LE8TAKO
MM.
(i^rnionl . . .
Deniuutiri
M'««» Vidim .
Ita-sf
Kiîiiicheville
Anjou
Diitillent.
Iluiii
1 Jm» hvrr
1 :>UJ -
1 700 —
' MM) —
2.400 —
2.200 —
2.000 —
La livro toiirnoi valant un i»\i immis nw p- ir.uu- k ui<i, M. l'.tului, le
plus forU'nu'Ml a})|)oinl(l' des artj>t<'S nommés ci di'ssus. iif- gagnait il»»no pas
tout à fait 4.<N)U francs. Aujourd'hui, ce dernier cliUfro est ce que gagne, yar
mois, un t<*nor ronvrnablfî.
En 17K3, Longo succéda à l)esmarct>. ('e fut aous sa direction que se
icruiina la première |K'Tiodo du thrâln* du Hignon-l>;stard.
Cette nnni'te, la ville donna au dircrteur uni' permission qui jadis eût été
éncrgiqurmont n-fnsér ; celle de jouer le jour de la C'onr>.
les autres jours do f<'i«' de l.i Vierge. Cett<* autorisation fut
l>our la Fètc Dieu. Le temps ét;ut loin où il était défendu aux comédiens de
reprévsent<'r leurs pières pendant - l'octave du Sacre, h
(Juatrc-vingl-ncuf arrivait à grands pas.
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DEUXIEME PARTIE
J)epuis la '|>onst.rucLion du ^firand-Jhéâlre jusqu'à l'fncendie
1787 - AN IV
»o:«i»« •
I
GRASLIN et la CONSTRUCTION du GRAND-THÉATRE
J)i/fi')'ents jn iijetx lif runsi nictuni n iiii ii iiimi- flii'rUre. — J.n '/utilnr iiriiMin
Fureurs et niésnventures dex lili. PP. Capucins.
Description 'lu Grand-ThMtre.
N 1704, le duc d'Aiguillon fut nommé gouverneur de Bretagne ;
il résolut d'user de sa situation pour faire entreprendre, à
Nantes, des travaux d'embellissement, que la prospérité
commerciale do la ville appelait depuis longtemps.
I)(''jà, sous radministralionétlain'O de Gérard Mrllier, on avait commencé
I bâtir de nouveaux quartiers. C'est à ce maire, autant qu'à la protection
intelligente de l'intendant Feydau de Brou, que Nantes est redevable de
l'Ile Feydau, dos quais Brancas et Flcsselles, des cours Saint P'*>f> -m
Saint-André.
Mellier mourut en 1729. Ce fut une i>erte immense pour la cite. Les
travaux, qui étaient loin d'étro achevés, furent suspendus, et ils ne furent
véritablement repris qu'en 1751.
Le duc d'Aiguillon fit venir de Paris rarchitccle de Vigny et lui donna
l'ordre de dresser un plan général de la ville.
M. de Vigny se mit au tr.ivail, et, au mois d'avril 1755, il fournit un plan
dont les grandes lignes ont été suivies jusqu'à nos jours. Ce plan portait la
construction d'une salle de spectacle et d'une salle de concerts aux deux
côtés du quai Brancas : « Los bAtiments qu'on y a conmiencés ne pouvan'
servir de Poissonnerie, attendu l'exiwsition au midi. »
28 LE THÉÂTRE A NANTES
Lo plan de M. de Vigny fut ;ij)prouvé par le roi, mais en 1750, la ville
demanda à M. Lebret, intendant général, la permission de ne point bâtir la
salle de concerts et la salle de spectacle sur le quai Brancas :
(( L'une des raisons (jui ont détourné d'exécuter la Poissonnerie, est il
dit dans cette requête, est la beauté singulière de la situation de ce quai, au
centre âes opérations de commerce, qui pourraient être troublées par le mou-
vement et l'embarras inséparables de ces lieux publics. La même raison
semblé s'opposer à l'établissement des salles de spectacle et de concerts sur
ce même quai, ce qui a été reconnu par le duc d'Aiguillon, commandant de
Bretagne. Les quais, d'ailleurs, doivent plutôt être consacrés au commerce
en y construisant des maisons propres à y loger des négociants. »
Ce projet fut donc définitivement abandonné.
• En 1761, la ville chargea rarchitecte Ceineray de revoir et de compléter
le plan de M. de Vigny. Dans ce nouveau projet, il éUiit proposé « qu'une
halle, servant à la vente de toutes les denrées, serait construite dans l'em-
placement des Fossés Saint-Nicolas, et au-dessus de la dite salle, des loge-
ments au bout desquels serait faite la salle de concerts. A côté de la halle,
une salle de spectacle. »
Ce plan fut accepté en principe ; mais comme l'argent manquait on ne
s'occupa pas immédiatement du ihéâtre. Ainsi que je l'ai dit au chapitre
précédent, lorsque plusieurs négociants de Nantes obtinrent le privilège du
théâtre, ils songèrent à élever une salle sur cet emplacement, mais des
difTicultés étant survenues avec des propriétaires d'immeubles voisins, ils
se bornèrent à faire réparer celle du Bignon-Lestard.
En 1775, Gourville, qui était alors directeur, demanda à la ville la per-
mission de faire bâtir une salle de spectacle dans le quartier du Jeu de
Paume Saint Nicolas, entre la rue Sainte-Catherine et la Tour des Espa-
gnols. Le bureau accepta de passer un traité avec Gourville aux conditions
suivantes :
« Le sieur Gourville, directeur, était tenu de pa> or aux propriétaires le
prix des terrains et des maisons où devait être construite la nouvelle salle,
en suivant les clauses débattues par la communauté. Pour faciliter cette
entreprise, la ville abandonnait le terrain en toute propriété à l'acquéreur, avec
les matériaux de la Tour des Espagnols. Avant d'entreprendre la construc-
tion, le sieur (xourville déposera une somme de cent mille livres, pour
prouver qu'il est en état de faire l'entreprise. Il se conformera aux plans
et devis fait.s par l'architecte-voyer ; les travaux seront surveillés par les
officiers muiiiiipaux et par leurs architectes ; le directeur ue pourra vendre
qu'avec l'autorisation de la communauté, qui se réserve le droit d'acquérir
elle-même au prix de revient, ou sur estimation d'expert à la condition de
laisser au sieur Gourville son logement et une petite pension. »
De l'avis de Gourville lui-même, la dépense était eslifliéc à plus do
700.000 livres.
GRASLIN ET LA CONSTRUCTION DU GUAND-THÉATKK 20
Ce projet étiiit des plus «sérieux, mais f-elm' de Graslin, dont il sera ques-
tion tout à l'heure, vint à surgir et remjjécha de se réaliser.
En 1782, Longo, qui allait bientôt succédera Desmarcts dans la direction
de la salle du BignonLestard, obtint de bâtir sur l'emplacement de la Tour
des Espagnols (à peu près l'Hôtel des Postes d'aujourd'hui), une salle de
spectacle provisoire en bois. La construction devait être faiie solidement et
aux frais de l'entrepreneur. En outre, Longo s'engageait à démolir, sur
la réquisition de la mairie ou lorsque la salle projetée dans le quartier
Graslin serait achevée.
Le Bureau revint plus tard sur s;i décision. Ce projet avait été l'objet de
vives critiques. Longo en proposa un autre (|ui fut aussi vivement attaqué.
Il s'a;,'issait de voiîter l'Erdre à la hauteur de la rue Sainte Catherine et de
construire sur cet emplacement une salle de spectacle. Comme principal
avantage, on faisait valoir qu'en Gis d'incendie on aurait de l'eau à discré-
tion. Ce projet, défendu dans des l)rochures signées Un citoyen de Xaniea,
fut très spirituellement raillé et battu en brèche dans différents opuscules,
surtout dans celui intitulé: lioponse à un citoyen de Xantes. Cet écrit est
anonyme, mais il a dû être inspiré par Graslin, si ce n'est (iraslin lui-
même (jui en est l'auteur.
On le voit, à cette époque, la construction d'uu nouveau théâtre passion
nait tous les esprits. Cependant les projets succédaient aux projets etla ville
était dans l'indécision, t|uand le Bureau se décida, enfin, àaccepter les pro-
positions de Graslin.
Avant de commencer à parler de la construction du Grand Théâtre, je
crois qu'il n'est pas inutile de dire quelques mots de l'homme qui créa le
quartier de la ville, compris entre la place Royale, la Fosse et la rue des
Cadeniers.
(Graslin n'était pas Nantai>. Il naquit à Tours, en 1727, d'une famille de
financiers. Après de brillantes études au collège de Juilly, il se fit recevoir
avocat au Parlement de Paris, puis il entra dans la finance. Il alla d'abord à
Saint-Quentin, et enfin fut noiiuné receveur général des fermes du roi à
Nantes. Il se maria dans cette ville avec M"^' Guymont, fille du directeur
des vivres de la marine.
(irasiin était un économiste distingué. Il a publié divers ouvrages, doni
le plus important est l'KHsai analytique sur la richesse et surCimpôt. N'ou-
blions i)as non plus ses brochures et ses mémoires écrits pour défendre ses
(lilFérents projets, (îrasliu nuurut en 17',>). à l'âge de soixante-quatre ans.
.Avant la construction du quartier Graslin. la ville, de ce côté, s'arn'lait,
en réalité, aux fossés Saint-Nicolas, (pii ilébouchaient dans la Loire, sur l'em-
placement de la rue du Couédic, et dans ri'>dre, sur remplacement de la
place du Cirque.
De l'autre côté de la porte Saint-Nicolas, à l'endroit où est située la
30 LE THKATRE A NA.NTKS
rue Crébillon actuelle, s'élevuit une colline c.srarpôe et rocheuse, bâtie de
quelques rares maisons, dont l'une était habitée par Graslin. Au sommet se
trouvait l'enclos dos Capucins, qui, plus tard, devait devenir le cours Cam
bronne.
A droite, la rue du Bignon-Lestard escaladait la colline et allait se perdre
dans la campagne ; ;ï gauche, la rue de la Fosse débouchait sur le port.
Telle étJiit la topographie de ce vaste espace que le génie de Graslin allait
transformer en une ville nouvelle.
Dès 1778, Graslin avait acheté la plus grande partie des terrains rorapo.
sant ce coteau aride. En 1780, le Bureau adopta le projet de Graslin et les
travaux commencèrent. Il n'entre pas dans le plan de cet ouvrage de racon-
ter l'histoire du nouveau quartier ; elle contient pourtant bien des choses
intéressantes, mais cela entraînerait trop loin du Théâtre. Disons, seulement,
que si le projet de Graslin trouva, dans la ville, de nombreux partisans, un
certain nombre de détracteurs ne tardèrent pas à surgir. Graslin fut attaqué
et vilipendé. De nombreuses brochures furent écrites contre lui et son œuvre
Ses ennemis acharnés étaient les Pères Capucins, dont le couvent se trou-
vait menacé par les accroissements du nouveau quartier. On ne peut s'ima-
giner la haine que les bons Pères mirent à poursuivre le fermier général, et
le torrent d'injures et d'infamies qu'ils déversèrent contre Vennemi commun
— c'est ainsi qu'ils appelaient Graslin. Il est vrai que, dans cette guerre, les
Capucins reçurent aussi un certain nombre de dures blessures, dont deux
surtout leur furent très sensibles. La première de ces histoires est connue.
Le Père Jérôme fut attiré dans une embuscade avec deux autres religieux ;
ils trouvèrent dans un endroit écarté un certain nombre de jeunes gens qui,
sans pitié, leur administrèrent une vulgaire... fessée. On voulut faire remon-
ter la responsabilité de cette affaire à Graslin, mais l'enquête qui fut faite
prouva qu'il était complètement innocent. Quanta la seconde anecdote, j'ai
tout lieu de la croire inédite, car je l'ai trouvée, écrite de la main do mon
aïeul, en tête de deux brochures du Père Jérôme — fort rares aujourd'hui,
et que je possède dans ma bibliothèque: — Réponse aux rcjloxions
indispensables de M. Graslin et Les Œufs de Pâques pondus en 1783.
(( M. Graslin, pour se venger du Père Jérôme, lui tondit un piège affreux.
A cette époque, la rue Moquechion, entre Saint-Siniilien et le Port-Commu-
neau était fort mal habitée. Un jour, une femme alla chez lo Père Jérôme le
prier de venir confesser une de ses amies, qui n'avait confiance qu'en ce
saint Père. Celui-ci, sans défiance, s'y rendit à l'heure indiquée, mais, a»i
moment d'entrer dans la maison, des jeunes gens qui l'attendaient, ayant en
tote Seheult l'ainé, dès lors architecte, firent un hourra sur l'honnôte moine,
qui fut ainsi, pendant longtemps, l'objet des plus injustes railleries. »
Cependant le nouveau quartier s'élevait peu à pou. Graslin, comprenant
que la nouvelle salle dont on parlait depuis si longtemps, avait son emplace-
GRASLIN ET LA CONSTRUCTION DU CRAND-THÉATBB Ul
ment tout maniutj .>ur i;i place à laquelle la Ville venait de donner son nom,
et sachant, d'autre part, que la municipalilij reculerait devant la dépense
d'achat de terrain, se résolut à un nouveau sacrifice.
Il proposa au Bureau de lui céder, gratuitement, l'emplacement nécessaire a
la construction d'un ^,'raiid tliédtre, plus le terrain pour ouvrir deux rues
latérale: en tout vingt mille pieds farrés. C'était un cadeau de deux cent
mille livres que le fermier général faisait à sa ville d'adoption. Et dire qu'il
s'est trouvé, et qu'il se trouve encore, dos gens jx)ur prétendre que Grasliii
n'a pas fait de sacrifier! J 'oubliais de dire qu'il faisait au^isi niveler à s«'< frais
tout le terrain.
Pourtant la Ville hésitait à accepter celle ollre généreuse, et il fallut que
Graslin écrivit plu«»ieurs brochures pour faire ressortir tous les avant;igcs de
son projet. Enfin il ne tarda pas à se créer dans le public un mouvement en
faveur de la proposition du fermier général, et le Bureau, dans sa délibération
du 2 aoiît 1783, adoptai définitivement le projet de construire le Grand-
Théâtre sur l'emplaicment offert.
Je rel^ve dans cette délibération les passages suivants :
(( En mémoire dudit abandon de terrain et à titre d'indemnité, lacommu
nauté cédera à perpétuité au sieur Graslin, pour lui. les siens et ayant
cause, une lo^e privative de quatre places, dans la nouvelle salle, qu'il
choisira parmi celles qu'on nomme les baignoires, et pourra en disposer en
faveur de qui lui semblera, »
« Les revenus de la communauté ne lui permettant \ysis de faire la dépense
de cette construction avec ses ressources ordinaires, elle fera un emprunt
(|ui pourra s'élever jusqu'à trois cent mille livres, et dont elle payera les
intérêts à Ti <>/„. On stipulera les termes de remljoursement suivant les
ressources de la Communauté. »
De j)his,ilans cette déliW'ratiuii, la Couinuuianié a\uii.ii( <[iic, par le projet
lie Graslin, elle faisait une économie de cent cin((uante mille livres.
Comme on vient de le voir, la loge Graslin, à cette époque, n'était pas où
lie est aujourd'hui. S'il faut en croire le libellé du P^re Jérôme : Réponse
• iiix réflexions indispensables de M. Graslin, ce dernier n'aurait pas été
très content d'être placé aux baignoires. En eflet, on lit dans la brochure du
apucin :
« Il vous déplaît qu'on l'ait fixée (la loge), au-dessous des premières ; là
elle n'est pas assez apparente, là vous et votre famille restez cachés, là le
bienfaiteur public, le célèbre Graslin, sera confondu dans la foule, là, il
gémira de ne pouvoir se montrer au peuple reconnaissant. »
Ce passage peut donner une idée dn ton de la polémique engagée.
Aussitôt la proposition de (iraslin définitivement acceptiV;, le Bi;; t
chargé Mathurin Cruoy de dresser les plans de la future salle. L :;l
architecte, à qui Nantes est redevable de tant de beaux monuments, se niit
32 LE TMKATRE A NANTES
immédiiitftmeiU au travail ot présenta bientôt le plan du iliéiiire, t<'l que
nous le Connaissons. Cependant, la salle devait être réunie primitivement
aux deux maisons voisines par deux belles areades, qui complétaient la déco-
ration do la place. On renon(;a ensuite à ce projet, je ne sais pourquoi.
La Ville décida qu'avant do faire commencer les travaux, Cruey se ren-
drait â Paris pour étudier les différentes salles et demander a l'Acadt-mie
d'architecture son avis sur le plan adopté. Sa mission finie, Crucy s'em-
pressa de revenir à Nantes, rapportant les félicitations de ses collègues de
Paris.
Le devis dressé par l'architecte s'élevait à la somme de 262.232 livres
19 sols 11 deniers. Le 2 août 1785, Graslin proposa à la Ville de se charger
de la construction du monument. Il s'engagea à ne pas dépasser le montant
du devis et il promit, s'il dépensait moins, d'offrir à la Ville la différence.
Tel était le caractère de l'homme que l'envie et la haine attaquaient de
toutes parts et dont la générosité était inépuisable.
Graslin se chargeait de tous les travaux, à l'exception dp ceux de sculpture
et de peinture, qui restaient au compte de la Municipalité.
Los travaux commencèrent immédiatement. Graslin les poussa avec une
telle activité que, dans le courant do 1787, la construction extérieure se
trouva achevée.
Restait à aménager l'intérieur.
Le bureau choisit comme sculpteur, M. Robinot-Bertrand. Chaque chapi-
teau devait lui être payé 500 livres, et chaque rosace 18 livres.
On s'occupa ensuite des décors. Par permission spéciale de l'intendant do
la [d'ovince, ils ne furoit pas mis en adjudication. La confection on fut
confiée au sieur Jean Bourgeois, qui devait immédiatement entreprendre
onze décorations complctes. Ces travaux devaient lui être payés d'apri's les
prix de la Comédie-Française. Bourgeois s'adjoignit M. Coste et fit venir do
Paris quatorze peintres qui se mirent aussitôt à l'œuvre.
Voici le détail des décorations, tel que je l'ai trouvé dans les Archives
municipales : le Rideau, Le Jardin, La Salle de Molière, Le Camp, Le
Paliiis, La Priaan, La Plane publique, La CJiambre rustique, La Foret et
Le Plafond. Quelque temps plus tard on fit faire: Le Trône, Le Désert,
Le Palais féerique.
La Ville paya à MM. Bourgeois et Coste, pour pointures à la salle de
spectacle, la somme de 29.G74 livres.
Cependant le public s'intéressait de plus on i)lus à l'œuvre de Graslin, et
tout le monde attendait avec impatience l'ouverture de la salle. Il n'étut
question, dans la ville, que du nouveau théâtre. Cette idée poursuivait
même les esprits les pli,is sérieux. C'est ainsi que l'abbé Lefeuvre, recteur
de Saint-Nicolas, qui avait l'habitude, assez excentrique, d'écrire une sorte
GRASLIN ET LA CONSTRUCTION DU GRANDTUÉATRE 33
(lo gazette de la ville sur les registres de sa paroisse au milieu des mariages,
des naissances et des décès, a eu rorcasion de parler plusieurs fois de la
construction du Théâtre. Il est vrai qu'après avoir décrit les travaux et les
sommes votées pour leur acoomplissement, le brave curé, dont l'église était
légèn'mont dél;ibrt'<'. sTm ii:iif t-n p.iilnnt de l;i salle Gra>lin :
« Que (le pères et nifr.-.- àr l.inulle- vont y [)orter de jour en jour, . e qui
>erait nécessaire à r«'ducation et même à "la nourriture de leurs enfants !
Est-il possible qu'on fasse tant d«' dé|)en»e< pour de pareils établisM-ments,
et qu'on ne trouve point d'argent lorsqu'il ^'apit de réparer les temples du
Sei<^Mieiir, (|ui sont tous dans un pitoyable étal .i Nantes ! Le jeu, le luxe,
les spectacles, le< plaisirs de to\ite es[M''Ce V absorl>ent tout l'argent. »
Depuis longtemps, il était question de rebâtir Saint-Nicolas, sur la place
Royale, en face de la rue Crébillon. Mais la construction du Théâtre vint
faire oublier celle de la nouvelle église. Aussi comprend-on l'amertume de
M. Lefeuvre, qui voyait avec terreur la maison du diable prédominer sur
•lie de Dieu.
Quelques mots, maintenant, sur le monument. Je ne puis mieux faire que
de reproduire la description donnée par Crucy, lui-même, de son œuvre.
(( La principale façade du llieaiic iumir, >ui' la place Graslin, un péristyle
de huit colonnes corinthiennes. Au fond du péristyle, quatre autres colonnes
du même ordre, dont l'enlnuolonnement est ouvert dans toute leur hauteur
servent d'entrée et de décoration À un vestibule de forme carré très allongé,
terminé de chaque bout i)ar u«i cul-de four et dont la voûte, en pierre de tuf,
est décorée c^e cai.>sons et de rosaces.
» L'escalier, qui conduit aux premières et secondes loges est en lace de
l'entrecolonnenjent du milieu. A droite et à gauche sont les escaliers des
troisièmes et quatrièmes loges, tous construits en pierres.
» La salle a soixanle-deux pieds de diamèlre dans l'œuvre. Le théâtre,
.>ans comprendre la galerie de fond, a cinquante-huit pieds carr*>s. A chaque
côté du fond du théâtre, un escalier en pierres conduit aux loges des acteurs
etau ma^'asin d'lial)illemeut ; à l'extréiuité, vers nord et occcidont, du même
«•Atéqueles portes des acteurs, est le magasin d<'s décorations, au dessus des-
quels les décorateurs ont leurs ateliers. »
Ajoutons à ces détails, que les colonnes du péristyle sont surmontées de
huit statues représentant les Muses. La neuvième sœur n'nyant pas trouvé
place, faute d'une colonne de plus, a été exilée à la Bourse. Elle se trouve
sans doute fort déplacée au faite du Temple de l'Argent et du Commerce,
et doit souvent envier le sort de ses compagnes, planant au fronton du
Temple de l'Art.
Ces sUitues avaient été prévues dans le plan primitif •'•' < '"! ^ "'!- • l'-s
ne, lurent placées que sous la Ilestqiiration.
Les inscriptions suivantes se lisent sur le monument.
■<4 LE TIIÉATRK A NANTES
A gauche
l'an 1788, LK JKLl/lliMl-: U\ KKI.NE
DE LOUIS XVI, LE BIENI- AlSANT
CE MONUMENT FIT TERMINÉ
LOI IS-JEAN-MARIE DE BOURBON. DUC DE l'KNTMIÉVRE
GOUVERNEUR
LE COMTE DE THOUARS, COMMANJDANT
LR DUC DE CERESTE DE BRANCAR
GOUVERNEUR DE LA VILLE ET CHATEAU DE NANTES
DR BERTRAND DE MOLLEMLLE, INTENDANT
A droite
ETAIENT POUR LORS, MAIRE
MESSIRK PIERRE RICHARD DE LA PRR\ ENdll.RI.
ÉCHEVINS
RENÉ DREUX, SOUS-MAIRE
JEAN-CHARLES GÉBIER
.lACQUES BODIN DES PLANTES
RENÉ GESLIN, SIMÉON PLUMARD DE RIEUX
JEAN-JACQUES URBAIN MESLÉ
PROCUREUR DU ROI, SYNDIC
PIERRE, GUILLAUME, HENRI GIRAUD DUPLESSIR
SUR LES DESSINS DE MATHURIN CRUCY
ARCHITECTE ET VOYER DE NANTES
(Traslio, seul, manque ilaus r-ette énuincration. Les plus obscurs échevin-
y figurent, mais le nom de l'homme à qui l'on doit vraiment lé nionuniont
n'a pas été trouvé digne d'y être placé. Ingratitude humaine !
Les armes que l'on voit au dessus de ces inscriptions n'ont été sculptée>
qu'en 1812, lors de la restauration de ia salle. Celles de <:;auche sont celle-
de la ville sous le premier empire ; celles de droite appartiennent au l>aroii
Bertrand Geslin, qui alors était maire.
Toute la façade extérieure du Théâtre, ainsi que le grand vestibule, ont été
préservés de l'incendie. Tels nous les voyons aujourd'hui, tels ils étaient
autrefois. Cependant, les portes étaient remplacées par des grilles qui
n'ont disparu définitivement que longtemps a|)it's la reconstruction du
monument.
Passons à la salle. \'oici ce qu'en dit Guimard dans les Annales Nnnt/iis(\^
qui datent de l'an IIL Sauf les figures de la Liberté et de l'Egalité ajoutéo
sous la République, la salle, lors de rouverture, était identique à la des-
cription suivanti' :
« De nombreuses entrées donnent accès dans la s;ille construite en demi
cercle dont l'avant-scéne fait la base. Elle a quatre rangs deloge.s. dont le-
GRASLIN ET LA CONSTRUCTION DO GRAND-THÉaTRE 35
premières sont précédées d'une galerie continue, sans parlerdes loges grillées
au-dessous de celles ci et pas plus élevées que le parterre. Le parquet est
vaste et l'orchestre étendu L'avant-scènc est d«''Corée à droite et à gauche de
(tolonnes cannelées, aussi d'ordre ionique et supportant un fronton décoré
de figures de la Liherté et de l'Egalité. Son plafond circulaire, divisé par
cuujpartiments garnis de rosaces, est du meilkuir efTet ; on voit au milieu un
aigle pendu qui scniljlo tenir en son be«- le cordon du lustre, qui est riclie;
le devant di-s loges est peint diversement et dan^^ le genre araJ>esque ; celle
d'honneur occupe le centre. Cette salle peut contenir deux mille spectateurs
et plus. Au fond du théâtre; on a pratiqué un puits d'où part une pompe qui
elé.ve l'eau au dessus du hâtiment. dans un large bassin ou réservoiren plomb
de quatre pieds de profondeur, à l'effet de prévenir l'incendie. Les connais-
seurs admirent la charpente de la couverture et la distribution des issues
nombreuses, pratiquées de manière que la salle, fût-elle pleine, pût se trou
ver vide en cinq minutes, sans accident, comme au reste, ils ne manquent
j)as d'être choqués de léeho fati;^'ant qui se fait entendre vers la loge
d'honneur et qui répète désagréiiblement la voix de l'acteur, ou le son de
l'instrument. »
Tout marchait pour le mieux et la nouvelle salle n'allait pa*; tarder à être
entièrement achevée, (iraslin forma une société qui prit lenom de patriotique
destinée à l'exploitation du Graud-Théiitre. Cette société olfrait les garanties
les plus sûres. Outre (Jraslin, elle se composait de M. M. le comte d'Aux, le
comte de Trévélec, Kobineau, de Bougon, Coustard, de Mani, comte de
Roseoat, Chaurand de la Ranjoriuière, Michel, Deluynes. Bureau. A cette
époque, des hommes comme ceux dont je viens de citer les noms, ne mu-
gissaient pas de se placer à la tète d'un théâtre; aujourd'hui on ne trouverait
pas à Nantes trois hommes assez dévoués â la cause de l'Art pour le faire,
et quelle toile général, grand Dieu ! contre ceux qui seraient assez courageux
pour se moquer des préjugés bourgeois!
La société proposait à la ville de lui louer la salle du Grand-Thédtre ceuj
vingt mille livres par an. Toute perte était à sa charge; mais écoutez bien
ceci, lecteurs, et vous admirerez ces gens là, à moins que vous les traitiez
d'idiots, ce qui ne m'étonnerait guère. MNL Graslin, d'Aux. de Trévélec
et C'o,s'engageaient adonner à la ville tous les bénéfices de l'entreprise. Pour
eux, ils se contentaient du sentiment du devoir artisti(|ue accomj)li. Vous
croyez peut être que la ville accepta avec euipressement cette combinaison
désintér(*ssée? Allons donc ! Elle repoussa ce projet.
Cela prouve une chose : c'est que les munici[)alités sont comme les gou-
vernements : elles changent, mais elles se ressemblent t'>nt'-
«Wûl^%?^2*
II
DIRECTIONS : LONGO. — RODOLPHE ET HUS
JT88 — 171)1
;.<;/,,,,,, ,.i ilu 'fhi'utir. — /,»'.f i.r'ff . /..y.it.x'f . — Afo/»-. — /.<! SainiJi
Marsins. — Affaire FU-ury. — \J**' Stiint- J:\tnes. — Anecilutes
, 1 A pJNon (loniu'o jKir la Miini(i|);ilité |)our n'fKiussor l'ofFri' tlo
^i Grnslin «'l de ses assofirs, était que k* Iovjt do la salle d<'vuit
'\ <''tr<' mis en adjudication.
L<' 10 mars 1788, "Lonfro, déjà dirtHtonr de la salle du
|{|giioq-Lestard, fut nommé dire<*teur du Grand-Théâtre. La ville lui
;iirermail la salle l.").! KM) livres par an. Ainsi, au rebours de ee qui existe
(1(! nos jours, le théjUn; êt;iit p()ur la ville une souree de revenus. Ce
ystémj? ne devait pas durer longtemps, et la triste ex|)érience des choses
n'allait pas tardera prouver «ju'un directeur, livré à ses propres ressources,
niarelie presrju'infaillibleraeni à la ruine.
|jon};o était nommé jKlTir cinci ans à partir de Pâques 1788. Il devait se
l>ourvoir de décorations en sus de celles tenant à l'inventaire de ja salle et
«l'iMi magasin fj'haliillcmciH'^.
f.c pri.\ des places fut li\<- ',,111111. 'il;
Prelniéres et parqu, W livres.
Secondes 2 li\ re^.
Troisièmes ;;o sols.
Quatrièmes '2\ sols.
Parleii ,'(l sols.
paradis 12 soh.
Kl ou bal ;{ livres.
Les abonnements au mois et à l'aimée furent laissés au gré du tlirecteur.
Le bureau s'occupa très nnnutieusemeiu de la question d'«>clainige. Voici
lo |)assage de la délibération sur ce sujet :
i Le sieur Longo fera plaççr a ses frais dans le vestibul-
verbéres à quatre mèches chacun. Ies(|ue|s seront -
:i«
Kh iiii.Aii.l
VirilrculoK du cul de four qui est de chacjuo côté ; il ciUn-tiendra ot mettra
au rez de-cluiussée un révcrbt're à deux nn'ches, pour éclairer les escaliers
des troisièmes et des (|uatrièiues loges vX le passage qui conduit au corridor
du |)arterre et du paradis ; il sera |)lacé cinq réverbères à une mèche dans
le corridor du parterre et du |)aradis, savoir : deux au fond, deux à l'entrée,
un au milieu. Sur les rues latérah.'S, à chaque passage d'entrée et de sortie
du parterre, i! y aura un réverbère à un<; mèche... Il sera mis cinq
réverbères dans le corridor des premières loges ; sur chaque pallier des
escaliers dos secondes loges, il y aura un réverbère à quatre mèches ; cin(|
réverbères dans le couloir dt;s secondes loges ; aux troisièmes loges, quatre*
réverbères ; aux quatrièmes loges, quatre réverbères. Le lustre qui éclaire la
salle aura quarante; huit lumières. Le foyer sera éclairé de huit lumières, et
pour pan^f aux accidents de feu, il sera chîiuffé par deux poêles posés dans
les deux cheminées. L(;s latrines seront nettoyées tous les jours ; les
corridors, les vestibules, les escaliers, le jjarterre, le parquet et les loges,
une fois par semaine. Le sieur Longo apportera toute l'atteMition possible a
relFei d'em[)écher qu'il nt; soit porté dans les loges ni feu. ni chautferetles.
sous ((Uc|(|Ue |ir(''ti'\fr> ipie ce soit. »
Dans les premiers mois de 178S, la salle fut comjjlètement achevée. Les
sommes dépens(''es par la \ille s'élevaient à cinq cent mille livres, mais
Nantes était dotée d'un superbe monument.
On peut regretter cependant les dimensions un peu exiguës de la salle.
D'après Guimar, l'ancien théâtre pouvait cont«'nir 2,00r) spect;iteurs.
Aujourd'hui, Graslin ne renferme que 1,225 places ; c'est un écart de près
de 8(K) places. Comme il est iiu|)rol»able qu'on ait reconstruit la salle plus
petite (|u'elle était auparavant, j'en conclus que Guimar a fait erreur. 11
est donc malheureux que, de prime abord, on n'ait pas donné à la salle une
grandeur plus considérable. Aujourd'hui, il arrive, continuellement, de
refuser des centaines de spectateurs. C'est un sujet de perte pour la
direction, qui ne peut rattraper, par une recette vraiment considérable, les
recettes minimes des mauvais jours.
Le IT) mars 17H8 fut |)ublié le règlement pour la police du théâtre. Un
certain nombre d'articles sont encore aujourd'imi en vigueur. J'ai extrait les
priii.ipanx paragraphes de ce rèL'lenient.
CllAIMlUi: DM LA POLICE E.XTKHILURE
11. — Le spectacle commenc(M'a régulièrement à cin(| heures et demie
du soir, sans qu'en aucun temps ou quelque prétexte que ce soit, l'heure
puisse être retardée ou avancée.
III. — L'ouverture des bureaux pour la distribution des billets d'entrée
se fera tous les jours, à (piatre heures un quart pré'cises du soir.
XI. — Les abonnés n'auront point de loges lixes. à l'excepiiou de celles
du Ivoi cl de la N'ilie, dont le direeteui' ne pourra dis|)oser en aucun t«'mps.
DIREfTtON LONT.O 30
et qui resteront vacantes, (luoiqu^'elles ne soient pas gardées, jusqu'au lever
(lu rideau, et de celles «|u'ii aura lou»''es à l'année, et qui ne pourront C'ire
;iu\ premières
XII. — Il est défendu à qui que ce soit d'entrer au bal avec épées,
cannes ou autres armes, •• <!'' l'.oir I" chapeau sur la tête pendant la
soirée.
XIII. — 11 est égalemr'ui deltiidu d'avoir le chapeau sur la tête au spec
taclf, depuis le commenoemeni d'iccdui jusqu'à la fin.
XIV. — Les dames ne pourront se placier dans le parquet ni dans les
premiers ranjîs des p;aleries avec des chapeaux à plumes, bonnets et grandes
eoi'lb^s qui empêcheraient ceux qui seraient derrière elles de voir le spec-
tacle. »
Voilà un article (|iii deviiii mkh cncMn- ctic njipiKnn-, >uit dit en
passant.
XX. — 11 est défendu a toutes personnes de faire garder leurs places
avant le spectacle par leurs gens, à peine de prison contre ces derniers, s'ils
1 ('fusaient de se retirer sur le premier avertissement qui leur en sera donné;
il est également défendu de retenir sa place en y mettant son chapeau ; en
cas de contestation à cet égard, celui (|ui voudra maintenir cette prétentittn
sera sur le chatnp mis hors de la salle. . .
\XI. — Très expresses défenses et prohibitions sont faites à qui que • •'
soit de sifller et d'élever la voix, tant au spectacle qu'au bal, de troubler
l'ordre et la sûreté d'aucune manière, d'insulU;r les gardes et sentinelles a
peine de soixante livres d'amende, même d'emprisonnement, et de plus
grande pejn.. vil ^ , i;,.ii s.iuf à ceux (jui croiront avoir sujet de se plaindre,
à le faire.
XXll. — Il est défendu aux perruquiers, éteint en habit de poudre, aux
gens en livrée, d'entrer au spectacle, môme en payant, sous peine de prison.
XXVI. — Défenses sont faites à toutes personnes qui ne sont pas atta-
chées au spectacle d'assister aux rép<''titions. Le régisseur étiblira en consé-
quence un contnMeur à la porte, lequel n'y laissera entrer que les gens
nécessaires, à peine de prison contre le conirO)leur et de dix livres d'amende
contre le régisseur, en cas de contravention de sa p;irt au présent article.
XXVI I. — Ordonne que par le directeur il sera, à la diligence du subs-
titut du procureur général, donné chaque aimée au profit des Hôpitaux de
Nantes, une somme de ('»()U livres ou à l'option cl au choix des Juges de
police, une représentation sur laqiielli' le directeur prélèv«>ra \o tiers de la
recette pour tous les frais, «pie le directeur comptera aux mains du receveur
(le rilùtel Dieu, et sera tenu d'en donner »|uiltance au dit substitut du pro-
cureur général, (|ui la reportera au siège de police.
XXIX. — Les seuls cochers de maison ou de remise, en attendant la lin
du spectacle, se tiendront sur une file, dans les rue,s de Corneille et de
Molière, le long de la salle, de manière (jue la moitié de la rue restera libre.
Ils ne pourront prendre leurs maîtres (ju'aux portes latérales de la dite salle,
et le cocher qui sera avancé et dont le maitre ne sera pas prêt à sortir sera
obligé de défiler sur la place pour aller prendre le rang à la queue de file,
sous peine de prison.
jO I.K THKATRF A NANTKS
CHAPITRE DK LA POLjCE INTÉRIEUR!-:
V. L.; ciic;l d'orf!ii-.'4ii; (luiiiujra a riii(| li<'ur<'s pici-cs du vjoir, i .icruiM
aiiv musiciens dans l'endroil à ce ^f-slin/! ; ils cnlrcronl tous :ï cinq heun-s
un quart à l'oiThcsirc ««t joun-ont jiis(|u'au lever du rideau la musique la
plus analogue à la pièce «jui sora repiYjsentée. Si c'est un opéra, ils en
joueront rfuiverlure de manière à ce que les acteurs puissent entrer en scèn.-
a cin<| lieures et demie du soir, et ils se tiendnjnt a leur place |«'ndant lu
durée du spectacle, pour «Hre prêts à remplir les entr'ijetes (jes pièce>,, à peine
(\o sis. livres d'a|nendo contre cha(iue musi<i<''> qui >ie sera pus veiui a cinq
heures etqqi n'en ira pendant }e spectacle.
VII, _ Los acteurs, actrices, (igurants et autres qui, so^s pr(';tcxt^4'indis-
position, auront obligé le régisseur de changer le spectacle et les musiciens.
qui, sous prétexte pareil, auraient annoncé qu'ils ne .se rendraient pas à
l'heure fixée, seront punis de vingt quatre heures de prison, s'ils .sont vus
4ajis |ps rue^ ei autres lieux publics.
XIX. — Lfs acteurs, actrices, musiciens et aut,res, ne s'occuperont aux
répétitions que de leurs rôles; les aotriees n*y pourront travailler à aucun
ouvrage, comme tricot, broderie, etc., ils ne pourront lire leurs rôles si ce
n'est dans le cas d'études précipitées.
XXI U. — 11 est défendu à tous jeteurs, actri^^e^. figurants, musiciens,
machinistes et autres employés, de se placer dans les coulisses pendant la
durée du spectacle de manière à y être vus des spect;iteurs, sous peine de
trois livres d'amende.
XXIV. — Toutes les amendes prononcées ci-dessus et encouru(^s par le^
acteurs, actrices, musiciens et autres personnes attachées au t|)éâtre, seront
déposées sur le champ dan-, un tronc placé à cet effet i\\i foyer .i"<^ ...t,.M.<
et actrices, ou retenus par le directeur sur leurs appointements.
XXV. — U est enjoint aux valets du théatr»' d'avoir toujours slu- eux un
fort pouteau, i)0ur êlrcî prêts, eii cas d'incendie, à couper les cordes et même
les décoratjon.s, lorsque l'ordre leur en sera donné par le régisseur Qu autres
ayant flrojt tfp le faire. "
Le 7 avril I790,.cc règlement fut augmenté de quelques articles, entr'autres
de ceux-ci :
XXVI. — Défenses sont faites aux acteurs et autres personnes attachées
au ihéâtre d'enU'cr au parterre depuis cinq heures du soir jusqu'à la tin do
la dernière pièce, d'y faire Un; ou (loniier a lire aucuns papiers quelconques,
et de se placer pendant toute hi durée «lu spect;icle ailleurs que daps les
lo^-es oui leur sont destinées, à peine de dix livres d'amende contre le
directeur, et pareille amende contre l'acteur, et de plus .m.,m.i.. iw.;,,.. .ni \
échoit.
.\XV1|. — Il est défendu à toutes personnes attachées au théAtre ou non,
de fumer la pipe dans toutes les parties de la salle, au théâtre, aux loges et
aux di|réreu(es loges des acteurs et actrices, à peine de dix livres d'amende
par chaque contravention, et mémo de prison s'il y échoit.
I
DIRECTION LONGO
11
Le Grand Théâtro ouvrit le 23 Mars 1788, le jour de IViques. J'ignore
,.ir f|iielle pitVe. Malgré les rechcrrlies les plus minutieuses il m*a été
impossible d'élucider cette question. Je n'ai pu trouver, non plus, aucun
détail sur la soirée d'inauguration. A la mairie, on ne poss^df' absolumont-
ricn sur ce fait, pourtant intéressant, de l'iii^loire de la ville. Quant aux
journaux cet événement semble avoir passé inaperçu pour eux. D'ailleurs,
la collection de la Bibliothèque est loin d'éire complète, et, dans les feuilles
du temps, il n'est ^'uëre question que des faits commerciaux. Je mo suis
adressé à plusieurs de nos concitoyens qui auraient pu posséder des notes
manuscrites contemporaines, mais en vain ; rien, toujours rien. Il est
étonnant, comme, à cette époque, on néglige;iit tous les faits d'histoire
locale.
Des difficultés s'élevèrent entre la municipalité et Versailles au sujet d% la
loge de la reine. Deux loges avaient été réservées, l'une pour le roi, l'autre
pour la reine. Celle du roi devait être occupée par le gouverneur de la Ville,
celle do la reine par l'intendant de la province. Mais, ( orame ce dernier ne
résidait pas à Nantes, les officiers municipaux avaient Ihabitude de se tenir
dans sa loge. Or, un arrêté royal réserva cette loge absolument à la reine et
à l'intendant ; quant à la municipalité il lui était enjoint d'en choisir une
autre où bon lui semblerait. Les maire et échevins de Nantes réclamèrent
mais rien ne fit. A ce sujet, voici la lettre que reçut M. Bertrand de .Molle-
ville, intendant de Bretagne :
Versailles, le 10 avril ITHs.
J'iil re<;u. Monsieur, la lettre que vous m'avez adressée let> de ce mois concer-
cornant la réclamation des Maire et «'Chevins de .Nantes, contre les décisions,
concernant les lo^e-; d'honneur dans In nouvelle salle de s|>eclaclc dans celle
ville, mais cette décision riant conforme à l'ordre observé dans toutes les salles
de spectacle du royaume, l'intention de Sa Majesté est qu'elle soit exéeulée et
que les officiers municipaux s'y conforment. Vous voudrez bien les en instruire
Si les armes de la Ville ont été peintes dans la loge de la Reine, il sera facile
de les elTacer et de les peindre dans les autres loges que les ofliciers municipaux
pourront choisir.
J'ai l'honneur d'être, etc. Raron i>e RarrHi il.
La Ville fut forcée d'obéir, mais non sans mécontentement.
Vu sujet de la loge de Graslin. il y eut aussi des discussions entre Longo
. . Graslin. Le directeur voulait exiger de ce dernier le prix des places de sa
loge, disant qu'il n'avait que le droit d'une logo et non celui d'entn*r sans
payer. Graslin s'adressa immédiatement à la municipalité, le Bureau se e.>n-
sulta et décida qu'il prendrait l'avis des avocats. Je n'ai pu retrouver
le résultat définitif de la décision, mais il fut certainement favorable à
Graslin, car la réserve de la gratuité de la loge Graslin existe toujours dans
le cahier des charges du ThéAtre.
10
42
Li: THEATRK A NANTES
Voici le tableau delà troupe engagée par Longo pour desservir le nouveau
théâtre.
SAISON 1788
MM. LoNfio, din'Ctc'iir :
FouRNiER, réf;is.seur.
OPÉRA
MM. Saint-Vai.i.teh , iii-rmièrr liante -
contre ;
Dki'oni), picinii re haute contre :
Mo.NTViLi.K, pnniièn; liauto-conlre;
CiiEVALiKU, (liuxiènic haute contre;
lUr.iiARD, deuxième haute-contre;
(îHiMALDY, premiers basse taille;
Allan, i>reniière has.se taille ;
Massy, première basse taille;
DouviLLK, deuxième basse taille :
Behoaviin, laruette ;
Frédéric, accessoire ciuintant ;
Lesage, trial.
Mnips DucHAUMosT, première ci)anti'U.se;
Lesage, première chanteuse;
Vai.vjlle, première chanteuse ;
Saint-Servant , première chan-
teuse ;
Serton, preinière duè{,çiie ;
DoRxiii.LY, deuxième duègne ;
TnfcODonK, deuxième ainounnisc :
M"" l'iAU, deuxième amoun-use;
Massv, deuxième amoureuse;
Frédéric, ingénuité.
COMÉDIE
MM. Dactiiav, premier rôle ;
Massin, deuxième rôle:
Chevalier, troisième rùle ;
Lavandaise, rois, tyrans;
GouR VILLE, financiers, paysans:
CoMt'AiN, premier comicjue;
Verteuil, premier comique ;
Frédéric, deuxième comique;
Lesage, niais;
Vanhove, père noble;
Saint-Servant, accessoire;
Giron VILLE, accessoire ;
MicHELOT, souffleur.
M""s TouTEviLLE, premier rùle :
Barroykr, deuxième rôle:
Verdier. caractère;
Massy, troisième rùlc ;
GoNTiER, première soubrette:
MoNTviLLE, deuxième souhretto.
Les doux Coquelin do l'opo((iie, Baptiste aîné et Baptiste cadet, qui
allèrent ensuite à la Comédie-Française, se firent applaudir à Nantes
pendant la direction Longo.
Jiaptiste aine possédait une brillante éducation ; il jouissait, à Nantes, de
l'estime générale, et était reçu chez plusieurs riches négociants. Il avait un
très bon ton et un esprit achevé. Les pièces où il se fit surtout applaudir
sont : Le Glorieiw, Les Châteaux en It.spagne, L'habitant de la Guadeloupe,
La Mctromanie.
Baptiste cadet, à l'époque où il parut à Graslin, n'était encore âgé que de
di.v-ncuf ans. 11 s'essayait dans de petits rôles où les connaisseurs décou-
vraient déjà les germes de sou talent distingué.
Mole revint à Graslin. A ce sujet, je trouve dans Gaullier l'anecdote sui-
vante :
« Plusieurs anciens habitués du Théâtre étaient rassemblés à V Hôtel de
la Paix au moment où imc chaise de poste arrivait: ils voient un vieillard
en sortir; sa déuiurche est un peu tremblante, sou dos est voûté; une
MOLK — MARSIAS — LA SAINT-HUBERTl 43
vieille perruque dérobe une partie de sa physionomie. Personne ne le con-
naît. Il demande une chambre. Une heure après, au moment où les hal)i-
tués allaient se mettre à table, on aperçoit ce môme vieillard entitrement
rajeuni, en habit de soie, perruque élégante, les joues couvertes d'un léger
vermillon ; il marche avec grâce et abandon : « Eh bien. Messieurs, s'écrie t
il gaiement en entrant dans la salle, m(; voici de retour parmi vous. » Les
amateurs ouvrent de grands yeuv et le même cri part à la fois de toutes les
bouches : M. Mole! C'<''tait lui-môme. Dans le monde comme à la scène, il
savait être toujours jeune quand il le voulait. »
Un artiste, dont les vieux amateurs de notre ville ont gardé longtemps le
souvenir, Lefèvre, dit Marsias, commença sa carrière sous Longo; il devait
la continuer jusque sous Arnaud. Marsias parut, à la fois, dans la tragédie,
la comédie, l'opéra et le vaudeville. Il chantait tour à tour les Eltevions, les
Martins et les basses-tailles. On l'a vu représenter tous les personnages de
l'opéra d'Œdipe, sauf ceux d'Antigone et d'Eriphylc, et dans le Tableau
Parlant, il remplit tous les rAles, môme ceux do Colombine et do la pupille
de Cassandrc, à deux représentations travesties.
\fmes Maillard et Saint-IIuberti donnèrent, quelques mois après l'ouver-
ture du théâtre Graslin, plusieurs représentations. Tout Nantes courut
applaudir M^'' Maillard dans \ù Devin du Village, dont elle chantait le rôle
de Colette d'une façon exquise. Elle interpréta au>>si ArmidecX Iphigénioen
Tauride avec beaucoup de succès, mais l'enthousiasme des dilettmti
nantais ne connut plus de bornes quand ils entendirent la Saint-Huborti
chanter Didon, Ariane, Phèdre, Armide et Castor et Pollux.
« On lui demanda le Devin du Villar/e, (|u'elle n'avait jamais chanté à
Paris : elle y fit fureur. Pendant ses représentiitions, on ouvrait les portes
I miili, et le public, tant les places se disputaient, avait la patience d attcn
(lie. durant cinq heures, le lever du rideau. M'"** Saint-IIuberti n'éUiit peut-
être pas une cantatrice dans l'acception toute nmsicale du mot, mais c'était
une actrice passionnée, imprimant à son chant cet accent irrésistible qui
remue les masses, et ajoutant à cet effet par l'énergie du jeu, qu'elle rendait
élo(iucnt jusque dans son silence '''. »
Longo ne garda pas longtemps la direction du Grand Théâtre ; en elFet,
le 2H janvier 17S9, il fut remplacé par Rodolphe, musicien assez distingué,
luteur de l'opéra d'/sm^^or, et Hus, maître de ballet. Ces derniers obtinrent
le bail à ferme de la salle de spectacle pour neuf années. Le prix de la loca-
tion étiiit de vingt mille livres par an; en outre, les directeurs devaient
fournir un lustre en cristal, semblable à celui de la Comédie-Française, en
remplacement do celui en fer, entretenir les pot'les et faire tous les ans une
décoration complète sur les dessins de l'architecte voyer.
Les sieurs Rodolphe et Hus obtinivut du duc de P.MiUiiêvrc li^ privil'u'i'
exclusif du théâtre.
(1) Mcllinet. L<i Musii/ur i) Xanie.-'
4\ LK TirKAIRi: A NANTES
<( En conséquence, il <';tait défendu à toute autre troupe de comédiens, sau-
teurs, baladins et joueurs de marionnettes de fair»* des exercises ou d«;
donner ses spectacles sur aucun théâtre de la dite ville de Nantes sans
payer auxdits sieurs Rodolphe et IIus, ou à leur prépos.- ).• .m .rr ft.n.- (],-'<
produits des recettes. »
En 1789, M"« Saint James, pensionnaire de l'Académie Royale de Musi
que, débuta dans l'éternel Devin du Villar/r. « M'" Saint James possédai^
la \ oix la plus agrcable qu'on ait encore entendue à Nantes », nous dit h-
critique de ï Abeille Bretonne.
Puisque le nom de cette feuille vient sous ma plume, j'en profiterai pour
parler immédiatement de V Affaire Fleuri/, qui fit, à cette époque, tant de
bruit, dans lo monde Ihédtral nantais. Voici les faits :
Leraarquant, rédacteur de VAbeille Bretonne, voulant se venger de
M'''" Fleury, qui avait dédaigné, paraît-il, ses soins amoureux, fit paraître,
dans son journal, une critique fort dure. L'actrioe altaqu«'e répondit une
lettre à M. Leniarquant. Dans celte lettre qui fut publiée, mais non vendue,
l'artiste ripostait fort bien, témoin ce passage :
(( Eh ! croyez-vous de bonne foi que les gens honnêtes et sensés vous
sachent j^ré et vous en estiment davantap;e d'avoir décrié avec aussi peu de
nn'nagement une jeune personne do dix sept ans, arrivée malade en cette
ville, oîi elle est sans protection, connaissances, appui ni défenseurs?
Crovcz-vous que le dép;oiit, car d'après votre caract<''re \indicatif et votre
letti(> menaçante, je m'attends à être sifllée par vous, ne fut-ce que pour
prouver la beauté des choses que vous avez dites, croyez-vous, dis-je, que le
dégoût et le découragement amènent la perfection dan.s les arts? Non.
M. Lemarquant, ce sont des avis doux, honnêtes, exempts d'injures gros-
sières, tels enfin que je vous crois incapable d'en donner, et pour joindre
l'excîmple à la leçon, je commencerai i)ar vous dire, moi, d'après ce que j'ai
lu (le vous :
Eh! qui diable vous force à vous faire imprimer (
Si l'on peut 'pardonner l'esxor fl'un tnauraiê livre
Ce n'est qu'au malheureux qui co)npose pour vivre.
VOUS êtes orfèvre M. Josse. »
La lettre continue sur ce ton pendant trois pages.
Or, au théâtre, à une représentation, un spectateur jeta cette lettre sur la
scène, demandant qu'elle fût lue à haute voix ; une partie du public fil
chorus, le directeur céda, et la lettre fut lue, à la grande colère de Lemar-
quant, qui était dans la salle. Il essaya de répoudre dans son journal, mais
toute la ville était contre lui et donna raison à la chanteuse.
Les représentations étaient alors fort accidentées. Le public qui aimait
beaucoup M"" Saint James désirait l'entendre dans la Caravane, du Caire
dont lo rôle principal était tenu par M"« Saint-Servant. Un soir que cette
dernière jouait l'opéra do Grétry, le public réclama tellement, que Rodolphe
fit baisser le rideau et ordoniia à M"^ Saint James d'aller s'habill'T.
m"* saint- JAMES — ANECDOTES 45
M™* Saint Servant furieuse, se mit à injurier le directeur et donna un roup
le poing à M"« Saint James. Saint-Servant prit, naturellement, parti pour sa
femme. Croyant ramener la tranquillité'. Hus ordonna de relever le rideau;
au même moment, Saint-Servant tira sacanm' à épée ot se précipita sur le
fils Hus qui était là. Pendant ce temps, le rideau s'était levé et le publia
assistait à toute la scène. On désarma Saint-Servant, mais dans la ^alle
on crut que IIus avait et»' blessé ; des femmes s'évanouirent; d'autres se sau-
vèrent du tlK'âtre, les hommes escaladèrent la srène et le spectacle ne put
reprendre qu'après une longue interruption. Le public exigea que M. et M"*
Sainl-Scrvant ne reparussent plus devant lui.
Vers cette époque, on joua les pièces suivantes : Lex Sculpteurs, Boni-
face, Pointu et sa famille, LWoocat chansonnier, Les Cent écus, Le Prince
Ramonneur, Gilles Barilleur, Les Amours de Montmartre, L'Anglais à
Paris, Le Café dd Nantes, La Mort du Capitaine Cook, ballet en a<tion ;
Dorothée, pantomime à grand sp<.'ctacle ; La Rose et le Bouton, pastorale
de Robinot-Bertrand, — il paraît que cette dernière œuvre était assez leste,
et qu'on en supprima plusieurs passages ; — le Jugement de Midas. de
Orétry. Au sujet de cet opéra, Mellinet cite une anecdote assez curieuse :
« A l'occasion du Jugement de Midns, MM. les clercs de procureurs
rernrent tous le billet que voici : « MM. les clercs sont invil^-s à aller silllcr
le Jugement de Midas, parce qu'on dit, dans celle pièce, que Midas était
leur com[>ère, et que l'auteur anglais (M. d'IIell) donne des oreilles d'âne
aux amis de Rameau, en face des Français eux mêmes. » — Les clercs
eurent l'esprit de faire justice de ce billet ridicule : au lieu de sitHcr. ils
ap])laudirent, et le succès fut complet : c'était donner tort à la fois à l'auteur
de ro[)éra et à c«'lui du billet. Lefèvre produisit un effet tel, dans le rôle de
Margias, «juc le nom lui en resta. »
Le célèbre Gardel éUiit, en 1789, maître de ballet au Théâtre Grasiin. Il fit
jouer, le 23 mai de cette année, Mirxa, ballet en action, dont il était l'auteur.
Le succès, parait il, fut complet.
L'Assemblée nationale venait d'accnirder aux comédiens la jouissance des
droits civils et politiques. Les artistes de la Comédie- Française avaient fait,
i ce sujet, une démarche auprès du Bureau de l'Assemblée. Les pension-
naires du théâtre de Nantes écrivirent la lettre suivante aux comédiens du
Roi 'I':
.Nantes, ce 1" janvier l"*.ll).
Messieurs,
Daignez agréer noire félicilation sur votre respectueuse démarche auprès de
M. le Président de l'.-Vssemblée .Nationale, sur le décret dont elle nous honon. et
I l)Ju dois la communication de celte lotli\> à l'obligeance de M.Moaval. archiviste de
iu ComodioFran<;ai8e.
U
K» I.K TMKATKK A NANTK»
nos siiic"'rr'>; itiiMicifineiils dr ri'iii|)res^<'iiMi!i Mtn- viiii> .iv.-/ ut'i-^ ;i ri'ni- i-n fHirc
part.
l'iiissfnl tous nos raïuarodcs do iirovincc, <jiii Iruuvercnl tl<' tout t<-ni> lii vous
(li'R modèles dans la cairiere théâtrale, suivre plus scrupuleusement encore
l'exemple «[ue vous leur avez toujours donni- des bonnes mœurs el de
l'honnètt-lc'-.
.Ndus avons l'honneur d'être avec la plus p;irfaite estime,
Messieurs,
\'its très hunddes et très obéissants serviteurs et servantes.
MM. (irimaldy. — Villeneuve. — Compain. — Allan. — Mus. — Chazel. —
Morpiay. — Lavandaise. — Dorvigny. — Haptiste Anselme et son épouse. —
M"' Touteville. — iJaroyer. — Perlet. — Ferton. — Slephani. — Ducbaumont.
— Saint N'iillier (îourville. — Micbelot. — Devaugre, secrétaire soullleur.
« Rodolphe et Mus donnèronl au Grand-Théâtre une extension extraordi-
naire : tous les fj;enres étaient portés au grand complet, et la troupe se
composait des meilleurs acteurs de la province. On y revoit Haptiste, l'infa
li^'ablc (iourvillc, Lavandaise, M"° Touteville, auxquels viennent se joindre
(kimpain, l'excellent comique, dont le jeu spirituel et la verve entraînante
lui valurent les plus p-ands succès au théâtre de la Porte Saint-Martin, à
Paris : il finit ses jours d'une manière tragique, dans une émeute qui eut lieu
à Bordeaux ;•' Bergamin, laruette, l'acteur de la nature, qui, sans aucune
instruction, apportait dans tous les.rôles une vérité, un abandon admirables ;
Massin, cliarniant jeune premier, et Mercero, danseur distingué et même
parfait. Mais ce règne brillant ne fut pas de longue durée. Les dépenses
excessives de celte administration, qui avait un mobilier et un personnel
considérables, joint(^s à celles des directeurs, (pii tenaient chacun une maison
montée sur le grand ton, amenèrent bientôt la ruine de leur entreprise. >» '•'.
Déjà, dès 178*.), on prévoyait la chute forcée du théâtre. Pour tirer les
directeurs d'embarras, quel(|ues personnes eurent l'idée de faire nue sous-
cription. Le projet fut imprimé; en voici un fragment.
« Los soussignés, voulant donner aux dits entrepreneurs, et principale-
ment au sieur IIus, des moyens d'encouragement pour soutenir le théâtre, et
des preuves de leur satisfaction, promettent et s'engagent par le présent, do
compter chacun, d'ici au premier Février prochain, une somme de 96 livres
entre les mains de M demeurant qui s'est chargé
d'en faire la recette, etqui en rem(>ttra le produit total aux dits entrepreneurs,
sur leur quittance et d'après la soumission solidaire (ju'ils feront de maintenir
le théâtre jusqu'à l'expiration île leur bail sur le pied où il est actuellement,
et de lui doimer encon^ toutes les amélioration^ dont il peut être susceptible.
Il est, au surplus, arrêté que le présent engagement iu> sera valide qu'autant
(|u'il sera revêtu de 'Mi) signatiu'es au moins; que la signature simple ne
vaudra que ponr une seule action, et que les amateurs les plus zélés et les
1 1 1 liiiuliu r el t iha|ilaui.
SITUATION DIKKKnLK D«* TIIKATUE 17
liofs (le famille (|iii voudraient souscrire pour plusieurs a<'tions, eu égard
lUX nombreuses personnes qui leur sont attachées t-t qui fr(>quenient le
pecfcicle, spécifieraient le nombre d'actions pour lequel ils enteDd*"' '•■'..-
rire. »
Je ne sais si cette souscription réussit ; sauf le document dont je viens do
iter le principal passage, je n'en ai pas trouvé d'autres traces,
r.a situation politique coiumcneait à s'obscurcir. La ville se trouvait très
■ •'■'•'•''•". "t les directeurs ne payaient point les quartiers échus.
« Le Conseil, considérant que les recettes du théâtre -«ont si minimes, pi.'
-ouvent elles ne s't'K'vnit (ju'a quin/c et vingt livres, <;t qui' les jour^ •!••
fét»', c'est à peine si elles atteignent deux cents à trois cents livre-> ; considé-
rant que si on saisissait ces recettes, ce serait enlever aux acteurs et aux
musiciens le salaire qui leur est dii et forcer les directeurs à fermer le s{>ec-
tacle ; arrête (ju'on suspendra les poursuites et qu'on avisera plus tard. ••
Le 22 octobre 179(), le Conseil se décida à mettre en vente le riiéiitie,
mais un arrét*^"' du Directoire du département interdit à la commune d'aliéner
la salle.
<i)uelque temps aprt»s les sieurs Perlet et Chazellc, comédiens, deman-
dèrent à la municipalité de les nommer administrateurs ou direett»urs.
•< Sur quoi le bureau délibérant, ouï les conclusions du procureur de la
commune, a arrêté, avant de rien statuer sur le plan présenté par les sieurs
l'crlet et Cha/elle pour l'administration du (Jrand SpecUiclc d<> cette ville,
de nommer des commissaires du conseil pour examiner ladite requête, ainsi
(jue les fermes et traités passés avec les sieurs Rodolphe, Hus «t ('ompaguie,
pour, d'après leurs observations, être statu»-, s'il y a lieu ; et, ii cet clfet, le
bureau a nommé pour ses commissaires MNL Clavier, Gedouin, Carrié et
Kyédy, à qui il a été remis six pièces relatives à l'objet qu'ils sont chargés
trcxaiuincr, >»
Dans la même séance, on discuta aussi la question de la résiliation des
l'aux des directeurs.
« Messieurs, dit le procureur de la commune, vous n'ignorez pas dans
<iuel état de détresse se trouvent aujourd'hui les ilirecieurs du spectacle. IN
doivent aux comédiens du théâtre plus de soixante mille livres ; plusieui*s
quartiers du loyer de votre salle sont dus ; ces direct^^urs doivent à tout le
inonde, et l'absence de plusieurs d'entre eux semble annoncer une faillite
au carême prochain. Je pense, Messieurs, qu'il est instant de prendre un
parti sérieux ; non seulement pîirce que le temps est court, mais parce que
nos revenus en soulîtent et en souffriront davantage par la suite, .^i on
dilfére encore quelques jours, il pourrait se faiiv que votre théAtie fut
dépourvu de coiui'dieiis ; une cessation subite de specta<le, dan» une grande
ville comme Nantes, où les citoyens sont habitué^ à cet amusemeni. ne
pourrait être que dangereuse. Je requiers, pour l'intérêt public, que vous
délil)éric/ sur mon e\|>osé, et que vou> avisiez aux moyens à prendre dans
itc circonstance. »
48
LE TIIEATKË A NANTES
" Sur ((uoi délibérant, lo conseil décerne acte au procureur de la coni-
niiiiic de son ré(|ui.sitoire, rt apr*''- s'être fait donner lectun; par son secré-
t;iire grcllier du bail à U'.rn\r fait avec le sieur Longo, son pré(îédeni fermier,
et de eolui fait avec le sieur Hus, Rodolphe et Compagnie, notamment de
l'article, etc., a chargé le procureur de la commune de faire les suites
nécessaires pour parvenir au résiliement desdits baux. "
Le 8 avril 17'J1, les sieurs Ilodolplic et Hus furent déclarés en faillite.
fv^*^v'i^,-<^w'f5
111
DIRECTIONS ; FERYILLS. — VIOLETTE et C
DANGLAS
PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE
1791 — An IV
Atiecdole.x. — Carrier et le régisseur du Grand TliMtre
PRÈ9 la faillite de Rodolpho et Hus, la direction passa ontro
les mains de Forvillo. Fervillc. de son vrai nom, s*ap|)fl;ijt
Vaiicorboil. C'(''tait le |)ropre aïeul de l'ancien directeur de
l'Académie Nationale do Musique.
(( Fcrville, comme aeUur, /'tiit le sujet le plus précieux de sa troupe. Il
ivait pris l'emploi des cmniques, ce qui ne remp«?chail pas dt> jouer tous les
ircnres au besoin. Un d«''butanl voulait paraître dans le rôle de Zopire, mais
il ne pouvait réussir à monter la pièce. — (^uel est le rôle qui vous manque,"
demande Ferville. — Mahomet 1 — Ce n'est que cela, répondit-il, p,irbleu,
je le jouerai ! Kl il le joua en elFet. »
« Un autre acteur, nommé Lafond, assez bon premier rôle, mais ayant
parfois un jeu désordonn»''. n(> man(|u:iit jamais, lors<ju'il se laissait emp -rirr
par la chaleur de sa diction, de briser les fauteuils qui se trouvaient
ses mains. Il demanda k Ferville, un jour, ce qu'il jwnsait de st)n jfn. " \
n'avez qu'un défaut, lui dit le directeur, c'est que vous ne ménaj^cz ;
< eux qui se trouvent en scène avec vous, et clKujue soir il arrix»-
l'uts. — (.'ommcnt ! s'<'«ria Lafond, queU accidents*.^ — Vous allez voir,
■prend Ferville. et ouvrant la (Kirte du garde meuble, il lui montrt» une
ingtaini» de fauteuils brisés. — Voilà vos victimes, lui dit-il, n'en augmeji-
'cz pas le nombre, je vous prie. » Lafond partit d'un long éclat de ^ ■>•■■.
i)(>puis ce temps, lorsque Ferville était en scène av»»c lui et qu'il le ^
prêt à entrer en fureur, il lui disait tout l>a<. « (îràce {x>ur mes fauten i^.
Lafond. » Ce mot arrêtait soudain le terrible exterminateur. » (•)
(Il (laiilliiT rf ( ■liaiiiil.'iin.
12
50
I.K TIIKATUK A NANTKS
Je tiome dans VAlmanac/i des Sj.'-rfurlr.s, d»- IT'Jl. If lahlcau complot
de la tioupo de Fervillo. Le voici :
SAISON 1791
FERVILIjE, Directeur
iMiciiKr.oT, nxissf'ur. — Kourmer, caissier. — I^k IJniiTON, ciui n «iiiiKstie.
COMKDIK
MM. i'.nw.KT ;
I)0I1.SAN ;
Mérikl;
TinKi'ENNic ;
Dumily;
Lavandaise ;
(jounvir.i.E;
Sainï-Auiiin ;
l'iIClIAIID ;
Dauiuony;
IIknry;
EUDER ;
M""» TOUTKVILI.E ;
GuftRiN :
Frkton, more ;
BooNOLi ;
I>aui>ré;
I)orsan ;
Constance ;
Dugazon.
OPKRA
MM. LoTH ;
Moi.iituE ;
BodNioM :
Olivier ;
MM. Gkxtii. :
Jui.ii;n.
.M"" Loth;
Mé.siP:res;
Frétos, lillc ;
Cassin;
<'.AMILLE ;
MÉniEL ;
Dei.or ;
iioYER.
Oiclioslre de dix huit musictonS;
M .M Vauoeois, mécanicien ;
PiiiL.vTRK, peintre ;
Dlfay, i)f.intre :
Asr<KÉ. costumier ;
Lkuri:n, imprimeur :
Béziers, fournisseur:
<lAii.i.AHn, mafiasinior ;
BoNAix, contrôlp ir:
Behn.\rii, contrôleur.
Neuf charpentii'rs, un coëlTeur. quatro
pardt's du tlioàtre. six jierruquifrs en
sous-ordri'. dix oivreu.ses. quatre habil-
leuses, deux burr.iistes et vingt autres
employas y compris la jjarde.t'n tout conî
viii^t piTSoniU's.
On joua, sous la direction de For\ ille, les Deiu- Miliciens et les Souliers
Mordovcs, opéras du compositeur italien Fridzeri, que le comte de Cha
teaugiron avait amené à Nantes.
Le r.) jiiillot 1701, Forville abandonne la direction. Il écrit au Conseil
« qu'il voit avec regret que sa direction ne peut marcher avec ses propres
i-es.sourccs, et qu'un abonnement qu'il avait ouvert pour l'aider, ne couvri-
rait pas le quart île ses dépenses. » Le 21, les artistes se léunissenl et déci-
dent de continuer la campagne.
Le 29 septembre 1791, la municipalité prit un arrêté faisant défense aux
comédiens de rien ajouter ou retrancher dans leurs riMes.
Lf 2H février 170;î, la municipalité passa, moyennant vingt-ciuci mille
livres, nu bail de neuf ans avec M^L Kiedy. Turminger. etc., etc., négo-
ciants.
pi^:riode révollt
Ces derniers s'entendirent avec Ferville, et lui transportèrent tous leur^
droits: ils lui louèrent, pour toute la durée du bail, les magasins d'habillo
iiients et dr d(^<ors, à raison d»î dix mille livres pour chaeune des huit pn*-
uiières ann(''eset d(; douze; mille livres pour la dcrnii-r.' F.i\ iU.-, .-i 1 1 Hn .lu
hail, devait ôtrc propriétaire unique des magasin-
La nuniieipalité, sur la demande de Ferville. aUiissa le loyer a dix-sept
mille francs, et, qucNiues mois aprt'-s, à quinze mille.
Le Théâtre (iraslin prit pendant la péi ioile r«'volutionnairc. le nom de Grand
'riiéâtre de la République.
Gaullicr <'t Cliapplain lapportent l'anecdote sm'vante, se i-atlaehanf a
r.innée 171)^:
(( Un jeune acteur qui représiiii 11 i «lUine daij.-> 1.1 n i;;i(ii>- (p- idnc
irrive en scène sachant a peine son rôle, (iiace au souMleur et à son
froid, il était parvcMUi au long récit du eombat; là, sa mémoire se trouve tuu:
.1 fait en défaut: Soudain, comme s'il eut cédé à une inspiration sul)lime. il
pailc (Ifs (,'X|)loits de 'l'ancrède et des soldats n'-publicaius. des chevaliers de
Syiaeuseci|(l(; l'armée de Saml)re etMeuse; il mêh; les extrait- du Moniteur
et les v(!rs (le VolUiire. et suant, haletant, gesticulant, il teimine sa tirade
.lu milieu dos ai)[)lau(lis.sem(.'nts et des cris d'enthousiasme de la multitude, x
Toujours d'après (Jaullicr, la troupe (h? Kerville était assez médiocre. I)
tiouva, pourtant, moyen de gagner beaucoup d'argent en distribuant des
billets d'aboimem(»nt à bas prix; il remplissait ainsi sa salle tous les jour>.
Sous sa direction, le th(''àtie fut un jour foret' d'affîeher (( Relâche » avec
( cite singulière nu'nlion : « Attendu le di'part des acteurs |)our la moisson. »
( Ml éUiit alors en pleine guerre civile. Les armées vendéennes se prépa-
raient à attatjuer Nantes, aussi, les esprits n'étaient-ils guère tournés vei-s
l(»s choses du tlH-âtre. Le G août 1793, le Conseil arrêtii que:
(( Prenant en considération la eireonstance de l'étiit de sièp* d(> la vilU».
iui a appelé tous les citoyens pendant plusieurs jours ;i la défense de la
place et du service (|u'(;lle a nécessité, ce qui l'a ol>ligé de cesser son spi-.
tacle, arrête que Ferville ne comptera au trésorier de la commun.' que ir ;-
mille deux cents livres au lieu de ciualn' mille deux cents qu'il doit lui
compter en avance du loyer des mois d'août et do si'ptembre prochain. »
Des jours épouvantables allaient commencer pour Nantes. Carrier entra
lins la ville le 8 octobre. Jusqu'au 10 pluviôse .'\n II, ce monstre à face
iiumaine devait faire peser sa tyrannie sur notre malheureuse cité. Que
devint le théâtre jjcndant celle période? Sauf les quelques faits que je cite
plus loin, je n'ai pu découvrir rien d'intéressant sur lui. Et pourtant, il est
probable qu'il devait marcher régulièrement : Carrier aimait trop le plaisir
pour permettre que le spectacle fit relâche en ces jours de deuil.
Il étiiit absolument défendu aux acteurs de prononcer le mol de i.>i.
(t Dans la lielte Arsène, lorsque le charbonnier dit qu'il est r-ii dans sa
LE TUl^ATRF A NANTES
chaumiéro, le chanteur <';tait oMigé de substituer les mots : Dans ma chau-
mirrn je fais loi. Lorsqu'on pût rire, sans redouter la guillotine commr
punition d'un rire aristocratique, cette substitution ne manquait jamais
d'exciter les quolibets du ()ublic (|ui, par un calembourg très pardonnable,
ch;ingcait Loi en Voie, en laissant interdit le pauvre chanteur, quand surtout
il /îtait médiocrement en faveur, ce ((ui rendait l'allusion trop directe (')• "
Le citoyen Faure, régisseur du théâtre, osa, un jour, tenir \Ii\ft à Carrier. Il
a raconté ainsi son entrevue avec le proconsul :
(( J'arrive chez Carrier; il était avec un général et i)lusieur< autres per-
sonnes; <Mi m'a|)crc(;vant, le voilà qui se met à m'apostropher dans son lan-
gage énergique, me rei)rochant, ainsi qu'à mes camarades, de ne pas jouer
les pièces du vrai théâtre républicain, et principalement les chefs-d'œuvre
de son ami Collot d'IIerbois ; puis, il termine son allocution par nous traiter
de j...f... et de canailles.
(( Canailles ! m'écriai-je ; nous sommes des canailles, nous qui allons
nous battre tous les jours pour la défense de la République!
■ « Un général se hâta de faire notre éloge, et déclara que, pour mon
compte, j'étais un brave patriote, et que j'avais bien mérité de la patrie.
Mais Carrier n'entendait rien ; il jurait comme un possédé, menaçait de
nous faire jouer la tragédie au naturel, et n'épargnait pas les injures.
» J'avais une tête du diable : je rendis au représentant ses invectives et
ses jurons. En vain le brave général voulait m'imposer silence... j'étais
monté. Carrier, furieux, tire son sabre et s'avance sur moi ; j'étais sans
armes : j'avise en ce moment un buste de Mar^it, (|ui éUiit sur un meuble;
je m'en saisis, et je le lanrc à la tête du représentant. Quelques lignes plus
bas, et la boule du chef des montagnards écrasait celle de son ami. Par mal-
heur, le buste ne fit que lui effleurer la face. Les assistants se jetèrent entre
nous d(Mix ; on se hâta de me faire sortir. Je m'attendais à être guillotiné le
lendemain ; mais mon patriotisme bien connu et mes nombreux amis me
sauvèrent. Tous les habitués du théâtre, d'ailleurs, auraient pris ma défense.
Carrier dissimula, et déclara plus tard qu'il s'était trompé et que j'étais un
bon b »
Le 12 pluviôse, An II, la Société de Vincent La Montagne demanda que
chaque (a décadi, et par avance, le directeur donne le répertoire des piè<es
qu'il se ])ropose de faire jou'^r, afin d'examiner celles qui sont susceptibles
d'être représentées. »
Des représentations gratuites étaient offertes tous les ans le dernier jour
des sans-culottidés ; le directeur recevait pour cette représentation une indem-
nité de quatre cents livres.
A cette époque, le public avait pris l'habitude de jeter sur la scène cer-
taines élucubrations littéraires, politiques ou autres, et d'en demander la
lecture. Dans sa séance du 8 prairial .\n III. le conseil s'occupa do réprimer
cet abus, et prit l'arrêté suivant :
(( Toute personne (pii voudra faire lire une de ses productions sur le
théâtre sera tenu de la présenter préalablement au bureau de police muni-
(1) Camille Mellinct : La Commune et lu Milice de ^'ante4.
l'IKCI'S RÉVOLUTIONNAIRES
53
, ipal.,' qui en f.-ii rrxniiu-i. cl pi'rnioura k-cluro uu th^âtro s'il n'y entr«»nen
qui puisso troul)ler loidn-, la triinquililé «-i la ; "f'
arrête «'•g-alcnioiu que tout biM«'l, soil vers, < , ""*
jetés sur U-dit théâtre ne pourront élre lus qu'après avoir ete exauiiue:» par
le bureau de police iiiunicip;il- ■'
•F^rvillo réda la dirr-iion du * .; nil rhèairoaux sieurs Violette, Monlavai,
Duboscq et C'« le 2A lloréal an III <^uani à lui, il partit pour Paris prendre
une part dans lentreprise de l'Odéott. Il devait se ruiner dans cette affaire.
La vogue (''Uiil alors aux pièces révolixionnaires. Pendant cette période,
ou rijprésenui plusieurs ouvrages inédits : La J*nse de CUarette, comédie
éu deuN ac tes, pu- le citoyen Mayas, "chef de la 34« demi -briffide, La Mort
d/Vincent Mnlif/non, par Elieniu- (Josse, Ae« Itrigand» de la Vendée,
opéra-vaudeville' en un acte, de Roullant, et Le^ Kmujn's à Quibenm, du
même auteur. Au sujet de cette dernière pièce, les entrepreneurs du théâtre
vinrent déclarer au maire qu'il? ne pouvaient se procurer de la jwudre pour
Il jouer. On leur en accorda dix livres.
rn nouveau règlement pour la police du théâtre fut publié le 8 thermidor
an III. C'est à peu de chose près la réédition de l'ancien. Citons pourtant
ces deux articles :
\. — La lu^-e «lu [oiui c^t ivm:i vée pour Ici ollicicr^ uc p-nr,-. L'entrée en
est interdite à tn-ue autn- piT^nime.
XXIV. — Il est défendu à qui que ce soit d'amener des chiens dans la
salle, même on les portant sous le bras.
Le 25 thermidor de cette aimé*', les sieurs Violette, Uuboscq etC" u-mau
dêreiil l'autorisation d'ani^menlcr le prix des places, vu la cherté des vivres
qui les forçaient à élever les appointements do leurs artistes. Les premières
furent fixées à huit livres, les secondes à cinq, les troisièmes à trois, les
quatrièmes à trente sous et le parterre à une livre.
Li' même jour le Conseil arrêta.
« One par le ré-isseur du spectacle, il serait enjoint aux artistes de chan-
ter en entier l'Iivuine de Ix Ma''!ie,Unise lorsqu'il se irou\e a faire partie
d'une pièce telle que la Pris^ de Qniheron. et autres, et de ne pas omettre,
comme il est arrivé plusieurs fois, le couplet : Français en guerriers ma
fjnanimes, ce dont quelques citoyens s6 sont ai)er(;us de 1 oubli.
Le théâtre attirail peu de monde sous c**lto direction puisque le ; v.ndé-
miaire An 111 :
«( les direct.urs .i.Minnu.-.u .. . iredisp^uisés d'entretenir une troupe perma-
nente et complète, tant que durera la |HMmne qui se, fait sentir en tout
genre, attendu «luils sont dans l'impossibilité de satisfaire aux demander
i:t
54 LK TMEATHK A NANTKS
des artistes, (jui exigent un salaire qui absorberait de beaucoup le produit
de la recette.
» Le Conseil, ouï l'agent national, vu son ineompétencc à prononcer sur
la fixation du traitement des artisU'S et qu'il ne peut rien changer aux enga-
gements pris par les eiitfcpp'neurs du grand spectacle, lorsqu'ils ont succédé
au citoyen Fervillr, arrête «|u'il n'y a {)as lieu de d/^libérer. »
Pour dédommager les directeurs, le maire, le 22 vendémiaire, leur permit
d'augujenter encore le prix des places. Les premières furent mises à quinze
francs, les seconde» a dix francs, les troisièmes à sept francs cinquante, les
<|uatri«Mnes cinq francs, le parterre cinquante sous. Le 22 brumaire une
nouvelle augmentation fut encore autorisée : Premières, vingt cinq francs ;
secondes, quinze francs ; troisièmes, dix francs ; quatrièmes et parterre,
cinq francs. Toutes ces permissions sont inscrites : « Accordées vu l'exces-
sive cherté de toutes les denrées qui contril)ueiit aux dépenses indispensables
(lu théâtre. » An picniier abord, ces prix nous paraissent, à bon droit,
exorbitants; mais en réfléchissant que, vu la rareté du numéraire à celte
époque, c'était probablement en assignats qu'on payait, le plud souvent, sa
place au théâtre, et connaissant, d'un autre côté, la dépréciation du papier
monnaie, on ne s'étonnera plus de l'obligation où les directeurs se trou-
vaient de coter leurs places à un si haut prix.
A la date du G frimaire An IV, je relève dans les registres municipaux,
la demande suivante, qui montre quelle pénurie existait à Nantes au sortir
de la Terreur.
(V Les entrepreneurs du ^Mand s|)eetaele exposent à la municipalité qu'il leur
est difficile de se procurer les huiles nécessaires pour les illuminations de
leur salle et que d'autres considérations les empêchent de mettre le prix à
cet article; en conséquence, ils demandent à l'Administration qu'elle leur
fasse délivrer, au prix qu'il lui plaira arV)itrer, des huiles d'olive grasses,
qui sont dans les magasins de l'approvisionnement de la République, en
cette ville, et dont le représentant du peuple leur avait accordé une partie
qu'ils ont entièrement consumée.
)) L'administration passe à l'ordre du jour, motivé sur ce que les huiles
appartiennent à la République et ne sont nullement à sa disposition. »
Le 2''i \ entôse An IV, la municipalité prit l'arrêté suivant :
« Considérant que les troubles fréquents qui ont lieu aux spectacles sont
principalement occasionnés par la présence des filles publiques qui s'y per-
mettent les propos les plus obscènes. Considérant que si la faculté d'entrer
aux spectacles et aux bals publics ne doit pas leur être interdite, elles sont
néanmoins aux yeux de la loi dans le cas d'une surveillance toute particu-
lière, et que pour réussir avec succès, il est nécessaire de leur assigner un
lieu dans l'enceinte des dits spectacles où l'action de la police puisse être
aussi rapide qu'elle est nécessaire.
Arrête : Que h's filles publiques et femmes portées sur les registres des
commissaires de police sur la colonne des susp.'cts et des gens sans aveu,
comme favorisant la débauche ne pourront occuper dans l'enceinte de^
PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRK
deux specL'icles, f\uo les six promit-res se<ond«'s loges à gauche en
entrant, et leur enjoint de s'y comporter avec décence, sous p«'ino delre
.'irritées sur le champ et punies selon toutes les rigueurs de la loi. »
Le 27 du mùme mois, le directeur reçut ordre :
(( De faire jouer chaque jour par son orchcslro, avint le lever de la toile,
les airs chéris des républicairts, tels que la Marneillaine, Cà ira, VeiUonn
au salut de t'i-mpirc et le ('/mnt du di'jutrt. Dans l'intervalle des deux
pièces, on chantera toujours l'hymne d" la MarneUtaine, ou quciqu'autre
chanson patriotique. Il est expressément défendu de chanter l'air homicide :
Le Réreit du jifitple.
» L'adminisfralionchar^elescommissaires de; ution
du présent ; dti faire arrêter tous ceux qui. dans i lient
par leurs discours le retour de la royauU', provoquer.iieul l aueai it
du corps législatif ou du pouvoir exécutif, exeiteraienl h' peuple a I
troubleraient l'ordre et la tranquillité publique et attenteraient aux bonnes
mœuis. ))
Le T) pluviôse, la Ville, d'après l'arrêté du Directoire exécutif, ordonna au
directeur de donner, une fois par moi<, une représentation au bénéfice des
pauvres.
La fonction de médecin de théûtre fut créée à Nantes cette an née -la. A ce
sujet, voici la délibération du Conseil de la commune.
« Le commissaire du Directoire a exposé que le Tribunal de police éprou-
vait une dillieulté à résoudre TalFaire de la citoyenne Talduc, en ce que
rodicier de santé chargé par le commissaire de police de constater la santé
do cette citoyenne a déclaré qu'elle était en étal de jouer son rute {fie), et
qu'elle maintient, au contraire, par un autre officier do santé qu'elle a été
attiiquée toute la nuit de coliques néphrétiques ; que celle maladie, loin
d'altérer la santé, n'en donnait que plus de force à la voix et plus d'éclai au
teint, etc., etc.
L'Administration, faisant droit aux conclusions et n*quisiloires du com-
missaire du Directoire exécutif, arrête que dorénavant les artistes qui ne
pourraient jouer pour cause de maladie imprévue, dans les pièces |K)rtt*es au
répertoire, seront tenus de s'a.ln'sser au citoyen Cantin, officier de santé,
pn^'s le Bon Pasteur, ou au citoyen Fabré, aussi odicier de santé, demeurant
place Cîraslin. maison Toché. pour faire certifier par eux ou l'un d'eux, leur
étiit de maladie et causes d'emp«"'chemenis. faute de quoi ils encourreront
les peines portées par les lois et rèj^lements de police, et pour l'exéiution du
présent, lesdits citoyens Cantin et Fabré auront la faculté d'entrer au spec-
tacle, et notamment an théâtre, et les directeurs sont priés de donner de.M
ordres à cet efFt't. »
Le 4 lloréal. an IV, Violette. Monlavai, Dulx)scq et C'" traitèrent avec un
tapissier du nom de Danglas, et lui abandonnèrent tous leurs droits moyen-
nant la somme de trente mille livn»s, payables en dix années avec intérêt à
cinq pour cent, jusqu'au remb<iurseinent. Ils se réservaient seulement la
ji>uissance d'une loge grillé** pendant le rest»' du bail.
Quatre mois après, le Grand-Théâtre brûlait.
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IV
INCENDIE DU GRAND-THEATRE
7 Fructidor An IV
Di'iiositiuns ftfs (l'mot/ts. — Souscriptions en foreur des artistes.
^rttac) ^(ycàlre De ia (DîépuGCiqite
J^iijoiirîï'fiui, LE LEGS, Comcbic
ZÉMIRE ET AZOR
Oprra avec fon ptoCoQiic et jnr famorpfiofe
£e baCCet bcf lëràcef
AU S'" KCTr
Cafjpnririoii 6f fa Oeeffe bauf un miaQe
£e 6ufte i)\'^;or
(Touromif be fCeurf pav ^emire
^uïvi be (a mcfainorpHofr
Vu les dépenses considérables de cette
entreprise, on prendra :
Aux premières, loges ci parquets, 3o sous
Aux secondes 20 —
Aux parierrc ei troisièmes... 1 :; —
\(\x quatrièmes —
a
mmBsmsÊSUÊm
58 LE THÉÂTRE A NANTES
Sur los promesses dp oette alléchante affiche, un public fort nombreux
était accouru au Grand-Théâtre et la salle était pleine.
Les deux premiers actes avaient été joués sans encombre. Il était à peu
près 8 heures et l'on était au troisième acte, lorsque l'incendie se déclara.
Immédiatement la salle entière se leva et se précipita vers les portes au
milieu d'un tumulte indescriptible. Heureusement, les issues étaient nom-
breuses, — ce sont les mêmes aujourd'hui, — et l'on n'eut à déplorer que
peu de victimes. Lors du déblaiement, on retrouva les cadavres de sept per-
sonnes :
Cascayne, machiniste.
Veuve Doussaint.
Anne Lan Robert, enfant de cinq ans.
La fille Vivier.
La femme Dolbaut.
Galipaud, fif,'urant.
Une jeune fille restée inconnue.
il y eut aussi quelques blessés, mais en nombre insignifiant. C'est donc
une preuve que Graslin offre une sécurité relative, à la condition que l'on
ne s'affolle pas. A cette époque, le public n'était pas terrifié par les nom-
breuses catastrophes qui ont ou lieu pendant ces dernières années, et, dans
sa fuite, il garda un certain ordre. Plusieurs citoyens firent preuve du plus
grand dévouement et rentrèrent, un certain nombre de fois, dans l'intérieur
du Théîltre pour voir s'il n'y avait pas des victimes à arracher aux flammes.
Quelle fut la cause du sinistre ? De l'avis général, ce fut une bougie qui
enflamma un transparent. Le feu se communiqua dans les frises avec une
rapidité vertigineuse et, quelques secondes après, le théâtre entier était
en feu.
Voici les dépositions recueillies à la Mairie. Elles raconteront, mieux que
je ne pourrais le faire, ce triste épisode de notre histoire théâtrale. On verra,
d'après elles, que l'incendie de l'Opéra-Comique présente cerUiines analogies
avec celui du thcAtre de Nante-^. Pourquoi faut-il que le nombre des victimes
n'ait pas été le même ?
DKPOSITION DE DANGLAS
« Je soussigné. Directeur du Théâtre do la République, déclare qu'après
avoir fait tout préparer pour représenter sans accidents et à la satisfaction
des spectateurs la pièce de /(-miro et Asor, je descendis à la fin du deuxicmc
acte dans le parterre, afin de juger inoi-mème de l'effet des machines. J'y
étais à ptMiie que je vis, ou crus voir, une lueur filer le long des frises. Je
saute sur le théâtre, et vois (|ue le feu prenait au chAssis-transparent de
l'appartement de Zémire. Je m'en affecUii peu. par l'habitude d'éteindre de
pareils accidents, et montai moi-inénie sur le pont volant, d'où je coupai la
frise où le feu pouvait se communiquer. Déjà je croyais le mal réparé, quand
le rideau d'avanf-scène, tombtS me fit presque suffoquer par la fumée. Je
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^^<nra&
INCENDIE DU CRANDTIIKATRK 't*à
criai : liaut le rideau ! il lut Irvi- ; mui> alors le bruit qui .se fil entendre au-
dessus df ma tùte ayant attiré mes regards, je vis le toit en feu.
M Désespérant alors d'éieindre un incendie dont les progn-s >«urprenaiits
donneraient matière à d'étranges conjectures, si la raison n'erapécliaitdes'y
livrer, je sautai sur le Théàiro de l'endroit où j't'tais, à seize pieds à p«'u
près de hauteur. Les llammes m'en\ ironnant déjà et me coupant toute
retraite du côté des sorties ordinaires, je gagne le foyer de:* acteurs : il était
en feu. Je me jette dans le cabinet des armes, à cùté ; j'y trouve, étendus,
plusieurs individus qui, désespérés et perdant la tête, n'attendaient plus que
la mort. Sans m'amuser à les réconforter, je prends parmi les lx)ucliers et
ferrailles un vieux sabre en fer dont je me sers pour dé()ateli«her la porte
qui s'offre à moi comme seul moyen de salut. Je fais sauteries loquetaux du
haut et du bas, ainsi que les fiches. I^e sang qui coulait de la blessure que
je m'étais faite à la tempe droite en m'élançant sur le théâtre, m'emp«''chait
de voir qu'il restait une serrure à faire sauter. M'en apercevant alors à mon
grand désespoir, je passe entre cette serrure et la porte la lame de mon
sabre ; je réussis mieux que je ne m'en étais flatté, puisque la serrure vint et
céda à mes elForts. La porte s'ouvre : je crie alors à mes infortunés compa-
gnons : Venez, amis, du courage, nous sommes sauvés!... je le croyais ;
j'avance; ô désespoir ! un mur se présente à moi, et nous n'avons rien fait.
La n)ort dans l'àme, je passe mes doigts dans un grillage de fil de laiton
qui couvrait une petite lucarne Dès lors je criai aux gens du dehors de
nous sauver en secondant mes efforts pour jeter bas le briquetage qui nous
enfermait plusieurs dans une fournaise dont les flammes nous gagnaient à
tout moment. Les efforts du dehors, réunis aux miens, firent enfin une
brèche par laquelle je fis passer ces malheureux. Mais alors mes forces
m'abandonnent, et l'on me retire presque sans mouvement et sans connais-
sance. On m'emporte chez moi, où je me suis trouvé en reprenant mes
sens. »
DÉPOSITION DU RÉGISSEUR MASSY
'< Je jouais Sander dans la pièce intitulée Zémire et Asor. Au troisième
acte, on devait faire paraître une grotte qui devait se changer en Azor,
changement qui a manqué, je ne sais pourquoi. Mais enfin, comme régis-
seur, je cours de suite pour m'en informer. Au même instant, je vois le
transparent qui porte ces mots : Appartement d*' Zémire, qui n'est autre
chose qu'un petit cadre, je le vois en feu. Je m'en approche, pour donner les
ordres nécessaires, et l'éteindre moi-même. .Mais mes efforts sont inutiles,
et dans une seconde je vois tout le cintre en feu. Je crie a tout le monde de
se sauver. Je le fais moi-même ; je cours à ma loge pour me déshabiller ; je
n'en peux monter les marches, vu que la fumée in'étouffait. Je suis donc
<ontraint de me sauver tel qu.' j'étais m liabit^ de théâtre, tout cela en
moins de trois minutes. »
DÉPOSITION nu cnKi d'orchestre le breton
(( J'ai vu le feu au transparent qui etiiit au-dessus dt> l'appartement de
Zémire. Un instiint après devait monter le buste d'Azor ; le câble i|ui servait
à le monter ayant manqué, on s'est occu[>è à le réparer. Dans cet iuti*rvalle,
je voyais le feu au même transparent, mais qui ne paraissiiit pas s'étendre,
puisque le citoyen Le Fanre. (jui ét.iit dans ce moment sur le tlioâtre, dit au
public que ce n était rien Cependant, on baissa le rideau d'avant scène ; cela
mo fit croire que l'on avait trouvé quelque moyen d'éteindre le feu. Dans
60 LE THÉÂTRE A NANTES
cctto n'"Suasion, je rostai à l'orclu'stre. voulant >auver la syiui^lioiiie d.
rop.V;i I. rsqiie j'entends un l)ruit t.-rrible ; je vois le nd.MU d*avant scen-
en feu. J. me sauve par d<'ssus l'onljf-stre, par la galerie des baignoirvs. J.
n'étiis p.- encore au bout de cetti' gab-rie, (|ue j'entends crier au parterre:
Sauve/ vous, la voûte tombe! Je regardai par une loge et je vis etfective
ment le lustre tomber et la voûte du parterre qui s'écroulait. »
DÉPOSITION DE LA CITOYENNE SAINT-JULIEN
« J,- soussignée, artiste attachée au Grand Théâtre de la République,
déclare que lorsque, dans l'opéra de Zémire et Asor, je dus dese<-ndrc dans
le char de la gloire, il n'y avait pas une seule chandelle dans le cintre du
théâtre puisque, pour m'eolairec, un gan.on m'alla chercher une plaqu.-.
Descendue sur la scène, la machine devant monter la cage d'Azor ayant
manqué je regardai en l'air et vis toutes les frises et le cintre en feu, quoique
le châssis du transparent de l'appartement de Zémire fut à peine pris.
Désespérant alors d'éteindre un incendie si prononcé, je m'elforçai de gagner
la porte, lors<|ue j'entendis le citoyen Danglas (monté sur le pont volant
pour couper les fri.ses), eiier de relever le rideau d'av.mt .srène.qu on venait
de baisser. Le rideau fut effectivement relevé, mais le lustre de dessus le
parterre tomba, ce qui me parut d'autant plus surprenant, que, connaissant
la direction des machines, je devais croire que le feu (s'il n'eut eu d autre
source que cette apparence), aurait consumé le Uimbour du grand rideau
avant de parvenir à attaquer celui du câble en cuivre du lustre précité. »
DÉPOSITION DE DUMANOIR
(( Je déclare qu'étant présent lorsque le malheur arrivé le 7 fructidor au
Grand-Théâtre a commencé, les effets ont été si pn.mpis que je ne puis
ra'empécher de les regardr comme extraordinaires. En effet, je n ai point
aperçu le feu au théâtre, et étant sorti un des premiers, j'ai vu la toiture de
la salle loui en feu : la chute du lustre entr'auties est une les circonstances
sur laquelle je m'appuie pour fonder mon étonnement, puisque cette chute
a eu lieu dans un moment où il était impossible que le feu, quelqu aciiviic
qu'on puisse lui supposer, ait pu gagner le tourniquet ou contrepoids auquel
il était attaché. »
DÉPOSITION DE A. DROTGOURVILLE FILS
Adjoint auGî-nic militaire
(( Je soussigné déclare que le 7 fructidor An IV, à huit heures environ du
soir, étant au spectacle à l'entrée de la gal.«rie du côté droit, j ai vu le feu
prendre au théâtre par le transparent do l'appartement de Zémire. ce qui m i
paru alors de peu de conséquenee. mais qu'ayant ma femme et mes amis au\
loges dites baignoires, j'v suis descendu promptement A peine suis je enii"
dans la baignoire, où il u'v avait personne, j)our ramasser des mantelets .1.
femme, que j'ai vu le lustre tomber. Epouvanté de la rapidité de 1 incendi-'.
je suis remonté aux premières lo^^es pour m'assurer si ma mère, la citoyenii.
Martin, ouvreuse de loges, s'éUiit sauvée, mais le feu, la fumée, m ont for..
de descendre et de sortir de la salle. Etant sur la place j'ai vu le faite . ;;
feu et une fumée très épaisse sortir par les fenêtres de 1 escalier des tro:
sièmcs et quatrièmes loges, côté de la ruo Molière. »
INCENDIE DU CRAND-TIIÉATRE 61
DKPOSITION DE CLAVEL, DIT BOBINFTT
I.o f(m pril auKianil spoiiacle 4li 7 fructidor, l/on jouait Zt^mireei Azor.
rét.'iis aux s«H:on(k"s loges. Le oaltle d'une niarhine cassa dessous leth<''âire ;
son fracas fixa l'aHeutio!! de fout le |)ul)liç et attini les soins de tous les
inacliinistes. A l'instant, «luchjues voix crient: Le feu ! le feu! le feu! Le
ritoyen Le Faure, pour rassurer les esprits et ép;nRner Irs plus grands ujal
Ixîurs, dit: » Ce n'est rien »». Quelques voix le répétèrent, et chacun se ntirc
II' sang-froid, .l'étais un des premif-rs sauvés avec un enfant que j'emp- ruii
' t deux femmes que je (•on«luis;ii8 en les rassurant. Une minute m'a suffi
pour arriver au vestilude. Je n'avais pas vu brill«*r une «'■lincelle avant d<* me
lever (le nia place, et à peine metiais-je lo pii'd sur les hautes marches de
rentrée que l'ineendie l'itif ;:énéral.el (jue, malgré les efforts, le feu ne s'est
•'•(eiiit qu'à mesure qu'il a iu;tti(|ué d'aliments.
DHPOSrnON DE LA CITOYKNNF. SAIT-AMAND
Le 7 fructidor, à sept heures et demie du soir, on cominen<.a le deuxième
icte de Xcmire et ^4;oret le même acte fut exécuté jusqu'à la fin, et l'on
nmmeiK.a le troisièuje sans aucun trouble, jusqu'à l'instant où le transp
If l api art'ment de Zémirc parut. L'appartement fut ouvert trop i<''
uiachinoî) manquèrent, et ce fut dans ce moment qu'une frise s'eml'
j'elais si persuadée que cela n'aurait point de suite que je (|uittai la -
ans effroi. Jo rencontrai M. Normand à qui je me p^Tutis de dire: « Mon
leur, no vous dérangez pas, ea ne sera rien. » Kt je me réfugiai dans la loge
de la portière, croyant revenir sur la scène pour finir. Mon mari vint mv
rejoindre sur le champ et m'emmena deliors, e' i! "^ " >"< aperéum*'^ !i
flamme qui embrasait le toit de différents côtés.
DÉPOSITION DE LE FAIBK
Je déclare aux citoyons administrateurs, que j'élais sur le théAtrc occupt'
t omme danseur, lorsqu«i le càbU» de la grotte d'Azor vint à se rompre : tous
le- gardons de théâtre se portèrent sous le théâtre, à cette même machine,
pour aid<'ïr à leurs camarades, je vis alors le feu paraître au transparent de
/émire. .Mors plusieurs femmes se mirent à crier : « Au feu ! n J'apais^ii le
public à plusieurs reprises en lui disant : <t Que cela n'était rien •> (ce qui fit
grand effet), au même instant je me transportai à la coulisse enflani; .
lors(|ue le changement à vue. malheuicus^neui. fit augmenter le feu. A
je me transportai au foyer en a|>pelani la eitoyenne Douté, ma •
pour la sauvt'r (\\\ péril. Klli^ voulait monte-r a sa loge, je la pris
corps et IT'inpoitai. .\u luèmc instant que je traNcrs:iis le théâtre, le ciuire
écroula, et je m»* sentis mouillé, piobablement \K\r l'tMU tlu r. si rv.iir.
Les secours furent ass(>x promptement organisés. Il ne fallait p.i.'. ?mi;.> i a
proléger la salle, mais bien les immeubles voisins, no|:imment les mai-
sons (iraslin, Ooisneau cl Villemain. que les flammes eomincin^aient à
atteindre.
Le feu était d'une, violence extrême; de plus, il était favorisé par le
\'Mit. Des matières enflammées étaient projet«Vs dans les rues et sur les
maisons avoisinantes. Il en iomb.iii même dans la Loire, ol les navir©»
jugèrent prudent de gagner le large.
14
G2 LE THÉÂTRE A NANTES
I/iiict;iidio (Juki jusqu'au '.) fructidor, jour où il fut coinpK'tenaent t-teint.
L(!s maisons Graslin ei Villeuiain n'ourciit que des dcgdts insignifiants ;
seule la maison (Joisncau qui (''Liil adosser' à la salli' du côté de la rue du
Bignon-Lestard fut entièrement détruite.
On put sauver tm nombre considérable de parties d'orchestre et une cer
tiiinc (juantit»' de costumes.
Voici le rapport de Crucy, qui résume parfaitement la catastrophe '•
<i Un fatal incendie vient de dt'vorer la salle de spectacle de Nantes.
» Le feu a consunn'' le llit''atie et la salle entière, le magasins des d<'Coni-
tionsel le foyer des acteurs, les palâtresde toutes les ouvertures (|ui donnent
sur la salle et sur le théâtre, et ceu.x du magasin de di'corations. toute la
couverture de Tt-difice, même celle du vestibule, à l'exi-eption du péri^tyl.*
et des parties de façailes latéiales les plus voisines du vestibules sur les rues
Coincillc et Molière; enfin, une giande paitie des soliveaux et <-harp<'nles
dis l);iiinioiits (|ui (lomieiil sur ces deux l'ues. Le péristyle, le grand vestibule
et les deux petits vestibules qui lui servent d'entrée, les escaliers des prc-
uiièics, secondes, troisièmes et quatrièmes logessont conservés en entier. Un
grand nombre de chambres ou loges des acteurs et actrices, les planchers
(l(?s foyers publics et les bureaux n'ont pas souffert. I^es murs du foyer des
acteuis et ceux du fond du théâtre sont bons. Le premier de maçonnerie,
a])pclée piei-re de mo(''llons, a parfaitement résisté à l'action du feu, seule ■
merit les enduit^ y ont cédé En gém-ral, toutes les pierres de taille de Saint-
Savjuien, degianitet de tuf qui se sont trouvées soumises à cette action sont
calcinées ou brûlées.
» C'est un jeu de décuis qu'on |)eut assurer être la cause de l'incendie :
soit accident, soit maladresse, soit précipitation ordinaire et presque inévi-
table dans les mouvements du théâtre, le feu a pris dans une bande de toile
qui, en descemlant, est tombée sur un lampion. H s'est activé et propagé
avec la rapidité do l'éclair; aucun secours n'a pu l'éteindre. Quand il y
aurait eu (|uatn' fois plus de bassins <|u'il n'y en a. <|uand il eut été possible
de faire jouer sans délai plusieurs pompes, on n'aurait pu réussir à l'arré
ter; on a vu à rineendie de r(;)pêra de Paris, l'exemple de cette funeste
rapidité.
1) Le seul remèilo eût étt" de précipiter la chute île la toile embrasée, mais
le feu ]»lus rapide (|ue la pensée, s'était iléjà élevt- à reiidroit du théâtre où
sont suspendues tçiUes les toiles des riileaux île fond, de plafonds et des
bandes d'air, etc., etc. Poussé avec violence par le courant d'air, il avait
gagui- le portique et une vaste salle en charpente destinée à servir d'atelier
aux peintres décoratein-s et de d('>|)ôt aux décorations, i»t «pii n>gnait sur
toute la longueur du théâtre et de la scène. 11 fut arrêté quelques temps par
le nnu" de l'avant-scène. ipii l'empêcha de pénétrer dans l'intérieur de la
salle, mais alors même il éclatait au dehors et il avait fait tant de progrès
dans la partie supéri/'ure que la corde du lustre s'était eidlammée et ipie le
lustre touillait au moment où il y avait encore <|uelques personnes, soit dans
le parterre, soit dans les loges.
>» Les monuments publics participent à la destinée des personnes célèbres ;
il semble t|ue ni les uns ni les autres ne doivent périr d'un mal ordinaire.
On accepte des circonstances ijui n'ont point existé, on recueille mille bruits
faux et contradictoires, et l'on refuse d'ouvir les yeux sur les faits qui sont
cdiistauts et sur les causes (pu sont rt'elles.
INCENDIE nu GRAND THÉÂTRE 03
)» H mV'St iiiipossil»l<! pour h' inomcnl de tlonnor un rolexYî eslimalif de-
tt.ivaiix d«! n'p.inition, ou plufc>t ât* ri;oon>tructioM clu théâtre et de la ««allr
n'ayant pu rcconiiaitr»' au juste lY'tat do toutes les parties des bdtinieuts
iidjacciils qui sont cm don imagés. C<'|)<Midaut. on peut porter par apcr(,u, eelt«'
df'^pfnse à trois rciit vingt inill<' francs. »
L'cn(|iiétt', faite avec un soin minutieux, avait prouvé jusqu'à révidence
(|Mc la catastrophe était due à un a<'cidcnt. Pourtant, un certain nombre de
personnes croyait toujours (pic la malveillance n'avait pas été étrangère à <'e
malheur. Le mirnstre de la police reçut même une dénonciation contre le
>ieMr Julien, directesir (l<.' l'ancienne salle du Bij^uon-Lestard.
I,e citoyen Letourueux, commissaire du Directoire à Nantes, adressa à eo
iijet la lettre suivante à la Muin'cipalit»'.
(( Il a et»'- adresse au ministre d<' la poliecgén^T.ilc, sous ladaledii^l ni\<'>''
dernier, [)ar un citoy»'ii de Nantes, un mémoire particulier, reiaiivcni'!' i
riiKîcndie dc! la salle de spe(;lacle. L'objet du nu'moire parait être d-
(|u'un l'vénenienl que le \ ulgaiie a cru et qu'on s'est elforcé de ]'
éire un |)ur a<-cidenl indépeiid;ini ilc toute combinaison et esprit di* malveil-
leuce, n'est au «-ontiaiie (pie l'circt d'un intérêt blessé et d'un alFrcux projet
de vengeance. Il déi.iille dilTcrents f.iits à l'appui de cette dénonciation et
•illègue en preuve les diverses dé<'laraiions qui ont été faites et re<.ues à volro
Iministration.
« Il conclut : tju^il cfti dos vrritrs tinns cettr affaire quf les Administira-
ilnns n'ont jxis roiilii voir un (/ii'cllrs ont roula cficher an Gourfrne-
inrnt.
)) Voilà ilonc riionixHir «le l'Administration engagé à mettre dans un
jour tout ce qui a nipport à cet événement d'un souvenir trop dftulourenx.
» Je vous prie, Citoyens. <'hargé <|ue je suis de prendre toutes les infor-
mations, tous les renseignements (pii peuvent conduire à la découverte dr
ii:s rrrtiés laissées ou jetées sous un prétendue voile, de me transmettre
ipie en forme des pri)eès verbaux, dé<-larations. dt'-positioiis et générale-
iiienl de toutes les pi.u'cs qui sont relatives a l'incendie en question.
» J'ai été princip.ilement frappé d'un rapprochement fait pr l'auteur du
mémoire dont il s'agit, c'est qu'il prétend (jue la salle du petit spectacle avait
été interdite huit jours avant rincendie delà grande salle...
» Il est extrêmement importmt d'approfondir la vérité de ces faits, el
j'ai du y fixer mon intention. »
Signé: Letolr.nei'X.
La MuniciiulUc répondu aussitôt.
« Nous avons lu votre lettn» du \Tt de <•(• mois, qui nous instruit qu'il a
été adress»' au .Ministre ib» la j)olic.e générale, sous la date du '2\ iiivAse der-
nier, par un citoyen de Nantes, un mémoire p;»rticulier relativement à la
salle de spectacle. Vous ndus demandez copie en forme des proeèii-verbaux,
déclarations, dépositions relatifs à l'incendie.
» Nous avons, dans le temps, envoyé tant au Ministre de l'intérieur qu':\
l'administration ctMitrale copie de tout«>s ces pii^'ccs; vous les trouverez dans
les bureuixdu Déparleincni. Cependant, si elU>> s'y trouvent égaré^'s, nous
vous en feron> faire de nouvelles.
» Nou.s vous observons, citoyen, que nous >omines loin de part iger l'opi-
nion de l'auteur du mémoire. Nous croyons que la malveillance n'existe
64 I-E THÉÂTRE A NANTES
(luo dans In m(''ch;incotù du diiioiiciuteur. Ce fju'il av.mce, fjuo la 5;alle du
petit siH^ctade avait l'-tf* iiHerdit«i huit jours avant l'incendie de la prande
salle, est faux.
» Nous f)rhnP3 .seulement «jn arrét('' le 27 nivôse, mais qui n'interdisait
point l'iis.ige de la p''tit(; salle.
» L'incrndie a eu lieu le 7 fructidor à environ huit heures du soir; notre
arrêté du 8, qui interdit à la veuve Tenêbr»'. propriétaire de la salle, et au
sieur Julien, direeti-ur du i»etit s|)ectacle, la faeulté de donner aueuno repré-
sentation dans cette jsalle, leur fut envoyé le 9. Ci-joint, copie de ces
pi (M es. » ""
Signé : Beaufrancuet. président.
Le citoyen Letourneux fit une contrcenquétc et il arriva au même
résultat que la municipalité. Il adressa son rapport au ministre dr la police*
En voici la conclusion.
» Si, entre plusieurs causes probables de cet incendie, on peut hésiter à
prononcer quelle est la véritable et l'unique, il est du moins certain que le
principe du feu est indépendant d'aucune volonté humaine. Que l'impré-
voyance, la négligence ou quehjue désordre aient contribué à faire naître
révénement, (u'Ia est possil)le encore, mais tout repousse l'idée d'une combi-
naison de la malveillance ou de la i)assion. Cette idée api)a: tient tout entière
et exclusivement au rédacteur du mémoire que nous examinons; la plus
douce dénomination qu'on puisse donner à cette idée, c'est qu'elle est une
erreur, une précipit;itioii de jugement, une prévention de son esprit, ou un
clîet de l'ignorance. Vous ne croirez donc plus, Citoyen Ministre, qu'il y ait
à découvrir des reriios que les Adminiatrateurs n'ont pas coulu voir ou
qu'Us ont voulu cacher. Ce n'est point à de parei.'s traits que l'on peut
reconnaître l'administration de Nantes.
» Mais l'auteur du mémoire doit être sommé de rendre compte comment
il a sii et comment il ose affirmer que deux quidams, un surtout, avant l'in-
cendie déclaré, se disaient entre eux sur la place: <( Est ce que cela aurait
manque'^ ))
H Nous lui demanderons s'il a entendu ce discours, ou s'il ne le certifie
que sur un rapport.
)» S'il l'a entendu, devait il donc hésiter un instant à faire arrêter deux
hommes qui s'accusaient du crime d'incendiaires ? Son inaction, son silence
ne seraient-ils pas une sorte de eomplicitéV
» S'il n':iffirin(} le lait que sur un rapport, indiquc-t-il les personnes ou la
personne de qui il le tient ? Et, dans ce cas, sa rélicence ou sa crainte ne
sont elles pas de nouveaux crimes contre la Société'.'
» Citoyen Ministre, tout concourt, comme vous le voyez, à faire sortir
cette vérité : l'incendie du 7 fructidor est un malheur, et le Gouvernement
n'y verra qu'un motif d'exciter sa sensibilité et sa bienfaisance, pour réparer
les suites funestes qu'il a entraînées. >■
L'affaire en rosta-là.
Disons cependant que, dans une lettre, le général Hoche accusa les roya-
listes et les Anglais de l'incendie de la salle Graslin. Mais cette accusation,
pas plus que la première, ne reposait sur aucune base sérieuse.
Le malheur qui veniutde frapper Nantes avait eu, en province, un grand
INCENDIE DU ORAND-THÉATRE
retentissomont. La Municipalité adressa, dès le 9 fructidor à tous les direc-
teurs des théâtres de France, l'appel suivant :
({ Citoyens,
» Un événement terrible vient de répandre une consternation générale
dans la commune fie Nanti's. La grande salle de sjxîolaele, dite de la R^'-pu
bliquo, qui en faisait ini des plus beaux ornements, vient d'être entièrement
consumée par 1(! feu. l'lusi«'urs infortunés ont été les victimes de éternel
malheur et ont péri dan> les flammes; d'autres, et ce sont plus de cent de
vos camarades, ont été assi'Z heureux pour sauv«>r leur persoune. mais toute
leur fortUM(r mobilière a été, en un instant la proie des flammes dévoniutes.
(Jlitoyens-, \ous ne serez pas insensibles à leur eruelle position. Vous ferez
]>oiir eux, ce qu'eux mêmes ont fait pour les artistes d'Angers, dont la posi
tion était bien au-dessous df'smaUnMirs qu'ils viennent dé|)rouver.
» Si, dans le cours de la Révolution, le philosophe et I homme sensible
ontqiieUjuefois vu l«*ur patrie souillé»; |^ir les forfaits d'hommes exécrables,
il faut l'avouer, la Réj)ul)lique des lettres et d«'s arts a fourni peu d'exemjdes
en ce genre, et l'histoire s'empressera de transmettre à la postérité les ex''m-
ples éclatants de courage, de bienfaisance et du p;itriotisme qu'un gnnd
nom4)re d'artistes a donné à ses eoniem|><irains.
» Pour nous, magistrats du peuple, ei plus encore ses sincères amis, nous
nous empressons de <lésign<»r à la biiMifaisanee publi(juo et surtout à la vôtre,
des infortunés dont le malheur est trop grand |)ourque vous n'y soyez pas
sensibles.
)» Nous vous invitons donc a faire verser dans les mains du citoyen
Mouton, trésorier et [)ereepteur de la commune, le produit d'une ou |»lu-
sieurs représentations que nous vous engageons à donner au bénéfice de vos
camarades de Nantes. »
Cet apf)el fut entendu, et les villes snivanles versèrent:
Rouen Km liv. l s.
Marseille . . r)(^T »
Paris 5r>y 8
Orléans 181 7
Rayonne VS »
Dos souscriptions particulières furent faites en faveur de certains artistes,
entre autres, de M. Dufailly, peintre décorateur, qui avait pu. à grand peiii".
(•(•happer à l'incendie.
Le directeur Danglas eut, lui aussi, une conduite digne d'éloges. Mal^Tc
ses pertes personnelles, il paya, pendant dix-neuf jours, ses artistes, qui,
pourtant, n'avaient point joué.
Le 20 septembre suivant, la municipalité demanda au Gouvernement la
permission de disposer de l'emplacement et des restes de la salle, à charge
pour la commune de la reconstruire à ses frais. Le Directoire ne donna p.Ts
^uito à luette demande.
Fcrville proposa en 17'.>7, de rebâtir le ihàltre à se» frais, à conditîxi
(|u'il en aurait la concession gratuite f>endant trente années.
La Ville n'accepta point celle proposition, qu'elle considérait comme peu
nv.intageuse.
66 LE TIIÉATRK A .VANTES
I)anglars fit îius.si la inéme o/fre, niais il ne demandait la concession <iuo
pour vingt ans ; il ne fut pas plus heureux que Ferville.
La Municipalité revint à la charge en 1798, et demanda au Gouverne-
ment la permission do louer les parties du monument qui étaient restées
intactes. L'autorisation fut accordée.
Enfin, la môme année, M. M. Pelloutier, Laraaignière, Candeau, Richeux
et Vallinse mirent à la tête d'une souscription destinée à faire reconstruire
le Théâtre. La salle devait être abandonnée en toute propriété à la ville,
quand cette dernière aurait pu rembourser les souscripteurs.
Ce projet n'aboutit pas, quoique la souscription eût parfaitement marche.
Le (Trand-Théâtre ne devait être définitivement reconstruit qu'en IHV.i.
0\1
»ou«c
Plan du Théâtre du Chapeau-Rouge
(La ligne pointée indique le tracé de la rue Soileau actuelle)
TROISIEME PARTIE
^epuis r;l,ncen(jie du %ranil- Jhéâtre jusqu'à sa Reconstruction
AN IV - 1813
Théâtres du Chapeau-Rouge, du Bignon-Lestard et de la Rue du Moulin
\L_X\tv jourd'hui ot si
W'^>MI annérs, l'II6tel
LES PETITS SPECTACLES
178-1. — An IV.
Pi-rmif-rr p>'rii)(h' ih' la salle du Chapenu-Riiuge. — Dfuxûhnr pcrf'"'" -'" /-^ •• •'/
'/il Bignon-Lestard. — Pièces révolutionnaires,
\ 1784, un sioiir J. Reconnais fit construire dans le haut de la
rue du Chapeau-Rouge, en face du Cercle Catholique d'au-
jourd'hui et sur le terrain où se trouvait, il y a quelques
'1 des Postes, une salle do théâtre destinée aux
spectacles des « Variétés, Ambigu-Comitiue, Théiltre de Nicolet, Spectacles
des Boulevards et do la Foire. » De plus, il construisit, attenant à la salie,
un circiue. Le théâtre prit le nom de Menus Plaisirs et fut loué à un nommé
Colmann.
Celte salle ouvrit en septembre 1784, mais Longo, alors directeur du
théâtre du Bignon-Lestard, préscnt;i immédiatement la requête suivante à
la municipalité.
« Li» spect;i(le permanent doit être ; des raisons. Son
entreprise va à i)liis de quatorze mille , ^a nvette peut-<Mlc
y faire face. Si on admet les Petils-Speruules a commencer à six heures et
demie. <'est-à dire une demi heure apn's l'ouverture du grand, les recettes
se font dans les mêmes temps, alors on diminue le moyen de soutenir le
spectacle principal.
)i CetU' ville. quol<|ue considérable qu'elle soii, no lest pas encore assex
|)Our soutenir deux ««poctacles à la fois. Que deviendrait donc le grand
68 1 E THÉÂTRE A NANTE?:
spoctaclp, que devient le privil^gc (\ur \r [hiiki; a rendu au suppliant et que
la vill(! a enregistré, si le sit'ge, proiccieur des spectacles, ne le maintient
dans toute son intégrité? Sans cela, il tombera, et la ruine du suppliant
s'ensuivra nécessairement.
» Qu'il vous plaise de faire défendre au sieur Colraann et à tout autre de
donner leurs spectacles pendant la durée du grand spectacle, à peine de tous
les dommages et vous ferez justice. »
Longo fut débouté de sa demande parce que :
(( Dans une grande ville comme Nantes, dont la population est nombreuse
et reçoit des accroissements chaque jour, il faut des spectacles analogues
aux goûts et aux facultés des difTérentes sortes de citoyens ; il est même a
propos, que les Petits-Spectacles aient autant de liberté que le grand, parce
qu'il vaut mieux que le peuple soit amusé et détourut* par des amusements
peu coûteux, que de se livrer à la débauche et à tous les vices qu'elle
entraîne, n
La ville se basait aussi, pour repousser la demande Longo, sur la dififé-
rencedu public qui fréquentait les deux théâtres.
En 1785, Longo revint à la charge. Cette fois-ci, il demandait : « V que
les Pelits-Spectacles, courses et combats d'animaux, bateleurs, etc., etc., lui
comptassent le cinquième de leur recette; 2° qu'ils fussent finis une heure
avant l'ouverture du grand spectacle. » La municipalité accorda seulement
la seconde de ces demandes.
La construction du Grand Théâtre fit émigrer l'opéra, la tragédie et la haut»-
comédie du Bignon Lestard à Graslin. Mais le propriétaire de la salle du
Bignon ne laissa pas longtemps son immeuble sans emploi. Le sieur
Julien Sévin loua la salle, lui donna le nom de Variétés et se proposa d'y
jouer les mômes spectacles qu'au Chapeau-Rouge, qui était fermé, le direc-
teur n'ayant pas fait ses affaires. Longo eut peur de la concurrence et ne
trouva rien de mieux que de s'associer avec Sévin.
On comprend sans peine que les renseignements sur ce théâtre sont encore
moins nombreux que ceux qui existent sur le grand spectacle, comme l'on
disait à cette époque.
Sous la Révolution, la salle du Bignon-Lestard prit le nom de Théâtre do
la Nation (Variétés). Sévin restii directeur jusqu'en 1790. Sous sa direolioii,
il y avait souvent du tapage au théâtre et le commissaire de service n'était
jamais présent. Sévin, dans une requête au maire, insiste sur ce fait :
(( L'absence de ce coramissain* autorise les spectiiteurs mal inteniionnos
à faire du bruit et à commettre des indécences dans la salle des Variétés ;
très souvent, les acteurs sont interrompus et les spectateurs murmurent, ce
qui entraîne une perte notable pour le suppliant ».
Kn 1791, la direction passa aux mains d'un nommé Nicolas Hébert.
.S\LL»!;S I»U t.HAPKAU KOtIGK Kl D(J HIONf »N-LKSTARD (^.)
La mùino ann<!e, lu lliOatre du CliaiH.'au-KouKe rouvrit quelque loiiips,
avec une troupe dramatique loqjjpnstH) d'amatours. Ces artistes firent à la
lUunicipalMt', une demande tondant à <-c que le« oHicicrs municipaux n'en-
trassent point diins la salle, décorés do leurs écharpes, « le> dames ét;int
particuliriemcnt affectées einjéme iiitimi»l«'4'> par ci- signe d'auiorilë. » Aucune
suite lie fut donnée à cette baroque demandf.
Julien Sévin reprit la direction de la salle da litguun-Lustard, après Ilé-
beit .
Pendant la période révolutionnaire, on joua, à ce théâtre, un grand nom-
bre de pièces do cireonstanees, dont les titres DO nous sont pas |)arvenus.
Les registres niuniei|)aiix contiennent seulement une protestation d'Haudau-
dinc contre la permission accordt'»^ à la date du lô trrrminal An IV. de
jouer : ChareUe, chefden Jirit/ands.
Mais la salle du Bignon Lest;ird était dans un délabreinenl déplorable. La
ville s'émut d'un pareil état de choses ; elle fil visiter le bdtimiMit par l'ar-
cliitécte-voyer, (|ui indiqua les réparations urgenU.'s et immédiates. Kn
attendant (lu'elles fussent faites, un arrêté, en date du 27 thermidor An IV.
ordonna la fermeture du Bignon Lestird.
(^)nel«|ues jours après, le (irand TlittUre brûlait :
Dés le H fructidor, la municipalité prit l'arrêté suivant :
u L'administration municipale, d'après la funeste espérience qu'elle vient
d'acquérir la nuit dernière, considérant que les lieux destinés à reet'voir un
grand nombre d«^ citoyens ne peuvent jamais, en cas d'incendie, avoir une
qiianiit»'- (l'issues sidfisaiite pour (|u'aucuii de ceux qui s'y trouvent ne soit
victime de la vivacité dn feu, considérant qu'il était impossible <i .•
plus de précautions que l'on avait fait lors de la construction du f.
laile, tant |)()iir mullij)lier les sorties que pour él;il>lir, dans le lo. ai m. uic.
Ic's moyens de secours les plus pressants. Que, néanmoins, plusi. wrs m il
heureux y ont péri, et, qu'en pareil cas, le danger serait incalculable dans
tout autre lieu ijui ne serait pas distribué propoitionnellement. -urtoui dans
l'ancienne salle du Higiion Lestanl.
» Ouï le commissaire 'lu .lir.-.t.iir .«vicutir
Arrête ce qui suit :
>' Il est expressément défendu n la veuve Ténèbre, jiropriélaire de ladit»-
salle, sous les peini's de rigueurs, de destiner, à l'avenir ce local à aucune
espèce de thé-aiie. liln consccjuenee, le pn«sent lui sera transmis, ainsi qu'au
citoyen Julien. priii<i|)al l«»caiaire, |)our qu'il ait à faire prononcer la résilia-
tion (le son bail, --'il (r.)il r.?\i(ir:i f:iire.
Cette défense ne faisait pas lalfaire de Julien, et ein-ore moins celle île la
veuve Ténèbre. Ils avaient cru. après l'incendie de Graslin, que le Bignon-
Lestird allait revenir ses beaux jours d'antan : l'arrt'té municipal brisait toutes
leurs esjiérances.
Les de^ix intéressés s'adressèrcul alors a l'autonlc dcpailcmenlale, pour
70
i.P. TMEATRK A NANTES
obtenir la \o.vre de rinterdiftion. Les habitants du quartier firent une péti-
tion, engaf^caiit la municipalité à persévérer dans sa défense. Le Déparle-
ment était assez disposé à accorder la levée, mais la Commune déi^-lara que
si on autorisait la réouverture de la salle, elle déclinerait, en cas d'accident,
toute respoiisabilittî. Bref, pendant (jncique temps, on resta sur le «ra/a yuo,
puis, le souvenir de l'incendie s'atténuaut peu à peu, l'autorisation de rou-
vrir la salle fut accordée.
•^Cyir0^ ^:^JuL»
u!'
II
DIRECTIONS
DANGLAS ; — DUMANOIR. TERMETS
et Julien SÉVIM
Scandales- - Anecdotes. — Chants patriotiques. — Pii'ces interdites ou expurges,
— La Vestale. — Napoléon à Nantes. — Josepli, Af"* Pelel.
E (Jraïul Théâtre n'était plus (ju'im amas de décombres, la salle
du Bignon-Lestard était frappée d'interdiction, et cependant les
^. artistes avaient le plus grand besoin de continuer les repré-
i seoUitions thédtrales. Ils songèrent à la salle du Chapeau-
Rouge, qu'on avait transformée, depuis plusieurs années, en atelier de chaus-
sures. Ils adressèrent à ce sujet, à la municipalité, la lettre suivante en date
du 11) fructidor :
Citoyens administrateurs,
A peine sortis des dangers et de l'état de stupeur dans lesquels nous a
plongés l'affreux incendie d'un des plus intéressants monuments de cette
commune, et l'un des plus beaux consacrés à l'art que nous cultivons nous
aurions peut-être gardé le silence, dans la crainte d'arr.icher à leurs impor-
Umtes fonctions nos magistrats dont tous les moments sont précieux à la
ciiose publique, si nous n'avions cédé au sentiment <|ui nous a fait sonder la
profondeur de l'abime où la sûreté d«« cette malheureuse cité pouvait se voir
entraîner par suite de cet alFreux événement, objet de nos communs regrets
et de votre sollicitude paternelle.
Déjà votre sagacité vous en a. pénétré sans doute. Déjà vous voyez les
oisifs ilonl abonde toute cité populeuse, surtout quand elle fume encore des
feux (le la guerre civile, profiter des longues soirées d'hiver, |K)ur emplover
à toutes sortes de désordres le temps au'ils passaient au spectacle, le plus
sûr et le plus heureux moyen que put, en les occupant, leur opposer la
police.
A ces considérations déterminantesse joindra dans vos cœurs le sentiment
de justice et d'hmnanité que réclament nos malheurs, et pour satisfaire à la
fois à la sûreté de vos administrés en général et aux extrêmes Ix'soins nés
de notre déplorable situation en p;irticulier. vous ferez droit à la plus juste
demande, en affectant aux artistes du Théâtre de la République la s;ille du
Chapeau Rouge, que de légères répantions peuvent mettre en ét;it de sup-
pléer à la salle incendiée, jusqu'à la réédifie-alion de celle-ci.
72
.E THEATRE A NANTES
Noii»^ iijoiitcroiH, fMtoycns adiniiiistr.'iimirs, que nous croirioii'^ injuste
.iiitant <|iriiiliiiiii;iiM, de rie p.is nous conserver notrȔ directeur Danglas, dont
l'active intelligence avait dans si peu de temps organisé notre entreprise, el
(jui a montré un /èl»; si dévou*' au milieu des dangers de l'inecndie.
L'administration prit dès le lendemain cet arrêté :
AuTicLK i'REMn:i<. — La salle de speet icle, dite du Chap'»au- Rouge, et le
cirque avej les appartements qui en dépendent, appartenant à la citoyenne
\euve Héeonnais sont, dès ce moment. t>)i< ■' ji ill^o i^itii.n iln di.v.'n
Danglas avec tous leurs accessoires.
AuT. 2. — En conséquence du précédi-iit irci h'. i<' cuovtii Im!i;;i as irn-
téra de ^rd à gré avec la citoyenne Béconnais pour la location de laditi-^ salle
et du cirque.
Akt. .'{. — Dans le cas où les parties ne convienilrriirnt pts nmiab!em<''nt
sur le prix de location, il sera nommé des arbitre
Art. 4. — Lo citoyen Tousnel, commissaire omon i.iu-ir, --^i lu.iL. .i
faire mettre à la dispo.sition du citoyen Danglas les clefs desdits lociiux et
de toutes leurs dépendances dans le délai de trois jours.
Art. ."). — L'aichite 'te-voyer est chargé de se transporter dans le plus
bref diMai audit local, tant poar les objets d; stîreté intéia'oure qii*extéri"ure
et notaumienl [)();ir le pavage de la rue dite du Talvairo.
(_)n fit faire les quel<|Ucs n-paratioiis iici-c>- iiri"'^ , ou rcjin^MiM i;i ^illc,
enfin on la mit en état d'ouvrir le plus promptemcnt possible.
Dès le 18 fructidor, alors que les travaux n'étaient point encore achevés,
les artistes doniièriMit un grand concerta leur bénéfice.
Le programme de celte soirér> iiou^ a et»'- conservé, le voici :
PliKMIKU INTKllMKDK
1 . Syinplionie i\ grand orcliestiv ;
i. Ariette iVdùiipi' t) Colonne, pnr lo
ritoyen .M an seau ;
3. ('.oiiccrli) (le huilbois par le citoyen
Doiijroii ;
^. Sri'iie d'dùli})!' l'i Colonne, par le ri-
Invi'u .\huv'ias :
6. Syniplionieconcf^rtanle parles citoyens
Casimir et JiOduc ;
DEUXIÈME ISTERMP.de
7. Un divertissi-nimt du citoyen Girault
père ;
8. Ariolt<» iVfE'lipf à Colonni», par la
citoyenne Saint-Amamt;
9. Syinplionit» concortan»» de la composi-
tion'du ciioyi'u Girault père, el
t'Xirati'.' par lui el son fils :
KJ. Air df Philippe et (ieorgette, i>ar le
liloyf n Ak'l :
11. ^Concerto de piano fort'-, par lecilovi-n
Herniann :
12 Chasso de V Amoureux d'' quinze ans
par le ciloyon Massy.
0. Glio'ur (lu Seignriir liienfnisnnl.
Pl'iiX ; l'romii rcs et Parquet, 4U sons. — Douxii'ines, 'i\ sous.
.\ .j heures et demie pr("cises.
Le nouveau liiéàtre ouvrit le 22 fructidor par le Docin du \ illayc et les
Folirs AinoureitueA.
La salle du Chap(iau-Kou;j;e avait deux ran.içs de loges avec baignoires.
nous apprend Camille Mellinet. Elle était peinte bleuet gris avoo ornements
doréa. Le rideau était bleu,
8ALLB DU CHAPEAU-ROUGB 73
Voici quoi était le prix des places :
Promi^r(!S logCN et aiiiptiithéAtre, âffesous.— Parquet. 224 kou«.— Secondas, 20 8OUR.
A cotte «époque, la rue Boileau n'allait pas jusqu'à la rue Rubens. On ne
pouvait donc parvenir à la salle du Chapeau-Rouge que par la rue de C6
nom et p;ir la m»; du r!alvaire, <|Ur l'on lit paver j)our la circonstance ('
dorniôro rue communiquait avec la rue du Ohapciu- Rouge par un fwi-
|)lac<^ à côté du cirqur» qui atlonait à la salle do sper-tacle.
La ville, le 2."» frimaire, arnMa qu'il serait p^TÇu un décime pjir p<'rsonne,
ti >us du [)rix de chaque hillct d'tTitrcc, pour secourir les indigent.** qui
icfaicnt pas dans un hospice.
Le H pluviôse, une scène scandaleuse qui, est longuement racontée dans
les Archives nuiniei|)ales, eut lieu à la salle du Chapeau- Rouge. Une actrice
la citoyenne Lacombe, s'était placée, malgré le défense faite, dans l'or-
hestre. Le coramissairo de service voulut la faire sortir, mais elle persista
I rester. Ayant aperçu le citoyen Fourmy, administrateur dans la logo
luunicipale, elle vint l'y trouver et lui fit une scîme des plus inconvenantes,
ilisaut qu'il n'y avait qu'à Nantes <|u'on s'étudiait à avilir le? artistes. K||.«
|)ailait à \oix haute et ne tarda pas à am»niterla salle. Enfin elle quitta la
lofxe et alla se remettie à l'orchestre. Fourmy n'osa pas la faire expulser,
craignant :
(( <|uc ecttt» femme, extrême en les passions. n'efTectu.U la menace qu'elle
vaii faite, d'abandonner le sp<'(îiacle, où dlo montre des talents qui baUu-
i"ut peut être ses défauts, la font ch6rir et la rendent intéressante »».
Pour éviter le retour de pareilles scônes, la municipalité arrôta :
« (|u'il demeurait expressément défendu à toute autre personne que les
musieiens de se placer dans rorchestre, et enjoignit au citoyen Danglas,
iip'cteur, de veiller à son t?xécutiou, .sous sa res|K)nsabité personnelh' ....
!(• nieitre à la disposition des artistes une loge ou deux do chaque c6té de
orchestre, étant de toute justice qu'ils no .soient pas privée de la vue du
l»ei'tacle ".
11 parait que, sons i.t lvi-v.>u'tiou, les bals mas'Hn-^ t-i la \< :,. rlu
mardi gras étaient défendus. Ou en trouve la preuvedans les r^ v - :iuni-
. ipiux, à la date du 15 pluviôse an V, à la suite d'une demande do Dangliis
pour obtenir l'autorisation de donner des bals masqués dans la salle du
("irque :
« L'administration municipale, considérant que ces <>p.r(N ,i,. rasseuible-
ment ont toujours été l'occasion de désordres et de sc/'iies immorales, qu'eu
iMuornent .surtout ils peuvent devenir très dangereux, on »•
landii liberté (pie l'on se p Tm't sous le misrjup pmirrn't
licence d(; la put de ceux duitlc
choses, et qu'alors les coup.vbles élu i
lance de la police*
LE THÉÂTRE A NANTES 74
« Consid/'rant, en outre, que la permission accordée pour un bal masqué
entraîne la (xîrnussion tacite pour toutt; espace de mascarades, qui courraient
toutes les rues de la ville, olfrant à chaque insLinl les tableaux les plus
obscènes, et provoquoraicnl des troubles que la plus exacte surveillance ne
pourrait punir ni emp(>sciier, après avoir entendu le citoyen Douillard, pour
\r. commissaire du pouvoir exécutif, arrête qu'il n'y a lieu de délibérer. »
Danglas passa outre et alfioha un bal. en se basant sur ce que l'arrêté
oi-dessus était un simple refus de permettre, mais non une défense absolue
de donner un bal. L'Administration municipale se réunit aussitôt et
arrêta :
Article Premier. — Tous déguisements et travestissements sont expressé-
ment défendus.
Art. 2. — Les personnes do l'un comme do l'autre sexe qui seront
trouvées travesties, masquées ou déguisées dans les rues, salles de spectacles
et de bals, et autres lieux publics, à quelque heure que ce soit, seront arrêtées
et traduites devant les ofliciers de police.
Art. 3. — Les citoyens tenant bals et danses publics qui auront chez eux
des personnes ainsi déguisées, seront ti-aduits devant les tribunaux de police,
conformément aux lois.
Art. 4. — Ils ne pourront prolonger leurs bals et danses au-delà de
minuit.
Les recettes étaient peu considérables. Danglas obtint, le 5 prairial an V.
de ne payer, pendant l'été, que 15 francs pour le droit des pauvres.
Dans le courant de messidor de la même année, le chanteur Josse, des
Italiens de Paris, passa par Nantes. Il promit aux directeurs du Chapeau-
Rouge et du Bignon-Lestard de chanter à leurs théâtres. Ces derniers l'alli-
chèrent le même jour, d'oiî contestation, chacun des directeurs prétendant
avoir la priorité. Il fallut recourir à l'Administration, qui décida que Josse
jouerait d'abord chez Danglas.
Cependant une réaction anti-révolutionnaire avait lieu dans la ville. Les
esprits, délivrés de la crainte des exécutions sommaires, ne se gênaient plus
pour critiquer le Gouvernement. Un jour môme les couleurs nationales
furent insultées au café Graslin. Le 3 messidor, la représentation du Concert
de la rue Feydeau, pièce qui, en maints endroits, touchait à la politique, fut
l'occasion d'un tapage prolongé. L'Administration interdit dès le lendemain
ladite pièce. Les comédiens reçurent, à cette occasi<)n, la lettre suivante de
la Municipalité.
« Vous ne pouvez pas douter, citoyens, de l'intérêt que prend à voliv
théâtre l'Administration centrale. Lorsque les agents du royalisme cher-
chaient à corrompre l'opinion publique, à travestir nos spectacles en écoles
de contre-révolution, vous avez su résister aux sourdes impidsions, vous
avez continué de donner des représentations morales et civi(|ues.
» Cette conduite, c(>tte cause des pertes que tous avez essuyées est trop
PIÈCES INTERDITES 75
respectable pour que nous n'applaudissions pas aux efforts que vous faites
aujourd'hui.
» Continuez, citoyens, à consacrer vos talents au proférés de l'art drama-
tique, à consulter le bon goùl plutôt que l'esprit de parti, à écarter de la
scène tous ces tableaux d'immoraliK'', toutes ces productions factieuses, tout
ce qui rappellerait l'ancien avilissement du peuple français, tout ce qui
tiendrait à réveiller des haines, à affaiblir l'amour de la liberté ; c'est le moyen
d'intt'resser à vos suecès les autorités républicaines et tous les vrais amis de
la patrie. »
Danj^'las, voyant que ses affaires ne prospéraient pas, prit la fuite dans l«
courant de vendémiaire an VI. Ix's artistes abandonnés prirent le parti de
se réunir en société. Ils avertirent la Municipalité de leur résolution de
continuer l'entreprise sous la dénomination de Grand-Théâtre de la Répu-
blique. «: Ce mot si cher à nos yeux, ajoutent ils dans leur leltre, sera toujours
notre ralliement, et nous mourrons en le prononçant. »
Dumanoir, père noble de la troupe, et Termets, prirent la direction au
nom de leurs camarades.
Le 29 frimaire an VI, le maire interdit la représentation d'A'//Vfe dans le*
Bois. A ee sujet, l'Administration départementiile avait écrit, la veille, à la
Municipalité nantaise, la lettre que voici :
« Plusieurs citoyens éclairés et sages nous ont fait part de leurs inquié-
tudes sur les effets des re[)réscntations qu'on affecte de donner au premier
théâtre de notre ville.
» Le directeur de ce spectacle a souvent mérité des rejiroches : il semWait,
avant le 18 fructidor, que son théâtre avait été choisi pour école d'incivisme.
Nous ne pouvions concevoir alors conmient des Français pouvaient prendre
plaisir à se rappeler les détails affreux d'un régime violent, se réunir pour
s'exciter à la vengeance à l'aide des exagérations dramatiques, et se réjouir
comme des sauvages en applaudissant tumultueusement aux chants de mort,
à tous les cris de vengeance. Nous ne tardâmes pas à découvrir le but de ce
système : il fallait déshonorer la Révolution, avilir le nom de patriote ; et si
l'on était parvenu à attribuer aux républicains les crimes dont la Révolution
a été le prétexte, si l'on était parveim à faire croire (jue chaque individu a le
droit de venger ces crimes, on en aurait conclu que tous les républicains sont
des scélérats, «qu'ils sont dignes de mort, et notre pays eût été couvert d'assas-
sinats.
» Nous crûmes, en conséquence, devoir empêcher la repré^^ent^ition de
V Intérieur des Comités. On reprend aujourd'hui les mêmes errements. Cette
pièce à'Hlise dans les Ijoia tend à la même fin ; et «-i, comme nous leptMisons,
ce n'est pas là l'intention de l'auteur, il sullit (|ue l'esprit de parti ou la
malignité puissent en profiter, pour que sa pièce soit dangereuse.
» Quel ami de la patrie ne doit pas désirer que toutes ces haines s'éteignent,
que d'aussi cruels souvenirs s'effacent, et que l'histoire ne puisse retrouver
les monuments de cette époqu»' honteuse ! Et si l'on invoquait contre le
royalisme les massacres de Machecoul, de Marseille, d'Avignon, tous les
meurtres, toutes les cruautés horril)les que cette faction a commis }>^ndant
la guerre civile ; si tous les partis faisaient ainsi l'apjx'l do leurs pertes etd«
leurs victimes, on rougirait peut être d'a|>partonir a l'humanité, et l'on par-
viendrait à prouver la justii-e d'une proscription générale de l'espièco.
Travaillons, au contraire, à soutenir la dignit»'. de l'homme, à rappeler la
76
LE THEATRE A NANIES
concorde, à obtenir enfin, par la sagesse ot la modération, la paix au milieu
de nous, après l'avoir donnée à l'Europe par nos armes et notre courage.
» Ces considérations nous portent à vous inviter à défendre la représen-
tation û'Eli^e dans les Bois. »
En nivôse an VI, on joua une pièce de l'architccle Ogée, intitulée: Le
Départ des Français pour l'Angleterre. La première représentation lut
donnée au bénéfice des souscriptions pour la desconte en Grande-Bretagne.
Le vieux Gourville qui, depuis quelque temps, s'était retiré du théâtre,
donna à cette époque quelques représentations. Il joua Tartuffe, le Bourru
hiei}J'aisant, Turcaret. Il était tellement affaibli que, s'étant agenouillé dans
une pièce où il jouait, on fut obligé de le prendre sous le bras pour le relever,
et cependant, à la vivacité de son jeu on se fut dillicilement aperçu de son
grand âge. Gourville ne devait plus reparaître sur la scène. Il mourut
quelques mois après, entouré de l'estime et du respect général.
Les artistes réunis et Julien Sévin, directeur de la salle de la rue Rubens
(anciennement rue du Bignon-Lestard), comprenant que les deux théâtres se
faisaient mutuellement tort, s'associèrent ensemble, en floréal. Il fut décidé
que la troupe jouerait à la salle Rubens pendant l'hiver, cette salle étant plus
chaude que celle du Chapeau-Rouge, qui fut réservée pour les mois d'été.
Le célèbre Franconi vint donner, le même mois, des représentations au
cirque du Chapeau-Rouge.
Par arrêté du 21 fructidor an VI, l'Administration décida :
« ([ue dorénavant tous les artistes chanteurs qui viendraient au théâtre de
la ville et prêteraient leurs talents pour la célébration des fêtes nationales
seraient, pour cette considération, dispensés de tout service dans la garde
nationale sédentaire. »
La troupe qui desservait alors le Chapeau-Rouge était assez faible. Je n'ai
pu retrouver sa composition exacte. Tout ce que j'ai pu recueillir, c'est le
nom de certains artistes qui jouèrent pendant les années de direction de
Dumanoir, Termets ot Julien Sévin sur la scène de Nantes :
MM. Paiî.\n.
Germain.
]}audry.
LEFÈriUUK.
IjEKOUX.
Joseph.
Taille T.
Belval.
Maurin.
Belfon.
Masst.
DEanuissKAUx.
c.hapekon.
Lacroix.
DUMONT.
Lamareille.
M. M. liEEÈvBE (Marlias).
BiGNUN.
DliRO.N.
SULEAU.
Gows .
ClIAlSSEAi;.
VrLLENEUVÉ.
(.'.LÉMENT.
TlPlIAINE.
iiumiîert.
Letertre.
Baudrier.
Auguste.
LloNSTANT.
MONROSE.
Calclna, maîlre de l)aIlol.
ANECDOTES
77
M mes u'H MUTAIS.
Vaxhovk.
Valeruv.
MiOXOT.
MOUMN.
Mayki n.
JOKXNA.
Lkbrux.'
Lecleb"..
Peltier.
BuRttÈRK.
Lemaire.
Flkury.
Louise Mi.TÉ.
Ter mets.
DUBET.
I'abax.
Segnerot.
Decooukbert.
Chaperox.
MONRÛY.
Leclkrc.
i) kg re ville.
r.\RTii;sY.
II EX EAU.
DUMONT.
NORMAXl).
.JOLV.
LOLISE.
AUBERT.
H»;uiiERr.
A'iLSAX.
La première chanteuse, Mi'e Moulin, ne connaissait pas plus les lettres lie
Talphabot que les notes de la musique, aussi avait elle une personne jiour
lui apprendre ses rôles de mémoire, comme elle avait un r»'pétiteur pour le
chant. Une autre actrice avait le môme degré d'instruction.
Un acteur de cette troupe qui. tous les soirs, était accueilli parles plaisan-
teries et les sitllets, fit insérer dans un journal cette allégorie de sa
faeon :
« Une Société de gens honnêtes elconséquemment paisibles, fréquentait un
jardin pul)lie. Elle avait les yeux fixés sur un jardinier qui cultivant des
fleurs, étjlit depuis longtemps aceablé parles frelons qui bourdonnaient a ses
oreilles et fai.saient même l'impossible pour le picpier. Sachant combien il
est dangereux d'jrritrr cette sorte d'insectes, il demanda à quelques per
sonnes de la société quel parti il avait à pr<'ndre ; elles lui répondirent : le
mal subit que l'on ne mérite point se dissipe de lui-même. 11 se trouva alors
plus consolé qu'il n'avait été atUigé, et il reprit tninquillem'Ut son ouvrage
en disant : Un souille léger m'a apporté ces petits insectes, un coup de vent
les enlèvera t').»
Le 20 nivôse An VI, le théâtre joua, à l'occasion du traité de Campo-
Formio, une scène lyrique : La Fcte de la Paix, paroles de Blan<hard de
la Musse, musique du citoyen Saint-Amand.Saint-Amand était un musicien
d'un ci-rtain talent, qui s'était fixé à Nantes en 1794 ; il retourna ensuite à
Paris et entra comme professeur au Conservatoire.
En r.\u VU, les recettes étaient loin d'être brillantes; elles s'évevaient à
peine, dans les plus belles soirées, à7<:0 francs.
Sous la République, des chants patriotique-; étaient exécutés au Théâtre
pendant les entr'actes. Au Chapeau-Rougo on s"ét:»it relâché de cette hat-iiude
Le coniinissain^ du Directoire réclama près de l'.idministration municipale.
(Ij Gauliei otCbapplain.
78 LE THÉÂTRE A NANTES
La lettre (îcrite dans le style hoursoulllc du temps, est assez curieuse et m'a
paru \ aloir la peine d'être nubli/;.
N'anli'S, !•' '^tl muIosi-, an VII d'- la Rcptilili'iui- I- raiM :ii>e un»- '-l iri<Ji\ i^iol'-.
J.e (.'umniissairt' du l)irerloire ej'f'c.utif prè» f administrât ion centrale
du drjurrteiiii'nl de la Loire /nfrrieure.
Aii.rMcrnOres de t'Adiainistfation municipale dr \nrde.s.
CitoN'cns,
Des affaires pressantes et des circonstances m'ont empêché de répondre
plus tùt à votre lettre du l'J de ce mois, que j'ai reeue le 22.
l'ar cette lettre, vous objectez à ma demande pour l'exécution des airs
patiiotiques au ihéùtrê, à l'ouviîrture et entre les pièces, que ces airs au
nombre de (|uatre, ne peuvent ôtre assez variés pour plaire constamment,
que ce nombre est trop médiocre pour être joué deux fois par jour, que vous
eraindriiv. (|ue cette prodi-^alité ne les avilit, que la satiété déf^oiite des mets
les |)lus exquis, que vous vous contenterez de les faire exécuter les quintidi
et décadi.
.l'a\oue que ces obser\ations m'ont causé quelque surprise ; on ne se lasse
jamais de ce qui est essentiellement bon : la République doit se pré^;enter
continuellement aux regards, aux oreilles, à tous les yeux. Quoi de plus
pro|)re à l'àme que les chants qui ont si souvent donné le signal de la victoire
et rappellent les immortels exploits de nos guerriers? Les prêtres dn chris-
tianisme n'oliraient-ils pas constamment aux yeux du peuple les mêmes
images, ne frappaient-il pas les oreilles des mêmes chants, des mêmes
accents, n'était-ce pas ainsi qu'ils en avaient telU'inent pénétré' la multitude,
que la plupart, identifiés avec leurs principes, avec des objets fantastiques,
ont combattu jus(|u'à la mort, pour les défendre et les maintenir?
Quel avantage ne doivent pas avoir les principes et les emblèmes de la
Rt |)ul)lique, de ce gouvernement si propre à élever la nation au plus haut
degré de perfection, de gloire et de bonheur.
Comment se faisait-il que jadis, rassemblés presque toujours à ia même
heure, on semblait se délecter d'une psalmodie monotone? C'est quç des
])rêtres avaient su adroitement établir cet usage, l'on s'asservit à ces stériles
iiommages, et rhat)ilude dégénère, pour ainsi dire en besoin.
Mais des Républicains, des Fram.ais qui doivent aimer la République et
n'aimer qu'elle, se lasseraient ils d'entendre ou n'entendraient ils que froi-
dement e(*s airs chéris qui sont nés avec leurs liberté et l'ont embellie et
aniinécul'une vie nouvelle ?
\'ous pensez que les airs républicains ne sont pas assez nombreux pour
etnî variés et plaire coustamuuMit ; vous n'en connaissez que quatre, j'en
t-onnais dix que voici :
1. Allons t'iif/intx d<' In pntrir. — '^. ]'i'illiins nu saint <(>' l'empirr. — 3. Af> î •."
i)'i'. — 4. Au pri'wii'r Sun du tatttbour. — i). Dansons la Curviui/nole. -- <>. L<'
victiiirc t'n cfiuntont. — 7. Xous ne rcrottnuissuns, Pn détestant les rois. —
8. .Mourir pour lu patrie. — 0. Le citant dit retour. — 10. (Hoire ou peuple
f'rnnrais.
Il y en a c(^rtainement beaucoup d'autres, et si les musiciens veulent,
comme je le pense bien, y mettr»; l'accent du patriotisme qui les anime, ils
sauront les rendre toujours nouveaux aux oreilles républicaines. Si des indi
vidusremar(|uables par leurs ridieuleset leur nullité, qui semblent dédaigner
PIÈCES EXPURGÉES 79
la République pari'c fiu'ils sont in(;ip;il»l«'s de 1 1 < .nii|>rfi(i[i- ri iimi^-nf ci.-
la servir, si ces iudividus. flis-jc, sont <lésagr(^abl«'nionlatre<;l«''s deces chants
iv'iques, qu'ils se rclirt'nt. Au p'ste. il est bon de l«'S en p^inétrer m i"
iix, peut-être y prendront-ils j;out. Il est bon d«' faire triompher le ;
rf|)ublieain ; il faut qm' Ir gouvernement se montre partout vl hautonuni.
<'t alors qu'une coalition secrète semble nous menacer par une marche lente
ei perfide, il faut /'lever, pour ainsi dire, autel contre autel, et se roidir afin
de ne pas faire de pas rétrogrades.
Il serait inutile de mV'tendre davantage sur ce point et sur d'autres con-
sidérations que Vous avez ap(;rçues <orame moi. Je |xjnse donc que vou-- ne
"udrez pas aux objections qu«' vous m'avez faites ; et je |)ersiste de i>lus
lort à désirer que vous donmCz l'ordre de jouer chaque jour, à l'onhestre.
avant l'ouverture du tlnVilre. et entre les deux pièces, un des airs républi-
cains dont j'ai f)arlé; et à votre recommandation, les musiciens y mettront,
je n'en doute pas, le zèU» et l'expression convenables,
.rol>serve, en outre, que l'on ne joue plus de pi-
fort rare. Ne serait-il pas pos.sible de faire jouer <!•
petites pièces patrioti<|ues de choix. Je désire que cet objet li.ve voiitj alicu-
fion.
Je vous prie de m'accusrr réeeption de la présente, et de me faire part de
\ I llf |> ijl'IiTI II I ll'O II >< I
Salut et fraternité,
Signé: Mahsskn.
Kn frimaire An \'II!, I- dn»it des pauvres fut rédiui .. t. n im ~ ^..u i.i.n-
entation.
Les pièces inédites suivantes furent jouées dans le courant de l'An VIII :
V Kncicuv, comédie en cinq acte et en vers, de Hyacinthe David ; Soliinan,
'•M la suite de Joseph, drame en trois actes et en vers, par Clavel, artiste du
théâtre de Nantes, musiqjcdu citoyen Breton ; le Triouijthe de lionapnrir
'" ^'"/7///^'^' ^^^ '"^ Reprise (f'AhnuLir, grand opéra à spectacle, |)ar Briss,
irtiste.
Le 2r> germinal, l'interdiction de jouer Athalie fut signifiée aux artistes.
Le.'i prairial, une grande représentation fut donnée au bénéfice des parent:?
des victimes «1»; l'explosion du château. On joua (Hfielloet les Trois Sfeurs.
Dans le courant de brumaire, l'acteur Julliei vintdonner des représentations.
Lo 17 de ce mois, la Jeune Nanette eut le mëm«' sort c(\x'At Italie. On ne
peut se figurer aujourd'hui avec quelle sévérité les pièces étaient, on peut le
lire, épluchi'cs. liirhard-Ca-ur-de-Lion était proliibé aussi lui. Les artistes
Icmandèrent la levée de l'interdiction en proposant d«' dire :
O Hichnrd, c'rxt à toi qur mon etrur s'obandUmne
lu lieu du vers que tout le monde eonnait. J'icnore si cette autorisation fut
donnée.
On ne s'adresse jamais en v.uii .m < nui <i« > .iin^u-^. » iii\ tm * n..
Kouge étaient loin d'être riches, pourt^tnt ils saisissaient toutes les occ.<
de soulager queUiue^ misères. Je n'en veux que la pnnive suivante. L"
HO LE THÉÂTRE A NANTES
^'1 vfiilii^c ,111 .\j II ml (M»jiiii' uni: 1 iMii f.M'ii laimn >• an oi- nrjiiti u nnr l'inm-
fini cii'iit (Vndojjter un enfant nouccau-né qui avait H«^ j*'t(^ ce malin flans
(/('N lalrinctfd'où il a ôlé retiré nicant. » Toxtuel.
Le :20 friiuaii'o iin Xï, un anété do la mairie dércjidil la vont».* des coutro-
marqucs.
Ku 1^05, notre compatrioli.' rjuillauine de Bouieillcr remporta le grand
prix do composition j)Oiir^ sa cantaUî Hèro et Le a ndre, dont les paroles
t''laient aussi d'un Nantais. M. Binsso de Saint-Virtor. Los artistes du
Cliapeau-Kouge doum'-ront deux auditions de cette cantate.
Dans lo courant de l'année 180C, les troupes de la Porte Saint-Martin «t
de l'Ambigu vinrent donner à Nantes quatre représentations. Cette môme
année, l'autorisation de reprendre At/ialie fut accordée.
< )n était alors à l'époque des pièces militaires et de mélodrames noirs aux
sous-titres ronilants. On représenta au Chapeau-Rouge une parodie de ces
soiies de pièces sous le nom de Rode rie et Cunt-f/onde ou Vh'rniitf di-
Mnntinartre o\\ \a Fortcrcsae de AJo/inos ou le Ji'erenant de la galerie di-
rfJuest, galimathias-butlesco niélo-patho-dramatique, en -lactés. Grand sue-
eè.s de fou rire. Le l'i août 181 )G, on joua les Souliers mordorés, de Fridzt-ri.
à son bénéfice. L'affiche jiortait:
(( M. Fridseri, aveugle dcpuinlnge d^ un an, jouera une sonate deciolon
et : ur la mandoline les deux airs de Monte-au-Ciel et du grand cousin du
Hv^cr\cuv (/u'il exécutera à la fois sur le même instrument, de manière à
faire entendre distinctement les deux parties. »
Le fait musical le plus important de l'année 1^07 fut la première repré-
sentation (le la Vestale. Je n'ai pu retrouver les noms des artistes »iui
ercTcnt dans notre ville lo chef-d'œuvre de Spontini.
La même année, M. et M"'" Fay, de Feydeau et Tiercelin, du thé^itre
Montansier, vinrent jouer à, Nantes différentes pièces de leur répertoire.
lîoullant maître de pension à Nantes, fitjouer. à cette époque, un vaude
ville : le J'risonnicr de cingt-quatre heures.
La situation du théâtre, était alors fort mauvaise. Les recettes étaient des
j)lus minimes, et les malheureux artistes miseraient Cependant ils lutt;iient
courageusement, contre la fortune adverse. Un seul, Termcts, l'un des
administrateurs, voulait déposer le b lan, et pour arriver à ee but, occasion
n;iit tous li>s désagréments possibles à la Société. Les artistes se plaignifeni
au maire, et le 10 mars 18()S, Termets futeassé doses fonctions. Dumanoir
et Julien Sévin restèrent seuls adininistr.iteurs.
Napoléon visita Nantes en 1808. De grandes fêles furent données en Sun
honneur. Lo \) août, on joua, par extraordinaire, aux deux suJles « eu
réjouissance de l'arrivée do l'Empereur. » On représenta au Cbapeau-
Rouge : Misanthropie et Hc'peniir nu rjnconnu, drame en einq aetes : Ir
NAPOLÉON A NANTES — JOSEPH 81
Calife de Bagdad et une scène lyrique « à grand orchestre et à spectacle
analogue à la circonstance », disent les afKclies. A la salie Rubens, on
donna Euphrosine et Coradin et le Jeu de l'Amour et du Hasard.
La scène lyrique (-hantée au Chapeau-Rouge était, pour les paroles, de
Bl'inchard delà Musse, et pour l;i iuu3i(iu(î de Scheyermann, un des meil-
leurs professeurs de piano delà ville. Le théâtre représentait une place pu-
blique où le peuple était réuni en foule. La messagère des dieux, Iris, des-
cendait dans un nuage et venait annoncer l'arrivée de l'Knipereur ; alors la
joie éclatait de toutes parts. Voici un échantillon de la poésie de M. Blan
chard :
CNB FEMME
Puissent l'amour, lu franchise et le zèle.
D'une ville toujours à ses devoirs fidèle.
Dans ses murs fortunés fixer Napoléon.
UN PAYSAN
Ah ! qu'il sache que le Breton,
Tout en changeant de non\,
N'a point changé son caractère.
Que fier, loyal et sincère.
Il met sa {/loire ta jilus chère,
A chérir, d servir le grand Napoléon.
II paraît que l'enthousiasme ne connut plus de bornes, et que dans la
salle des larmes d'attendrissement coulèrent de tous les yeux, quand le peu-
ple reprit en chœur :
Veille sur notre appui.
Dieux, dont il est l'image.
El conservez en lui
l'oi/r plus bel ouvrage.
Un superbe bal fut douné à l'Empereur, dans la salle du cirque. Pour la
circonstance, un arrêté du maire prescrivit aux invités de ne se présenter
qu'en habit à la fran«;aise, avec épée et chapeau sous le bras.
Le G septembre 1808, eut lieu la première représentation de Joseph. L'ad-
mirable chef d'œuvre de Méhul remporta un succès sans précédent. Dans
l'espace de trois mois, il atteignit seize représentations. Joseph était chanté
par Richebourg, Jacob par Iluel et Benjamin \mt M"* Oranger, délicieuse
dans ce rôle.
Un opéra qui eut encore plus de succès que Joseph, fut la CendriUon de
Nicolo, une partition bien oubliée aujourd'hui.
En 1809, une jeune artiste qui devait rester plusieurs années à Nantes,
\Iiio Pelct, débuta dans le rôle de Juliade la Vestale. Elle était ausiii bonne
cantatrice qu'excellente comédienne.
18
si^ ' xt YSiA^r^W à' N^;^^ •
' « À o^Xf' Ai^'SV^" Pclct. (lifCamfllo Mellinc*t,dans La Mimique n Nnntest,
oi»!- reulircfiiait te vifnre ti^nor Jos^^'pli, acteur plut(Vi q««î ch/mieur, acteur
munie assf'/, mt^uiéré, cependant assez l>on musiciep ot qui jouait VIrato
av<'f mu- '» jiiifonncri"' font italienne. »
; :-/.r ;:
A cette époque, les amateurs Nantais applaudirent aus?i M"' Lemaire^
Cetleartiste remporta un véritable triomphe dans A<?Z)erm daVillaye^Aoui la
vogue, qui durait encore, ne devait pas larder, pô'urtant,à diminuer. Quand
M»" Lerhaire partit, oTi la couvrit de bouquets, de couronnes, dé palmes et
de vers. McUiriet Cite ecux-ci : ' ' • '
Pottr hicn te payer du plaisif .que tu fais.
Il fiiHflritit Apollon lui-même,
Il faudruit des lauriers comrhi: on n'éVi 'oit jàmms.
Le 31 décembre 1811, un arrêté du maire ferma définitivement la salle de
la rue Rubens, reconnue de plus en plus dangereuse. L'ancien théâtre du
Bignon-Lestard devint un atelier de chaudières. Aujourd'hui son eniplace
ment est occupé par une serrurerie.
Un professeur de clarinette, M. Canongia, fil jouer, le 15 février 1812, un
opéra et un acte, Les deux Juliês. Cette œuvre médiocre échoua complè-
tement.
Le 3 décembre ISI'2, Jean de Paris, c]c Boieldieu, fit son apparition à
Nantis. Cet opéra du îfutur auteur de ia /)am5 Blanche n'cui qu'aUtlemi-
succos.
Cette même année, Mi'" Clairville, de l'Académie impériale de musique,
vint chantoi' Didon, Ariane, Alceste, et différents autres chefs-d'œuvre du
vieux répertoire.
Le 20 mars 1813, la salle du Chapeau Rou^e, clôtura par le Désespoir de
Jocrisse, l'Lrato, Jocrisse alix Enfers et Stratonice.
III
LA SALLE DE LA RUE DU MOULIN
L'ancienne chapelle des Cannes. — Pottirr
r.us 1802, lin petit thrdirc s'éleva rue du Moulin, (];mi.s l'aji-
cienne chapelle des Carmes, qui renfermait,, jadis, le tombeau
de I'>an<:ois de Bretafjne, cheM"<cuvre do Michel Columl». Je
n'ai aucun renseignement exact^uf 'les commencements de
fctto sc«'ne d'ordre si^coiidaire. Tout ce que JK sais, c'est qu'une dame Char
les voulut en faire un Ihcàtre d'éducation.. J'ai trouvé dans les archives
municipales la protestation des artistes du Chapeau Rouge, qui ne voyaient
pas, sans appréhension, une entreprise rivale s'établir à Nantes. Voici un
passage de ce factuiu.
» La dame Charles, élève, dit elle dans son prospt'ctus imprimt', un
rhodtfp d'éducation, c'est-à-dire un théâtre d'iMifants des deux sexes, à
(|ui l'on enseignera {gratis /n danac et le culte rjunn doit à l'/'^tre supprèmei ta
musique et le respect pour les purents, le cah'ul rt la déclamation qui fait
passer dans l'âme la joie et la pitié, la pantomime et la tenue des lirres,
l'opéra cominue et le commerce, les aecoirn du citoyen '■' '" ''auderllle
enjolivé par les ballets.
» Dans une telle entreprise, la morale et la politique ne i>-uvent rosier
•^ans intervenir. La morale comlamne cette doultle spt'culation sur l'inno-
nocence d'un grand nombre d'enfants des deux sexes et sur la faiblesse et
l'avarice de leurs parents Ce qui séduit ceux-ci, c'est que la dame Charles
leurdit:» Vous n ara aucun dcbour.-é à /aire pour l'éducation de vos
enfants, au contraire, ils sont payés pour acquérir du talent, leur traitement
augmente à proportion de leur travail, et ils ne sortiront des mains de leurs
iiiaitres c|uecapai)lcs tie prendre l'état qui puisse convenir à leurs parents.
Une pareille école ne peut entrer dans le système de l'instruction publi-
«jue. Qu'est-ce d'ailleurs qu'une école d'enfance, dont la dame Charles dit :
Point de deroirs. tout est plaisir pour eux N'est-ce |xis dire : ce sera une
école de corruption V
» Sans doute la malignité remarcinera qu'il nous convenait moins qu'à
d'autres, di' nous ériger en maîtres de morale.
» Mais n'est-ce donc j>as là le premier but de notre institution, et notre
84 LE THÉÂTRE A NANTES
premier di'voir VS.inicuil no'nons a til pas donné pour devise: Casligai
ridendo mores ? et quand nous honorons notre état par nos mœurs, lie soin
mes nous donc pas ies professeurs de la morale] publique ? .)
J'ignore si cette protestation fut écoutée et si la dame Charles obtint l'au-
torisation qu'elle demandait, mais le théâtrede la rue du Moulin n'en ouvrit
pas moins.
En 1803, il avait pour directeur Ferville, fils de l'ancien directeur du
Grand-Théâtre. Le 3 janvier, les artistes du Chapeau-Rouge revinrent à la
charge et adressèrent une pétition au Préfet pour obtenir le privilège exclu-
sif du théâtre à Nantes.
Le Préfet demanda au Maire son avis. Ce dernier, après avoir donné les
raisons suivantes, concluait au maintien des deux théâtres.
» L'afîluence de spectateurs qu'on y remarque prouve combien le specta-
cle a besoin d'être conservé à Nantes. L'extrême éloignement où il est du
Grand-Théâtre, ne le rend pas nuisible aux intérêts des directeurs de ee der-
nier, car la majeure partie des spectateurs qui se rendent aux Variétés sont
les habitants de l'ancienne ville, qui assurent être dans l'intention de se
passer de spectacle s'il leur fallait aller jusqu'à la rue Rubens J'ai remarqué
souvent, qu'en l'absence de la troupe des Variétés, le nombre des specta-
teurs du Grand Théâtre n'était pas plus fort que lorsque le petit théâtre
était ouvert. J'ai vu encore que les jours de dimanche et de fêtes, ces deux
théâtres ne suffisaient pas, et qu'à chacun des deux on refusait de donner des
billets d'entrée. »
La salle de la rue du Moulin continua donc d'être exploitée par Ferville.
On y jouait surtout la grosse comédie.
Pottier, le futur artiste du Palais-Royal, fit ses premières armes vraiment
sérieuses, à ce théâtre oîi il était le favori du public.
A la fin de l'Empire et au commencement de la Restauration, beaucoup
de concerts se donnèrent dans cette salle. Demouchy, l^"^ violon-solo du
théâtre, élève de Kreutzer, s'y fit entendre plusieurs fois avec succès.
Le fils du directeur, Ferville, qui devait plus tard acquérir une légitime
réputation dans la capitale, remporta, tout jeune encore, de vifs succès à la
salle de la rue du Moulin. Il garda toujours aux Nantais une vive reconnais
sance pour les encouragements qu'ils lui prodiguèrent alors.
La salle de la rue du Moulin existai jusqu'en 1818. Elle fut transformée
alors en un grand magasin d'épicerie. Dure décadence pour un théâtre.
'■'^<'^^'%'WW-9^^^->'^
QUATRIEME PARTIE
le la §(8conslruclion du -llrand- jhéâire à sa ^|leslion par la 'Mille
181 3 - 1857
— — >o:«(p«
Théâtre Graslin. — Théâtre des Variétés.
I
DIRECTIONS : ARNAUD; — BRICE ; — JAUSSERAND
18ia — 1820
La nouvoUo snlle. — M»» Pelft. — Jaubrrt. — Tttbnn. — Don .laan.
Afi'« Georges.— Af'i«« Mars. — Jaussemnd. — J/"" Lnin„rin nt Floriny
Huny. — Boieldieu.
Ai'OLÉON, lors de son séjour à Nantes, avait été frapp<^ do la
tristesse que les ruines du Thé^itrc donnaient au ])lus beau
V^j quartier de la ville.
Le II août 1808, il signa le décret imiiérial suivant :
Article premier. — La salle brûlée en l'an IV sera reconstruite et, à ret
elTet, la ville de Nantes est autorisée à ouvrir un emprunt d'une somme de
400.0()0 francs pour cette reconstruction.
.\rt. 2. — La ville de Nantes e.«ît autoriser ;i tMiuMuiin-r a ia e ais.se
d'amortissements, la somme de 400.0(')0 francs pour reconstruire la salle de
spectacle Notre ministre de l'intérieur mettra cette somme à la disposition
du maire à mesure de l'avancement des travaux.
Art. 3. — Cet emprunt sera remboursé en six années ef l'intérêt qui
courra à compter de l'époque de la délivrance faite par ladite Cais.se en sera
payé à raison de 5 0/0 par an.
Les travaux de restauration ne commencèrent définitivement qu'en 1811.
sous la direction de Crucy. Us furent activement poussée «t. eu 1813, la
H(j LK TirÉATRE A NANTES
iiuii\i-llc ^^;lll<î fut prùdj. Profitant d.' l'.\i..rionce acquise, Crucy détruisit
if d('sagr«'';iljlo t':clio qui exisUiit dans l'ancien Tln-âtre.
La maison Goisncau, qui se trouvait adoss<^e à la salle du cAté de la rue
Uuhens et qui avait été bruire en |m-tie, lors de l'inciindic, fut acquise par
la \'illo. Le Grand-Tliéatro fut ainsi isolé de tous les côté<.
Les premières loges étaient décorées des attributs de la tragédie, les
S3Condes de ceux de la comédie, les troisièmes de ceux de l'opéra, les qua-
trièmes de ceux des variétés et de la danse. Les galeries étaient enricbies
djins leur parcours d'une draperie ornée de franges. Le pUfond représentait
une coupole avec des caissons et des rosaces. Les armes de l'Empereur,
accompagnées de deux génies, étaient peintes au milieu de la corniclie. Le
fond de la salle était vert. Les soffites des loges étaient ornées de moulures
et d'im tour de marbre .blanc. Tous les ornements étaient rehaussés d'or. Le
rideau était bleu et parsemé d'abeilles.
La décoration de la saHe avait été confiée à M. Coste ; elle coùUi
:L8f)l) francs. Ce peintre fit aussi pour 2 1.300 francs de décors ainsi rép;irtis :
le iial'tis, le union brillant, lu cfiamhre de Moindre, la chambre rustir/ue,
la place pnblifjue, la foirt, le jardin, le hameau.
La ville choisit comme directeur, pour une période de cinq années, M. Ar-
naud, premier comique du Chapeau-Rouge; il conserva aussi cet emploi à
Graslin. Le ministre ratifia ce choix, et le préfet comprenant qu'une indem-
nité était indispensable au diTccteur pour mener à bien l'entreprise du
(rrand-Tliéàtre, proposa ù la ville d'allouer de 10 à 15.(X3D francs par an, à
M. Arnaud. Le Con.seil réuni, ne se trouva pas plusieurs fois en nombre
suflisanl jwur délibérer. Cependant, ;'i l'une des réunions, les conseillers
présents déclarèrent •
((. Qu'à raison de l'utilité d'un spectacle à Nantes, la Ville avait fait pour
la reconstruction d(> la .salle un emprunt de40O.O(K> francs, qu'ils pensaient
que cet édifice devait être administré comme tous les biens communaux,
c'est à dire alferiné au plus oifrant et dernier encliérisseur et que ce n'était
(lu'après cette adjudication qu'on pourrait juger s'il était nécessaire de sou-
tenir l'adjudicataire dans son entreprise. >»
Le Conseil municipal ayant été réuni une cinquième fois sans se trouver
en nombre, le Préfet passa outre et ordonna qu'une subvention de 15. CGC» fr.
ser-ait alloiée au directeur. La municipalité ne se montra pas contente de
cette façon d'agir ; force lui fut cependant de courber la tète devant l'admi-
nistration supérieure.
Il m'a été impossible de donner jusqu'ici les tableaux de troupes d'une
fatjon régulière, pour l'excellente i-aison que je ne pouvais, la plupart du temps,
les retrouver. A partir de la réouverture' de (iraslin, j'ai pu les reconstituer
tous.
OUVERTURE DÉt LA 'WÔUVëLLB SALLE
SAISON 1813-1814
ARNAUD, Directeur
VinAt-, ri'niss.-ur. — (Iajon, chef d'orobe^tre.
ui'r;i;A
MM. Joseph, pr»'mi<ire luutt-rontre;
jAL'itEKT. baryton ;
])AHii;.s, iircriiière basse taille:
HuET, baBSf'-laJile ;
EloiI)Evii,i,E.(ieiixii'infhaule-contre;
F. LEsr.oT. dcuxifiiit: haute conlrc
LEr^:vRE, troigièmc ténor ;
SioNoi., trial ;
PouoAOD, laructte ;
Saist-Martin, deuxième basse;
lOchaiiti-urs de clururs.
Mmerf t'Ki.KT, premién- chanlpusc,
HuHOK.ni:, dii^azon;
PiEHuoN, jcuni.' diiga/on;
Demouchy, mère duga/.on :
Lai.aii.i.k, dui'j^ne.
M chanteuses de rhn'ur.
iIlA(iÉI)IK ET COMtlilK
MM. SouvRAY. premier rylo ;
DALJa, ji.'une premier :
Devii.lb, jeune amoureux
Collet, père nobl»- ,
I.ecoLVREUii. tinani-ii-r :
AnNAiD. premier comique:
Aij<it;8TE, premier comique .
I.BVÉrvRE. troisième rftle.
M'iie» lUnBiKRE-MKSiKR. reift«-8;
I.kt>:llikr, premiers rôles ;
l>BvtN, ingénuités ;
Lacaillk, caractères :
Arnaup. soubrettes ;
TossiKH, première amoureuR.-
Un petit ballet d'enfants, sous la directirui de M. Spitâillier.
Voici quels étaient l«»s prix dos places :
l'rem:ère8. loges, tjaleries. parquet et baignoires, :{ francs ; deuxièmes loges, 2 Tranés;
parterre assis, troisièmes loges, 1 fr. 5(); quatrièmes, 1 franc.
Abonnements. — A l'année : Hommes, U'à) francs; Dames, JIO fraRCs. — An mois :
Hommes, 24 francs : Dames, 18 francs.
Le thô/ltre, on le voit, était bon marché en 1813. A cette époque, lu saison
tliédtrale s'ouvrait ordinairement à la fin d'avril et se terminait à la veille des
Rameaiix. T. e spectacle commençait, comme au XVIII' siècle, à six heures.
Le mode de débuts, sous cette direction et sous les suivantes, était des plus
simples : les sifflets ou les applaudissements décidaient de la réussite des
artistes qui deraient subir trois épreiii^ffs.
Le ;{ mai 1813 eut lieu l'inauguration do la nouvelle salle. On joua Alinf
et un prologue : Molière à la nourelle salle. Celte pi«'ce, due à la plume de
M. de la Harpe, avait été écrite pour l'ouvertare de l'Odéon. On l'arrangea
quelque pou ;ifin qu'elle piit servir a Nantes.
Touti' la haute société nantaise s'était donné rendez vous au théâtre. Lrs
loges resplendissaient. Crucy parut dans colle de la Mairie à côté de M. Ber
trand-Geslin. Il fui accueilli par des applaudissements unanimes. Tout le
monde était d'aCcord pour louer la beauté de la salle et du tnonument
restiiuré.
La nôUN-ello campagne s'ouvrit donc sous les meilleurs auspices.
88 LE THÉATKE A NANTES
La foule ne tarda pas à affluer 'i Graslin. Tous les soirs, la salle était
pleine Le public'.était heureux de posséder frifin un Tlir'àtcf dif/n<'dc la villi'.
« C'ritait alors, écrit C. Mellinot da/'s un feuilletuu du lireton, le beau
temps des mélodrames, de CfiarleH le Téni(''raire, des ('orheavu- acitinatenrs.
du Sif;ge du Clocher et autres de la même famille ; pour remplir la sali»-, il
suffisait de mettre sur l'affielie que MM. Signol et Fontaiue-Lescol evi'-.;u-
teraieut di^grands combntuà coupade /<ac/<e (historique). Alors, on ne laissait
pas une seule plaee à prendre, non seulement dans les loj;t's et dans h-s
galeries, mais dans les couloirs, dans les foyers, sous le péristvie, quoique
les places fussent à cinq francs, quand une afficheàdix feuilles énumérait la
quantité de spectacles variés, d'ombres chinoises et de marionnettes qui
composaient la Fèie vénitienne. »
Pendant les premières années de la réouverture de Graslin, le samedi était
le jour sélect.
Parmi les artistes d'alors, on remarquait Lefèvre, dit Marsias, qui faisait
déjà partie de la troupe de Longo en 1788. Il était bien vieux, bien cassé,
mais il conservait encore certains restes de son talent d'autrefois. Il était
devenu un jouet pour ses camarades qui lui faisaient mille plaisanteries. L' n
soir qu'il jouait Thésée à! Ariane, un artiste s'amusa à lui faire flamljer sa
perruque de filasse ; une autre fois, dans la Vestale^ M'" Burgère lui piqua
de longues épingles noires dans ses faux mollets et le pauvre Lefèvre, qui
ne s'était aperçu de rien, entra gravement en scène au milieu des rirea
de tous.
Le 2 septembre 1813, la Vestale fut brillamment reprise. Mi'** Pelet qui,
lors de son arrivée à Nantes, avait débuté par le rôle de Julia, retrouva son
légitime succès. Jaubert, dans Cinna, partagea le triomphe de sa jeune par-
tenaire ; un soir môme, il fut solennellement couronné sur la scène. Les
décors étaient entièrement neufs. On remarqua surtout la vue de Rome.
Tous les changements se firent à vue. Le rideau ne baissa pas une seule
fois pendant l'exécution de l'opéra de Spontini.
La première représentation du Nouveau Seigneur du Village eut lieu
le 21 septembre ISl.'i ; ce charmant ouvrage éprouva une chute à peu près
complète.
Le 5 octobre, la direction donna une représentation pour célébrer la mé-
moire de Grétry. Le spectacle se c'om])Osait de \a Fausse magie, d'Anacréon
chez Polycarpe et d'une apothéose du comp<jsiteur. Le buste de l'auteur de
Richard, placé sur la scène, était entouré de tous les artistes en grand
deuil. A un moment donné, une Renommée descendit des frises et couronna
Grétry.
Le mois d'octobre 1813 réservait aux Nantais une joie longtemps attendue :
celle d'entendre Talma. Le grand tragédien remporta, il est inutile de le
dite, un réritable triomphe. Il joua successivement ,.4 n(/roma<yue, Sémira
TALMA A NANTES 89
mis, Afanlins, Iphi'génin en Tanride, Hamloi, Britannicus, les Temptierê,
où il tint le rôle du grand-niailre qu'il n'avait pas encore joué à F^aris,
Shakespeare amoureux, Nicodéme, Œdipe, Ninus II et Macbeth. Camille
Mellinet, bien jeune alors, mais déjà lancé dans le monde théâtral, eut
l'occasion do parler seul avec Talma et d'avoir une longue conversation
aveclui. Le futur auteur de la Commune et la Milice de Nantes a publié
cette conversation dans une brochure fort intéressante et très rare aujour-
d'hui. On en lira avec intérêt quelques fragments :
« — Il me semble, lui dis je, qu'en scène, l'acteur s'oublie complètement,
pour s'identifier avec le personnage qu'il représente?
» — Cette croyance, répondit Talma, est assez généralement répandue,
mais sans raison. Un acteur ne s'oublie jamais en scène : il y est toujours
comédien; autrement ce serait un fort mauvais comédien s'il gesticulait à
tort et à travers suivant ses inspirations, fiît-il môme dans la position de se
croire fermement le personnage qu'il s'est chargé de reproduire.
» '■ — Mais comment arriver à l'expression de la vérité. >i ce n'est en s'ef-
forçant d'exister de la vie même du personnage ?
» — Assurément, il faut cette vie: mais elle ne s*iniprovi<e pas comme un
ornement dans un morceau de musique; et, encore, j»} vous paraîtrai trop
exclusif, l'improvisation d'une seule phrase d'agrément dans un air est une
faute de la part d'un artiste... Un artistequi tient à son nom. avec l'ambition
de faire école, et nul n'est artiste sans cette ambition, doit être sur de la
moindre expression de sa voix ou de son g.'stc. Quant à cette vie même du
personnage, que vous avez raison d'exiirer dans le connKiien, ce n'est pas
l'improvisation, l'entraînement, où, comme disent certains aristiirques.
l'abandon qui la communique, c'est l'étude.... La plus forte critique d'un
acteur est celle qui proclame son abandon : voilà pourtant le grand éloge
de vos journaux, éloge bien irréfléchi. »
Voici maintenant des détails sur la façon de travailler de Talma :
(( Je relis donc encore, je me pénètre du {personnage et de son entourage.
Ayant ainsi examiné à fond la coniexture de la pièce, je m'elForee d'imposer
silence à mon imagination, afin (|u'elle ne remplace pas la réalité. Alors, si
mon héros est (îrec ou Romain, je me promène dans les musées, j'étudie les
médailles, j'examine les statues, je note celles que je dois plus spécialement
consulter. Mon étude suivante consiste dans les écrivains de l'époque : je
les lis, je les médite, j'y prends mon personnage extérieur dans les actes de
son existence publique, heureux quand quelques précieuses p;iges m'initient
à sa vie privée. Kn ces moments aucune autre pensée ne me peut saisir :
celle de mon personnage m'accompagne et m'occupe p;irlout. Aussitôt que
je crois l'avoir compris avec les éiîrivains, je retourne aux médailles, aux
dessins, aux statuts qui le représentent; j'en calcule, j'en imite les diverses
positions ; en quelque lieu que j'aille, sans y songer, je me pose comme mon
héros ; il est toujours avec moi. J'ai vécu dans une autre vie que la mienne.
Après cela seulement, rap|M^lant a moi toute mou imagination, jxirce que l'é-
tude est désormais assez forte pour l'éclairer si elle s'égiire, j'esj)ère faire revi-
vre sur la scène le personnage lui même avec son costume, sa physionomie, ses
gestes: je dirais presque avec son accent, ou, au moins, avec ses intentions
19
90 LE THEATRE A NANTES
(''Vidantes dans la situation où l'auteur l'a [Ancé : c'est là mon étude préli-
minaire. »
Mftllinet lui ayant demandé quelle était sa pièce de prédilection, le prand
tragédien lui répondit :
« — Nicodème! je le dis sans balancer, Nicodème, œuvre de vraie grandeur
théâtrale, œuvre brillante de vigueur réelle et non de ce gigantesque, de ce
clinquant, de cette enflure qui en tiennent souvent lieu, remarquable par
cette puissante et vive ironie qui donne un earaeU'-rc si remarquable au héros
de Corneille, œuvre d'un tragique sublime et tout entier dans la nature. »
La conversation, à un moment, tomba sur Goethe et ses ouvrages :
« — Oui, Fau.si !... oui, vous avez raison. Quel beau rôle à créer! Mais
pour conserver la grande conception de Gœthe dans toute sa philosophie,
(|uel écrivain français serait assez indépendant pour garder et offrir, sans
nuire à la pièce allemande, ce que notre public et surtout nos auteurs et nos
aristarques y appelleraient puérilités, choses oiseuses, détails niais, etc...
Le dochîur Faust !... A ce nom, Talma s'arrêta un instant en {jortant la
main à son front... Il continua: Faust! oui, ce serait une admirable créa-
tion pour moi... Je n'y ai jamais songé... Que de vérités nouvelles à y dire
à notre public blasé... Pourquoi ne suis-je qu'acteur >" Que je con(;ois bien
Molière, comédien, Molière le plus profond des écrivains dramatiques de
tous les peuples... Peut-être je voudrais Faust plus positif que ne l'a fait
Goethe, moins lancé dans les espaces imaginaires où l'a jeté l'auteur alle-
mand : d'ailleurs, si l'on s'avisait de le laisser ainsi, l'Empereur ferait
tomber l'auteur sous son fatal nom d'idéologue... En définitive, il ne laisse-
rait pas jouer Faust.
— NLiis Egmont t
— Il s'y trouve, en efïet, des scènes délicieuses. Cet amour de grisette si
pur et tout d'abandon, l'amour de cette charmante Claire, si aimante, si
dé\ouée. Et croyez-le bien, ce n'est pas là un caractère idéal : combien de
nos jeunes filles du peuple, séduites, ont la même tendresse pour leurs
séducteurs !... Combien ai-je vu. Monsieur, de dévouements de ce genre
dans notre Révolution... Mais ne songeons pas plus à Eqmont qu'à Ftiust.
L'Empereur ne souffrirait pas les premières scènes d'Epmont, ces conci-
liabules populaires sur la place publique, empreints de trop de vérité
positive... Or, ces scènes, quelle main barbare oserait les mutiler? Que
ferait on d'ailleurs du tableau du songe, de cet appel à la liberté avec le
bonnet phrygien?... Non, non : j'en reviens à mon idée dominante : de nou-
veaux essais au théâtre ne peuvent désormais se tenter que par une nouvelle
génération d'écrivains. La mission de nos auteurs aujourd'hui en vogue a
été de régénérer le goût, de ramener la langue à la pureté du siècle de
Louis Xl\'. ils l'ont remplie, cette mission; ils l'ont remplie peut être avec
trop de scrvilitt', d'imitation, à des exceptions près; mais, après cela, le
maître le voulait ainsi : c'était la volonté de l'Empereur. Les auteurs la
subissent comme le peuple : ils vivent en écrivant sous son inspiration dans
notre belle France, comme le peui>lc va mourir sur la terre étrangère en
criant: Vire L'Empereur !
— Mais, Monsieur, je vous croyais admirateur enthousiaste de l'Empe-
reur... Et n'est ce i)as une mort glorieuse et désirée que celle trouvée ><iir
TALMA A NANTES 01
un champ de victoire, dis-je à Talma avec le ton d'un reproche de jeune
h rren.
— Oui, oui, assurénioiit, répondit froidement Talma, l'Empereur est un
ind homme, et j'en suis l'admirateur sincère.. ..Mais ]«• suis aussi un peu
comm<' tout h- monde, je reconnais la nécessité d'ime halte... Toutefois, avec
jnes affections et votre cntiiou.siasmc déjeune; homme, quoique nous soyons
d'accord sur le personnage principal, c'est un sujet brûlant... »
M"« Levert, de la Comédie-Franc^aise, et Philippe, du Vaudeville, vinrent
en représentations, pendant la saison 1813 1814.
La question de la subvention se posa encore au Conseil au sujet de la
campagne 1814-1815. La municipalité adressa la réclamation suivante à
l'administration supérieure.
« Si le sol et l'édifice de la salle de spectacle appartiennent à la Commune,
comment se fait-il que les revenus lui en aient été enlevés pendant cinq
ans pour en gratifier un directeur'.^ Comment se fait-il que, malgré l'avis du
conseil municipal, ce direct«'ur reçoive de la commune, [vir forme d'indem-
nité, une somme annuelle de l.").(XX) francs.? Comment se fait-il que, privée
de sa propriété et payant à celui qui en dispose l.'i.lXX) fr. par an. la Com-
mune soit assujetie aux réparations de cet édifice, au paiement de la contri-
bution, à l'acquit de 4 )O.tX)0 fr. empruntés pour la reconstruction de la
salle et des intérêts de celte somnuî*.'* Comment se fait-il ijue la Commune
»oit enroro ohligée de dépenser une somme de l.'iD.lKK) fr. pour la construc-
tion de deux salles de hal et de concert dont le directeur doit encore aroir
la Jouissance f/ratuite ï' Tontes les lois sur la propriété ont été violées dans
cette cireonstinee. Jusqu'à présent on a dédaigné de prononcer sur notre
juste réclamation, et le directeur n'en a pas moins touehé son indemnité.
Nf . le maire est chargé de la ren<tuveler à celui des conseils du roi comj)é-
tent pour prononcer l'annulation des actes illégaux. Qui peut douti^r qu'elle
sera accueillie, surtout si l'on fait attention que la classe malheureuse mur-
mure du poids de l'octroi dont ui.e partie du produit est sacrifiée à la fortune
d'un individu et au plaisir de la classe aisée. »
Pourtant, le 29 mai 1814, le Conseil votii au directeur 12.000 francs d'in-
(liMunité, considérant :
(( Que le speetaele est un ohjet (i'utiliie puhli({ne; <(ue >ou> le rap|»ori p.ih-
titjne il serait dangereux de le sus|)rndre, et (|ue les recettes «lu direrf««ur
sont infiniment faihl<>9, mais sans (jnecette allocation puisse êtr- réc
connue étant faite en exécution du traité attaqué, le maire étant < la-
tivement de se ponrvoir, au nom de la Commune, au Conseil d'Eial, pour
faire annuler ledit traité, etc. »
Le ministre ne trouva pas cette somm<- >umi- un.- ii, ddili. .-, ii ^nnn a
!.').( H H) francs.
\ |>art quelques changements, la troupe, pour la .seconde année de la
direction .\rnaud. éuiit la même que celle de la première.
92
LE THÉÂTRE A NANTES
SAISON 1814-1815
ARNAUD. Directeur
VinAî,, régisseur. — Cajon, chef d'orcheslrc.
OPÉRA
M.M. Jo-SEPH, première haute-contre;
(loYON, preniif-re haule-contrc ;
Fo.NTAiNE-I.EScoT, dcuxIème haute-
contre.
jAuiiicnT, Martin ;
HuET, première liasse-taiili' ;
Darius, première basse-taille ;
Lefkvre, rôles de pères :
SiGNQL, trial ;
PouoAUD, laruette :
Lhahkt, troisième basse.
M"'*s LuiiiR-ScHREUTZKR, première chan-
teuse.
BuRdftRE, dugazon ;
PiERsoN, dugazon ;
Lacaili.k. duègne ;
(JoYON, mère dugazon.
COMÉDIK-TRAGÉDIE
MM. SouvRAY. premier rôle ;
Picard, jeune premiej;;
Collet, père noble :
Lecouvreur, financier;
Arnaud, premier comique :
PouoAUD, premier comiiiue ;
Auguste, deuxième comique
Skjnol, deuxième comique ;
Lkkèvre, troisième comique :
BizET, utilités.
M^'s Leteli.ier. premier rôle ;
Devin, jeune j)remière :
Lacaim.k, cai-aclère;
GoYON, mère noble ;
Arnaud, soubrette :
Mayeux, troisième amoureuse.
Le 17 m;ii 1814, on joua au théâtre Graslin, « à l'occasion île la paix
générale » une comédie de Victor Mangin père, intitulée La Bonnr r>oiirpl/>'
de l'heureuse Journée.
Mozart eut les honneurs de cette saison. En effet, ce fut le 14 novembre 1814
que l'immortel Don Juan fit sa première apparition sur la scène nantaiso.
Le croirait-oii, ce cht'f d'œuvre passa presque in;iperçu pour les journaux
du temps ? Le Journal de Nantes se borne à dire que « le luxe des décora-
tions égale celui de la musique. » Les Mt/stères d'Isis, interprétés à la per-
fection par M'"*^^ Pelet et Jaubert, furent jouéb le 2 mars 1815. Cet opéra
était bien monté, lui aussi. Cette année on représenta encore Joconde, de
Nicolo.
En m;irs, notre compatriote Boullant fit jouer un drame intitulé Bèlisaire
Ce fut l'auteur lui-même iiui parhi de s;i pièce dans le Journal de Xantes.
Dans son article, il remercie le public du succès fait à.son œuvre.
Sous la première Restauration, il fallut supprimer les aigles romaines
dans la Veaiale, car elles ne pouvaient plus paraître sans être acclamées.
Le retour de Napoléon fut fêté, le 25 mars 1815, au Grand-Théâtre, d'une
façon toute particulière. Un intermède fut joué entre la Vestale et Lea ïiabi
tantadcii Landes.
« Le foiul de la scène, dit le Journal de Xantes, reprt'sente ime
brilhmte ilhuuin;ition ; des groupes de peuple g;irnissaient les deux
côtés ; à droite de l'acteur, en face de la loge de M. le général, on avait placé
niRRrrioN arnati»
o:{
l'aiglo iinporialo, r^iir les militaire.» du 61' avaient roiiserxé coiunie \omv
jinltadiniii, dans k'ur caséine. Des troupes françaises, avec armes et ba^a^es
cl décorées do branches de lauriers arrivent avec leurs drapeaux et leurs
aigles ; elles sont re<,ues par les lKil)it;ints avec la joie qu'exciie la présence
dcK braves cl celle (le savoir le vaiiif|ucur d'Ansferlitz et d'Icna. rev«^tu de
la pourpre impériale et remonté sur le trône où l'avait appelé la nation et
l'armée. Les spectat<'urs. à l'entrée des aigles ont prolongé leurs applaudis-
sements, parmi lesquels on distinguait de noml)reux «-ris de : « Vive
l'Empereur. »
Pendant cette saison, plusieurs artistes de l'aris vinrent à Nantes. Citons:
M"' Georges, accueillie avec fa\eur dans ^lerope, Phèdre, Iphigrnie en
AuUde, Didon, dahrieUe de Verr/i/, //orare, Jinjaset, Sémiramis, Méder;
Lafond, de la Comédie-Française, applaudi surtout dans le Cid ;
M''" Regnault, de l'Opéra, qui possédait une voix exquise; enfin Lavigne»
qui produisit beaucoup d'effet dans VlD/iir/énie en Tauride de Gliick.
La subvention fut maintenue par VV.IaX au chillre de 15. (KH) francs pour la
troisième année de la direction Arnaud.
SAISON 1815-1816
ARNAUD, Directeur
Vu>AL. régis.seur. — Cajon, chof d'ûrihestn-
OPfiHA
MM. PoNCHAHD, première hanle-conlrf :
Casskl, Martin :
FONTAINK LkSCOT. ilcil\i''iii"> linil..
contre ;
lIuKT, basse-taillc :
Leroux, ba.sse-taille ;
(IiKuLEi.M, lariK'tte ;
AudUSTE, trial ;
LKKfcVRK, pères :
Ric.yuiER. troi.sièmo ba^se.
M""' SaixtJames, «'liantt'use à roulades
RuRt'.KRB, du^'azoïi ;
PiER.soN, dtiitnzon ;
Lacaillk, duègne ;
CiFOLELi.', Iroi-sièmc ciianleuse.
COMÉDIE el THAGÉDIi:
MM. .Sot VRAV, premier plie .
Picard, jfune premier ;
Saint-Fran<-.. père noide :
('iFOLKLLt, linancii-rs :
.\RNAf D, premier c«imi<pie .
Auguste, deuxième comique ,
Chapus, deuxième amoureux
Lefèvre, troi.sième rAIe :
RiOOiKR. utilités.
M-" LoiiK GHAfCs, premier rôle :
1")evi>, jeune première:
('iKOLKLLi. deuxième amoureuse
Lacaii.le, caractère .
Pir.ciM, nière noble ;
AnsAUi», soubrette.
Dans cotte troupe on remarquait Ponchard, qui sortait du Conservatoire,
el qui, dans Joseph, obtint de véritables triomphes.
M'" Saint-James avait paru, jadis, à (iraslin lors de l'ouverture de la pre
mi^re salle. Mlle avait laissé, à Nantes, les meilleurs souvenirs. Quoi qu'elle
eût encore conservé de rares qualités, et notamment une voix d'une éton
nantc étendue, elle éprouva une vive opposition de la piirt d'une certaine
90
IH LE THÉATHE A NANTES
partie du public. On prclendait que cette artiste (Hait a la fin de sa carrière.
Arnaud fut donc obligé de remplacer M"= Saint-James. Ct* fut une jeune
chanteuse, douée d'une voix très fraîche, M"* Marido qui lui succéda.
La jeune prcniif'ire de la troupe de comédie, M"' Devin, possédait un réel
tah'iit. Le Tliéâtrt'- Français m; tarda pas à l'engager (.omme pensionnaire.
M"* Pelet se retira, cette année, du théâtre. Elle se fixa à Nantes comme
|)rofes.seur de chant. « La môme estime qui n'avait cessé de l'entourer au
théâtre, dit Mellinet dans la Mimique à Nantes, l'accompagna dans b-
monde. »
Le 12 août 1815, le duc de Bourbon, de passage à Nantes, assista à une
représentation. Naturellement, on chanta en l'honneur du prince les couplets
obligatoires. Blanchard de la Musse, dont la plume louait, tour à tour.
Napoléon et les Bourbons avec le même enthousiasme, confectionna la
poésie de circonstiincc.
Voici un couplet de cette piètre élucubration.
Air de RICHARD
Et ziij et zog
Kt fric et fi'or
Oui jurons
Foi de Bri'toiit!
D'aimer toi'.iours les Jiouritnus
V.n entendant ces vers, Son Altesse se leva, salua la salle et dit au préfet:
(( Assurez bien les Nantais que nous jurons, foi de Bourbons, d'aimer tou-
jours les Bretons. »
Dans le courant d'avril 1816, Talma revint à Nantes. Il fut accueilli avec
lo même enthousiasme que quatre ans auparavant, Il joua successivement :
Iphigénie, Manlius, RJiadamiste , Gabrielle de Vergij, Coriolan, fes
Templiers, la Mort d'Hector, Hamlet, Britannicns, Polyeucte et Abufar.
Dans le courant de cette saison, à lyie représentation de VAbbé-de-l'Epér,
ce fut un sourd-muet de naissance qui joua le rôle de Théodore. La public
fut très impressionné jiar cette interprétation d'une saisissante vérité.
SAISON 1816-1817
ARNAUD. Directeur
Vidal, rogis-scur. — Dkmouchy. cliof d'orchestre
OPÉRA
.MM. RoRDKs, pieiuiiTo haute-r<inlri' :
MoNR.visiN, haule-conlrp :
\VEXca.«. .Martin :
HuKT. premièro bass<'t.iille ;
LbuoulI:;, deuxii>inf b:>-<s. -i .il
SioNOL, trial;
Auguste, laruette.
luîmes THIBAULT ET FOULQUIER — POTTIER
— xill'î
M'»'' MARS
9.'.
.Mi»'.v KoL'LQUiER, première clianteusc ;
'l'mnAULT, forti^ chaiiteus*-:
PiKhKON. (lu^rnzon ;
MuMUisTN, travi'stia.
13KMOUCHY, jeune aDiourcutic ;
Pk:cini, mèff diiga/.on :
UKHUSSAf., duèglir.
COMÉUIK .t THA<iI-:DIK
X.M. Valmore. premier 1 Ole ;
Picard, jeune jimiiii-r ;
Saint-P'kanv., père noble :
Cauvis, linancier :
Arnaud, premier comique ;
Auguste, deuxième comique ;
SioNOL. deuxième comique ;
(JuAi'US. troisième rôle;
Kiouibr. <leuxièrae père, conlident,
M-'s Chapos, premier rôle ;
Devis, jeune premier»;
.MtiNRAisiN. seconde a mour<fuse ;
Arxald, soubrette ;
Deiiêssa)., ciiraclère ;
PirciMi, mère noble.
Chœur» 18 personnes : n hommes, n femme.<«.
i^f prosjtecdis (k- l;i n.u.soii 1810-17 iikIkhk? (ju u fi;in jx'niiis :iii\ ,tt»jiiné«
(le conduire une parente aux priMuirres avec un billet de secondes. Cette
faveur fut abolie en 1821.
M'''^ Devin, après avoir passé un an aux Français, revint à Graslin. où le
|)ublic la revit avec le plus vif |)laisir.
Les doux premières chaiit^nises, M'»8> Thibault et Foulquier étaitiit
(louées de fort belles voix. En outre M™« Thibault ét;iit très jolie femme, »t
fît tourner bien des têtes.
Pottier, qui avait jadis joué au lliéairc de la rue du Moulin, et qui faisait
ilors les beaux jours du Palais-Roy:il, vint donner des représentations au
• irand-Thédtre. Le premier soir qu'il joua, il chanta le couplet suivant :
Ici (l'un talent faible encor,
Jr fis Vhturetix apprentissage.
Enhardi par votre suffrage
Vers Paris je pris mon essor.
Si chaque jour an tn' encourage.
En applnudissant >iies essais.
C'est d'après votre témoignage.
Et mon honheur est votre ouerage,
i'our vu^riter d'autres succès,
Ches tous je viens Jaire un voyage.
Deraouojiy, premier violon-solo, devait succéder, cette ajiuée, à Cajoo, qui,
pendant de longues années, avait dirigé, avec une rare fermeté, l'orchestre
(lu Grand-Théâtre. Kn juillet 18H). on donna au bénéfice du nouveau <hef
la première rcprôsentiition du liosaif/noL Cette ineptie musicale eut un
^uccès inouï. M"'' Thibault était charmante dans Philis dont elle qarrfnuil-
Inda le r6ic à la perfection.
Les amateurs d'art S('rieux purent se consoler eu ecoutani M''» Mars qui
'[ui vint en août. L'illustie comédienne joua Le Misanthrope. Les Fans.^e.s
onfidences, Tartuffe, Les Jeux de CA mour et du ffanard. Les Deux Frérea.
L'Intrigue épistolaire. Les Trois Sultanes, Madame de Sècigné, La Co-
îm;
LK THKATHE A NaNTKS
qupJtfrorrl;,ro, La .h-um-Hne d'Henri I\\ Calh^rine, Lo PhUo^ophf manr.
Lr /{orhier >h Séoille, Le Secnt du invna;ic, La P'aunne A;,nès, La Partir
de r/w.sse de Henri IV. La .lenno femwe colère, La Gayeure imprécue,
La Comédienne. \.e Mariage de Fifinro. La AUre snppo.Hee, L'Eprmrr
noiirel/e.
M"« Mars suscita lo mérac; cnlhousiasine qur Talma. La ^allf ne désein-
plissaif pas. Apn-s uiw représmlation des Trois Su/ianes, on «hanfa df-
roiiplets on son honneur, tout comme à une Alr<'.... Impériale ou Rovale.
Voici l"iiii (les couplets :
Ah : .sous les traits ih- Rnxi'lune
Qui n'aimerait pas à la voir :
Tes rharnifis, aimable Sultane,
Partout exercent leur pouvoir.
Que dis-je f Même un seul sourire
Tnssun; un rspoir bien doux
Soliman tombe à tes genoux
Et nous partageons son rUlire.
A la fin du spectacle l'orchestre alla donner une Sf'icnadc sous le> fenêtres
de M"- Mars. Le Journal de Nantes publia aussi en son honneur le qua
train suivant :
Comment un nom cher nu courage
T'appartient- il objet charmant ?
("est que Vénus par badinage
A pris le nom de son amant.
M'i» Mars venait à peine de quitter Nantes que Dérivis, l'excellente basse
de l'Opéra, arriva donner une série de représentations. Son plus grand
succès fut Œdipe à Colonne, où, à côté de Im', M"« Thibault se fit vive-
ment applaudir dans Antigone.
M"« Petit, des Français ; Clozel, de l'Odéon ; Honoré, des Variétés,
jouèrent aussi àGraslin pendant la saison 1816-1817.
Le 18 décembre 1816, Arnaud demanda à la Ville la pern.ission de céder
son privilège à un certain ^L de Rauchoup. L'administration refusa. Dans
la même séance, la subvention de 15.000 francs proposée pour la saison
1817-1818 ne fut pas votée.
Arnaud (jui luttait avec courage et habileU- depuis trois ans contre la
mauvaise chance, fit faillite en mars 1817. Les trois premiers mois de l'ou-
verlure de la salle avaient été très brillants; mais, à l'entrée des troupes
étrangères, les recettes avaient baissé considérablement ; les quelques repré-
sentations fructueuses produites par les artistes en représenUitions ne
pouvaient suffire à combler le déficit. La direction coûtait à Arnaud
:{0.:U4 francs, somme à laquelle il fallait ajouter ','2.084 francs de déror>
laivsétf à la Ville et 27. 1".)7 francs d'habillements, d'armes et de musique.
DIRECTION ARNAUD — LA PAH-LITE 97
Arnaud était un honnête lionmif ;on finit par s'en a j)crcevoir, mais, au premier
moment on déversa sur lui un torrent d'injures. Sa conscience se révolta et
il publia la lettre suivante :
« Au public de Nantes.
« Accablé depuis quelques jours sous le poids des calomnies les plus noires,
j'ai eu l'honneur de demandera M. le Préfet, à M. le Maire et a M. le Pro-
cureur du roi, de faire faire Vcnf/urte In plus m-cère sur ma gestion, et j'ai
offert de me constituer prisonnier jusqu'à ce que l'on soit pleinement
convaincu que l'on ne peut m'accuser de malversation ! Ma eonseienee est
pure, je le dis arec assurance, j'ai toujours été honnête homme et n'ai
d'autre tort à me reprocher que celui d'avoir voulu lutter contre les circons-
tances !... Je l'expie bien cruellement! Je supplie le publie de vouloir bien
suspendre tout ju^'ement sur moi jusqu'à ce que les personnes chargées
d'examiner mes comptes puissent attester ma bonne ou ma mauvaise
volonté.
(( Mon épouse et moi sortons de Nantes dépouillés de tout ce que nous
possédions, de tout absolument de ce que nous avions acquis par notre
travail, notre économie et notre conduite irréprochable dans tout pays.
(( Qu'il nous reste au moins l'estime des honnêtes gens et que l'on ne puisse
dire de nous autre chose, sinon qu'i7.s ont été malheureux ! Cette assurance
adoucira notre terrible situation.
« Beaucoup de personnes soulFrent de nos malheurs, c'est là mon désespoir,
mais il n'y a pas de ma faute, je peux l'attester devant Dieu et devant les
hommes.
<( J'ai l'honneur d'être, avec le plus profond respect,
Arnaud. »
Malgré le ton un peu déclamatoire de cette défense, on sent qu'Arnaud
dit la vérité.
Arnaud n'avait rien négligé pour donner au Théâtre le plus d'éclat possible.
Talma, M"" Mars, M"' (ieorges avaient été appelés par lui à Nantes ; toutes
ses troupes offraient d'excellents éléments qu'il savait employer avec beau-
coup d'habileté. C'est certainement l'un des meilleurs directeurs qucGraslin
ait possédés. Si la subvention avait été plus élevée, il aurait pu sûrement
tenir tous ses engagements. Malheureusement, la Ville n'avait pas ouvert
les yeux et ne croyait pas encore à la nécessité de soutenir le directeur.
Les artistes se réunirent en société pour terminer la c^impagne qui n'avait
plus qu'un mois à courir, et la municipalité choisit comme directeur, pour
la saison suivante, un baryton de valeur, Brice, sur. qui Camille Mcllinet
porte le jugement suivant, dans wne lettre inédite, qui m'a été communiquée
par son frère, le vaillant général Mcllinet, avec celte amabilité exquise dont
il avait le secret :
(( M. Bricc pus^ciir. a iiinii .i\ i-, un talent bien rnrc : celui de broder,
d'embellir la musique du compDsileurjSans la déi»alurer; on ue chante pas
21
98
LE THéATRB A NAMTBS
une romance d'une manière plua ravissante, on ne rend pas l'expreaiiou
musicale avec plus d'âme et plus de sentiment. Enfin, on ne fait pas mieui
sentir les productions de nos grands maîtres. »
SAISON 1817-1818
BRIOB, Directeur
Dkmouchv. chef d'orchestre. — Vidal, régisseur.
OPÉRA
MM. I.AriTTE. première haute-conlie.
Brice, Martin.
Pons, deuxième haute-contre.
Mas,son, Philippe et Gavaudan.
Dopuis, première basse-taille.
Lkc.hkvalier, seconde basse-taille.
Floricourt, trial.
Saint-Martin, laruette.
M">'« Thibault, première chanteuse.
BossAND, première dugazon.
Saint-Laurent, première dugazon.
Masson, deuxième chanteuse.
DuROzÊ, jeunes rôles.
Debussac, duègne.
COMÉDIE ET TRAGÉDIK
MM. PoHiER, jeune premier.
•Saint Franc, père noble.
Ruelle, financiers.
Masson, raisonneur, trois, rôle.
PoNS, deuxième amoureux.
Armand, premier comique.
Floricourt, deuxième comique
Saint- Martin, utilité.
M"" CiiAPts, premier r61e.
TioÉ, jeune première.
Masson, deuxième amoureuse.
Thibault, deuxième amoureuse.
Debussac, caractères.
DoRSAN, soubrette.
Le Conseil municipal avait refusé de voter la subvention, mais le ministre,
comme les années précédentes, avait passé outre, et les 15.000 francs ordi-
naires avaient été alloués à Brice.
Cette saison ne fut pas brillante. La troupe était de beaucoup inférieure
à celle d'Arnaud. MM. Pons, deuxième haute-contre, et Armand, premier
comique, étaient régulièrement siffles chaque soir.
Le ténor Jausserand, qui sortait de l'Opéra-Comique. vint donner des
représentations à Nantes en 1817. Son grand triomphe était /o6'e;>/j. il n'était
plus jeune, mais il avait conservé une très belle voix; et il chantait avec-
expression; malheureusement, il avait le défaut de défigurer la musique de^
maîtres pour l'orner à sa fantaisie. On pouvait lui appliquer, dit Mellinet. le
mot de Cimarosa : « Vous venez de chanter votre air, vous plairait-il de
chanter le mien. »
En octobre, Brice abandonna la direction. Les artistes, sous la direction
de Jausserand, continuèrent de jouer.
Le 4 novembre, le duc d'Angoulême, de passage à Nantes, alla au
Théâtre. L'on joua Françoise de Foix et un Hymne à la Paix, composé et
chanté par Jausserand.
A partir de cotte année, les gros mélodrames commencèrent à tomber
en défaveur. Les journaux menaient contre eux une vire campagne. Le
25 novembre, Le Sergent Polonais^ après avoir excité un rire continuel
m'J» lalandk
90
pendant trois actr*^, finit au milieu des sifflets de la salle entière. La
scronde représentation ne put être achevée. Le publi(^ criant qu'il en avaU
assez, on fut obligé de baisser le rideau et de jouer l'opéra du Tonnelier.
Comme nouveauté, on monta Les Rosières, d'Hérold.
A l'Hxpiration de la campagne, Jausserand demanda la direction en son
nom personnel. La ville accueillit favorablement sa demande et il fut nommé
pour deux ans. Le Conseil se résigna à voter une subvention de 15.0<X) fr..
pour la raison « que l'on n'aurait pas plus d'égard au rejet que les années
préocdentes » mais il n'en protesta pas moins contre « cette injustice. »i
SAISON 1818-1819
JAUSSSKAriD, Directeur
HuNT. chef d'orchestre. — Gabriel, régisseur.
OPÉRA ET COMÉDIE
MM. lAusHERàND, première haute-contre,
premier nMe.
VioNBM.elleviou, premier amoureux.
Olivier, clloTiou. deuxième amou-
reux.
Ki.AvioNY, martin.
Mezebay, première ba.sse-taillo. pre-
mier rôle.
Gabriel, deuxième basbe-taillo. pre-
mier comique.
MM. LcKÈvRE, laruetle, financiers.
AsTRi;r:. trial, deuxième comique.
Leroux, basse.
M"" Lalande, première chanteuse.
I-OTii, dugazon.
Emmanuki. , deuxième chanteuse,
jeune première.
Clermont, dugazon.
Decoouebert, premier rôle.
MÉRtNA, duègne, caractères.
" Cette année, dit Camille Mellinet, dans La Musique à Xnntes,
M"" Lalande commençait dans notre ville cette brillante réputation qu'elle
s'est acquise depuis dans la patrie de Rossini, et nous applaudissions la
petite Alexandrmcà ses premiers débuts. Cette Alexandrine, enfant intelli-
gente, connue, depuis, sous le nom de M™* Duprez, n'a pas séparé ses
succès de ceux du célèbre ténor, son mari. »
M"« Lalande avait alors dix huit ans. Sa voix d'un timbre sonore et
agréable, était pleine de douceur et d'éclat; mais, elle aussi, elle dénaturait
la musique par les agréments qu'elle y mettait. Elle était bien faite pour
suivre la carrière italienne où le chant passe avant la pensée du maître.
Pendant l'hiver 1818, les soirs de bals masqués, on installa des .Monta-
gnes Russes dans le fond de la salle. Cette innovation fit courir tout Nantes.
En lévrier, entre une comédie et un opéra, un certain Mahier, « grotesque
aérien », dit l'affiche, faisait des exercices d'agilité. Il sautait par dessus
huit chevaux montés, et franchissait trois tables en faisant le saut périlleux.
En juin, G ranger vint donner des représentations. Il avait fait autrefois
partie de la troupe et avait laissé les meilleurs souvenirs.
100
LE THÉATRK A NANTES
M'i*^ Leverd et Victor, tous deux artistes des Français, parurent aussi à
Graslin.
Les trois principaux faits de cette saison furent les premières représenta-
tions, à Nantes, de La Clochette, d'IIérold, de Walace, de Catel et du Petit
Chaperon Rourje, de Boieldicu. Ce dernier ouvrage fut donné au bénéfice
de M. Jaus.serand c en sa qualité d'acteur ». Le Journal de Nantes fait
observer, avec raison, qu'il ne comprend pas trop la différence qui existe
entre le bénéfice de M. Jausserand acteur et les recettes de M. Jausserand
directeur. Le Petit Chaperon Rouge, avec M''° Lalande et Jausserand,
remporta un succès complet.
*
* *
SAISON 1819-1820
JAUSSERi^ ND, Directeur
HuNY, chef d'orchestre. — (iAKP.iKL, régisseur.
OPÉRA
MM. 1Ieurt.\ux, premier amoureux.
Saint- Paul, tort deuxième.
Deschamps, fort deuxièm^e.
Jaubkhï, martin.
DupoRT, première basse.
Leroux, deuxième basse.
Lefebvre, laruette.
Daleville, trial.
M'"" Floriny , première chanleuse à
roulades.
Juliette, première chanteuse sans
roulades.
Legerot, première duzazon.
Rivière, duègne.
Deschamp.s. soubrette.
DtcoQUEiiERT, deuxième chanleuse.
TR.VGÉDIE ET GO.MÉDIE
MM. lÏEURTAUx premier rôle.
Génies, jeune premier.
Deschamps, deuxième amoureux.
(ÎALUET, premier comique.
Lamarelle, père noble.
Lkcouvreur, financiers.
Leroux, troisième rôle.
Dalville, deuxième comique.
Miljvut, grandes utilités.
M'"" Decoqueisert. premier rôle.
Glermont. fortojeune première.
Legerot, ingénuités.
Rivière, caractères.
Dorsan, première soubrette.
Dbsghamps deuxième soubrette.
Le public Nantais avait vu, avec regret, partir M'i* Lalande, mais il
l'oublia bien vite en entendant M™*' Floriny, que le Journal de Xantes, dans
un article enthousiaste, compare à un rossignol.
Le 24 mais 1819, Jausserand demanda à la Ville de porter la subvention
à 25.000 francs. Cette augmentation de 10.000 francs lui fut refusée.
En juillet 1819, les frères Bolirer, célèbres violonis'c et violoncelliste,
donnèrent à Graslin une série de concerts. Rarement on avait vu à Nantes
un pareil euthousiasme. La salle éfait trop petite pour contenir, à chaque
soirée, la foule des auditeurs.
Le mois de septembre fut sig .aie par la présence de Boieldieu. Le coiiipo-
siteur, voyageant pour son agrément, vint a passer par Nantes. Le directeur
noiKLDIEU A NANTES 101
ne pouvait laisser échapper une occasion semblable il retint donc l'auteur du
Petit Chaperon- Roufje. Boieldieu resta plusieurs jours dans notre ville, et
assista à chaque répétition de ses pièces, donnant d'excellents conseils à tout
le monde. On joua en sa présence Zoraïme et Zalnar. Le public réclama à
f,'rands cris Boieldieu, qui fut traîné sur la scène par ses interprètes au milieu
d'unanimes applaudissements. Jausserand commit, ce 8oir-là, une grosse
inconvenance. Un nommé Chalon, faiseur de tours, servait avec Boieldieu
d'attrait à l'affiche.
Pendant le séjour du futur auteur de la Dame Blanche, on joua La Fête
au village voisin, Le Calife de Bagdad, Ma Tante Aurore, La Jeune
femme colère, Le Petit Chaperon-Rouge. Ce fut, comme on dirait aujourd'hui
un véritable cycle.
Camille Mellinet, dans la Revue du Breton, a publié sur Boieldieu un
fort intéressant article auquel j'emprunte les détails suivants :
« C'était à la répétition de Zoraïme et Zulnar. L'ouverture commence
aveo une énergie inaccoutumée... Boieldieu, l'interrompant presque à son
début, demande la partition, la parcourt avec une sorte d'anxiété, puis, en
souriant et poussant un gros hélas : « Je m'en défiais, ce sont des péchés de
jeunesse; mais, quand on devient vieux, on se corrige. » Et corrigeant sur
la partition, corrigeant sur les cahiers, il va de pupitre en pupitre, changer
quelques notes échappées cà une jeune imprévoyance, à un défaut de science
dont il s'accuse tout haut avec autant de bonhomie que de gaité, et dont il
renouvela plusieurs fois l'aveu dans cette soirée.
» Au deuxième acte, M. Huny, ne pouvant comprendre un passage
d'instrumentation, s'approcha du compositeur avec la partition, et lui dit :
(( Il y a là quatre cors que je n'ai jamais pu faire accorder. — Pour y obvier,
qu'avez-vous fait jusqu'à ce jour? répondit Boieldieu. — J'en ai supprimé
deux. — Faites comme par le passé... » Mais, le rappelant, à demi-voix il
ajouta : « Vous venez de m'embarrasser. — Comment cela? — Lors(jue je
com|)osai mes premiers opéras, il faut vous l'avouer, je savais qu ut, mi, sol
fait un accord parfait, mais j'ignorais complètement que mi, sol, ut en est le
|)remier renversement. Mes premières fautes, vous le concevez, ne sont pas
restées sur mes partitions ; toutefois, je n'ai pu les aller corriger dans chaque
théâtre.... Voilà l'histoire de l'accord impossible des quatre cors de
Zoraïme. »
— « N'est-ce pas après le Calife que vous reçûtes les conseils de Chéru-
bini? demanda Mellinet au compositeur, dans une conversation qu'il eut
avec lui.
— Oui, et je n'en perdrai jamais ni le souvenir, ni la reconnaissance,
d'autant que le Calife |iarut dans une année féconde pour la musique fran-
<;aise, car elle vit naître le Délire, Ariodant les Deux Journées : je n'y
apportai donc pas sans crainte mon faible contingent... Chérubini, me ren-
contrant dans un des couloirs du théâtre, me prit par le collet, et me dit
avec cette francliise assez rude chez lui : (( Maliieureux, n'es-tu |)as honteux
d'avoir de si beaux succès et de faire si j)eu pour les mériter! » Je restai
stujiéfait de l'apostrophe : on le serait à moins ; ma répartie n'arriva pas ;
mais, lorsque Chérubini m'eut quitté, sentant tout ce que ses reproches
avaient de fondé, je ne tardai pas à me rendre auprès de lui [K)UT réclamer
102 LE THÉÂTRE A NANTES
ses conseils. Il fut arrùté qu'il m'enimonerait a la oampagne de Saint-Just.
mon collaborateur en paroles, notamment de celles du Calife, et que là il me
ferait broyer du noir, ce que je fis, en efïet, pendant deux saisons. Après
cela, je sus mon afïaire, mais je cessai d'être heureux ; car vous ne vous
figurerez jamais avec quelle facilité je composais un opéra avant d'en
connaître les difficultés. »
La dernière répétition à laquelle assista Boieldieu, fut celle du Petit
Chaprron-Roupe,
" Le Petit Chaperon rassemble des situations fort scabreuses au théâtre
L'actrice (M"« Légerot) chargée du rôle de Rose d'Amour, n'en marquait lc<
intentions qu'avec une lourdeur, une niaiserie sans naïveté, dont Boieldieu
s'impatientait à chaque instant. 11 alla jusqu'à lui faire répéter mot à mot.
note par note, plusieurs scènes, particulièrement celle où Rose d'Amour ôte
son chaperon en présence du loup. Après plusieurs conseils inutiles, ayant
épuisé toutes les formes du langage pour se faire comprendre, il s'écria en
prenant assez rudement le bras de la pauvre " dugazon » nantaise, que
jusque-là il avait traité avec une politesse de bonne compagnie : « Mais
mademoiselle, résistez donc..., ne voyez-vous pas que Monseigneur (en
montrant Jausscrand)... Moi, je ne sais comment vous exprimer cescboses-la
devant tout le monde... Votre expérience doit me comprendre... F,nfin l'on
veut vous faire violence, et votre rôle est celui d'une jeune fille ingénue...
— Eh bien ! monsieur, répondit M"' Légerot sans se déconcerter, croyez
vous dc»nc que je ne le sais pas... — .le ne dis pas cela, répondit Boieldieu
interdit ; mais alors... alors, mon duo csi.../ichu... Mon cher Huny, oonti
nuons. »
Depuis quelques années, l'orchestre du Théâtre avait à sa tête M. Huny,
excellent musicien, chef d'une autorité habile et reconnue. Boieldieu le
félicita vivement et ses éloges semblent avoir été vraiment sincères.
Boieldieu profita de son séjour à Nantes pour aller visiter Clisson. Sur la
cheminée de VHôtel du Cheoal-Blanc, il écrivit une phrase musicale.
.T'ignore si les propriétaires de l'auberge ont respecté cet autographe original
écrit sur une portée tracée en cercle avec la signature au milieu.
Pendant cette saison, on joua VOfficier enlevé, de Gatel, et Mustapha, de
Mazas, représenté pour la première fois en France. Le célèbre violoniste
Lafond se fit entendre au Grand-Théâtre dans plusieurs concerts.
Jausserand se retira au bout de l'année. Il n'avait fait aucun Wnéfice
mais, du moins, il ne laissait pas de dettes. Le Théâtre, sous sa direction,
était pourtant très suivi. Le nombre des abonnés s'élerait à 3n. Ce chiffre
paraîtrait, sans doute, incroyable à un directeur d'aujourd'hui. A Nantes, en
effet, il n'y a presque plus d'abonnés.
cccx;v<S5^:S^î^^5i^
II
DIRECTIONS : LÉGER. — BOUSIQUES. —
JAUBERT et CLERMONT
1820 — 1829
J/ii" Allan-Punchard. — Af"» Danyvetnont. — Les Noces de Figaro. — SfHrrit
\.v Rarbier de Si-ville. — M. et Mm» Roche. — A/"* Duchesnuis.
A/-» Hichiii-d'MittiK — La Dame Blanche. — Robin-ilt>9-Dois.
Fernand (Portez — Bataillt'au Théâtre. — Hégnier.
A ville se trouvait fort embarrassée pour rembourser à la caisse
iramortissenicnt l'emprunt qu'elle avait fait pour reconstruire
la salle. Les intérêts s'accumulaient et la situation financière
empêchait l'administration de se libérer.
Le 28 avril 1820, le Conseil émit un vœu tendant à faire décharger la
ville de cet emprunt et à laisser au gouvernement la salle en rembourse-
ment de la créance. Le Gouvernement refusa. Dans sa séance du 12 décem-
bre 1820, le Conseil rédigea une adresse au ministre. Après avoir longue-
ment exposé la situation financière de la ville, celte adresse terminait
ainsi :
« Le Gouvernement ferait donc à la fois une chose juste et généreuse, de
faire remise des 400,000 francs et des intérêts en question, a une ville qui,
loin en effet d'avoir profité de cet emprunt, en est devenue plus surchargée
par les conditions onéreuses qu'on lui a imposées en faveur de l'entreprise
théâtrale et qui est dans l'impuissance de s'acquitter jamais d'un capital
aussi énorme. »
L'Etat finit par se laisser loucher et, en 182^}, il accorda à la ville de
Nantes un délai de vingt ans pour le remboursement de la dette ; il lui était
fait remise des intérêts.
La succession de Jausserand fut briguée par le sieur Léger, siuiiiulaui
pompeusement homme de lettres et l'un des fondateurs du théâtre da Vau
deville à Paris. Il était surtout connu conmie chansonnier, L'Adminisira
tien municipale nomma Léger directeur pour sept ans.
104
LR TMKATRE A NANTES
SAISON 1820-1821
LSQSH, Homme de
Martin, dicf dorcheatre.
OPÉRA
MM. Coi.LON. première haute- contre.
IIeurtaux, première liaute-conlre.
CniiouRfi, ilenxième amoureux.
(luATEAuroitT, troisième amoureux.
JAUiiiiRT, marlid.
Laiitigues, première liasse taille.
BKRciiiiiONNKAU . (leuxièmu basse
taille.
Lekebvre, laruettc.
IIervet, trial.
IhijuiKH, basse.
M^'s Fr.oRiNY, chanteuse fi roulades.
Ciioi.ET, chanteuse sans rouladrs.
Lkukkot, du^azon,
KLORCLUAN./leuxiènu' cliantfuse.
CoLLON, duègne.
Lettres, Directeur
— (:aL';i>a, rt'j^isseur.
f;OMÉDIE ET TRAGÉDIE
MM.
Dai.ks, premier rol«.
Fi.oiiEST, jeune premier.
CiiATKAUKORT, truidiéme amoureux.
Lamareillk, père noble.
ARNAti>. financiers.
RiouiER, raisonneur.
l'.iLi.E.s, premier comique.
JIervet, deuxième comique.
M"'s Dorsan, mère noble.
JiiE.N.vA, jeune première.
l>oi;sAX, soubrette.
Goi.LON, caractères.
Lavset. conflilcntes.
«liiATEAUKORT, ingènuiti'S.
Le prix des abonnements était ainsi fixé :
130 francs ; Dames : 90 fr. — Au mois : Hommes : 20 fr.
A l'année : Hommes
Dames : 12 fr.
Loges à l'année : 4 places, 600 francs ; 5 places, 7G0
— 'i places. ôGO francs ; â places 700 ; G places, 800.
G places, 900. — Baignoires,
La première direction de Léger ne fut pas brillante. Ce directeur innova
les billets de famille. Ces billets se délivraient par paqutît de 25. Avec
deux de ces coupons on pouvait aller aux premières. Ils coûtaient l franc.
Les principales nouveautés de cette année furent la Marie Stuart, de
Lebrun, et les Voitures Versées, de Boicldieu. Lavigne, de l'Opéra, .M"' Pe-
tit, Saint-Eugène el Colson, des Français, vinrent en représentations.
Un fait assez curieux eut lieu les 5 et G mai 1820. Le théâtre fut obligé de
faire relâche pour cause d'indisposition des principaux acteurs de l'opéra ol
de kl comédie.
* *
SAISON 1821-1822
LÉGER, Directeur
Pépin, chef d'orchestre. — Gw-cina, régii»seur.
OPÉRA ET COMÉDIE
MM. BoL/uiUEs, première liauto-contro.
Dbu.ssk, première haute-contre.
Colon, riiles annexés.
VoiRRT, deuxième liaute-contre.
Cn.vrEAUFORT, auiouroux.
MM.Lartihues. première basse tnille,
HcniET, deuxième basse taille.
Uec.i.erc, troisième basse taille.
Carrk. troisième ténor,
Lekeiivrk, laruotte,
Dkvili.e, Irial.
DIRECTION LÉGER
lûô
Sèvres, chanteuse à roulades.
•Iaxnard, clinntruse sans ronl.Kles.
Hou/ir.ijKS, diigazon.
Saint Jamks, druiiënie dupnzun.
Colon, jeunes rùles.
CiiATKALKon r, deuxième amoureuse.
( IfJi.ux, duègne.
J)onsAN, souhri'lli-.
DiJH.ArnKr. dcuxii-ini' iIiu'I'h.. .
DANSE
Nt. lîiiExoN maître de ballet.
M-'f CiuTiLi.uN, premi'T'- danseus»
(»ut)ABi>, premier»' danseuse,
C.oRHY, première danseuse
Soi-!30S>, priini<"re danseu.se.
[{avbnot, liemi-caractère.
Petite SoissoN, les amours.
P.'tite l'.AVENOT, les amours.
l'no souscription avait clé faite «cite année-là pour soutenir le Théâtre.
J'ille s'élevait à 18. ()0() francs. Les auditeurs ('•tairtit don» on droit d'exiger
beaucoup.
Les débuts furent assez mouvementés.
Le public manifestait hautement son mécontentement. Souvent il faisait
\ <nir à grands cris Léger sur la sc6ne et l'accueillait par des bordées de
-illlets.
Delisses. M""' St^vres et Jannard, silllés à outrance, furent remplacés
par Gamet et M"»<='* Allan l'onchard et Dangremont. Ces deux cantatrices
vaient une réelle valeur.
M"'' Allan-Ponehard possédait, d après le Journal de Xnnirs, une V'>i\
pleine, étendut\ ne\ibl(\ une méthode correcte, une intonation sûre, un jeu
spirituel et rempli d'intelligence. C'est une des meilleures chanteuses <|ui .se
soient fait applaudir à Nantes.
M'"*' Dangremont, qui sortiit de l'i ipéra, était douce dune lirillante
facilité ; elle pariage^i avec M"^" l'onchard les faveurs du public.
Le fait musical le plus important de cette saison fut la représentation, le
17 janvier 1822, des Nocch de Fiffaro.
Le chef-d'œuvre de Mozart, interprété à la perfection, fut accueilli avec
enthousiasme. M'"" Ponchard chanta tout le rôle tle la comtesse avec une
expression ravissante et un goût exquis. Castil-Blaze qtii avait traduit le
livret pour la se^ne française, en apprenant que M""' Ponchard allait
chanter les Xocen, dit qu'elle en était digne, M"" Dangremont (Suzanne),
Houzigue(Chérubin), MNL Bouzigue (le comte). Carré (Figaro), complétaient
un excellent ensemble.
Iai Maître do ('hapc'.lc [ni aussi représenté cette année (.'> luars 182i).
(irand sticcès pour M""" Ponchard, qui interpréti d'une façon adorable le
rôle de Gertrude.
Le compositeur Auber lit son apparition à la salle Graslin ^ous cette
direction ; on joua de ce compositeur fécond : r.mma. Pendant une trop
longue série d'années les ouvrages du futur directeur du Conservatoire de
Musi(|ue allaient régner en maîtres.
2?
106
LE THEATRE A NANTES
SAISON 1822-1823
LÉGER, Directeur
CHARLE8, réffisHeur.
OPÉRA
MM. Coukin-Floricour, preniii-re liauti-
coiitre.
UousiouE, EUeviou
< 'iiATEAUKORT, deuxièmc haute-contre.
SoLiÉ, Martin.
Lefkbvre, laruette.
X..., première basse taille
CuGNiKR, deuxième ba.s8e taille.
DupRAT, rùles de tenue.
MoNTOASsiN, trial.
M""s Po>;r.nARn, première chanteu.se.
Lécuykh, forte dugazcn.
BousuiUE, dugazon.
MoNTCA.ssiN, dugazon.
(Iarnier, deuxième dugazon.
Danois, duègne.
TRAGÉDIE ET COMÉDIE
MM. Deshordes, premier nMe.
Mathis, jeun»- premier.
Vai.muhe, père noble.
(jiaiu.es, liuancier.
Dui'RAT, troisième nMe.
I Ihateaijkort. deuxième amoureuse
Salpêtre, deuxième comique.
M"" Roy, premier rAie,
Lecuyer, premier rôle
Callact, jeune première.
f 'hatraufort, deuxième amoureuse.
Danois, caractère?.
Chal'dier, mère noble.
DoRSAN, soubrette.
La section dramatique de cette troupe était fort bonne. 11 faut citer De.*;
bordes et M™« Roy, douée de beaucoup de qualités et d'une beauté remar-
quable. (( En regardant M"'« Roy, dit le Journal de Nantes, la critique est
forcée de se taire. »
Quanta l'opéra, à part trois ou quatre artistes, l'ensemble en était déplo-
rable.
Léger était d'ailleurs à bout de ressources ; son incapacité précipita encore
sa chute. Il fit faillite à la fin do 1822. Les artistes se réunirent alors en
société.
En août 1823, Nourrit vint à Nantes. Il y chantii au milieu du plus vif
enthousiasme et d'ovations sans fin : Œdipe à Colonne, La Vestale, Stra-
tonice, Les Prétendus et le Denin du Village
En septembre, M François Benoist, grand prix de Rome, qui tenait a
cett(î époque la place d'organiste à Saint-Pierre, fit jouer un op«va Léonore
et Fclix.
« Le poème, dit Mellinet. olîrait peu d'intérêt dramatique, mai.*: la parti
tinn était délicieuse dans ses détails. »
Le 21 du môme mois, à l'occasion du passagede la duchesse d'Angoulônic
on joua une pièce de MM. Corlieu et Le Romain intitulée : Le Pont d'An-
f/onlcme.
LE BARDIER DE séviLLF
107
Le Théâtre Graslin eut en représentations M™« Colson, des Français ;
Dericourt, Baptiste de l'Opéra Comique, et enfin Gavaudan, le fameux
Gavaudan, qui n'était plus que l'ombre de lui-même.
Vers le milieu d'oclobro, M™'' Poncbard, qui ne faisait pas partie de la
société des artistes, quitta Nantes en renonçant à ses appointements. Le
public qui l'adorait se montra fort blessé de ce départ.
En janvier, les sociétair.^s abandonnèrent la partie et le Théâtre forma ses
porft's, au grand dé>e>poir des abonnés. Il ne ilevait les rouvrir que trois
mois après.
La direction fut alors demandée par Housigues, chanteur de grand mérite,
lie Conseilla lui accorda pour cinq ans. Les 15.0)3 francs de subvention
étaient maintenus par le ministre.
SAISON 1823-1824
BOUSIOXJES , Directeur
Delà NOUE, chef d'Drchfstre.
OI»hH\
MM. I.KHoux, |treiniiTt» haute-contn>:
HocsiouKs. KMoviou ;
I)oRvii,LK, ilruxièmc haule-conli»; ;
Dakius, Martin ;
Lalande. première ba«sf-Uiillc ;
_^ nKni)OUi.KT. flenxit'iiii" liass.' inillo :
I.F.KÈvRK, larufHf ;
Humas, trial ;
FuiiRAcn, troisième basse.
M""»* I)k.lanoi;k, pn-mière ehanteusi' ;
MKur.iF.R. diinaziin ;
IloLSKiUKS, jfUiie (lu^a/itii ;
Lkhoux. tleuxième jeune duga/.on :
liAi'KYHiKRK, première cliantcutfesari.s
roiihidos ;
I)\N(ii9,diiègni' ;
Rey. duègne.
Colson. régisseur.
TRAGÉDIE ETGOMf:DIK
MM. (!oi.soN. premier rôle;
Meucik, jeune pn-niier ;
Donvn.LE, deuxième jeune premier;
l.(:0N. père noble ;
< 'iiARLE.s. financiers ;
Di:PBAT. tri)i.sième rôle ;
DoyEKGUK, premier comique ;
Dumas, deuxième romique.
M-'s Lami, premier r<>le :
«Iallau, jeune première :
Lapeyrikre. deuxième r«>le :
Bou.sii-.uEs. jeune amoureusc ;
Leroux, jeune amoureuse ;
Danols. caraolères:
Hky, mère noble;
DoRSAN. soubrolle.
Cette troupe, sans être bien remarquable, po.ssédait un ensemble hono-
rable.
Le 5 juin IS'Si, le Barbier de Sécille, de Rossini, fut joué pour la pre-
mière fois. M"»" Delanouc interpréta bien le rôle de Rosine.
t. Cette musique spirituelle, comme la prose de Beaumarchais, fut peu
comprise, nous apprend Cannlle Mellinet. On semblait avoir peur de se
compromettre, parce que la nouveauté de.> effets rendait déliant envers le
' omjwsiteur italien. »
108
I.K TIIKATRK A NANTES
La musique ilu Barbier pas comprise! cela nous parait fort aujourd'hui.
Pourtant, rien de plus vrai. Combien d'œuvres qui semblent, maintenant.
d'une <lar(é éclatante ont étô déelaréos, |)iimitiveineiit, .tbsurdes et incom-
préhensibles!
Citons parmi les autres nouveautés principales Le Solitaire, une élu<u-
bration de M. le chevalier do Caraffa, dont le succrs fut dû aux trois déco-
rations nouvelles et notamment au torrent du Mont-Sauvage. • Cet opéra.
dit le Journal de Nantes, fournit de fructueuses recettes grâce au peintre et
a\i niacijiniste. » Quant à la musique, il n'en parle pas et fait bien. Valrrie.
r Ecole des Vieillards, enfin Feildin//, comédie eu un acte et en vers de
notre compatriote Menncchet, furent représentés cette année.
M"" Georges vint jouer Mcrope, Phèdre, Ipfiiffénie, Macbeth, Jiritanni-
rus, Marie Sluart, Médée, Les Macchabées.
M"*» Fay, de l'Opéra, M. et M"o Fay, Vigier, Michelot, Perlct, se firent
aussi applaudir pendant cette saison.
SAISON 1824-1825
BOTJSIGUES, Directeur
Dknanouk, ch<-r (l'orchcslri'. — Cuaiii.es, régisseur.
OPÉRA
MM. BousiGUES. jircmicic liaulf-contrc.
(ioYuN. pn'mièic liauli'-conlrf.
Bahbk. (Ifuxii'iuc hauto-contii'.
Faionkt, Martin.
Delauxav, promiorc hassi-laillf.
Gaui>oxn, deuxicmc bas.sc-taillo.
Djeuhelette , Iroisiomc basse -
taille.
Lkkeuvrk. larui'lli',
Emery, trial.
Valette, grande ulililc.
M"'"s Delanoue, prcmièrt" cliaiilrusr à
roulade.
BoiisKiUEs. preiuièri' cliauleuse sans
roulades.
LoTH. dupazon.
BoijsuiuEs. jeune dugazon.
Fi.KURiET. di'uxiènie jeune dii^iazon.
Danc.is, duègne,
(ioYDN, hetzy.
Huit c'hanteuiti de chœurs.
I)i.\ clianleiisi'S de chfeurs.
Tll.\(;ÉDIE ET COMÉDIK
M^f . Main'viei.le. premier r.>le.
Matis, jeune premier.
Bahré, second amoureux.
Stephani. père noble.
Ito/AX, premier comiqu'-.
Charles, linanciers.
PoM.rN. raisonneur.
Kmery. cleuxième comique.
Lkkkiivre, paysans.
M""->i Lehranh. premier n'de.
Matis. jiuno première.
(JAitRiEU,!;, jeune ppim. i.v
lîOYoN, ingénuité.
FlEURIET. deuxième aiiiijui'
Daxc.is, caractères.
DoRSAN. soubrette.
(îovoN. mère nobli>.
La troupe de luinicdio réunie par Housigucs j>uur lanncc présrntf «mh
remarqu:d)le. Le premier rôle, M. Mainvielle, ét;iit non seulemetit un
artiste excellent mais un homme des plus estimables et des plus estimés. Le
M"* ROCHE — m"* DUCHESNOIS 109
premier comique, M. Rozaii, avait aussi beaucoup de valeur ; depuis
Arnaud, qui avait laissé, dans cel emploi, d'excellents souvenirs, on n'en
ivait pas rencontré de meilleur. N'oublions pas M"« Legrand, qui, 1 année
suivante, devait épouser M. Roche. Elle et .son mari restèrent de longues
limées à Nantes. Cette artiste», l'une des meilleures comédiennes de province
possédait un réel talent et une vive intelligence; les amateurs de notre ville
l'avaient en haute estime. Pendant vingt ans, elle demeura à Nantes, et .son
succès ne se démentit p;is un seul instant.
Le Journal de Nantes écrivit un jour en parlant de M™" Legrand-
Roche :
(« qu'il ne connaissait pas une comédienne. Mars exceptée, avec qui elle
ne pouvait subir une comparaison à son avantage. »
Le 14 octobre 1824, La Gazxa Ladra fut accueillie assez favorablement.
Pourtant le critique du Journal de Nantes écrivit :
« que ses sensations étaient si confuses en .sortant, qu'il renonce à
exprimer son opinion sur cette production tant vantée. »
On joua d'Auber : La Neige, Le Concert à la Cour et Léocadie.
Pendant toute la maladie de Louis XVIII, le théâtre fit relâche par ordre
et, après .sa mort, resta fermé pendant huit jours.
M'"* Duchesnois vint en juillet 1824. Elle jjarut dans Phèdre, Jeanne
d'Arc, Andromaque, Iphigénie, Marie- Stuart , Pierre de Portugal,
Mérope, Hamlet, Abnfar.
Camille Mcllinet a publié sur M"* Duchesnois un article dans la Reçue
du Breton. J'en extrait les lignes suivantes où la célèbre artiste parle d'elle
assez curieusement.
« Je ne me sens pas née pour la scène . . Des pressentiments de terreur
m'y poursuivent. . .J'ai des croyances autres que celles de mes camaradss...
Ils sont incrédules, je suis superstitieuse, je dirais presque dévole. . . Vous
riez, vous aussi vous avez la moquerie qu'on me témoigne au théâtre quand
je parle de ces choses-là : je ne répéterai donc pas ce mot qui m'est échappé ;
mais il n'en est pas moins vrai (jue de vagues inquiétudes m'' : '. . .
Je me surprends parfois en prière comme dans une sort** d . (!•
Sainte-Thérèse. . . La nuit je me réveille en sursaut avec des visiuua. . . Je
reviens sur mon passé, et l'avenir que je rêve n'est plus de cp monde. . .»
Huet, de Feyileiu, (im avait jadis fait parti. • <u- i.i iroupe de Grasiin,
revint donner quelques rcpré.sentations. On le trouva bien vieilli. Enfin
Lavigne, Dabadie, M"* Leverd, complétèrent la série des artistes de pas-
sage.
LE THÉÂTRE A NANTES
nu
SAISON 1825-1826
BOUSiaUES, Directeur
MoniA, cliif (l'orchf.stif. — Rdlamj, régiast-ur.
OI'KI'.A
MM. l' . Bou.sKiir.s. pniniiii' liaul(;- M.M
COIltlT.
(ioYON, |)i'i'mi<.'n' liaiiU'-coiiln-. I
lIippoi.YTK, douxièmi.' hautccontri.'.
Fuic.XKT, Martin.
Baptisti:, (li'iixièmc bassf-tailli-.
Dl'chaumi:. di'uxirmf l)ass('-taillo.
RocRoix, basso-laillc vn tousgi'nres.
Liu'EitvHE, larui'Ui'.
AsTRLc, triai.
lIoijssARD, Iroisiènii' basse.
Mf:RiEL, troisième bassf.
Mmos Lecouvukuh, première chanteuse à
roulades.
P. Bousic.uEs, première chanteuse
sans roulades.
Mutée, dugazon.
(1. BousKiuES, jeune duj^azon.
Kleuriot. deuxième amoureuse.
Louis, duègne.
Paré, deuxième amoureuse.
GoYON, Belsy.
TR.AGÉDIE ET COMÉDir:
Mainvielle, premiiT rôle.
RocuE lils, jeune premier.
HiPPui.YTE, deuxième amoureux.
Bai.k, père noble.
Bkkthaut, premier comique.
Louis, financiers.
Pou.iK, raisonneurs.
RocRoix, financiers.
AsTRUG, deuxième comique.
Lefeuvre, paysans.
M""" Legraxd, premier rôle.
Fauvel-Léûn, jeune première.
d'IIéricourt, ingénue.
G. Bousigues, jeune première.
AsTRUC, soubrette.
Louis, caractères
GoYON, ingénuité.
Fleuriot, deuxième amoureuse .
GoYON.^ère nublc.
Paré, deuxième amoureuse.
Cette année-là Bousigues inaugura un nouveau système : l'exploitation,
concurremment et avec la même troupe, des théâtres de Nantes et d'Angers.
La municipalité lui en avait accordé l'autorisation. Le service des bateaux
à vapeur, qui venait d'être installé, rendait fort commodes les commu-
nications entre les deux villes et permettait de varier, assez souvent, le réper-
toire.
La campagne ouvrit par un prologue en vers qui lut fort applaudi ; je nai
pas retrouvé le nom de son auteur. Bousigues s'avanya sur la scène et
adressa un petit discours au public, l'assurant qu'il ferait tous ses efforts
pour le contenter.
Les troupes d'opéra et de comédie étaient fort homogènes. Outre Bousi-
gues, dont le talent de haute-contre avait beaucoup de partisans nous retrou-
vons dans ce groupe M""-' Delanoue, l'une des favorites du public, l'année
précédente; — elle vint remplacer M™^" Lecouvrenr, — et M"" Richard-Mu-
téo, délicieuse dugazon, qui fut bientôt l'enfant gâtée des spectateurs. C'était
une comédienne aimable, enjouée, toujours en scène; chanteuse agréable,
quoique sans grande niéthodo, elle supploaità ce défaut par un goût naturel.
ROCHE — LA DAMB BLANCHE 111
Dans la comédie, nous remarquons Roche, jeune premier, mari de
M™" Legrand. Sous l'excollente direction de sa femme, il fit de rapides
progrès et no tarda pas à partager avec elle la faveur du public qui l'applaudit
pendant trente-deux ans.
\Ime Ponchard revint à Nantes en scptcmljrc 182."). A .sa première repré-
sentation elle reçut un accueil assez froid. On lui en voulait de la fugue
lu'ellc avait faite au courant d'une des .saisons précédentes, mais son mer-
\(,Mlleux talent no tarda pas à rompre la glace. Elle remporta dans le liarbier
un trioniplie splcndide.
u Avant d'avoir entendu M""^' Ponchard dans ce rôle, dit le Journal de
Nantea, on ne laconnai.ssait pas complètement à Nantes. >•
Le 20 septembre, eut lieu la première représentation de Rohin-dru-bni».
C'est le Frei/srhùts que Castil Blaze avait arrangé sous ce titre, i^e clief-
d'oeuvrede Webcr, mal interprété, n'eut pas, do prime abord, le succès qu'il
obtint ensuite.
Fernand Corioz, au contraire, qu'on représenta le 11 février 18*2(1, conquit
iuimédiatement la faveur du public. L'opéra de Spontini était bien monté.
Ses princijKiux interprètes étaient ^I^L Bousigues Baptiste, Faignet,
M'"^ P. Bousigues.
Le 11 mars 182G est une date célèbre dans les fastes de notre Théâtre. Ce
jour là, en effet, la Dame lilnnche. remarquablement chantée par Bousi-
ii;ues. M""" Bousigues et Uicl'.ard-Mutée, obint l'un dos plus grands succès
qu'on ait encore vus à Nantes. Ceux de Cnndrillnn, de In Vrstale et de
Joseph étaient dépassés.
Une pièce qui attira aussi beaucoup do public, pendant cette saison, fut la
Fille de VF.cilé, mélodrame de Pixérécourt. Un eiïel de neige, une inonda-
tion, enfin un combatau .sabre firent, pendant de longues soirées, les délices
des spectateurs. /oc/ro ou le Singe du Brésil fut, aussi, une des nouveautés.
Artistes en représentation : Ligier, Bernard-Léon, et M"" Dupont.
Bousigues, après un an d'essai, abandonna le système d'exploitation
il'Angers et de Nantes. Les abonnés se plaignaient de ce que le répertoire
so trouvait parfois entravé. Le directeur ayant à s'occuper de deux théâtres
ne pouvait, en ollet. donner au priniipal tous les soins nécessaires.
Le Conseil municipal vota, pour cette campagne, la subvention de 15.(iCK_)fr.
mais en rechignant, comme toujours :
<( Il est inouï, est-il dit dans la dclibi'ration, que la ville soit |)rivee de la
lisposition de sa propriété, obligée d'en al)andonner la jouissance &ins
lier, do payer au gouvernement, chaque année, pendant vingt ans.
112
LE THEATRE A NANTES
29.000 francs, de p.iycr les impôts, l'entretien de la salle, et de donner
encore, malgré ell(!, irj.OOU francs à un directeur, parce qu'il n'a pu soutenir
son entreprise théâtrale, m
SAISON 1826-1827
BOUSIGUES, Directeur
MoiiiA, Chef d'orchestre. — Roland Régisseur.
OPÉRA
MM KoDici-, pninière liauti' contro.
C.HARi.KS, driixii'me haulo-contie
Oi.iviKR, deuxième umoiiroux.
Bazin, haute-contre.
Martin, Martin.
Lartiouks, première basse.
RosANiiEAU, deuxième ba.sse
Maliaro, deuxième basse.
Krnottk, truisième basse.
Lekkuvre, laruette.
AsTRuc. triai.
M""" l'uNciiAiU). [première clianteuse.
Maliahd, i)remière chanteuse.
P. BousKîUES. forte dugazon.
IIerminik, première dugazon.
G. BousiGUES, deuxième dugazon.
Brunet, duègne.
Chœurs : 1.') hommes, 12 femmes.
COMÉDIE
MM. Mainvielle, premier rôle.
Roche, fils, jeune premier.
Charles, deuxième amoureux.
Honoré, deuxième amoureux.
Reichestein, deuxième amoureux.
Flammerion. père noble.
Charles, financiers.
DoLiGNY, premier comique.
AsTRUc, premier comique.
ToiDoczB, troisième rôle.
Lekebvre. paysans.
Roc.ROY, manteaux.
M""' Legrani), premier rùle.
Lf-.oN. mère noble.
Winigues, jeune première.
G BocsiGUEs, ingénuités.
Fleijriet, amoureuse.
AsTRi;c, soubrette.
liRUNET, caractère.
Lejeune, confidente.
Les abonnements furent augmentés et fixés à :
A rannée : Hommes 180 fr. ; Dames 110 fr. — Au mois : Hommes 30 fr. : Dames 20 fr.
Loges h l'année : 1res loges et baignoires à 4 places, 880 fr. ; à 5 places, 1.015 fr. ;
i\ <■> places, l-ioO fr.
En revanche, le nombre des représentations de rabonuement fut porté
de 20 à 21.
M'i" Mars revint dans le courant de juin. Elle joua : Le Misanthrope, Le.<<
Faus.ses Con/idences, Tartuffe, Valérie, L'Ecole des Vieillards, Le Jeu de
r Amour et du Hasard, La L'aille d'Honneur, Edouard en Ecosse, La Prin
cesse des Ursins, Le Philosophe Marié, La Coquette corrigée, L'Intrigue
et l'Amour, La Nièce supposée, Misanthropie et Repentir, La Jeunesse
d'Henri IV, La Comédienne, Le Secret du Ménage, La Jeune Fetnme
colère. Les Trois Sultanes, Le Manteau, Le Mariage de Figaro.
Pour les représentations de M""^ Mars, le prix des places était fixé comme
suit :
Fauteuils et parquets : 5 fr. — Secondes ; îJ fr. — Troisièmes et Parterre : 1 fr. 50. —
Oiiatrièmes : 1 fr. - Loges grillées : 2 fr. 50.
AUGUSTE NOUKBIT
TROUBLES
113
Ligier vint aussi, pondant cette saison, ainsi que M'i* Dachesnois.
Ea fait de nouveautés, on monta la Marie, d'Hérold.
La situation de Bousiguea empirait chaque jour. Ses frais étaient beaucoup
trop considérables. L»; 9 janvier il fut mis en faillite. Après quelques jours
de fermeture, le Théâtre rouvrit ses portes. Les artistes s'étaient, pour la plu-
part, mis en société sous la gérance de Mainvielle, Iloland et Charles. Le
ballet fut congédié comme trop dispendieux. Le Conseil municipal, touché
de la situation précaire des artistes, vota un supplément de subvention de
4.000 francs.
M"" P. Bousigues, dont le charmant talent était très aimé à Nantes, partit
pour Paris où l'appelait un engagement à l'Opéra-Comique.
La baison se termina cabin-calia.
• «
La campagne 1827-1828 s'ouvrit sous la direction de NLM. Jaubert et
Clormonl.
SAISON 1827-1828
JAUBERT et CLERMONT, Directeurs
Dblanoub, chef d'orchestre. — Charles, rô^'iss.-ur.
OPÉRA
MM. Auguste Nourrit, premier ténor.
t=AiNT Anqk. forte deuxième iiaule-
contrc.
Belkurt, deuxième haute-contre.
Payet, Martin.
Dahancourt, première basse-taille .
Dblaunay, première bas3c-ta.ille .
HoNORft, (h'uxièmu basae-ta.iUe.
Lefèvre. larueUc.
AsTRuo, trial.
Mm.. Delanoub. prominrc chanlfosc.
Saint-.^nhc, première chanteuse sans
roulades.
Richard, ilogazon.
Ledet, deuxième dugazon.
Flburiet. troisièm*; amoureuse.
Bbrger Delaunav, m^re dugazon.
CocHÈzE, duèpne.
COMÉDIK ET TRAGÉDIE
MM. Mainvielle. premier nMe.
RoGUE, jeune premier.
Fi.KiRiET, troisième amoureux.
MicuKLAND. père noble.
Charles, flnanci<>rs.
Fastelot, premier comique,
AsTRC":. deuxième CDmique.
ToL'noizB. troisième rôle.
Lkkêtre, paysans.
M— Lr.dRAKP, premier n^le.
Pastei.ot, jeune première.
Fleuriet, deuxième amoureuse.
.\8TRtTr, soubrette.
LACHArsB. mère noble.
Cette année, le nombre des représentations pour les abonnés fut réduit
à 22 par mois.
La troupe d'opéra n'élait pas bien fameuse. Auguste Nourrit, l*' ténor,
i tiiit le frère du céjébre Adolphe. Sans avoir l'inimense talent du créateur
d'Eléazar, de la^utre, il posséilait aussi de belles qualités de chanteur.
Le 2 juillet 1827, la salle Graslin (ut le théâtre d'un véritable combat.
Belfort, qui jouait dans Joseph le réle de Siméon, fut accueilli par les lilflcts
114
LE THÉÂTRE A NANTES
du parterre. Les tçaleries supérieure» applaudirent à outrance. Les sifflets
redoublèrent. Alors les partisans de l'artiste descendirent, envahirent le par-
terre, et se ruèrent sur les siffleuri. De nombreux coups furent échangés et
les assaillants finirent par ôtre repoussés.
(( La police usa de modération et fit bien, dit le Breion, car si l'on avait
employé la force, les esprits étaient tellement surexcités qu'on aurait eu
peut-être à déplorer quelque malheur. »
Nourrit père vint jouer, dans le m(''me mois, Œdipe à Colonne, La Vos-
taie, Camille, Siraionice, Les Prétendus, Richard.
Une jeune fille de 14 ans, M"'- Thuillier, douée d'une voix adorable, sf*
fit entendre dans le grand air du Barbier et dans plusieurs vaudevilles.
Le fameux mélodrame, Trente ans ou la vie d'un joueur, fut joué pour la
première fois le 9 octobre 1827. Le succès fut considérable. Mais à la troi-
sième représentation, le parterre cassa le jugement des troisièmes et des
quatrièmes et l'œuvre de Victor Ducange fut sifflée.
Le 27 novembre, Othello, de Rossini, fut remarquablement chanté par
Auguste Nourrit et M""* Delanoue. Fiorella fut aussi jouée pendant cette
saison.
Les artistes en représentation furent : Armand, Monrose, des Fran(:ais,
Honoré, Lcpeintre, des Variétés.
Sous cette direction, le nombre des entrées gratuites s'élevait à 18.
*
* *
SAISON 1828-1829
JAUBERT et CLERMONT, Directeurs
Delanoue, ehef d'orchestre. — Roland, régisseur.
I
OPÉRA
MM. TiifeopniLE, premier ténor.
Gabbiel. forte deuxième haute -
contre.
Louis, forte deuxième haute-contre,
Welsch, jNIartin.
PoTET, prcmièri' basse-failli'.
(îoNDouiN, deuxième basse-taille.
Welsch fils, troisième basse-taille.
Lefebvre, larucllo.
ASTRUC, trial.
Mmfs Delanoue, première chanteuse.
Saint-Anc.k, chanteuse sans roulades
Descuanel, dugazon.
Dentrëuont, jeune ditgazon.
Fleuriot, troisième dugazon.
C.olson. mère dugazon.
Coghèse, duègne.
COMÉDIE ET TRAGÉDIE
MM. Adrien, premier rôle.
Roche, jeune premier.
Rousseau, deuxième amoureux.
TouDOuzE, père noble. v
^IiCHOT, linanciers.
Régnier, premier comique.
AsTRUc, deuxième comique.
FouavuD, troisième rôle.
Lefebvre, paysans.
Miu" Roche, premier nMe.
Bui-.Y, jeune première.
Fleuriot, deuxième amoureuse.
AsTRuc, soubretlc.
GocuKSE, mère iinblf.
RÉGNIER 115
Dans la troupe de comédie, nous remarquons un nom qui, à celte époque,
n'avait aucune notoriété, mais qui devait devenir célèbre un jour : celui de
Régnier, le futur acteur des Français. Régnier avait alors 20 ans. Il avait à
peine l'habitude de la scène et, souvent, il ne savait que faire de ses bras.
Mais il était doué d'une vive intelligence et, d'instinct, comprenait déjà
romment on crée un rôle. M"'« Legrand- Roche et Mainvielle donnèrent au
jeune Régnier d'excellents conseils ; il fit de rapides progrès et gagna vite
la faveur du public. Il resta trois à Nantes et quitta notre ville pour entrer
;ui Palais-Royal.
Parmi les artistes de la troupe d'opéra, Potct, une basse excellente, et
Welsch, baryton de talent, méritent une mention spéciale. Le ténor Théo-
phile possédait une superbe voix, au timbre éclatant, mais l'art du ohant lui
faisait défaut.
Le 29, à l'occasion du séjour de la duchesse do Berry, on exécuta une
cantate dont la musique était due à M. Mansui.
Dans le courant de juillet, Jaubert se retira et passa la main à Wclich.
Les nouveautés de cette saison furent : Le Comte Onj, MazanicUo et
Guillaume Tell, de Grétry.
M '•' Georges fut revue avec plaisir dans Mérope, la Nouvelle Jeanne
(l'Arc, Sémiramis, les Macchabées, Médèe,
Les artistes suivants vinrent en représentation : Lepeintre, Désiré, Gon-
tier, Lafeuillade, M™" Boulanger, Delaistre.
r
III
DIRECTIONS : WELSCH. — NANTEUIL. — CHARLES.
ROCHE ET DUMONTHIER. — BLOT. — BIZOT.
POURCELT DE BARON. — VALEMBERT.
1829-1836
Nicolo-Isouard. — La Muette. — Anecdotes. — M"' Camoin. — Fra Diavolo. —
Zampa. — Le Pré-aux-Clercs. — Bisot. — Robert-le-DiaUe.
M°" Bamoreau-Cinti. — Marie Dnrval,
ETTE année le Conseil municipal finit par se montrer raison-
nable. Dans un moment de bon sens artistique, il se décida
à inscrire au budget une somme de 30.000 francs pour
l'exploitation théâtrale,
« vu que le budget de l'entreprise théâtrale, mûrement examiné, présente
un déficit d'au moins 15,000 fr. p;ir an, malgré la subvention d'égale som-
me; qu'une fois admis que Nantes ne peut demeurer sans spectacle, et que
si le théâtre était fermé, il en résulterait les inconvénients les plus graves
pour l'ordre public et la tranquillité de cette cité commerçante, on ne peut
refuser à l'entreprise théâtrale les secours nécessaires à son existence. »
Voici le tableau de la troupe réunie par M. Welsch. En face du nom de
chaque artiste se trouve le chiffre de ses appointements mensuels que j'ai
retrouvé.
SAISON 1829-1830
VTKLSCH, Directeur
FouR>fERA, chef d'orchestre. — Briard, régisseur.
OPKRA
MM. RoDEL. premier ténor. LOOO fr.
NicoLO IsouARD, première haute-con-
tre. 450 fr
Gh*pki.le. deuxième haute-contro.
416 fr.
Darhont, Martin. 920 fr.
Lemonnier, première basse. 541 fr.
GoNDOUi.v, ba><8e-taiile. 317 fr.
Palianti, troisième basse, 100 fr.
Lefèvre, laruelte.
.\sTBi'c, triaL
M"" NiooLo-IsouARD, première chanteuse,
2.200 fr.
Bréarp, forte chanteuse. 500 fr.
DK'-.hanel. du;jazon, 300 fr.
Dantremont, jeune dugazon.
Depré, troisième amoureuse.
Castel, duègne.
94
118
LE THÉÂTRE A NANTES
COMÉDIE ET TltACÉDlE
MM. Mainvielle, premier rMo, 500 fr.
ItocHK, jeune rùle, 300 fr.
FfcLix, troisième amoureux, 14ô fr.
TouDoLZK, p/;re noble, 300 fr.
lOYSKNLKUKi'SEh.troisièin»' rôlt! 2iJ0 fr.
C.HARLKS, firiaucifr, 'iM fr.
Hkgnieb, premier comique, 250 fr.
AsTBor:, dciKJ*me comique, 300 fr.
I.KFKVHE, paysan, 250 fr.
Lkorano-Rochb. premier rôle ôOOfr.
BtHY, jeune première, yOO fr.
DANTRfcMONT, deuxième amoureu£e,
250 fr.
iJupHÉ, troisième amoureuse, 200 fr.
AsTBtc, soubrette, 280 fr.
Ca.stel, mère aoble, 225 fr.
Voici maintenant quels étaient les appointements de l'orchestre. J'ai trouré
utile de donner ces chiffres afin qu'on puisse les coiiiparer avec ceux d'au-
jourd'hui.
ORCHESTRE
FouRNERA , premier chef d'orcliestrc ,
208 fr.
BuLTis, deuxième chef d'orchestre, 150 fr.
RiijiAiiD, troisième chef d'orchestre,
Si fr,
Ghis jt'une, premier violon-solo, 161 fr.
Duc.HEMiN, premier violon, 70 fr.
Lefedvre fils, premier violon, 83 fr.
Carilks, premier violon, 50 fr.
Lucas fils, premier violon 60 fr.
Jauberd, deuxième violon, 45 fr.
Manceau, deuxième violon, 41 fr.
Lucas père, ulto, 55 fr.
Melunet, violoncelle-solo, 83 fr.
Testé, violoncelle, 83 fr-
Gnis aîné, violoncelle, 100 fr.
HuART, violoncelle, 100 fr.
André père, contre-basse, 66 fr.
Burdeau, contre-basse, 6C fr.
HuGOT, première clarinette, 100 fr.
Ghduet, di'uxième clarint'ttf, 18 fr.
DussEUiL, premit-'r hautbois, ICO fr.
Lekebvre fils, deuxième hautbois,
Leduon, première basse, 83 fr.
Flanuri, deuxième basse, 45 fr,
Pelliory, première flûte, 90 fr.
Reinghard, deuxième tlùte, 70 fr.
Pelliory aîné, premier cor, 8;3 fr.
ANDRf: fils, deuxième cor, 70 fr.
Pelliory jeune, timbalier, 30 fr.
50 fr.
La haute-contre Nicolas-Isouard était le frère du compositeur de ce nom ;
c'était un charmant chanteur; malheureusement sa femme n'ayant pasréus.
si, il résilia son engagement. Ces deux artistes furent remplacés par Heur-
taux et M"* Lemoule.
Le baryton Darmont fut remplacé par Poignet.
Quelques mots sur W^^ Lemoule. C'était une artiste délicieuse qui avait une
voix ravissante. Elle suscita dans la vieille rengaine des Prétendus un
enthousiasme indescriptible. De plus, elle était d'une complaisance à toute
épreuve ; on ne s'adressait jamais eu vain à elle.
Los journaux et Welsch n'étaient pas très bien ensemble. Maugin vit cou-
perses entrées parce qu'il avait critiqué la direction. Malgré raugment;itiûn
de la subvention. Welsch ne tint pas longtemps. Le 8 juin 1829, il donna sa
démission sous prétexte que son bailleur de fonds ne voulait pas lui fournir
d'argent. Les artistes ic réunirent en société, sous la direction de Main-
vielle.
La Muette de Portici fut montée avec beaucoup de luxe. La première
représentation ont lieu le 17 décembre 1829. Los interprètes étaient Mesda-
ANECDOTE — TAPAGE 119
mes Lemoulp et Dochanel, MM. Rodel, Lemonnier, Chapelle, Heurtaux.
L'ouvrage, qui était donné dans son entier et non pas tronqué comme
il le fut ensuite, plut beaucoup au public.
L'Eruption du VVsare, eut, à elle seule, autant de succès que louio la
musique de M. Aubcr.
On joua aussi pendant cette saison le Siège de Corinthe, le Dilettante
d'Aoiffnon, Paniéla, Marina Faliero et l'Ecole des jeunes f/ens, comédie
en cinq actes de notre concitoyen Anselme Fleury, qui, plus tard, devait
devenir député de l'Empire. Régnier créa un rôle dans cette pièce.
Une aventure assez drôle arriva un soir au chanteur Rodel, qui n'était pas
toujours très bien accueilli des spectateurs. A une représentation de la Ves-
tale, où de nombreux sifileUs à son adresse se faisaient entendre, il quitta
brusquement la scène, monta dans sa loge et se déshabilla. Le commis-
saire de police survint et l'invita à descendre ; mais l'artiste, irrité, refusa
d'obéir et insulta le commissaire. On fut obligé de baisser le rideau. Le
public, fort mécontent, s'en alla. Le commissaire posta des agents a i;i porte
pour arrêter Rodel lorsqu'il sortirait. Averti par l'un de ses camarades, le
chanteur emprunta un costume de femme à une choriste, et, à l'aide
de ce déguisement, il passa bravement sous le nez des représentants de
l'autorité.
Mais le lendemain, le tapage recommença. Le public exigeait que Rodel
vînt sur la scène f:tire des excuses. Le régisseur prévint les spectateurs que
l'iirtisto, n'étant point au théâtre, ne pouvait répondre à cette injonction.
Mais le bruit redoubla et prit des proportions formidables. M"* Lemoule,
qui était en scène, s'évanouit. La gendarmerie arriva, entra sous le péristyle
et fît évacuer la salle.
Rodel était d'ailleurs coutumier du fait. Sifllé une autre fois dans le
Barbier, il quitta la scène en disant au public : « Mesêieura,fai l'honneur
de vous saluer. » Mais cotte fois il revint.
Les frères Bohrer donnèrent encore des représentations à Nantes pendant
cette campagne. Ils remportèrent leur succès habituel.
Sous cette direction on joua, dans la même soirée, la Vestale et
Tancrède.
Celte année-là, on plaça au dessus des colonnes do la façade du Théâtre
les statues repré.sentant les Muses, dues au ciseau de M. Robinol-Ber-
trand.
Aprè,s d'assez longs pourparlers, la direiction du théâtre fut confiée
a M. Nanteuil, se disant homme de lettres, tout comme Léger. Ce
directeur fui ncMjimé pour trois ans ; la subvention ét^iit maintenue à
:U>,000 francs.
120
LE THEATRE A NANTES
SAISON 1830-1831
NANTEUIL, Directeur
Dbi.anoue, chef d'orchestre. — X..., régisseur.
OPÉRA
MM. Théophile, elleviou.
CiiAHEM.E, deuxième haute-contre.
Ai.KBKi), les Philippe et rjavaudan.
Dacosta, Martin.
Delaunay, première basse-taille.
DuMO.NTHiKR, dcuxlème basse-taille.
LftoN, trial.
Lekkvre, laruette.
Palianti, troisième basse.
M"'» Camoin, première chanteuse.
Léon , première chanteuse , sans
roulades.
Madinier, dugazon.
Dkpoix, deuxième duga/on.
MoucHOT, deuxième dugazon.
CoGHEZE, duègne.
COMÉDIE ET TRAGÉDIE
MM. MàiNviELLK, premier rôle.
RooHE, jeune premier.
Isidore, deuxième amoureux.
ToLDOLJZE, raisf^nneure.
Charles, financiers.
Reonier, premier coraiquo.
Léon, deuxième comiqu-'.
Lakkite, deuxième comique.
Mai pas, rôles de convenances.
M"'s Roche, premier rfile.
BuRY. jeune première.
Mouchot, deuxième amoureuse.
VocHEY. première soubrette.
CocHEZE. cai-actéres.
Mouturier, caractères.
Pendant la fermeture, on avait entièrement réparé la salle. Les peintures
avaient été confiées à Philastre et Cambon. Les frais .s'élevèrent à 17,000
francs pour les peintures ; on restaura pour 4,100 francs de décors et le
changement de velours des loges coûta 1,400 francs. On posa dans le vesti-
bule, lesstatues de Molière et de Corneille, de Molchneth. Je découpe dans
Le Breton, la description suivante de la salle nouvellement restaurée :
« L'œil, en entrant, se porte vers les premières galeries ; cette couleur
grise, ces rares parcelles d'or, paraissent d'abord contraster d'une manière
étrange avec le ton biillantdes loges et des secondes galeries ; mais remar-
quez que cette simplicité (^st là vraiment un ell'et de r;irt, un moy^n de faire
ressortir avec éclat l'or qui brille au second plan ; cette simplicité dispariit
pour peu que vous examiniez lesgracieu.xdéuiils jetés sur ce fon^l gris. Ces
cariatides qui portent îles guirlandes de fleurs, ressortant merveilleuscmonî.
elles font relief de mémo ([ue le.> fresques de Michel-Ange et, comme pour
rompre l'uniformité et raccorder d'une manière adroite cette galerie avec
l'ensemble, le peintre a placé de distance en distance des figures grotes
ques pleines d'une expression bizarre, et il a semé au hasard un peu de cet
or prodigué sur le devant des loges.
» Cette partie, reflétée par la lumière du lustre, offre un coup d'œil éblouis
sant. Cette richesse se retrouve aux secondes galeries, placées au centre du
foyi>r de lumière. Sur un fond orange, se détachent des ornements légers do
diverses couleurs, et, au milieu, des plaques d'or entourent des tètes fémi
nines, dont les traiis charmants forment un déli<ieux contraste avec les
figures grotesques des premières. Les nouvelles loges, placées au fond de la
deuxième galerie, sont peintes en rouge foncé. Le devant des troisièmes et
des quatrièmes loges est delà même couleur que les deuxièmes, mais ici
0^" CA.MFIN — FRA DIAVOLO 121
l'or disparait, il n'y a plus d'abord que de l'élégance et ensuite de la sim-
plicité.
)) Nous arrivons au plafond, c'e«t là surtout qu'il faut admirer, car le
peintre a su, à la fois, réunir la rich<vss '■ <'t l'élégmce à la grtice et à la légè-
reté Seize cornparlirni'nis, divisés par de larges ba-juettes et des ornements
d'or, et dont une giniland<i forme la bxse, vont se réunir en se rétrécissant
par degré, pour fain; finir la voûte à une rosace en or qui domine le lustre.
Huit bacchmtes.ressorianl sur un fond plus sombre, semblent tourner autour
du dômn éclatant. Ces figurc> riantes, expressives, ces corps charmanls, et
pour ainsi dire aériens, dont un voile légîr couvre sans les cacher, les for-
mes enchanteresses, ont queUjuo chose de séduisant, et, loin de jeter de la
lourdeur dans la voûte, elles lui donnent de la gràco et de la vie. "U
» Les deux colonnes d'avant scène sont blanches avec de légères canneluco^x^
d'or; le fronton blanc de nn'^miî et ciselé d'or, supporte les armes di' Nintas ;
une bande découpée desctMMl sur h; manteau d'Arle<juin ! ;•
d'améliorations ont été introduites dans la salle : les galeries se j ^-ftl
maintenant jusqu'aux colonnes, cequiest, en effet, beaucoup plus)ag|^^><p ^j,
les nouvelles loges de secondes et l'amphithéâtre des qualrièraos nui a rem-
placé les loges grillées, permettront d'admettre un bien plus grllndf' n'rimtti'é"
de spectateurs. » " • ^1» .I'H.I mi..'|
Mi'« Camoin qui succédait à M"« I^omoule avait fort à faire. Cependant
les admirateurs de cctte'dViWj|^^é''fWCW forcés de sift)i'f"l«'«eliëMàe' «te- la
voix splendide de la noWféHë'\*èW»èh fjJ«iMl>fV.M«| fiioilxniUr.uh i^-.r,,'
Le reste de la troupe d'ôftéf.i 0t;W r^Vf^zimédibcr*»."'* "'• »-• •i'Iuimh f.ii..ii-. )
Les débuts furent défav^3t^bl(5«'ft'^1^î'. 'Dâf^osta; 'Deltîiinai' 'Ot^à . Nfo^dkJ'
mes Léon et Madinier. Ces hrtl9fti*s'ffirtntyoèffplak^s'Çnî MM'^'Chnnwiri'^rG
et fils, — toute la famille Cdttiwirt'aft'^WUVff dlw^lféimlte'à Nantei'j ^;M<î8^«
dames Leroux et Lémery. - tu i:-.l.r. M. •. r-.i-u ,,.••■. | ,-..,..,1 tH«i, | i ,, ,i,,ii
La grande nouveauté de eètt^tfittiâôn'fUf'/'Va^^Mrolte 'fl4J^4^éc«ttte*^le:i0t."■
Succès. Les interprètes de l'opéra cher aux amateurs de rengaines
étaient M'"» Camoin et Lémefy.'wSV. ThKi|)rt'il'J,^biPîn pelle, Léon, Dumon-
thier. Le Hre.tnn trouva que (<4fcltirl>"Ai*i?ti«iavail rcni)o*trtî»-'ptrIoiB/dfk«3u-
rousos inspirations, mais que L'ûJj..reco4maiisaul \\i,Jiii*tiui'. qui surcharge de
broderies et de roulades upi (morceau insignifiant p^MPiiui donner une
couleur. Cette juste appréciation r>^)|,p<^rtc pas de signainrevaiaiis "i'ai i toiil/
lieu de croire qu'elle émane de "NL d.
Boii^ïnéK"^x-mn(ï i^rii' d'é'Rime,
Elle me rappelle une anecdote .que Charles Gounod me raft<wjia^'U^^4pjjr sur
Auber. ^^,.
'tliiKliiriil'i •MantJ (•inliii «Kl .HftMMil«t
« L auteur du Domino Soir avait l'hahi^^e^ .<le faire ses
drôle lie mani»'re. Il portait tniJjKurs dans sa poche un carnet,,......: >.......
neux. Lorsqu'il lui venait une idé.- miisicale. il l'inscrivai^., lyÇ pafpft se
remplissait assez vite, Auber'édrivaHt but ce qui lui passai par la tét(*r Lq.
carnet plein, le musicien allalf 'donner à la porui de l'hAlel de.),^ rue Pigalle,
où demeurait le fabricant d'opféras, breveté S. (i. D. G. Eugèaû ScrjU*. et
lui commandait un livret Le livret fourni, Auber collait Uimufîiqutf .aux
paroles, faisait par ci pir là quelques raccords, et portant .sa, partiii.àjj chez
un diiectour. Puis il achetait un nouveau carnet, et recoa»iu«àii ;^i4 son petit
manège. » .,..,.
132 I.K niKATRE A MANTKS
Etonnez-vous après cela de la valeur de certaines œuvres de cet aimable
S( optique, qui no sut jamais respecter son art.
Le 4 janvier 1901, M. Nanteuil envoya sa démission au maire, démission
motivée p t son impossibilité de continuer la campagne, ses pertes étant
trop considérables. Le Tiiéâtre ferma ses portes pendant quelques jours.
Il rouvrit le 9 janvier avec les artistes en société sous la gérance de Muin-
vielle, dont on avait appris à connaître l'honnêteté et le dévouement.
Pondant cette campagne, on voit que la France est entrée dans une ère
nouvelle. En effet, le thédtre joue librement des pièces telles que Les Victi-
niés Cloîtrées, Le Jésuite, Voltaire chez les Capucins.
'Èf^ mars eut lieu la représentation d'un opéra en un acte, composé exprè-s
pWMfi^tre théâtre : Le Sergent Jirutus, paroles d'Emile Souvestre, musique
dé 'î^^ftftlo. Une cantate des mêmes autenrs, écrite en l'hounTier des Polo-
"%^/ifiHfi%H^°"P ^^ succès.
Ponchard. de l'OpéraComique, vint à Nantes en 1830.
încbuoqoO .tiu;! •■A '"I/^ i. m..,
cC^udaotkl^usîuçi. directeur jae *eç>péfleiitairt,fwmB la campagne 1831-1832.
Les insuccès des directions précédentes déwiWflge&ient îous les prétendants.
Certains membres du Ço^^jeili l.|i»yopp&èi?e»it imtoî« de supprimer l'allocation
tbé&tndt, Aom lerpréîfeïte cm'.ftti«un .directeur nîavait pu se maintenir et que,
sb'i^iijiiia^fidônjlîtilt' Ti«^^ rk4';el«>/sefl H'en icairnt pas plus mal. Le Conseil
n-aoMpte paf$)oettt|)roim»iit(ioA^V.9e/fi<Mïteftta( seulement de réduire lasubven-
tion à à 15.000 francs. Les artistes se décidèrent alors à se mettre en société
sofW;)Hla.<imi*M8t»&ti<îi)i^<le.«ôts,4â^l«Hrft<caiBîarades les plus estimés.
éiOfiicgnoi ob 8-irjf)}r.fn); y.uv, 'loil) i/r'mo'
-lOltMAatebS^!^- itmCïOHtÈ:/ 1 IïTTMOT^TïIIER, .A-dmlnlstrateurs
ob .'.-•Il il)iij?. if^4LÂMè'Crls?;<ih^^ i'èt«c»WlHé.' ^''bHKMK.-is, r.-giaseur.
i)iu; T>ntiob i(9i>flfi)iq tfixiilifp^ii-.ni «nooiofriTR^GÉDIE ET COMÉDIE "
JÎLOT, Philipl»! et Gavaudan.
DunuAH, prcmioro basso chantaiito.
pUMONTHiiiR, iireiuii're l)asse-taillo.,.
9"'^'KvirA'^ft?tftiâi^?.y'ii)asfi mèr'-'^
(îocuÈZE, juTiniorc ductino.
%l^] hociiK, jeune premier.
Il .1/lÎENÉ, deuxième amoureux.
., , Touuou/.K, raisonneurs.
Charles, financiers.
Saint-Franc, père noble.
. : Laut.mann. premier comique.
I ,,, Edouard, deuxième comique.
1 II ' I" .....
.1 DuPRAT, grande utilité.
tMrVriRoGHE, premiers rôles.
ii( Demati, jeune première.
. , . -VociiKY, soubrette.
, I : r^loucHOT, deuxième amoureuse.
viiofi iWouTUHiEH, deuxième caractère.
ZAMPA. — LE PRÉ AUX CLERCS 123
Cette ann<^c fut terne et désastreuse au point de vue financier. Zampa fut
monté assez médiocrement. Les artistes réunis représenitTent aussi Antony,
Les Chouans et VIncendiaire ou la Cure et rArcIieoèchê, drame dont les
allusions politiques firent le succès. L'anniversaire des journées de juillet
fut célébré au Grand-Théâtre par une pièce de circonstance intitulée : Le
30 juillet 1831 ou Renn»:s, Nantes, Angers. Cet à propos suscita un grand
enthousiasme.
Le 16 janvier 1832, à l'occasion de l'annlTersaire de Molière, le Uiéàtrc
représenta une charmante saynète de M. Ludovie Chapplain : Molière à
Nantes qui lut fort applaudie.
• •
Il ne se présenta pas davantage de directeur pour la campagne suivante.
On était alors en plein choléra et les circonstances n'étaient guère encoura-
geantes pour un entrepreneur. Les artistes demeurèrent en société sous la
gérance de M. Blot.
SAISON 1832-1833
BLOT, Directeur-Gérant
Lekkbvre, chef d'orchestre. — Bbemen.s, régisseur.
COMÉDIE ET TRAGÉDIE
OPÉRA
MM. RoDKi-, premier ténor.
Bi.oT. Philippe et (javaudan.
MoLiNiEH, Martin
DuRUEc, première basse-t$ùlle .
La.noê, deuxième haute-contre.
DuMoNTiiiER. deuxième ba^se-taillc.
Rkné, troisiùmo liaute-contre.
Lekèvre, iaruette.
DfccouRTY, Iriiil.
Pai.ianti, Iroisième basse.
M""* Leuuui.e, première chuntuuec
UouoiiKz, première cliantouiie sans
roulades.
JussR, dugazon.
Fervillb, deuxième dugozun.
CocitÈZE, dut'-gne.
MM. RocKE. jeuno i)remior.
Ren&, dcnxiÀme amoureux.
TocDouzE, raisonneurs.
Ciurles, financiers.
SA.rNT-FRA>-c, père noble.
LuxENis, premier comique.
DfecouHTY, denxièjne eotnique.
DupRAT, (grande ntUilé.
M-" Roche, premier rôle.
Dematty, jeune première.
Mfxval, soubrette.
Fer VILLE, deuxième amoureuse.
CocH&zE, caractères.
M^io Lemoule revint à Nantes cette année. Elle fil sa rentrée au milieu de
trépignements d'cnthousia'înic.
La troupe était assez bonne.
Le Pre-aux-Clercs, joué avec succès le 10 février 1833, fut l'occasion
d'un nouveau triomphe pour M'^' Lemoule. Los autres interprètes étaient
MM. Rodol, Blot. Dticourly. M»»* Bouchez.
Le Philtre, les 4 sergents de la Rochelle, Lucrèce Borgia ^^ la concep-
tion la plus extraordinaire qui ait paruo jusqu'ici u, dit le Breton, enfin La
124
LE THÉÂTRE A NAN-TES
Tour de Nesles furent aussi représentés. Dans ces drames, M'* Roche joua
les rôles de Lucrèce et de Marguerite de Bourgogne avec un lalt-nt tout à
fait supérieur. Son mari lui donna parfaitement la réplique.
Le 27 octobre 1832, un petit incident se passa au théâtre. On jouait
Napoléon à Schœnhrilnn. Au moment où l'empereur prononçait ces paroles :
« le duc d'Orléans V ali ! du moins celui-là n'a jamais porté les armes contre
la France I » d'assez nombreux coups de sifflets, sortis des lèvres des parti-
sans de la « royauté légitime », se firent entendre.
La campagne suivante s'ouvrit encore sous la gérance de M. Blot. Mais
tous les artistes ne faisaient pas partie de la société. Les indépendants ne se
montrèrent pas contents de Blot et, finalement, celui-ci fut forcé de démis-
«ionner. M. Léon Bizot fut choisi par ses camarades pour le remplacer. La
subvention avait été maintenue à 15,000 fr., sur le considérant :
« qu'un spectacle est utile dans la ville ; que le bénéfice de l'huile qui y
est consommée produit environ 2.000 fr. à l'octroi ; qu'il produit au Bureau
de bienfaisance une somme d'environ 4.000 fr., et que le personnel de cet
établissement est de 150 individus tenant leur existence du Théâtre. »
SAISON 1833-1834
BIZOT, Directeur-Gérant
Lefebvre, chef d'orchestre. — Bremens, régisseur.
OPÉRA
MM. Bizot, premier ténor.
Blot, Philippe.
Delgourt, Martin.
Despré, deuxième basse-chantanfe.
Saint-Ange, deuxième ténor.
Rey, deuxième basse.
RiGÉ, deuxième haute-contre.
Legey, laruetie.
Décourty, trial.
Gastelli, troisième basse.
M»" Blot, première chanteuse.
Roux, première chanteuse sans rou-
lades.
Pellier, dugazon.
Ferville, deuxième dugazou.
Beroeron, troisième dugazon.
CocHÉzE, duègne.
COMÉDIE ET VAUDEVILLE
MM. Roche, jeune premier.
Toudouze. premier rôle.
Blot. deuxième premier rôle.
Sa.i.\t Franc, père noble.
Saint-Ange, jeune premier.
Lejey, premier comique.
Decourty, deuxième comique.
RiGEY, deuxième amoureux.
M"" Roche, premier rôle.
Saint-Ange, jeune première.
Glairançon, première soubrette
Pellier. Dèjazet.
Ferville, première amoureuse.
Cochkze, caractères.
Ferville, mère noble.
Bergeron, troisième amourea;?e.
Donnons une mention spéciale dans la troupe d'opéra à M. Léon Bizot,
réritable artiste, excellent musicien et chanteur consommé, à M*"' Bizot,
douée d'une voix fraîche, enfin à M"' Roux.
Ld grande nouveauté de cette saison i\x\ Robert-le Diable, (21 nor. J833).
KOBIiRT-LK-UlAULfc;
12;
L'opcru de McytTbeer fut monte avec un soin tout particulier. L'orchestre
(ut sensiblement augmenté. La mise en scène était très bien réglée et les
décors furent déclarés superbes, notamment ceux du cloître et de la calbé-
dnile, — pauvre cathédrale, dans quel état honteux elle est aujourd'liui ! !
lînfin rien ne manquait, dit le lirelon, si et; n'e.^t un t;im-lain au moment
du bris du rameau, liizot était excellent dans Robert; M™"* Houx et Bizot,
MM. Lemonnier et Saiiu-Ange eomplébiicnt un remarquable ensemble. Le
succès de la nouvelle partition lut immense. Pendant 24 représentations la
foule ne cessa d'afllucr au Théâtre, pour venir écouter cette musique qui
nous parait bien vieille aujourd'hui, sauf en deux ou trois parties, et qui
alors ouvrait à l'Art une nouvelle voie.
Les autres pièces principales qui furent montées cette année sont les sui-
vantes : Les enfants d'Kdouard, Tliérësa, Bertrand et Raton, Le pr'ince
d'I'Jdimbourff, do NL Caralfa, Angèle et enfin Marguerite d'Anjou, une
des premières partitions d(< Meyerbeer.
M"'" Pradher, de l'Opéra-Comique, M"* Ponchard et Lepeintre vinrent
en représentations.
« •
La municipalité trouva, enfin, un directeur pour la campagne 1884-1835,
M. Pourcelt de Baron. Cet industriel donnant « les assurances les plus
positives sur la bonne formation d'un excellent opéra, d'un bon vaudeville
et de la couiédie, » le Conseil, sur la proposition du maire, vota une subven-
tion de 20.000 fr.
SAISON 1834-1835
FOURCELT DE BARON, Directeur
FKaKV-KAV, chef d'orchojslre. — X..., rci^isbeur
OPÉRA
ywi. iii/.oT. premier t'nor.
Lk 1'i:tit, dt'uxiomi- lénor.
Xavjf.h, troisH'ino tt-iior.
Ki.KiRY, baryton.
Wai.tkh, iirt'ini<'re l)**s«.
Waknikb. dt^iiiièiiie baHtic.
CiRANiiKH, laïuolte.
Pkbiciion, tiial,
Mra's FKRnY-FAY, première i-hantuu>«'.
Bizot, pn-mièn* ohanteuso.
Klrury, pr»»nii<^r»' «Uii^rzoii.
Hkhvkv, detixioiiie ilitgafon.
I.wvKNOAi., dfuxièiue dugazoïi.
rEHiciioN, Iroisii'ine dugaznn.
CtONTiuEM, duè^no.
COMÉDIE ET DU AME
MM. Lbmonnikr, pruiiiitT r<'>le.
Roche. deuxj«'mi> ndo.
Mkumkk, jeune premier.
Xavikh, deuxième amoureux.
Sai.nt-Frano, pÏTô MOlde.
1'1lHi<:ho.n, deuxièuu* coutiqu«.
Graxc.kk. grim''.
DcpRAT. troisième rùlo.
M"'» IlocHE, premier rùle.
Matis. jeune premier»».
Lovcnda:., H4>ubrwtt«.
Hervcy. Ueuxifuifl aiDoiiroii'te.
PtHiOHON, troisième ainomeiise.
fiuCKKHiUR, premiers rar:u (.res.
BAKMNrt. d«aiiAmei* cHracl«^r*«.
Marijm, troiaivuM aiuottr«UM-
25
12G
LE THÉÂTRE A NANTES
Celtfi diroclioii ne devwii pa.s (iun-r luiigL<.-iiij^>. Lr >ii*ur Pourcclt de Baron
était un vulgaire /a/.s(?/<r qui avait essayé de jeter la poudre aux yeux du
public sans y- réussir. Au mois de juillet, il envoya au maire sa démission,
et les artistes se virent, encore une fois, obligés de se rcnicitre en sociét^i. Ce
syst(''me ne dura pas et le théâtre ferma. L'Administration municipale,
pendant ce temps, demandait à grands cris un directeur. Elle finit par en
trouver un en la personne de M. Valembert, qui, nommé pour trois ans.
réunit la troupe suivante, et ouvrit le théâtre le 12 septembre,
FIN DE LA SAISON 1834-1835
VAJLEMBERT, Directeur
IIuNY. clief d'orchchtro, — JIurïaux, régissiur
opi':r.\
MM. GRANrj-.iEA.N, fori ténor.
Lahruyère. ténor It^ger.
GuÊiiiN. deuxième ti'-nor léger.
PETrr Waltkr, basse nolde.
AVarnieh, ileuxii'me basse nol)le.
Fleury, baryton.
Périchon, Irial.
(Irangkr, laruolte.
Bkr<;krono, troisième l)asse.
M""* Lémery, première chanteuse.
SciiiuwANECK, forte chanteuse.
Fleury. première duga/.on.
l^ÉRii^iioN, deuxième dugazon.
(ioNTHUoR, duègne.
C.OMFDIE IHI-VME
MM. HicjuniR, premier rôle.
Graxh-Jkax, premier rôle.
RocuK, jeune premier.
Mkunibu, deuxième amoureux.
Xavier, Iroisièmf amoureux.
LuxEUiL, premier comiqai>.
PÉRn:itox. deuxième comique,
Saist-Fra.nc. père noble.
IIURTAUX. troisième rôle,
M""s r.ur.ME, premier rôlf.
Wextrei.. coquette.
Mati.s. jcnne première.
Sauiay. pr mière soubrette.
(ioNTHiEH, mèrt' noble.
CocHÈZE, caractère.
A partir de cette année, les anciennes dénominations des emplois furent
supprimées dans les tableaux de troupe et remplacées par les vocables actuels
beaucoup plus logiques.
Cette troupe n'oH'i-iit aucun artiste vraiment remarquable et digne d'être
signalé.
En fait de pièces nouvelles, M, Valembert monta Le Chalet, L'Iiatienne
àAl[/er,Le Âfuletier, Marie Tudor, Catherine Jlotcard.
Artistes en représentations : Damoreau, Lepcintre et Perlet,
* *
Lorsqu'il s'agit de voter la subvention pour la nouvelle campagne, les
discussions recommencèrent de plus belle au Conseil municipal, lùifin.
après de longs débats, une indemnité de 25,000 fr. fut votée sous la con-
dition qu'il y aurait un théâtre de Variétés. Le directeur était libre de ne pas
accepter cette concurrence, mais alors il ne recevrait que 20,(KX) francs,
M. Valembert préféra la seconde subvention.
LESBROS.
M""" DAMOREAU CINTI. — ACCIDENT
127
SAISON 1835-1836
VALiEMBERT, Directeur
lli - , . cli.-f (r.irchoatre. — Iliurvix, p'giss.'ur
OPKIt.V
MM J.Ai'iyiJi:. premier toiior.
CiuÉRiN. deuxième ténor.
Xavikr. troisiômt' ténor.
I'aykn, prt'niit're basso chantante.
(ioNDuLix, «leuxiénu! basse chantante.
Lk.siuios, baryton.
CiiAUiil^'.itY, ténor comique.
(iitANCKR. tcnor j^riine.
Bkhheroxo, troisième liasse.
M'"'8Cai.a(;i.t, piemier sojirano.
MoiNKT, fort .soprano.
('.II \uiiKit Y, premier soprano comique.
Li;maiue, premier soprano dopera
Comique.
Vai.kntink, dcuxiènie soprano.
Fanxy. troisième soprano.
GocHÈZK, duègne.
' COMÉDIE I)RA^!K
\\M. Dkorui.ly, premier rûle.
Hoi'.iiK. j»'une premier.
Xavieh. deuxième amoureux.
THin\Ri). |)reniier c<^imique.
• iHAMnf^iuY. deuxième comique.
C.HMd.Ks, tinanciers.
HuhiAi x. troisième rôle.
Hlrtki., jîrande utilité.
M"'» RocHK. premiiT r<Me.
Fresson, jeune premier n'de.
MoisKT, jeune premier rùle.
Valkx riXK, jeune premier rôle
Saulay, soubrette.
DuRAM», mère noble.
Les fl<M)Uts furent assez longs. Lo iciior l.;ipi<iue, .siillc drs le premier
soir, fui successivement remplacé par M.\I. Teiss«Te, Couturier et finale-
mont par Gellas. Le public, cette année-là d'ailleurs, semblait n'être pas
très bien disposé. M^'^Callault, qui avait pourtant été fort bien accueillie,
n'eut pas le courage de continuer .ses débuts et préféra résilier. Elle fut rem-
placée par M"' Minori'l, qui possédait une voix splendide, mais qui ignorait
à |)eu près complètement l'art du chant. Parmi les autres artistes de cette
troupe, il faut citer Lesbros, baryton, doué d'un superbe organe, et Payen,
<'\cellente basse.
M"»* Damoreau-Cinti vint chanter /?o6fr^ ; elle suscita un enthousiasme
indescriptible. Pendant ses représentations, la foule assiégeait le Théâtre. En
octobre, Marie Dorval fut applaudie à son tour. Klle joua Chatterton,
Anr/r/e, Antoni/, Clntildr, Sept Heures, Jeanne Vnubernier, Angelo,
Trente ans ou la Vie d'un joueur. Mrnst se fit entendre aussi avec un
immense succès. Les autres artistes en représentation furent : Lafond, Lhé-
rie, Henry Monnier, Philippe, M"" Garcia- Vestris, M. et M"»" Allan.
L'Eclair, Chatterton, Antfelo, Lestocq, Le Pirate, Le Serment, paru
rent, cette année là, pour la première fois sur l'affiche.
A l'une des représentations de Robert, données par Lafonil, un accident
qui aurait pu devenir grave arriva au dernier acte. Payen (Bertrara) entraîna
avec lui, dans un mouvement mal combiné, Lafond et M™« Moinet sur la
128
LE THI^IATRE A NANTES
frappe. Celle-ci s'ouvrit brusquoment ; Lafond disparut à moitié ot put se
retenir au plancher ; Paycn tomba sans se faire de mal, M'"- Moinet fut
renversa' la tùte dans lo vide. On accourut au secours des artisti's; la chan-
teuse fut emportée évanouie et la représentation ne put être terminée.
D.iiis le courant d'octobre, M. Valembert donna sa démission pour la
campagne suivaiiU-. .TiKfinVi la fin <)<• li <n.,... .-n /•mu. ji Ht face a ses
0 nj^agements.
fT:}:^^^ ' -^mm
IV
DIRECTIONS : PONCHARD. — ROUX. — LEMONNIER
LAFEUILLADE — PRAT. — LAFFITTE.
ia36i8n
yfTIiUlou — Ileurtaur — Guillaume» Tell — r>>sbro!» — Emeutes — J.a.Iiiiv»'—
/[prnani — Les llu^riienoU — llVrme/«n — Lncie «le Lami-rmonr —
M" PrévQxt-Colon — I,a Favorite — Ilenttani^-
Léon — Ln Fille du Hégiiiient — Noriiia
Ilmn-r — M"' Mnrrjut'Von — IstnQi'l —
Ai'i'C'fnfi"!
^•/^jf H (liiiTicur chois: |»;ir la iiiiitiici|>alité pour la sai^o»» 183<;-1S37,
y^foçfA f>il M. Poncliard, imisicion d'un <«Mtniii int'rite. La subvention
'^À'iS ("îtait (le 2."i.0(X) fr., mais le directeur était forf<^ d'exploiter \o
t=g^'- ^ 'X^3^ théâtre dos Variétés. La troupe réunie offrait un excellent
ensemble. Les dêltuts se passèrent snn< .>n,.,>inl.r.. : ;i i,\ ont pa.s tino ^ou!«»
ehute. Voici la liste des artistes:
SAISON 1836-1837
PONCHARD, Directeur
HUNV. .•l,..f .l\,ivl,. vil-.
\
r. '.Mv ^'-iir.
opi^:ha
MM. r.i7oT, pn-mier tt'iior.
Ci[i:vAi.iKi\, premier U'-nor.
< '.iiKMKi.sER.(leu\itS(iio toii'.tr.
MouvAiiET. trnisii-mi' t<'iior.
Mkubtaix, pn'miî>ro basso-chant.
HRK.rots, prcmiôp' basse.
Ia:siino3, baryton.
Urodki.lk. tèuorrnmique.
tiRAMiKR. li'iior grim»'.
I.AviiCAT. troisième basse.
M"' • Tirii.i.KN, premii-TO sopnmo.
Hi/or, proinit-re aoprino.
Mii.i.Eit. IraTesti»'».
KuK.TON, deuxième soprano.
I .KVY. deuxième «Oprano.
t .uKVALiK.n, deuxième soprano.
Durand, coutralto.
.AM.ET
MM. Acmt.i.K. maître-premier danseur.
Adoi.11!
.M"" Fann\ i . ■• danneu»»'
< .i.<>rii.DK, deuxième danseuse.
Huit fi'Mi r :intis
'MKDIi: DR.VMK
MM. 1
•M- rùle.
'l iint'urs.
Ai.K\is. jeièii.- premier
Pot VKnîT. d.Mixi.'iiif amoup-ux.
III.
rromiiju»".
!'>iu)NnRi., pn»mier romique.
\ At.LF.T. deuxième oomicfur.
Vn.vtolk, troisième riMe.
i:}()
LE TIIKATKK A NANTES
Mines VENZKr.. ipkiiip r mlr.
J'7'.MX, jfiino première
Levy, (loiixif'ini! rôle.
Anaïh, troisirmii ainonnmBe.
Ciii;vALii:n, troisième amourcii-jc
M'"" lîiunuN, «li-uxi.mi- n-le.
MixvAL. soubrette.
Durand, mère noble.
ilof.iik/.K, iiH-Te noble.
J'ai déjà parlé de quclquos-uns des chanteurs ci-dessus. Il faut donner
au.ssi une mention toute spéciale à M"'" Thillon, dont la voi.K était d'uni*
pureté délicieuse ; à M"'» Miller, et enfin à M"" Heurtau.v uik' hassechan-
tante roinarqual)le qui vocalisait avec une charmante facilité.
C'est à la direction Ponchard que l'on doit la mise à la seine de Guii
laume 7e// (8 juillet I8.3G). Les aniateursnantaisdésiraient vivement applau-
dir l'opéra deRossini. 11 fut très favorablement accueilli, mai.s son succès fut
join d'égaler celui de Ii*oherl-/c Diable. Lesbros fut superbe dans Guillaume,
MM. Bizot et Ileurlaux, M™'''* Thillon et Bizot le secondèrent dignement.
Huny avait apporté tous ses soins à l'exécution de cette œuvre, et .sous son
énergique direction, les musiciens firent merveille. Malheureusemept, le
lendemain de la première de Guillaume, M. Huny partait pour Marseille,
où il venait d'étie nommé chef d'orchestre. 11 laissa à Nantes d'unanimes
regrets.
Le Cheval de Bronze fut apssi une des nouveautés de la saison ; le succès
de cette chinoiserie plus ou moins musicale fut immense. Le Postillon de
Lonf/Juniean. (hiatuve III, qui fut splendidement monté, — la musique
étant impuis.sante à soutenir l'œuvre, il fallait trouver un moyen pour attirer
le public, — Le Dieu et la Baijadùre, le Revenant, la Nonne sanglante. Les
Sept enfants de Lara, Kean, Une famille au temps de Luther, furent les
principales pièces jouées sous la première direction Ponchard.
Le violoniste Haillot, M'"'' Pradher, M. et M""^ Allan, Bocage, Lepeintre,
et Ué\ ial, vinrent donner des représentations.
*
■Xi *
l\)nchard conserva la direction l'année suivante. La municipalité rédui-
sit les charges de la direction. L'obligation de jouer aux Variétés ne fut plus
que facultative, et l'opéra ne fut exigé qu'à partir du quatrième mois.
SAISON 1837-1838
FONCHA-KD. Directeur
Thillon, clief dorcbostri'. — Charlks, régisseur.
OPI^îA
M.M. 'l'EHnA, fcrl téiiof.
LEMAinK, ténor lijj;or.
Gu.^^TAvi:, deuxième ténor,
Papui:t, b;irytoii.
MM. I.KMOXNier, première basse.
( Iamkt, deuxième basse.
Pkuhon. ténor comi<iue.
Vallkk, deuxième ténor comii|uc°
Granokr, ténor grimo.
Lkoi'old, troisième bas.se.
KMEUTE — LA JUIVE — HERNANI
] .{ l
M'""* 'J'iiiLLQN. i»rc'iiii<'re soprano.
LEME8I.K, première soprano sérieux.
Knix soprano conii(|uç. •
Lausth, stiprann ci)ini<[iif.
J)LRANi), contralto.
DRAMK it CO.\l£UIi:
M. M. Roche. j<'unf premier.
TocDOi;/.K,premifr nM»'.
Ai.Kxis, jeune premier.
Lacoste, deuxième amoureux.
J^HARLKs. financii-rs.
(iRANOK.n, grime.
lti:.>Ê, premier < .mr.i'i. .
Vali-et. dcOT e.
Lkoi'Old, troiiii- im- ■ .^i.oque.
M»»» Roche, pn'niier rôle.
Félix, jeune première.
Saui.mkr. d*>)<xièm«' amoureuse.
A^•^■ iiourcuse,
Co' I — .
Durand, mère noble.
La troupe de coméilie, cette annëe lu, était, en général, fort mauvai-c
I/opéra était su pport:ible. En .somme la saison fut dos plus médio<res.
Le dimanche 10 décembre 1837, on avait affiché l'Ambassadrice et la
MiirtU; (( avec un nouerait donoucmont . » L'attrait de <o lon^ spectacle
avait attiré beaucoup de monde. Mais quelle ne fut pas la surpii.se de> >pec-
tateucs de voir, à la fin du 4' acte de la Muette, les musiciens plier bagages,
la rampe s'éteindre, et le lustre commencer à baisser. On se demande si
t'est là le nouveau dévouement promis, et les murmures éclatent. Bientôt la
salle est en émoi. Les pri)je<tiles pleuvent de toutes parts; [Xîtits bancs,
chaises, strapontins volent dans l'orchestre et, lancés avec adresse, défoncent
les timbales et les basses ; on brise le lustre du vestibule, on casse aussi les
reverbcresdu péristyle. La police, impuissante à mainteiu'r la foule, fut for-
cée d'aller chercher une brigade de gendarmerie qui mit plus d'une demi-
heure à faire évacuer la salle. Le lendemain l'administration municip;ile
s'émut du méconh'utement général. Le maire fit appeler le directeur, le
tança vertement et le menaça de supprimer la subvention s'il ne faisait pas
ses efforts pour contenter le public.
Le fait le plus important de cette piteuse .saison fut la représent;ition do la
Juicf (7 mars 1H3H). La soirée commença sous les plus mauvais auspices. Le
lever du riileau était annoncé pour G h. 1/4. et l'opéra ne commença qu'après
7 heures au milieu d'un tapage éjwuvan table, NLnis l'attrait ilu s|K'Clacle
calma bient«>t les esprils irrités, Ln yu/re remporta un triomphe complet.
M"* Lemoide qui se trouvait en représentatiQD à Nantes, chanta merveilleu-
sement Kachel. Le cardinal était fort bien représenté par Lemocnier- Les
autres- rôles étaient passablement tenus par MM. Terra, Lemaire, M"" Lo-
meslo.
Ifcrn^ni fut joué cette année. Immense succès pour l'œuvre et les deii.v
principaux interprètes, M. et M'"" Roche. Parmi les autre? nouveautés,
citons: VAmbassafln'rrAe Domino A'o/r qui cxeiui, parait il, un long ennui,
— tout comme aujourd'hui — et la Double Fchelle, la premier" i' ■• ■« <rin!
jeune musicien, bien inconnu alors, du nom d'Arabroise Thoma
M"»» Fay, Bouffé, Ligier, Odry, vinrent en représentations.
13;^
L1-. lllfcATHK A .NANTliS
Uiif iioiivillc duocliou l'uiicliard rtait imposhible. La mairie choit>ii
comme diiecttHir, M. Roux, mari do la crôatrico du rôle d'AIic»' do Ifohfrt .
à Nantes.
La sitln iiiiiuii (iriiiciii.i. h\i-(," a :ir>,0(/(» iruics ; d*.' plus, la viiit* |>i<'n;i)l .1
sa charge le pai<'im'nt do IV-clairage, jusqu'à concurrence de <j.<KX) francs,
celui d'un décor, jusqu'à 1,200 francs et donnait encore une indemnité d<-
200 flancs au directeur, pour clia(|ue décor repeint, jusqu'à concurrence d»-
1,200 francs. Pendant l'été, le vaudeville était seul exigé. Le nouveau dire,
leur profita de cette faculté qui lui était laissée, d'où mécontentement du
public, habitué à avoir une troupe complète toute l'aunnée. Le soir de l'ou-
verture, le tapage dura, sans discontinuer, de sept heures à onze heures. L.-
directeur céda etannon(,a qu'il donnerait une troupe de comédie complète.
Le tapage se calma, mais pour recommencer les jours suivants. On voulait
l'opéra. La mairie ferma le Théâtre pendant (juelque.s jours ; enfin un arran-
gement surveim avec la municipalité, qui augmenta de 4,500 francs la sub-
vention, permit à M. Roux de donner une troupe complète et d'ouvrir défi-
nitivement Grasiin.
SAISON 1838-1839
ROUX. Directeur
Hicni;. chef d'orclieslrc, — l-'ior. n-gisseur.
OPÊI\A
MM. WicRMKLEN. fort ténor.
AlAnuc, d<mxinnic' fort lénor.
.Iocrd'iikuil, ^lartiii.
Pmji.vkrt, première liasse.
^loNTHKtiii., trial.
(JKANOKR, laruelle.
M'"" ÏEssEiRK, chauteuse légère.
Rocx, falcon.
Mî[.i.i:r, (lugazon.
HoNoRiNK, iiiére dugazoïi.
Hkiinard, dnè},'iir.
I.iMN. deuxième chanlriisr.
I3ALLKT
MM. Toussaint, premier danseur.
L\UREN(;oN, deuxième danseur.
M"- UofSKKi.ET, première danseuse.
JjAURt.N^^.v, Jeuxième dunseuse.
r.OMÉDIE
MM. TouDouzE, premier rùle.
HocuK, jeune premier.
(ii;RMAiN, deuxiime jeiiue premier
Mdhkac, i>remi«T amoureux.
«'.irAKLKS, liiianciere.
KiGAUK, deuxièmes rôles.
(iRANciKH. grimes.
Gkrmain. père noble.
Valmont. premier comique.
MoNTRKcn.. deuxième comiipie.
M " liocuiù, premier r<jle.
Hi:aui>oin, jeune première.
Miller, pi-emK'n^ amoureuse.
litLiioNT, jeune amoureuse.
.'^AiiiNE, coquette.
Valmont, soubrette.
<;tuxMAiN, mère noble.
(locHèzE, grime.
Le nouveau directeur montra peu d'activité, et bientùt il se trouva dans
l'impo.ssibilité de faire face à ses eug.igciucnUs. Les artistes se couslituèreot
en Société, mai^ iraidcrenl à leur Il'(c NL Uoux.
1 Af.
Los llinjunn<tts, promis depuis longtemps, furent enfin jouOs le 21 murs
isliî). L'e elief d'œuxTe de M«-yt;rln'er fut représenté avec le !•' tableau
dn .V acte, que l'on coupe aujouri^*liui. Iv t<^nor Wermelen fil un exc«'ll it
Raoul. Dans le duo, il eut dc:; moinenis dignes d'un çrand artiste. M-
Roux chanta bien Valentine. Les autres interprèles étaient M™"" Tesseirc et
Miller; MM. SlAnge et Jourdeuil. Le nouvel opéra remporta un vif suc-
cès, mais les premiers soirs le public, dérouté, resta fort indécis. Camille
Mellinet, un connaisseur pourtant, écrivit le lendemain de la représentation :
Nous sommes sortis «tourdis, sans avoir rien retenu, rien compris. C'est
une sortf^ de fantasmagorie accompagné;' d'un grand bruit qui nous a la;
ennuyés et fatigués. » Cette œuvre, qui parait si claire à présent et <jii -n
lance toujours à la U'^te des partisans de la musique niodi'rne, ne fut pas plu>
luprise, de prime abord, [)ar les spectateurs d'autrefois, qu'une partition
de Wagner ou de Saint-Saëns par les speeLiteurs d'aujourd'hui. Si
nos p<''rcs ne se décourageaient pas. Ils revenaient enlt;ndro el li
par s'enthousiiismer pour l'ouvrage (|ui les avait tant ennuyés lo premier soir.
Ou joua aussi pendant cette campagn<' Manon Ddorme. Hutf-Blany Anne
(If Hott'f/n.
M'i" (îeorgcs vint jouer Marie Tudor, Lucrcce Borgia, Afrropr, la Tour
Xcsle, et Frédéric Lemaitrc se vit acclamer dans Richard Darlinr/ton.
< nhcllo, l'Auhrrf/e «les Adrets, Robert Marair<\ M""" Dorval, Dérivis,
Lhérie, Lepeiiitre el I*hili[)pe furent les autres artistes en rcpréscntiitions.
Deux journaux île théâtre se fondèrent pendant cette saison : Veri-Vert et
la Corbeille. Ce dernier éU.iit fort bien rédigé par V. Maugin. La Mairie
autorisa ces feuilles à se vendre dans la salle sous les conditions suivante^ :
1" Les vendeurs devaient être munis d'une plaque portant le nom du journal ;
Ils ne pouvaient vendre que pendant les entr'actes; 3" Le titre du journal
i>ouvaitseul être crié. Cette autorisation ne t;irda pas à être supprimée. Le
directeur ayant retiré ses eiiT-'-^; • i > r-,. ,•/„.;///> i , \';ii,. interdit la ^ ••'!''■» •}••
tout journal dans le Théâtre.
L'.\dministration s'occupa aus.si, celte année-la, îles entrées dans les cou-
lisses. On sait, qu'à Nantes, la Mairie s'est constamment montrée à ce ■ •
d'une i»égueulerie par trop ridicule. Quelques auteurs sV-tant vu refuser r« i: ■
Il scène, réclamèrent. Le maire écrivit dans plusieurs villes pour connaître
1 "S usages. Lyon, Marseille. Borde.iuv, Lille, répondirent, que chez eux,
l'ireille prohibition n'existait pas. Mais ;\ Nantes, les choses sont encore
lins le même él;it. Cette question des entrées au foyer ou sur la scène n'est
pas encore réglée, et j'ai vu un rédacteur d'un des plus grands journaux
(le Paris, se voir bruLiIement refuser l'accès des < ' -. un soir de
l)reMuère représentalion, alors (|u"il voulait parlera la .ii ami.
Il est nécessaire qu'il y ait une surveillance pour les entrévs, mai>
mt-il/<iu'elle soit faite avec discernement.
134
LU THÉÂTRE A NANTES
M. Lomonnier, une basse qui avait laissé do bons souvenirs à Nantes,
{)! it la direction pour la campagne suivante. Il était associé avec deux de
SOS artistes, MM. Bizot et Oudinot. La Ville nomma M. Leinonnier direc-
teur pour trois ann''''t* et \"t;i. ;\pvo<. <jii<'|<|ii<'< rli/fi<iili<'-; un.- <ii5»v.'ntion de
de 50.000 francs.
SAISON 1839-1840
LEMONNIER, Directeur
Hette, chef d'orchestre. — X..., régisseur.
OPÉRA
MM. Aduien, fort ténor.
BizoT, i)reinier ténor li'sger.
Oudinot. ténor.
Lkqaignkur, deuxirmo ténor.
Nkhkt, troisième ténor.
BiccQUET, bîu ylon.
(ÎAP.BET, deuxième bas.se.
Lemonnier, deuxième basse.
Paris, basse comique.
Briano, deuxième ba.sse.
])ucHATKAU, ténor comique.
M°"« Provost-Golon. première chanteuse.
Bizot, iiremièr»^ chanteuse.
OmviC';, du^azon.
Nerkt, deuxième chanleuse.
Delroux, deuxiomo du<i;azon.
Adrien, troisième dugazon.
Kess, forli' chanteuse.
Saint- Fut M IN, duègne.
DANSE
MM. Laorençon. maître, premier dan-
seur comique.
Pktipas, premier danseur.
DccHATEAU. deuxième danseur.
M"" Ferdinand, première danseuse.
Laurençon, deuxième danseuse.
Ferdinand, deuxième danseuse.
COMÉDIE
MM. Roche, j<'une premier.
TouDouzE, père noble.
(iHoTTE. deuxième amoureux.
Baron, financiers.
Henri, premier comique.
LuiLDET, deuxième comiiiuc.
M"" Roche, premier rôle.
.Mi-„\ARi>, jeune premier.
Martin, deuxième amoureu.se.
Leoaigneur, soubrette.
CocnÈZE, duègne.
OiidiiKit, le jour do l'ouverture, prononça, selon la i-outunie, un speech
aux spectnfi'iirs. I.e sien, foii hieii tourne, fit un excellent elîet sur le
public.
La troupe était bonne. M"^' Prévost-Colon a lai.ssé d'excellents souvenir^
:i Nantes. Malheureusement, le répertoire fut assez restreint. Le fort ténor
connaissait seulement la Juive, GuilUiume et la Muette ç\ il ét.n't forcé d'ap
prendre an fur et ;i mesure clKUiue opéra.
Lucie (il' Lamermaor lit son apparition le '2\ octobre 18^'J. L opéra de
Donizelli fut chanté avec succès par M'"" Prévost-Colon ; MM. .\drien.
Bec(iuel (M L(>gaigneur. Les autres nouveautés principales furent Mademoi-
aelle de- Jielle-Ile et VEan merveilleuse.
M'"" Lebrun, de r(^péra, et les sieurs Millanolo se firent \^ntendre à
Graslin.
LAFECJILLADE — KEltMANN LKON
Viô
Cetti; année-là, pour attirer le monde au Théâtr«r lu direction imagina de
tlonner â (iliaque spectateur, avec son <oupon d'entrée, un billet de tombola.
Les lotij consistaient en fort jolis paravents.
Lcmonnier, je l'ai dit déjà, avait été nommé pour trois années; mais au
bout de sa première campagne il n-nonça à son privilège sous prétexte que
la Mairie refii>.,iit de lui lai^^ver fermer le Tliéi'itre pendant mai. juin et
juillet.
L'Admiiiisiralion fut donc forcée de se mettre en quête d'un directeur.
Elle choisit M. Lafeuillade qui a laissé à Nantes l«'s souvenirs d'un homme
de la plus haut»; honorabilité. La subvention était maintenue à îi<),(X)() fnincs
mais à condition d'avoir pendant onze mois une trouj>e complète en tous les
genres. Cette obligation ét;iit fort dure, aussi M. Lafeuillade ne put-il tenir
<es engagenients qu'au prix <!•'< l'I"^ l.mnlv; s.nrifie.-^.
SAISON 1840-1841
LAJFEUrULAXJE , Directeur
IIassklmans, chif d'tm'heslre. — Bkutin, rr(fi.ss.'ur.
OPiAW
MM. I.AKK.UII.I.ADE, f(»rt tonor.
GKLI.A8. tf^nur lèj," '■
Oldinot, t/>iior.
STf.PHANK, deuxioni'' tt'imi-.
Constant, tnjisième ti'nor.
l)i:nvii.LiKus. Iiarytoii.
IIkiirmanx-Léon, deuxième bassf
LAviLMEn, basso-comique.
I'arib, laniotte.
iiK Planc.k, trojsiènie bassr.
HLAXr.UARn. toimr comiqu»'.
DeciuTKAO. ténor comique
M -8 Ci;si»KLL. première chanti-uiw>.
Saint-(^iiahi.ks. forti- clianteure.
Oi.ivifc. da^nzon.
(jONSTAxe.K. di-uxiùmo tiuiPizon.
Vii.K.u. troisième dii>;&/.on.
Saint-Fiumin. din'>;n<'.
ilKs.>4, mèro dugazon.
D.VNSK
MM.
PtrriTpAs, premii-r danseur.
Tki.i.k (Cotistiinl). deuxième dan-
s»>ur.
Di'cuATKAi', danseur comique.
M-»« F>;hi»isaxi), première danseuse.
P. Kkiu»inaxi>, deuxième danseuse».
COMÉDIK
MM.
Itoc.HK. jeune premier.
Constant. d«*uxi«''m«' amoureux
Toi OUI ZK, deuxième rôl<-.
CiiAHt.Ks, financiers.
Kkhmnano. iȏn' nobit .
IIksri, premier t'oniiquo.
Gni.LET, deuxième comique.
M"'« KocuK, premier rôle.
|)i.i r.<*i X. iii
Nki vii.LK. «ouurette.
Coe.iiàZK, duègne.
11 faut remarquer dans celle troupe le nom d'Herrmann-Léon, une basse
' \relleute, cnioreà l'aurore de sa carrière qu'il devait terminer brillamment
;i rOpéra-Comique. Citons aussi Lafeuillade, ténor de grand mérite.
130
l,K IIIKATRK A NANTES
Il y eut plusieurs chutes dans la troupt;. M"'*Cund(ll échoua ; NP^Bultell
lui succéda, mais cette artiste tombi malade et fut remplacée par
M'"« Diichanipy. MM. Gellas et Dervilliers, cchoucrenteux aussi ; ils eurent
connue successeurs doux bons <lianteurs, MM. Damoreau et Âl^adie.
Le 18 mars 1841, il y eut une grande panique dans la salle. Une violente
explosion de gaz s'était produite «lan^ !<' ma'/i-ifi '!•• ■■..<tiiriii<. Il ii'v iMit
aucun accidenta déplorer.
La Favorite fut jouée pour la première fois le 13 avril 1811 . L'opcra de
Doni/etti, très bien monté, remporta un succès unanime. L'interprétation
confiétiàMM. Lafeuillade, Ilcrrmann L(''on, Al^adie et :i M'"*^ Ducliampy
était ir reprochai tic.
On joua aussi pendant cette saison : les Preiiiii-roa Armes di- Jtic/w/uu,
-1nncf/c yyo/e//n, avec les récitatifs, le Verre ff'n/ii et ).i Dinut,- Sii:tiî,r.i'
uU Opéra bieh oublié, de Monpou.
liouflé vint donner une série de représentations.
Les habitués et les abonnés du Thr'âtre, satisfaits de raduniii-traiion
Lafeuillade, se réunirent pour faire une souscription de 20 (XX) francs des-
tinée à venir en aiilc au directeur; les souscripteurs mettaient seulement
comme condition à leur concours, que la Ville se chargerait de tous les
frais d'éclairage. Lo Conseil ninnieiii.il i-efiivi ft l:i s<.u'^.iii.;i.iii ii':il„iiiiii
pas.
Malgré ses pertes, Lafeuillade demanda encore la direction pour l'année
suivante. Les artistes s'associèrent avec lui pour un cinquième de leurs
appointements. Le Conseil qui avait refusé de |)ayer l'éclairage, consentit a
une augmentation de subvention. La somme de 60.000 francs fut inscrite au
budget delà ville pour le Théâtre,
SAISON 184-1-1842
H. AFEUITiL A.DE, Directeur
Ha8s(-,i.m\ns, chfîf d'orchestre; — Bkrtix, ro^issrur.
MM. I,ArK.iii.i.\iir., fort toiior.
iiiaiTON, ténor léger.
OrDiNOT, ti'uor.
LKOAic.NKrn, (Iciixièino tt'uur.
PoiiKviN, pn>mii'i'o hassf.
Baupon. Itai^sp coiniqut'.
Paiiis. liirut'ttfi.
^Ikinikii, trial.
i>K Pi.ANCK. troisir-rne l>asso.
M"«s DrcaïAMi'Y. prcmiiro clmnleu.sft.
S\iNr-(".UARi.i;s. forlo rhaiitiMisc.
t ir.NoT, (1 11)^2011.
l.vvoeAT, deuxième forte ciiantoiisc
l'itKssKNT, d(»uxi<"'nu> dugazoïi.
l'omxKT. dui'>gin.
D.\NSE
M . PiniTPAs. prfmi»'r tlaiist'ur.
M""x KiatniNAM». pivn»i»'re dansiMisf.
I\ Ki:uMXAM>. d«U.\V*'iiU» dnnsnuso'
1. INCIUENT SAINT CHARLES
i:r7
CU.MKDJK
MM. HorrrK. premier n>I<'.
Waiilk. jfHiif pn-iiiirr.
Toi norzK. ptr.' iio)i|i-.
F'KliHKAi.'. liii:itici<iM.
l,tjXKriii„ pr<;riiior omiqo't.
Aum.pui:, <lcuxi<°-mo unioiin-ux.
M. (jin.i.ri. •!» uxi. iiif coini'iii»
M*'» V,nruv. pi-i'Uii<-r rôl'-.
I . jeunr proniière.
I '1 ingi'-iiiiili'-M.
• ;iiA«AMi. «niibrott'-.
I 1 i> Ml /l (In rlr.
Cette Iroupr était <'n géjK'nl, o\(< •Honte. La basse I*oitcvin, qui possédait
une voix magnifique était le père de M. Poitevin, basse chatttatite, qui
(levait dev<'nir, en 1888, directeur du TbéîUre <iraslin; le lënor léger H^Mton
était le petit fils de l'auteur de Montano rt StëiiJmnie.
M''" Saint-Charles avait été réengagée par le directeur, qui avait eédé à
•rtaines inlluenei-s. La plus grande partie des abonnés était fort ii
)ntre elle et la sitllait outrageiisenienl pendantque le parterre applaudi^-. ..i
i outrance. Un soir que la niallicureuse était encore plus sllllée que d'habi-
tude, on vil un abonné, M. Abatte, sauter sur la sc<"'ne, offrir son bras à la
lianteuse et l'accompagner g:ilauimcnt, au dehors. Loin de calmer les
-piits, cette aventure no fit ([ue les irriter. Le tapage augmenta i-ncore les
jours suivants, d'autant plus que la muniei|K»lité avait fait déclarer
\I Saint Charles admise, jug»'ant que les applaudisMîmenLs étaient su|)é
rieurs en nombre aux silIlets.L»' maire de Nantes re(;ut à ce propos une I* r--
(|ue je crois devoir publier pour montrer combien, à celte épf>que, lescl.
ilii TlnVitre passionnaient les esprits.
' Monsieui'.
» l'uisqUc V(jus ave/ a.sse/ peu <le justice pour doimer f;aiu d»- « anse à un
parterre entièremenl composé do gens salariés par l'Administration sur une
opposition dirigi'e par une masse d'abonnés, vous serez, rrsponsable jusque
devant l(îs Iriluniaux, s'il le faut, de l'opposition cohtinuejlo que va éprouver
M"" Saint-Charle.s, cha<|ue fois qu'elbî reparaîtra. Malgré l'injonction do
vos commissaires, nous sillleronsaux prenii«'res sans voidoir sortir, a moins
(jiu' vous n'ayez l'impriulrnce de nous en faire arracher de force par les gi^n-
larilieset les soldats. Nous vous prouverons que nous avons avons la majo-
iié, à moins que lo directeur ne donne, tous les jours où l'actrice en <|ues-
tion doit jou(>r, l.""»U billets de clacjueurs. Nous ne souffrirons pas que < • t-
|ieste <|ui infeste les ihéAtreS de Paris, fasse la loi che/ nous «pii pi'.
(■.O.(itM) francs do subvention au directeur du Théâtre. Non
une enquête sur la manière dont est exécuté le cahier d.
l)ar le Conseil munitipal au directeur, et si on nous pou^>e a UhiI, h
\(Mis prouvtTous q»u> l'obligation faiu^ au directrin-s de fournir des an -; .
•nant de villes d'une importaneo au m(»ins /'iril'' à <'ellf ilo Nantes, n'a pas
t('* exéfutée cette année pour un seul des nouvoaux acteurs. Evilez dos eol-
lisiouj», M. le Maire, un grand nombre de jeunes gens et d'hoiunu»s sérieux
et marquants ont bj.Anié votre décision d'hier soir, lui consci»Mi<e, que
deviendra le droit dti public qui paie? Esl-il possible de refuser un acteur
Ni une protestation aussi énergique que celle d'hier ne sullii p,as. La'
passer la justice des alK>miés ou bien fernu-/. le 'riiéatre plutôt que
Liisser dirii;er par les maii<eu\ res degens p;iyés à la .soin'e.
In .\b«.»nnk.
l.'{8 LH THKaTKK a NANTES
Devant une tello o|)position, M'"*' Saint-Charlos finit par résilier.
Le 12 octobre 1811, \-ù. Filli: du Réfjiment fit son apparition à Nantes. Le
critique tlu lireton se montra fort sévèro pour cet opéra-comique de
l'auteur de la Facàriie « vraie parade musicale, <k-rit-il, qui pour mieux
nous transporter à la pensée des baraques ambulantes, n'a pas oublié !••
tambour ni la grosse caisse. C'est une macédoine lyrique sans aucun carai
tore. » La Fille du Réfjimcnt, c'est certain, n'a pas grande valeur, mais il
est étonnant qu'à cette époque, où la musique itnllienne était si en faveur, il
se soit trouvé quelqu'un pour la traiter avec un tel mépris.
La première représentation de Norma eut lieu le 2') janvier 1812. L'opéra
de Bellini, malgré une interprétation véritablement supérieure, n'ol)tint qu'un
succès modéré. M™" Ducluunpy fut superbe dans Norma, et M. Lafeuillad.-
excellent dans PoUion.
Le Guittarero et Robert Deverc.ux virent aussi le jour cette année-là.
Poncliard, Marié, M""» Ducrest, M»"" Ernst, qui, dans Robert-le-Diable,
exécuta, à l'étonneraent général, le tour de force de chanter Alice et Isa
belle, vinrent donner des représentations. Enfin, M"" Vigano cl Tamburini
se firent entendre dans un grand concert. Orgie de macaroni !
Pour la campagne suivante, le Conseil municipal refusa d'accorder une
subvention en numéraire. La Ville prenait seulement à sa charge les frais de
gaz ot les appointements des machinistes, du peintre décorateur et du con-
cierge. Malgré cela, il se trouva un directeur, Prat, pour prendre le Théâtre
dans de pareilles conditions. Il est vrai qu'aucun genre ne lui était
imposé par le cahier des charges et il en profita pour ne donner qu'une troupe
de comédie. De là mécontentement exprimé dans le public, non seulement
contre Prat. mais aussi contre la municipalité.
Le jour de l'ouverture, une véritable émeute éclata dans la salle. De
toutes parts on demandait le rétablissement de la subvention. Le tapage
dura sans discontiluier pendant quatre heures. Les spectateurs furieux
cassèrent les pupitres el brisèrent les portes. La police impuissant»' dut
avoir recours à l'infanterie qui pénétra dans la salle au roulement du
tiimbour et parvint à la faire évacuer. Pendant plusieurs jours, les repré-
sentations furent des plus agitées. Les artistes étaient impitoyablement
refusés. Finalement le Théâtre ferma au mois d'août.
Le Cons(Ml municipal .se décida alors à voter une allocation de lO.OOt)
francs au directeur. Le chiffre était encore insuHisant, aussi dans la séance
du 7 septembre 1812, nos édiles, revenus à des sentiments plus sensés
et craignant le retour de nouvelles manifest;itions, accordèrent enfin une
subvention de 10. (KK) francs.
HUNEK — M'"** Mrtu..i.hii..;'. — i^M.xti.
i.;,t
SAISON 184 2-1843
PRAT, Directeur
Il A--1.1.M \>>, Cht'f tl Oiclustli-. — BhUllN, I. ^'1-3. ur
()IM':i'.A
MM, IIi NKit. premier b'-itof.
IlKNJinrr, ti'-nor l^'^^^:\■.
Âi.KRMK. dtMixièmf ténor léger.
Saint-Anok, deuxièine ténor ié({«'r.
Ml'czKRAY. baryton.
Mathiki;, dc'uxiénif basse chantante.
I*(trKH. basse.
Saint-Ho^iain, deuxième basse.
Lautmaxn, trial.
Pauis, laructU'.
JiiiASc.Kii. grimt^^.
Anxiii'n. deuxième amoureux.
Dkim-anoiik. premier comique.
Hkutin, deuiièmo comique.
M"" Ror.HK. premier rôle.
Pktit. jeune première.
MAnnuKnox, soprano sérieux.
RoY, soprano lrg<>r.
Sandemon, du(îa/on.
Imhkjtt, df'MTièmi- rlianteuse.
I'"ui' ne.
Dam ' .me dugazon.
C(mr:i>iK
MM. R<i<-.»K. premier nMe.
Wabi.k. jeune premier.
ToUDoiZK, p<re noble.
Dei.AMAKK. ûnanrirrs.
Laltmàsx. premier comique.
Pahis. paysan.
(iiLANOKK. grimes.
Wabi.k. premier nMe.
^t"'* PoiRiF.B. grande roquette.
Caiu.ot. soubrette.
LiP.oswK. ini/énuiti'.
KoIONKT, duè^îuo.
Cette troupo, rôuiiio assez tard, olFrait d'a.ssez bons éléments. Le ténor
Iluiior, notamment, a laissé d'excellents souvenirs dans la mémoire «les
(lilrltanfi iiant;iis. Doué d'une voix solide, cet artiste se faisait surtout
nMuar(|uer par sou grand styU'. La ./«/ce était son triomphe. M'"*Margueron
était, elle aussi, une chanteuse (U\ valeur. Les soirées, pendant le reste de
la campagne, demeurèrent très mouvementées. Jamais le public ne s'était
montré aussi tapageur. Le répertoire était très restreint, de là le méconten-
tement général. En outre des susceptibilités et des vanités froissées avaient
mis la dissension entre les artistes et Graslin se voyait transformé en une
véritable pétaudière. Les représentations continuant à être troublées, l'auto-
rité résolut de frnpperun grand <oup. Par arrêté du 24 novembre 1842, F
préfet, M. Chaper, prononça la fermeture du Théâtre. La leçon porta sej,
fruits et, quand au bout de quinze jours, la première scî'uo deNant»»s rouvri
ses iH>rles. les spectateurs ét;iient «bncnus plus «ahne.s. Mais il était dit qu^,*
celle saison ne (inirnit pas. Au eommen« cmcnl «l'avril. Pral >•' relira cl n
garda «|Me nominalement le litre de directeur. Les artistes se mirent e„
société, mais une foule d'inléréis opposés empêchèrent l'affaire de man-her
et Graslin ferma délinilivement ses portes le 18 avril.
Parmi les choristes du Théâtre m» trouvait, cet te année-là. un jeune homme
do seize ans et demi, arrivé sans res.sources à Nantes, où il avait vécu quel.
que temps avec les sous qu'il ramasssait en chan tant dans Ic^ c;ifés. Pral
110
r<'inai(|ii;i sa jolie voix de ehanteiir anibulmit et l'cngiigoa comme choriM
Doit.' d'iMie vive iiitellignnce et d'imo ferme volonU!! d'arriver, il fil des pro-
grès iMpiil"-, et un soir il chanta au pied-levé et a la satisfaction générale
le rôio d<' Max dans le Clinl-t. Ce choriste, inconnu alors, devait s'élever,
peu à peu, par son talent au premier rang des chanUJurs de l'éiwque, c'était
Ismaël, le futur eréa'eur à Paris de Hifjolatto.
La saison 1812 18i:{ avait été des moins intéressantes. En fait de nouve.iu
tt'vs. Prat ne donna que Nizia de Grenade, mauvais arrangement de Jincri-n-
/Ini-f/ia (h' Donizetli. La basse Renault, de l'Op^Ma-Comique, fut le seul
artiNto en représcnlalinii.
l,;i eiiiniMijuc IHIIM-Sll .>uiMiii m.u- la direcli
veiition èUiit maintenue à 40.()<K) francs.
La
SAISON 1843-1844
LAFFITE, Directeur
IlASsrxMANS, chef d'orchcslrc. — Vautr»', rrRissèur.
OPKr.A
MM. lliNKii. preniior li'nfn-.
UdNAMY. léiior léger,
l-'i.r.uiiv, (louxirme ténor lt''«,'or.
IMcAV.D, deuxirinc ténor léj^or.
ViiiNi:r,irr, Martin.
Ai.PUONSK. trial.
P.uus. laructtr.
Fi.vc.u.vT. baryton.
l't.vNQri:, premii'ro bu.ssp.
l''AMJi:irr. iloiixii''mo basso.
B.vcuKi.ii;u, Iroisii'mo b^s.sc.
M'"" Fi.Euin-Doi.i.Y, prcmit'ri' cli«atcu.sc.
Hov. premitri- clv.inteu.so légère.
S.viNi-EiiMr.. proniii'-ro dn^ja/on.
l'Aiiiiini', deuxit'mo diiga/.on.
Rknaid. nit;re 'dugazoïi.
linl l.ANtiK. dUi"'K"<^'-
li.Vl.I.KT
MM. I.KnN. iireiiiier maître.
(iiu'.Nii.ii, ]iromicr danseur.
HiiNdiii;. dodxit-me danseur.
ISr.^iicr. dan.sour comiquo.
M""' BAr.HKi.oT. preinji'ro dan.sciise.
Rii.r.nv. deuxième dansfiisf.
«:<)MÉDIE
MM. RooHK, premier rôle.
IIaumant. jeune premier.
MniiKAf. premier amoiinux.
l'i.Ki Hv. premier amour-us.
Hazin, premier amuun-ux.
Lkmoxnikr, financiers.
I'ai.iikkt, père noide.
Vm.NKROT. deuxième premier r<')U-
Hauoui. premier comique.
Ai.i'iioNsi:. deuxième comique.
(iHA.NtiKu, grimes.
UocMoKT. troisième rôle.
M RicxAun, pronvier rôle.
Rai.i.ai ni. ji'une première.
SAiNT-KnMi:. pn-mière ani'
liKKicvuK. deuxième aiuou:
l'i Kitui i>. soulirelte.
!;■'( ni;, mère noble.
I?ii I \N<.i:. d\iègnt\
' ■." iir.'i:. ;:rimes.
Lallilc lie niaïKpiait pas il'intelligeuco, mais il ignorait eomplêteiuent lo^
ressources do Nantes. Sa troupe était dispeiuliouso, surtout sous le rapport
do la chorégraphie. 11 éprouva, pendant l'été, des pertes considérables. Un
HUNER — IIEL'RTALX
111
beau m.iliii il (iiit la (lili;<t,'nce, laisvint le Tli«'i\tre on plein ciiiiKiriM-. «mi
r'-fait à la fin d'août et les moi» favorables arrivaient à grands pas. I*ar
iiTÔté préfectoral, lu régisseur Vautrin fut nommé directeur. Les principaux
Il listes de l'opéra avaient formé une société sous sa gérance.
FIN DE LA SAISON 1843-1844
VAUTRTNT, Directeur
Massei.m vN'^, cli«'f irorclifs'.r»'. — l!<»i kki:, rl•gls^«'llr .
M\l. Ili NKH. fort ténor
KoasK, tc'iior li'utT.
(il ti.i.KHiN. di'uxii'mo ti-nnr Ic^ri .
An<u,kiik. troisii-mo lémir léjjer.
H II RTAi'x. baryton
<i\iii)KT. première basRe.
l'Ai.iiKKT. basse comiqui'.
ItKi'f.. trial.
l'ARirt, laruclle.
M-"" L\MY. forte chantouso.
Bouks, proinii'-re clianteuse It't^iTe.
IloiKOK. ilu'/nzon.
I-'alhkut. dfUXK'mi- dnt^a/on.
Sain r-RoMAis. mt're du^a/on.
Lai iu:nt. dm''«ne.
CHŒURS
W lionunes, M fenitH'S.
M"
COMf:i)IE
UormE, premit-r r<ib-.
MoXTVAi,. jeune premier.
MiiiiEAf, prtmier amounux
(ii.ii.i.KMiN. prt'niier ainour<^u\.
^ :iinouri-ii\.
II<m:.muki, lrui»ii-iiie rùlf.
F^autmann. premier <:oiiiiqu<-.
l>EM/uT, deuxième comique. ,
Pauis. grimes.
GriBBRT. premier rôle.
MK.tMifc. jeune promiëre.
IlKiiûKH. preinièro amourcu»'-.
HuUKUK. première anv>ur'
l-'\LUKHT. deuxièmi- aiiinu.
!.K.iu>rx. soubrette.
Il'iniiK. mère noble.
Saist-Romain, grande ro<|uetle.
Cette troupe était exoellento. Le public revit Iluner ave»- un vif plaisir.
I Iriirtaux que. jadis, nous avions connu basse, nous revint comme baryton ;
laiis ce nouvel emploi, il demeura artiste de goût et clianteur habile. Du
i»lé des femmes. M""'^ T -luw .1 Ilni<'->; lui'rlti'nt dVîn' vi\'ii:ilé.'«. tout parti-
al ièrement.
Le 9 juillet 1843, un luyau de gaz se rompit ; la salle se trouva corapl/»te-
iiient plongée dans l'obscurité. Une vivo panique s'empara des spectateurs.
II n'y eut pas d'accidents.
Le 11 août de la mémo année, un splendide bal fut donné à la salle Gras-
lin, en l'honneur du duc et de la duchesse de Nemours, de passage à Nantes.
Pendant cette campagne, on joua une fois dans la même soirée la Juire
lia 7 of/r c/«? iVcs/e. On coiumença à cinq heures. La chronique locale du
temps ne dit pas à quelle heure finit celte représentation monstre. En jan-
vier I81L le Siabot Mater, de Rossini, fut exéeuté pour la proinière fois à
Nantes. Iluner, Hi-iiitiux et M "^ Horès iMternrc'-t/Tent àlaixTf''. ii'>n l'œuvre
lu maître italien.
142 LE THÉÂTRE A NANTES
Vautrin donna aussi deux grandes nouveautés, les Marbjrn (23 février
1814), (lui olAinrent un succùs immense, grâre à Huner et à M"« Lamy, et
Dun Pasquak (IG février 1844). M'"' Lamy remporta, dans re dernier
ouvrage, un double triomphe de chanteuse et de comédienne.
La Pari du Diable, Lucrèce, de Ponsard, les Munt^re de J'un.^, ...r- i.i
joués aussi pendant cette saison au courant cU' laquelle Ligier vint en repré
sentation.
DIRECTIONS : TIL.LY, — LEMONNIER. -- TALIER,
LEMONNIER.
1844 — 1851
)itiu}i lir 1(1 salle. - Jtlli/. — imt. — iîott, — linrhel. — Calcina.
Klisa Masson. — Cliarles VI. — Liatt. — Untuc. — Chullel.
La reine «le Chypre. — Emeutes. — l)t\jazet. — Esjnnnsxe.
Duprez. — Flnchat. — .V"' Blars. — Af "• Victoria.
if"' \'uiron, — Le Son({e d'une Nuil d'Kt»*.
Charles Bataille.
; l A Ville eut beaucoup de peine à trouver un directeur. La sub
J,>- jij'V(<^ vontion, pourtant, avait été votée. Enfin, M. Tilly olitint le
•i\ privilège. Il pn'scnta la tmiipc siiivanlc au iucri'inciit du
r^g^'^-.NL^M public.
SAISON 1844-1843
TILLY, Directeur
.>■•!. 11., chef d'orehi'slro. — 1''oli:hki. ri/iss. ur.
OPÉRA COMÉDIE
MM Mahiin, fort ténor.
LAHBiYKnK, t^nor l«'*ger.
IWxzk, deuxiome ténor lét^or.
KoucHKT, fortHCOond.
K^iii.K. trnibième ténor.
J{<>MMV, baryton.
Tii.i.Y, liaryton «ropéra-comiqur
PoppK, lia8Si*-nobl'\
Kai.iiku I . Ituvsf-contre.
Di iiois, Iroisi.ine ba8!<o.
IlKN(;. trial.
M ^ I)Rui ARP, forlo i-hantfuso.
\.^Li>Y, première chanteuse.
No«i>KT. duga/on.
FALHK.nr, deuxième dugnzon.
Dui.AtNW, d(iè(;ne.
l'".o*i.N, deuxiome duègne.
MM ItocHE. premier nMe.
Kmii.1:, jeune premier.
lluuzÊ. deuxième r<Me.
Fauciikt, raisonneur».
FAi.HEitT. financiers.
(ÎDT. premier comi<pi<«.
Hknk. (lem
Pauis. d<'i. V
Maii.Êos, Coitvittauceit.
M—' IlEsTxtuT. jeune premièn».
Ihma, (frand premier r<Me.
TiM.Y. sombrette.
Kai.bekt. in(;énnites.
Famin. troisième amoureuse.
Driainay. duèj^ne.
('ucHiczi:, caractères.
III LK THKATRK A NAMKS
IjCs abonnements furent diminués et fixés comme il suit :
A i.'ANNf.K : Baignoires et loges à 4 placf s, MX) fr. ; liaigiunrv» et loyies à 5 placcK.
1 (XHl francs ; UaiKi>"ii''"< ot logos à <J plac«'S, l/-i(X) fr. ; Purqin-t et preiiiières. 200 fr. :
PIjiics lihros. — Hommes, U'O fr. : Dames, 1<X) fr.
.Vi; Miiis : lloiiimes, JW fr. : I)amf8.'.^5 fr.
Le Théâtre ne put ou\ rir que le 10 novembre. De.s réparations à la salle
avaient été jugées nécessaires. On fit un remaniement des places et l'on par-
vint à en gagner un certain nombre.
Un amphithéâtre fut installé aux secondes et l'on construisit, dans le cou-
loir (les fauteuils, deux petits escaliers pour y conduire. Cette installation
était défectueuse, éar elle rétrécissait le corridor. La première galerie, enii»-
rcineiit remise à neuf, se composait de trois rangées de chaises-gondoles en
velours et à haut dossier. En avant des loges de face, huit causeuses mi-
.saillantes, ini-engagées dans les loges, procuraient des places très agréables
par leur isolement. Six loges rai découvertes avaientété faites aux se'"ondes.
La troisième galerie fut légèrement augmentée. Le piédestal des colonnes
d'avant-scène, qui était carré, fut rendu octogonal. Toule la décoration de
la salle était dans le style Louis Xlll. A chaque galerie, des médaillons
r.'|)résentaient le visage des principales célébrités dramatiques. L'n crirtou-
che portait les noms de chaque sujet. Le plafond figurait un porti<|ue
Renaissance appuyé sur un riche soubassement. Seize grands médaillons
lenfcrniaient divers sujets ayant rapport à la Comédie, au Drame. à la Tragé-
die, à rOpéra, à la Danse... Au centre de la fri.se d'avant scène se trouvaient
les aimes de France enlacées dans de riches rinceaux. Une bannière dr
velours tricolore, retombant sur la corniche, complétait les armes natio
nales. Le rideau repré.sentait une large portière entr'ouverte avec un rideau
cramoisi. Les retroussis étaient doublés d'hermine blanche mouchetée d'her-
mine de Bretagne. Derrière cette portière on voyait deux génies distribuai,
d'une main, des couronnes et supportant d»; l'autre les armes de la Ville. Le
foyer subit, lui :i,ussi, un remaniement complet. On y plai.a six grands pan
ncaux représentant les scènes i)rincipales des chefs-d'œuvre de Molière.
Le buste de Graslin, par Ménard, fut posé sur la cheminée. Les portraits
en médaille de Crucy et du maire lliciiard de la Pervencbère furent mis
aussi dans ce nouveau foyer... Enfin, dernier détail, très prosaïque, le<
cabinets d'aisance, qui étiiient dans un état déplorable, furent reconstruits
et rendus inodores. Les plans do cette restauration furent faits par M.Driol
let, arcliitecle de la \'ille. Les décorations furent confiées à MM. Philastrc
et Cambon,
On inaugura, cette amiéelà, un nouveau système de scrutin. Los artiste-
étaient soumis à trois débuts. Les abonnés et le parterre étaient .seuls appelé^a
voter. A l'entrée, ladite catégorie de spectateurs recevaient un numéro d'or
SOLIK — GOT — TILI.Y
-Ire. Pendant un cntr'acte, il était publiquement procédé au tirage de 80
numéros Les personnes qui s'r-n trouvaient possesseurs se réuiussait-nt. à
un jour indi(|U»', sous la présidence du maire où d'un adjoint, et votaient a
la majorité des sulfrages exprimés. Pondant les débuts, toute manifestation
(juelconque d'improbation et d'approbation était absolument interdite sous
peine do poursuites. Ce mode di* déliuts donna d'assez.bons résultats.
La iroupc réunio offrait un «'xcellfiil ensemble. Tilly était un charmant
baryton d'opéra-comique ; Martin, M"''* Drouard et Naldy étaient des artis-
tes de réelle valeur. Le scrutin (ut défavorable à MM Kruzé et Eniil»',
qui furent remplacés par MNL Bourdais et Ludovir. Ce dernier devint, d«'
longues années plus tard, sur ses vieux jours, soulllcur au iliéàtr»? Graslin.
l'arnii les artistes de la comédie, nous trouvons Got, alors à l'aurore de
cette carrière <|ui devait ctro si brillante. Le futur sociét;iire de la Comédie-
Fran(;aisc remporta de vifs succès [)endant son court passage sur notre scène
Tilly amena à Nantes le chef d'orchestre Charles Solié, qui devait restci
Umgtemps dans notre ville, où il sut, par son amabilité et son inti'l
ligence, se créer une situation exceptionnelle. C'était un habile chef ; sa
science musicale ne répondait point à ses prétentions, mais au point de vue
ilii bâton, il était excelb'nt. Il savait manier son orchestre et l'entraîner. Très
consciencieux, il apportait un soin tout particulier aux exécutions des (»|)éras
et, grâce à lui, nos armées chorales et instrumentales firent de réels u, ,>■■,:■<.
Nantes a gardé de lui lemeilleur souvenir comme chef d'orchestr- .
Les Demoiselles de Saint-Ci/r, admir.iblemenl jouées par Got, Hoche,
j^jmcs R,>stou et Tilly ; Don Ci-aar de Damn, le Maria la f'anifKiffne, les
Sept C/nUedUj' du Diable, furent les princi|ules nouveautés d«' l'année
lliéùtrale nantaise. Levassor se fil entendre à Graslin ainsi que liaehcl qui
vint en juin. L'illustre tragédienne suscitai des transjwrts d'enthousiasme.
Après la première leprésentation, les artistes «|u Théâtre lui donjièrent une
st-rénade sous les fenêtres de l'IIAtel de France. Chaque soir la police fai-
lit la haie sur son passage. Elle joua Horace, Andromar/ue, Phèdre.
l*ol;ieucle, Marie Sticirt, Iphigcnie, Jiaja;et. Pour ces représentations. I«'
prix des places fut doublé.
Cette année mourut, âgé de 82 ans, le vieil artiste Calcina. Il était
\enuà Nantes en ITT^*, comnic danseur, et n'avait p.is quitté (iraslin
depuis cette épo(|ue. Il était devenu chef d«'S comparses, puis bibliothécaire.
Son nez, véritalile lubereule, aux dimensions extraordinaires, l'avait rendu
'lèbre dans le public. C'ét;ut un excellent homme. 11 fut très regretté.
TiIIn conserva la dircfiion. La subvention était toujours de li»,<;(Mi li..
iiint H, ();)() étaient alîci'tés à la confe» lu»n di' ii.iiivt':m\ déeor^ ft à It rfxt.iu
I t^î
LE THEATRE A NANTES
ration des anciens. I.a saison ouvrait en mai avec la comédie ; l'opéra ne
connnoiicail (lu'en soptenibn'.
Le prix du parterre fut aui,Muenté cette année. De 1 fr. TA) il fut nuri/- :i
2 fr. Il est vrai que des dossiers avaient été placés aux banqueUes.
SAISON 1845-1846
TILLY, Directeur
SoLiÉ, ("lii-r .l'oL-li.'^ii-.', — '['..1 I...1 /i r''-"i<-
opi":ra
MM. (iiRAii', premier t/'iior.
('oHNEi.iH. tf-nor It'-gcr.
S\ti.LAHO, tliuxiènie léiiur l"t,'ir.
Prudent, troisiiMiie Iraor Irger.
Rennkvii.le. trial.
Paris, laruettc.
.luuHDAi.v. baryton.
TiM.Y, J)aryton d'opi'r.'i comiiiuf .
Pinir, Ijassc-comiquc.
Makiilkhitte. troisième basse.
M"'"" Mas.'^ijx, forte chanteuse.
(^oHNELis. soprano.
Peth'. première flugazdii.
Rolland, deuxième liugazon.
Saillard, troisième tlugazon.
JoiiEY. duègne.
CtKEUR
is li.immi's. 18 ftMiiiiM"^.
Ji.\iJ,K 1
.\dhien. premier danseur et maître.
T. l'iiii s-^ET. première danseus.
\. lloi ^>Er. deuxième dansens"
COMfeDlE
MM. liocuE. premier rôle.
Tm Doi /E, père ni'ble.
Mknrose. jeune premit-r.
('.Di.oMBEY. deuxième amoureux.
."^AiLLAHD. jeune premier.
lÎHET, financiers.
I.É^>i'oi.D. premier comique.
Renxevii.ue, deuxième comii|ii
l'AHis, grimiïs.
' ; Hai.i.y. premier nMe.
l'.i.AUf.Y. jeune première.
lÎHoLX, ingénuités.
PErrr, amoureuses.
TiLLV. soubrette.
Saii-laud. deuxième soubrette.
JoBEY. mère nobl<-.
TiiÉNAHD, caractères.
La seconde direction Tilly est restée célèbre dans la mémoire de tous lo>
dilcttatiti nantius.
En effet, ce fut pendant cette saison qu'Eli.sa Masson parut à Graslin.
Elisa Masson ! que ce nom remue de souvenirs dans la mémoire des vieux
habitués du rirand-TliéiUre ! J'en ai connu un qui s'attendrissait chaque fois
([u'il reiitemlait prononcer devant lui. Consacrqns donc quelques lignes
spéciales à cette chanteuse dont Nantes ralfola jadis et qui, certes, méritai^
cet engouenioiit.
La (igure belle et pleine de noblesse, les cheveux noirs, les yeux brillants,
de manières distinguées, telle était Elisa Masson. La chanteuse n'était pas
parfaite, mais la somme des qualités était bien supérieure à celle des défauts.
La voix fraîche et étendue était pleine de puissance dramatique, les notes
graves el celles du médium étaient superbes et pleines de rondeur ; par
contre, le registre élevé était un peu grêle et la respiration uu peu courte.
ELISA MA9S0N — CHARLES VI |4'
Douée d'une vive intpHigeir^e, passionn»^ pour les choses artistiques, nobles
et grandes. Elisa Masson était un» comédienne de preiuicr ordre. Le jeu,
le geste, l'altitude, la voix, tout en elle savait traduire les divers sentiment»
d'un personnage. Elle s'identifiait à ses rôles d'une façon remarquable.
Keçueà runaiiimité, elle fit, pendantdeux campagnes. I ' ' - du Théâtre.
Son grand triomphe était /,« /''aro/vV^". A chaque repi m, le public
' iilhousiasraé lui faisait bisser la phrase : O bonheur! c'est mon rèoe perdu.
En 1847, M""-" .\Iasson vit s'ouvrir devant elle les portes de l'Opéra. Elle y
fit de forts bc<iux débuts; mais, malgré tout son talent, elle ne parvint pas à
remplacer la S tolz. En 1848, elle <ré;i à l'Académie de musique, avec un
talent de premier ordre, le rôle de la reine dans Jeanne la Folle, un mauvais
opéra do Clapissou. Peu après elle quitta l'Opéra et se mit alors à voyager.
Elle alla donner des représenl;itions jusqu'en Amérique. Presque chaque
année, après «on départ de Graslin, elle revenait jouer à Nantes, où elle se
nsidérait comme chez elle. Elle se montra toujours rcconnais.sante à notre
\ ille d'avoir été la première à la sacrer grande artiste. Elle mourut en ISTT
d'une triste maladie : un cancer au sein . Comme la cigale, «die avait toujours
.hanté sans songer à rien mettre de côté, et ce fut un de ses vieux amis de
Nantes qui paya ses modestes fnnériilles. Cette artiste n'a pas laissé un
nom à Paris mais, à Nantes, où elle suscita tant d'enthousiasme, on a gardé
et l'on gardera fidèlement la mémoire de celle qui fut Elisa .Mas-^oii.
La troupe réunie pour desservir le Théâtre, pendant la saison 1815-184G.
était bonne. Le ténor Giraud tomba et fut remplacé par Mouchelet. Le
'iiryton Jourdain était un artiste de valeur. Signalons aussi M""* Cornélis.
La première représentation de (7<ffr/es lY eut lieu le 2<i mars 18 U». Le
succès fut complet. Elisa Masson triompha dans Odette, qu'elle chanta et
joua d'une façon admirable. Les autres interprètes : Mouchelet, Jourdain,
M"" Cornélis. contribuèrent, pour une large part, a l'excellente interpréUition
(le l'œuvre d'IIalévy. Les décors neufs furent trouvés tK'S beaux. Ih coûte-
nt 4.00() francs.
On exécutai aussi avec succès le Désert, de Félicien David. Les Troift
Mousquetaires, le /?or d'Ycvtot, Marie Jeanne ou la Femme du l'ruple se
jouèrent, pour la première fois, pendant cette saison.
Le 17 décembre 1845, Liszt donna à Graslin un grand concert. Voici quel
était son programme : 1® Ouverture de Guillaume 7e// (piano solo) ; 2" Fan-
taisie sur Robert ; .'î" Variations sur un motif des Puritains ; 4" /r- -
la calse, de Weber ; 5" Fête rillageoise;^'^ (ialop chromât i(/ue. ï.
ianiste remporta un su perlxî triomphe. Il fut couvert de fleurs et de cou
'iines.
Poultier fut acclamé, cette annce-la. dans la Juice. Levassor. Lafond.
Ihalberg, M""'* DorusGras et Rossi-Cassia parurent aussi à Graslin.
148
LE THÉÂTRE A NANTES
Tilly, qui av;iit su so concilier, comme artiste et conirae homme ])rivi
'cstiini' et 11 -^\ nioatliie de tous, fut renommé directeur.
SAISON 1846-1847
TILLY, Directeur
Sidji-.. clicf (roiiliestre. — Iîelnie, régisseur.
0PJ':RA
MM . Di i.KC. fiirl léiior.
N'icRNiiuiL. Iriior légei-.
Dehrinay, deuxiônic ténor léger,
Dassocl, massol. ■
IJoHVAL, barytfii.
Mathieu, basse noble.
BoRSAY, basse comique.
I-'honchet, troisième liasse
lîEi.ME. Irial.
Lamarre, laruetle. s
M""" Masson, forte chanleusi'.
Descot. sopiaiio léger.
Sanuemon.' soprano coniique.
SA(iK, deuxième soprano.
Vamk. deuxième forte chanteuse.
lîÂLLËT
Imm.odeau, maître de danse.
11. Balotii, i)remière danseuse.
L. Baloth, deuxième danseuse.
COMl^DIE
MM . Roche, premier rôle.
BiNEï, jeune premier.
Gii.ATELAix, deuxième amoureux.
Saoe, deuxième amoureux.
Tam-ier, père nolde.
OzANNE. financiers.
Frosne. premier comique.
Victor, premier comique.
Denizot, deuxième comique.
« Lucien, utilités.
M™" Yadé:, premier rôle.
Delaroche. jeune première.
Roux, ingénuités.
Sandeuon, déja/.et.
Saoe, deuxième amoureuse.
TiLi.Y. soubrettes.
* .JoREY, more ))oble.
TiiKNARD. caractères.
La troupe offrait un excellent ensemble. Le baryton Dorval échoua seul.
11 fut remplacé par un nommé Saint Charles, qui tomba, lui aussi, et enfin
par Chollet. Le ténor Duluc, Chollet, M^*'' Masson formaient un trio de pre-
mier ordre. Il est rare de trouver réunis en provijice trois artistes de oette
valeur.
La Jx^eine tic Ch/jpre (27 décembre 1816), avec trois interprètes pareils, ne
pouvait que remporter un grand succès. Cet opéra fut remarquablement
monté. Les décors neufs coûtèrent 5.183 fr. 93.
On joua aussi la Closcrie des Genêts et Bélificiire, de Doni/etti.
3jiie Kargueil et Ravel vinrent en représentations. Un incident signala
TiuK' des soirées de ee dernier. <I^'acteur Ozanne ayant manqué de mémoire,
fut sifflé. Il se tourna alors vers le parterre et dit d'un ton moqueur : « Vous
vous fâchez, Messieurs ». Immédiatement la salle demanda des excuses.
(( Des excuses ! jamais 1 » s'écria l'artiste, qui quitta aussitôt la scène. Pen-
dant trois quarts d'heure le spe(*tacle fut interrompu. On fut obligé de lire
KLISA MASSON
14'. t
le FÔlu abuiidoHué. Traduit un correctionnelle, Ozaiine fut condamné à uju;
amende. Voyant sa situation compromise, il se décida à faire au public des
excuses par la voix des journaux. On ne lui tint pas rigueur. Il avait, il est
vrai, un certain talent.
M^'" Ma.sson fit ses adieux dans la /'aco/v^r. La reprt3sentation fut superbe.
L'artiste aimée disparaissait littéralement sous les Heurs. La salle, vérita-
blement en délire, trissa le duo du quatrième acte, où Duluc se montrait à
la hauteur de sa belle partenaire.
Celto saison vit la naissance d'un nouveau journal de théâtre : le Furet.
Ses prédécesseurs la Corbeille et Vert-Vert étaient déjà morts depuis
,quel<|uc temps.
• «
Pour la campagne 1847-J8-18, la municipalité fil appel a M. Lemonnier,
([ui avait dirigé Graslin pend.mt une année. Le montant de la subvention
était, eoiiinit' Irs années précédentes, de 10. oriC) francs.
SAISON 1847-1848
IjEMONNXER , Directeur
Sid.iÉ, chef d'orchcsli-f. — Lîertix, régisseur.
OPÉUA
M M . Bbhtaut, fort ténor.
I'ljet, ténor léj^cr.
Boi!HD\is, iK-uxii-nif t«iior léger.
Kduiiaiu>, troisiùnie It'iiur léger.
UuUANvii.Li:. li'iKir comique.
I.KsuHus, barylou.
MAriiiEi . preiniôro bassf.
lIdNunfi. basse comi<iu<'.
OZANNE, laruettf.
M""' Aru.v. grande prennère chanteuse.
PiiKvtisT, protnièrt' chanteuse légère.
VADi^:. (it'uxiènie chanteuse légèro.
Mathii;» . |tii iiiièii' ihiga/on.
li<>t;KDAis, dciixiém'- diiga/<>n.
JoBEY, duègne.
■ ' 10 choristes.
GOMÉDli:
MM. lîuouE, premier rùle.
Sandhk. jeune premitr.
MofHor, jeune premier.
MAXtitN, premier coiiiiiiue.
l'ùKAi LT, pire noble.
Vadé. troisième amoureux.
Maii.kun. convenances.
M"'" UEi.KAY. premier rôle.
MoKsiAM, Jeune première.
(iEOROiNA, première soubrctt*
Pkraui.t, CO(JUelle.
TlIKNAltb, duègne.
I.KMouLB, convenance^.
De nomhieux ténors furent, cette aimée, vietiines des rigueurs du scrutin,
liertaut fut suceessivement remplacé par TuUi, Delavarde, (iarras. Ti.ssevro.
Enfin, le 1*' mars. Valgalier, un artiste de talent, fut admis presque à l'una-
nimité. Il était temps : plusieurs émeutes avaient déjà éclaté au Théâtre. Le
lyj oclobrCj la Mairie s'était fâchée ; le Théâtre fit relâche dcu.\ jours de suilo,
par ordre, ft h' niair«i pi'('vint le directeur que si. le 18, il n'avait p;j> d<'
98
150 LE théâtre: a naNtes
ténor, la subvention lui serait retirée. Les abonnés, eux aussi, se montraient
fort irrités. Le malheureux Lemonnier n'en pouvait mais. Il réunit au foyer
les habitués du Théâtre et leur prouva, correspondance en main, qu'il faisait
le possible pour trouver ce rara nris qui s'appelle un ténor. La troupe,
d'ailleurs, était fort bonne. On revit avec plaisir le baryton Lesbros, dont la
voix avait encore pris de l'ampleur. Pnget était charmant dans l'emploi de
ténor léger. M»"' Mathieu, une excellente dugazon, oX M^" Prévost, étaient,
pour l'opéra, de réels éléments de succès.
Le 2 janvier 1848, avant le sixième tableau du Chevalier de Maison-
Rouge, Roche lut un article du Sémaphore de Marseille, annon<;ant
l'arrivée d'Abd-ei-Kader à Toulon. Un vif enthousiasme éclata dans toute
la salle, et de nombreux cris de Vice le Roi! se firent entendre.
La situation financière de l'entreprise était loin d'être brillante. Le 20 mars,
Lemonnier abdiqua et les artistes se mirent en république, sous la prési-
dence de Roche. Le parterre, de 2 francs fut abaissé à 1 fr. 50, et l'on
décida de jouer pendant tout l'été.
En mai, plusieurs artistes appelés ailleurs par d'autres engagements,
furent forcés de partir. Lesbros fut remplacé par Desterberg, un baryton à la
voix très fraîche.
Pendant les journées de juin, Graslin ferma ses portes.
Les nouveautés de cette saison furent : Les Mousquetaires de la Reine.
Le Chevalier de Maison-Rouge, Le Fils du Diable, Lame en peine de
Flotow, Ne touches pas à la Reine, enfin Gastilheza de Maillard, qui excita
un fou rire général.
Au mois d'août 1847, Déjazet vint donner une série de dix-Jiuit représen-
tations. La charmante comédienne était adorée à Nantes, et la salle ne
désemplissait pas. Levassor, Baroilhet, Numa, Neuville, Bouffé, Hoffmann,
M"'«^ Sauvage, Mondutaigny et Julienne se firent aussi applaudir sur la
scène de Nantes.
Les loreltes — c'était le nom des horizontales de l'époque — attirèrent,
par leur tenue au Théâtre, l'attention do la Municipalité. Le maire ordonna
aux commissaires de police de surveiller attentivement les couloirs du
parquet, a devenus un lieu de véritable scandale. Les filles y font la bourse
avec les jeunes gens, — l'honorable M. Colombel aurait mieux fait de dire :
des jeunes gens, — pendant les entr'actes, et c'est là qu'on va traiter de
l'heure et des conditions du rendez-vous. » Je suis forcé de constater ([u'â
l'heure actuelle, les choses se passent encore de même.
La subvention fut abais.séo à )i8,0<X) francs l'année suivante, et la <lirHcu<Hi
confiée a un certain Tallicr.
IIAYDÉE — JÉRUSALEM — DUPREZ
151
SAISON 1848-1849
TAXiXER, Directeur
SoLiÉ, chef d'orchestre. — IJf.rtin-, r.-Risaeur.
OPÉHA
MM. EspiXASSK, fort tônor.
Scott, ténor Ii-rit.
Pktit-Delamakri;. maasol.
Vii.ijv, baryton.
VA.I.I.ÊK, première basse.
Lacroix, bas8e-c»)mique.
OzANNB, laruette.
Belnie, trial.
M"" ScoTT-MoRKF., forte chanteuse.
DEr.iixic, chanteuse It'gère.
Vauk, deuxième chanlt-uso.
Obertal. première dugazon.
.rwiALVET, deuxième dup^azon.
Vadé, t^oi8i^me dugazon.
JouRY, duègne.
DANSE
Prévost, première danseuse.
CliACVET, di.'uxiémo dansfusc.
COMÉDIE
MM. Ror.HE, premier rùle.
Tai.ier. pore noble.
Sandhk, jeum- premier.
Xavier, —
Wani'a. —
Jules, troisièm<- amoureux.
MoRix. troisième rùle.
DoLiGXY, premier comique.
OzANNE, financiers.
Sainval, premitT comique.
AiMKK, deuxième ••oinique.
Dexizot, deuxième romique.
Mai LKON, convenances.
M»",VADft, premier rùle.
Devélia. jeune première.
Broux, ingénuités.
Georgina, soubrette.
C. Vadè. ingénuités.
CHArvET. deuxième amoureuse.
.ToiiEV. duègne.
Le nieillour artist(^ de cette troupe était le ténor Espinas.se. Les notes
élevées de ce chanteur étaient peut-être un peu faibles, mais il avait un
médium superbe. Il possédait beaucoup d'expression et do sentiment et était
twcellent acteur. Malheureusement, il n'avait été engagé qu'en représentation ;
il fut forcé de partir en février. Huner vint le remplacer et fut revu avec plaisir.
M"' Seott ne réussit pas et fit place à M"« Koska, une jeune débutante
(jui promettait beaucoup. La chanteuse légère, M'i® Delille, était doué'C d'une
très jolie voix secondée par un talent sûr de lui-m<îme.
Haydée fut jouée le 4 mars 1849, et, malgré une interprt'tation assez
médiocre, remporta un certain succès. La ville entra pour L300 francs dans
la confection des décors neufs. Le Vald' Andorre, représenté le 28 août,
fut accueilli avec une extrême froideur. Le même mois, une pièce bourrée
d'allusions politiques : La Foire aux Idées, que la situation rendait d'autant
plus briîlantes, fut accueillie par de vifs siHlets et de bruyants applaudis.se-
ments. Le lendemain de la représent;ition, le Maire lit afficher une procla-
mation dans laquelle il recommandait le calme à ses concitoyens. Le soir
de la seconde, un piquet d'infanterie se tint en permanence sous le péristyle,
mais tout se passa tranquillement.
Le 21 juin 1849, on joua Jérusalem de Verdi. Duprez, alors en
tournée, fit le succès de cette pièce, dont les autres rôles étaient teaus jiar
IW
LK TlIl'^ATRE A NANTK8
di'S t'ii'vos du côU'hrQ t6nor, <|ui joua aussi /.a Juive, La l'acorite «-t Le
Jinrhier. Le rôle de Rosine (;tait chanté par une toute jeune fille, qui
donnait drjà plus que do brill.iiitcs promesses: M"' Miolan. La future
cTr'atrice d(; Marguerite chanta aussi, toujours avec Duprez, Lucie de
Lfimermmoor.
A une représentation d'Ot/iel/o, M" Delille, qui n'avait pas eu le temps
d'apprendre son rôle, fut autorisée par la Municipalité à ehanter partition en
mains. Domange remplissait le rôle d'Othello, où il «o nion»'-ri .(ItniriM--
comme chanteur et comme comédien.
Au mois de juillet, les musiciens n'étant pas payés, refusèrent de jouer.
C'était nu montent des représentations de Duprez et de M'" Miolan. Tallier
donna sa démission. Mais un arrangement se fit avec les artistes, ot Duprez
put achever ses représentations
An mois d'août, Rachel vint jouer P/èi-flrr, Audromaque et Le Moinc/m d»-
Leshie. Dans le courant de cette saison . l'Alboni se fit entendre dans un concert .
M""^" Persiani, Térésa Millanollo, Julian, Elisa Masson, les ténors Domanpe
et Bettini vinrent en représentations.
Lemonnier fut nommé de nouveau directeur, pour la eampagno 1810 18.V>,
des artistes réunis en société. La subvention de:i8.<HX) francs était affe<tée
au paiement partiel des premiers sujets de l'opéra et des artistes de l'orchestre.
au traitement de différents employés, aux frais de chaufîage et à la moitié de
ceux d'éclairage.
SAISON 1849-1850
LEMONNIER IDirecteur-Qérant
Scti.ift, rlnf il'nrriii'stre.
MM. Chknf.i', fort ténor.
La-oet, telle »r U'i^ov.
Borc.iiKiî, dcllxi^mt> ti'nor.
Kaynai., harvtoii.
Ii0i:\A63Kun, premiért' bassf.
Lacroix, dciixit'im' liasse.
Saint-Ai.be, Irial.
Cramoisvn. lanit'ttt>.
M"'«» Lac.kt, forte chanleiiso.
l'iorziccKS. clianleuse légère.
l'.SMK. ilugazon.
Pi:i.i.KRiN. deiixiiMiu' tliiga/on.
.liiiiKv. (luppni-.
DANSE
Prnvosr. première danseuse.
('.Al Kl i.E. deuxièino danseuse.
_ cni ,.i ri iviTisseur général.
C'.OMÉDIE
MM. Roche, promier rôle.
Lbmonxif.1i. père nobl<'.
Andiik. jeune premier.
S\M)i'f:. premier amoureux.
.VnniiN. deuxième amoureux.
MoniN. troisième rôle.
0/\nm:, tinaiiciers.
,\nnék, comique.
X^viKH. convonanees.
^jn... DiKoaai':. grand premier rôle.
DKSr.RANUKS. jeune première,
BoNNAiîi). ingénuités.
OKoiic.iNA, souhretle.
DAMiHtiMONT. tr«ve.sUs.
BirUER. deuï.ièi\ui j^pjoni. ti>
Tnr.NAur», duèjîno.
FLACHAT — M*^ BLAÊS
153
Los d<''but8 furent tr/'s mouvonient«''s. Le fort u'-nor tomba et fut reuijji i, .
par Oll.ird. M"" Bousif^ues, une ancienne connaissanfo, fut rerue, mais dans
la ><iiitn trouva souvent une vive opposition parmi les auditeurs. Les deux
meilleurs artistes de la troupe d'opéra étaient le ténor léger Laget et le
harinon Rayrial.
La saison fut assez terne. Kn fait de pièces, nonvelles pour Nantes, on
jou.'i J.P Caïd, Marin Padilln, de Doni/etti, François le Champi, fiahrietle,
Charlotte Corday. Le Juif Errant, La liir/ie nur ftoig.
Artistes en représent;ition : Anna Thillon, la <n'atrice des Diamants dp la
Couronne, et ancienne pensionnaire de (iraslin. M" San, Julienne,
Widmann et 48 danseuses viennoises qui firent courir tout Nantes.
Lomonnier conserva la jrérance de la Société des arti>N's «jm. fjri.e à ce
moyen d'exploitation, touchaient des appointements fort minimes. Les
charges de l'entreprise furent allégées. Le ThéAtre n'ouvrit que le 15 juillc
avec la comédie. L'opéra ne commençait que le 2 novembre.
SAISON 1850-1851
LEMONNIER, Directeur-Gérant
SoiiK. ch*f d"orc!ji«tre. — Uu^rik. r^j^iHiu-iir.
« >pr:R \
MM. IlKi.t.oT, fort ti-nor.
l'oNAMY. ««"-nor i/'gPI-.
l'KTiT, douxiôine lonor.
Mari. MOT, premit'-ro bai>8<\
lUviKRic, baryton.
Nr.sMK. dcnxl<'ni«» bassiv
iJKnviixe. trial.
CuAMoiriAN. laruettfl.
HictiAHi). tr<>isi^int' t/'iior.
M"" IIai.dek, fi)rt<' fliantougt'.
I.oiROs, premioro chtintoiiHK.
Lr.Bi'iNASSB. dUk^a^oii.
Pkixktit. tUMixit'tne duu'azun.
(ÎKNKV0I8K, dUt'Jjnt'.
Vnius, du^^rii*».
coMr:nii:
-MM. RomiK. pri-inier r.-l.-.
Kaim.k. j.-un^ prpiui.^r.
Mknê. fort sMoiid.
<iuiu.KMiN, deiixif-nte am^nmix.
lIos^ARp. Unanciors.
Sairvai.. promipr comi<|ii.'
Xavikh. cunveiiAiiro.s.
M"" Di'K0.s.sK, iiromier rAlo.
Victoria. jeuRf preniKTO.
.lui.iK. jiMinp promitTi'.
l>KnviLLK. dcuxli^me amour«*n«<'
Thknox. duéfno.
Daoûstk. iitilitt'.s.
La troupe présentée Atait assez faible, maii les ili^buls se chargèrent de In
rendre meilleure. Le ténor, le baryton, la forte chanteuse et la duge^on
échouèrt»nt. Après quatre essais infructueux on trouva d;»n.<« Hanche un bon
ténor. Un baryton remarquable, Flachat. vint remplacer Rivière. .M l^* Blaé;*,
une duga4ton flne et enjouée, qui devint bientôt l'enfant gMtiW^ de<) NanlaÏ!*,
\rA , U: TIIKATRE A NANTES
et M*"" Paola, unocliant(!U.se incxpériiiK^ntée, mais douée d'une voix superbe,
succédèrent à M™'"* Lespinasso et Halder. Enfin, M""» Voiron, une vocalistt*
des plus brillantes, apportait l'appoint de son talent dans la troupe ainsi
reconstituée.
Dans le personnel de la comédie, un nom doit attirer notre attention : celui
de M"* Victoria, qui tint plusieurs années, avec un réel talent, l'emploi df*
jeune première. Cette artiste était très appréciée.
Mais cette reconstitution ne s'était pas accomplie sans peine et sans
tapage. Le 12 octobre, le maire, mécontent de Lemonnier, qui ne se pres-
sait pas de compléter sa troupe, le fit révoquer par le Préfet. On nomma à
sa place le régisseur Guérin. Lemonnier réclama auprès du ministre, disant
qu'il était dans les délais pour remplacer les artistes tombés et que, n'étant
qu'administrateur, la Ville avait fixé un maximum d'appointements qu'il ne
pouvait dépasser. Lemonnier protesta vainement, et la càmpapne s'ar-heva
sous la direction de (nièriii.
Le Songe d'une Nuit d'Eté, joué le 15 mars 1851, ne remporta qu'un
succès relatif. L'interprétation de cet opéra était pourtant tout à fait supé-
rieure. M^'« Voiron roucoula d'une façon merveilleuse le rôle d'Elisabeth.
Bonamy était très bien dans Shakespeare. M"* Blaës et Marchot étaient
parfaits, eux aussi.
Quelque temps après notre illustre concitoyen Battaille joua l'opéra de
Thomas et y remporta un immense triomphe. C'était la première fois qu'il
venait, comme chanteur, dans sa ville natale. Il fut heureux et fier du succès
qu'on lui fit. Nantes donna un démenti au proverbe : Nul n'est prophète
dans sonpaj/s.
Je ne puis laisser passer le nom de Ch. Battaille sans consacrer à cet émi-
nent artiste, l'une des gloires de la scène française, quelques lignes dans cet
ouvrage qui contient l'histoire du Thé;ïtre de la ville où il a vu le jcur.
Battaille naquit en 1822. Son père était un médecin accoucheur très estimé.
Tout jeune, son fils fut destiné à lui succéder. Le futur créateur de Pierre
le Grand commença donc l'élude de la médecine. Il fut reçu interne au con-
cours de Nantes et passa ses quatre premiers examens du doctoral. Bon
nombre de nos concitoyens, qui connurent Battaille à cette époque, conser-
vèrent avec lui les meilleurs rapports. Mais la médecine n'était pas l'afifaire
du jeune homme. Le théâtre l'attirait irrésistiblement. Il entra donc au
Conservatoire pour en sortir avec tous les prix. Mais je n'ai point l'intention
de retracer ici en détails la carrière glorieuse de Battaille. Elle est assez
connue. Battaille fut, dans toute l'acception du mot, un grand artiste.
Son éducation le mettait bien au-dessus de la généralité des gens de son
métier, aussi, à la chute de l'Empire, fut-il appelé à remplir les fonctions
de sous-préfet à Ancenis. Dans ce nouvel emploi, (|n'il tint avec un tact et
luie h.ihileté r;ii'e-<, il prouv.i «jne ceux i|ni ;ivai<'iit pou><sé (le>< tTi< à --a
CHARLES BATTAILLE 1<>'
ff
nomination avaient eu tort. Ecrivain distingué, il présenta plusieurs écrits
théoriques à l'Académie des Sciences, qui leur fit le meilleur accueil.
Charles Battaillc mourut en 1872. Nantes peut être fière de compter parmi
ses enfants cet homme de cœur, cet incomparable artiste.
Deux Nantais, au début de leur carrière, firent jouer à Graslin deux
petites pièces qui remportèrent un vif succès : Hignard, Lex Fiancés lire-
tons, et Jules Verne, Les J'aiiles rompues, une délicieuse comédie qui ne
laissait point pressentir l'auteur des Voi/ar/es extraordinaires. La Chanteuse
voilée, (iiralda. Les Moniénérjrins, La Jeûneuse des Mousquetaires, Monte-
Cristo, La Fille bien gardée, enfin le Courrier de Lyon, dans lequel Roche
joua d'une façon remarquable le double rôle de Dubosc et de Lesurques,
furent les autres nouveautés de cette saison. On eutaussi roccasion d'applau-
dir les artistes suivants en représentation : M"" Masson, le ténor Dulaurens,
alors au Conservatoire, Ernsl, Thalberg, Lepeintre, Bardon, Kelun, Lafer-
rière, Fcrville, enfin M'"' Monténégro, une chanteuse italienne de talent,
qui vint chanter Xorma à la fin de la saison.
VI
DIRECTIONS : GUERIN. —CLEMENT. — DEFRENNE.
ROLAND
1851-1807
Mélingne. — L^tasaeur. — M" Ilillen. — Racket. — Duprat. — M" Cambier.
A/"' Lassenne. — î.es Noci's d'» Jenrinetle. — I-e Piophè e. — ScnutaU. —
Caubet. — A/"' Geiâmart. — U/'<)n>'er. — Mois**. — L'Kt'.ile du
\*ni(l — / xllioni — (l'iine il'int'ilaïui. — Ap)ini,itftii,iits
Je t'urchcstre.
^( A'/fil'^ municipaliif, salisfaiJe dt^ M (j'iénii, le con«5crva a li tétc
iC lu. j (IcGraslin. La subvtniion priiniiivcnu'nt fixée à 35. U(X) francs.
V fiif au-nn'iitéo de li>.00() franis à la suite tien événements du
^ V; 2 décembre, qui firoDl traverser à tous les théâtres une
crise
ésante.
SAISON 1851 - 1852
QUÈRIN, Directeur
SoLtt. chef d'orclioâtre. — X..., rt-gisseur.
OPÉRA
MM. DiiLUC, fort tonor.
Altairvc, ténor I«^gcr.
Leorand, df uxiè:ne ténor léger.
Met/lk'i, massol.
OawALD, baiyion.
Ma»u:hut, premiprebassf chan?anlc.
Lkport. promière basdc-com.que.
Marchand. lBru»'ti>>.
Belnik, trial.
M"*« Paoi.a. forte chnntoïKo
VoiHoM, eh>n:(>ii!io lè/èrc
FABtRr. m>rc «lu^azon.
Bu^Ks. dui^azon.
Gauthut, doiixièiuo dugazon.
Joasy, duôgne.
COMÉDIE
MM. l<i>rHi;. premier rôle.
Faille. j*une premier.
Lekurt. financiers.
Dev^lx. financiers.
Fabfkt, fort eune premier.
l'iciivRO, tioi*i"ine rôle.
Dr.HviLLK. premier com qae.
Année, diuxiè-ne comique.
Mairs. grande*» utilités.
Vi-" Maillet, premiir mie.
Vir.To»'iA, jounc première
Kabert. coq ell •.
Gautrot. iii><eiiuilcs
B«»LU'is. Riiulintle.
JuLiEM. deuxième amoareuae.
JulUY. duèfiMw
i:>H LE THÉATKt; A MANTES
Les débuts ne rnarcli^ireiit pas tout seul. Le ténor Duluc, 1res rippréciti-
jatli> à Naiites, ne trouva pas grâce devant le scrutin La généralité du
public lui n- .lit fait cependant le meilleur accueil. Il fut remplacé par
Laborde. M"' I*aola, applaudie pourtmt Tannée précédente, eut le
mémo sort que Duliio. M'"*"* Cault et (iueudy lui succédèrent sans succé^.
Knfiii M"'« Stransky fut admise. M"'" Voiron, dont le délicieux organ<-
pur, souple et velouté, se prêtait si bien aux fioritures du <hant léger.
M"' Blnës, le ténor léger Altairac (|ui était excellent, le baryton Oswald
et la basse Marchot, formaient une belle réunion d'artistes.
La saison, malgré cela, fut languissante. La situation politique détournait
du Théâtre tous les esprits.
Guérin fît ime heureuse incursion dans le vieux répcrtoirt". Un rtriitt-ndit
avec un vif plaisir : Ip Petit Chaperon Nouge, de Boïeldieu, (iuli^tan, d»'
Dalayrac, le Tableau parlant, de Grétry, enfin Aline, reine de Golronde.
de Rorton, opéra par lequel le Grand Théâtre avait fait sa réouverture
en 181 :{.
En fait de nouveautés, le Théâtre représentii : La Porte du Jirésil,lf8 Por
cherons, la Dame aux Camélias, M"" de la Seiglière, la Poupée de Kureiw
berfi, la P>'tite Fadette, le Chapeau de Paille d'Italie, lienoenuto Cellini,
Salrator h'osa. Ces doux dernières pièces suscilèient une grande cmlovité.
car elles furent jouées avec le concours de Mélingue qui les avait
créées à Paris. Le célèbre acteur remporta un très grand suc^ès. A la
dernière de Benvenuto on tira une tombola composée de six statuette-
d'Hébà. On sait que Mélingue, doué d'un beau talent Je sculpteur,
modelait en quelques minutes une statue dans le drame de Bfnrenuto
Cellini. Ce tour de force contribua grandement au succès du drame de Paul
Meurice.
Levasseur se fit entendre et applaudir à outrance dans Robert, la Juive et
/e.s Hur/aenot^. Les autres artistes en représentation furent Hermann-Léon.
Vigier, Grassot, Arnal et M"' Duprez.
Le 15 août 1852, une représentation de gala fut donnée en l'honneur du
prince Jérôme Slapoléon, président du Sénat La salle était comble et
montra beauconj) d'enthousiasme. La foule insouciantt^ avait déjà oul)lié les
massacres de Décembre.
On répara, cette année-là, la façade principale du Grand-Théâtre et les
retours sur les rvies Corneille et Molière. Les dépenses de cette restauration
s'élevèrentà 10,000 francs.
Le Conseil municipal m;*intint la subvention a ;{5.000 Irancs. et -Guéri n
conserva la direction.
SOIRÉES ORAGEUSES.
i:/)
SAISON 1852-1853
OUÉRIN . Directeur
SoLife. ch'f iJ'ortlii-.sti'
r '(ÇiastMjr
OPKRA
MM. DcMRUBK. fort tùnor
FiAHSiNE, lêiior l»'-^»r.
I.KTTKAYB, «l»'UXi«'rn«^ If-nni 1"V
l'RuuviKii, première b)UM<i>
Vani.aih. burylon.
Hkhhy. deuxiriiic hasnr
I '.iiAMiif:nY, trial.
l'EKltMN, IurUrlt«>
M'"* C.KAMiiON, forte chaiiteiiHiv
/ui.ftMA, rhaiiteiiHe li'jffu,'.
iliiotMET, prenii^re ilu^a/on.
Kkuciiaho, ih'iizi"""' .iii.'-i ..>!
.loBEY. (IiièRne.
«'.OMEim-:
MM. RocHK, pr«'ini»T rnl»-.
Faheht, jeune |>reiiii»'r
Lkulajic, fort rtecon'l.
l>F.vAi!x. linancicrri.
I.RMAIRK, Coinii|Ue
Tony, convi-n;iiiceH.
M»*» Vai.emy, premier rnle.
VicToHu jeutic premi'ie
IIaoios, iiigèiiuilé.
Hl.iiNDKI.. ilIg/'IMliti'-.
l<H<i<;iiAR(>. <i>>uxieme Niii>>>iriMih>'.
lU-i.i.Y .....1.,. U-
Les (U'^buts déciin«*reni cette trou|)e. Les soirées furent trè> ongeuses, le>
^l)ectateurs nesiiniiienl |)as, — l'arrêté de la mairie interdisait l'usage des
clefs, — mais iN riai'Mil, causaient a haut»' voix et frappaient des pieds. Le
25 octobre, le prcfet prit l'arrélé sui\ant :
AHTirr.E PHKMIKH. — Lc 'IMédtre de Naiii>-- <>i in m.- j.ru\ i-->ir.'iii-iii.
Art. 2 — M. (iu»Vin. directeur, est mis en demeure de prociVicr. dans le
plus bref délai possible, a la formation d'une nom e||f troupe en tous genres.
Les artistes |)r«''(édeinmerit engagi's ne seront admis ;i Lire partie de l.i
nouvelle trou])e qu'après avoir reçu ras>entinu'ni pn-alable de l'autorité.
.\n\. M. - M 11" \î:nt.. ,!.• \ iMi.'< >•<< . Il 11.-.'. ,|.. l'oxéculion du présent
.11 )■>'■{>•.
... l'réfpi
B. »B .\lENTwt K.
Guérin s'empressa de reconstituer une nouvelle trou|)e, et leTbéAtre rou-
\ rit le (> novembre.
MM. Lapiene, fort leuor ; lious(|uel. ténor l»''ger ; Flaehat, baryton ;
llécbers. basse : Saint-Denis, bisse <baniante. — Karl, premier comique.
M'"'"' Hillen, chanteuse lég6re ; de Courseilles, dugazon; Choimet. deuxiè
me dugazon, furent immédiatement re<;us
M^' Hillen éUiit une ravissante ehanleuv,> lé^'én*. Elle a laissé a
Nantes d'inoublial>les souv<'nirs. Flacbal, tléja connu, retrou\.t t.»m son
succès. Lcij autres artistes étaient d'une bonne moyenne.
Si fêtai» Hoi. i|ui remporUi un succès des plus vifs ; Halath^r, Oiartf.
'l'Emile Augier. le /'■••" '-tUfan/. la '' '■ 'o-..;. jy,,,,^ furent les non
\eautès de l'année.
Battaille .«îc fît applaudir avec frénésie dans le Val d' Andorre et le Soupe
160
LE" THÉÂTRE A NANTES
(Viinenult d'(^té. RachM vint jouer Adrlenne [."courr/^urct l^ffii/ Tartuffe.
Flt'ury. de rOpér.i. <f N'" ixiL-mps, coiiipUt'"--''' !■ -'••'> 'i-- ri.fi.f,.; .n
rcf)r(^s<ni.ilinn.
M.mgin fondi cetle annr'îc le Théâtre, feuille de sp^ciasle dont l'existence
fut assiz épliénuTe.
• «
L'Adminisfration municipale, prise d'un b^au mouvement de g<^néro»ilé,
prorosa au Conseil d'éleVcT la subvv'nlion au chiffre de 50.0)» francs. La
discussion fut vive, mais enfia la victoire resti au b m sens. La subvention
proposée fut votée et le système des artistes en société fut de nouveau remis
eu vigueur.
La subvention était ainsi affectée :
:21.(j00fr. pour assurer aux premiers sujets un minimum d'appointements
convenable,
pour l'enintien et la confection des décors,
pour l'orcliestre.
éclairage,
chauffage,
appomtements à divers employés.
6.000
8 0!I0
4.(XiO
2."< U
6.000
50.(X)0 f"r.
Le'lhéûtre devait ouvrir le 2 mai; il formait ensuite pour rouvrir défini-
tivement le 15 août. Guérin fut renommé directeur.
SAISON 1853-1854
GUÉRIN, Directeur
SoLiK, «licl <i uri'lif.str ■. — X..., n-gissi-iir.
OPERA
MM. PiiiLii'PK, fort lènor.
BiNRAU, iciior léjjfr. •
DÉsiRft. di'uxièino ténor.
Fi.\cHAT, baryton.
Fu.MOL. pri-'Hiière bas.se.
Bkrrv. rlpuxième basse.
Leo.v. trial.
Cn\MoidAN, laruelle.
M""8 Luoi'KT. forte rhanlen.se.
]jA.ssenne, iliantfii.sc Jok^''^'-
G»ti,TiiiiT. doux ème clianteuHC.
MARCIIANn, (Ill'/HZOn.
Flachat, doux Ànie dugazon.
LuQUKT, diiè^nc.
B,\LLET
M. lies, maître d.- h;illot.
M»».» Delaiikyk. première danseuse.
Dkmouchy. deuxième danseuse.
CO.MKDIE
MM Bnr.iiE. premier rAIe.
lUnHs. jfune premier.
nEv\i T. niiaiiriers.
Hkhry. deuxi-mo rôle.
J K.HAHi). troisième rôle.
Faukmt, premier amoureux.
Mabi^ic.hal. deuxième amoureux.
Lf :i>N. premier comique.
Maicuwo. deuxième comique.
Lamueht. convenaufcs.
M's I)ALLoCA, p'omior rôle.
Galtrot, co juelle.
.\. Gactrot. jeune première.
Gause. deuxième lunoureuse.
pBOMkNT, souLrtttt*.
LE PROPMÈTC
Los débuts furent défavorables à Philippe, Filliol et Lënn, ainsi qu'à
M"* Lugjt't. Crs àrtisU's furent Toinplarés par Duprat, ténor ; Tastc,
Hasso ; Belnio, trial, et M"" Cambier, forli* ch inicuse.
Ainsi rcrn inién. la troufK» si> trouva «'•tri» dtr premier ordre. Diiprat était un
ipcrbe ténor à la voix ulain*, juste. sympiilii<{ii>? ; M'Cimbierélait douée
d'un lr/;.s bel ornant' et poss«^(| lit, CM ouiri', un r^c\ talent de coniédionne ;
M''<^ LassiMine avait une voix di-licale et frùb», mai*^ ''''"•"'•" ••"'^" ît •'• "i
î Fl.ichat ne doivent pas être oubliés non plus.
Le fçrand événi^men», artistique de la saison fut la p^emi^^o du Prop/U'te
['M jmvie Ifiôl). An diredi- ccrfainos pe-sonne*, c.»l opéra nedevait jamais
être r. 'présenté à Nanii-ii. Los d.Hi ult<''S de la miso en s rne avaient déjà
arréié plusieurs directeurs. Guérin, plus courageux, n'hésita pas et inont;i
i ouvrage do Meyerbcr ; il eut raison, <'ir lo succèi fut immense et
incontesté. Quoiqui'sspcclatonrs pourtant si' pl.iifçnirent de no p;is trouver
avisez de morceaux chantants d ins <• 'ito partition ! ! ! Toujours la ni<*me n-ii-
gaine ! Quoi qu'il en soit, li* Prophète enthousi.isma lo public pendant
17 représentations. I/interpvétation était supérieure. Duprat et M"*
ratnbier (Jean et Fidês) méritèrent des éloj?es unanimes. M"* Lassonne,
Filliol, Taste, Flachat et Blini>au chantèrent les autres rôlosà la satisfaction
néralc. La mise en scène ét.iit suporbe et fit beaucoup d'efîct. Malheureu-
.-icincnt, le lever du soleil rati I»' premier soir. Les cinq décors neufs étaient
l'œuvre de MM. Crémion et Séehin. Ilscoûtènut 7 !(;•> 'w. CA. D.nv <.'i.f<
costumes nouVi*aux furent aussi eonfecti<'nné^
Le lundi Jô mai \<A, un praiid «oncert fut donné au Thr^àlre à roecnsion
(le l'ouv.Tiure du Miisèi» (h> Feltre. n.ilLiille, F^og.'r. li* violoniste Alard.
\'and''ii-lleuvel. M""'" ('alx.'l et Dulkcn prêtiiient leurs concours à cette inté-
ssanie cérémonie artistique dans laquelle on exécuta, entre autres mor*
aux, iXi^ii compositions duconite de Feltro. Deux critiques |)arisieDs, Fio-
ii'iitino et Escudior, vinnMitâ Nantes |xiur celte solennité.
Ij'h Soccm de Jeannette (lô novembre 1851} remporl>rent un ..
1 .'opéra de Massé fut délicieusement interprété par Flachat et M"« Lassenne.
La voix sympathique de l'un, les trilles, les fioritures, les pammes chro-
matiques et les roulades de l'autn» firent merveille, i> dit le Breton. On j<)ua
aussi Haymond, un méchant opéra de M. Thomas ; ColinAfaillorf/, pciil
opéra comique dû .^ la collaboration de ms concitoyens Hipnard et Verne ;
V Honneur et l'Argent^ le FiU de/amitle^ Philiberte^ Diane de Ly», les
J'ilU's de Marbre.
Elisa Masson vint jouer deux fois le ProphH^ci produisit dans le rôle do
Fidès une profonde impression.
Artistes en représoniaiion : Dojaz t. Acli.ir !. Lov.is.sor, M'' LulUor, enfin
162 I.E rHKATKE A NANTES
l>ates exoti(|ues, une dame placi'*e aux secondes de face, s eliiiça dans la
salle après avoir compté : une, doux... Elle tomba sur le bord de la galerie
des fauteuils sans se faire grand mal. Reconduite cbez elle, «'Ile n'expliqua
pas les motifs de cet acte de folie
Un soir on joua Le Prophète et L' Hoiniinir rt Carfjent. Le s|>ectaele
commonea à G heures.
A cotte époque, la critique musicale se montrait justement sévère. Les
artistes n'étaient pas ménagés lorsqu'ils ne le ra^'-ritaient pas, et la presse
leur disait carrément la vérité. Que diraient les chanteurs d'aujourd'hui «^i
fous les journaux se montraient aussi durs qu'autrefois ? Pourtant la
critique dépassait parfois les bornes. Voici un extrait d'un article de
M. Olivier Merson. paru dans L'Union Bretonne. Je le donne, non comme
un exemple, mais sim[)lcment comme un cchaniillon du ton (pic (crtiiiiis
journaux prenaient dans leur feuilleton théâtral :
« C'est comme cotte hoirible Madame Lapie ! Ah ! personne n'avait donc
de clé pour silïlcr coite affreuse Madame Lapie! Ce n'est plus de la baraque,
ce n'est pluô de la foire, ce n'est plus de la farce, que cotte abominable
Madame Lapio ! c'est une difformité comique en tout point semblable au
diaI)lo t'Ixniriffo qui sort d'une tabatière on corne. Kt dire que ce diable
•'liounfré a montré son goinfre envermillonné et que le public n'.i pas eu un
soûl silllot pour la faire rentrer dans sa tabatière de corne!
Il Ces chosos-la, M. (iiiéiin, quand on les a. c'est à coup sûr un malheur,
niais précisément à cause do cela, il faut des précautions pour ne les jjroduirp
qu'à bon escient. A l'avenir, regardez donc ;i doux fois avant d'ouvrir la
tabatière de corn(»qui recèle dans ses flancs le diable ébouriffé que je vous
signale, et p.^r^ftniie, vraiiM<^nt, ne se [ilaindiM de \otr'' roscrv»- à cet
t'gard. »
C'était dur, pour no pas dire plus, surtout s'adressantà une femme. Mai>.
sans employer un style pareil, ne pourrait-on revenir, envers le directeur et
les artistes, à une critique sévère tout en restant juste ? La presse |X)litique.
depuis quelques années, est vraiment trop douce. On sont trop, dans se>
articles, un parti pris do bienveillance quand même. D'un autre côté, les
spectateurs d'aujourd'hui. — lîls dégénérés de pères que des compagnies de
ligne, baïonnette au fusil, étaient obligées de faire sortir du ThéAire, — ne se
passionnent plus pour les qui^slions artistiques. Aussi qu'arrive-t-il*.^ C'e>t
(|u'on voit paraître et rest(>r sur la première scène de Nantes des cabotins
dont Carcassonne ne voudrait pas. Si la critique se montrait moiDs indul-
gente, cet «'lat (le e)i<-><o cesserait bieniAl.
LjO directeur nomme pour la campagne IKMIRÔ.S fut M. Clément. La
subvention resta fixée à 50.000 francs.
NOUVEAU MODE DE DEBUTS
1«3
SAISON 1854-1855
CLÉMENT, Directeur
S<u,ifc, chff d"iirche«lri'
OI'fiMA
MM. DK LA ClIAISaKK, forl l<-IIOI
JuLEfi, ténor Ii-^er.
Mathiku, •leuxièni" Imior.
ViNcKNT. baryluii.
Valkt, premitTo biissi-.
(.îouEi.Aour, basse comique.
OuKoi H, d»>iixit-(ue banso.
BtH.NONVII.LK, liirliettfl.
Daihk. trial.
M'"'* liKnNoxvii.i.K, f'irlf rhanteus.-.
Ki<:iiKii.i>, chanleuso |t'gt>re.
Dic LA (>iiAt;iK^-.i:, deuxième rliatit.
-DciiAunv, dugaz**!!.
i^ivioN. duègne
rOMKDIK
MM. HociiK^ premier rnlc
CotLo iiitR, fort jeune |)r<-nii>-t
Dlkour, Irul.sjiVmo rf>U>
J. liociiK, premier tim<nii-it\
Laval, dcuxii-me umuuroux
MoRizK. grandes ulibl<-»
Pkhhot. Iinaiicier8.
I)A1IIK. tu
MaKIIxi. .|U*
Mm" I»v\ioi itK\i . 1 If
Lai HKTii. ')>■ i r.v
Si\io\, nure nol»ie.
Vaijcnch:. grande r<M|U)*ttf.
Olympe, jeune prenii' tp
.Vdobcy, ingénuité.
I.^VAL, deuxième amoiireu.'>-
JouEY. dui-ane.
Un uouvol arrôté concernant his débuts fut piomulgui^ au commenceiuent
tlo la saison. En voici le ri^-sunir. Un moisapri's rouverliiredol;i lanipjgne.
Ions les artistes à emploi étaient soumis à l'éprouve du .scrutin. Les abonnés
:i l'annéu votaient seuls. Un bulletin imprimé portant le nom d&s artistes a
juger était donné aux votants. Il sulllsait de barrer le nom pour le rejet. Le
vole, |>er.sonncl et secret, était à la majorité des sulfrages. Quel que fût le
nombre des votants, le scrutin durait une heure, thins le local et au jour fixé
par la Maiiic. Tout artiste tombé devait être remplacé dans les quinze jours.
Pendant les débuts, toiite manifestation d'improbation était rigoureu.scmcnt
interdite.
Un autre arrêté du maire préposa une ouvreuse à chaque cabinet
d'aisance. La taxe était fixée à 10 centimes.
Pour l'ouverlure, le {?az fut installé dans toutes les |>arties du 1 héatn».
L'huile ét;iit encore employée sur la scène et a l'orchcsire.
La troupe présentée par Clément était mauvaise, aussi futelle vite décimée
par les débuts, qui congédièrent MM. de la Chaussée, Jules, Vincent. Gode
laghy, Mathieu, Vallct, Coulombier, Dure; M*"" Bernonville, Eichfeld, de
la Chaussée. Ces artiste-^ furent remplacés par les suivants, dont plusieurs
étaient avantageusement connus: MM. Duprit, .\nUiiomc, lénor léger de
beaucoup de talent; Lyon, Gra.it, ('éret. Après trois essais infructueux pour
trouver une forte chanteuse, on eut recours à Elisa Musson, qui (ut -•
avec des transports d'allégresse dans sa bonne ville de Nantes.
1G4
LL THEATRE A NANTES
Au romnvTnceincrit de la saison, le comique D;iiiv, refusé, causa un scan-
dale f|ui devait se dénouer, d'une manière fâcheuse pour lui, en police correc
tionnelle. Cet individu, trouvant dans le passage Pommeraye un banquier
bien connu, M. Jules B.... le frippa brutulement au visage, croyant avoir
affaire à M. Olivier Merson. Le comédien, s'élant aperçu de son erreur, se
confondit en excuses, mais l'affaire ne devait pas en rester là. M. Merson,
apprenant l'incident, se rendit à la conciergerie du Théâtre et Bt appeler
Daire. « C'est moi, lui dit il, qui suis M. Olivier Merson. » Aussitôt l'artiste
donna au critique une chiquenaude. Merson riposta par un vigoureux
soufllet. Le soir l'on dut changer le spectacle, Daire ne pouvant plus repa-
raître en public. La cause première de toute cette histoire était une critique,
cette fois assez anodine, de M. Olivier Merson sur ^L Daire. La presse
entière protesta vigouicusement contre les prétentions des cabotins.
Cette campagne fut mauvaise au point de vue pécuniaire. Le 16 avril I85ô,
Clément se retira. Le soir on fit relâche. Mais l'oreheslre avant abandonné
les 10 jours d'appointements qui lui étaient dus, les artistes ayant promis de
ne pas faire de saisie sur les recettes, enfin Elisa Masson, Duprat et Anthiome
ayant consenti à faire la remise de plusieurs cachets, Clément reprit ses
fonctions. Un afficha un spectacle ; mais, à 4 heures du soir, le direc-
teur envoya à la Maiiie sa déu)ission définitive el fit coller des bandes
sur les affiches La campagne n'avait plus que quinze jours à courir ; les
artistes la terminèrent. Cctie aimée là il n'y eut pas d'artistes en représenta-
tion et les uouveailtés ne furent pas des plus intéressantes. On joua Madelon,
de Bazin ; La Promise, de Clapisson ; Le Billft de MarrjuerUe, de Gevaërt;
La Crise ; Le Cœur et la Dot. Une grande féerie : Les Merceilles du
Monde, admirablement montée avec le matériel de Paris, obtint un vif
succès.
La gérance de la Société, pour la campagne suivante, fut confiée a
M. Defresne. La durée de l'année théâtrale était fixée à onze mois, dont neuf
avec tous les geufes.
SAISON '1855-1856
DEFRESNE, Directeur-G-érant
SoLiÉ, chef d'orchestre. — X..., régisseur.
OPÉR.\
MM. Caubet, fort tiînor.
CiivLLAHT, tt'iior loger.
Lemaire, deuxième ténor.
RoouiER. masâol.
M HTiN. baryton.
Bai-ethacu, première bas-e.
PETir, ba^scciiitn ante.
Bekrv, deuxième basse chaniaot*.
LucA!i, trial.
0UO1.N0T, loruttto.
M" GRIBMARI»
mi-/;nier
IC
Mm'» FuiZARi), furte rhanteu8i>.
l'iU/j^H. chai.' : " .•
KAir.LK. pKli II
nilUUCDUKT. iltjiixit liio (lll^JZOll.
Pahonm:. deiixi<-iiie cliatitciiHi*.
l'uNcKi.ET. niorcdugazoïi.
JuKKV, diii'gne.
COMtDIi;
MM. lîERNKT, premier r.'»le
ItociiK, deuxtèm» n'dc niar(|iii-.
ItuoLiKH, jj'unf pp-mier.
DonvAi.. fort j»-uii«.' premier.
llAYNiiUi. d<'U\ii-m<' iunouri'UN.
MM. Allan. deuxième amoureux
Hkhry, :;
FANor.i I
Ra. .jlJf
<jiciiVAi'«, lii-uvioiiie comique.
M'n'« FosctLET, premier r'»le.
IIaRDY, jeune premiiTe.
Dkiiay, uière noble
JoiiKY. caractères.
r.ç
Kl - amoureune.
Dci.i iir< [>i.
l.vr.ir.. -6
AnoNXKMKSTH .\ i.'wN^K : Plr«<'*«H nou réaervées ; Ilurameit, aiji» francs ; idanieK.
1('>|| fruncH. - 1 lilH et lu^e», 80 francs: baignoires et orcbentre.
:m franc» : l-, . h.
Celle trou|M' coiitoflait qiu'lqucs bons artistes. Le ténor Caul>ot |><jss«\lail
une grande et b«'llc voix qu'il avait le Uilent de ne jamais forcer. Son
trionjplio était Eléazar, do La Juice. Citons aussi le ténor léger Challart et
le baryton M;irlin. Il y eiil plusieurs chutes : celles de Baléiraud, Kaynard,
Dorval, Koguier, Oudinot, M"'" Fuizard ol Faigb'. (|ui fur.nf i.mmi.1 i. .'■> m.
Bonnesseur, Thirard, NardieretM"* Bl^l^s.
M" Geismard vint comme forte chanteuse. Celte artiste possédait un»'
jolie \oix et un beau talent. Elle devait faire, plus t^ird. une courte apparition
a rOp«'ra. Elle revint ensuite se fixer à Nantes. Son mari, M. Ecarlat, tenait
un cabinet de lecture situé ruo Voltaire. M" Geismard était fort estimée dans
notre ville.
Régnier, alors dans toute sa gloire, vint donner îles reprt^sentation> >ur
cette scène de Grasiin où il avait fait ses premières ;urmes. Il remporUi, dans
le rùlc do Noël, de La Joie /ait ju-ur, un succès sans précédent. Il j«)u;i
aussi Tartuffe. A cette occasion, le maître de pension Boullaui lui adn'.ssi
les vers sui\ants :
.\antes i'a ru commencer la carrière,
l'Ule applaudit à trs heu>'
Pensant gu'un /oui' la tr
lirtcntirnit de tes i> s'
l'a nous devais crtir
Qtii nou.' ratifitr, nu instant an bon gont.
Mais rct instont dispuraitra bieti rite.
l.e mnurais goût est aujourd'hui partout.
\!'^i"'i'e, hélas!.., pour nous quel ridicule,
de la tc^ne, est dans. . . /•• vestibule .' "
Le 11 septembre 18ô5, pour célébrer la prise de Sébastopol. qu'on venait
d'apprendre, l'orchestre joua. pon»Ianl l'entracte du deuxième acte de la
Juice, le dod snce the Queen et l'air de la Heine I/ortenite.
100 LE THÉÂTRE A NANTES
Moïse ohùnt, le .*W of^tobre 1855, un brillant succès. L'opéra de Rossini
était bien chanté par M™" Geismard, Caubet, Bonnessenr et Martin. Chose
Hrange, la Priôre, la seule page qui ait survécu, fut le morceau le moins
,ipplaudi de la soirée. Le 2(\ mars 1850, VKtoilc du Xord parut à son tour,
pour la première fois, sur l'affiche. L'exécution fut excellente du côté de
l'orchestre et des chœurs, quant aux artistes, ils laissèrent à désirer. Un
cnrouornent f^éiiéral affligeait les chanteurs. Les interprètes de cette a-uvre
hybride et endormante étaient MM. Bonnesseur, Martin, Challarl, Nardicr,
^mt'H Roziès et Dubarry. Pour ces deux opéras, des décors neufs furent
brossés par M. Bernier.
Los spectacles monstios étaient ioiiJ(hu's a la mode le dimanche. On
donna un soir les Trois Mou.sr/uef aires, le Chalet et les Deux Aveugles. Le
rideau se leva à cinq iieures et demie du soir, pour ne tomber définitivement
qu'à deux heures moins un quart du matin.
Les autres nouveautés ofTertes par Defresne, furent le Demi-Monde, le
Comte iJermann, la Reine Maryot, le Bijou perdu, le Médecin des Enfants,
VElisire d'Amore avec M'"'' Persiani, les Compagnons de la Marjolaine,
d'IIi^'nard et Verne, enfin le Monde, drame inédit d'un autre de nos compa-
triotes, M. Tessier, qui devint rédacteur à la Lanterne et directeur de son
supplément littéraire. Cette œuvre d'un débutant fut très applaudie et
l'auteur dut paraître deux fois sur la scène.
Les nombreux admirateurs de l'Alboni eurent le plaisir de l'entendre dans
le Barbier, la Favorite, la Fille du Régiment et le Prophète. Dans les rôles
si différents de ces opéras, la grande cantatrice fut admirable. M™- Persiani
se fit entendre dans un concert avec d'autres artistes italiens. Sivori et son
violon magique, ^L et M'n^Taigny, du Vaudeville, Mélingue, enfin Céline
Montahuid, vinrent en représentations. Cette dernière, déjà célèbre, n'était
âgée que de douze ans. Elle joua son fameux rôle de la Fille bien gardée,
et, pour la première fois à Nantes, un vaudeville de V. Mangin : Cerisette
en prison.
Roche fit, cette ,année, ses adieux au public qui l'applaudissait depuis
trente et un ans sans se lasser. Il donna une représentation de retraite et
M'a» Roche, qui s'était retirée du Tliéàtre depuis quelque temps, reparut sur
la scène une dernière fois. Ces deux excellents artistes dont la carrière à
Nantes avait été si brillante et si honorable, furent couverts de bouquets et
de couronnes, justes témoignages de l'estime et de l'afîection générales. Ils
jouèrent une scène en vers de l'un de nos compatriotes, M. Puységur : Un
Souvenir de Défiance et Malice. Défiance et Malice est une petite pièce
dans laquelle Roche avait joué, pour la première fois, à Graslin en 1825.
Pendant cette saison, la Ville fit établir deu\ calorifères au Théâtre. La
dépense s'éleva à 24.000 francs.
APPOINTEMENTS DE l'ORCHESTRE
167
J'ai retrouvé, dans \6s archives de la Mairie, le chiffre do3appoint«iii'iii>
(le l'Orchestre à celle époquâb Ces appoiiitenieiiLs sont intéressants à
connaître :
185G
l>*r moi» i>>r iiku.
Dfuxii'me haiilboi» 7l) francs.
PremitTO flûte 120 —
DeuxHino flrtl«> 70 —
Premier basson . UXJ —
I >eu s U'ine basson. 7n —
l'romif'r r<»r 110 —
I)>'iiM<nie cor '.*i —
Trui«itiiu* ror ... /O —
Quatrième cor 70 —
Premjt'r piston 120 —
Dcuxi(-me piston 60 —
Premier Irnmboiie 8ii
Deuxi.-me trombone 50
Troisième trombone 70 —
Ophiclêide {jo
Timbalier 7o
PianisteorKaiiiste 115 —
Tainltoiir •.;."»
Premier chef d'orchestre . . .
450
francs.
Deuxième clief d'urcbestre..
140
—
I{«ipetit»'ur el premier alto. . .
120
—
Violon solo
120
—
Premier violon
HJO
—
Deuxième violon
m
100
—
Premier alto
Deuxième all<
50
KJO
100
—
Premier violoncelU'
Deuxième violoncelle
Troisième Tiolonc«lle
MO
—
Quatrième violoncelle _. .
JT.
—
l'remirre contrebasse
;h
—
Deuxième contrebasse
ti5
—
Troisième contrebasse
50
—
Quatrième contrebasse. . , . . .
50
—
Première clarinette
120
110
l-Xt
-
Deuxième clarinette
Premier hautbois
l'oiir la premirre fois, la question de la gérance du Théâtre par la Villf
fut posée au Conseil, iorsiju'il s'agit du vote de la subvention. M. J.-B.
(luilley, alors conseiller municipal, bien connu par>on goîitpour la musique
et le théâtre, goût qu'il conserva jusqu'à l'âge le plus avancé, fit un rapport
remarquable qu'il serait troj) long de citer «-t dans lr<juel il proposait, comme
remède à la situation maladiveoù se trouvaient tous les théâtres, l'exploitation
des scènes par les municipalités. Cette idée no re<,ut pas un accueil favorable.
il fut décidé, pourtant, qu'il n'y aurait plus de sociét«j d'artistes mais bien un
directeur responsable, avec OO.OO.l francs de subvention. Cette somme de
UO.tKK) francs, destinée à tenter les directeurs, était absolument illusoire., ar
voici comment la Ville la répartissait :
En numéraire ."»<». 0(K) francs.
Loyer gratuit de la salle estimée à. . . . ilO.UN» —
Partitions, décors, costumes a KMKJO —
Tot^il IHJ.DUO francs.
L'allocation llnVitrale était donc, en réalité, la même que lesautresaïuiees.
Deux artistes de la troupe, Demortain, jeun»' premier el Bonnesseur. ba-^.se,
postulèrent la direction. Demortain remi>orta, mais il ne devait p;isdemeun»r
longtemps à la tête du Grand-Théâtre.
Le 10 aoiît 18ô(j, il envoya .sa démission a la Nfunici{)alité. La chaleur
était tellement forte que j^ersonne n'allait au Théi\lre : on était forcé déjouer
devant les banquettes. La Ville se mita la recherche d'un directeur. Elle
168
LE THEATRE A NANTES
finit par en trouver un en la personne de M. Koland-Saiiil Lé^'er, qui ne
consentit, d'ailleurs, à venir que eoninic L'/'i'.mt d'une soîiélt'- d'.ii tistfs. Le
Théâtre n'ouvrit qu'en octobre :
SAISON 1856-1857
ROLAND - SAINT-LÉGER , Di recteur-Gérant
SoLiK, chef d'orchestre. — Kmmanuel, régisseur.
OPÉRA
MM. Toby-Masskt, fort lénor.
Su.ioi., ténor léger.
Gazf.navb, deuxième ténor léger.
(J!aki.ii:r, baryton.
DoBBELS, basse noble.
SoTTO, basse chantanle.
IIaly, troisième basse chantante.
CuEVAYE, trial.
Bauquesne, laruelte.
M"""' Henonville, forte chanteuse.
Xuma-Blaini, chanteuse légère.
DucLos, dugazon.
Robert, deuxième dugazon.
.loBEY, duègne.
Albert, duègne.
COMKDIK
MM. Delafossk, premier rôle.
E. Roche, jeune premier.
l'iETEz, pieini.'r amoui'eux.
Hkauqijes.ne, deuxième comique.
(]iievaye, deuxième C4jmique.
Ernest, jeune comique.
Rosambeau, troisième comique.
M"»" Thoy, premier rôle.
Albert, mère noble.
Devaux, ingénuités.
Ogtavie, amoureuse.
IIerxianck, coqueti*.
BoBKRT. soubrette.
.loBEY duègne.
Cette .saison fut terne et sans intérêt. Il y eut plusieurs chutes : Carlier,
^mcs Renonville, Duclos et Robert durent partir. M. Fernando,
Mme Rey-Santon, enfin, M"« Blaës à qui l'on finissait toujours par avoir
recours, vinrent le? remplacer. Le ténor léger Sujol était le pcTC d'André
Sujol que Nantes devait applaudir plus tard, deux ans de suite, sous la
direction Paravey. Il possédait les mômes qualités que son fils et débuta,
comme lui, dans le Barbier. Il chantait avec une grande aisance cette musi-
que légère et vocalisait avec une facilité remarquable.
Dans un article sur le Théâtre paru en 185G, M. Mangin se plaint du peu
de variété du répertoire et du ressasseraent continuel de certains opéras
entre autres de la Favorite qu'il juge : « une musique frippée et une œuvre
chantante dont la popularité ne garantit nullement le mérite. » Toucher à la
Favorite en l'an de grâce 1800 ! ! ! Décidément, Mangin avait toutes les
audaces.
On joua sous cette direction Jaguarita l'Indienne, la Fanchonnette, le
Fils de la Xuit, qui fournit treize représentations, chose extraordinaire pour
un drame, la Joie de la Maison, et enfin une pièce du cru : Hue d'Or-
léans X^. . . dont l'auteur ne se fit pas connaître.
Déjazet, Grassot, Pérez, M'"''* Araldi, Ravel, Aline Duval, le pianiste
Prudent, Debureau, Darcier. Raphaël Félix, vinrent donner des représen-
tations.
Théâtre des Variétés
Place du Cirque
(D'après un dessin de l'épO(}ue, extrait des Archives Nantaises, de Verger)
?,«^?.'?fcÇ^^^1^
VII
THÉÂTRE DES VARIÉTÉS
(Rue de rArche-£è:he)
]-••.■> l'iliiles 'lu lii.ihlo. — h,j.i^e(. — .\<i,ir.l . — J.i'jn-r — I >rii>-t.
'^J '^cT^'n 18:M, s'éleva, pri's du pont Sauvetout ei sur i'ompiaceraeiit
h^M'r: *-} d une ancienne tour de l'enceinte de Nantos, un petit théâtre «lui
OC<\L-Xi ' prit le nom de Salle des Variétés. Ce monument, propre et
/Wv V*» ' '^ I ...
iS^tvc ''■•'1 coquet, ctiil du à 1 arehitecte Chenantiiis.
Un certiiin Armand en prit la direction, mais le Maire lui refusa l'auto-
risation d'ouvrir celte set^onde salle.
Apri^s bien des démarches, cette difficulté fui a[)laiu<' ; mus i»- ninivcau
thédtre ne couimcnc^a ses représentations qu'eu I80G. L'ouverture eut lieu le
23 mai. On joua un ProloQUP et un Duel sous Richeiieu.
Pendant quelque temps, la foule alllua aux Variétés mais, bientôt, on ne
joua guère, pendant l'hiver, que le dimanche. L'été, les représentations
étaient plus suivies. Il y avait souvent des artistes de passage. On applau-
dissait aussi sur cette petite scène des gymnasiarques. des prestidigita-
teurs. Quelques concerts s'y don)iaient encore, de temps à ûutre, et do nom-
breux bals y avaient lieu chaque année.
En 1S40, la seconde scène nantaise remporta un grand succès avec un
drame fort bien monté : le Xaufrage de la MéduAc.
En 1842. Lemonnier prit la direction des Variétés. 11 monta avec luxe
les Pilules du Diahlr, et appela en représentation des artistes de valeur :
Lepeintre, Achard, Ligier.
Pendant l'année 184 1. Déja/et et le conuque \ ernel. des \ ancio. vm
rent donner une série de soirées. Grâce à ces deux artistes. 1 1 ■-oci.'ti- r\r-
gaute qui avait alxindonné les Variétés, se décida à y revenir
Ce renouveau ne dura pas et le petit thé&tre retomba dans le marasme.
Parfois la troupe de Grasiin allait y jouer quelque gros mélo ou quelque
vaudeville abracadabrant qu'on ne jugeait pis digne d'être représe«tc sur
notre première scène.
170
Lli THEATKK A NANTES
Peu à peu les Variétés abandonnèrent le genre dramatique. Le proprié
taire se eontentait de louer la salle à des faiseurs de tours quelconques, à
des lutteurs. Bientôt le cirque Pasquier, que le percement de la rue Boileau
avait laissé sans local ,s'y aménagea et les Variétés cessèrent d'être théâtre.
Elles devaient être transformées, plus tard, en magasin de fer. Il y a quel-
ques années, on voyait encore lorsqu'on passait sur le pont Saovetout, le
dôme de cette petite scène s'arrondir au milieu d'un amas de vieilles mai-
sons. L'emplacement de cette salle est occupé, aujourd'hui par les magasins
de crins, laines et duvets, de M. Maury.
CINQUIÈME PARTIE
î|)8 la ^^GesLion du ^Grand- Jhéâlre par la .\- ille à la -Fin du XIX" -^iècle
1 857
1 OOO
Théâtre Graslin. — Théâtre Renaissance. — Théâtre des Variétés
I
GÉRANCE DE CHARLES EOLIÉ. POUR LE COMPTE
DE LA VILLE
I857-I8<;i
M"' Ilillen. — I.es Dragons de Villars. — Déjnzet rt A/-' lieainje. — A/"» Ijnroye.
M"' lirièi-f Fnui-é. — ytirapclli. — lioitrnrif. — liéjuij. — A/— linrijhéte.
I.e Fanion do IMot-rmel.— Charles.— LeTrouvi^re.— t'omte-Jiorehard.
('(tstclmary. — A/— Drsterbi-cq. — Knusl. — A/-* Carnilho.
litKsultats financiers dr la gdrance.
^TV*?^/!?, i»i i<r;iiiiu'0 lH.")7-18r>8,rA(lininii>tralioinlioisii.conime(lirt'Cleiii*,
M. Vigny; inais,d«;s \v mois do juilU'f, celui ci démiissionnii. Le
scrutin avait démoli presque toute la troupe qu'il avait réunie
^vii!>îpj pour les mois d'éiê. I.;i Municipalité nomma alors l'ancien
directeur du tlu'àtrc de Rouen, M. IMuniketl, qui se démit quelques jours
après. On s'adressa, en désespoir de cause, à Dolij;ny, neveu de Talma, qui
avait été applaudi comme premier comique sous la direction Bousigues.
Mais comme il demandait une avance sur la subvention pour former sa
troupe, les pourparlers engtigés furent bientiit rompus.
La situation commençait à devenir grave et la future saison paraissait
bien compromise. La Ville, très ennuyée, demandait à cor et à cri, chez tous
les correspondants, un directeur. Celui ci demeurait introuvable. Personne
ne voulait plus so risquer à venir a Nantes. Les cluiU'S continuelles
172
LE THEATRE A NANTES
effrayaient tellement les artistes qu'ils refusaient de faire partie, à n'importe
quelle condition, de la troupe de Graslin. Les correspondants consultés,
exigeaient, pour fournir un directeur, un remaniement entier du cahier des
cliargf s, la suppression des débuts, pas de nombre limite pour les choris-
tes, et le maintien assuré de la subvention de .■)O,O0O francs. Pendant tous ces
pourparlers, le temps avait passé et la fin de sppt«'iubre arriva sans qu'une
(lécisioneùt étéprise. Enfin l'Administrationse décidait réunir le Conseil pour
lui exposer la situation sans issue dans laquelle on se ^débattait. M. Guilley,
le i^arfisau le plus décidé de la gestion du Théâtre, soutint avec énergie et
éloquence son projet favori et fut assez heureux pour le fa ire adopter. Char-
les Solié fut nommé administrateur. Nantes était la première ville àessayer
('•e système. Nous verrons tout à l'heure les résultats (|u'il donna.
Restait à former une troui)e ; ce n'était pas le plus facile, vu l'époque
avancée de l'année. Enfin, après bien des difficultés, Solié y arriva, mais lo
Tliéâtre ne fut prêt à ouvrir que le 31 octobre.
SAISON 1857-18SS
Charles SOLIÉ , Administrateur - G-érant
Solié, chef d'urcliesh-e. — (iAUiiKHT, régisseui-.
0P3^RA
MM. l^LipiiAT, fort ténor.
liioTouT, ténor léger.
l>ERNAiiD, deuxième ténor léger.
(jkh.\rd, troisième ténor léger.
O.sMOND, baryton.
(î.\^YB.\L, première basse. •
G.4R0N, basse chantante.
f.AVKnGNE, deuxième basse ciiaii-
tante.
Yi.ON, troi.sième basse cliantante.
.JoLLY, trial.
( '.oLi.iNET, laryettc.
M"'" Stranski, forte chanteuse.
IIii.i.EN, chanteuse légère.
ViK, jeune chanteuse.
GoNTHiKR, ileuxièmo dugazon.
•louKY, duègne.
GOMKDIE
MM. lîoGER. premier rùle.
Marceluin, jeune premier.
Kraiss, premier amoureux.
Maurice, deuxième amoureux.
.loi.LY, prenjier comique.
Tuais, deuxième comique.
CoLLiNET, coini(iue marqué.
Thomas, comique grime.
l^uHEHT. troisième rùle.
M""3 AuMONT, grand premier rùle.
Reynes, jeune première.
(ioNTHiER, ingénuité.
Passa RiKLX, amoureuse.
Berger, co(iuetle.
HouDOis, soubrette.
•loHEY, iluègue.
Prix i»es Pi,m;es : Pieniiéros loges, l-'auteiiiis, liaignoires : ."> fr. Deuxième.»;
liOges. Stalles : 4 fr. T)!). — Pirniièies (ialeries, Paniuol, Deuxièmes de face : :5 fr. 5<>.
— Parterre, Deuxièmes de cùti' : '.i fr. — Troisièmes : 1 fr. — Quatrièmes : 50 cent.
I*our que le senitin fût valible, il fallait que la moitié des abonnés votdi.
Il y avait alors lÙO abonnés, mais ils avaient fini par se désintéresser des
scrutins. Aussi, était-ce presque toujours la Mairie qui prononçait le rejeton
l'admission des artistes.
DÉJAZET ET M™* BBAUGÉ
173
Il y eut peu d(! (•luîtes. IJétout et Heriiurd furent les seules vieliiiics. Ils
furent rem plaeé.s par MM. Carré et Daiiglès. La troupe était coriveiial»le.
M™" Hillen, que personne n'avait oubliée, retrouva son vif succès d'autre-
fois. Rosine, du li a rh ie r, éiuil toujours son trioniplie. Apn-s sou départ de
Nantes, cette excellente elianteuse fut engagée à l'Opér.i.
Le ly mars \S')H les J)raf/ons de Vil/ors, « le triouipli»- ilu cornet a
piston », comme les a appelés spirituellement V. Wilder, firent leur a|)pa-
rition sur la scène de Nantes. Cette platitude musicale, dont le seul mérilu
est de posséder un assez joli livret, eut un vif succès, .M-'' llillen remporta
dans le rôle de Rose Fri(|uet un trionjphe de comédienne et de eantalri<i'. Le
ténor léger Carré était fort bon dans Sylvain.
On reprit /fnhin-rlfs- liais avec succès. Deux décors nouveaux, dont !<•
prix s'éleva à r>,V87 fr. 12 furent peints à cette occasion.
Cette année, Déjazet vint donner une représentation^dontle produit devait
être destiné à racheter du service le fils de M"" Beaugé, la souf lieuse du
Crand-TliéAtre. Depuis bien longtemps, la charitable et grande artiste avait
promis son concours à cette bra\e femme, qui était très aimée <les artistes.
Déjazet joua Colombine avec un grand succès et la re<'elte s'éleva à
2,fî'.*'Jfr. 30. Mais le fils Beaugé ayant été réformé pour cause d'obésité, sa
mère employa l'argent de la représentation à l'achat d'une petite maison
située chemin des Dervallières.à côté de l'auberge du /?p/>o.x deJnlex César.
lin souvenir de l'artiste, M'»' Beaugé donna à sa minuscule maison de
eampagne le nom dr Villfi-Dojazet.
La saison de grand opéra se termina à la (in d'avril, uni- r.tp.'T > '■.>r>'i<iiie
et la comédie continuèrent pendant le mois de mai.
On joua, pendant cette saison, plusieurs comédies nouvelles: la 7' '/«^/«//j/n«,
je Mari à lii'ranijKuino, la Question Warr/ent, le Fils nnhirel, IMliln.
Dataille, Lafonlaine, Deselée, Lia Félix, les Zouaves d'Inkermann vin-
rent en représentations.
SAISON 1858-1859
Charles SOLIÉ. Administrateur-Oerant
Soi.iK. rliof iloivlipslri'. — «i\t iir.nr, ré>(is8i'iir
MM. Miiivi'Ki i.i, fort tt'iior.
l'.ui/VAnn. triior lè^w.
MousouKT, deuxi«'nu> l«'iior.
Sot'STKU.i, Iroisii'ine tt'-iior.
Vincent, baryton,
Dkli^homiik, jw»>nii«'>r«> basse.
Vixr.KNT-C.i 0. ba.sso • ii:tiit.iiit<
LivKnoNE, deu.\ièinti busse.
CiiAiM w. troJHiènie bu^^•^.
('.iuRi.K><. triol.
«iHAKETuT, lurtU'ttt'.
M-" Rki-i-om, forlo cliaiitouHt'.
Hriérk-Faurê, charil>-u84> U'>)(érf
DLF.ti:. dugiiZOll.
rKiuLiKT, tlciixi<^m«' <iu^a/it:i.
Fi.Ei UY. deiixiome dugaioii.
•lOBKV. duègue.
SI
174
LK TIIKATRE A NANTES
M"' M\i us, jirciiiirre liati.seUNf.
Bkiithot. douxiî'iua daiiHouM-.
CoMftDIK
MM. \i:/,iAN, premier rôle.
Ai.iiAi/A. jeiHio premiei-,
HhKi.KT, premier amoureux.
P. A1.UAIZA. deuxième amoureux.
Hi:jv\, premier complue.
(^HAïu.Ks. comi<|ue.
KR.NtHi. ileuiieme comi<|ue.
BiH^:, trotxième rôle.
(iRAKKTOT, linaucierti.
."^oUHTKLU, convenance;».
M"'« Blanchard, premier rôle.
CoM.iONiiN. jeune première
CiiAi'uis, ingénuitéx.
Ki.Ki itY, soulirolte.
HEruiKn, roquette.
(JitAFETOT, soubrello.
Di.vAi-, mère noble.
.JoiiEY, iluègne.
Il y eut un assez grand uoiubre de chutes. Delarombe, M"*» Belloni.
Maury et Berthot tombèrent et furent remplacés par M. Périlié, M™'" Hilaire
et Beiton. M"" Maury resta comme seconde danseuse.
M™' Brière-Faurô ftait une chanteu.se légère qui ne manquait pas de
talent. Elle avait beaucoup de partisans et aussi de^ ennemi.^ assez nom
breux. Des bravos entremêlés de sifilets ne manquaient jamais de saluer ses
apparitions, L'Union Bretonne se faisait surtout n-marquer par l'âpreté de
ses criliquos. Enervée, M™« Brière résilia le 2'-i octobre. Lors de sa dernière
représentation, les artistes de l'orchestre, qui l'avaient en haute estime, lui
offrirent une couronne ornée d'une dédicace flatteuse, mais la municii>alité
empêcha de la lui donner en scène, pour ne pas contrarier l'opinion de cer-
tains habitués de Graslin. Cette interdiction semble avoir été un véri-
table abus de pouvoir. Pourquoi favoriser plutôt les ennemis de M«"* Brière
que ses nombreux partisans? Mystère et coulisses.
;^Ime Brièrc-Fauré fut remplacée par une artiste qui, comme Elisa Masson
ne sera jamais oubliée à Nantes. Je veux parler de M"<' Lavoye, qui, très
âgée aujourd'hui, habite encore notre ville. M'^" Lavoye avait jadis créé
Ifai/dee, à l'Opéra-Comique. C'était une femme très distinguée, une chan-
teuse de valeur, une musicienne accomplie. A l'époque où elle vint à Graslin
elle était sur son déclin : les notes élevées de sa voix étaient un peu
fatiguées, mais le médium était superbe. Comme actrice, elle était très cor-
recte, mais cependant un peu froide. M"*" Lavoye obtint cli.^/ nt>u< un vif
succès. Elle sut bien vite se faire adorer du public.
Parmi les artistes d'opéra, il faut citer Mirapelli, assez bon lénor qui,
malheureusement, avait le grave d(''faut de chevroter, et Bouvard.
Dans la troupe de comédie, signalons le nom de Béjuy. Cet excellent et
fin comédien a laissé à Nantes le meilleur des souvenirs. Il était très jeune
alors et ne faisait (jne débuter ; mais il avait déjà un réel talent. Il avait sur-
tout étudié Régnier. Il ne pouvait choisir un meilleur modèle.
Cette annéeon monta les Amours du Diable, do GrisaTt. Cet opéra féerie
remporta un succès assez vif. On avait acheté pour 5,000 francs le matériel
A. KT K. POL<«. — l'aLWJ.NI 1 T.'i
fiu théâtre do Lille. Les autres nouvfaut»'s furent M(U'(ha,V Avocat Patftin.
la Marie, coméilir de notre rornitovrn M. To.ssier, Fanlnn la Tidiiif, nifin
Trlémfifjne et CoIi/iiho, balltt vaudeville-fantaisi»' en I tablt-aux. (J»Mte piêo»?
fort drôle ut remplie d'une foule de bons mots, avait pour auteurs deux Nan-
tais, Aug\ist<î et Fninroi«» Polo qui, plus lard, devaient fondera Paris le
journal rAV///i«/*. Cette l>outfonnerie formait le rire «'t fut très applaudie.
L'anniversain* de la nais^anee d»* Molière était, .suivant un viril uvige.
toujours cél<f*brée à (iraslin. Celle annét^ on lut, à celle uc«'asion, une pièrc
de vers de A. l'olo. Le passage suivant fut souligné par les bravo^:
Nou.^ ti'oul»li*>ronHJ<imaiH, ù po«''le p«nsour.
Qu'A Nantis tu parus, arti«te voya({»»ur?
Ta «loir*' & son aurore èiinc-lait à peine.
<"«)tait Ion pn'niit-r paM (Inns la brillant*- an-n*-
Dont tu sortiH vainqueur! F.o marbre a ronwrx»',
Comnie un év^'-noramt ce souvonir gravé ;
(J'e.st un f<-uiIU-t obscur d«- ta Hiibliiiic liiHloii'
iJont nous nou.s sentons liers <lo garder la mcmoirv!
Pendant celte saison, l'Alboni vint jouer la Facorite. Klle se fil aussi
entendre dans un conci'rt.
La Ville ai-(|uit pour (>.():?8 fran«< I.-j d.-. •..!•< d- - 1J,i.,u,,,,,i^ .uii ,i,t..ii..
naient à une tierce personne.
Les résultats linanciers do la gérance par la Ville pour ces deux saison!^
n'avaient pas été des plus brillants. Je sais combien les chiffres sont fasti-
dieux, aussi me dispenserai je de reproduire le rapport tn^'s détaillé de
M. Guilley. 11 suflira de savoir que, de l'avis même du rapporteur, promo
leur delà gérance par la Ville, pendant ees deux <am lignes :
Les dépenses tot-iles avaient été dr y'^W :i'>"{ li
Les recettes totales de KJS..MS
Pert4» totale sur les deux campagnes .... l'.).*».7;{."i fi.
Kn réalite, la perte n'avait été (|ue iCi.TX'i fran«'S. puisque la Ville auriit
toujours donné, pour chaconedes campagnes, 50.000 fniDcs de subvention à
un tlirecteur responsable. Mais, comme le faisait remarquer très judieieuse-
inent M. (iuillev. tous les genres avaient été exploités |>endant dix mois et
l'on avait eu un kallet complet. L'honorable rapporteur eoneluait au main
tien du système adopté, en maintenant la cain|Kignc à dix mois dont huit
seulement avec tous les genres. Do plus, le ballet était remplacé p;ir un
simple divertissement. Avec ces trois é(*onomies il pens;ut qu'i»n •■■'■.%. rc'
à balancer la subvention.
\7(\
r.E TIIKATRE A NANTES
L'afîain; vint au Conseil inuiiicipal le VA décembre 1S5H. I^i discussion
fut clja:id<'; finalcnimt M. Guillev fut vaincu. L'Administration parvint a
faire voter son projet d'une simple subvention de fjO.OOO francs, qui fut,
après différentes observations, portée à 70.000 francs. Ce vote produisit
parmi les artistes, qui s'étaient trouvés fort bien de la gestion par la Ville,
une profonde émotion. Le personnel de la troupe envoya au Maire une
lettre de regrets qui se terminait ainsi :
« Si Nantes avait persisté, croyez-le bien. Monsieur le Maire, dix villes
peut-être, l'an prochain, eussent suivi son généreux exemple, et re\périen<'e
a<=^surait alors la prospérité du système. Le vole du Conseil municipal, au
contraire, mai(|uera (l'un temps sérieux d'arrêt la régénération duTliêâtr»-;
permettez aux soussignés dédire qu'à tous les titres ils doivent en dépl<jrer
les fâcheuses conséquences. »
Restait à trouver un directeur. Mais, comme deux ans auparavant, ou ceux
([ui s'olFraieut n'avaient pas le cautionnement de 10.000 francs exigé, ou les
<>nlrepreneurs séi'ieux demandaient une subvention de ÎJU.OOO francs. Dans
ces conditions, et sur le rapport de M. Chenantais, le Conseil municipal
vota à l'unanimité, dans sa séance du :20 janvier IS-')!', l'annulation de sa
précédente délibération et la continuation de la gérance par la Ville. Ce
jour-là, l'excellent M. Guillev se coucha heureux. .11 triomphait sur toute la
ligne. Les événement^ lui donnaient raison !
SAISON 1859-1860
Charles SOLIÉ, A.dininistratev«r-Gérant
SoLiK, clirf d'orchesliv. — Clkment, lé^issi-iir.
ol'ÊIHA
MM. Mir.Ai'Ei.i.i, fort tt'iior.
Tanukau, ténor Ipger.
M.vKCKi.iN, deuxième ténor.
SfiusTELLi, tioisièmc ti'inr.
Magnk, baryloii.
Pkriukt, basse iHOfdiult'.
ViNGEST-CuQ', basse chantanlt'.
Lavergne, deuxième basse.
Vasdelen, lioisième basse.
(^aiAKLES, trial,
(îRAKETOT, laruelle.
M'"" BoRiiHÈsE, flirte clianteu.se.
Lav(iyk, cliaulcuse légère.
V'i(;ny, deuxième clumteuse.
r'.ouRTOis, première duga/.oii.
Sehvikr, deuxièmi' duiiuzon.
.FOUEY. duè;/li. .
BAI,i,i:r
M. DoMiNoiK, maître du hall» I, premier
danseur.
M""-s Betton, premièie danseuse.
GtiiaiARD. deuxième danseuse.
COMÉDIE
M.\I. KoL'RKiEii, premier r>»le.
l^ARMKT, jeune premier.
KsTÈvE, premier amoureux.
A. Roche, deuxième amoureux.
UoucHET. premier comique.
CnAni.Es, jeune comique.
Ernest, deuxième comique.
(jRAFKTOT, grimes.
Lavbrgnk, linanci<*rs.
Ltnovir., utilités.
M ""S Bi.\Nrn\Ri>, premier roif.
IjAr.met, jeune première.
BoLciiKT, iiigi-nuil.'s
Sehvieh, soubntle.
Devkr.mani>, coquette.
VifîNY, deuxième coquette.
(iRAKKTOT, deuxième amoureuse.
JoBEY, duègne.
DuvAL, mère noble.
M"" BORGMKSE. — LE PARDON HE PLOERMEL 177
Cette troupe offrait un assez bon «'iisemble. Nous avons déjà parlé de
M"" I^avoyc vt de Mir:i[)«'lli f il nous reste à donner un souvenir a
M'"** Borghèse, excellente forte chanteuse, qui arrivait du Théâtre Lyrique
où elle avait cré<'' les iJratjonn de Villarx. Ses splendides notes graves
raehetaient la faiblesse de son médiuui.
La basse chant.'intc et le ténor léf;er m- munt pis leurcux d.ms Iimms
débuts. MM. Filliol et Carré U^s rem placèrent.
i.e coniraenccment de li saison fut sans intérêt. Solié s*endorniait. !)••
j>lus, sa lésinerie <{ui, plus tard, devait devenir proverbiale lorsqu'il prit la
direction à son compte, se faisait jour déjà. Orasiin, ne sortit de cet état
lélljargi«jue qu'a partir de la première représentation du Pardon de Plo*'r-
tiiel, donné le 2H février 1800. Le succès de cet opéra, le plus complet, le
plus homogène de Meyerlx'er, fut éclatant. M'"^ Lavoye eut d'excellents
moments ; elle chanta le rôle de Dinorah en virtuose accomplie. Malhtni-
reusement, comme comédienne, elle laissa fort à désirer. Le. trial Charles
trouva dans Corentin son meilleur rôle ; il y était absolument parfait. Le
nom de cet artiste, qui fit longtemps partie des troupes de notre Théâtre,
restera altiiché à sa création du Pardon, ix Cîrasiin. M. Charles était dail-
leurs très apprécié dans ses modestes fonctions de trial. Quand il prit sa
retraite, il resta à Nantes, où il demeure encore. C'est le père de
NL Abd'Allah-Charles, professeur de piano au Conservatoire de notre ville.
Le baryton Magne interpréta le rôle d'Hoël d'une facjon assez convenable. —
Les décors neufs furent peints par M. Bernier. Ils étaient fort réussis et
coùfi'renl r)..'î8r» fr. '2i). Les journaux furent unanimes à louer r<euvre de
Meyerbeer. Cependant le Phare, par la plume d'Ev. Mangin, reprocha au
compositeur d'avoir fait trop de science, notamment dans l'ouverture ! î ! !
Le jeudi 2'.) mars, les Nantais cirent le non-enviable avantage de faire
connaissanee avec le Trourùre, dont le livn-t énigmalique et la musique
banale et ortjue barbarcst^ue n'eurent qu'un succès relatif. M'* Lavoy,..
chanta Léonor avec son talent et sa placidité habituelle. M™'^ Borghèse
interpréta le rôle d'Azucéna en artiste de valeur. Manriquc et Luna étaient
représentés par Mirapelli «'l Magne. La scène du Minorere. la meilleure
chose de l'œuvre, ne produisit aucun effet. Le Truuct'-re fut monte très
économiquement. On se moqua du quatrième t;ibleau, que l'on avait encadre
d'un décor Louis XV.
l'ne représentation de la Jniejnu prur lut sigiiaii-e par un incident assez
pénible. BrusquiMuonf, M"»" Larmet fut prise d'une crise de larmes ei quitta
la scène. Le régisseur parut et demanda l'indulgence pour cette artiste qui
avait, la veille, jK'rdu son enfant. De toutes parts on cria : < Qu'elle ne joue
pas! 0 M. Larmet, qui était dans l.i coulisse, très éraotionné lui-même,
entendit mal ce »iue disait le public ; il entra en scène et adressa à plusieurs
17P
LE THÉÂTRE A NANTES
Spectateurs iiUe àpithète injurient''. I,'- l"n'1<Mn;iiti il fii ■) •- -wn^..^ -ju public
par la voie dos journaux.
Voici la listo (Ips pièces nouvelles qui furent jouées encore {)endaDt cette
oanip.if^ne . ta Marâtre, rAtelier dp Prague, de notre concitoyen Bour-
^'aiiU-I)\i('0udray ; deux pièces de vers: le Chàleau rie f'iimson et Cam
hronne, de M. de Kiherpré; le Père Prodigue, le Due Job, les Piraten de
1(1 Saranc, enfin la Croix de Pierre, une opi-rette de M. Doudiès. Cette
œuvre prouva (|u'en M. Doudiès le compositeur était loin d'égaler le flûtiste.
Elisa Masson, Brasseur, M'^» Scrivvaneok, vinrent en représentation>.
«
•* ♦
Mais les ennemis de la gestion du 'VUéiiUa j)ar la Ville n'avaient pas désar-
m»'. Le i:{ décembre 18f}0, la question revint devant le Conseil municipal,
la Commission des finanres s'étant déclarée contre le système adopté.
Une ardente et longue discussion s'engigea. Vivement attaquée, la gestion
fut vivement défendue, notamment par M. Dagault, qui finit jwr obtenir un
vote favorable.
SAISON 1860-1861
Charles SOLIÉ, Administrateur-Ghérant
Scii.iK, clicf troirhestri'. Ci.kmknt. régisseur.
OI'KIÎA
MM. BKinii.vN'ii. lort li'iinr.
W'ahnots, tônor li'";,'fr.
Peouei:x, driixif'ine t('n'">r légfr.
SousTKLLi, Iroisii'mi- h-nor IT'i^i-r
Co.MTK. baryloii.
Pkrii.iet, bas'«' noblr.
(ilASTlXMARY, b.'l.SSi' c'haiilaiijr .
Ktiennk, dcuxii'inr basse.
Vandelkr.s, Inii.sii'nii' ba.s.m-.
(^tiARLES, trial.
(iol'KlN, lariiMIr.
M""" Wahnot.s, contrall.t.
Dkstkbuecq, falfon.
llAYNAf i>, chanleiist' légèn-.
Courtois, jciinc cliantcusc
Viu.NY, mt'ie (lug!i/on.
Baciimont, dt'uxit'iin' ilu^azon.
.lnHKY, (ill^^JI>''•
<:0MÉniK
MM. Fac;iot. prt'inicr rùl»-.
La VERSOS jt-unt- prcniit-r.
Sautri. premier amoun'ux.
Kaye. douxiom.' amoureux.
Bouf.iiET. premiiT comiqin-.
(luAFLES, Ji'iiiii- comiqui*.
Ehnest, deuxième comique
DiiVAi.. amoureux
Sei.nv, troisième rôle.
(ioKKix, grimes.
Ktienne. ûnanciers.
CoRNAOLiA. père uuble.
LuDovii:, ulilitt's.
M"*» .\L'HRfcK, premier rôlo.
Malon, jeune pn-mièro.
HouciiET. ingénuités.
TounotzE, soubrette.
])esterrboo, jeune coquette.
Vuî.ny, j\^uno coquette.
Bai-.iimoxt. deuxième amoureuse.
Du VAL, duègne.
La troupe d'opéra était bonne. Le ténor léger Warnots fut seul refusé, et
iMiooro injustenuMil. Bineaii vint le remplacer. Comte-Borcbard. qui alla
FAI«T 179
plus tarda rO|)éra, etCastt'Iiiiary, étaiciil deux excellents artistes. M"" Ij. s
Uîrlx'cq, parfaite musicifuiu", ^anteusc de beaucoup dVx pression, Pt
M"<* Raynaud, étaient aussi fort appréciées du publi<
Par rontre, la troupe de comédie éuiit assez uiaiivai-f. r i« i..t. I.nv. :
Sauiri, M"* Aubrée rt Duval toinijèrent ; il-» furent remplacés par \- i
Tournade, Speok, M*"** Boulin n Coblenzt. La soubrette, M"«Toudouze,
• •lait charmante ; ell»* remporta de vifs succès pendant la saison.
Malgré les bons éléments qu'offrait la trou|M' d'o|)éra, les représent-itions
étaient loin d'être parfaiU's. Aussi Solié était il très attaqué par h l*r»»«.<e. Il
n'y avait guère que V Union Jt retonne à prendre sa défen>'
Le principal événement de la saison fut la première r-'i
Fautit (version primitive^, le jeudi 2H février 1>«>I. La s«»ir<*e.
sept heures, ne se termina qu'à une heure. La réussite de l'opéra detiounod
fut complète. Les morceaux les plus applaudis furent, naturellement, le
(Jhœur des Vieillards et celui des Soldats. Le superl)e prélude pas^a ina-
pen.u. Le Jardin, l'Eglise, la Prison, n'excitèrent pas au prenjier abord un
grand enthousiasme. Le l'/tare de ta Loire é<Tivil que la mélodie était souvent
absente et <jue le duo manquait d'élan ! ! ! ! I Ce jugement se jwsse de com-
nient-iires. c'est assez de le reproduire. M"" Raynaud fît une charmante
Marguerite ; Castclmary (Méphisto), rem|xirlii un succès très mérité ; seul,
Hineau se montra assez médiocre. Comme l'écrivit spirituellement E. Man-
gin, il aurait fallu stipuler dans le p,icte que la voix serait rajeunie comme
le reste. lùm.st était monté avec b«»aucoup de soin. Les diniors étaient très
l>eaux Les chœurs, |>our la circonsuince, avaient été renforcés par les élèves
(lu Conservatoire.
En fait d'autres nouveautés, on donna Quentin Duncard et M. Garât.
11 fut ({uestion d'un nouvel opéra de M. Bourgault-I)ucoudray. La mairie
était très favorable à ce projet, mais Solié, qui était jaloux de tout talent,
parvint à le faire échouer. M'"' Carvalho, alors dans l'éclat «le sa
glinre, se (il applaudir dans les Xores de Jrannette et U' liarltier. héja/.et
et Delauuay vinrent aussi en représentations.
Jetons maintenant un rapide coup d'ji'il sur les résultats de ces quatre
< a m pagnes.
La perle réelle des saison^ l^^.^TlftTjS, ia*»8 IftTiî), était de . «.C.T.'Ci fr.
Celle de la saison lH.V.)lrt';0 fut de. 1O7.0UU »
— 18<*.() 18i;i fut «le 112.000 «
Soit. ... :Ul.7:iô fr.
Dont il faut retrancher UX).000 francs . KIO.CXJI) ..
somme qui aurait été. en tout cas. affectée à une subvention
pour ces deux campagne^; Jl 1.7H.'» fr.
\ji') UR THKATIM; a .NANTES
Il est certain qu»; du moiiiont qu'on donnait seulenjenl rjO.OOO francs de
subv(?ntion, l'essa était malheureux. Pourtiint je persiste à croire que Tidé»*
r'ncllc-inémr' «*sf excellente.
Au point i\r vue artistique, l'enscmbli' de ces quatre saisons avait été
inlininieiit supérieur à celui des campagnes précédentes. Cependant il
aurait pu rtrc encon' meilleur. Malheureusement, Solié n'était pas
riiomiiit' qu'il aurait fallu pour mener à l)ien une telle entreprise, qui lui
est rtMlt'vahlc. pour une houiic part. <\o. son insuccès praticjuc
■^^K^?.}^^^ ^^"^^n.^
Za''^}.
X'^h.
A'^. h^i^'
<?
II
DIRECTIONS : CHABRILLA.T. — JOURDAIN.
COMMINGES — BERNARD. — COMMINGES.
DÉFOSSEZ.
\m\ — 1871
/,)/(^•u^ j. — La Statue. — M" Tedetcn. — Scandale. — Rigoletto. — hlisu
Mdsxun. ■- M** Piquet-WiU. — M"' Bnrbot. — Picut. — Pon$. — L'Africaine.
A/"' de Titisy. — Nouvelles Emeutet. — I>a Traviata. - Depatsio.
Mignon. — Desclnuias. — Anecdotes.
ANS sa séance du 7 janvier 1801, le Conseil municipal, en
repoussant tléfinitiveinent le système de la gérance par la Ville,
avait voté pour lo Théâtre une subvention de 80.0(J<) francs.
Plusieurs membres demandèrent en vain le chiffre plus raison-
nable (le 'JO.OrtO francs. Le nouveau cahier des charges exigeait dix mois de
campagne. Le Théâtre devait ouvrir le 1''' juillet avec la lomédie, le 1"" sep-
tembre avec l'opéra, et finir le 30 avril. Le chaufTage et l'éclairaire étaient
aux frais du directeur, qui devait faire par an pour 2.000 francs de décors.
M. Cbabrillat fut nommé directeur.
SAISON 1861-1862
CHABRILLAT, Directeur
S«n,iÊ, rhef-d'orehestre. — X.... régiH.seur.
OPÊMA
\IM. l..\nAT, fort tonor.
l>Ki>iKtt, fort ténor,
l'ii.o, ténor l'*Ker.
<'.OMMI!<aE}«, (iouxiénic iniMi
CiiAMRAnK, baryton.
Pii-oi :l«t, première basse.
Ho(!/&c, h:i!«.He cbiintaiito
l.ioNKi., triai.
Ktiknnk. Uiruette.
Pemàrv^ik, deuxiéms basse.
«•r.
MM. Jbax, IroiaiAme ténur.
Rouer, troisième baM.He.
M-" RocLAN'OKoT, PhanteiiM» légère.
Frhrand, contralto.
Asiiaft, (leuxi>>mo ctiant(>UM«.
KorkstI dugaxon
PAiïrr-.\ii.vxn. deuxii-me cbantAuse.
NoKBT. ducgne.
BALLKT
M-" Caiollc, première dan»eus#».
HicH&nn. demi-caractère
182
LE THÉÂTRE A NANTES
COMÉDIE
MM. Hamilton, premier comique.
Lionel, premier comique.
Ernest, deuxième comique.
ScHAUB, amoureux.
Etienne, financiers.
Desfranc, grime.
Femarque, père noble.
Menter, troisième rôle.
Maillet, rôle de genre.
Francis, troisième comique.
M"°" Blainville, deuxième rôle.
Hamilton jeune première.
Nevers, deuxième rôle.
Alhaiza, jeune première.
Fanoldet, ingénuités.
TouDouzE, soubrette.
Mentet, coquette.
Maillem, duègne.
Darpare, caractères.
Roger, deuxième soubrette
Lionel deuxième soubiette.
Cette saison fut déplorable. La troupe présentée était des plus mauvaises.
Pendant la saison d'été, la troupe de comédie jouait sans débuts. Chabnllat
avait profité de cela pour aller recruter des artistes jusque dans la troupe de
Riquiqui. Mais lorsque les débuts arrivèrent, de nombreuses victimes restè-
rent sur le carreau. Parmi elles étaient M-« Boulangeot, Ferrand, Saint-
Amand, Forest, Camille ; MM. Pilo, Picoulet, Bouzac, Lignel, enfin la
plus grande partie des artistes de comédie.
Toutes ces chutes ne s'étaient pas accomplies sans tapage ; de fréquentes
manifestations avaient lieu au théâtre. Des abonnés furent poursuivis et
condamnés, ce qui ne calma pas les esprits. Enfin les nouveaux artistes
dont les noms suivent furent admis : M°>e« HiUen, Wagner, Albert, Labor-
derie ; MM Pascal, Odezenne, Tournade, Tapiau, Buet.
M"" Forest, dugazon refusée, continuait toujours à chanter. Dans les pre-
miers jours de janvier, une nouvelle tempête éclata à son sujet. Certains
spectateurs s'interpellèrent violemment ; on crut que le lendemain il y
aurait plusieurs rencontres. La presse fut unanime à blâmer Chabnllat et a
engager l'Administration à agir vigoureusement. Le directeur finit par
s'exécuter ; il congédia définitivement MH" Forest, qui fut remplacée par
M'^® Lecomte.
Pendant les débuts, deux artistes, Menter et Schaub, se présentèrent un
jour à la rédaction du Phare. Ils se plaignirent des critiques qu'on leur .
faisait et intimèrent à Evariste Mangin l'ordre de ne plus parler du Théâtre.
On devine comment ils furent reçus.
Le 28 août 1881, à l'occasion de l'Exposition de Nantes, un grand
concert fut donné à Graslin, avec le concours de ^L et M^"' Gueymard, de-
l'Opéra, de Vieuxtemps, Berthelier et Verroust. Au programme figurait
pour la première fois l'ouverture de Tannhœuser. L'exécution fut mau-
vaise. Les journaux imprimèrent la rengaine habituelle : « Musique sans
mélodie ! ! ! » .
La Statue fut jouée le 25 mars 18C2. L'interprétation était confiée a
Mme Hillen, à MM. Pascal, Odezanne, Tournade. On fit, pour le derniei
tableau, un décor neuf. Cette œuvre si intéressante, d'un coloris si particulier.
LA STATUE
183
fut peu comprise. L'Union Bretonne seule, apprécia à sa juste valeur
la partition de Reyer.
Ernani, Stradella, les Patte, de Mouche. No. Intimes, les Domestiques,
les Chemliers du Brouillard, les Bibelots du Diable, furent les autres
nouveautés" de cette saison.
Mn^eTedesco donna plusieurs représentations. Elle chanta avec un succès
toujours grandissant le Prophète, le Barbier, la Favorite, le irou.ère.
Merly vint aussi à Graslin, ainsi que M- Doche, qui joua la Dame aux
Camélias.
*
• *
La question théâtrale revint au Conseil municipal le H^vri^^ l^-'
Quatre projets étaient en présence : V Une subvention de 45.000 rancs et
pas de ,rand opéra. Ce projet était soutenu par l'Administration ; 2" Gérance
municipale; 3> Subvention affectée à la réparation de la salle -^lo Subven^
tion de 100.000 francs. Le premier projet fut adopté. Dans la Ville ce fut un
mécontentement général : on tenait au grand opéra. Le 19 ^^^Z^^rTrl
revint sur sa première détermination et vota une subvention de 8U.00U francs.
Quelques remaniements furent faits au cahier des charges. Le théâtre n ou-
vrit plus que le i- août avec la comédie, et le l^'- octobre ave. tous le.
genres.
SAISON 1862-1863
JOURUAIN,
SoLift chef-d'orcheatre
OPÉRA
MM Chambon, fort ténor.
Cœiulte, ti'nor léger.
Berton, deuxième teiio:-.
WiLHEi.M, baryton.
Maymo, basse noble.
HuRÉ, basse chantante.
Desveaux, deuxième basse.
Charles, trial.
CiFOLELLi, laruette.
M->« E. Masson, contralto.
Danneville. falcon.
Houvroy, chanteuse légère.
l^iBEs Duranh, chanteuse lf</ère.
Viette, deuxième chanteuse.
Cifolelli, duga/.un.
RiQiiKR, deuxième dugazon.
MuRAT, duègne.
B.VLLEr
M . Victor, maître.
M""' Praszini, première dunseU'^'^.
("iiKwr. deuxième danseus» .
Directeur
— X... régisseur.
COMEDIE
MM. MoNTAiov, premier rôle.
DuBARBY. jeune premier.
Derville, amoureux.
CoPF.LLY, deuxième amoureux.
Pascal, premier comique.
Charles, premier comique.
Ernest, deuxième comique
MuRAT, père noble.
Achille, tinanciers.
Sandre, premier rôle.
Ludovic, utilités.
M-" SiMLANE, jeune premier r>'.e
Sandre, jeune premier»-.
Riquier. ingénuités
Viette. coquette.
Ji^iuN, soubrette
IjAURe, suubrette.
Murat, mère noblt.
; Achille, duègne.
C.iFOi.ELLi. amoureuses.
R.'MAlNVll II;.
184
LE TIIEATftK A NANTES
Cette saison no fut p.is meilleure que la pnl'cédente. La troupe était
médiocre. Jourdain ne pensait qu'à économiser.
Chutes : M"»" Rouvroy ; Chambon, Maymo, Wilhelm, Montaigu. Ces
artistes furent remplacés par M"'* Bibès; Vivien, Geslin, Jouard, Thierry.
Elisa Masson revint, et fut, comme à son habitude, très acclamée. Pour-
tant, elle commençait à décliner. Mais elle était tellement aimée qu'on lui
pardonnait sans peine ses faiblesses.
Le ténor léger Cœuilte était assez bon. Rappelons aussi le nom de la
gentille et excellente M"^' Simiane.
Pendant les débuts le tapage recommença. La Mairie prohiba sévèrement
les sifflets. Mais les abonnés tournèrent la difficulté. Ils achetèrent une cer-
taine quantité de ces petits chiens placés sur une caisse à air et qui aboient
par la pression. Ils mettaient la boîte sous leurs souliers et protestaient
ainsi à la barbe de la police. Cette invention d'écolier obtint un vif succès.
A l'occasion de la naissance de Molière, on joua un à-propos diî à la
plume d'un artiste de la troupe qui ne manquait pas de valeur, M. Marcel
Briol : Molière à Nantes. Le Fils de Gihoyer, qu'on représenta, eut assez
peu de succès. Contrairement à ce qui se passait dans toutes les autres villes,
aucune manifestation n'eut lieu dans la salle. Rigoletto, ignoblement inter-
prété, tomba aplat. La direction voulut remettre le Juif Errant à la scène,
mais la préfecture mit son veto.
On joua aussi Orphée aux Enfers; la Bohémienne, de Balfe; le Médecin
malgré lui, de Gounod; Fleur de Genêt, opérette de M. Doudiès, que son
premier insuccès n'avait pas découragé ; le Bossu, la Chatte merveilleuse,
le Pied de Mouton, la Bouquetière des Innocents, enfin les Ganaches, qui
furent siffles à outrance.
*
* *
Les destinées de la campagne 1863-1864, furent confiées aux mains de
M. Comminges, qu'on prétendait n'être que le prote-nom de Solié.
SAISON 1863-1864
COMMINGES, Driecteur
SoLiÉ, chef d'orclu'slrc. — Phii.ii'I'ON, régisseur.
OPÉRA
MM. IIarvin, fort ténor.
Arnaud, ténor léger.
ScRiBOT, deuxième ténor léjjer.
Vanaud, baryton.
Marion, basée noble.
Jambt, basse chantante.
Jouard, deuxième basse chantante.
MM. Charles, trial.
Ahouier, laruette.
Mraes SuisRA-SouLÉ, conlralto.
Pbadal, falcon.
Pic.QUET-WiLL, chanteuse lé^îèn
Robert, dugazon.
Durarry. deuxième chanteuse.
Rir.QuiER, deuxième dugaron.
Saint-Anok. duègne.
M"'- l'Kgunn'-wiCL
is:,
liAI.LLT
M. CoiiEN. iiiîiMrt' do ball«'l.
>(iiKs OsuoNi.. jirfmi'rf' danstus»-.
r)ARi,nii;/. (Jeiixitfine 'l.inscii>
<.OMl'':i)IK
\IM. 'liifiHv, pr.micr iV.|.\
l*Ai !.. joufn' prcmifi.
louARi). pi-re iinblf.
Sasurk, l^^isièlll<' iiM
( '.oi'Ki.i.Y. aiiioureii\
, •, ... -TliilU'-.
M ^ i ( H » !■ I ^ «; i-iuii i(|ii.
1 .1'. •» r.> i . ' i»:.i \ i»-;ii"
"LoDovic. u!inl>-8.
Mm?» SiMiAM-' î»r>nii'
• Ik^I !V jiillll- [
liKILLKV. S^Mllip'lt
i..Kl>IUM>. r<>,|i|i II.
KvkTaKIi.
I^ ••■■-
ll\rii;ii;i-i
L.'i saison ir«''té fut «It's plus lu.Tuvaises. On vit certaines pit»c«'s jout'os par
(Irs fiffurant.s. Les protestations reconiuiencèrent.
DaiKs la troupe d'opéra, trois artistes vaj^*ni l.i iMin.- n i w .Mgnau-s :
M"" Piequet-W ill, une ehanleu.'«e légère qui voo.ijjsait avee beaucoup (!••
lient, le ténor léger Arnaud et la basse Jane
Ilarvin, Scribot, Marion et la contralto firent d<> débuts mallit-ureux. Ils
■ urenl pour renipia'-im s<.|vi' Tn-i.' îl.ini-'/.-c.iv ,>t \f" \ii,iiK..it .,i.; .v ,.t
idis été à l'Opéra.
Dans le courant de l'année, M"*- l'radal résilia. L u" chanteuse «'prouvée,
M"'= Charuy, lifi succéda.
A une représentation de I.n Tircus»- de fartes, donnée par Marie Lau-
rent, il y eut une .scène scaudaleu.se qui se termina par un rire général.
M""" Bourffeois ayant été légèrement cbutée, se tourna vers le public et
l'appela •( Tas de crétins ! »> .Aussitôt un é(>ouvantable tapage éilata. Le mari
le l'artiste entre alors en scène, le chapeau sur la tète, prend sa femme |)ar
Il main et l'emmène, salué par les hurlements des spectateurs. Oh demande
a grands cris le régisseur; celui ci ne vient pas : il parait qu'il n'est pas lu.
< >n bais.se le rideau. Le bruit ne fait qu'augmenter. Alors i» artiste, Théry,
<• dévoue et s'avance sur la scène. Mais il est sans gant^.'oh n'ë'Vèut^plis
l'entendre. Le rideau tombe de nouveau, puis se reilèvç../t'héry parait
soigneusement ganté, explique que le régisseur est malade ekpUe d'excuser
M"" Bourg 'ois, cmi s'est char^'ée du rôle par complaisance. " '' "
— Bon ! Mais pourquoi M"" Bourgeois nous a t-elle.appej[ès. crétins*.*
— Il m'est impossible de répondre à cette question, répond Théry en
souriant.
— Pourquoi M. Bourgeois est-il venu chercher ew«j.èno M-?? Booxgeoi s?
— Je l'ignore.
-r- Eulin, que signifient ces Tendez- vous 1' ' '. :, .* :
:A ces derniers mots, un fou rire général y, ... ptiWie. qui-furtiemôt
tiésarmé, et la représentation s'acheva sans encombre.
"Oe'môme qnë les deux saisons précédenK's, la campague lSti3^I8<^l (ut
3d
186
LE THÉÂTRE A NANTES
cl«'!plorable. Comminges manquait absolument d'expéri'ijct-. L»,- public,
(Irgoûlé, abandonnait d»' plus en plus le Th<^àlre.
Le r.» mai eut lieu un grand festival Meyerbeer. Le programme était
composé des plus beaux actes de son répertoire. Le buste du compositeur
fut couronné sur la scène, au milieu d'un enthousiasme général. Parmi les
nombreu.ses couronnes, on en remarquait une. véritablement superbe, donnée
par le Cercle des Beaux-Arts. Klle fut envoyée à la veuve du maestro.
En fait de nouveautés, il fallut se contenter de La Reine Topaze. C'était
maigre !
Marie Sax, Merly, Judith, Marie Laurent, Berthelier, vinrent donner des
représentations.
M. Comminges était protégé par certaines personnes très intluente.s.
Aussi, malgré l'incapacité dont il avait fait preuve pendant les campagnes
1863-18G1, il fut maintenu dans ses fonctions.
SAISON 1864-1865
OOMMTNQSS , Directeur
Ch. toLifc, chef d'orchestre. — Théry, régisseur.
OPÉRA
MM. MA.ZZURINI, fort ténor.
P'abre. ténor léger.
Dur.o.s, deuxième ténor léger.
Ben-Aben, baryton.
CouKTOi.s, basse noble.
.Tamet, basse chantante.
Bkrry. basse boufle.
Charles, trial.
Arquier. laruelte.
(iiNifcs, troisième ténor.
Bartoux, troisième bas-se.
M"'" Dk Joly, première chanteuse légère.
Marianni. falcon.
•Masson, contralto.
Rosa Myrtel. chanteuse légère.
Ckbe, dugazon.
Berthilue, deuxième dugazon.
Sai«t-.\nok, duègne.
BALLET
MM. Acuert, maître.
Lifo, deuxième danëear.
M™" F1L0.MÉXA. première danseuse.
Lcpo, deuxième danseuse.
COMÉDIE
M.M. Théry, premier rôle.
Manstein, jeune premier.
Bellotti, premier amoureux.
Berry, père noble.
Lanqlais, troisième rôle.
TosY Rolland, premier itMe.
GouRDOX, premier comique.
CH.VRLES, comique.
NoouïT, comique.
Lldovic, utilités.
M"" Tisserand, grand premier rùlt».
Marnier, grandes coquettes.
Bkrthilde. jeune premier rùle.
Debrunet, fortes ingénuités.
Bèdlel. première soubrette.
Leoal, deuxième soubrette.
Antonio, jeune coquette.
SaintAnoe, duègne.
ROMAINVILLX, utilités.
Cette campagne fut loin de relever le niveau de notre ThéAtre. La troupe,
cependant, était assez bonne, mais Comminges ne savait nullement la faire
valoir.
M"»" de Joly, Cêbe, échouèrent. M"" Gasc et Authier leur succédèrent.
RESTAURATION DE LA SALLE
187
Irois contralti tombèrent successivement et, parmi elles, la pau%re Kli««a
Masson, de plus en plus fatiguée, et qui n'était plus que l'ombre d'elle
même. Enfin, M"*Gonzalês fut reçue.
Comme nouveautés, Comrainges donna La Somnambule, La Belle HéLènr
et Lea Vieux Garçons.
Artistes en iepré.sentaiion : I)éja/et. M* W'ertiraberg, M"* Schriwancck.
Le Grand Théâtre n'ouvrit pas pendant la saison l&)b-\H6t). Des réparation"»
urgentes avaient été jugées nécessaires, et un crédit de 125 <MiO frano> y fui
spécialement atfeeté. La salle restaurée était peinte en blanc, en or et en
rouge. Klle était un peu trop surchargé*' d'ornenienf*^. Les bcilcons des pre
inières et des secondes, refaits à neuf, affectaient la forme élégante d'une
corbeille renversée. Ils éfciient tn's joliment ornés d'enfants jouant ave<-
des cymbales et des flûtes.
Amédée Ménard avait sculpté le>c;iri.'iiities (ie^ av.ini-sceiics, i»"pi»'s»-n(aiii
les arts scéniques. Les fauteuils furent agrandis ; mais, par contre, on fut
obligé de diminuer les loges, où l'on se trouva, alors, un peu à l'étroit. Cambon
peignit un nouveau rideau, qui représentait une tenture de soie rouge a
crépines d'or relevée dérouvrant une doublure blanche. Le plancher de l;i
-cène fut reconstruit à neuf. Mais on oublia de ré|)arer et de nettoyer les
loges et les foyers des artistes, qui étaient dans un état déplorable. Six décors
nouveaux furent brossés: une forêt, un palais gothique, une salle basse, le
premier acte de Ln Jiiirp ef deux snlnns.
La subvention fut maintenue à 80.<X>) francs et M. Commingc renommé
une troisième fois directeur.
SAISON 1866-1867
COMMrNOE:S . Directeur
SoLifc, chef durrht'Htrr. — K<>tx, rf(?is.-,«ur.
OPÊHA
MM F'i.oT. fort ténor.
Justin Nkk, fcnor l-gn.
loLnDAX, dpuiit'ni*" ténor.
LKOK.R4r, bnryton.
Pons. bass»> ooble.
DuPLN, h*nw chant.-ioto.
Brlt.èrk. deuxième hztutt.
Dl'plan. tnal.
Julien, laraettc.
M"' Baj«bot, rJianteqee légère.
M"" RozKz, fatron.
<;.»sTAN. contralto.
I i-in NfcK. duj^zon.
l; .m:koy. deuutnie chaut. ïifgét
Matiiildc. deuxième dotrazou.
Fhétot-Colos, du>-gniv
BALLET
M. Pau., maître.
M'"" BoLTAOcrr. pr«inier<i in^ou^*»
Patx, dwnitec dan>< u«c
188
Li; IIIKATKi: A NANlh*
M.M ,IipnKs^iTr,, premier rii' .
Mi>iii:\i:, jdiiii; premier.
ItiMiiAt'i.V, proiiiii^r uiii'iinciix.
•. JoANNy. jeuiH! Iroisièmp riM'-.
Jj.ymP., p'-re nohlo.
Osi'KiîMANN. Iroisièmo rùlr.
( îiJERi-.np.r/ tleiixi<»ino\irtioui iii\ .
lir;.iiJY, pn-micr c>mi<|iii-.
BiiUDiEic. i)r«rniiT <'oiiiif|iu'.
Mj'i.' ni^'-' (Il r prf^miT rôle.
S ne prctiiK-i '
1.!
'I HMIAUI-T. in^é^uitOK.
Fi.Kui'.Y. KOiibn>tUe.
IJL'I'I.an, (leusièiiii.' hOiibleUf.
]{û::Diiii:. aniuureuâu.
lienuANKE, coq'ietle.
l:o TlioAtre Grasliii ik» fut pn-t à ouvrir <(uc le l""" ni:ii I80<) L..
(luvirit (liinr jusfiu'aii .". mai 1867, pour /compenser l'année perdue. Un
n()iiv(!l article avait" Oïtc introduit (lan>< lo c'iliier des eharges, arlfcle par
lequi'l lo Maire avait 1»,» dfoit de suspendre le verscinont (k^ It sidni-riiidu -i
lui iirtiste refusé n'était pas remplacé dans les quinze jours.
Cctli' fois ci, Cummin^'es avait réuni une excellente troupe. M" Barboi
(•tait Une oliahteuse légère de grand talent ; le ténor Picot possédait une voix
su;)erbL' ; Pons, tout jeune et bien incxj)érimenté'. t-tait nt'anmoin> fort bon;
Justiii Née était" doué dun joli organe et M'"^" Justin Née 4tait une aimable
dugnzon, enfin B('Jiiy, l'excc'lleht' Béjuyj faisait de nouveau partie delà
troupe de comédie. Diipin tomba et fut remplacé par Marcliot, basse chan-
tante de bi'aiicoiipd'accjuit. On eut a déplorer la |)erte de M'" Legris. jeune
première, qui mo'urut en couches.
//,4/>7"c«m<?'fut jouée, pour la |)renuérc foi.-", au l>énétice de Sûiié, le jeudi
2H septembre 18G7. Picot, Pons. M"' Barboi, et llozez inlerprélèreni avec
lalcnt l'œuvre posthume de Meyorbeer. Léderac très enroué, ne donna pas
à Nélusko le relief nécessaire. La mise en scène fut géiiéraleinent trouvée
insuffisante Ce nouvel opéra réussit sans conteste, mais ne senible p:is avoir
pourtant excité grand enthousiasme. Il n'en fut pas de même tie Ix'nhitui à
lionccvnux. Cette piètre partition eut un immense succès. Picot était r<Mnar-
(|uable dans le rùle de lîoland.
N«»lre compatri'ote M"'^''dP TaiM.d.' l'Opéra (M "•" Krani.-ois) (|U.. i
jeune, avait remporté de grands suceè» à .Nantes, où elleuvait été la c;uiui-
trice choyée d<<s Hcaux .\rls. vint jouer les Hiiffuenots, Rof/ert clVAjri
raine. Otle artiste, qui po>séilait une voix très fraîche et très étendue, était
aussi une excellente eomédieime Les ni)mbr.vax àmis qu'elle avait laiss«'s a
.Nantis l'acôueillirént avec enthousiasme et 1 i couvrirent de bouquets.
Le préfet ayant, levé, celte .année, l'interdictien <|ui |x>sail sur le réper
toir(> dt> V. Hugo, Herninii fut repris en grande pomi)e avec M"»'' Judi-th, <lc
la Comédie Frant^aisé. Cette artiste joua aussi VI/an'it«'( de Dumas et
^I(Ulricp^aycc j^^^WAi^^tfe...de .V. jQiV'ières. Le jeune conn>9§UQnr-v^lors a
l'aurore de «Hii:^Pîèïe,t.viifa-did'iger l'exéeution. M'U'i Jwdilh yr^^neere «ne*
DÉJAZET — M"* BAr?cé
IHO
rom«''die inédito in«'vliN' <1«» notre coin patriote M. de Vieiliechézc '
f'npricfi d'Ocidi'.
D'ins lo «ourani d»* jnillri, Drja/.rt vint donner une représentation des
J'ci-mirres armex de Hirhelieu, an Ix^néficc de M"' Baagé. qui quittait le
inni du soudU'ur occu[K' par elle depuis 1H31. Une curieuse représentation
iVOthelht eut lieu en drcerabre. Le rôle du maure était tenu par le tragédien
noir AIdrige. (Jr.ind succiVs. Got so fil jpplaudir dans la ('onfftffinn. IMu
sieurs auditions du DàkoH furent données à CirasIin.
L<' autn-s nou\raut«''s funMit : (irinf/oire, où Brjuy <lail p.irlail ; l»*
\'o!ict<jr en C/i i ne. l.i Famille lienoiton. Pcnit-d'Ani'. /înrhr Ulrm-, \'t,s
hnnx VillngeoiH, Maison Xeure, la Grande Duchessr.
Celle année là, les bals niasciués furent interdits. Le prétexte donne rt.ut
la «lainle d»' voir les nias'|ues salir la sali»* lu'uve.
L;i Niib\iiitioii ;iyant rté rabaissée à 7(K(J<K) francs, Coniminges ne redc
manda pas la direction, (|ui fut confi(''e à M. Bernard.
SAISON 1867-1868
BBRNARD, Directeur
. l,..f .r.., . 1,. .1, .. _ ll.v.,.. i.,.i^<..iir
Ol'flMA
M\| I.WP.NK, f..|-t Iriior.
ni.r.M. lônor lo<ivi\
DKKKiiKi., ilciixiéinf tt'iior léx<r.
'riiiKBY, Imrylon.
Dk.iiion. bnss»' iiolilo.
DissARiiurs, basse chaiilaril*-.
AniiiY. dtMixiètnc Imssi' chantuiil<
Mkhan, luriiotto.
i'.iiAi)i.i>. ti iiil.
Mi''< lUniior. «Iianliiisc li-i^iir.
(ïoniAi it. chan(au8i' lèitèir.
li.Aur. fatcon.
ViNc.KST, l'ontrallo.
*ÎKUN, lUtKUZQII
1>AHMAM>. (ItMIXièlIte tlu^lUOII.
Hkssy, ((«•uxi6iue duRiizon.
.loixY,ilii'>>rn»'.
lUl.l.KT
M. «iHiÊTKNs. maîlrt .
\Ir..-. BouYAfiiKT, pitiiiK'^ri' «lan.si'itsi
Dei.as. tlfuxicni' laiiHeuso.
coMhPII.
MM. I,nx«ipn^, pn^miiT nMe.
HnKiKi. jtMiiii» iiremior.
I>Ai;ssv, dt-tixii-mc ii>le.
Vai.i.v, nMedfi Renro.
TAii.i.KKtn, jeune pn-nin-r.
DtiviKNNK, amoun^ux.
l*'At:iiÈKr., pÏTe noMo.
llfjuv. premier comique.
I>H'i.vx. pri-niicr coiiiii)uc.
*°.iivRi.K8. pn-raifT r.'mMiip,
(iKFMAlN, •
H<'i ni' . <1
HiiiiKn. itijxtfiiic cuniitfiif.
F.ri>«»\i., lUililos
1 »Ai ssY. pn-mter f'ir.
1>ii>ii:r. jeune premièri-.
PoTKT Dklort. fortes iugvnuit*-r<.
Dahmant: in3{<-niiit.<'«-
lU^i\, soubn'U»'.
Marki.i.»:. r
Joi.i.Y. du-
T
190
LE THEATRE A NANTK8
Les artistes suivants échouèrent dans leurs débuts: MM. Lavigne.
Derioux ; M"*' Vincent et Geslin. MM. Sylva et Lamarche, M*'» Peyretet
Estagel les remplacèrent. Sauf M"« Barbot, cette troupe n'offrait aucun
artiste particulièrement remarquible, cependant elle était très homogène et
très convenable. La comédie était fort 'jcnne.
La direction ayant supprimé, dans les Huguenots, le tableau du bal, une
émeute éclata au Théâtre. Il fallut rétablir la scène coupée.
Première de la Traciata (21 décembre 1807). Grand succès. M™* Barbot
chanta Violetta avec un talent des plus remarquables. Le** autres rôles
étaient tenus par Plum et Thierry.
Une charmante comédie en un acte de notre spirituel concitoyen M. Paul
Chauvet : La Proie et l'Ombre, fut représentée au bénéfice des pauvres.
De nombreux et légitimes applaudissements accueillirent cette œuvre.
Plusieurs concerts, entre autres ceux de Carlotta Patti et de Sivori,
curent lieu au Grand Théâtre.
Pour l'anniversaire de Molière, on joua Don Juan, pour la première fois.
Excellente interprétation. Béjuy remporta un nouveau triomphe.
Nouveautés : le Docteur Crispin, la Vie parisienne, Paul Forestier.
Rhotomago.
Artistes en représentation : Michof, Levassor, Depassio, Dulaurens. Delà
branche, Brasseur, M™'!* Harris et Thérésa.
Bernard fut renommé mais, au beau milieu d'août, il mit la clef sou« la
porte, laissant la municipalité dans un cruel embarras. Enfin Campo Casso
et Coraminges se présentèrent. Ce dernier l'emporta. La snbvention fut
rétablie à 80.000 francs.
SAISON 1868-1869
COMMINGES. Directeur
SoLiÉ, chef d'orchestre . — Sandre, régisseur.
OPÉRA
MM. Tatxon, fort tônor.
liRi'NEAu, Irnor It'ger.
WiDMAN, deuxiô^me ténor h^gor.
Dei'assio, basse noble.
DussARoi!E.'<, basse chantante.
TapiéBrune', baryton.
Waltkr, deuxième basse.
Maugaro, trial.
Laverone, laruettc.
M»' Laporte, falcon.
M"" Prévost, chanteuse légère.
Etienne, contralto.
Eloy, dugazon.
Taic.ciam, deuxième clianleuse.
llfci.ÉNE, deuxième dugazon.
Laoier. duègne.
BALLET
M. DoMENOiE, maître.
M"" BoLZAOUET, première danseusa.
GAR>nER, deuxième danseuse.
MI3N0M
191
COMÉDIK
MM. Simon. |>renii«-r rôle.
Metiikuil, jeune premier.
SoRKi,, jeunt- premier.
(îARNiKit, itmoiiretix.
SANDBfc. pèif iiohle.
.\nMANij, premier cumique.
MM. Michel, d^uxi^-me comi-jui-.
Lldovii;, utilités.
M-" IloTTEREAt, premier njle.
Marcel, premier rùle jeune
Carrl'Kl, jeune premier rôle.
Basta. Soubrette.
DarmaM), ingénuitt-s.
Les débuts furent défavorables à MM. Talion, Bruneau, Tapié-Brune,
Widmer ; M"»'' Laporle , Etienne, Eloy. Leurs successeurs furent
.MM. Fromant, Lechevalier, Voisin, Mareuini ; M"^ Bédora, Faivre,
Rorghèse. La basse Depassio était excellente.
La saison fut terne et très peu suivie. La troupe italienne attirait,
ilors, tout le public à la Renais.sance.
Le 15 janvier, Graslin ferma ses portes. La troupe n'était pas payée et
Coniminges était absent. Deux personnes chargées de le représenter propo
sèrent aux artistes de les solder moitié en argent, moitié en billets. Ceux ci
n'acceptèrent pas. Comminges fut déclaré en faillite et les artistes •>»•
réunirent en société, pour la fin de la campagne, sous l'administration da
Solié.
Mignon, fut joué pour la première fois le 15 avril 1869. Ce banal opéra-
comique cher aux petites pernsionnaires, remporta un succès complet.
Les autres nouveautés furent: les Faux Ménagea, Siraphine^ Fleurde'
Thé.
Céline Montaland, le ténor Massy et la troupe japonaise du Taîcoun
vinrent donner des représentations.
La question de la subvention revint de [nouveau au Conseil municipal
dans la session du mois de mars 186i). La discussion fut longue
MNL Guilley, Doré, Halgan et Brousseï prirent successivement la parole.
Différents projets furent soumis au Conseil : 1° La gestion par la Ville. —
2* Une subvention de 80.000 francs. — 3« Une subvention de 100.000 francs
accordée à MM. Touchais propriétaires de la Renaissance, pour l'exploita-
tion des deux théâtres. — 4*' Une subvention de 10.000 francs sans
genre imposé. Aucun de ces systèmes ne fut adopté. Le Conseil décida :
(( que le Théâtre serait donné à un directeur ou à une association d'artistes
sans qu'aucun gonro leur soit imposé, sans autre cahier dcb charges que
celui nécessaire pour la conservation de l'immeuble et des valeurs munici-
pales qui leur seront remises et sans autres restrictions que celles qui tou-
chent à l'ordre et aux bonnes mœurs. »
Enfin les ennemis do la subvention avaient remporté la victoire. La sup-
pression du subside théâtral entraînait fatalement celle de l'Opéra. Nantes,
192
LK THEATRE A NANTES
pendant |)lusieurs anm-cs. all;ii( IoiuImt au rang <i'< villes i\>- uiù^H-wu^
onlro.
La direction fut confiée à M. Défossez, homme honorahlf ei habile qui,
avec los ressources restn-intCN dont il disposait, fit son possibl»^ pinir t-onlcn-
ter le pul)lic.
SAISON 1869-1870
DÉFOSSEZ , Di recteur
I-AMiiERï cIh f (l'i)ic|ip>lif. — l'"i-(:iiKB: f" KifcSfUr.
COMKDIE KT OPKRKTTK
MM. Lamiikui', premier rùlo.
CospK, jeune proiiiii-r.
PoNTii s, rôle de fjciire.
SANiini;, père noble.
Montai., troisième r"I'', chuii
r()pérelf(î.
(^iiKVALiEii, coiMiqiie.i'liaiilaiit 1'
rette.
Coi.OMnix, amoureux, ihaiilaiit 1'
retle.
(iHANDViLi.K, téuor d'opert'lle.
Armand, premier comique.
ScnMiTT, premier comique.
tant
i.p/-
( '.iKoi.i.Ki.i.i. (ieuxit-me amoiireiix.
l"ij.sso.\!iiRONV, troisième e )ini(|ui-,
Luuovk:, ulilitv.s.
1>i:s(;lal/.vs, chanteuse dDio'i-'i ■
lîiajiiAn, premier r»le.
[-•révieux, jeune premièie.
.Jai-.oi'S, ingénuités.
Desiardi.ns. amoureuse.
.1. Duiiois, clianteus • ij'opéretle.
Dairray. soubrette d'opéietle.
Dki.ormk, soubrette
Hamk, duègne, chantant l'opérelt»-.
Dur.HE.MiN, duè^îiie. chunlant l'opé-
rette.
L'ctoile de cette troupe était M'"'^' Desclauzas.Avec elle l'opêrelte régna t*n
maîtresse à Graslin. Le pemier rôle, M. Laniliert. était exi-ellent. Citons
aussi Armand et M""*» Prévieux.
Une très belle représentation de Rigolctto fut donnée avec le concours de
la Krauss, de Nicolini et de Strozzi.
Le Petit Faust, les Brif/ands, la J'i'rii-hole, Genecicrc de Brabant.
Froufrou, la Sorcière furent les nouveautés de cette saison. Febvre et
Brindeau vinrent en représentations.
A la dernière représentation, le régisseur adressa des adieux publics à
Défossez et lui remit une couronne aux applaudisseme.Us de toute la salle.
Pris de remords, le Conseil, dans sa séance du 10 février 1870, vota une
subvention de 8i).O00 francs. Tous les genres dramatiques devaient 6tre
exploités pendant la campagne. L'opéra-comique n'était exigé que pendant
.sept mois et le grand opéra était facultatif. Enfin, le directeur, pendant la
saison lyrique, devait donner tous les mois un concert populaire à prix
réduits.
Cetie subvention no fut i>a-> employée. LaGui-rre survint, l'endant TAnuf.'
ROUEK
iy3
'l'erribb' on ne songea guèreau Théâtre, des préoccupations trop graves occu-
j)ant tous les esprits,
Pendant l'été, avant la déclaration de la guerre, Solié avait formé une
petite troupe de comédie. Certains des artistes <|ui en faisaient partie
demeurëreiit à Nantes et jouèrent, d»* temps en temps, à (iraslin.
Au mois d'ottobrc, à une conférence organisée au Wncfice des Franc:»
Tireurs, le baryton Strozzi <*bant2i la Marseillaise et éleclrisa la salle.
Dans le courant de mars 1H71, le ténor Roger donna deux concerts avec
le concours de Sirozzi et de M"" Albini, En avril, il en organisa plusieurs
autres avec M'°' Pradal. de la Monnaie, de Bruxelles.
III
DIRECTIONS: DEFCSSEZ. - FERRY. — DE THOLOZE.
FRESPECH. LONGPRÉ ET FRANCIS.
' ] 87 1-1870
Juitin Boyer. — Rougt*. — litiÇfr. — Mm» linlbi. — A/"' Vergt^r. - Jourdan.
Ricquier-Delaunny. — Cécile M>*zrray. Roméo ot Juliette
La Fille de Madaoi)- Angot. — D^jnzet
L lie pouvait être question de subvention. La Ville, vu les tristes
circonstances, avait trop de charges par ailleurs. Personne ne
n^crimina. Cette fois la nécossili' faisait loi. La municipalité
fit a|)pol à NL Défossez et lui confia le Théâtre.
Du !"■ décembre au i"^ août, Défossez donna de l'opéra comique. \ parlir
du mois de septembre, une troupe de comédie et d'opérette desservit seule
Graslin.
SAISON 1871-1872
DÉFOSSEZ, Directeur
Bermkr. chef d'orchestre. — Dkbrinay, régisseur.
OPÉRA COMIQUK
MM. «iiiLLOT, ténor I<'«;,'or.
I>ELAiiociiK, deuxième tiMior l»'tj<"r,
BioNON. Iroifiéme ténor léger.
Rou<iÉ. Itnrylon.
.Iiistin BoVKR, basse ehanlanU*.
(iARHiRi., di>u\ii'mi- ba^se rh.intnntr.
Kkkkt, trial.
LfcoN, laniftt'-.
M"" Ralri, promièri' cliantcusc logirr.
Vkroer, dugazon.
Drcdau.i.e, deuxième dugnznn.
AnootUichtin. duègac.
f.OMftDIK ET OPfcRKTTK
MM. HnrPsiKR. premier rôlf.
Mallet, grand deuxi'^me lui»-
Chavanne. jcun^ premier.
Pho»««»er. péro noble.
I >ARLiN. rai^on^eu^s. chantant l'op*»
relie.
Vernecil. amoureux, rhanlanl IVi
pèn-lle.
LivRY. rôle de genre, chantant V*'-
Fa VUE. grand deuxiAino rom:que.
tîLf.Bin, ténor d .>|..r.U»'.
tiRiuoiTAL, jtMinf prcuii*-r comique.
chantaBl 1 0|M^rettc.
vx>
LE TMKATRi: A NANTt>
MM. Joseph Lkun, comiiiue iiiar<|ut'.
Armand, coiiiii(iip niarqui-, cliantant
l'opérette.
RoDot.PFiE, cojiiiquc nianiin', rliaii-
tant l'opérette.
Larochk, deiixioTiie coiiiiqiii-.
M' AMf:i.ii;-FoNTi, pnmiore chaiitrusp.
^fALARDD'HiK, jcurif dcuxirmc roll'.
M">e> DiiVKRs, graiid iircniicr rôle.
IIems, (leiixif-nie jeune preniiért*.
liLANCHf:, jeune première, opéretto .
Mai-, deuxième amoureu.se. opérpttt-.
.Màu,<, soubrette.
Boi Hdiy.ic, (\\\i'<ine.
Le pri.\ des ubonnements était fi.xé ainsi :
A l'année: Places n>servées: 28(J fr. — Places libie.s; Homme.s: 17ôfr.: Dames: liO fr
.\.u iriois : Places lôservôe.';, 'i") fr. — Pliices libif.s : Hommes : '-ib fr. ; Dames :
î>5 fr.
Cette eoLirte sai>on d'opéra-coiuiqiic fut excellente. Justin Boyer basse,
doué d'une voix ravissante, était très apprécié, Guillot et Rougé étaient deux
bons artistes; M"» Balbi avait une valeur réelle, enfin Mi'^' Verger étaitune
charmante dugazon.
Roger .se fit entendre darjs Lucie et la i'acorite, en compagnie de Laura
Harris et de Tombesi. dont je parlerai plus tard au chapitre du Théâtre de
la Renaissance.
Le Premier Jour du BonJieur et VOmhre lurent les nouveautés de la
saison d'Opéra.
Dans la troupe de comédie, il faut retenir le nom du jeune premier. Cha-
vanne, et du comique fîribouval, parfaits tous les deux.
En février, les sous-officiers du 28'' de ligne organisèrent un concert-spec-
tacle au bénéfice de la libération du Territoire. Ils jouèrent les Saltimban-
ques et la Chambre à deux lits.
Pendant les bals masqués, des boutiques furent installées dans la salle.
Chacune portait le nom d'une des villes annexées. Les actrices, en costume
alsacien, y vendaient divers objets au profit de l'œuvre du rachat de la
France.
Pendant les mois de juin et juillet 1872, Défossez, dont on ne .^aurait trop
louer le zèle et la bonne administration, forma une nouvelle troupe lyri
que. En voici le tableau :
SAISON D'ÉTÉ 1872
DÉFOSSEZ, Directeur
lÎKiiNMtit. chef d'orchestre. — Rodôi.phk, régisseur.
MM. .loiRKAN, ténor léger.
QiMNKL, deuzième ténor \("^vy .
Hic.QiiEH Del.m .NA.Y. barvton.
pRftoAL, baryton.
•I. BovER, basse chantante.
Verk, deuxième basse chanlaiil>
LF.>fAiRE, laruette.
M . HoDoi.piiK. triai.
M""* IIasselmans, chanteuse b>"'r*'
Cécile MfczKRAY, dugazon.
Vergken. falcon.
Barbot, contralto.
Verocen, dugazon.
Bertix. duègne.
ILSTIN ItOYER
fiyiLK MKZERAY — ROMKO ET JULfETTE
107
('(,'ttc troupe ftiit p:iri,iit". Justin Boyer fut revu avec un vif plaisir.
Jourdan, ténor (le grand stylo et Itic(|iiier-Delaunay, bon chanteur et bon
comédien, formaient avec Boycr un trio d'artistes hors pair. Cécile Mézeray
était une duga/on charmante ; sa voix était un peu faible, mais jolie et sou-
j)le. Kilo reni[)orta dans Mif/non de vifs succès. NI"* lïasselmans, une can-
tatrice de talent, ne doit pas, non pluïi, être oubliée.
("est à iJéfossez que l'on doit la niisr à la scène de Roméo et Juliette
(15 juin 1872). Jourdan et M^^" II;i>«selinans furent absolument parfaits. Les
antres rôles ('taient très bien tenu> par Cécile Mézeray, Boyer, Hicquier-
Delaunay et Brégal. L'dHivre fut très applaudie. E. Garnier, dans son feuil-
leton du P/ittre, se montra sévère pourTiounofl. Il trouva que l'éeole à laquelle
appartenait l'auteur de Faust, n'est pas celle le l'inspiration et jugea la
ballade de la /i'^//»e i]/(t,6 um; composition founneiilt'»' ci ur'ft'nli.Misc. Ce
jugement étonne de la part de Garnier.
Nouveautés : Jenn-b'-Duç, opéra comique inédit, musique de M. Tae-
Lœn. paroles de M. Biu-eau, ('/iristinn>\ Mnxirell.
.\rtiste9en représentation: Ismaél, (ialli-Marié, M''*» Priola. M™* Hou—
seil. M'"" Favart, Bressint, Brasseur.
M. Défossez a laissé à Nantes les meillinirs souvenirs. C'était un homme
d'une honoral)ilité parfaite. Sa dir<'Ction fut excellente souston< les rapport-.
• *
Delossez (leinamiait le rétablissement delà subvention. On discuta lon-
guement la ([uestion au Conseil municipal, mais on était très embarrassé
pour trouver dans le budget unesomme disponible de 50 à 60,000 francs.
On décida de laisser les choses en l'état. La direction fut donnée à un
M. Ferry, (pii ne demandait rien, (pie le paiement du gaz.
SAISON
FERRY,
Smit/., chef d'oiclitsii-i
()i'i^:HACOMinri-:
MM. NovELLi. ténor lègiT.
Vii.i.EKROY, baryton.
Si KEAC, b.issi'.
l>ir.ri\TKAi', denxiémo lias^r
M»"' S.MiTZ, premit'ro oliiuiteuse.
Ui.oLNT, jeuno rhantoasr.
< '.AVf:-HivENt;z, liiitrazoïi.
COMfiDlK
MM. UooEH, piviuicr rùlf.
Chevalier, rôle de nenr»-.
SvNnnv:, troisièin*^ r<Me.
1872-1873
Directeur
• — Samihk, rijiisMfiir.
MM. (ioNTR.vN. jeune prfn)i»T.
WKHiiAMMK, amonrtMix.
Mol RnKii.i.E, roniii]u.'.
Uoi)OLi'iiK,jîrimos.
Lrnovii , raisoiUH'in-».
M""" Valentin, preniior r>l''.
C.arle, jeune premier.
.\ymk, tjrande coquetio.
(2HEVRIER, ingêntiitos.
N'oRviLi-E, amoureutii-.
Mak;», soubrette.
\l.K\ANDRINf:. (lut^fie.
I>K Wvns, deuxi' tro n>lc.
198
LE THÉÂTRE A NANTES
Cotto saison fut sans aucun intérùl. En fait intéressant, je ne vois rien a
.signaler qu'une reprise du Peiil Chaperon Rouye, do Boieldieu. Novelii et
M"' Cavé-RIvenez ne manquaient pas d'un certain t^ilent.
A la fin do décembre, par -^uite des inondations, le gaz manqua c6mpk*t»'-
nient dans Nantes, l'usine était envahi»' par les .•.•mx. Le TliéAtre dût
fermer ses portes pendant plusieurs jours.
h' Union Bretonne^ ayant critiqué la direction qui laissait les femmes de
HKPurs légères s'étaler aux fauteuils, se vit retirer ses entrées. Le Phare.
protesta éncrgujuement et déclara (|ue, lui aussi, paierait ses places.
Dans le courant de mars, les artistes impayés, firent mettre le directeur «n
faillite et continuèrent l'exploitation en société.
La Femme de'Claude, la Périchole, Héloïae et Abeilard. li (jm-up du.
Chat, furent les nouveautés de cette piteuse saison.
Coquelin, Agar, Laferrière, Montaubry, Coraly Geoffroy, .\I'"« Devoyod.
Borthclicr, Acliard, M"'= Schriwanek, vinrent on représentations.
La subvention ne fut pas encore rétablie pour l'année suivante.
La direction passa aux mains de M. de Tholozé.
SAISON 1873-1874
DE THOLOZÉ, Directeur
nEHNiiii, clit'f d'nicht'stie. — LiiLis, i-é}»isspur.
Ol'KHA-COMinUE
MM. Séhan, ténor lé>{or.
RuNr)EAti, baryton.
MoNTi, has.se.
Mm,. Papin, chanteuscléj^'cre.
Lauhkndkau, diipazon.
COMKDIK
MM. CiiuRTois. premier rôle.
l'"REsi'Er.H jeune premier.
Jacohef., amoureux.
VtiYZ, père nol)lc.
lU)niN i>E CoNCHK.s. Irnisiémi' rùlc
(^>i iiuNY, amoureux.
MM. HioNoN. amoureux.
IvAni., premier comique.
l'oYARD, comique
Hi.ANCiiET, jeune comique.
LcDovir., convenances,
M'"" DKi.AVArx, premier n'ile.
.MnNMBP, jeune premier.
LfoN, iiigéuuiir-s.
CiLi-EN. t^rande coquette.
Dkfiw. soubrrtte.
De Vai- Moma, soubrette.
VuTOiuNE. mère nobbv
l'HKspEt M, anifiureusi'.
du iiTiiis. deuxième soubrette
La petite troupe d'opéra-coiui(|iio ne joua (iii't'n j;in\ ier. Nous voyons y
figurer le nom du ténor Séran, dont nous aurons à i)arlor plus tard, t^etto
saison fut lui peu moins terne que la précédente.
La Fille de M'^ Angot fut jouée, pour la première, fois le IM septembre
1874. La charmante opérette de Lecoq était remarquablement interprétée
par M'"'^" Ugaldc et Vanghell, MM. (Jaruierct r,au.ssins, engagés spéciale.
LA PILLE DE MADAME ANGOT
109
meiit. Le succès fut immense et, pondant plusieurs années, ne se démentit
pas.
Une panique eut lieu a Graslin lo 2G janvier 1874. Une fuite de gaz
V-tant produite à l'orchestre, les pompiers arrivèrent et, pour la décou-
rir, furent ohligés de dt'-molir le box de gauche, où se tenait, d'habitude, un
vieil abonné du Théâtre, bien connu du public. M. Mérot du lîarré. A cette
vue, un grand nombre île spei Uil«'urs s'enfuirent épouvantés, mais le mal fut
vite réparé et la représentation continua.
On joua, cette année là. une gninde revue locale, qui avait pour auteur le
troisième rôle de la tronjH', M. Kobin de Couches Tout Saules // ita»xera et
Trentemoult aussi, où figuraient de nombreuses physionomies nantaise,
entre autres celles de M"»» Amadou, eut assez de succès.
Artistes en représ«întation : Agar, Brasseur et les Chanteurs Béarnais.
Nouveautés : les Ccnl Vitin/rs. Va Ch(i(tf lilanrh,-.
Les artistes seréuniredt en société j)our l'exploitation de la nouvelle cam-
I)agiie sous la gérance de trois des leurs, MM. Frespcch,I^ngpréet Francis.
La subvention ne fut pas rétablie, par contre les débuts le furent. Tous les
abtinnés étaient ap|)elés à voter. Les artistes devaient faire trois débuts ; l'ad-
mission était prononcée à la majorité des voix. Les artistes faisant déjà
partie de la troupe, l'année précéilcnte. ('■Liit'iit ^oiimiv.i un.' simple renlnV.
SAISON
FRESPECH, LONOPRÉ,
Uernier, chef. -
OPP.RETTK
.\IM. DBt.AVKJNK. ténor.
Dkmzki., ténor di* K«'nre.
FnEspKcH, ti'iior <li' K«*nr«''
M-" (trfcRiNuT. preniior»' chant«*u8(>.
DuRTAi.. prtMiiièrc chunteuse.
MAsr.xHTf..»». (Ictixi<>iiu> clianlcusi'.
Wii.i.iu, ohantiMisc de genre.
1)1 M*V. dilt'-jfnr.
• MÈDIE
MM. LuNùPiu:. promier r<lli'.
DiT.RKSNOia. premier rôle jeune.
FnEsrKc.u, joune premier.
I.iNKVAL. amoiiroux.
1874-1876
FRANCIS, Adnxinlstrateurs
MoREAL, ngi.sseur.
MM. Mi'Ri-:*! . yvr>' !i l.i- .
I*Ki Lf. Iroisi.'ni'' r.'.l. .
I"ran<.is, pr\'iiiior c<>ini<ju>'.
NIai.I-kvili.k. r<)mii|ti'- jînnie.
ItKYArx, deuxième comique grime.
LriHjvn:. utiiit<'-fl.
M—' Marty, premier rùli'.
De I.AVAix. premier r.i-
r.iKoLKU.i, jcuiif pn-nitr»'
l'KMi.l.K i . lii. U' UuLie.
<iii itiitT, i-i>.ni.'Ite.
W'ii i.M. - ,ii : ;; .
Delavigne et M"^' Guérinot tombt'rent. Ils lureiu rLinj)ia( c- pur \ erueuil
it M™" Lvonnel.
•r^iÀ) LE THÉATHE A NANTES
Le 30 octobre une roprésentalioli eut lieu au bénéfice de Déjazet, qui.
malgré son grand âge, — elle avait alors 70 ans, — avait conservé tout son
talent et tout son esprit. Elle se fit applaudir dans M. Garai. L'excellente
artiste, qui était adorée à Nantes, fut couverte de bouquets. Pendant l'inter-
mède, des stances de notre confrère \l. L<''on Séché furent lues en son hon-
neur. Les vers suivants furent particulièrenn'nl a|)plaudis ;
Le siècln tout entier a passt- dans t,i vie
Tu vécus tant (jue rien ne U- fait plus envie,
En dehors des êtres aimos.
Riclie et pauvre à la fois, tn J)ns dans tous les mtivs,
VA Dieu seul avec loi sait coinliien «If mis» r(\s
Tn soulageas N-s yeux fermas.
Notre compatriote, M. Gaston Serpette, vint cuiuliiirc la première d'une de
ses oeuvres : \w Branche CaHsce, Plusieurs palmes lui furent offertes.
La troupe des Italiens de Paris donna quelques représentîitions somno-
lentes pendant le mois de février.
En fait de nouveautés on joua : la Jolie Pai/sanw, la Timbale (T Argent,
Giroflée- G irojta, la Petite Marquise, il/'"« U Archiduc, les Deux Orpheli
nés et la Fée aux Miettes.
Brasseur ; M'"** Favart. Léonide Leblanc, Âgar, vinrent en représentations.
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IV
DIRECTIONS : COULON. — BELLEYAUT.
COULON. — LEMOIQNE.
iH7ri-iH»i.
C7(. liujînn. — Tottrnif'. — Pons. — Dmiphin. — i'arolitte M^zrray. — J#"« Serfttr
Rt'inr Mt'zeriiy. — A/n»^ I.ao'n/ibr Duitrrz. — tiuillf^toi. — Maupas.
W'arot. — Haiiilet. — 'Ireninulet. — l'inin. — Fi'lirir Arnamt.
A/"' de Mollt'ns. — .ihw Rfyi/inni. — l'anl el Vir;^iiiie.
Aida. — Cartin'n. — Deri'inis. — AT"»' l>crt'im.s-D4'vri>'3i.
Delnhranche. — (oralif «ieoffro;/. — Dtthou-
chft. — I.f'S ClorheH «!<• (^orncvillf.
Mnnifestatiuns politii/ tf > .
l:-'j>''rntionstln <h-'»rf
TheiUrr
^vn E foutes |)arts on ri'clamait le rt'Uiblisseiiu'nt de la subvention.
Les journaux menaient, ilans ce but, une vive «-aiupa^iu*.
^ L'Administration comprit qu'on ne ])Ouv^t dillérer plus long-
temps. Une Commission fut nomm^ pour étudier la question
«Ml même temps que i-elle de l'achat du ThMtrc de la rtenaiss;ui<e. Dans sa
séance du li mars 187.'), le Conseil adopta, à la presque unanimité, les
conclusions du rapport. La Ville pn>nait à sa charge le paiement de
l'oreheslre, des «huiurs et du gaz. jusqu'à concurrence de 85. '»<)(» frincs. La
«•ampagn»' d'hiver était fixée à huit mois, de scptembn» à avril. La campagne
d'été ne devait durer que deux mois. Le din't'teur pouvait dis|>oser de la
Renais.sance, sauf pendant les deux mois du cirque, moyennant un droit de
T) °/" ^l'i' l'i recette. Un nouvo^iu mo«le île débuts fut adopté. Etaient ap|><>lés
à juger les arti.stes: les al»onnés a l'année »n mif Comini^siun dr \a\\:\
membres nommés par le Maire.
La Ville choisit pour directeur M. Coulon, qui venait d".\nver%, où il
était très appr<''iié. Il fut nommé pour sept ans. ave»- facilité de n*siliation
des deux parts axant le ir> févri«'r. .Vvec la direction Coulon, le Grand-
Tbéàtre entra dans une période brillante et féconde, dont les Nantais se
souviendront longtemps.
•'(!•>
LK TKHATKK A NANTKS
SAISON 1875-1876
COTJLON, Directeur
«'.II. iJu/iAi:. cliif «ronlii-sln'. — S<u»TT. ivjfiiiHeur.
ol'l.liA
MM. ToiiiMf:, fort Irimr.
l''<<i<NT, tt'iior léjfi T.
Tkii.i.kt, dcu\ièiii<t li'uor l«:;,'f'r.
|{i:n-Aiik.n, baryton,
J'oNs, basso-imlilc.
D\i;i'iiiN, hassr fliatilaiil'-.
<'.OI.IN, iil.
(^HARI.KS, tliitl.
Houi.KGi;, larin'tte.
M «Caroline Mk/khw, i»iiiiiiiif .-lian-
trii.se li''j{i'rt'.
I''un.M-Biuoi., cliatileiise li-gi'-ii .
«loi.i.iN, falcon.
ISA.I.KA, COtltialtO.
I'aHKNt, tlii;;azori.
l)KllEH, dll|,'a/.otl.
IIk.vvi i,r, diiè;iii»'.
liALLKT
M » (iiKKiiA, iiiaîlrcss"' (le li.iUet.
]•]. Vr:ii<i\Ni, |)ii'iiii('rr (lanscuse.
N. Vi:iuiANi,(leuxiùme duiisuusi-.
CuMfiDIK
MM. Di.i'AV. premiifr rôle.
MhrKf-.Mi:, [(reDiHT roli*.
Ihuiirii. ji-un« pre[ui<*r.
MoNiÀiuxAf-.. j«uue ^trfuiitv .
Marmiunon, amoureux.
I.ont.I'hP.. deuMÛiue rolo.
l>Ki.OHOix, troisième rôle.
l)oi AT, premi'T coiuiijiii>.
lioi.iAT. comiqufc.
I.ALHKNT, i«l.
(lACMl , id.
I'kki.kxi, jeuiK- ainonr«'U\.
W'-"-- Smith, jeum- jin-mion-.
Mahtv, pivmier nd*-.
.Sltiha, jeune |>n-iniiTf.
l'Hui AT, soubrette.
.Iai.mki, iii}î«'iiuilés.
Uhani iKZ, ^'randcs coqui-lti'S.
l'iiKspKr.d. ileuxii-me .soubn.-tlf
< lATKr.. amourcusi".
J><M KAT. <l»«'^'n< .
IMUN iiEs i"i.Ai Es : Fanti'Uils et lojfrs de face, 5 fr. — Fauteuils et loyrn de ctMi*. \ f i .
— l'auteuil.s d'orciiHStrfi et baignoires. 4 fr. — Parqucl et deuxi)'>nii>s do face, M fr. —
l'a.lnrr ri dciixii'inc.-; ili' i-i.|c 2 fr, — Ti-.iisiriiit'S, 1 •'• — i hi:«irit''i)M ■- .''iti r.iiliiiit>.
.\I. <;i);irlt's hu/i.iii put. (.T'Ue amn-c hi, ijosii-ibiun du jnipitri- u<' cin-i
<r(»rciu'sti't\ qu'il oc('ii|>a pcndaiH quinze ans. Cotait un oxcelloiit niu.><:cion.
lin liaiiiioiiisiiî des plus di>tiiigii(^s. Il ne tarda pas à ôtre appriM-ié à sa juste
val(Mir. (jMiaiid Edouard (Janiier donna sa ilëmi.-^sion do professeur d'haï-
luonic au ConM-rratoire, il fui appelr à lui sucréder.
\)ui'lques mots. niaintcnaïK. sur le-s excellents artistes de cette troupe.
Touinié a lai.ssé, parmi nous, un souvenir difficile à effacer. Joli garçon,
bon acteur, il possédait unu belle voi.v de ténor, facile, bien posée. Fil<d'ua
modeste chanteur du Tht^àtre de Toulouse, il fit d'abord partie du Théâtre
du (^apitoie, couime violoncelliste. S'étanI découvert une voix, il aborda la
carrière lyrique. Coulon l'avait amené d'Anvers, où il avait eu beaucoup de
suçotas. A Nantes, il remporbi de véritables triomphes. Ses meilleurs rôles
éiaient Robert. Kaoul et l-'eruand. l,a basse ehautante Dauphin était, lui
aus->i. un ivsci'llcnl artiste, sou^ le double rapport tlu chai»^ el du jeu.
Vous, <|ue l'on connaissait déjà ei dont la voix avait encore j.'agné en
LKS SŒURS MÉZERAY — TOIJIlNIÉ — DAL'IMfIN — |i»Vs *j(Y.i
/
itii|>l<'iir, p.irta;{(>a p«-iMl:iiit l:i c.impgiio lu faveur du publia* avec %(i» caïua-
i.»d«'s Tournii- <'l U.iupliin.
(les troJM arii^b's furent n^us à runaiiiiniu'*, nioiiis un»* \oix : œllo 'l'un
iliDriiié^iiithuux qui, ]xir principe, vouiil toujoum non.
CaroliiM' Mi'<eia> pt»^M\luit Ue noinJnt'U.ses i(u.ilit('<(, mai- sa vop
f itigUix*. 'lùilc irul>tiiii quu (luux \uix au iriuiiu, l'ae ctiulr au>si uuiiij . .
lail injUiiU*. l.Q lendemain de son 4's:lie<:, elle romporta, dans Ln Jmc^\ un
vrai irioniphe; mais !:> |>ulilie prob'sta vainement et le voie fut inainl<'nu.
M"' fui r«inpla«vc par M" Sevc!s(e. une ohanieu.se aeoom plie, tl - ' .
iiite la picniludr de ^i*i\ lalciii. !.)■ r<M<* de Violeiti lui «-lail |mi
im-nt favorable. l)aiis i< r.niiant d<- l.i -aisun, ello lit une incursion dan»
r'i])eretle et rliant»i Clairette de /.<« l'dlc (/« Ma'fame Anfjnr.
M"'" Collin ('clioua, ainsi que &;i reniplai.aiile M»« Devjlle. l..i -i.. ■ ■:>-.■, u
• k* ces deux arlist«'s fut rocucrtiie par la iruiMènu' de:» sœurs Mé/er.iv, lît'im-.
< "••uiit iMie vraie famille d'artistes *\w celle des Mé/era) . I.e p<»rt' était «"licf
d'orrliestre à Bordeaux ; irojs des lilleséiairnt «hanU'Usi'.sdetileni, — f'.'
linit même par ùlro cnjjugée à rOpéru<oniique, — une quatriènir i : .
iiirpiste et fit plus tard partie de notre orehesire. I.a jolie voix do Rrine
MéZ(!ruy m* tarda iku» a lin ooiiqut^rir toui» les «uirr;i|(es. Comme femme, elle
lail fort séduisante. Dans Afii/non, (ju'ellc joua en dehors do son r(^|)ort«iin,',
Ile a laisM- d'<'xcellents suu\enirs.
M"" lialka et Hen Ab<;n lomhj'roni v\ furent reiuplaeés p.tr M™" Thi^oni
I Uougé, déjà avantageusement connu.
DaiK) lacutnuliu, uitouN M. [)rpa\ et M .^niitli.
Au mois de mur», 'l'ournit) (Uni tombe malade, fui remplace (Mir un
nommo Donuii, i|ui débuta dunii UmUaume Tell, ('etiiriikk^ eiiiit lellemem
andaleux, que, sur Tordre «le la Munieipalilt', on remplaça, apn«s le pre-
iiiier acte, iiuitinunu' Tt^U par Mif/non,
A tuie repr<*s( nialion des I/ut/nettolH^ Vous selanl tronvt^ indis|M>sc p<'ii-
•laiit li> j)reniier a«te, Coulon. qui jadis avait <^t<^ hassi». je suppléa.
l'n eummencemeni d'incendie, «jui pouvait devenir grave. >e produisit un
Noir. à l'acte de la tente du Profifi^ir. La lamp<' d'esprit do vin • '" • tr la
table fut renversée. L'aloool prit feu et une tlamme a^seg é. a le
décor. Pons essaya en vain de l'éteindre ave<> ion chapeau ; des oh » istes
vinrent à son aide et l'on parvint, après un certain moment, à écarter tout
danger. Il y eut. dan» la salle, un moment de vive émotion. Tou» lue esprits
(lient encore sOUs le coup de l'inct^ndiedu ThéAlre de Koum), qui venait
d'avoir lieu.
.\ partir de cette année. *»ii i "up.i m imiiniMni-m. iitin* >.» « /. . n-
lalileau du bJil. haiinl fut loué pour la premn-n? fois nvet! , ^ (ifs,
Jus(iu*à eelto époque, la vcirsion opera-comi4uc .ivail été consek-véc. Une
204 LE THÉÂTRE A NANTES
reprise de Moine, bien interprété pourtant jiar 'l'o\irnié. Rongé, Pon« et
Keino Mézeray, n'eut pas un tr^s grand succès.
Pendant ces dernières années, deux journaux de Théâtre s'étaient fondée •
La Lorgnotlc, rédigé par M. Léon Séché, et A^''«^-'S-7V<e«^re, rédigé par
M. Brisson, aujourd'hui directeur des Annales Politiques et Littéraires. Ces
deux journaux ne devaient avoir que peu de numéros. Pendant la (;ampa^Mie
1875-lH7(î, une autre feuille musicale, Nanten-Li/rif/ne, fit son apparition.
Ell(! était née plus vial)le que les précédentes et elle parut pendant une
vingtaine d'années.
V Etrangère, La Reine Indifio, La l'i-tUe Mariée, furent les nouveautés
de la saison.
TouRNÉK. — La Fille de Roland. — Bra.sseur, Lassouche, Daubray,
M"" Théo, Agar, Bloch, de Belloca, Scriwaneck et Emile Ambre vinrent
donner des représenfcitions.
Pendant mai et juin, une troupe d'opérette, avec Zulnia Bouffard et le ténor
Puget, se fit applaudir à Graslin.
•f *
M. Coulon ne conserva pas la direction l'année suivante. Il fut remplacé
par M. Bellevaut.
Comme subvention, la Ville prenait à sa charge: 1* l'éclairage, jusqu'à
Concurrence de 1.400 francs par mois : 2' les choristes (18 hommes,
16 femmes) jusqu'à concurrence de li.420 francs ; li" l'orchestre (41) musi-
ciens), jusqu'à concurrence de 5.405 francs. Une troupe de comédie n'était
pas exigée, ce qui était un avantage. Si peu cher (jue coûtât une troupe de
comédie et de drame, elle coûtait encore plus qu'elle ne rapportait. La Muni
cipalité se réservait le droit de disposer de l'orchestre et des chœurs. deu\
fois par mois, dans la journée, afin de donner des concerts populaires.
SAISON 1876-1877
BELLEVAUT. Directeur
Bdzi.vc, chef d'orchestre. — Mebi.k, n'-gisseur.
>nr. CiARNiKR, fort lénor.
1)kfri.\.nt, ténor iloubli".
liAiiRENT, ténor léger.
B\RnK. deuxième ténor léger.
NoK, troisiï'iiie ténor léger.
CiiARi.Ks, trial.
tJuii.LKMor. baryton.
(iiiEi.YNs, liaryloii d'opéra-coiuiqui*.
D.vRTKs, basse.
IsAAc, basse chantante.
Nki;lat, douxième basse chantanlo.
BovLfcQK, laruotte.
PoiTRvrs*, troi^iième basse.
M 1,A< OMHK-DuriiMz. preniiéro i-liait-
leuse lo>;ère.
liosc, chanleuso lèj^ère.
1)K Géhauux. faloon.
RiKF, contralto.
HoHKRT, dugazon.
NKJUJI.T, duègne.
Mf.ri.k. deuxième dii;^:i/i«n.
b.VLLET
.M. CiRifcTENs, maître.
M"" Griêtkns, première danseuse.
RosiTAiN, deuxième danieuse.
oriLLKMOT — >*'""' LAI.UHII&-DUPKE/ — W AI<'»T '3iô
Celle troupe <5uit l»ien inI«'Tieure a «elle de l'auij< l'AU' rm
formait pour'"" i-mv .. f.wi..-: ,|«. .. i,. ■,,;.. r -,r^ir,. • \; |i.,...^.-, .»
(fUlllc'Utol.
M""' Lacombt! iiUiil la umcu «lu Umeux Ltuprfi ot «ou éléw. Elle p »i*e
(l.iil une maf^uifl'i'ic \oi\ df ■ '. . " . ml t't pur.
«l'une jU.sU'"->i' im)i<ci:ibU'. M.u • , flUî éiaii
«Tuoe froideur oulr.'-e. Malgré U>ut. elle (ut réunir a ritusitiiuiié, t'altoitAé
^rinchrux étint nljsorit ce jour l.i. Kti <|uitiant Nautes. «tk* alla ù TOpéru-
Comiqu»', puis à !'< ipcTO.
(fuilliMiot était un de^ nuMlItnus barytons du proviucc. Sa voix pW'ine vi
sonore, (|u'il maniait avec une habileté rare, était des plus :>ympatUiqucs.
Très bon aeUMir. il savait, contrairement à M""* LiicomJx ' t.'
en cominunicalion avec le publi«-, ([«>nl il de\ int bieuli*>tr s
laissèrent à Nantes d'aussi bons souvenir*.
Les chutes furent nombreuses et la pc-riodc d»'S débul.H mouvern
(îarnirr. Laurent, Ghclyns, DefrianI, H<»ulV"_'" (<... 1».,,... \|- •.
(Ion. Bose, IlifF. restèrent sur le carreau.
Après une représentation de liohort. véritablement sc«imlaleuxi .
MM. Morèro. Depotier. M""* Moieau et Le'rrrict, ai'
remplacer les viciirnes du scrutin, le maire écrivit au •: <•
qui se terminait ainsi : <• Notez que, s'il n'y a à bref délai un changement
dans l'éiat des choses, je fermerai les Théiitres. (^'etUî menace ne seni fws
plus vaine que les précédentes. »» Knfin furent reçus MNLCarrière, furt
ténor; M.iés, ténor double: ("aubet. ténor léger ; Tapiau, basse : Froni> .
liasse chanumte . Maupas, second»* Ikisîh*; M"»" Redouté. cliantiMisc léj^'n* :
Moieau, f;klcuu. La «oHlriilto fut plus dillieile s trouver. On «'niiiidit su» -
(•«'ssiveiiK'iU M"* <Ii' (icii'f l'<-\ lit Dcn.iiîi. \\'<r\. ("fili- «Ji-iriiir,' mm-
dcuïcura.
Parmi les nou\eau\ ao-liâle?*. si^taions i.'aubet, qui avait une a:<iM-/ julie
voix, 'rajiian, et enfin Maupas, une seconde Uasse «b* pn-:!' r — !re<|Mi
ilevait revenir sous la direction (iraviëre.
Le ténor Carrière étant tombé malade. M. Hellevaut engagea alors W'aroi.
La voix de ce ténor n'était certain' : > parfaite, j'J. h»
comiais vin;;t cabotius qui lui sont - , i >. Mais War-: , , , le
chosQ qui vaut mieux qu'un organe extraordinaire : un t:dent complet et
admirable do ehantonr et de comédien. Son style était superbe, sa di« t:<>n
nette, son jeu plein de chaleur et de vérité. Qui ne se r:,. ■ h "..
Warot, dans le Prf>]thi'te, racontant son K've aux anabaptistes «i t
sa mère*.'**.'* C'était absolument merveilleux î Kl VA/ricaiwi, et lu Juirr, et le
quatrième acte des Hnffii*»nntH' Autant de nMev. autant de triompher. W.irot
«■'(ait un grand «'i véritable artiste. KeliK' aujourd'hui du ilu iiie. t
|)r<»fk>sstHir au Coahcrv;ai>HK> du Paris. L'honneur ost pour l'ékibU;^-
206
LE THEATRE A NANTES
A la fin de mars l'cngageiucnt de Warot prit fin. Son successeur fut
M. Vitaux, un ténor doué d'une voix éclatante.
Le 2 avril ]Hll,VIIamlet de Monsieur A. Thomas fut représenté avec
succès. M™e Laeombc-Duprez fut admirable, au point de vue du chant, dans
le rôle d'Ophélie. Guillemot chanta et joua avec un très réel talent le rôle
d'IIaralet qui demeura l'un de ses meilleurs. Le reste de l'interprétation,
confié à Barbe, Fronty, Moreau et à M^o Tapiau était bon. Les décors
furent très justement admirés.
Un accident qui n'eut heureusement pas de suites graves arriva, un soir,
pendant le défilé de la Juive. Un cheval effrayé se cabra et tomba dans
l'orchestre, au-dessous de la loge municipale. Cheval et cavalier se rele-
vèrent sans grand mal. Les musiciens curent aussi la chance de s'en tirer à
bon compte. 11 fallut un temps assez long pour retirer l'animal de l'orchestre.
On n'y arriva pas sans diflicultês.
]y[me Dereims-Devriès vint en représentation.
Tournées : L'Ami Fritz, Bébé, Dora, l'Aventurière (M'"'- Favart). Vllet-
. mann (Marie Laurent), la troupe des Variétés.
An point de vue financier, cette campagne fut désastreuse. M. Bellevaut
ne put payer ses artistes et quitta Nantes ruiné. Il devint ensuite régisseur
dans un théâtre de drame à Paris. Il consacrait, chaque mois, une partie de
ses appointements à éteindre ses dettes. Tous ses anciens artistes prennent
plaisir à rendre hommage à sa probité.
M. Coulon obtint de nouveau la direction pour la campagne 1877-1878. La
Ville, tout en fournissant la même subvention, exigeiiit, cette fois-ci, une
troupe de comédie.
SAISON 1877-1878
CO'CTIjON, Directeur
BÙzi.\u, chef (.l'orchestre. — Liîiîlanc, réjj;i^^6ui'-
OPÉRA
]\1M. Doiu.\. lort ténor.
Thkmoi'lkt, ténor h'ger.
IjAiDiiT, deuxième tonor h'i^fr.
(iuiLi.iîMOT, baryton.
AuGiiU, baryton d'opéra cuniiiiue.
Pi.Ai.N, l)asse nobh\
Dangox, basse chantante.
Fondant, deuxième basse chantante.
Taillard, trial.
liouLAND, laruette.
>1'
F(>licio Arnaud, première chanteuse
légère.
MM.
Sarah Lkwi.m:. deuxième chautrusc
légère.
Lkslino, falcon.
Hegui.vnni, contralto.
Falcoxnet, dugazou.
K. Lewine, deuxième duga/on.
Nkulat. duègne.
lîALLËT
D'Alessandri, maître .
Isabella Ottoi.ini, première dan-
seuse,
(iina (^TTOLiNi. deuxième danseuse.
FÉLICIE ARNAUD — ALMA RBGGIANI — PLAIN — TRÉMOOLET 2U7
M"'» Aymée, premier rôle.
Sanon, jt.'une première.
JinssANT. pri'iiiii'r rùle.
Lkroux, in^îéniiités.
M. Aymék, amoureuse.
ClIAMEBtiY, StiUbrcUf.
PniLii'1'E. amoureuse.
Troyks, coquette.
Chai-p. jeune-coquetti'.
MAHVAr,. (lu>'J/llf.
COMÉDIE
MM. Serret. premier rùle.
JoissANs, JMunr premier.
William, deuxième amoureux.
Cari'On. amoureux.
Reynier, deuxième amoureux.
Frumenu, troisième rôle.
Voyez, père noble.
Beji;y, premier comique.
Behlingard. premier comique.
Leroux, comKjue.
r>EPRiN, comique.
Lldovu:, grimes.
/
Cotte troupe, quand les débuts l'eurent épurée, fut oxcellentr.
Doria avait une as.sez jolie voix, mais pas l'ombre de talent. Pouii mi. il
fut reçu à l'unanimité. Le scrutin a de c<'s surprises. Trémoulet lui était
bien supérieur. Il possédait un organe agréable etét;iit bon musicion et bon
comédien. Plain avait une superbe voix de basse, un peu pâteuse cependant.
Bouland, un laruette fort drôle, se fit applaudir aussi très justement. A cette
époque, il venait de se marier. Sa jeune et charmante femme se tenait au
contrôle avec M™'' Coulon. Persoime ne se doutait, alors, que. dix ans plus
tard M"»" Bouland fanatiserait les Nantais par son talent fin et sympa-
thique. M"»'^ Félici(^ Arnaud avait une voix adorable dont elle se servait avec
un grand talent; c'était, ilc plus, une ravissante actrice. Aima Reggiani a
laissé, elle aussi, d'excellents souvenirs parmi nous. Son organe de contralto
était un peu faible, mais elle savait en tirer un excellent parti. De plus, elle
était fort jolie femme et fit tourner bien des têtes. Elle alla plus tard à
rOpéra-Comiqu«>, où elle créa, dans la Xuit de Cléopàtre, le rôle de Chai-
mion. Elle est morte, quelques années après, en pleine possession de son
talent, enlevée par une cruelle maladie de poitrine.
Mmes Leslino et Sarah Lewine échouèrent. Elles furent remplacées : la
première, d'abord par M™® Dupuy, |)uis par M"' Reine Mézeray, ([ui fut
accueillie avec enthousiasme ; la seconde, par M"* de Mollens. Cette chan-
teuse fut très appréciée. Elle quitta le théâtre quelques aimées plus tard, pour
épouser notre concitoyen M. Pelletier. Elle est, aujourd'hui, l'un des profes-
seurs de chant les plus estimés de Nantes.
Le deuxiène ténor Laidet, un Nantais, ne fit pas mentir le proverbe et fut
remplacé par Ro/i-nil. M"" Diifui sncc'-d:! à W^^ V-\\r<s\\\\,^\ , o^^^'^ t,.iiil.i pUc
aussi.
Le ballet de la Nuit du W'alfxurgis, que Gounod avaii ajouté a la
partition de Faust pour les représentations de l'Opéra, fut enfin jou»' à
Nantes, sous cette direction. Le corps de ballet, excellemment dirigé par
NL d'Alessandri était, cette année-là, de premier ordre. Les ravissantes sœurs
:Î08 l.i; TUl^ATRK A NANTES
OUoliiii, aujourd'hui à i'Ac:i<lémit; nationale de Musique, remporiëreni de
noiul)reux et lé;:itinie.s succfts.
La seconde dinjction Coulon fut fortile en grandes nouveautés. La pre
niière (jiii nous fut oif-ri»- fut l*anL et W/Y/'/'ttf (3 décembre 187."»). Ct't opéra.
l^'î^'èreinniL isoporificjue, remporta, néarnnoins, un certain succès, frrâce a
l'excellence de >on inierprél-itiDn. confi/'i-i \f\î. Ti/'in^^inli-t n;i:ic'iin. ' î.i'k,
M""'^ Arnaud et Heggiani.
Aida, le chef d'œuvre de Técole iliiliennc modtînie, fui ^eJ>lv^en^é le ven
diiîdi :l*8 février 1878. Mézoray el Reg.:,Mani était excellentes dans les rôle-,
d'Aïda et d'Aninèris. Guillemot, dans .\monasro, les secondait a<lmirablc-
m -ni. Doria, IMain. Dani^on ct.NI"' M.Lewine complétaient une bonne ex<'cn
tion. N'oublions pas les deux OltoUini, fort jolies sous le costume é{fyi»lien.
L'orcliestre, sou.s l'habile direction de Buziau, se surpassa. Les décors,
p -inis par liornier, étaient des plus réussis. L'opéra de Verdi eut un grand
succès. La Vill(> prit à s:on compte les décors d'Aïda et de Paid et
Virfjinie.
Un autre chef-d'œuvre, aujourd'hui adoré des Nantais, re<.-ui, tout d'abord,
un accueil assez froid. Je veux parler do Carmen, donné au biMiéfice de
'rréinoulet, le '21 avril 1878. La première fut médiocre ; la pièce n'était pas
au point. Trénioulel fit un excellent Don José el Mézeray une piquante Car-
mi-n, bien (jue la tessiture du rôle, un peu basse pour elle, eut mieux
convenu à He^'^iiiaiu. M"" Arnaud était une charmante Micaëla. Les autres
rôles étaient confiés à Dangon, Bouland, Taillard, Sarron, Gack, Grondart.
M"'^ Dufau et E. Lowine.
Les premières représentations de ces trois opéras eurent lieu à la R.'iiais-
sanee.
Les Cloches de Cornècille (9 mai 1878), jouées au bénéfice de Bouland,
excellent d;ins le bailli, remportèrent un éclatant succès. Guillemot s'était
chargé du rôle du marquis et y remporta un vif succès. Les rôles de femmea
étaient tenus par M"" do Mollens, dont la nature s'accordait peu avec l'opé-
rette, et M"" Dufau.
Les autres nouveautés furent Graziella, Charlotte Corday^ Une rause
célèbre, le Réreillon.
A la suite d'incidents qui curent lieu à la Renaissance à propos de Mar-
ceau, difrércntes manifestations, peu sérieuses, eurent lieu au Gr.ind-ThéA-
tre. M"' Mézeiay av;iit refusé de chanter la Marneilla{.se dans ce drame aussi
emmyeux (|ue patriotique. Les légitimistes saisirent l'occasion aux cheveux.
Ils assaillirent M" Mézeray de bouquets blancs ornés de longs rubans
immaculés; les républicains répondirent en envoyant à M"" Regglaiii des
liou(iueis aux Couleurs tricolores. C'était alors ime lutte d'applaudifisements
entre les deux partis. Pendant quel(|ues représentations, ces chfantillages
èp;ayèrcnt les s^jcctateurs inditï<Jrclïts à la politique.
i)KL.\nRANCiiÈ. ^^ î>EnV:iMrtç. -*«- m'** ueueims-devriks
^îï)
GiiiUoinoi joi;a ÎIûtnH p»Hir ston Ix^îicfico. Ct^ ttit un triomphe vfehtnbk*.
I/<'xip<*Uenl ;irtisb^ fut ct>u\rrt do palun^s ot do'ronronntrs.
Un iM<îHt«Hil as«*or eotint^Mf^ siguah h n»pr*st»nti!ioh. 1)0 vit tool :i otjttp
\wi sp»xil'itH\r (U»!< tjlvitn^t^ se H^xir <»« s èeriaiit : n Tîrns. tiniUi&mDt, je
n'ai ijiw ma oa>*<]uHtt^ \ ïo «lonfifi- ; li voilh ! h h il jota vhti rt>utrr chntsUr
la sot^Ho. O bixarn; liomuia}::^ fui tk's plus «rt^n^ihlc xw kiryton t^ui -i >'^^^l
sofvé toujours la cas"queit»' «miMousc do «on humbli; adniifAt<^urv
Cette saison m artisiiqu(>(ui un*» inauviii^o wHis \c r.(p{>oil (iurtnrioi'. Oatis
li*s pi-emicrs jours do mai» (oulou fui d<^pl.ir<^on f.illlito. L»»» nri<«tt*8^ réunis
«Ml Ri)ci«^ii'', aolicv«'r<'nl la oaïupapiifi
Lauta li«rrixs, <talli Marié, ("ouiuiiet vinnMU donner df^ureph^tptmtiotts.
'roiuiM'.'s : Ih'riKtrti, les Fonrrhnmfniuftt
M I.^MJuiguc fut iioiuuit'^ dinîitiHir |»>n«r la <'am|KH<ae suivant'.
SAISON 1878-1879
LEMOIONE, Directeuf
oi']<:iu
MM. (>i-:i.vi«r!ANi:HK, foM lé«i>r.
l)K»KiMs, liTior l<'ger.
Dk Qi er<a. di'ux'n'^iiif l«5nor \è-^er.
(.iijii.i KMoT. Iiaryii)n.
Kn'ileric IIoykk, hinyl'di il'opiru
iomic|Mr.
('i.Àis. bitMtp noble.
B.vDUi.i, lia.ssr chaiitaiilo.
Duiiusc. ilouxiomo l>asat) fharilaiitr.
DiiBorf.HMt, Irlal.
.Mathav, laruotle.
»•> Derkimh-Devhiès, chanteuse lègàre.
BRiotBxRO, falci^n.
Dr Basta. fontralto.
1)K M Dtt.K.NH. chanteuse lé^jùro.
N'ai. ni. iiu((a/.<)n.
DUBOIC.MKT. diH'gnc.
('.(irnlio (.ÎKOKKROY, l'hatiteiistt d\>|»è-
r*»lt«'.
M.M.I.kT
M. Th^dmIilk. kiiilltn' dnlmlhl.
M"" PiAsc.'>Tri, prcmit'ii' «lanHruM-.
Pas.sani. d»'uxi»'nif dant>cusc.
«.OMKDIK
MM. Anftvr. |>r«>tni«r nsh-,
ViK.NNK. jfune pr*nii*r.
I.iNKVAi., jfunp preniitT.
Dk Kksdkr, amoureux.
pRbspBRt pèn» nobl<>.
(inu.sbtLi.K, Iroisioim* n>lc,
I)ki'EVrk, troisiènif ruh-.
Hjjly, comiqae.
(jKCUUHT. lo V
ROLLLN, CUli..
M»*« LoRNiANi, premier rOle.
MrLLKR. Jfcune premier».
(^tAunu, jeune premier*.
Carina. inn
t.KRov. in^t
nfeRT^t.. «ov
Klê^kr, co^
DuillIUNK. du«);ai'**
(Vite tloupe Otiit fort boiuU' eu -011 chSit^mbh'. Il ... ... j..- .. . ..>.;c^.
bclubruncUu était uu fort tétior do valeur ; sa véix était clairu cl VlbrjnlS et
210 LE THÉÂTRE A NANTES
il chantait avec beaucoup de style. Dereiras, aussi lui, était excellent. Pour
tant il étJiit pr6f/;rable dans les rôles de demi-caractère; le répertoire d.
ténor léger, proprement dit, lui allait moins bien. Cet artiste entra plus tard
à l'Opéra. Frédéric Boyer, baryton d'opéra-cpmique de premier ordre, étmt
tombé malade, fut forcé do partir; il fut remplacé par Martin. Rappelons
aussi le nom du trial Dubouchet, si fin, si amusant dans tous ses rôles.
L'étoile du côté des femmes était M™« Dereims-Devriès, chanteuse lépèn-
d'un talent tout à fait exceptionnel, douée d'une voix magnifique, d'une vir-
tuosité hors ligne. Cette admirable cantatrice était malheureusement desser-
vie par un embonpoint extrême. Les autres emplois étaient bien tenus
par des chanteuses qui, sans avoir la haute valeur de M"® Dereims, ne man-
quaient pas, pourtant, d'un certain talent.
Le Petit Duc remporta un vif succès avec M™*^ Coralie-Geoffrov et
Dubouchet.
Un mauvais opéra de Verdi : les Brir/ands, éprouva un échec mérité. A
hi seconde représentation de cet opéra, il y eut, dans la salle, une viv.»
panique. Pour produire un lever de soleil, on employait un certiin mélange
d'oxygène et d'hydrogène. Par suite d'une imprudence, une retentissante
explosion éclata à la fin du premier acte. Le gazior fut blessé, différt'nls
objets furent brisés. On juge de la peur des spectateurs plongés dans l'obs-
curité. Le gazier aussitôt l'explosion, avait par prudence, éteint in^médiaie-
ment le gaz. Enfin, on n'eut pas d'autre accident à déplorer; la salle était
presque vide, l'opéra de Verdi n'ayant attiré personne. Ce soir-là les Bri-
gands furent utiles à quelque chose.
Don Juan fut repris au bénéfice de Guillemot. L'interprétation du chef-
d'œuvre de Mozart manquait de cohésion et ne répondit pas à l'attentt» des
spectateurs .
Qui se ressemble s'assemble, unt^ piécette spirituelle de notre concitoyen
M. Alfred Guillon, fut jouée plusieurs fois avec succès.
Au point de vue financier, cette campagne no fut pas plus heureuse que
la précédente. Des créanciers récalcitrants firent mettre M. Lemoigno en
faillite, le 29 mars. C'était l'année de l'Exposition, le public avait pou suivi
le Théâtre ot la troupe coûtait fort cher.
Tournié, M"* de Stuckli vinrent en représentation.
Nouveautés : le Grand Casimir , la Boite à Bibi, les Provinciales à Paris.
enfin Nous allons à Paris, revue par deux Nantais. MM. Laurencin ot
Ordonneau.
Tournées : Rutf-Blas, le Roi s'amuse, les Fourchambnult^ Tancrède,
Rodogune (Agar), les Bourgeois de Pont-d'Arci/, los Lionnes paurres, le
Fils Naturel. »
RÉPARATION DE LA SALLE 211
Le Théâtre Graslin avait besoin d'urgentes réparations et des améliora -
lions étaient jugées nécessaires dans la salle. Le Conseil municipal, dans sa
scante du 8 mars 187'J, décida d'aiïecter la subvention théâtrale à ces
travaux. La Renaissance était donnée, sans subvention, a un directeur.
Le Grand-Théiitre resta donc fermé pendant la campagne 1870 18H0.
L'ancienne ciiarpente qui menaçait ruine fut entièrement remplacée par
une charpente en fer. On remit en état les lof;es des artistes qui étaient dans
un état de saleté vraiment repoussant. On agrandit le foyer de la scène et on
le remeubla à neuf. Les lourdes ciiriatides qui supportaient les avant-scènes
lurent supprimées et remplacées par des colonnes ioniennes. Les loges de
l»iemières furent refaites, mais le lîouvel aménagement les rendit sombres
inmc (les baignoires. On s'aperçut de cet inconvénient, mais une (ois les
ivaux achevés. On décida alors de les éclairer au moyen de boules lumi-
•iises. Ce projet no fut pas njis immédiatementàexécution etl'on dutalten-
(ire l'installation de la lumière ékctrique, c'est-à-dire onze ans. Les loges
nui, dans tous les tiiéâfres, sont les places les plus brillantes et les plus en
vue, furent au <'ontraire, à Nantes, les places les plus obscures, avec les
l>aignoires, bien entendu. La salle est peinte en or et en xert sur un fond
I union. Elle est «'Utièrement tapissée de rouge. Le balcon est orné des
lui'daillons des grands poètes et des grands musiciens reliés entre eux par
l'S «guirlandes, l'n nouve;ui lustre, plus petit que le précédent, mais j)ernïel-
iit de bien voir le plafond, fut installé aussi. Ce plafond, commandé au pein-
[[<' Mert^tux, ne fut pas pr»"t pour la réouverture. Les fauteuils et les l)anquet-
i' S furent entièrement refaits. Dans le foyer du public, on construisit une
leminée monumentiilc surmontée du buste de Gra-^lin. Kn face on plaça
une jolie statuette d'Apollon en bronze. Les murs de ce foyer furent divisé>
1 panne^iux, les uns tendus d'étofTe> de soie avec des sujets lyriques, les
lutres ornés de glaces. En face du foyer, du cùté de la rue Corneille,
on établit un vitste buffet. Deux nouveaux rideaux furent peints par
l{uf)é et Chaperon , le premier est le rideau classique : draperie rouge.
broderie et frange d'or ; li' second, représente im parc avec des >t»tues et
li'S balustres.
Toutes les réparations furent faites sous les ordres de l'architecte de la
\'ille, M. Demopet. Mlles s'élevèrent à 02,00() francs. Dans ce chiffre n'est
jias ctunpris le prix du plafond t|ui coûta 10. (KM) fr.iin-s.
ce
'^>>f55-?*^^'^
DIRECTIONS : GRA7IERE. — LAF^TI.
GAULTIER. — SOLIÉ.
Marguerite l'utllanlCoitturicr. — Jléléne (kcrrier. — Jeanne Foiiqiut. — Ser>tn.
Cutiturier. — (iuillubcrt. — Mireillo. — Jean <le Nivelle. — Pbilùmou «t HaucU.
ritlycucte. — Peilin. — llerardi. — Le srnudale Val. — Le Hoi de I.ahore.
A tii'c linbany. — Maums. — Verhéea. — Duquetne. — Hèrodiadc
M" Lacomhe- Itupret. — VilUfranck. — Euxeute. — LosCuatM
d'IIotTintiriu. — Lakmr. — M. et M" Simon-dirurd.
Lahis. — A/T' Espifjat. — Roux. — Manon.
Af II' SrrAtrryrr. — Laurent.-' Le Roi Ta dil.
Le Clicvalier Jean.
ES faillites successives des derniers directeurs décidèrent
l'Administration à élever la subvention. Le 8 mars 1880, 1«'
Conseil municipal porta le subside théâtral à Itî^KOOO francs.
D'après le nouveau cahier des chargea, la cum pagne était de
-cpt mois ; la comédie était supprimée, mais deux représentations par mois
le troupes de passage ét:\icnt exigées ; le directeur devait monter dans la
lison deu.K œuvres nouvelles : un grand opéra et un optera comique : enfin,
iiumenso avantagi', la Ville s'engageait à ne pas autoriser la présence d'un
. irquc sur la place Bretagne, Rien que cette clause équivalait, au bas mot.
i une augment;ition de 20,(X)0 fi-anos. Le mode de débuts restait !«•
uiôme (abonnés et une Commission de 20 membres).
M. T, Gravière fut nommé directeur. Ce choix était des plus heureux.
La campagne 1880 1881 restera célèbre dans les fastes du Grand-TliéAtre.
Ut'puis, jamais notre premièn' scène n'a brillé d'un éclat pareil, du moins
situs 11' rapport do \i .Mi:iVité des artistes. '
214
LE THEATRE A NANTES
SAISON 1880-1881
T. GRAVIÈRE, Directeur
J.Ai;AJ'Ti;, ri'';^issuiir ^'cii'Jiul. — ]iij/.i.\i;, clief (.l'urilirhlrc
MM. Warot. fort tôiior.
Skuan, ténor léger.
liif.uAKD, dciixiértif ténor léger.
ClouTURiKK, baryton.
Ythac, baryton d'opéra conii<iue.
GuiLLABERT, bosse noblc.
J. BoYKR, l)ass(; chantante.
Maupas, deuxième Jias.se clunilanle.
Barbary, trial.
Darthenay, laruotte.
]\[mcs Vaillant-Couturier, première
chanteuse légère.
Ghevrier, falcon.
Jeanne I'ouquict, chantiu.se légère.
SnoLGi, contralto.
Veolia.m. dugazon.
Ijarhary, deuxième dugazon.
WlLlKKT, dnrgnt'.
Perhat. deuxième chanteu.se.
BALLET
MM. d'Alessandri, maître de ballet.
Daumas, danseur comique.
M"'" d'Alessaxdri, première danseuse.
Bava, deuxième danseuse.
J'ai déjà parlé de Warot, de J. Boycr et de Maupas. Il est donc inutile que
je revienne sur ces excellents artistes, qui furent revus avec grand plaisir.
Cette troupe contenait une collection de jolies femmes et de chanteuses de
talent. M"'" Vaillant-Couturier, dans tout l'éclat de sa jeunesse et de sa
radieuse beauté blonde, ne tarda pas à se créer de nombreux admirateurs.
Douée d'une très jolie voix d'une pureté ravissante et d'un beau talent de
cantatriee,ellen'avait pas encore,comme comédienne, l'expérience qu'elledevait
acquérir plus tard.- Moins poétiquement jolie que M"* Vaillant, M^i^ Fou-
((uet n'en était pas moins charmante. Cette cantatrice, d'un tempérament
très artistique, possédait un organe fort beau et fort étendu qui lui
permettait d'aborder avec bonheur des rôles très différents comme emplois.
C'est ainsi que nous eiîmes le plaisir de l'entendre tour à tour chanter, dans
les Haguenota, Marguerite, le page et Valentine. M"» Chevrier, une falcon
de premier ordre sous le rapport de la voix et du jeu, complétait le trio
qu'un vieil abonné galantin avait surnommé les Trois Grâces. Malheureuse-
ment, nous ne pi'ofitâmes pas longtemps de la présence de M'ï« Chevrier.
Dans le courant de décembre, cette excellente artiste tomba jualade et fut
obligée de quitter Nantes, suivie des regrets de tous. Différentes falcons,
M"'^» pitteri, Leslino, Panchioni, tinrent, pendant quelques soirées, l'emploi
dans le courant de la saison, mais la falcon réelle fut Jeanne Fouquet.
Le ténor Séran, qui avait jadis chanté à Graslin pendant un niuis.
en 1874, revint en possession complète d'un superbe talent. Sa voix était
fort belle et fort agréable ; malheureusement, l'homme était laid et san.s
distinction. Pourtant, à force de talent, il arrivait à faire oublier son
physique désavantageux . Félix Couturier , baryton de style ,
comédien plein de feu, Guillabert, bonne basse à la voix pleine et
vibrante, Richard, charmant second ténor, méritent aussi des mentions
MIREILLE — M™® VAILLANT — SÉRAN — JEANNE FOUQUET 215
spéciales. Tous 1rs autres artistes tenaiont leur caiplui hHim- nriMi ms [n is
convenables. M"" Vegliani, la diigazon, fit une fugue avant môme d'avoir
débuté et fut remplacée par M™* Cavé-Rivenez.
La saison s'ouvrit par la prerai^re représentition de Mireille (29 sep-
tembre iHSO). Une indisposition de Warot ayant empêche de donner la
Juive, M. Gravièro no craignit pas de rompre avec la tradition et il eut
raille fois raison. Ce charmant opéra-comique, une des meilleures œuvres
de Gounod, remporta un vif succès, malgré les indignes mutilations qu'on
lui fit subir, comme dans tous les théâtres, d'ailleurs. Quand donc se
décidera-ton à suivre, à Nantes, l'exemple donné par M. Carré, à l'Opéra-
Comique et à donner, enfin, Mireille dans sa forme primitive? L'interpré-
tation de Mireille était admirable. M""' Vaillant était la plus ravissante
Arlésienne qu'on pût imaginer. Séran, Justin Boyer, Ytrae. Maupas.
M'''^" Marie Lyonnel et Barbary se firent justement applaudir.
I^a seconde nouveauté fut Jean de Nivelle (27 novembre 18S0), un opéra-
cotnique bien oublié aujourd'hui — et justement — de NL Léo Delibes.
C'était la première représentation de la version avec récitatifs. Plusieurs
Parisiens, entre autres NLM. .\.Gouzien, Paladilhe,Heugel, avaient fait exprès
le voyage de Nantes. Léo Delibes fut traîné sur la scène, oiî il re<;ut do
nombreu.ses palmes et couronnes. L'interprétation, confiée à M™*^* Vaillant,
Sbolgi, Cave Ilivenez, MM. Séran, Couturi»^r, Boyer, Maupas, étiiit fort
bonne. Cet opéra eut un certain succès de première qui ne se maintint pas
dans la suite.
^{me Vaillant remporta un nouveau trioniplie dans Philémon e/ limn-is,
joué pour la première fois le 18 décembre 1SS<). Les autres rôles étiiient très
bien tenus par Séran, Boyer et Maupas.
I^olifencic fut donné à la Renaissance, le 28 avril l!S81, au bénéfiee de
Warot. L'éminent ténor ét;iit superbe dans le rôle du mari de l^auline.
L'interprétation des autres rôles était confiée à Séran, Couturier, GuillaU-rt,
Boyer, à M"»"^" Fouquet et Wilfert. c'est dire qu'elle était excellente. .Malgré
cela, l'opéra de Gounod ne fut pas compris. Les beautés sévères de cette
œuvre inégale, mais très intéressante, ne plurent pas aux NanLiis.
Plusieurs opérettes nouvelles furent jouées aussi cette année là.
M™" Vaillant-Couturier, qui consentit à se charger de rôles en dehors île
son emploi, fit beaucoup pour leur succès. La Fille du Tambour M ajnr q\\{
de nombreuses représentations. On joua aussi Pomme d Afti, la Mare des
Compagnons et les Mousquetaires au Couvent. Cette dernière pièce, jouée
à l'époque de l'expulsion des capucins, d(»nna lieu à de légi'res manifes-
tations et fut retirée de l'affiche.
Aida fut reprise avec succès. Warot et Jeanne Fouquet s'y montrèrent
excellents. Carmen reparut, elle aussi, sur l'affiche et remporta cette fois un
216 LE THAaTRE a NANTES
triomphe complot. Le chef-d'œuvre de Bizet n'a pas quitté, depuis lors, le
répertoire. M"" Fouquet était une merveilleuse Carmen. Elle jouait et
chantait ce rôle d'une captivante façon. Séran, Boyer, Richard. M""* Vaillant
tenaient les autres rôles et complétaient un parfait ensemble dont on se sou-
viendra longtemps.
On dut jouer la Nuit de Saint-Germain, de notre compatriote M. Ser-
pette, mais ce dernier ayant donné au Théâtre de la Renaissance, à Paris.
l'autorisation de monter, avant Nantes, cotte œuvre qui n'avait encore été
jouéo qu'en Belfjique, Gravière la retira du taleau des répétitions.
Tournées : Phèdre (Agar), les Plaideurs, les Grands Enfants, le
Homard, Jean Daudrtj, Lucrèfo Borgia (Agar), Dirorçonn (Mario Kolb),
Oscar ou le Mari qui trompe sa Femme, le Klephte, la Jioussotte (Dupuisi.
'c Monde où l'on s'ennuie (M™« Devoyod), Nana, Julie (M™*' Favart).
La direction Gravière marque l'apogée du Grand-Théâtre de Nantes.
* •
La subvention fut maintenue à 120.OX) francs, mais le cirque fut
rétabli. M. Olive Lafon fut appelé à recueillir la lourde succession do
M. Gravière.
Lo nouveau plafond de Hertaux fut ])lacé pour roiut'itun- de la raïu-
pagne. Disons quelques mots de cette œuvre très remarquable et qui fait le
plus grand honneur à notre concitoyen. Un grand nombre de groupées, de
personnages allégoriques animent cette vaste composition. Je vais signaler
les principaux. L'un de ceux qui attirent le plus vivement l'attention
représente la scène des Furies dans la tragédie des Coephores, d'Eschyle.
Los cadavres de Clytemnestre et d'Egisthe gisent à terre; les terribles
sœurs sont con«;ues dans un mouvement superbe ; au-dessus, Melpomèno,
le glaive en main, considère avec calme cette scène d'épouvante. O
fragment est de tout premier ordre. Le groupe de Vénus et de l'Amour est
aussi fort réussi. L'épisode des deux petits enfants (|ui se sont omparéa du
miroir do la déesse est charmant. Signalons encore un autre groupa :
L'Harmonie et la Mélodie se tiennent par lamain, Vlnspiration personnifiée
par un (Mifant ailé touche du doigt lo front do cette dernière. Différents
autres personnages ornent encore le plafond : Thalie, Eutorpe, Polymnie.
les Trois Grâces, Bacohus, Momus, le dieu do la Gaieté. Ce dernier
personnage est placé devant la scène. Un pan de sa draperie rouge e^t on
tôle et se rabat en dehors du cadre du plafond. C'est là la partie faible do
l'dîuvre de Bertaux. Ce trompo-l'œil banal n'est guère artistique. Mais ce
!éi:or défaut est compensé par do nombreuses qualités. Le coloris est
splcndide, les personnages bien posés, la composition d'un très grand effet.
Lo Théâtre Graslin pouf, â bon droit, être fier de son plafond.
BERARDI — PELLIN — LE ROI DE LAHORR
217
SAISON 1881-1882
O. tuAJ'ON', I>lrect«ur
BnziAU. chof d'orchf 8tr<». — RROfK. régiss-ur.
MM. Richard, fort Mnor.
Val. ténor en doiilili-.
li. Pk.lun, li'ijur l>'ger.
Voisin, deuxif'-nn' ténor Iûk'^i
Gyox. Iroisiinip ti'nor.
UïTo. barytrjii tl« (;ntn<J op.ra
XcuY. b.iryloii 'loix.nv comuiu--.
BnuN. baryton d'opéra comiquo.
DrNovf., ba««fi nobi?.
DonAT. ba«t.sc rliantant<^.
RBtîiK. ba.490 boulTt'.
Savkrna, Irial.
(îRÉociRB, laruelto.
>f*» Placbat, faleon.
iii .
B. s-
.Iii 1 on
Uakum, dui^Muit.
N'ii\it.i.r.-<. ilui.'gi'r,
BALLKT
MNf. TstoPHiLC. mailT*;.
M-" V> i
Al ;
s<'uao.
l.-tjèrc.
d.in •
Cette troupe, arrivant ap^»^s celle do Gravière, parut d'une médiocrité ;ï
j)oino honorablo. Exceptons, toutefois, le ténor Pellin. musicien consomma,
clianteur et comédien dr talent, Denové, lieine. M*" Guérin et Justin Née.
Les chutes furent nombreuses : Utto, Richard, Durât, M"" Flach.it ot
Legénisel furent rem plac«'w par FJérardi, Eyraud. Comte, M""'' Delprato et
Tht'oine. Ces quatre derniers artistes étaient d'une moyenne p.assahle.
Hcrardi fut accueilli avec enthousiasme. Sa voix pui-s;int.'. s.i Ih'II.^
diction, lui assura immédiatement les faveurs du publie.
Un scandale signala les débuts du ténor V^al. Un spectiiteur ayant ^itjlé
M""^ Flachat dans la Juive, Val alla trouver ce spectalour au café du S|)ort
pt \o frappa brutJilemont en s'écriant : « Si nous nous entendions |X)ur
administrer de semblables corrections 4 ceux qui nous sifllcnt, nous les
mettrions bien vit«j à la raison. » Traduit en polica oorreetionnoUe, le sieur
Val fut condamné, à 10() francs d'amende. Le surlendemain, il chantait le
Trouvère pour son 3« début. Pésj son entré*' en scèn»», co ténor, plus habile
à donner des coups de poing qu'à tenir son emploi, fut aeoueilli par des
bordées de sifflets. Val s'avança .ilors vers un abonné, M. Peyrautl, qui se
tenait dans l'avant-sccue de j;;iuche et lui dit : « Vous ét«'s un lâche et je
vous provoque |)Our demain. » Val .<ie retira sous les hu^s du public ; on
baissa le rideau et M. PclIin acheva la r»»présen talion au couteutement de
tous. Apr^s un soandale pareil, tout 3» début était inulilo et la mnirio signifia
immédiatement au directeur le renvoi du sieur Val.
Le lioi de Liihore (12 çtvfil 1882) fui la seule grande nouveauté de cette
eampagne. M. Ma>senet vint diriger la représentatioq et fut aimablemen
accueilli. .Vprùs la représentation uiie sérénade lui fut doumV» .^ous le
péristyle. Bérardi chaula Scindia i^vec un réel talent. Les autres rôles
218
LK THÉÂTRE A NANTES
étaient assez convenablement tenus par Kyraud, Comte, Dénoyé, M"«" Del-
prato et J. Née. Les' décors et la mise en sc/^ne étaient très réussis.
La Seroante Maîtresse, de Pergolèsc, fut entendue avec curiosité. On
joua encore le Jour et la Nuit.
Le ténor Jourdain, qui, plus tard, devait «Icvcmr professeur <ie ciiaut ;iu
Conservatoire de Nantes, et M™" Derivis vinrent en représentations. Un
soir, M. Lafon qui, jadis, avait été baryton, remplaça dans Charles VI, avec
un certain succès, Bérardi, indisposé.
Tournées : Léa, la Femme à papa, Niniche (Judic), le Prêtre, les
Rantzau, le Monde où Von s'ennuie, Divorçons, Jean Baudrij, la
J^apillonne, M"'^ Caoerlet, Marie Tudor (Agar), les Première» armes de
Richelieu, XiV/ (Judic), Angelo.
*
* *
M. Lafon fut renommé directeur avec la même subvention, seulement
deux nouvelles clauses avaient été introduites dans le cahier des charges :
l'obligation d'avoir quelques artistes de comédie pour pouvoir jouer des
levers de rideau et celle de donner, deux fois par mois, des représentations
populaires à moitié prix.
SAISON 1882-1883
O. liAFON", Directeur
Buzuu, du f (l'orchestre. — J^iciNei., régisseur.
AIM. VEniiKKs, fort ténor.
Madhas. ténor léger.
StuaRT, dcuxitMTie ténor légor.
AuuEHT, troisième ténor.
Br.RARDi, liaryton de grand opéra.
Dki.pkch, baryton d'opéra comiciué.
Georges, deuxième baryton d'opéra
comique.
(iuii.LAiîKRT. basse noble.
O. RoGKR, basse cliantante.
Bkrry, deuxième basse chantante.
JoussEAUMK, troisième basse clian-
tante.
Flavigny, trial.
Lionel, laruette.
( )MEZT, trial.
M"" Alice Raijanv, première chanteuse
légère.
Briard, falcon.
LiNSK, contralto.
DiOt'EssE, chanteuse légère.
Flavioxy. dugazon.
Mau.i.et, deuxième dugazon.
JuussE. duègne.
BALLET
MM. Cluzeau. maître.
M"" Lucie JuLiANi, première danseuse.
Louise JuLiANi, deuxième danseuse.
LEVERS DE RIDEAU
MM. DiouEsxE, LiGXEi.. Flavioxy. Mui-
i.KH, Bkrxy. Gehvei.1.1.
M"- Delcroix, JoessE. Mau.lkt. Henry-
Stiaht, .Muller.
Cettt^ troupe, sans valoir celles de Coulon et de Gravière, ofTrait néanmoins
un bon ensemble. 11 ii'y eut que trois chutes : celles de Cluzeau, rem-
placé par Ruby, de Stuart, auquel succédèrent Thivalin, Cortolli et enfin
Lejeune, et de Delpech, dont le rcmpla(.ant fut difiicile à trouver. Bérardi
ALICE RABANY — MAURAS — HÉRODIADK JlO
jeune, MerlicM-, Arsaiulcaux «'•(•houéi<rit .successivement, eiilin (ierm:i lut
rceu.
En outre de Bérardi et de (iuillabert, déjà connus, cette troupe renfermait
lieux artistes de premier ordre : M"* Alice Ral>aiiy et Mauras. M"" Ilaban\ ,
(jue des revers de fortune avaient forcée à prendre It* Théâtre, éUiit fille de
notre confrère Alfred Asseline et cousine de Victor Hugo. Elle mettait au
>tîrviee d'une voix magnifique, au timbre un peu cuivré mais néanmoins
fort agréable, un tempérament artistique de pn-mier ordre. On se rap|>elle
ses triomphes d^ns Faust, la Traviata et liamlet. Dans le rôle de Mar-
guerite, elle était absolument idéale ; au trio final, elle enthousiasmait la
salle entit're par la chaleureuse façon dont elle lan^jait l'invocation sulilime :
\nf/rs pur», anges radieux. Malgré le Im-I avenir qui s'ouvrait devant elle,
M"* llabany ne tarda pas à quitter le Thé^itre, préférant les douceurs de la
vie de famille aux triomphes de la scène.
Mauras était un partenaire digne de M"" Rabany. Leurs talents se
faisaient valoir mutuellement. Ce ténor, l'un des meilleurs de ces demif^res
années, possédait un organe qu'altéraient parf()i.s, malheureusement, quelques
légers accidents. D'une figure expressive, d'une taille élégante, de manières
distinguées, Mauras était en outre un comédien d'un rare t;àlcnt. En quittant
Nantes, il entra à l'Opéra-Comique, où il reprit Carmen. Ce fut son
triomphe. Il était absolument remarquable dans le rôle de don José, et au
dernier acte, il atteignait les dernières limites du tragique. Engag<> plus tard
:i la MiMinaie di' Bruxelle:}, il y remporta de vifs succès jusqu'en 18W. La
mort implacable est venue le saisir en pleine jeunesse. Atteint d'une phtisie
galopante, le malheureux artiste fut emporté en quelques semaines.
Verhées, joli garçon, lui aussi, et ténor de griice plutôt que de force,
Mme Hriard, falcon fort inexpérimentée mais douée d'un U'I or^rane.
M"" Duquesne, enfin Duquesne, un jeune premier d'un réel t;ilent. qui
devait créer plus lard, au Vaudeville, le rôle de rEmi^reur, de Madame
Sans-dcne, sont les autres artistes de cette troupe dont les noms valent la
peine d'être conservés.
Cette année-là, on introduisit définitivement une har^je à l'orchestre el
on supprima le piano qui. jusqu'alors, l'avait remplacée.
Quoiqu'il n'y ait eu que trois chutes, les débuts traînèrent on longueur et
l<»s artistes refusés ne furent remplacés (lu'en janvier. M. Lafon rneourut,
])i>ur ce fait, dilTérenles amiudes. Eu ce temps. I.i Mairie ne badinait jos
avec le Directeur et avec raison.
Le grand événement de cette saison fut la prenuèro reprt'scntition
(V/Ièrodiade ('£J mars 188.'i). Nantt^s était la première ville en t rance à
monter cette œuvre qui contient quelques belles pages, perdues dans un
fatras de choses banales et sans aucun intérêt. M. Massonet vint diriger les
220 LE THÉATKE A NANTES
répétitions et la première. Le tableau de la chambre de Phanael, ajouté
après les représentations de Jiruxelles, vit le jour à Nantes. Iferodiade
suscita la plus vive curiosité. Huit jours avant la première, la salle était
déjà louée. Le jour de la représentation, les billets se vendaient 20 francs
sur la place Graslin. L'empressement était tel <iue l'on vit nombre de dames,
appartenant à la haute société de Xantes, consentir à prendre place aux
secondes pour ne pas manquer cette solennité musicale. M. Massenet fut
acclamé après chaque acte et couvert de palmes et de couronnes. Après la
représentation, une sérénade fut donnée au corajjositeur sous le grand
vestibule. Le morceau choisi était le chœur des Romains, un des plus
mauvais passages de tout l'ouvrage.
Hérodiade eut un vif succès ; pendant douze représentations, cet opéra
fit de très belles salles. A cette époque, où le goût du public n'était pas
encore épuré par l'audition des ciiefs-d'œuvre de Wagner et des belle><
partitions de Saint-Saëns, de Bruneau, de Chari)cntier, d'Erlanger,
d'Humperdinck, cette œuvre bruyante et trop souvent creuse, mais plus
brillamment orchestrée que celles qui formaient, alors, le fond du répertoire
courant, pouvait taire sur les spectateurs une certaine illusion.
L'interprétation à^Hérodiade était excellente. Verhées interpréta le rùlo
de Jean d'une façon très poétique ; Bérardi chanta Hérode avec son superbe-
organe. M">" Briard, qui, primitivement, avait fait concevoir quelques
craintes, bien stylée par Massenet, se surpassa. Guillabert (Phanuel),
M™" Linse (Hérodiade), Flavigny (la Sulamite). complétaient une inter-
prétation véritablement excellente. Les décors de Rubé et de Chaperon
étaient superbes et produisirent un grand effet. ^L Lafon les abandonna à
la Ville contre la remise des amendes qu'il avait encourues pendant la
saison.
Un vaudeville, fort gai, de notre concitoyen M. A. Hackniann : la Fille
aux ttoh Papas, fut fort bien accueilli.
Galli-Marié, Iq ténor Duchesne et les chanteurs Béarnais, vinrent en
représentations.
Tournées : 115, rnic Piyalle, Tète de Linotte, le Roi s'amuse, le Crime
du Pecq, les Maris inquiets, Formosa, Ne dicorçons pas, le Neceu de
Saturnin, le Père de Martial, les Effrontés, le Fils de Giboijer, les Mères
ennemies {\'^ar). Un Roman parisien.
Pendant le mois de mai, une troupe parisienne vint jouer Michel
Strogoff. Duquesne tint le rôle du courrier du czar avec son talent habituel.
L'œuvre de notre éminent compatriote Jules Verne remporta un grand succès
bien (jue les décors fussent, pour la plupart, assez défraîchis.
Malgré quelques défauts, parmi lesquels il faut citer une parcimonie
extrême et une insouciance complète de la mise en scène, qui allait jusi}u'à
M"" LArOMDE-DIÎPUKZ
221
jouer duns un «Iccor I-ouis XV lo dernier acu* de CitarlcM W, M. i
a*(in rustcni pas moins un dus btfns din^ctcurs qui aici:t ])us!»t> à Nunic^. Lu
Muirio coniuiit uno grande (auto en ne faisant pas gou possible pour le
f'onscrver : «'lie dovail s'en repentir.
Le nouveau directeur no fut nomni»- que tard, «c qui est toujours une
j,'ra\o faute. Il avait <Hi5 d'abord (juesiion de M. Sellier, frère du ténor de
l'Opéra, avec Bérardi comme commanditaire ; mais, au dernier moment.
l'aiïaire ne s'était pas conclue. Ce fut M. Gaultier de Lonclc qui d6cro<-ha
1.1 timbale. Sa direction fut terne et insignifiante au point de vue artistique.
SAISON 1883-1884
E. OAULTIER DE LONCLE, Directeur
UuzjAW. olicf il orr.licslrc". — Mohkiu», ic'iiissoiir.
nl'KIiA
MM. (iuii.i.AiiKUT, fort U:nor.
Vasjjout. ti'-nor k'ger.
DKii*uiii>4. dpuxirino lonor logpi'.
PiC(>etM.AN. tniiHiônic t«'nor.
DoYKN. baryton de Ki-and op«^ra.
l'BoNTv, Ituryton (l'ojurH C(iniiiiii<
Cahi'ai X, bîisso noblo.
Vkuxolii.i.kt. basse rhantant
F)oxvAi-. dciixièm»» bas.s^-.
ItAiTKH. triul.
Tony. Uruott(>.
Wii.iii.M. IroisiriMi' l>;issi'.
M"" l.Ai:u:«iiF.-l)t'iM(Kt. |ir< iiii> Il
leune bî^j'-re.
Alks. falcoii.
HoMY. corilrnlto.
WlLIlKM. cli.i;/
GAriTiKi? m: 1
Gaykt. <lu^^llo.
Vai-pv. <luv'itKun.
ualm:i
MM. liociiiER, inaili-f-.
Houiitit, dunspur cominue.
>!"♦* Maooy, ju-»'!!! ne.
Kl.lM 11. diMlX • ll.-i
Les (Icliiit^ ftin'iit (li'sasir»Mi\. (^iii.un* t<>it i.-nttrs : MM tiuiii;ii>i'i t,
Pollen, licrtbier, Moreiui, tous plus insulHsants les uns que les antres,
échouèrent successivement. Enfin, le vieux Dulaurens. l'ancien ténor de
r< )péra. tout fatigué qu'il était, fut admis. On lui adjoignit M. Coltet. Le
ténor léger Vassort fut n'mplaeé par Villaret, qui n'avait, avec son p<>re.
(pie le nom de commun. Il échoua, lui aussi, et fut remplacé | Kir M Marris,
qui, en eompariison de ses prédécesseurs, parut supportibb*. M. Doyen lit
place à M. Nfayan. qui dut se retirer. Son successeur llor» b ne fut pas plu>
iieureiix. Le baryton délinitif fut .M. Roinieu. Crépaux. Vernouillct,
Ni"-* Maggi tomlHNrenl eux aus.si ; leurs remplaçauts furent Ëcîiutlo, Vtlle-
franck, une ba.sse de réel talent, et M"" Lavignc. I..e laruette Tony et le trial
Raiter, «leux artistes do vabnir et d'un comique achevé, égayèrent ."
triste saison iwir leur vi«rve endiablée.
Du cAtLî des femmes, il n'y eut pas di» chutes. M""" Lacouibe-Dupriu.
toujours eu possession de son Iteau talent, mais comèdieune toujoun» au&»i
38
222 LE THÉÂTRE A NANTES
glaciale, liial;;p' son pas^^agi' .1 1 » »jifi.t Cumiiiur rt a i ' »jii-i,i, im r'*\ in* a\fi"
plaisir. M""' Gaulli«M' de Loîwle, comédifiiiie fine et inlelligeiiU', possédait
une assez jolie voix de dugazon, qui finit par se fatiguer à force de clianler'
l'opérette, enfin M"" Wilheiu, qui débiitiiit, fit apprécier une facilité de
vocaliste de premier ordre. En faveur de sa virtuosii«V on lui ii.inli>iiri.i son
inexpérience complète de la scène et du jeu.
La période des débuts fut des plus mouvementée. Dans le public, on
accusait la Commission de se montrer trop sévère alors qu'elle n'était que
juste, et de suivre trop fidèlement les avis de M. Giraud-Mangin, adjoint
délégué aux Beaux-Arts. Le mécontentement d'une certaine partie du
public, habilement fomenté par quelques meneurs, trouva bientôt l'occasion
de so manifester. La ténor Moreau, dont les colpi di f/ola avaient immé-
diatemeiU eonc^uis l(!S galeries supérieures, t'clioua à son troisième début.
dans liohert. Naturellement, on accusa encore la Commission de parti pris.
Aussitôt, un journal, le Sati/re. organisa une manifestation en faveur de
l'artiste refusé et contre l'adjoint aux Beaux-Arts. Le surlendemain
12 décembre, on joua Guillaume avec ledit ténor, dont le « Suirez-moi »
faisait vibrer les cristaux du lustre.
Dès son apparition, des bravos eniliousia>ies partirent des seconde, troi-
sième et quatrième galeries, bourrées d'entrées gratuites, car M. Gaultier
était de connivence avec les partisans de ^L Moreau qu'il payait bon marché.
Des silllets répondirent des fauteuils et de l'orchestre, mais ils étaient im
puissants à lutter contre les acclamations. Ce fut bientôt un tapage épouvan-
table qui dura tout le temps de la représentation. On ne faisait silence que
lorsque le ténor chantait. Les cris : A bas la Commission !!! — A bas
Giraud-Mangin !!! — k mort ! A la lanterne !!! — Régisseur ! " .^e
croisaient de toutes paris Plusieurs fois, on dut baisser le rideau. Le
régisseur parut. On lui réclama l'admission de Moreau. 11 répondit que
cela dépendait du Maire, qu'on lui transmettrait dès le lendemain cette
demande. (. Non. tout de suite ! Qu'il vienne !î! » « — Mais M. le
Maire est au Conseil municipal !» — « Qu'il vienne. Nous l'avons
nommé, il peut bien se déranger pour nt»us ! » Et le bruit de recommencer
de ])lus belle. Le troisième acte se joua sans qu'on put entendre une seul»'
note. Les artistes finirent par prendre le parti de mimer leurs rôles. La
représentation s'acheva sans que le calme revînt.
Le public quitta la salle et alors la manifestation dégénéra en une véritable
émeute. Trois cents personnes environ s'élancèrent en hurlant dans la rue
l'"ranklin, traversèrent le boulevard Delorme et gagnèrent ainsi la rue
Mondésir, où demeurait, alors, ^L Giraud-Mangin. Là, ils brisèrent, à
coups de pierre, les vitres de son hôtel. Un des projectiles lancés par les
assaillants faillit même blesser un des jeunes enfants de M. (,iraud. Après
LES CONTKS d'iIOFFMANN — LAKMK 2'2'.\
cetUî alfa<iue sans nom, et devant la |)olice qui arrivait, les groujx's h»
disperseront.
Le lendemain un arn'lt^ du maire défendit â Moreau de reparaître sur la
-';ène. Quant à M. Giraud-Mangin. il donna sa démission d'adjoint, ce en
quoi il eut tort, car il n'avait fait «juc remplir son devoir.
Les Contes (rilojj'mann, d'OlfenUich, furent jours le 12 janvier 1«8-1 et
accueillis froidement, malgn* une assez bonne interprcUUion. M"" I^eombc-
Huprez se montra parfaite dans le double rôle d'OI>mpia et d'Antonia. Les
principaux autres rôles étaient tenus par Villefranck, Marris et M™"
(iaulticr.
iMhmii (11 mars 188-1) remporta un succès plus durable. Cet agràible
opéiR était bien interprété par M"' Williem, qui trou\a dans le |K'r>onnage
de la jeime bindoue son meilleur rôle et par Marris, Villefranck, excellent
dans NilakanUi, Fronty et M""*» AUVs, Gayet, Vald> .
Le Tribut df Zamuva (23 avril), joué par Cotlet. Romieu. E( lietto,
l'ronty, M'""* Lacomlte-Duprez, Aies et Valdy, entniya profondément le
p ubiie. Aussi <|Uell»' ''i'' '■ 'ro<|ue que de jnonf'T '■•»•<• ■envi.' vénil.. .!.• r .u"
teur de Faust ! !
M. Gaultier ne [X)rtait au grand opéra qu'un intérêt médiocre. Il réservait
toutes ses faveurs à ro|M'relle. 11 fit venir NL et M""' Simon-Girard qui,
|)en»lant plusieurs semaines, firent des salles combles avec la J'rincesne ries
Canaries, la Fille du Tambour- Major et la Fille de Madame Anyot. Les
autres ojx'-rettes nouvelles furent : Roccace, le Ceeur et la Main. Fanfre-
luche, François les lias f iléus.
M. Gaultier était d'im caractèie tracassier. Il adorait les procès. Le ténor
Marris, eu ditîérend avec lui, le fit mettre en faillite le 21 a^ril. Le directeur
fit immédiatement opposition à ce jugement. Le 21. sur le vu des livres de
M. Gaultier, le tribunal rapporti <ette faillite, qui avait été, vraiment, pro-
noncée trop à la légère.
Tournié, Guillemot. Lassalle, Wniot, Bouvet, M"»"" MontbazonelCaylus
vinrent vi\ représentation.
Tournées: L'Ftran</ère (};\\w .Méa), Senje Panine. la l\'ini„e à J*ajHt.
le liel Armand, (Fdipe et les Femmes suçantes (Agar), Huy lilas, le Maî-
tre de Forges, Secero Torelli (Jane Méa), Jiritannicua, Tartufe, le Lèga
faire universel (Agar). le Députe de liombignac (Coquolin et Céline Mon-
Uilant).
Pendant les mois d'été, on joua le drmie. Deux nouveautés, dues a l'un
des artistes de la troupe, M. Cbampagne, les J*aeilions noirs et Cam-
^ron/ie, n'eurent aucun succès. Dans ce dernier drame. !.• : ' 'ut
sur le fameux mot «|u Hugo écrivit en toutes lettres dans les i.a
troupe de l'Ambigu : Paul Deshayes, Lacressonnière, Petit, .M"-^» Marie
li'Jl Lfc TMéATRR A NAMTRS
Kolb et Doshayos, en loto, vint donner aussi une série do représon-
tatioiis.
• «
I'iit-(0 cette niédiocro campagne qui décida d«''finitivement l'Administra-
tion à réduire la subvention ? Je ne sais, toujours est il que celle résolution,
désastreuse i)our notre Tln'ïâtre, fut adoptée par le Conseil, le 25 mars l88l
Sur le rapport de M. Martin, lOO.W ) tr. de subside théâtral étaient -.-•!■-
nient inscrits au budget. La somme était ainsi affectée:
Orchestre .M .(J0()
Chœurs lil.iXjO
Gaz 1().50D
Machiniste l.nOl)
100.0(K> fr.
L'orchestre devenait municipal. L 's ongai^ements étaient faits par la Ville.
Ce système olfrait à la fois des avantages et des inconvénients. D'après le
nouveau cahier des charges, les artistes de levers de rideau étaient supjjrimés,
et la Ville reprenait au l'^'r mai la possession <!<' <'•< Théàir.- ■.n II. m d<»
les laisser au directeur jusqu'au V) juillet.
Un ii()u\eau mode de débuts, qui devait donner les plus mauvais résul-
tats, fut adopté. Pour flatter la popuhu'e. ou supprima la Commission el le
vote des abonnés, et l'on éuiblit cette chose grotesque : le suffrage universel
en n.alière artistique. Tout spectateur, sauf les femmes, recevait en entrant
un bulletin portant au milieu le nom de l'artiste, et d'un c<5té : oui; de
l'autro : riun. Il sullisait de déchirct l'un des côtés. L'artiste était toujours
soumis à trois débuts, absolument illusoires d'ailleurs. La majorité des
électeurs n'assisiaifut pas aux trois soirées ct ne votaient que silr utte audi -
lion. Aussi arriva-ton à des résultats fantastiques. ToltS IcS gens soucicux de
la dignité duTliéàire s'abstim-ent bientôt de voter. Que pouvaient faire leurs
(|uelques Non, eontie l'avalanche de Oî»" qil*assuralt à l'artiste u:îe .«jalle
bourrée d'entrées de faveur! !
M. Solié, l'ancien chef d'orchestre, l'ancien administrateur du ThéAtre au
compte do la Ville, dematida la direction et l'obtint sans diflieultés pour
deux ans. 11 avait laissé à Nantes les meilleurs souvenirs, et l'on espérait que
sous sa direction tout irait bien. Mais on s'illusionnait. En peu deteihps. le
nouveau directeur s'aliéna les sympathies de la plus grande partie du publie,
par nu caractère diHlcile (pion ne lui connaissait pi\n îlutrelois, — Pfîel de
son âge sans doute, — par une complète insouciance artistique, enfin par Uiu-
lésit)(M'ie s:lns exemple. 11 rognait sur tout. Les foyers étaient il peine éclai-
rés, la salle à peine ehaufïée au milieu de l'hiver, A côté de M. Solié,
M. Lafon pouvait ëtro considéré comni(> un prodigue.
LAfit« — noI'X — MANON
?r.
SAISON -1884-1885
3QI..rF:, Directeur
MM. lU:iiiifcii, fort Iniior.
Maiitim. It^ii..r l''grtr.
VhkAi.. Jeiixii'itift lénor If^ûr.
I.AitiH, barylui) <Im f(rHiiU opéra.
Khonty. haryloii iTiipera coini(|m
l)kn<)n. Ims.'jr> rioblr.
^Iayas. btt«im chartlaïUe.
VHkukttu:, <ituxi<-iii<' l»a.sNe.
liAiioN, triai.
llKithKZ, latùetl«».
M— Hauetti. falc i/.
.Martisi, cIm Tp.
KriMOAT, char ' . „■ te.
IJK KuftuiNvtixe, contralto.
Pov.. ... .i;.,,w..„
M \ (lujtfizon.
< H.f, ii'.ii, dii'/'i'
BAI-LKI
M. Roux, malire.
.M"* Dku^s, première daiiRvu»«.-.
Roi'X. il<'uxtèin<- dansfusc
I.,!' xTiiim, Miliui'lu'iiii'iit, III' lut m 'M \ or.it »it; il jh-i sdiuic, lii.ii> ii _n fui 'p'u.v
résiliations, cell.', de M" il»» Fiviniin illf qui fui reiiiplacéo par M'' (iar»*lli
ot do Debor auijuel Coste succéda. Co dernier, quelques soniaines après,
devint fou suhiteiueul. Ponsard futap|M'léà lui succéder.
L'enseujblo de la troupe éUil assez médiocre» i>ourfcini quelques arti.ste.'^
valent lu peine d'être signalés. Berger avait une belle voix de ténor, au tim-
bre sympathique, mais il mamiiiait de distinction. Labis ét;»it un e\cel-
leut artiste. <|ui niellait un fort joli or};ane au service d'un réel talent de
olianieur. M" l'i.spigat conquit vite les sympathies du publie (ur s;i jeu-
nesse et sa tn.'s jolie voi\ d'une éclatante puretô. Tout comme Berger, elle
devait rester deux ans à Nantes, où elle épousa un de nos vionciloyens, dilet
tante bien connu, M. René Lebi»e, l'un des architt^ctcs de la Ville. Quel-
ques mois apr«'s. uneU'rrible malailie l'enlevait à l'ciirection des siens. Euliu,
citons l'aimable couple Kou.v (pie nous devions g:irdcr six années consé-
eiiti\('s. llabilu maître de ballet, dan-our de goût, M. Léopold Roux, pen-
dant son séjour parmi nou», accomplit de véritables prodiges avec le corps
de ballet assez restreint <|ui était mis à sa disposition. M"'" Roux est une
des ir.eilleurcs danseuses do demi -caractère qui soient venues à Nantes.
Cotte saison fut dos plus ternes. Pourtant, M. Solié daigna nous donner
Manun. M. Massenet vint diriger cet o|>cra comique qui compte parmi ses
meilleures productions, m.llgré bien (ics lorl{?tipurs et des brutalités d'orche>-
tiaiion ]\6t9 de propos. I.t» musirion he fut {çu^rp oonti?nt do son séjour à
Nantes. Les ré[)étitions marctiaieut mal. Nt. Solié mettait toute la m luvaisi»
volonté possible et voulait (aire passer l'œuvre avant qu'elle no fût sue. Ulie
fois môme, ôni'fvôet poussé ù. bout. Nfassenet jeta >on bAtod do chef d'orehes-
trc cl quitl;i la répétition.
Kniin. la première put li-îu ^11 mars 188.'»). L'cKétnitiun (ut des plus
226
I,i: THKATRE A NANTES
médiocre, sauf de la part de M"" Espigat, de Martini qui trouva son meil-
leur rôle CM Des Grioiix et de Labis. Plusieurs fois pendant la soirée, M.
Masscnot donna des sij^nes évidents de son juste mécontent«'nient. Les autres
interprèles de cet ouvrage étaient MM. Mayan, Fronty, Baron,
M™" Po\ard et Massue.
M. Charles Solié fils, qui se piquait d'être compositeur, fit jouer deux
de ses élucubralions : A qui la Pomme, opéra comique en un acte, et la
Bamboula, opéra-comique en trois actes. Ces deux œuvres, d'une insuffi-
sance et d'un grotesque achevé, excitèrent le fou rire du public. Je me
demande encore comment la Ville put accepter, pour le second opéra exigé
par le cahier des charges, une insanité musicale comme la Bamboula.
Une reprise de Roland à Roncecaux, opéra où Berger était à son avan-
tage, eut assez de succès. M. Solié remit aussi à la scène une autre vieillerie.
Jérusalem. Insuccès complet. On reprit encore le Roi de Laliore.
Tournées : La Cosaque, la Femme à Papa, les Champairol, le Maître
de Forges, les Pattes de MoucJie (C. Montahint), Grinr/oire, la Flom-
boijante, les Premières armes de Riehelieu^ Indiana, et Charlemarjne
(Jeanne Granier et Marie Kolb), le Bourgeois gentilhomme, le Philosophe
sans le savoir, Denise, la Passant, les Fourchambault {Ag^ar), la Docto-
resse, 71/"" delà Seiglière (Coquelin), Vue Parisienne, VAcare. le Malad>'
imaginaire, le Légataire unioersel, Clara Soleil.
*
* *
L'expérience ayant prouvé que l'orcliestre coûtait plus cher que le chiffre
prévu, M. Nicollcau, adjoint délégué aux Beaux-A.rts, parvint à faire
augnienler la subvention pour la campagne 18sr)-i88fi. Une somme do
118.042 francs fut inscrite au budget, à l'article Théâtre. Elle ét^iit ainsi
répartie :
Orchestre G2.-ltX)
Machiniste 1..500
Espèces payées au directeur par septièmes 54.712
118.042
SAISON 1885-18S6
SOUCÉ, Directeur
C\\. BiJZiAU. clief (t'orcliestn». — Lematte. deuxième chef d'orchestre.
Florentin, régisseur.
^IM. Beroer, fort ténor.
CoTTET, ténor iétîcr.
Gi'ERNOY. di'uxiènu' ti'nor.
Albert, baryton.
Laviu.e, baryton d'opéra conii<iue.
MM. Rose, basse noble.
l^i'HAT. bas.se chantante.
I .AUitKXT, deuxième basse chantante.
Mazard, trial.
Nicolle, laruetle.
LEMATTE
— «Il
M'"- SCHWEYEK
LE CHEVALIER JEAN
227
Sgiiwkykk, falcoii
AcH, contralto.
Ehpioat. rh;iril»'iis<' {•i^rrr.
JocâNNY. (Ifiixièine ch;inteuse lég<Te.
TfeviNi, (lii(;nzon.
Grantk, dtuixionicdugazon.
(illENET. duè(^nt'.
M. Houx, iiiallri'.
M"" Parwiouni. première danseuse.
Hoix, .leuxiéme danseuse.
Les chutes, cette année là, furent un |)eu plus nombreuses. Pellin vint
remplacer Cottet cl, p<;ndant toute la saison, fut légitimement applaudi. .Sa
voix était un peu fati^'uée, mais son beau talent de chanteur ëtait resté
intact. MM. Palianli, l'inévitable et médiocre Fronty, Servat, M™"" Cande-
lon et Pourret succédèrent à MM. Rose, Laville, Nieolle et à M"*» Jouannv
et tirante. La troupe ainsi reconstituée était à peu près convenable ; mais
M. So^ié savait si mal la présenter et si peu en tirer parti que l'ensemble de
la saison n'en fut pas moins médiocre. La seconde basse. Laurent, artiste
conseieneieux, homme charmant, devait roster cinq ans att;i<hé au Théâtre,
oii il sut se créer de nombreuses sympathies. Le kiryton Albert avait un
organe superbe, mais il ignorait l'art du chant. M''" Schweyer, qui épousa, à
la fin de la saison, le second chef d'orchestre, M. Lematte, un musicien de
Uilent, était bien su[)érieure à M"" Baretti. Cette artiste, fort sympathique,
avait une belle voix de falcon, dont elle se servait avec habileté. M"" Tévini
était une assez gentille dugazon.. . d'oi)érette. M*"* Appia. une contralto sur
le retour, vint au mois de mars suppléer M^''' .\ch, dont la nullité dépa.ssait
les bornes. Enfin. M'"" Jeanne Parmigiani, première danseuse, qui devait
faire pendant plusieurs saisons partie de la troupe, parut, pour la première
fois à Nantes, sous la deuxième direction Solié, Cette artiste chorégra|)hique
épousa, quelques années plus lard, un de nos concitoyens, M. K Sabatier.
Le 28 janvier ISHti, le joli o])éra eojuique de Delibes, le Ifoi l'a Hit, fut
accueilli asNCZ froidement et ne tarda (as à.iniit.-r Tifi;, h., fi .1 ,jt |Mjurt.int
bien interprété par Pellin et M"" Espig-at.
IjG (^heratler Jean, de Victorin Joncières, dont la valeur musicale es*
loin de celle du Jfui l'a dit. eut plus de succès. La première eut lieu le
1(» février 1H8<), sous la direction du compositeur. Les loU's étaient tenus
par MM. Berger. .Mhert, hiirat. M'"'* Schweyer et Candelon.
Eu fait d'oiK*rettes nouvelles, on joua Manivelle Xitouc/n', le> l'ettts
Mousquetaires, le Grand Afogol.
A une représentiition de Guillaume Tell, le 2 novembre, il y eut une
grande |.anique. Lo rideau de gaze qui, au 4" acte, imite le,s nuages, .lyant
frôlé une herse, prit feu. V.u un instant, tout le fon<l du Thé/ilr? parut en
Uamines. NL Abraham, chef miehiniste, put heureusement coujwr les fils qui
retenaient le rideau, et tout se borna à un léger dommage matériel, qui
atlligea profondément l'économiq ue Solié. Mais, dans le public, il v eut un
228 II. riii. M im; a NANTES
instant d'émotion terrible. Ou so prôcipit;i vers les issues. Il n'y eut pas
d'accident à déplorer.
L'ex»ellc;itc busse Boudoiiresquo vint donner plusieurs représeuUiions et
fut accueilli avec- entiiousiasme.
Tournées : Le Demi-Monde, Anloinette Rigaud, les Jacobitex, (ieor-
gette, le Di^pit amoureux, Georrjeu JJandin, le Médecin malf/ré lui,
Marif/re, Jonathan, le Sphinx (Jeanne Méa), Une Mission dolicnte,
le Honh^ar ronjiKjal, la Doctoresse, le Fiacre 117.
Pendant le mois de mai, la troupe des Galeries Saint Hubert, de
liruxtiUes, donna des représentations d'opérettes.
Deux nouveaux journaux de Théâtre se fondèrent sous la seconde
direction Solié : \^ Gazette Artistique, organe spécial de la Société des
Concerts Populaires, et la Réforme Artistique, qui prit, plus tard, le nom
(\o. Korrigan. Ce dernier devait mourir drns la cinquième année de son
âge. Pendant la saison précédente, une autre feuillt; artistique, Nante^Mo-
derne, n'a\ait eu ([ue f|uel(|ues numéros.
VI
DIRECTIONS PARAVEY. — POITEVIN.
188(J18iXj
DetiUiers. — Sttjol. — Poitevin. — Jiiufunv. — Marthe Duvieier.— \fm» Jouanne-
I achat. — M— liotilnnii. — M— Violetti. — Le Ci<l. ~ Les Pi-cli.>uri» de INtIoî».
Mi-phistophr-los. — Marguerite VaiUantCouturier. — .U'i» Sere>tr.
(iounod à Santés. — Centenaire de Graslin. Ilumlet, d'IIignard.
Delroye. — liucognani. — M"' Ismat-lGarctn. — Sigurd.
Le Roi d'Ys. — Léon du liait. — Abraham Lécy
Lestellier. — Claccne. — JVf"* lytville-Ferminet.
A direction souriait epcort- ;t M. Solié. Il avait beau crier
partout (|u'il j)erdait de l'argent, on savait à quoi aVn tenir.
py^^^^t^^ Mais l'opinion publique ét;iil absolument contraire à l'ancien
M*^^'A^>--M chef d'orchestre. Nantes-Lyrique, pendant toute la saison,
avait mené contre le directeur une très vive campagne et l'avait tu6 sous le
ridicule. Malgré quelques chauds protecteurs qui .s'entrenieiuiient f)our
M. Solié, l'Administration municipale couiprit qu'elle ferait une fjrande
faute en le renommant directeur une troisième fois. Elle choisit M. Paravey,
administrateur du Théiitro de Bordeaux, et lui confia, pour deux ans, la
direction. Celte nomination fut très bien accueillie. Distingue, instruit,
ehanteur de tjilont, jadis pensionnaire do l'Opéra Comique, ciiuseur brillant,
en^ parfait homme du monde. M. Paravey sut conquérir en peu de temps
la sympathie générale. Ce n'était qu'un cri dans la ville : « Quelle diffé-
rence avec Solié !!! »
La subvention fut rabaissée à KXJ.CKlO francs, ainsi répartis :
Orchestr. . .".7.000
Machiniste 1 . ÔOO
Lispèces payables au directeur par septièmes «ILSCO
Les débuts furent radicalement supprimés et la faculté de renvoyer les
artistes (M) (].> les couserv.M- I iiN>»''i> au Dir.'cti-nr.
i.'iO
LE THEATRE A NANTES
SAISON 1886-1887
L. F»ARAVEY, Directeur
Ch. Huzui;, clief d'orclicsln'. — Mack. ileuxiéme ciu-f iJ'orche*tre.
Strki.esky, régisseur.
MM. L)i;viLi.ii;n.s, fort tr'-nor.
MoNTAiiiuL, l«''n<ir deiiii-caraclëre.
Slmul, ténor léger.
• .Jduanne, deuxième ténor.
I.>KM(jN, troisième ténor.
(iuiLi.KMOT, baryton.
DuTiioiT, baryton d'opéra («iiiiiqin
(ïARUoNi, basse noble.
PoiTKviN, basse chantante.
Dkjkan, basse chantante.
Laukicnt, deuxième basse.
(lAiJLTfiEii., trial.
lîouLANU, laruelle.
HonF.HT, Iroisiéme bass-e.
M"" ViuLKTTi, falcon.
DuviviKfi, contralto.
Jouan.vk-Vachot. ciianlcuse légère.
PfcLossE, deuxième chanteuse légère.
BouLANi). duga/on.
LovKLY, deuxième dugazon.
MAsr.EKKH. troisième dugazon.
Uruaj.v, duègne.
BALLET
M. Roux, maître.
Pakmigiam, première danseuse.
Roux, deuxième danseuse.
Cette troupe offrait un excellent ensemble et M. Paravey sut la faire
valoir avec une remarquable habileté. Le ténor Devilliers commençait à
décliner, mais il avait encore une voix superbe et éclatante, malheureuse
ment rebelle aux effets de demi-teinte. Dans le courant de la saison, fatij^ué
par les représentations du Cid, il lui arrivait parfois de chanter un peu faux.
Sujol, dont le père avait fait, jadis, partie de la troupe de (iraslin, était le
ténor léger par excellence. Sa voix d'une souples.se rare se prétait avec une
facilité étonnante aux vocalises.
I..C retour de l'excellent baryton Guillemot fut salué avec plaisir par iuu>
les habitués du Théâtre. Poitevin, une l)asse chantante à la voix cuivrée et
sonore, comédien intelligent sinon chanteur distingué, devint bientôt, néan-
moins, un des artistes aimés du public. Il avait jadis été coryphée sous la
direction Bellevaut ; deux ans après, il devait succéder à Paravey. Parmi
les autres artistes, il faut citer Jouanne, un deuxième ténor di primo car-
/e//o; Dirthoit, très bon baryton d'opéra comique; Gardoni, une basse douée
d'un organe magnifique que gâtait une fâcheuse inexi^érience ; enfin Bou^
laml, une vieille counaissajice, toujours fort amusant. Le ténor de demi-
caraclèrc. Moiilariol, indisposé au commencement tle la saison, fut remplacé
par M. Hovet, artiste de talent mais dont la voix était quelque peu
fatigué;\
La troupe, du cAté des femmes, était au-^i très bien partagée.
M'"" Jouanne-Vachot, beauté fine et distinguée, possédait un merveilleux
talent de chanteuse légère. Elle égrenait comme en se jouant les vocalises
les ])lus dTIlieiles. La comparaison avec le rossignol est bien vieille et bien
usée. Mais en parlant de M'"« Jouanne, elle est tellement vraie qu'on se voit
M"* JOUANNE-VACHOT — MARTHK DUVIVIKK — M** BOULANI) 'Z-ii
forcé do la r<';éciiter. Dans Kosine du /iarbier et dans la Reine des Ifii^/n-'-
noix, elle remporta de vrais tHonipiu.-s. La blonde Marthe Duvivier, la
trice à Bruxelles d'/férodiade, artiste d'une grande valeur, cbanteus*> de
style, comédienne parfaite, fil bien vite la conquête du public. Elle el. *
et joua Carmen avec un talent de premier ordre. ()\\ se raj»p«;ll<-
son succès dans la Farorite. (irAcc à elle, le vieil opéra de Donizetli fit
plusieurs salles conildes. Elle disait la phrase du dernier acte : O bonheur,
c'eut mon rroe perdu, d'une fa<;on exquise. De même qu'Eli^>a Masson. elle
faisait, à chaque fois, bisser le duo. L'excellente artiste nous quitta au raojs
d'avril pour aller créer à Paris le r6le d'Ortrude de Lohengrin. à l'unique
représentation du ciief d'<euvre de Wagner, a l'Mden. ^^'"" Sbolf;i lui suo-
ec'da sans la remplacer. La fab'on. M"" Violetti. possédait une voix superbe,
d'une grande étendue, d'un timbre magnifique. Elle n'avait encore chanta
que le répertoire italien, aussi sa prononciation était-elle défectueuse. J'ai
gardé pour la fin la toute charm:inte M"»' Bouland, qui était venue déjà à
Nantes sous la direction Coulori, avec son mari; mais alors elle n'avait pas
encore abordé le Thédtre. (.'hanteuse intelligente, comédienne extraordinai-
rement bien douée. M"»® Bouland devint bientôt l'enfant gâtée du public
nantais qui l'applaudit sans se lasser pendant deux ans. NL Paravey
l'emmena ensuite avec lui à l'Opéra-Çomique. A la fin de sa carrière.
\[mn Bouland fit une heureuse tentative dans la comédie. Elle créa avec
suecés sous le nom de Hertry. im rùle dans le Fils suriiatarel, de Gr •
Durancourt, joué au Téatro de Cluny. Dans l'opérette. M™" Bouland <-i,.:
absolument ravissante. Le rAle de Benjamine de Joséphine oendtte par ses
sœurs,qu'e\\e jouait avec une gaminerie des plus réussie, lui valut une série
d'ovations méritées. La grdee et l'amabilité de M™'" Bouland lui {.ragnèrent la
sympathie de tous. D'une complaisance inépuisaltle, d'une exquise bonté,
jamais elle ne refusa son concours aux œuvres pour lesquelles on le lui
demandait. Les Nantais surent récompenser l'excellente artiste. A son bt'^né
fice et à ses adieux, jamais on n'avait vu autant de cadeaux el de fleur^.
N'oublions pas non plus la duègne M"" Urbain, étourdissante dans
l'opérette.
M. Paravey apporta à la mise en scène si négligée par ses prtHl««ecssours
im soin particulier. Il ètiit aiilé en cela par le < • ■
homme doué dune dévorante activité, qui renjpl>
tantes d'une façon fort remarquable. Le magasin de costumes était dan-»
un état dé[)l«>ial)le. Le nouveau directeur fit venir à ses frais un costumier.
Choristes el figurants ne parurent plus en guenilles sur la scène.
Le foyer du publie fut orné, cette année-là, de deux panneaux peints pir
un de nos concitoyens, M. Levrault. Ctns panntviux. représentiint des sujets
antiques, furent, de l'avis général, jugés d'un goût fort malheureux. On se
2.32
LE THEATRE A NANTES
demande encore comment la Ville accepta deux compositions aussi médio-
cres. Le plafond, dû au même peintre, parut plus réussi.
La première œuvre nouvelle jouée par M. Paravey fut le Cid, repré-
sentée sons la direction do M. Massenet le 8 janvier 1887. Ce médiocre opéra,
où l'auteur de Manon osa, avec une étonnante présomption, s'attaquer aux
vers de Corneille, fut monté avec beaucoup de soin. Trois beaux décors neufs
furent faits pour la circonstanceet produisirent beaucoup d'effet. L'interpréta-
tion offrait un excellent ensemble. Elle était confiée à MM. Devilliers .Guille
mot,Gardoni, Poitevin, Dejean, Illy, M'^^^Violetti et Pélos*,e. Dans le char-
inant ballet, une des rares bonnes choses de la partition, Roux, M™^* Parmi-
gianiet Roux, obtinrent un vif succès.
Le comité de la Presse organisa au bénéfice des inondés du Midi une
représentation qui eut lieu le 5 février 1887. On joua les Deux Avares, de
Grétry et les Jumeaux de liercjame, pantomime de M. de Lajarte.
Les Pêcheurs de perles, le premier opéra de Bizel, furent représentés le
30 février. M™» Jouanne-Vachot, Sujol, Duthoit, Poitevin, interprétèrent
cette œuvre de jeunesse du compositeur de Carmen. Malgré des pages
intéressantes, cet opéra n'eut aucun succès et disparut de l'affiche après trois
représentations.
M. Paravey devait terminer brillamment la saison en montant une œuvre
qui n'avait pas encore été jouée en France. Depuis longtemps, je voulais
faire représenter sur notre scène le Mophistnphélès d'Arrigo Boïto, qui me
semblait, après Aïda,\di plus sincère manifestation de l'évolution artistique
au-delà des Alpes; —à cette époque Othello, Falstaff',\si Bohême n'avaient pas
encore vu le jour. 11 était donc regrettable que la France fût le seul pays
d'lM)roi)e à ignorer cet opéra. Jusqu'ici je n'avais pas réussi. M. Paravey,
plus artiste que ses prédécesseurs, se laissa convaincre et résolut d'être
le premier directeur àmonter cet ouvnige intéressant:
r^a partition de M. Boïto n'est pas un chef-d'œuvre ; en bien des endroits
die est fort inégale, surtout du côté de l'instrumentation qui est faible,
mais elle n'en a pas moins une réelle valeur. M. Boïto a suivi de très près la
pensée de Goethe et l'a rendue parfois d'une fa(,on des plus heureuse,
notamment dans le Prologue, la Prit<on, l'épisode d'Hélène, la Mort de
Faust. Malgré ses faiblesses, Mcphistophélès est l'une des productions les
plus remarquables de l'Ecole italienne moderne. La première eut lieu \o
2H avril 18^7, avec succès. Poitevin remporta un triomphe mérité, dans le rôle
de Méphistophélès. qu'il créa avec une vive intelligence. Devilliers, Jouanne,
\Imos Violetti, Bouland, Gaultlieil, tenaient avec talent les autres rôles.
Deux opérettes : Le Petit Chaperon Rouge, de ^L Gaston Serpette, qui
vint diriger la première, et Joséphine vendue par ses Sœurs, obtinrent un
éclatant succès, grAci> à la charmante M"*® Bouland.
DIRECTION PARAVBY
233
Tournées : Cromwel (Taillade), le Bonheur Conjugal, un Comeit Judi-
ciaire, Francillon, Xuma Hourneatan, le FiU de Giboijer, Don César de
liaxan, le Mariage de Figaro, Gringoire, les Prér.ieuses Ridicde» (ees
quatre pièces avec Coquelin), la Comtesse Sarah, Durand et Durand
(Daubray), Tailleur pour Dames, Un Parisien, V Ftrat,i,irt\ Cfianiillar
(ces trois pièces par Coquelin).
Pendant le mois de septembre 18Hfî, on joua à Graslm le Tour du Monde
a\T'c un vif succès. Une troupe de comédie donna des représentations pen-
dant le mois de mai 1880.
Le ThéAtrc avait été des plus suiti. Presque toujours on faisait le maxi-
mum. Pourtant la campagne se chiffra par un fort déficit. M. Paravey ne
trouvait jamais rien de trop beau pour la mise en scène, et il dépensait sans
compter. Le 12 mai, il envoya au maire sa démission de directeur. Il voyait,
disait il, par expérience, qu'il était impossible de marcher avec une subven-
tion do 100,000 francs ; dans ces conditions, il préférait se 'retirer plutôt
que d'être forcé de faire moins bien la campagne suivante. La municipalité
se trouva fort embarrassée. L'année ét;iit trop avancée pouravoir chance de
trouver mi directeur sérieux. L'Administration prit le sage parti de d«iaui-
der au Conseil de porter la subvention à 120,0<» francs. Celui ci se fifttùer
l'oreille. Enfin, après une longue discussion, l'augmentation fut volée dans
la séance du 2G mai. M. I*aravey reprit alors sa démission. Toute Ja presm,
d'ailleurs, avait été unanime pour demander qu'on fit lo possible poar
conserver à la téu^ du ThéAtre « le jeune et sympathique » directeur, qui
avail redonné à Graslin son éclat de jadis.
L'incendie do l'Opéra-Comique, qui venait d'avoir lieu, décida la Ville à
prendre dans les TliéAtres dos mesures de sécurité. Pendant tout l'été on
travailla ferme pour être prêt à l'époque de la réouverture. Voici les princi-
pales améliorations apportées à Gnislin. On installa, d'abord, un rideau de
fer plein, d'un p.»ids de 40.000 kilos, tombant en trois secondes. Derrière,
une herse d'eau fut placée pour empêcher l'échaufTement du rideau en cas
(l'incendie. Au dessus de la scène il existait déjà un réservoir d'eau de
20.000 litres ; on en construisit un second' de 37.00() litres au-dessus de la
conciergerie. Toutes les portes communiquant avec la scène furent faites en
f(Me. On isola complètement la scène de la salle au moyen d'un mur épais
en briques réfractiiires depuis les dessous jusqu'à im mètre au-dessus des
faîteaux. On supprima les herses de gaz. Cette mesure, excellente au point
de vue des précautions à prendre, avait par contre un grave inconvénient.
La scène, par suite, se trouvait mal éclairée, la lumière venant de cAté au
lieu de toml)er de haut. On enleva les petits escaliers qui conduisaient du
couloir des fauteuils à celui des |)remières. On plaça de;» barres de fer à
234
LK THÈATHE A NANIhS
lVxt<^rionr du mominieiit <.'t «If nouvelles échollos i>our faciliter une évalua
lion rapide par les fenêtres, l'^nfin, on fransporla rui* Molière le bureau de
location et on fit du local, occupé précédemment par lui rue Corneille, un
poste de poliec. Tous ces travaux, qui furent exreutés sous l'habile direction
de M. Lebec. s'élevèrent à la somni<^ ']>• .'7 r.:'.!) fr..ti<'«.
SAISON 1887-1888
L. PARAVEY, Directeur
i'Ai. LJlziai', cht'f d'urchfsire. — Ma<;k, deuxième ch<"i d orrlp-siri
Sri'.KLKSKY régisseur.
MM. Bernard, furl ti'nor.
Louant, ténor dcnii-caracli-rr
Sujoi,, lénor ir-gi-r.
Roche vii.LE, Irnor on double.
FioRATTi, deuxième tOnor rn dou-
ble.
Démon, troisième ténor.
GouTi HIER, baryton.
Heaijgé, baryton d'opt-ra-comique.
Mai.zac, Ijasse noble
Poitevin, basse chantante.
Laurent, deuxième basse.
Ometz. trial.
BoLi.ASi», laruette.
Vaillant Couturier, première chan-
teuse h'-gère.
Devianse, falcon.
MouNitR, contralto.
Henoux, chanteuse lègi-re.
BouLAND, dugazon.
Duot'ESNE, deuxième dugazon.
Urhain, duègne.
Cette troupe était bien inférieure à la précédente. Avouons-le franche-
ment, elle renfermait des nullités comme on n'en avait pas encore vu, même
sous la direction Solié. M. Paravey, hypnotisé devant la direction de
rOpéra-Comique, alors vacante et qu'il convoitait ardemment, n'avait
apporté qu'un soin distrait à la formation de .sa nouvelle troupe.
Le^ ténor Bernard avait un organe très généreux, mais il n'avait aucun''
notion de l'art du chant. A la fin de la saison les directeurs de l'Opéra
l'engagèrent, mais, après quelques représentations, ils trouvèrent le moyen
de s'en défaire au plus vite. M. Bernard ne fut pas plus heureux à la
Monnaie de Bruxelles. Il retomba alors à Carcassonne d'où il n'aurait
jamais dii sortir. La voix du ténor de derai-caraetère Lorant était légèn*-
ment fatiguée, mais elle était conduite par un véritable artiste, chanteur de
valeur, comédien excellent. Le retour de M™* Vaillant Couturier fut
accueilli avec joie. La vaillante artiste nous revenait en pleine possession
d'un talent très complet et très original. Sa voix avait un peu perdu de sa
légèreté, par contre elle avait gagné en ampleur. Comme l'avait fait jadis
Jeanne Fouquet, elle aborda, durant la saison, certains rôles de falcon et de
contralto. Ces tentatives furent plus ou moins heureuses. — son interpré-
tation du rôle de Carmen suscita beaucoup de critiques, — mais elles étaient
toujours intéressantes au point de vue artistique. M""' Vaillant possédait une
personnalité indiscutable; elle aimait à sortir des sentiers battus, à affronter
les difficultés. Dans FausL elle nous présenta une adorable Marguerite,
MAKGL'EniTB VAILLANT-COUTURrBR — COUNOD A NANTES 235
Vt'tui' nu costiiiiii- lie l;i |)i'tit'" ]>,i\ s.iiiiif :iii'Miiaii<lr fi iiuii j).i>> 'i-- cette riilx me
robe à traiiie (jui Iransforinc eu grand»' daim? l'humble aiuanic de Faust.
Quand elle apparut ainsi, ce fut de toutes parts un cri d'admiration Le chef
d'œuvre de (ioiinod eut, grâce à elle, un nouveau suecè». : on le joua dix-huit
fois pendant la campagne. Mireille, qui avait été jadis son premier rôle a
Nantes, valut aus>i a M" N'aillantdes triumphes mérités. Dans Manon enfin,
elle chanta et joua en artiste consommée tout le rôle de la maîtresse d« Des
Gricux. M™" Vaillant Couturier, que nous avions connue, sobs la direction
Graviôro, chanteuse ravi>sante mais c imédit-niie assez ordinaire, était deve
nue une artiste absolument hors ligne. Son second séjour à Nantes
(laissera certainement une trace plus durable que le premier.
Dans le courant de novembre M, Paravey eng:igea, pour suppléer
M"* Kenou, absolument insuiiisantc, M"" Seveste à qui restait du moins le
lient. A la fin de la saison, celte artiste épousa M. Normand, ex-maire de
Nantes,- qui se résolut à chercher dans ce mariage une consolation à ses
tlt'boires politiques.
A la fin de décembre M. Paravey atteignit enfin le but qu'il poursuivait
i|(»piiis si longtemps, i^e (ionvernement l'appela a la tét*' de l'Opéra-
<'oinique. Le directeur pour «ela n'abandonnait pas le Théâtre de Nantes,
qu'il laissait aux bons soins du fidèle Stréleski. Mais le cahier des charges
• eoiitient un article int4>rdisant au directeur de Graslin de diriger une scène
iieleonquc dans une autre ville. Une interpellation eut lieu à ce sujet au
•nseil municipal. On cria haro sur le pauvre Paravey, coupable d'avoir
cepte un poste aussi avantageux que celui qui lui était offert, sans avoir
■mandé, préalablement, la permission du maire. Tout finit par s'arranger;
le nouveau directeur de r< )péra-Coniique s'engagea à envoyer par mois deux
Il listes de son théâtre de Paris jouer sur son théâtre de Nantes. Celte corn-
lunaison avaul;igeuse fut acceptée et il ne fut plus question de poursuivre
\I. Paravey |)Our avoir violé le cahier des charges.
k .\u commencement de février 1888, (iounod passai cinq jours à Nantes où
il était venu dirig^^r aux Concert.s Populaires, un festival en son honneur. Le
■J février on joua Mirt^illf au Grand Théâtre et le Maître assiî.t;i. dans la loge
|)réfe<'torale, à la représenUilion de sa belle œuvre. Pendant toute la soirée
l'illustre vieillard fut l'objet d'ovations chaleureuses ; à la sortie les specta-
t 'urs se massèrent sous le grand vestibule et, quand l'auteur de Fatutt
ipparut au haut des marches de l'escalier, ils l'acclamèrent avec enthou-
I siasme. La veille, un grand banquet avait été offert à Gounod. à l'HAtel de
l'nince. Pendant le diner la musique milit;iiro et la musique muni» ip île,
^Toupées sur la place Graslin. exécuteront, lour à tour, un choix de> œu\re>
ilu célèbre musieien. Après le banquet le compositeur se rendit encore au
(irand-Théâtre où l'on jouait /os<*/>/ime cendtt*' par ses sœur».
SU) LE THÉÂTRE A NANTES
J'eus le grand honneur tant, que Gounod resta à Nantes, de lui tenir
presque constamment compagnie. Je n'oublierai jamais les heures exquises
passées à côté de ce grand clianneur dont je ne partageais, certes, pas toutes
les idées mais que j'admirais sincèrement, quand même. Gounod n'était pas
seulement un musicien de génie qui apporta une note nouvelle dans l'expres-
sion musicale, c'était aussi un littérateur de race, un brillant orateur. Tous
ceux qui assistèrent au banquet de l'Hôtel de France purent s'en convaincre
en l'écoutant parler d'admirable façon de l'Art en général et de Mozart en
particulier. Gounod, ce soir là, détailla à ses auditeurs les beauU^s de Don
Juan avec une éloquence vibrante.
— La grandeur, nous dit Gounod, réside le plus souvent dans la
simplicité. Mozart a le sens de la beauté pure : il ne se laisse pas égarer ;
il va toujours droit au but. Rien de trop, rien de moins. Un soir, que j'étais
chez un astronome de mes umis, je passai longtemps à admirer, à travers
l'un de ses instruments, les profondeurs du ciel. Je remarquai alors le
phénomène, que l'on ne peut distinguer à l'œil nu, mais qui existe, et qu'on
appelle la lumière sidérale, lumière d'une blancheur éclatante et douce à la
fois. Eh bien, dans le ciel de l'Art, Mozart est de la lumière sidérale !
En dehors de Mozart, deux autres musiciens étaient, de la part de
Gounod, l'objet d'une vive admiration : Beethoven et Bach.
— La Neucième Symphonie, s'écria-t-il, à un moment, c'est la Bible des
musiciens !
Sur Bach, il prononça ces mots profonds :
— Si, par un malheur impossible, il arrivait, un jour, que toutes les
œuvres musicales se trouvassent détruites, sauf celles de Jean-Sébastien, on
pourrait reconstituer avec elles toute la musique, car Bach est i^n,. n. ■!,,,-
leuse gui n'est pas encore condensée.
Bn vain, j'essayai de lancer Gounod sur la ([uestion Wagnérienne. Il
nous déclara que Wagner était une immense personnalité musicale, mais
sans s'expliquer davantage.
La conversation étant tombée sur les passions, Gounod émit • avec
enjouement ce délicieux aphorisme :
— Les passions doivent être des domestiques : pour ma part, je n'aurais
jamais eu le courage de les renvoyer. Il faut leur paver de bons gago<.
mais qu'elles restent toujours des domestiques.
Je retrouve aussi dans les notes que je pris, ce soir-là, ces deux belles
pensées. En les transmettant ici, je revois l'air inspiré et prophétique avec
lequel Gounod les prononça :
— Après l'Incréé, qui a tout créé de rien, la plus grande puissance est le
Génie qui crée tout de presque rien.
GOUNOD A NANTES 237
— Une belle action, une belle v»^rilé, une belle œuvre d'art, voilà trois
choses (jui f»'r<jnt toujours des dupes.
Le Maître avait en horreur les parodies.
— Je n'ai jamais consenti, nous confia l il, à aller entendre le Petit
Faïutt. Non pas parce que l'on parodiait une de mes œuvres, — moi je ne
suis rien, — mais parce que je ne comprends pas que l'on puisse rire de ce
(jui vous a fait pleurer. lit Marguerite m'a fait pleurer.
Une autre fois, Gounod se défendit énergiquement. près de moi, d'être un
mystique.
— Mou esprit, me déclarat-il, n'est nullement porté au mysticisme. Le
mysticisme implique une sorte de crtMulité nébuleuse. Moi, au contraire,
je sais ce que je crois, et pourquoi je eroi^. I.a Foi fst une fone de r.\iiie.
la Crédulité est une faiblesse de l'Esprit.
J'ai parlé tout à l'heure du culte professé par Gounod envers Mozart. Ce
(tulte était devenu, \ni\x à peu, chez l'illustre cora{X>siteur une vérit;ible
idolâtrie. A ce sujet, je raconterai un souvenir personnel. Un jour, je me
trouvais chez Gounod, dans ce Vaste c^ibinet de travail de l'hôtel de la place
Malesherbes, où je le revois encore avec sa belle et douce tête blanche,
ressortant vigoureusement sur le velours noir du veston. Notre conversation
avait été longue ; pendant près de deux heures, Gounod m'avait tenu sous
le charme de sa parole pénétrante. Le lendemain, jo partais, une fois de
plus, pour l'Allemagne, assister à un cycle wagnérien. Au moment de
prendre congé du Maître, je lui fi^J part de ce voyage dont je no lui avais
pas encore parlé. S»»n visage s'assombrit aussitôt et il garda un moment le
silence. Enfin, m'erabrassant, — il embrassait beaucoup — : «Va, nuui fils,
dit-il, je prierai pour loi ! pour que tu re^•iennes au seul Beau, au seul
Grand, au seul Vrai, à Mozart ! » Les prières de Gounod, si tant est qu'il
en fit vraiment, sont restées inetlicaces ; mon admiration pour Wagner, en
elFet, n'a fait que croître.
La première nouveauté de cette saison fut une œuvre médit»'. Diane de
Spaar, opéra d'un certiiin M. David, fabricant patenté de morceaux de
piano imiUitifs. Quelle raison avait pu pousser le directeur à mpnter une
nullité pareille'??? Mystère II La chute de cette œuvre, dont le livret était
dû à Armand Silveslrt\ fut complète et méritée. Cette représentation fut
une erreur de Paravey. Il la racheta plus lard en jouant Hnmlet
d'IIignard.
La Heine de Saba, de Gounod, fut jouée le 6 mars lft88. Cette partition,
sans grand intérêt aujourd'hui, malgn^ quelques belles jxiges. n'eut aucun
succès. M"'' Vaillant Couturier fit une adorable Balkis. Le reste de
r interprétât ion, confiée à MM. Bernard, Malzac, Couturier, PoiK*vin,
40
■i^H LK TlllijATRE A NANTES
Viii.et Boul.ind L'I Urbain, ne soi'lait pa^ <!.• la mediocrilé. On peignit deux
toiles neuves pour cet opéra.
Le c'éntenairo du (irand-Tluîntre fut célébré, avec solennité, leô avril. La
place Graslin et le monument étaient pavoises et illuminés. Entre le>
colonnes du Tliéâlrr. on lisait en lettres de fou l'inscription suivante :
1788-1888
H O M M A G K
A
GRASLIN
Lfs serres du Jardin des l-*lantfs avaient été mise> au pillage et !••
grand vestibule se trouvait transformé en un véritable jardin. Riclianl
Cœuv-fle-Lion qui, depuis de longues années, n'avait pas été représenté a
Graslin, fut joué avec succès. Soulacroix et M™* Molé-Truiïier, de l'Opt-ra-
Coraique, prêtèrent leur concours à celte soirée de gala. On applaudit
ensuite un spirituel à-propos en vers dus à nos excellents confrères
MM. Paul Cliauvet et Léon Brunsohvicg. Knfin, le buste de Graslin fui
couronné sur la soène en présence de tous les artistes. Seules, M'"*'* Vaillant-
Couturier et Mounier, par une boutade inexplicable, avaient refusé de s»*
joindre à leurs camarades.
Hainlef, de notre concitoyen Hignard, qui [n'avait encore jamais été
représenté, mais dont la partition était gravée depuis longtemps, fut joué
le 21 avril 1888, C'est une œuvre de haute valeur, tant au point de vue
musical que littéraire. L'idée de Shakespeare est rendue tout le temps de la
fac^oii la plus exacte et avec le respect le plus scrupuleux. Nous sommes
loin des inepties impuissantes et réunies de MM. Ambroise Thomas, Barbier
etCarré, M. Lorant, qui avait jadis joué la comédie, composa lerôled'Hamlet
de la façon la plus remarquable. Cette création comptera dans sa carrière.
M"i'' Vaillant-Couturier fit une touchante Ophélie. Elle interprétii les scènes
de folie, si difïérentes de celles de M. Thomas, avec un talent absolument
hors de pair. Couturier était un excellent Laërte. Il disait le beau cantahile
de la scène du cimetière : Rentre donc dans la terre, o pauvre désolée, en
véritable artiste. M"»® Mounier, MNL Malzac, Poitevin, Fiorati, Beaugé et
Maréchal tenaient convenablement les autres rùles. Très intéressante an
point de vue harmonique, la partition d'Hignard pèche, malheureusement,
par l'instrumentation, qui est grise et, en général, peu nourrie. Malgré cela,
malgré aussi quelques longueurs et quelques parties écrites dans un style
ilémodé, elle restera comme l'adaptation musicale la plus intelligente du
drame du grand poète anglais, Hignard et son callaborateur poétique.
Pierre de Garai, ont introduit dans leur œuvre certaines parties déclamées
sous lesquelles l'orchestre coi\tinue la trame musicale. Ce nouveau système
offre l'inconvénient d'exiger des artistes de grand opéra sachant en même
lfAM[,trr. DAMIïiTIDE hignard
2:<0
t«Miijis diro l<'> v(•r>^. <J<'([(' iiiii'-f, on t'MiilAiic bien, l/'i-uvre «i'Hign.ir>i lui
tr^s applaudie. L'auteur fut appel/; a grands cris sur la scène. Toujours
modeste, Hignard voulait se dérober à cette ovation, 'lùais le^' artistes
Tentraln/TiMit et il dut subir les acelamations des Nantais, heureux ûv
saluer l'ini des hommes qui ont iionon* le plus notre vieille cité bretonne. La
représentatioti do cette œuvre termina brillamment la dernière campapiif
(le M. Paravey, comme MrjtfiixtopfiélfM avait terminé la premi»:-
Les artistes que le Dir«'ct«'ur de l'Opéra-Comiqu»' envoya, selon >a pro-
messe, à NanU's, et qui firent, à chaque ioi>, salle\'omble, furent les suivants :
Mesdames Blanche Deschamps. Dufrine. Mollé-Truffier, MNf. Bouvet,
Soulacroix. Delmas cl Mouliérat.
Tournées : le Mii^robe. (iabrivU»-. \.\ Joif j<ni ],>-iir [Ni- ia\ari i .lohr
('onstantin , \i\ Souris, Durand et Duranfi. V Affaire ('!f mène f au. l>ora,
les FemniCH Sarunte». le Siontie où l'on s'ennuie, (Agar), les Fourrham
hault. firitannicu.s (Ag3r).
Une trou|)fde com«''di«*, sous ladir.Miiou de M. Louar. l'-v.i» t i.. i.- ,>,.)
Théâtre pendant le mois de mai.
M. Poitevin qui. comme artiste, avait su >o concilier les .sympathies géné-
rales, demanda la direction Très soutenu par une partie de la presse qui
mena en sa faveur une campagne éncrgi(|ue il ne tarda pas a l'emporter
sur ses concurrents et fut nommé. Le Conseil municipal ne maintint pa^:
l'augmentation de 2().(MK) francs faite, l'annéH' précédente, à lasuhvention.
Pendant les mois d'été, on inst;illa un nouvel orgue au lirand ThcVitrc. Ce
superbt' instrument, dont le clavier est placé dans l'orchestre, est noù par
l'électricité. Nantes fut la première ville de France a posséder un orgue de
ce nouveau svstène.
I h 11. "
SAISON 1888-1889
A. FOITEVIN", Directeur
11. I 1 '1. lieslrc. l'tiiUAii.i, d»Ml^ ti'. . 11. / .1
1^1 KKNT, ré|ti'«M-ur
MM. Maiwiiu.l»:, forl tëiàor.
(.itiuKKTEiU. ténor l<-gor
KionATTi. <lPuxi«'Mne t«''aor léji.r
Hazam). troigitMiio tt'iiAr
Ladim. baryton (!<■ ;;ianil np<Tii
Dklvove. baiytoii d'opora-omiqu-
(luiLi.vMKRT. basse noble.
NsvKt', bas8«' rhaiilanto.
I.ACRKNT, ileuxit'iiie lia.s«<«.
MoHOBT. Iriul
Lahranciie. larnott.
HiMCHKR. troigième basti*-.
M"" TiitHiMikM, falcuii
Ihuafil-harcin, piVlli
UK Sam. rhantt'UHT Mv-r.
LicNOER. coiitrallK
Vai.lier. (iu^/nn
liiiAr, deuxième (bi^.iznn
Thrain. dti''Kiit'
UALLKl
M . Rr>c.\. inailn*.
Parmioiam, promi'To dan«<^ua«.
Koux, danxièmo danseur.
^40 LE THÉÂTRE A NANTES
Cette troupf;, à part deux ou trois exceptions, n'offrait rien de remar-
quable. M. Mainvielle et M"'" Isaac furent forcés de partir. Ils eurent pour
successeurs M. Bucognagni et M"" de Deyn. Labis et Guillabert, dont on
avait appris le retour avoe un vif plaisir, n'étiient plus que l'ombre d'eux-
raônios. L'('!toilo de la troupe, du côté des hommes, était Delvoye, qui
prit, dans l'affection dos Nantiiis, la succession de M"" Bouland. Ce jeune
artiste doué d'une ravissante voix de baryton, chaude, sympathique, d'une
échelle très étendue, était aussi un excellent comédien. Pendant deux
ans, il devait faire les déliées des Nantais, qui ne se lassèrent jamais de
l'applaudir. 11 alla plus tard à l'Opéra-Comique. Le ténor Bucognani pos-
sédait un bel organe ; malheureusement, au point de vue du chant, il avait
encore, beaucoup à apprendre Citons aussi la basse chantante Neveu,
artiste de talent, (|ui mourut au mois de janvier en laissant d'unanimes
regrets et Mordet, amusant trial, qui conquit rapidement auprès du public
nantais une vériUible popularité ; pendant de longues années il devait faire
partie des troupes de Graslin. Après la mort de M. Neveu, M. Poitevin fit
venir pour lui succéder un débutant, M. Cordier, qui ne chanta pas souvent.
La mairie autorisa le directeur à paraître sur la scène et à tenir de nou-
veau un emploi dont il s'acquittait si bien.
M"" Ismaël-Garciu, femme du célèbre baryton Ismaël. cantatrice d'une
haute valeur, mais dont l'organe commençait à faiblir, laissera un nom à
Graslin. Son meilleur rôle était Dinorah, du Pardon de Ploërmel. Elle le
chantait en grande artiste,
M'"'^ de Sany et Vallier avaient de généreux organes; mais une prononcia-
tion impossible nuisait à la première; une médiocrité complète de comé-
dienne à laseconde', qui avaità recueillir la lourde succession deM™'' Bouland.
Depuis plusieurs années, je menais une très vive campagne pour faire
monter à Nantes, Lohengrin, de Wagner, et Sigurd, de Reyer, mais jus-
qu'ici je n'avais pu réussir. Aucun directeur, pas même Paravey, n'avait
voulu se risquer. Pourtant, pour Sif/nrd, j'étais arrivé à déterminer dans la
ville un tel mouvement d'opinion par les deux auditions données chez M. G.
Roux, le grand facteur de pianos de la rue Boileau, que je vainquis assez
facilement les dernières hésitations de M. Poitevin: je le dt'cidai donc à
monter le noble opérade Reyer. Quand il demanda la direction, il s'engagea
à mettre cette partition à la scène. Il tint loyalement parole.
Sifjurd fut joué, pour la première fois, le mardi 4 décembre 1888. Buco
gnani trouva son meilleur rôle dans le personnage du héros franc Delvoye
.se fit justement applaudir dans le grand-])rètre. Les autres juterprètes,
MM. Labis, Guillabert, Boucher, Et;ux. M^^'^^Thuringer, Sany, Leuder.
étaient tous d'une faiblesse déplorable. Les décors de MM. Amable elGardy
furent justement admirés. La mer de llanimes, |iroduite par des jets de vapeur
SICL'RD — LE ROI d'yS :? 1 1
d'eau sortant de canaux perc<^s de trous et placés sous la scène, produisit
une sensation profonde. Cette partition d'une si belle abondance mélodique,
d'une inspiration si haute et dont de nombreuses maladresses d'écriture et
certiines lourdeurs d'orchestration n'arrivent pas à altérer la splendeur, eut
un immense succès. Malgré une interprétation médiocre dans son ensemble,
Sigurd atteignit le nombre considérable de 25 représentations. Jamais
encore un opéra n'était arrivé sur notre Théâtre à un chiffre pareil. Quelle
victorieuse réponse aux ennemis de la musique moderne, qui avaient prédit
que l'œuvro « incomprehennihle n de Reyer ferait à peine trois soirées !î! La
\'ille acheta, à la fin de l'année, les décors ot le matériel de Sigurd, qui est
entré ainsi définitivement au ré[)ertoire du Grand-ThéAtre.
Lf l'A décembre, il y eut, à la oin(|ui^mo de Sigurd, un tapage infernal.
M. Poitevin ayant limité à un certain nombre les entrées à prix réduits,
aecordées par M. Paravey aux étudiants, ceux-ci résolurent de manifester.
Poitevin ayant le soir pris le rôle d'Hagen, que le pauvre Gnillal)crt tenait
d'ime façon insuflisante, fut accueilli par un»? bordé de sifflets lancés du
parterre, bourré d'étudiants. Une contre manifestation partit des autres
places, favorables au directeur. A plusieurs reprises la représentation fut
troubhV. Du [)aradis on jeta sur le parterre difTérents projectiles : pommes,
légumes, voir même jusqu'à des œufs. Les spectateurs d'en bas ouvrirent
leurs parapluies pour se proléger contre ces projectiles d'un nouveau genre.
Pendant un instant la salle offrit un curieux aspect. Lo lendemain,
M. poitevin retira aux étudiants toutes leurs entrées à demi-place, mais il
finit bientôt par céder et les leur rendit.
M. Huzjau tomba malade dans le courant de décembre. Ce fut le deuxième
chef, M. Perrault, qui le suppl&i pt^ndant une partie de la saison.
La seconde nouveauté fut le Roi d"}'s (20 février 1889). Le bel opéra de
Lalo n'eut que quelques représentations. L;i faiblesse de son int«»rprètation
fut la cause de l'accueil réservé qu'on fit à cette œuvre si remarquable, qui fait
tant d'honneur à l'école française. A l'exception de Delvoycet de Poitevin,
les autres artistes, MM. (iuilx'rteau, Cordier, M™"* Ismaël-Garcin cl Vallicr
étaient franchement mauvais.
Le 21) avril, Don César de liasan eut une uniquQ représentation. Ce trè.s
médiocre op<Ma de Monsieur .Massenet fut joué dans des conditions déplo-
rables. Les rôles nétaient pas sus. M"^' de Sany se permit même de chanter
un morceau partition en mains. L'Administration municipale eut la
faibles.se de ne pas sévir. Cette soirée pourtant fut absolument hon-
teuse.
Dans le eourant d'avril. M""'" Ismael, dont la voix était do plu^ en plus
fatigmv, prit le parti do se retirer. Elle fut remplacée piir M"* Storell, qui
fut bien accueillie dans Lakmè.
lMv?
LF THEATRE A NANTES
On rt^prit Hévodiadr, avec le tableau cl«' la chambre d'Hérod»', ajoiil*^ par
Masseiiet dopuis la j)iomi«;ro représoiitation à Nantes.
Mri fait de nouvelles opérettes, on donna Mam' selle C renom, ïa. liéarnaixe
ri Surcouf. On joua aussi, avfc un vif succès, un ballet. Afi/oftotix et
J^rimerère. àù à la eollaboration dedeux df nos enn.itoM-ns \I\Î. (irinptin-
pour le scénario et Boiscbot, pour la musique.
Marthe Duvivier, Houdourcsque. Bérardi ri Kurst vinrent en repré-
>fntations.
Tournées: les Supriaes du Dinirci'. J*ëjia, Hof/erla Honte, le I^arjum,
Martyre, la Sécuriié des Familles, Froufrou, les Femmes Nemennes. le
J)('pif Amoureux, la Portouse d'' Pain (Agarl.
M. i-'oïK'Viii lui reiioiuiut' direi'iriir ijour l"auiit'»* IHHJ l.v,»". iJcii»-- second»-
noniinatiou ne fut pas accueillie avec autant de satisfaction que la première
|)ar le public, Poitevin directeur, à tort ou raison, s'était fait beaucoup
<l'enneniis, s'était aliéné bien des sympathies. 11 acheva de mécontenter toui<'
une catégorie de spectateurs, en remettant à prix entier les matinées de la
Renaissance, que M. Paravey avait eu l'idée de donner à moitié prix. Enfin,
il irrita différentes Sociétés de la ville en interdi.sant formellement à tous le-
artistes de leur prêter un concours quelconque. Jamais directeur n'avait
eiioore pris une telle mesuic.
SAISON 1889-1890
A. POITEVIN, Directeur
A. liKvv, chef d'ori-lieslro. l.fOii Di Jloi-. deuxième cluf d'oi-fliestre.
Lachhm'. réiiisseur.
MM. Iii;sri:i.LiKR, fort It-aoi'.
(ioiKOEL, ténor léptef.
Kkhrikres, deuxième tenoi- lfi;t'i
Fi.KURix, troisième tèiinr.
ST.V.MLER, baryton de ^rand opéia.
Dia.vovE, baryton d'opéia-cnmi(|ue.
t'.irAVAROcm:. basse noble.
Dksmets, basse eiiantante.
I.MJHENT, deuxirmo Ims.se.
MoRDF.T. trial.
Mklimuje, lamelle.
«ii'.A.S Iroi.siùnie basse.
M"'" Lwn.i.i; l-'EHXii.xKr. faU-on.
Marie (i.vnniKi., première ehanlouM-
l.-fjère.
OiiKitiN. deuxième chanteu.sc lé-
gère.
Dn.i AV-LANn.i.E, Contralto.
l'i.vNTiN. dugazon.
Mvupiv. deuxième duga/on.
i'iii.Miai. duègne.
BALLET
MM. KuLN, maître «le ballttl.
Dklaim.ie, danseur oomiqun.
Mm" r,élin<' ItoziEii, première danseuse.
Hoix. deuxième danseus«\
M. Buziau qui, depuis quinzt^ ans, tenait de la fa«;on la plus distinguée et
la plus artistique le bâton de chef d'orchestre, prit sa i^traite cotte année la.
Lt> maire (înibourd qui, pendant quatre ans qu'il rest;\ au pouvoir.
I.ÉON 1)1. H'JIS — M""' LAVILLE-FERMINET 2-IM
it'Mioipçii.i loiiJKiirs le }j1ii> pr'»f(Uiil iiupris [)()ur ' ••> arii-iiqiifN, m* v
donna |>as la ijcine ilo donner à Biiziaii un - ir di;jn«* de lui. Il
prit !•• priMnier venu qui se prrs<»nui, un r:ertain M. Abraham Lévv qui,
jusque-là, u'avait pu se fixer nulle part. Notre malheureux orchestre, entre
les mains de cet homme, dont le seul tdent consistait a Kesliculer d'un»*
façon désordonnée, ixMielila bien vile. Un seul trait suffira a démontrer lu
valeur du chef auquel l'insouciance de M. Guil)Ourd conHa un orchestre qui
comptait, alor>«. parmi les meilleurs de province et qm, au bout de quelque»
mois, fut coinpU'tem'MJt désorgariisé. Pendant l'été, M. Lévy installait "«ur h-
Cours Cambronne un concert en plein vent, où il dirigeait des polkas de
barrières et accompagnait des chansons idiotes et môme phornographiques.
dégoisées par des chauti'urs et chanteuses de quinzième ordre. Après l«*s
Solié cl le^ Bn/iau, il était périible de voir oecu|)er le fauteuil de premier
chef d'orchestre par M. l.é\\ 1^
Par contre, comme second chef, iy>us eûmes, |H>ndant celte saison, un
miisicieii de premier ordre. M. Léon Pu ]<oi«., gran^ ))rix de Rom»* du
(Conservatoire de Bruxelles. pnMuier prix de violon, prix de piano, premier
prix d'orgue. Compositeur d'un mérite reconnu, théoricien digne de succé-
der à l'cvcellcnf harmoniste Bu/iau.il accepta ce» foulions secondaires pour
se familiariser avct* le répertoire. Kn quittant Nante.s, il alla à la .Monnaie
de Bruxelles, où il fut s|M''cialeuicn'. chargé des éludes des œuvres wagné-
riennes dont il possède une connaissance approfondie. Il est, aujourd'hui,
directeur du Conservatoire de I.ouvain.
La troupe était incontestablement dv' beaucoup siij)érieure à la |)récédente.
M. Lestellior comptait parmi les meilleur^ ténors de province... et les plus
chers. La voix était belle, un peu sèche pourtant, mais d'une sûreté extra
ordinaire. Cet artiste, qui a\ait chanté longtempsen Italie, y avait contracté
dos habitudes déplorables dont il ne voulait pas se défaire : abus des |)Oints-
d'orgue, des ports de voix, des oppositions He pm/io et /orfe, des ration
tenrfi. Grâce a lui, un opéra durait dix minutes de plus. Nf"»* Laville-
Ferminet était une cantatrice de tout premier ordre. Quoi<|u'elle ne fut plus
de la première jeunesse, elle avait conservé uncétonnanle fraîcheur d'organe.
Sa voix était d'une homogénéité parfaite, d'un timbre sym|)aihique. d'une
étendue remarquable. Elle possédait, en outre, un très l>eau talent de conié
dienne. Comme M™*" Fouquct et Couturier, M"« I^ville .aborda à Nantes
tous les rôles du répertoire. C'est ainsi qu'elle chanta Faust, \ornui.
Carmen, Charte» VI. Dans ce dernier opéra, elle fit une Odette ri'uiarqua-
ble. Norma aussi ét;iit l'un de ses meilleurs nMes. Mais la reprise de l'opéra
de Bellini, qui n'avait pas été j«)ué depuis de longues années, n'attira p«'r-
sonne au Théâtre. M. Chavaroche avait une magnifique \<iix de Uasse.
M. Claverie. qui vint rempla»*er M Staiuler,éi;iit un baryton de grand style.
2'11 LE THÉÂTRE A NANTES
un chanteur consommr. M"- Gabriel ne plut pas et fut remplacé
par M"» Storell, qui ne retrouva pas son succès de la fin de l'année
précédente. M"" VVIlhera vint lui succéder. Cette artiste avait toujours
sa jolie voix, mais elle était est resiée l'artiste insipide et insuffisante que
nous avions connue jadis. M. Goffocl résilia ainsi que M'"''» Duguay Laville
et FoUemer. Le premier fut remplacé par M. Déo, jeune artiste doué d'une
jolie voix; la seconde par M""" (lollin, qui avait autrefois échoué comme
falcon et qui, cette fois-ci, ne plut pas d'avantage ; elle céda la place à une
cliantcusc de talent, M"°Gérald, que l'organe trahissait parfois. M^'Echaud,
ex-artiste de Riquiqui, succéda à M™® FoUemer. Ceci était, tout bonnement,
un comble.
Les trois premiers mois se passèrent cahin-caha. Les représentations
étaient peu suivies ; l'Exposition qui venait d'avoir lieu avait un peu écorné
toutes les bourses; déplus Poitevin s'entêtait à vouloir, celte année, vivre sur
le vieux répertoire. Ce n'était pas la manière d'amener du monde au
Théâtre. Survint l'épidémie d'injtucnza : a plusieurs reprises on dut faire
relâche. Les artistes non payés se réunirent; M. Poitevin arriva une fois à
conjurer l'orage. Mais, quelques jours plus tard, voyant qu'il ne pouvait
sortir d'une situation oij les circonstances, mais aussi de nombreuses mala-
dresses l'avaient jeté, il prit le parti de dépo.ser son bilan. Le Théâtre ferma
le 9 janvier. Les artistes proposèrent à la Ville de se mettre en Société. Us
demandaient, cependant, que la mairie leur abandonnât le cautionnement de
15,000 francs de ^L Poitevin et les déchargeât de l'obligation de donner
deux opéras nouveaux. La municipalité accueillit leur demande. Après une
douzaine de jours d'interruption, nos Théâtres rouvrirent. MM.Lestellier.
Roux et Mordet avaient été choisis comme administrateurs. Le malheureux
Poitevin quitta Nantes et reprit son emploi de basse chantante, qu'il aurait
mieux fait de conserver. Pendant ses directions, il avait commis bien des
fautes qu'il aurait pu éviter. Quoi qu'il en soit, on doit lui conserver un bon
souvenir. C'est lui qui a monté Sigurd et qui l'a bien monté. Son nom
resterai Graslin attaché à cette belle œuvre que les Nantais, grâce à lui,
peuvent applaudir désormais.
Les artistes réunis firent venir M"® Thèves pour suppléer dans l'opérette
M"i« Plantin.
M'"° Bouland vint en février donner trois représentations : Les Dragons
de Villars, Carmen, le Maître de Chapelle. La Société empocha des
recettes fabuleuses. La charmante artiste fut accueillie avec un enthousiasme
indescriptible. Carmen, qu'elle jouait avec un t^ilenttout à fait remarquable,
et qu'elle n'avait pas encore chanté à Nantes, lui valut un succès mérité. Sa
dernière représentation eut lieu à la Renaissance, dans l'opéra de Bizet, en
matinée. Le Comité de la Presse avait fait appel à M'"" Bouland et lui
M"" BOULAND 245
avait demandé de pièfer son eoneoiu.> .m >j*«-i;i.ic i.- .^u n or;_Miiisait au l>én»'*-
fice des artistes des Variétrs,* eux aussi en dé«onfiluie. Lîi recette fut
superbe; clic dépassa 1,0()() francs. M™'- Bouland rer;ul des ovations sans
fin. Couronnes, palmes, cadeaux, lui furent offerts en rmml>re contidérable
pendant ces trois soirées triompliiles. I.e (^omili' delà Presse lui envo\ a sur
la scène niônje une ma^^nifique statuette, véritable œuvre d'art.
Mme Bouland conservera longtemps le souvenir de cette semaine.
La lifranrhe de Sfjanarelle, o|x';ra comique en un acte, de Léon Du
Bois, où les biillanles qualités de ce musicien di.stintrué purent ctrc .ippré
ciées, une fois de plus, fut jouée en avril.
On représenta aussi deux nouveaux ballets: l'un l'iermi tturprig, livret
de M. Thomas Maisonneuve, musique de M. David, l'autre Ma Afie ta
Lune, deM. Paolo (A. Dacltmann) musique de M. Silvani. Le public fit
bon accueil à ces deux œuvres, fiolamment à la derni»>re, qui est charmante
en tous points. M. Roux régla ces ballets avec un grand talent. Dans le
premier, qui exige une figuration considérable, il se surpassa. M""' Kozier. une
danseuse de mérite qui avait succédé à M™* r*armigiani, et M""» Roux rem
portèrent aussi dans ces ballets un vif succès. On monta encore, pendant
cette saison qui fut des plus ternes, (iiUette de Xarhonne. Signalons aussi
une curieuse représentation de la Fitlr de Madame Angot, interpréii'*»' par
tous les artistes d'opéra, Lestellier et M"** I^ville-Ferminet en tète.
Nî'"" Montbazon et Moudouresque vinrent en représentations.
Tournées: licUe Maman (.Maiie Kolb), VAhbé Constantin, le Ftacn^ 117,
les Faux Jionshommes. les Danichi'ff, les Misvrables, Ffu Toupinf!. Mar
got (Marie Kolb), Belle Maman, les Femmes Nerreu«e> .
pendant les mois d'été de ces deux campagnes, la \ illc lit repeindre
dilférenls décors, du Prufihitr. il,- l:i Juin- et dc>; !finnirn,,t< lU ..Il
avaient besoin.
41
vil
LES TROIS DIRECTIONS MORVAND
.189(J — 189:{
Ih'rarience du OrantlThéfîtrf.-- Rucognani. — Clatfrie. — .V-« Larille Ferminel.
hO^* Salambinni. — I,a Masocht^. — Lohingriti. — Rei>ri'S''ntations srandaleut^i.
M" I/'matteSrhtrfy^r. — Mondnud. — A/— Mtin'lnnttPannerntt.
Marifiirritr Saint iMurenl. — Sainson cl Dalila. — !/« Hi^vr.
NN'erthfT. — Mi->< KpIv.ii. _ Rourgeoi' — !■'"••'• •*"».•
K maire (iuil»()ur(I, cloiil les connaissancos en mafirrc théâtrale
étaient absolument nulles, choisit comme dirorteur un certain
<\' M. Melon, dit Morvand, ex-artiste de comédie sans grande
^£3;J valeur qui, après avoir dirigé un nombre considérable de
scènes infimes, Agen, Valenciennes. Cherbourg, etc., etc., venait, en dernier
lieu, de Lille.
M. Morvand demanda en vain une augmentation de subvention et la
suppression du cirque. La Ville se décida pourtant à lui donner, de fait,
une légère compensation en lui concédant la direction dés le l'f mai et en
le mettant a même de profiter ainsi du produit des trouix's de passage
j)endant les mois d'été.
Les pièces suivantes furent jouées durant cette jWriode : Jm Lutte pour la
rie (M"" Favarl), Les Cliemins de fer^ Le Chapeau de paille d'Italie
(Lassouche), La Vie à deux. Le» Trois Epiciers (Baron), Le» Jacobites
(M"'" Segond-Wel)er). Tout /en. Tout Jtamme, Ménages Parisiens (Bras-
seur).
Pendant le mois de septembre. NL Morvand loua le Grand-Théâtre a
NL Baduel, qui l'exploita ave<- une troupe de comédie où figuraient
\jiifi Favart et une charmante ingénue, toute fraîche émoulue du Conser-
vatoire, M"* Carlix. Kntre autres pièces, on joua un drame intéressant de
notre confrère M. Edouard d'Aubram : Mary Roucière.
24H
LE THÉÂTRE A NANTES
SA ISO N 1 890- 1891
J. MORVAND, Directeur
Abraliam Lftvv, chef d'orcheslre. — Tiiaon, deuxième chef d'orchestre.
Keraln Ghkv.mkr, rt-gisseur général.
MM. l'.roufiNAM, fort tfrior.
IH;ii. lenor lé^er.
MiAXcosi. douxiénie lônor.
Soi.AS, troisirine tt'iior.
('■i.AVERii;, baryton de grand opéra.
Lkhkeion, baryton d'opiracomiciUH.
Athks, bassp noble.
Darmant, basse • banlaDte.
S^min CiiKVAi.rRR, den.xit'-me ba.ssp.
Baron, Irial.
DoNVAi,, lai uetle.
M'"" LAVBLUi-KKRMiNKT, falcon.
SAi.AMRfAxi, première chanteuse lê-
Xéro.
FiNCKEN, deuxième chanteuse légère.
d'Alka, conlraiti».
Demoumn, dugazon.
Romain, deuxit^me duga/on.
Dkohakk. duègne.
BALLKT
M"'" Hknnicoart, nudtr«sso df ballet.
pAHMKiiANi, première danseuse.
Clain; Ory, deuxième danseu;:».
Biicognaiii, peiidanl son iinnéo d'absence, avait fait de sensibles progrès.
On revit aussi avec plaisir le baryton Claverie et M"" Laville-Ferminet,
dont le boau talent avait t'ié si a|)[)récié pendant la campagne précédente,
l'arnli les nouxeaiix artistes, je ne vois guère à citer que M"" Salanibiani.
chanteuse légère distinguée, mais comédienne d'une froideur exagérée, ot
\Iiif d'Alfa, une contralto géante, douée d'une as.sez belle voix, mais pleine
d'inexpérien?e. Cette artiste, à la suite de certains faits que je narrerai
plus tard, ne devait pas rester à Mantes. Le reste de la troupe ne sortait pas
de la médiocrité. MM. Déo, Darmant et M"'" Demoulin, mal accueilHs par
le public, furent résiliés par M. Morvand. Ils furent remplacés, le premier
j)ar M. Mailland. un t(''nor connaissant le métier, mais tiès fatigué, et le
second |)ar une de nos anciennes connaissances. M. Olive Roger, un artiste
des plus corrects. Quant à M"*^ Guyot, qui remphi»;a M"* Demoulin, autant
elle était mauvaise dans l'opéra, autant dans l'opérette elle était charmante.
Vue reprise dé Paul et Virginie, le fastidieux opéra de Massé, n'eut
aucun succès. La première nouveauté fut une opérette assez médiocre
d'.Audran : l.n Cir/ale et la Fourmi, où M"'' Guyot se fit applaudir.
.'.a liofioi-Iie, le joli opéra comique de Ntessager, fut joué le 13 janvier IHîM.
Insuccès complet. Cette chute, d'ailleurs, était facile à prévoir. L'œuvre
avait été à peine travaillée ; déplus, M. Morvand en avait distribué les
rôles de la fa(.on suivante : Marot (baryton), M. Mailland (ténor) ; Longue
V die (basse chantante), M. Sernin (régisseur) ; Marie d'Angleterre (ehan
teuse légère), M"" (iuyot (dugazon) ; Colette (dugazon). M"" Salambiani
(c.hanttnise légère). C'était, comme on le voit, de la haute fantaisie. On peut
juger, d'après cela, des prooé iés artistiques de Tétonnant directeur que la
municipalité Guihourd devait, pendant trois années, infliger à Nantes.
tOllENGRIN 249
La vive (janipap;ne de prrsae que je menais, depuis longtemps, avec
quelqu(,'s ann's, pour fairt* jouer à Nantes Lohenfirin, avait fini par porter
ses fruits, et le public témoignait liaulement de son désir de connaître enfin
l'opéra de Wagner. M. Morvand, en prenant la direction, annonça qu'il
jouerait le chef d'œuvre demandé. Il devait être le preii»ier «lirecteur à
risquer la partie en France, et il annou»,ait, bien haut, qu'il allait acln-ter à
M. Lamoureux le superbe matériel avant servi à l'unique représentation
de riidcn. Ces belles promesses ne devaient pas être tenues. Non seulement
M. Morvand se laissa distancer par Uouen, mais il joua le clief-d'«i'uvre de
Wagner avec une piteuse mise en scën»*. L'annonce des répétitions de
Lofirnf/rin suscita de nombreuses i)olémiques, et la ville se partagea en
deux camps. Disons, pourtant, que les adversaires de l'œuvre n'étaient guère
nombreux. L'opposition se borna siinj>U'mrnt a qUfl(|Uf.«> artick-s anli-
NNagnériens parus dans V L'nion lirctonne et le S'nnift-Moiuimn, à de
nombreuses lettres injurieuses et naturellement anonymes qui me furent
adressées et à plusieurs ajliehes couvertes de boue.
La première représentation eut lieu le samedi 21 février 18*.>l, devant une
^all»' magnifi<)ue. Ce fut un triomphe immense, ineoni.'stable. La soirA- se
passa truiu|uil!ement, sans aucune protestation. Bucognani retrouva dans
I.olionffrin^ son grand succès de Siffurd. Il chanta, avec une voix superbe
mais sans aucun style, le rôle du Chev;ilier au Cygne, ('laverie tint aviT son
talent habituel le rùle de Telranumd. M. .Vthès ne donna aurun relief à
celui d'Henri L'Oiseleur, et M. Roger fut très correct dans celui «lu héraut.
Les rôles du répertoire moderne «'onvenaient généralement moins bien <|ue
ceux de l'ancien n'-perloirc au genre de t lient de Mme Laville-Ferminet.
L'excellente artiste remplit fort convenablement sans doute le rôle d'Klsa,
néanmoins, elle n'en tira pas tout le parti désirable. Mlle d'Alfa, en Ortrude,
fut d'une comjdète métliocrité. L'orcho»5lre, mal dirigé par son chef Lévy,
joua cette merveilleuse partition de la fa«.'on la plus terne, la plus molle. Les
choMus furent mauvais. Quant •• la niise en scène, elle dépass^iit les bornes
du grotesque. M. Morvand n'avait fait aucun décor, et toutes ses l»elles pro-
messes aboutissaient à présenter I.nht'nf/rin au puMicdans des toiles d'Ham-
let, du CifL et de Mit/non. Jamais (euvre n'avait été donnée encore à
Nantes, dans d'aussi pitoyable» conditions, jamais un directeur n'avait
encore eu le toupet de violer d'une façon aussi flagrante l'article X\ du cahier
des charges. Mais tout cela n'était rien à côté des mutilations «juc le m ilhetj-
reux Lohrnf/rin allait bientôt subir.
Dans le courant de mars^MlIc Juliette Jœger, dite d'Alfa, contrilto, fut
cueillie par la poli»e et expéditV à Paris, afin de comparaître devant la
sixième chambre pour avoir inculqut^ à sa jeune steur les premier^ princip«».s
d'un art quelque pou étranger a la nuisique. M. Morvand lit \enir pour la
250 LE TfléATKR A NANTES
remplacer une de nos anciennes connaissances, Mme Delprato, qui chanta
deux fois et partit aussitôt. La campagne s'acheva sans contralto et le rôle
d'Ortrude, de Lohencjrin, fut confié à. . . la seconde chanteuse légère ! ! ! ! !
L'œuvre de Wagner fut alors déchiquetée. On fit dans le duo des deux
femmes des coupures vraiment sacrilèges ; enfin, pour économiser les frais
d'instrumentistes supplémentaires, M. Morvand, de complicité avec le chef
d'orchestre Lévy, supprima toute la musique de scène du deuxième acte.
Malgré tout, Lohengvin, continua à attirer la foule. Mais tous les amis de
l'Art furent unanimes à déclarer qu'ils eussent cent fois mieux aimé qu'on
ne jouât pas Lohcnrjvin que de le voir massacrer d'une farjon aussi inique.
Au mois d'avril, Mlle Salambiani et M. Mailland qui, parait-il, n'étaient
engagés que pour six mois, quittèrent Nantes. M. Morvand en profita pour
faire une nouvelle économie, toujours en violation du cahier des charges, et
il acheva la saison sans chanteuse légère et sans ténor léger à demeure. Il fit
venir Mme Dercims, qui parut une fois dans Hamlet, et laissa à tous ses
anciens admirateurs la plus complète désillusion. Mme Mailly- Fontaine, que
nous avions connue, jadis, deuxième dugazon sous le nom de Maillet et le
*énor Cornubert qui vinrent ensuite, chantèrent, la première, deux fois, et
le second, une.
Pendant cette saison, le Théâtre Graslin joua trois œuvres dues à la plume
do quatre de nos concitoyens: Chanson du soir, de M. Thomas Maison-
neuve; Les Conscrits de Jagenne, ballet de M. Bollaërt; enfin, un joli
petit opéra-comique : Le Coq de Sot/ric/ni/, paroles de M. Gringoire, mu-
sique de M. Boischot.
Tournées : Gentil Bernard (Jane May), Paris fin de siècle, Le Pompier
de Justine, L' Artésienne, Les Premières Armes de Richelieu (Jeanne Granier
et Marie Kolb), Hanilet (Mounet-Sully), Henri III (P. Deshayes), Madame
Mongodin, V Obstacle, Ferdinand le Noceur, Le Misanthrope (VVorms),
Lee Joies de la Paternité, Musotte (Minie Ko\b). Le Régiment, Un Prijc
Monthi/on, Le Juif Errant (Dumaine, Taillade, Lacressonnière), Les Faur
lions/iommes, LWrt de tromper les Femmes (Marie Kolb), Un Troupirr
rjui suit les Bonnes (Lassouche), Mademoiselle de la Seiglière (Coquelin
et Madame Favart).
Pendant le mois do septembre 1891, une troupe de comédie, où figuraient
M. Abel et Mme Harris, desservit nos Théâtres.
Artistes on représentation. — Mmes Jeanne Fouquct, Krauss, Richard.
Baldo; ot M. Paulus.
* *
Après une saison aussi déplorable, il était du devoir de la Municipalité do
congédier au plus vite M. Morvand. Le maire Guibourd, avec son incompô-
tonco ordinaire, non seulement redonna la direction audit /mpressario. mais
L OUEST-ARTISTE — MONDALD
2Ô1
enleva, sur sa demaiid»*, du cahier des charges, la claus»' conc^Tuanl l'obli-
prationfaiteaudirecteurd'avoiruue troupe d'ojiéraet une autre d'opéra-comique.
(>ette suppression était un*' faute énorme au point de vue artitisque, car sans
utistes d'opéra-comique, il est impossible d'avoir un bon ensemble musical,
surtout quand on a affaire à un directeur aus.si... lésinier que M. Morvaiid,
Par le fait mî-me de l'économie d'un premier ténor léger et d'une première
ilianteuse légère, économie que l'on peut, au plus bas mot, évaluer à 35.ÛU0
francs, la subvention se trouvait augmentée, d'une façon indirecte, soit, mais
qui n'en étiiit pas moins réelle. Jusqu'alors aucun directeur n'avait été à
Nantes aussi privilégié que M. .Morvand Dieu sait pourtant s'il méritait cette
faveur I! Devant de pareils avantages donnés à un homme qui, pourtant,
n'avait absolument rien fait de bien pendant sa première année de gestion, le
public était en droit d'e.xiger beaucoup. Un verra tout à l'heure s'il eut lieu
I l'être satisfait de la seconde direction Morvand.
Au commencement de la saison, la rédaction entière de Nantes Lyrifjue,
viiulant conserver, comme par le passé, la plus complète indépendance
l'Mvers le directeur du Théâtre, envoya sa démission à M. Léon Rénier, pro-
priétaire du jou.nal. Quelque temps après, tous les rédacteurs se trouvaient
réunis de nouveau, avec l'auteur de ce volume, comme rédacteur en chef, a
l'ancienne Gazette Ariiatique, qui augmenta considérablement son format et
prit alors» le titre de L'Ouest- Artiste.
SAISON 1891-1892
J. MORVAND, Directeur
Abraham Lévv, clief d'orchestre.— LBy&iTRE, dtaxième chef d'orchestre.
IsA^Ac, régisceur général.
MM. Bu«:ooNA.M, fort ténor.
l'.ouTELLiKR. deuxioiiie li'iior.
MosDAUD, baryton d'op«'i-a.
Makis, baryton d'oix-rotte.
LouYRETTE, basse noblo.
D\HTHh^s. basso chantante.
Larcher. deuxième basse.
MoRDET. trial.
Ducos. luaruettd,
RoiLviN. deuxit'me trial.
TiYON, Iroi.siènio ténor.
Faber, troisième basse.
M"" I.ematte-schweyer. falcon.
Zevort. contralto.
I rr. >i x-BLREL, chanteuse légère.
\i "K, dagazon.
Saixt-laurext, chanteuse d'opérette.
DEaRAEF-AUEL, duègne.
KoMAiN, deuxième dugazon.
B.KLLET
M—' Hknxec vRT, maîtresse.
DiNAM l'oRRo. pronuère danseu'*»».
Claire ory, deuxième danseuse.
Cette troupe, dans son ensemble, ne valait guère mieu.x que la précé
dente. Quelques artistes méritent, néanmoins, une mention particulière.
Parmi ceux-là le baryton Mondaud doii être cité en première ligne. Doué
d'une jolie voix qu'il maniait avec art, .M. .Mondaud po>sèdaitdeplus un très
remarquable t;ilent de comédien. Son succès dans liamlet fut considérable.
252 LE THÉÂTRE A NANTES
M'"* Lt'iniiiK' .Srliur}fi . (lUf iiini-.i\ i>Mi- 1.' mi il uc jadis sous la seconde direc-
tion Solié. nous roviiit on pleine possession d'un fort beau tilent. Elle fut
tri's applauilie pendant tonte la saison. Signalons encore la chanteuse
d'oprrt'tli.', M'"" Saint Laurent, une comédienne péiillanie d'esprit, qui
devint bientôt la favorite du public. L'amusant Mordet retrouva aussi la
faveur des amateurs d'opérette. M^L Darthès, Mari>, M"" Zévort ne réussi-
ront pas et M. Morvand se décida à les remplacer, le premier par un débu-
tant, M. Combes-Mosnard, qui fut sup|)léé ensui'e, pendant quelque temp>
par M. Bladviel, autre débutant ; le second par un certain M. Freische, tjui
ne tarda pas à partir et dont la succession fut recueillie, sans que la muni
cipalité fit la moindre observation, par. . . M. Maris ; enfin, la troisième par
M™" lienatli, ex-chanteuse d'opérette, n'ayant que le titre de commun avec
une contralto. Le second ténor Coutellier ne brillant pas dans l'opérette, un
ténor spécialement afïecté à ce genre fut engagé par M. Morvand. Cet
artiste, M. Lary, fut vivement apprécié. La femme du baryton. M"*» Mon-
diud-Panseron, avait été primitivement engagée comme chanteuse légère,
mais un ••tat de grossesse avancée la força à résilier. Cependant cette canta-
trice, douée d'une voix un peu menue, mais d'un joli timbre, et
j)Ossédant un très réel talent, parut avec un vif sueeès plusieurs fois sur
notre scène.
Celte saison, malgré les quelques bons éléments que pos.sédait la troupe,
fut déplorable au point de vue artistique. M. Morvand sacrifiait tout à
l'opérette, tjuant à l'opéra il allait comme il pouvait. C'est ainsi qu'on
joua darmen en supprimant, — chose à peine croyable, — le chœur des
gimins! ! Sigurd et Lohenr/rin furent repris sans qu'on se donnât la peine
de les répéter d'une façon convenable. Les représentations de l'œuvre de
Wagner furent encore plus scandaleuses que celles de l'année précédente.
Je citerai quelques coupures pour montrer les manières d'agir du directeur
Morvand et du chef d'orchestre Abraham Lévy. La partition de Lohengrin
fut dépecée par eux avec un sans gcMie extraordinaire. Au premier acte, ils
supprimèrent le superbe chœur qui précède l'arrivée du cygne; au second
acte, sans parler d'importantes suppressions dans le duo d'Ortrude et de
Frédéric et dans celui d'Ortrude et d'Eisa, ils coupèrent toute la poétique
scène du lever du jour, afi,n d'économiser des trompettes supplémentaires ;
de plus, ils déchiquetèrent d'une odieuse façon la marche religieuse; enfin,
au dernier tableau, ils bifîèrent impitoyablement la grande scène si vivante
et si animée par laquelle il débute. En résumé, Lohengrin, avec toutes les
coupures indiquées sur la partition d'orchestre, par les éditeurs, se joue en
trois heures, .sans compter les entr'àctes. -\ Nantes, Abraham Lévy et
NL Morvand |)arvinrent à le jouer, entr'àctes compris, en deux heures et
demie, c'est-à-dire avec plus de rapidité que la moindre opérette. Après
cela, on peut tirer l'échelle.
SAMSON f-rr I»ALILA — LE Rftvj: 2ÔJ
A/if<s //,'lf/ett, l'ain usante opérctto d'Audran, remporta un immense
succès. Le r<M(; d'HcHyctt fut chanté d'abord par M'** A^'». cn^' ia-
Icraent, puis par M"* de H6riot, une cliannante actrice d- ..ios-
l'arisiens. M""" Saint-Lauicnt. dans le rftle de l'Espagnole, qu'elle avait
cr<^é :i Paris, fut vivement apprt'ciée elle aussi. Mordel était excellent dans
le rôle du clergyman. Le reste de l'interprétation, confié à MM. Lary et
Maris, à M™" Auge, Degracf et Romain, était excellent. M. .Morvand avait
apporté tous ses soins à bien monter cette partilionnette, qui refendait
a son idéal artistique et grâce à laquelle il empocha quelques bons billets
de mille.
La première grande nouveauté de la saison fut Sanmon et Dalila, joué
le jeudi 18 février 1892. Le chef d'œuvrc de Camille Saint-Saëns était
sacrifié d'avance. Pour celte œuvre, il est nécessaire avant tout d'avoir une
Dalila. Or, M™" Bénatti, cxchanteusc d'oi>érette, était absolument insufli-
sanUî pour remplir ce rôle, l'un des plus lourds du répertoire. 11 fallait toute
l'ignorance musicale de M. Morvand pour avoir la pensée de confier Dalila
à une interprcte qui n'avait pour elle que sa bonne volonté. Bucognani
chanta Samson d'une manière assez heureuse. M. Mondaud tint avec une
belle autorité le rôle du grand-prétre. La jolie Claire Ory fut fort applau-
die dans le ballet. Les autres rôles, confiés à MM. Louyrette et Combes-
Ménard, étaient tenus convenablement. Les chœurs furent détestables.
Quant à l'orchestre, il i)rouva, une fois de plus, à quel point il était tombé
entre les mains de son chef, Abraham Lévy. La mise en .scène, la figuration
étaient absolument grotesques. Par contre, les décors, constatons-le, étaient
très beaux. M. Morvand avait daigné faire brosser ceux des .second et troi-
sième actes. L'écroulement du temple ét;iit vraiment très réussi. Dans de
pareilles conditions d'interprétation de la part du principal rôle, de l'or-
cheslre et des chœurs, comment s'étonner du peu d'empressement
que mit le publie à venir entendre Samson et Dalila'V}
Une autre be)le œuvre, le Rèce, d'Alfred Bruneau, ne devait pas être plus
favorisée. Cette partition extrêmement diflicile demandait de longues études
Selon son habitude détestable, M. Morvand les hdta. Quand le com-
positeur arriva à Nantes pour les dernières répétitions, il trouva .son ouvrage
à peine su. Plusieurs fois Bruneau fut sur le point de reprendre le train ;
cependant il se contint, et il eut raison. Il put ainsi diriger son drame, ce
qui valait mieux que de le laisser livré, le soir de la première, aux mains ou
plutôt aux bras de M. Lévy. Le lièce se joua le mardi 12 mars isy2. L'au-
teur fut plusieurs fois acclamé par une salle vivement émotionnée par la
sincérité et la beauté de cette partition, dont l'école française est justemeut
fière, car elle est un pur, un admirable chef-d'œuvre. M. Mondaud fit une
supcrbo création du rôle de l'évéque. 11 le chanta et le joua en artiste con-
42
254 l.li TIIKATKE A NANTES
.soiiiiiiù. Le rôle «Je Félicien ije co:ivenaii pus aux moyens de Bucogimni,
qui s'y mollira ries plu» iiiédiocre. Musicienne et ehaiileuse accomplie,
M"' Mondaud-Panseron eût été une parfaite Angélique sans la ténuité de
son organe. M. Combes-Ménard et M"" Bénatti tinrent les rôles d'Hubert
et d'ilubertine d'une façon vraiment remarquable. M. Morvand joua le
Rôve dans des décors en loques. D'ailleurs, de môme que Samson et
Dalila, cet ouvrage n'avait été monté que pour obtempérer au cahier des
charges et, dès la troisième représentation, il fut retiré de l'affiche rour céder
la place à quelque opérette sans valeur.
A la fin d'avril, M™" Bouland revint voir ses amis nantais. Inutile de
dire quel accueil enthousiaste on lui fit dans Carmen et /osép/jm« tendue par
ses Sœurs. M"" Vaillant-Couturier vint aussi chanter Faus^ L'annonce de
la venue de la charmante artiste suffit à faire une salle comble à la Renais-
sance.
Pendant cette saison, on joua encore deux mauvaises opérettes : L'Oncle
Cèlent in et V Amour mouillé et l'on reprit la Grande Duchesse et la
Belle Hélène, ainsi que le Cid, qui n'avait pas été joué depuis la première
directi-on Paravey On représenta aussi un charmant petit opéra comique
inédit: le Maître à chanter, de M. Martin de Witkowski, et un opéra
en un acte, pompeusement qualifié de drame lyrique : Rosaline, de
M. Râteau.
La basse Isnardon vint en représentation. Une élève de notre Conserva-
toire, M^'" Elvéda Boyer, douée d'une voix fort sympathique, parut pour
la première fois, sur la scène dans Mignon et obtint un certain succès.
L'électricité fut, pendant cette saison, installée à Graslin. L'inauguration
du nouvel éclairage eut lieu le 2G décembre 1801, avec Sigurd.
Tournées : Charlotte Corday ; le Testament de César Girodot; Ma
Cousine ; Monsieur l'Abbé ; l'Enfant Prodigue (ces trois pièces avec
Marie Kolb). Ma Gouce mante ; Blanchette ; Leurs Filles ; Tante Leontine;
l'Ecole des Veufs ; les Maris de leurs Filles ; la Dupe, les Revenants ; la
Puissance des Ténèbres (ces huit pièces avec M. Antoine et la troupe du
Théâtre-Libre). La Mégère apprivoisée (Coquelin) ; la famille Pont-
Biquet ; Feu Toupinel ; la Cagnotte (Brasseur).
•
* *
M. Morvand ayant déclaré, qu'à tout prix, il ne resterait pas une troisième
année à Nantes, la direction des Théâtres fut déclarée vacante. Plusieurs
postulants se présentèrent, entre autres M. Castex, qui devait, l'année sui-
vante, décrocher la timbale. Peu â peu, 'cependant, tous les candidats se reti-
rèrent, à la suite d'avis prétendus charitables. Le temps s'avançait et la
Ville commençait â ôtre très ennuyée, lorsque M. Morvand réapparut eu
sauveur. Cédant aux sollicitations de M.Guibourd, il consentit — le pauvre
DIRECTION MORVAND 255
homme! — à se sacrifier et à conserver une troi<i«iiit' ,inn<r' i:i <iirc'iioFi.
En retour, M. le M;iire de N:intes lui laissait la liberlc* de remanier, à son
gré, le cahier des charges, M. Morvand, comme on va le voir, se montra
d'une discrétion qu'on ne saurait trop louer. Il se rontenta, seulement, de
réduire à six mois la saison d'opér.i et d'effacer du cahier des charges la
clause concernant l'obligation de; monter deux œuvres nouvelles. Tant qu'il
y était, M. Morvand aurait pu exiger davantage ; son bon ami Guilwurd
aurait immédiatement opiné du bonnet. Le Maire de Nantes n'a t-il pas
été jusqu'à faire voter, dans la séance du 12 avril IS'Ji, par un Conseil tout
à sa dévotion, un crédit pour acheter les décors de Lohengrin. Or, aucun
décor n'avait été fait pour cette œuvre. Dans la même séance, on voti aussi
l'achat des décors de Samson et DalUa. Pour ceux-là rien à dire, mais
acheter à M. Morvand des décors qui n'ont Jamais exi.ftr, voilà ce qu'on
peut appeler un comble ! !
J'ai déjà dit, à propos du cahier des charges de l'année précr«lente, que
la suppression de l'opéra comique équivalait à une augmentation de
35, 000 francs. Avec la réduction de la campagne lyrique à six mois, on peut
affirmer hardiment que la subvention accordée par la municipalitéGuibourd
à l'un des direeteurs les plus médiocres, au point de vue artistique, qui
soient venus à Nantes, s'est élevée, pour la campagne lH!)218i)3, au chiffre
de 150,000 francs, ainsi répartis : 100,(KX) francs en espèces et 50,(XX) francs
d'économies réalisôei» par la faveur faite au directeur de supprimer l'opéra-
comique et le septième mois d'opéra. On ne saurait donc se montrer trop
sévère pour l'Administration qui, non contente d'avoir porté un coup fatal
à l'art musical dans notre ville, en détruisant la Société des Concerts Popu
laires, ^'orgeait d'un énorme subside un directeur qui, pendant les deux
années précédentes, avait élofjuemment prouvé que sa place n'était pas à la
tête de notre première scène.
SAISON 1892-1893
J. MORVAND, Directeur
.\bnihiun Lévy, prcinier chef d'urchoslro. — <Iar.tiek. ilcuxiem- < in-i a itcih >tri'.
Imaa<:, règisRvur.
DuRANTV, chanl«!usp léiirrru.
Smvt I.AUHKNT, ohuutt'UBe d'op»' -
V- ' '■•■■
la. 'N, prvmii're dugazoïi.
Mêtiyikr, Jeuxicms du^az.^u.
DasvAoa. duègne.
BALLET
M*« Hentikcart, iii*Ilr»'8.s. .
Dinau Porro, pri'iiU'>ro dancmse.
Bogjji, deuxième «iaiis» use.
PUTTl, traTMti.
MM. Uccno.NANi, forl l»'n«)r.
.\RiEL, deuxinino ténor.
MosTKORT. har>'lon de grand opéra.
Ci\Ri»oM. bà.Hse noble.
(iounnoN. basse chantaulc.
MoHDET, trial.
Dur.os, laruelte.
Fabert, deuxième basse.
Decukne, troiï^iômo It-nor.
Roland, comi(]uo.
M"" Noirkt PB Varennks, falfon.
Paulinb Rochkr, contralto.
25G LE THÉÂTRE A NANTES
Cette troupe était au-dessous du médiocre. Mettons cependant de côté
M. Bucognani, toujours en faveur auprès du public, et M"" Pauline Rocher,
une chanteuse de premier ordre, doublée d'une excellente tragédienne.
Malheureusement, après un excellent début dans la Favorite, M'i" Rocher.
tomba grièv(îm(!nt malade d'une pleurésie. Quand, au bout de trois mois,
l'artiste fut entièrement remise, elle n'eut plus, devant les tracasseries
qu'elle eut à subir, qu'à céder la place à l'artiste que M. Morvand avait fort
économiquement engagée pour la remplacer. Dès le soir de l'ouverture, le
public^ par son attitude, montra qu'il avait assez de M. Morvand et de ses
ficelles et qu'il n'avalerait pas, cette année, toutes les couleuvres présentées.
C'est ainsi que, la mort dans l'âme, le directeur fut obligé de congédier
M. Gardoni, M""'^ de Varennes, Duranty et Métivier. M"" Duranty, ancien
premier prix du Conservatoire de Nantes, douée d'un filet de voix attei-
gnant à peine le premier rang du parquet", et d'un joli talent de vocali-
sation, avait été appelée par M. Morvand à faire ses débuts sur la scène de
Graslin, comme première chanteuse légère, aux appointements de 600 francs.
C'était une jolie économie, quand on songe qu'à Nantes nous étions habi-
tués, jadis, à deschanteuses légères, comme M"" Lavoix, Dereims, Lacombe-
Duprez, Rabany, Vaillant-Couturier, Jouanne-Vachot, Ismaôl-Garcin, etc.,
etc., payées de 3 à 4,000 francs par mois. Malgré toutes les sympathies que
le public nantais pouvait avoir pour sa jeune compatriote, il était impos-
sible qu'il acceptât de voir tenir par une élève cet emploi important. Sur
Tordre exprès de la Municipalité, M. Morvand congédia M^'® Duranty. Il
engagea une nouvelle chanteuse légère, M''«' Siebens, aussi médiocre artiste
que jolie femme. Quant à.M^'* Duranty, après avoir subi, comme de juste,
une diminution d'appointements, on nous la conserva comme seconde
dugazon. Un autre de nos compatriotes, le baryton Montfort, très discuté,
fut sur le point, lui aussi, d'être congédié , mais des considérations, étran-
gères à l'art, le firent maintenir sur notre scène. En remplacement de
M"" de Varennes, M. Morvand nous ramena M"'^ Laville-Fermiiiet. qui
venait de résilier son engagement à Lyon. La basse Bourgeois, artiste à .
l'organe superbe, au remarquable talent de chanteur et de comédien, prit la
place de M. Gardoni. M""« Dasvéda fut remplacée par M""'' Fleury- Pillard.
M^'*» Rouvièrefut appeléeà remplir l'emploi laissé vacant par M^'* P. Rocher.
D'une médiocrité absolue, cette artiste ne parut que rarement sur la scène.
Dans le courant de janvier, d'ailleurs, M. Morvand, sentant l'hostilité du
public contre cette pseudo-contralto, engagea pour la suppléer notre jolie
compatriote M'"5 Elvéda Boyer, chanteuse à la voix un peu faible hiais
agréable, et artiste pleine d'intelligence. Il faut encore signaler, parmi les
artistes de celte troupe, la charmante Saint-Laurent, toujours très applaudie,
et le baryton d'opéra-comiquo Broussan, bon chanteur et comédien aimable.
WERTHER — ELENA 8ANZ 257
Devant l'insuffisance de la première troupe présentée, la critique théAtrale
se montra quelque peu sévj^ro envers l'irapressario qui abusait ainsi de la
situation exceptionnelle qu'une municipalité imprudente lui avait faite.
MM. Gustave Babiii, dans le Phare de la Loire, Backmann, dans le Nour
cetliste^ Darthez et Destranj;es, dans VOuest-Artùste, dirent carrément leur
façon de penser. M. Morvand, d'un <aractère quelque peu chatouilleux,
n'admettait guère la critique. Dès le premier mois de la campagne, il sup-
prima les entrées du Nouoelliste, auquel il savait pouvoir toucher sans
avoir rien à craindre, ce journal ne faisant pas partie du Syndicat de la
Presse. Quant à rOa«s^-/lrr/jj<tf, qui, lui, était du Syndicat, il ne lui fil
subir le sort du Nouvelliste que plusieurs mois plus tard, quand il comprit
qu'il n'avait plus chance de demeurer à Nantes. M. Morvand ne garda plus
alors aucun ménagement envers les quelques journalistes qui osaient dire
tout haut ce que la plupart pensaient tout bas.
La seule nouveauté sérieuse de la saison fut Werther. Cette œuvre, la
plus sincère et la meilleure du trop fécond Massenet, fut jouée le 25 février
1893. L'interprétation confiée à M.M. Bucognani, Montfort, Gourdon, Ariel,
M"'» Laville-Ferminet et Duranty, était des plus faibles. Les artistes de
grand-opéra se sentaient mal à l'aise dans cet opéra de demi-caractère. Deux
décors nouveaux furent faits pour cet ouvrage. Celui du dernier acte repré-
sentant le village de Walheini sous la neige, est d'un fort pittoresque effet.
Werther n'eut aucun succès. Les reprises faites depuis n'ont pu parvenir à
imposer cette partition. La chose est regrettable.
Lohengrin et Sigurd furent encore, cette année, indignement massacrés.
Dans le rôle d'Hagen, de l'opéra de Reyer, M. Bourgeois se tailla un grand
et légitime succès. L'opérette, comme toujours, eut les honneurs de la
saison. Outre une foule de reprises, on joua deux inepties nouvelles: les
Vingt huit jours de Clairette et Toto.
Samson et Dalila reparut sur l'afficho avec une Dalila hors ligne,
M"** Elena Sanz qui, pt»ndant deux soirées, tint sous le charme tous les
amateurs de musique vraie. Malheureusement, avec sa maladresse habi-
tuelle, M. Morvand augmenta tellement 1.^ prix des places, que la sec<^nde
représentation eut lieu devant une salle presque vide. M"»* Elena Sanz
se fit aussi applaudir dans Carmen, qu'elle jouait avec un talent tout
personnel.
Deux jeunes filles, nos complriotes, M"« Maréchal et Barrau, se firent
entendre pendant la saison à Grasiin, la premièn» dans le Troucér", la
seconde dans le quatrième acte de la Facoriie, Elles furent sympathique-
ment accueillies par le public.
Pendant le mois d'avril, on monta, sans décors nouveaux, une grande
féerie-opérette, le Voyage de Siuette. Une jolie chanteuse, M"« Blanche
258 LB THÉÂTRE A NANTES
Marie, qui paraissait dans un costume de clown plus que déshabillé, était le
seul attrait de cette pièce.
Les 11 et 12 août 1893, la Comédie Française devait venir donner deux
représentations. Lo 10, malgré une location qui dépassait déjà 5,000 francs,
dos bandes annoncèrent que les soirées n'auraient pas lieu. Une fumisterie
pareille, digne d'une troupe de passage de cinquième ordre, fut sévèrement
jugée.
Artistes en représentation : Bérardi, Melchissédec, M'"** Elena Sanz,
Perdrelli, Tarquini d'Or, Castellanet, Perrin-Theuler.
Tournées : les Dames de Buda-Pesth, le Chat Noir, le Juif Polonais,
le Système Ribadier, le Malade Imaginaire (Marie Kolb), Monsieur
Chasse (Marie Kolb), Champignol malgré lui, la Souris, la Petite
Marquise, la troupe du Chat Noir, Hernani (Mounet-Sully), Hamlet
(Mounet-Sully), le Veglione, le Monde où Ion s'ennuie (Reicheml>erg), le
Premier Mari de France (Lassouche), Tricoche et Cacolet, Phèdre, les
Papillons.
Depuis longtemps notre première scène n'était pas tombée aussi bas que
sous la direction Morvand. Toutes les œuvres sérieuses étaient d'avance
sacrifiées par un directeur qui n'apportait des soins qu'à l'opérette. On
répétait à peine les grands opéras alors qu'on consacrait des six, huit répé-
titions à des élucubrations de sixième ordre. Trois ou quatre artistes de
valeur égarés au millieu de nullités dont on aurait pas voulu à Carpentras;
une mise en scène absolument piteuse ; des chœurs détestables ; voilà ce que
nous valut la direction de cet impressario qui, grâce à des avantages énor-
mes et à des frais extrêmement restreints,, fit de gros bénéfices pendant les
trois années qu'il exploita le Théâtre Graslin.
Dans son rapport sur la question théâtrale, M. Guisthau appréciait ainsi,
au Conseil municipal, le 8 février 1893, l'administration Morvand :
« La campagne théâtrale 1891-92 peut compter parmi les plus mauvaises.
Elle est menaccée de n'avoir d'égale que celle qui se poursuit à l'heure
actuelle (celle de 1892-93).
» Nous n'avons pas à rechercher toutes les raisons d'être de cet état d'in-
fériorité. Nous ne voulons même pas nous demander si la direction de nos
théâtres n'a pas été, par erreur et de bonne foi, confiée à un homme aussi
imprévoyant en matière d'art que soucieux de ses intérêts com-
merciaux.
» Si l'on en croit le cahier des charges, on doit compter sur une troupe
de grand opéra de premier ordre. L'expérience des deux dernières années
peut permettre d'apprécier, sans plus de commentaires. »
VIII
DIRECTIONS CASTEX. — JAHYER,
1893-1896
Miranne. — Tournié. — Sentenac. — Vilette. — Hertnann-Devriès. — Jane Dhàsty.
M" Tariol-Iittityé. — A/"« Hibes-Tournié. — Pairie. — L'Attaquo du Moulin.
Alfred linmeau à Nantes. — Tanntixuser. — Accident et incidfnt.
Ansaldi. — (iritnaud. — Joil Ftibre. — Jane Fnrdor. Hosalia
Lan.brecht. — Othello. — Cavalluria Itusticaaa. — Tbamara. — Ri^pa-
rations au Grand-Thédtre. — Sertal. — Lafarge. — Cazeneuve.
Ghaane. — Artus. — A/H» Buhl. — Eva Romain,
Marguerite Vaillant-Couturier. — Les incidents
Lafarge. — Emeute. — Scaremberg.
Proserpine. - Les artistes en
société.
'incurie de M. Guibourd qui, pendant les quatre ans qu'il
demeura au pouvoir, manifesta toujours pour l'art musical la
plus profonde insouciance U), nous avait valu les directions
Nïorvand. Il ne devait pas en ôtre de môme sous l'admini.s-
IratioM de'M. Riom. Le nouveau Conseil municipal se montra décidé de
relever le niveau artistique de notre première scène.
Autour de MM. Guist'hau et Teillais, il se forma un groupe pour
demander au Conseil de ramoner la subvention au chiffre de 120.000 francs.
La question théâtrale fut débattue dans la séance du mercredi 8 février 1893.
La discussion fut chaude. L'Administration ne proposait que le maintien
des lOO.OiX) francs.
Enfin, après un remarquable rapport de M. Guist'hau, où les directions
Morvand étaient vertement appréciées, et une longue discussion où
MM. Guist'hau et Teillais défendirent énergiquement l'augmentation de
subvention, la somme de 120.000 francs fut finalement accordée par 17 voix
contre 12.
^1) Soyons justes. Nous devons à M. riuibotird l'installation sur le cêurg Cambrons^
des concerts en plein veat dirigés par M. LéTy.
260 LK TIIKATRE A NANTES
Le favoritisme dont la municipalit(^ Guibourd avait fait preuve envers
M. Morvand rendait absolument indispensable un remaniement du cahier
des charges. Voici les principales modifications qui y furent apportées.
Beaucoup ne sont, d'ailleurs, comme on le verra, (|u'un retour à l'ancien
cahier des charges.
1" Rétablissement de l'opéra comique ; 2" Rétablissement du septième
mois de la campagne lyrique ; > Rétablissement de deux opéras nouveaux
à monter par campagne ; 4° Rétablissement des débuts ; 5° Suppression de
l'orchestre municipal ; G° Création d'un abonnement aux places de parterre
et numérotage desdites places ; 7° Obligation au directeur de donner, par
mois, douze représentations d'opéra. Défense faile de donner plus de deux
représentations d'opérette de suite, aux jours des représentations ordinaires
au Grand-Théâtre ; 8° Augmentation du nombre des danseuses ; douze au
lieu de huit, non compris la danseuse noble et celle de demi-caractère ;
9" Suppression de la vente des journaux dans la salle ; 10» Droit réservé à
la Ville de disposer gratuitement de l'orchestre deux fois dans le courant de
la saison ; 11° Contribution pour moitié par la Ville dans les frais de décors
nouveaux, sans que cependant cette moitié puisse excéder six cents francs
pour les décors d'un acte.
Pour les débuts, une Commission de quinze membres choisis par le
Maire, tous les abonnés à l'année et les abonnés au mois à prix entier
étaient appelés à prendre part au scrutin. Les débuts devaient être termiaés
à la fin du deuxième mois de la campagne. Passé ce délai, le Maire était
libre de résilier le traité avec le directeur ou de lui retenir une somme de
cinq cents francs par jour de retard.
La démunicipalisation de l'orchestre était devenue nécessaire. Les
inconvénients de ce système étaient, en réalité, plus graves, que ses
avantages. Quand Ed. Garnier demandait avec tant d'insistance la création
d'un orchestre municipal, il ne voyait que le bon côté de la chose, c'est-à-dire
que les musiciens, n'étant plus engagés par le directeur, ne seraient pas
soumis à des mutations annuelles, que l'on pourrait ainsi conserver les
valeurs, éliminer les médiocrités et arriver, de cette façon, à posséder un
orchestre de premier ordre. C'est ce qui aurait dû être, mais malheureuse-
ment c'est ce qui n'était pas. Malgré tout ce qu'on pourra dire, je prétends,
et beaucoup de musiciens impartiaux sont de mon avis, que pendant sa
municipalisation, l'orchestre a déchu. Cela parait bizarre, pourtant c'est
pourtant comme cela, et je vais donner la raison de cette anomalie. J'aborde
ici, je le sais, un sujet délicat, mais je me suis promis do dire la vérité,
Certains musiciens, assez médiocres, mais ayant l'avantage d'être Nantais,
faisaient agir à la Mairie et obtenaient d'être conservés. Une municipalité
est toujours obligée à certains ménagements qu'un directeur ne garderait
J. MIRAVNB
2fîl
j)as. l'infin. 1rs imi^ionns. •»,> scnUint p:i\vs pir la Ville, n'apportaient pus à
leur sorvico tout le zèle désirable. Peu leur importait de contenter lo direc-
teur, ils étaient fonctionnaires municipaux Le Cahier des charfl;cs avait
beau dire que lo directeur conservait toute aiitorité sur son orchestre,
il n'en («tiit pas ainsi. Ce système (|ui, bien appliqu»^ aurait pu donner
do bons r(îsultits, n'avait donc pas répondu à l'attente de ceux — et j'en
états — qui l'iivaiiMit si vivenient réclamé. Le Conseil agit donc sarment
en démimicipalisant l'orcliestre.
Les musiciens et les chefs furent soumis, comme les artistes, aux débuté,
mais la Commission de quinze raeuibr«.»s était s«»ule appelée k voter.
M. Castex, ancien dire.teur du Casino de Saint Malo où il avait acquis une
fortune assez rondelette, fn' .i.m;^; t>.i i . nitii>;,;i.,|itC. Uiom. pour succéder
à M. Molou dit Morvan<l
Le premier soin du nouveau directeur fut, avant toute chose, do congé-
dier le maestro Abraham Lévy et d'engager pour lo remplacer M. J.
Mininne, chef d'orchestre do Marseille que la fermeture momentanée du
ThéAtre de cette ville avait rendu libre. Sous la direction de M. Miranno.
artiste de haute valeur, parfait musicien connaissant admirablement les par-
titions modernes et dirigeant avec une fermeté, une précision tout ;i fait
nMiiarquables, notre orchestre redevint jiromptoiient ce qu'il était avant do
tomber entre les pattes do Lévy, c'est-à-dire lun «les meilleurs de pro-
vince. Dés les premières représentations, le nouveau chef conquit les faveurs
(lu publi»' qui ne lui ménagea jjas ses justes applau»lissemenl.s pendant tout
le temps de son séjour à Nantes. Miranne resta pendant trois ans dans notre
ville. Tout le monde regretta son départ quand il nous quitta pour aller pren-
dre, au Grand Tbéïi ire de Lyon, la succession de M. Luigini.
Mir
SAISON 1893-1894
CASTEX , Directeur
• . rlu'f <1 oicli«'!>lr«'. — li-t AU Hfc, (ieuiÙMiic ■ ■■.■ i u "i.hcsCre
De.si:\mis, ri-RisMcur.
M M . IUVN4UD. fort t»>n<>r.
Semknao, léiior K^k'"''-
IIenhiot, deuxième lônor.
KosTF.ix, trol»i<'»mo li-nor.
Mnunoe Fabbk. prt'tniorp l>a8so |>r"
fonde.
Hertnann Dkvbik*. batse rhatiUititi
ViLETTE, baryt«ii d'upi-ni.
FutD. baryton d"op«'rac<iniii|ii' .
ÎVvr«iK. baryton ir<>|«<r;i-coniiqU' .
PiCHuN. (louxièiuu l>:n yton.
Df S(:zv. Uouxiviii« busse
I.ARV. trial.
MonnET, laruottc.
M-" ^LOTn. «oimino dnimatiqni'.
Janu DiiAitTv, conIraJio.
SAVKRNAY.pn-iniiTechnnteu8«-K-gi'rc.
Tap: '• • .. daguon.
Hi> /atifO.
lU;ii 1 1. \.N!'. Il ■jiMeixii: lingaïuii.
Bêlia. du.'v*no.
BALLKI-
Ri;ht maitr«* d* l«nll«'r
Div- •lansonih'.
l*i\iTi. danseuse tmve<<'
202 M'. rilKATKK A NANTK.c
Cette troupe contenait plusieurs bons «'-li^nients. Le baryton Vilette, le
ténor léger Sentcn.ic, la basse chantantr H. Devriès, sans être des artistes
de tout premier ordre, réunissaieul, pourtmt, un ensemble de sr^rieuses qua-
lités. On vil avec plaisir le retour de l'excellent Lary qui avait été très
apprécié deux ans avant comme ténorino et qui prit, cette année là, l'emploi
(le trial. Du côté des femmes il faut citer d'abord Jane Dhasty, fort jolie
fille, douée d'une voix un peu dure, mais vibrante. Venant après les con-
tralti do troisième ordre que pondant trois ans Melou avait amenées a
Nantes, (îetto artiste fit, dès son apparition, une impression excellente. La
falcon M"" Lloyd, avait une belle voix mais elle manquait totalem<*nt de
de tempérament et d'intelligence scènique. La dugazon, M™» Tariol-
Baugé, a laissé à Nantes les meilleurs souvenirs comme femme et comme
chanteuse. C'est incontestablement l'une des bonnes divettes qui aient
paru sur notre scène. Depuis elle a fait son chemin et, mainlenant. c'est
l'une des chanteuses d'opérette les plus applaudies de Paris. Parmi les
danseuses signalons a,ussi les noms de M""* Dinah Porro et Piatti.
M"« Maggi seconde danseuse, ayant été refusée, lut remplacée par
M""-' Zucconi. La deuxième chanteuse légère, M™« Savernay, résilia après
la première répétition. Elle fut remplacée par une cantatrice de très grand
talent M'"' Desgoria qu'un fâcheux physique desservait, malheureusement
auprès d'une certaine partie du publie. Comme vocaliste elle était infiniment
supérieure à la première chanteuse légère M"** Salembier, dont l'agréable
figure ne pouvait néanmoins faire oublier l'organe aigre et dénué de tout
charme. Cette chanteuse, malgré un scrutin irrégulier — 35 votants et 3(5
votes — qui aurait du faire annuler l'opération, fut déclarée admise par la
municipalité. M"»* Salembier n'avait pourtant, obtenu qu'une faible majorité
de quatre voix.
Le ténor llaynaud qui, à plusieurs reprises, avait î>uscité les murmures
(lu public, fut refusé. M. Pruym le rempla(;a, mais, dès sa première
apparition, il fut accueilli par les silllets. M. Castcx engagea alors un
ténor (|ui avait fait, jadis, une brillante saison à Nantes : M. Tournié.
Chanteur consommé, tragédien lyrique de premier ordre, M. Tournié avait
fourni, depuis son premier s(''jour à (iraslin. une carrière brillante.
Malheureusement, il était sur le déclin. La voix, fort belle encore, se
fatiguait vite, malgré l'habileté (\Q5jicplleft employées par l'artiste. Tournié
nous donna plusieurs belles représentations, notamment des Huguenote et
de Sif/iird, mais il tomba malade au beau milieu de la saison et ne put la
continuer, La présence de M. Tournié nous valut d'applaudir, uialheu-
nnisement trop peu souvent, sa femme, M""* Ribes-Tournié, douée alors
d'une jolie voix de soprano dramati(iue, qui. depuis, est devenue franche-
ment une voix de soprano léger. Nous eùme>^ luss: cette année-là, les
l'attaque DC moulin — PATKIE 203
promiers essais, commf fort téuor, de M. Fontcix jeune, engagé comme
troisième t«''nor. Ce jeune artiste chanta d'un organe soiior»' «'t vigoureux et
sans trop do maladresses gu«'lqu<'s rùles du vieux rêiK^rtoire.
Au moment de sa nomination, M. Castcx avait laissé espérer qu'il
monterait la \\'alL\i/rie. Il n'en fut rien. L'admirable partition de Wagner
fut bien donneur, cotte ann»M'-là, à Nantes, mais sans 1«' pnîsii^re de la mise
on scène. En elFet, avec l'aide de quelques amis, j'organisai, dans la salle
du Cercle des Beaux-Arts, une audition de la Wallujrie, qui eut liru avec
un plein succès (3 d<^<"embre 1H9^{). Le ténor, M. Maliaud, qui devait
chaiiliT Sicgmund. ayant ét<^ pris d'un enrouement subit, le r«*»l»' fut tenu,
au pi;>(l levé, par M. Alfred l'irnst, le distingué critique w.ignerien dont, ce
soir-là, on entendait, pour la première fois intégralement, la l)elle
traduction.
Au Théiitre, la pretnièpe ii()ii\<';nii<' lut J'utrie, de M . l'aladhile, «i-uvre
d'une médiocrité honorable, eonrue dans le siyb' meyerb«H'rien, un peu
rajeuni, il est vrai, mais pas suflisammeni pour avoir ebance, à l'heure
actuelle, de fournir un»' fructueuse carrière. Ce grand opéra répondait
bien à l'esthétique bourgeoise de M. Caslex. 11 crut habile de le donner aux
Nantiis dès le d('l)ut de la saison, «ouïptant sur une belle série de n-présen-
talions. L'ancien directeur du casino de Saint-Malo se trompait. Le publi»'
accueillit plus que froidement l'œuvre duc ompositt'ur de Afandnlinaln et les
quelques rares belles page> qu'il contient ne purent le sauver d'une chute
irrémédiable. Patrie étiit pourtant assez bien montée. M. Cnstex avait fait
brosser à Paris un fort beau décor p<iur le premier acte. L'interprétation,
confiée à NfNL Vilette, Tournié. Devriès, Ilenriot, Fuld, Hjugé, de Sézy,
de Sézy, Fonleix, et à M''" Lloyd et Uondejiu. éUiit bonne. Le grand ballet
des Nations, par contre, était mal réglé.
M. ('astex fut mieux inspiré dans son seeond choix. Cette fois, il devait
remporter un éclatant succt's. L'Attaque du Moulin. d'Alfn-d Bruneau,
venait d'être jouée à rOpéra-Comi»|U«'. M. Castex résolut d«' monter, sans
plus tarder, l'œuvre si vibrante et si dramatique de l'original eom|>ositeur
du If ire. N^nmoins, le directeur du (Jrind-ThéAtn», qui. |Kmr un opéra
comme Patrie, dont on lui avait prédit, d'avance, le sort malheureux, avait
fait un décor neuf, ne daigna pas enciidrer \'Atta(/ue duv.s des décors
brossés spécialement, ce qui eût été la moindre des chos«'s. M. Castex se
servit de toiles prises à droite et à gauche, estimant, siins doute, qu'une
belle o'uvre doit se suHire a elle-même. L'événement lui donna raison. Bien
({ue montée, au point de vue de la mise en scène, avec un sans-gAne qui
rappelait les mauvais jours de la direction Morvand, V Attaque du Mautitt
remport;i un suicès éclatant et durable. L'œuvre de Bruneau fut jou»'"»'
douze fois pendant cette saison et, depuis, elle a été toujours heureusement
264 LE THÉÂTRE A NANTES
reprise. Biiuicau vint à Niiiiies pour les répétitioDs et il duigta, au milieu
d'ovations ciilliousiastes, la première repiV-sciiUition, qui eut liiîu le samedi
]() février 18'.)4.
La veille, la répétition générale avait été troublée par un fâcheux incident.
M. Tournié, qui, depuis environ un mois, était souvent indisposé, fut pris,
au milieu du premier acte, d'une complète aphonie. M- Senienac se trouvait
heureuseracnt là et, comme il avait étudié, à tout hasard, le rôle de
Dominique, il remplaça, au pied levé, M. Tournié. M. Sentenac, d'aillemrs,
se tira à son honneur de ce rôle et il .sut s'y faire applaudir. Viletle créa
avec talent le rôle de Merlier. Françoise était personnifiée de la façon la
plus charmante par M"" Ribes-Tournié. M"« Dhasty chanta d'une voi.x un
peu criarde le beau rôle de Marcelline. M. Devriès tint avec autorité celui
du capitaine ennemi. Par contre, la sentinelle éiait assez médiocrement
chantée par M. Heniiot. A la dixième représentation, le rôle de Fran-
çoise fut, par suite du départ de M'n« Tournié, confié à M"' Salembier,
qui le chanta d'une manière pitoyable.
M. Castex monta aussi Tannhœuser. Mais, avec une inconséquence
impardonnable, il attendit la fin de la saison pour jouer la belle œuvre de
Wagner, pour laquelle il ne fit aucun frais. Lorsqu'il postulait la direction,
M. Castex s'indignait de la négligence apportée par ^L Morvand à la mise
en scène. A l'en croire, il n'en serait pas'de même avec lui. Toutes ces belles
intentions n'étaient que [mves galéjades méridionales. En réalité, ^L Castex,
mal secondé par le régisseur Descamps, se fichait tout autant de la mise en
scène que son peu regretté prédécesseur. Pour Tannlui'user, M. Castex fit
brosser, en tout et pour tout, unie méchante petite ferme de trois mètres de '
haut qui était censée représenter la Wartburg et une silhouette de taureau.
Pour la grotte du Vénusberg, nous dûmes nous contenter d une caverne
malpropre du vieux répertoire, et pour la grande salle de la Wartburg, de
l'éternel palais rom:in, servi avec une satiété écœurante dans tous les
ouvrages.
M. Tournié, depuis sa mésaventure de VAtta<jue du Moulin, avait obtenu
un congé illimité, puis avait fini par résilier. Pour channer Tannhœuffer,
M. Castex engagea un jeune ténor, M. Gogny, dont la voix faible et sans
timbre convenait, en réalité, assez peu au rôle du chevalier. Il s'en lira,
sinon brillamment, du moins d'une façon honorable. VilcUo se fit souvent
applaudir dans le rôle de Wolfram. M"* Dhasty, une superbe Vénus, joua
intelligemment ce rôle, dont la tessiture était trop élevée pour sa voix.
M'^o Lloyd ne donna aucun caractère à Elisabeth ; elle se contenta de
chanter correctement, ce qui n'est pas sullisant i)uur le répertoire wagnérien.
Les autres personnages étaient convenablement représentés par MM. Fabre,
Fuîd, Henriot, Fonteix et Mi»" Rondeau. La Bacchanale du premier acte
TANNH-CL'SER
265
était rt'ghV «l'une fa^on d(''plorable ; l«'s chœurs, habillés de rostumes <ii..i
conques, furent niéiliocres. L'orchestre, por contre, merveilleu>«.'Uienl dirigé
par Minmne, mériia les plus vifs éloges. Après l'ouverture, une chalcureuge
ovati<»n salua le distingué chef.
TannJiœuser reniporUi, malgré U>utes ses imperfections, un succès com-
plet. LNinivre do \\'agnfr se joua jusqu'à la fin de la saison au milieu
d'api)laudissemonts unaniiues. La première eut lieu — admirez ce choix
iniclligeni — If mardi de Pâques, 27 marsl8î>l, un mois seulement avant la
fermeture du Thcâtiv !
La dernière semaine de la saison, M. Castex se décida àreprendre Samson
f^ /)(i/j/a. L'insuccès des deux années préct'«dentes l'efTrayait d'auUmt plus
que ccrUiins habitués du Théiïtre, bien qu'admirateurs du chef d'oeuvre de
Saint Saëns. le détournaient de le remettre à la scène, persuadés que sa
cliute était désormais irrémédiable à Nantes. Je n'étais pas de ceux-là.
J'avais au contraire la conviction qu'une partition géniale comme Sanuon
et iJalila Unirait un jour par triompher. Il ne s'agissait que de savoir
l'imposer au public. Après bien des hésitations, M. Castex consentit enfin à
faire une dernière tentative. L'opéra de Saint-Sai^ns, cette fois, remporta un
succès complet. Jano Dliasty était une suihtIm' et Ciïplivante Dalila. Ce n'de
était certainement celui «jui convenait le mieux à la natuitî de son talent.
\-.Q fait d'opérettes nouvelles, .M. Castex monta Ali-liaba et le Dîner de
Mfiflt'lun, un joli acte inédit de notre concitoyen M. AbdAllah Charles,
>ur ut» amusant livret de M. d'Aubram.
Un jeune élève du Conservatoire de Nantes, NL Baudin, doué d'une
agréable voix de ténor s'essaya, cette année-là, dans la Traciaia
Au début de la saison. r.\dministration municipale autorisa l'installation
d'un rideau d'annonces au Grand -Théâtre et à la Renaissance. Cette idt^,
peu heureuse, fut unanimement blâmée.
Mmo Bouland vint, à la tin d'avril, chanter Mii>s Helyctt et Carmen. Elle
fut très fêtée. Le lénor l'uc, de l'Opéra, lit retentir, dans les Huguenots,
l«>s échos de la Renaissance des éclats de sa voix métallique. Les amateurs
d'acrobaties vocales s'en donnèrent à cœur-joie. Les ténors Jourdain et
Lestellier vinrent aussi »jn repn»sentation. Ce dernier ne retrouva pas son
su<'cès de jadis.
Un accident, qui aurait pu avoir de graves conséquences, eut lieu le
lil décembre lW);t. pendant le premier acte du Pardon de T' La
lampe que <'or<.'ntin alhnue dans sa cabane se renversa, l'ess' elle
était remplie prit feu et une tîamme, haute d'un mètre, lécha le décor. Avec
une grande présence d'esprit. M. I.Ary, qui jouait le rAle du cornemuseux,
jeta sur la lampe son large ehapenn breton, ot la piétinant avec force, il
parvint à ét«Mndre ce ^^ommeui« ni.nt ilnie.ndie. Le public montra un grand
calme; personne ne quitta sa place.
2GG
LE THÉÂTRE A NANTES
Le 19 avril 1894, un amusant incident eut lieu tandis qu'on jouait devant
une salle vide le Caïd, de M. Thomas. Un spectateur qui se trouvait dans
une loge de face, ayant demandé qu'on allumât la lampe électrique qui se
trouve dans chaque loge et s'étant vu refuser cette fantaisie par l'économe
M. Castex, qui ne gaspillait pas la lumière, ne trouva rien de mieux que
d'aller acheter une bougie et de l'allumer, après l'avoir plantée dans une
pomme de terre. Les agents de police expulsèrent ce facétieux personnage
au milieu des rires et des quolibets.
Du 12 mai au 12 juin, une troupe de comédie dirigée par M. Minute
exploita le Théâtre.
Tournées : \S Héroïque Le Cardunois, la. Famille Pont-Biquet, Sapho,
Napoléon, la Beauté du Diable (Brasseur), le Panache, le Fil à la Patte.
Dans sa séance du 13 mars 1894, le Conseil municipal réduisit la subven-
tion théâtrale à 100.000 francs. Pour justifier cette diminution, la troupe
d'opéra-comique était supprimée. MM. Teillais et Guist'hau, malgré toute
leur énergie ne purent arriver à faire maintenir le chiffre de 120.000 francs.
L'extrême droite, comme toujours d'ailleurs, se signala par son acharnement
contre la subvention. M. Catta, demanda même, dans un discours long et
fastidieux, l'abaissement du subside à 80.000 francs.
Deux candidats se trouvaient en présence. MM. Castex et Lafon. Tous
les deux demandaient des remaniements assez importants dans le cahier des
charges. Le Conseil fit quelques légères modifications et M. Castex après avoir
déclaré qu'il se retirerait si on ne lui accordait pas tout ce qu'il demandait,
notamment la suppression de la troupe d'opéra, pendant le septième mois. —
finit tout de même par signer.
SAISON 1892-1893
OA.STEX, Directeur
MiRANNE. premier chef d'tircheslre. — Isaye ue Tuntou, deuxième chef d'orchestre.
Desgamps, régisseur.
Raynaldi, chanteuse légi-re.
MM. Ansaldi, fort ténor.
Bauthk, ténor en double.
JouviN, deuxième ténor.
Sonnet, troisième ténor.
Rey, baryton d'opéra.
FuLD, baryton d'opéra-comique.
Joël Fabiie, basse profonde.
Laporte, basse chantante.
• HE Skzv, deuxième l)asse.
TiARY, trial.
MuHUET, laruette.
M""" Fo:i)OR, soprano draniaticiue.
DuASTY, contralto.
CoLi-.MiD, i)remière duga/on.
i5()zz.vM, divetle.
Lkhcvhf, deuxième dugazon.
Voisine, troisième dugazon.
liÉLiA, duègne.
BALLKT
MM. IIansen, maître «le ballet.
M""' Massom. première danseuse.
Zaci.one, demi cai-actère.
Bi:nr.f:, travestie.
M"»" FŒDOR — GRIMAUIi — AN8ALDI — JOËL FABRK 267
Cette troupe contenait des éléments do premier ordre. D*abordM"* Fœdor,
comédienne froide et inexpérimentée, mais chanteuse de talent douée d'un
ravissant organe de soprano dramatique. M""' Fœdor devint vite l'artiste
aimée des Nantiiis qui n'oublièrent pas de sitôt la fai.on délicieuse dont elle
chanta liriinni'hilde, Mar^'uerite, .lulietle et Valentine. Jo<ïl Fabre. avait
une fort belle voix de basse, sonore, bien timbrée, d'une grande étendue.
C'était de plus un excellent (•onu''dion. Le ténor Ansaldi eut de chauds parti-
sans parmi ceux, de plus en plus rares aujourd'hui, heureusement, qui
s'extasient devant un ut dù^se lancé avec vigueur. Mais si l'organe de
M. Ansaldi était remarquable dans le registre supérieur, il était, par contre,
fort médiocre dans le médium. Aussi les rôles du nouveau r«''pertoire
étaient ils peu favoraljlcs à ce ténor qui les charitiiicnt. d'ailleurs avec un
ennui évident.
De la troupe primitive présentée par M. Castex, ces trois artistes étaient
les seuls vraiment dignes de Nantes. Les débuts se chargèrent d'améliorer
les autres emplois. Le baryton Key, fort belle voix, — malheureusement mal
conduite, — fut refusé. Certfiines personnes intéressées à conserver cet
artiste suscitèrent du tapage quand, le surlendemain de son échec, il chanta
VAfricainr. Mais les silllels des balcons, des lo^'es et de l'orchestre eurent
raison des applaudissements de commande partis des galeries supérieures.
M. Rcy fut remplacé par M. de Backer qui ne fut p;Ls plus
heureux.
iMifin, le troi^icnic haiyton jut'scnic, M. < irini.iutl. fiii reçu. La vuix de
cet artiste n'était pas de première qualité, mais elle était conduite avec goût
et habileté. Elégant cavalier, M. Grimaud acquit vite les sympathies du
public. Il les conserva pendant les deux années qu'il passa à Grasiin.
M"' Collard, duga/on, eut comme remplaçante M"" Kerlord, douée d'une
jolie figure, d'une jolie voix et d'un joli talent de comédienne. M"»' Kondeau
revint comme dugazon, M''« Lefèvre ayant été refusée. M. Castex conserva
néanmoins cette dernière C(Mnnie chanteuse supplémentitire. Furent égale-
ment refusés M. Laporte, remplacé par NL B«'rtrand, qui tomba lui aussi,
et M. Jouvin. Ils eurent pour successeurs MM. Péloga et Burgat. qui,
d'ailleurs, ne valaient guère mieux.
M. Castex eut les plus graiules diliicultes ]»our faire ndnietlre un»? chan
teuse d'opérette. Devant l'hostilité du publi»-. M"* Bo/./ani résilia.
M"' Lesœur lui succéda. La voix de cette artiste était dure et d'une fraî-
cheur douteuse, mais elle avait de grandes qualités de comédienne. La
Commission, qui avait pourtant accepté avec une inconcevable faiblesse,
comme première chanteuse légère,, une cantatrice sans valeur comme
M"" Raynaldi, refusa impitoyablement M"" Lesœur. Nous toralx\mes alors
e mal en pis. M""" Borclli et Vialda subirent, elles, des éoh«H:s lamenta-
268 LE THÉÂTRE A NANTES
\
blos ot nK'riti's. Mais pondant tous ces dt^'buts successifs, le temps avait
.marché et l'on était arrivé au 29 décembre, sans chanteuse d'opérette. Or, il
existait, à cette époque, dans le cahier des charges, un article infligeant au
directeur une amende de 500 francs par jour quand les débuts n'étaient pas
termines le G décembre. M. Kticnnez, alors adjoint aux Beaux-Arts, esli-
manl. avec; assez de raison, d'ailleurs, que si M. Castex n'avait pas trouvé
de chanteuse d'opérette convenable, cest qu'il ne voulait pas y mettre le
prix, l'avertit que l'amende prévue lui était appliquée. M. Castex aussitôt
engagea une charmante divettc, M''*' Rosalia Lambrecht, des Folies-Dra-
matiques, qui, pour le chiffre de 3.000 francs par mois, consentit à venir à
Nantes, Néanmoins, comme les débuts ne pouvaient être terminés avant le
'.i janvier, c'était une amende de 1 1,.jO0 francs que M. Castex^ était invité à
verser dans la caisse municipale. L'infortuné directeur se précipita à la
Mairie, implora, cria, menaça de dotiner sa démission, d'alxindonnor son
cautionnement, mais le Maire fut inllexible. M, Castex qui ne se gênait pas
pour crier contre les journalistes quand ceux-ci avaient le dos tourné, b-s
trouva bons, cette fois-ci, pour faire campagne en sa fav«'ur. L'un d'mire
eux, à qui ^L Castex n'en fui pas plus reconnaissant, d'ailleurs, une fois
la chose obtenue, se donna la peine de faire signer par les abonnés et les
habitués du Théâtre, une pétition demandant à l'Administration municipale
de ne pas appliquer au directeur l'amende encourue. La Ville accéda finale-
ment à cetic requête.
^L do Sézy, deuxième basse, dut résilier par suite d'une maladie de poi-
trine, à laquelle il succomba dans le courant de janvier. Il fut remplacé par
M. Marpoint. La troupe, avec les nouveaux éléments apportés par suite des
refus, offrait donc, à part M'^** Raynaldi, dont la beauté et l'élégance no
suffisaient pas à faire une bonne chan"h.Mise, un ensemble des plus satisfai-
sant. M. Castex avec une rare maladresse, ne sut pas en tirer tout le parti
qu'il aurait pu.
La mise en scène, déjà très négligée l'année précédcinr. n.w,i,ii;,,i,i ,i,.
plus en plus pendant cette camjiagne. M. Castex n'avait qu'une seule et
imi(|ue préoccupation : renouveler constamment rafiiche. îl faisait passer
les pièces imparfaitement sues, n'ayant ludlement U- désir de les maintenir
au répertoire. Durant cette campagne, ou fit à Graslin un \éritable travail di'
Casino. Pourtaut la reprise de Samson et Dalila, bien prép^irée et interpré-
tée excellemment par.Tane Dhasty, Grimaudet Fabreet honorablement par
M. Ansaldi, aurait dû prouvera M. Castex qu'un bel opéra, mis au point,
peut fournir à Nantes une longufe série de représentations. Le ehef-d'onivic
de Saint-Saëns se releva brillamment, cette année là, de ses échecs primitifs :
on le joua douze fois .
Pour donner une idt^o de la parcimonie apportée par M. Caste\ u.tn- ia
OTHELLO — THAMARA £60
mise en scène, je rappellerai l'aventure de la machine de Sigurd, dont ou
s'amusa fort à l'époque. M. Castex, au moment de la reprise annuelle de
l'opéra de Keyer, trouva que la location de la marliine nécessaire pour
produire la vajMjur coûtait trop cher. Il résolut donc do faire l'économie de
la chaudière dont on sh servait depuis sopt ans et qui avait toujours donné
d'excellents ré.suilats. M. Cantex loua, comme générateur, l'éture à désin-
fection ; mais ctîtte étuve, qui ne peut fournir qu'une pression d'une
atmosphère, n'envoya dans les tuyaux qu'une quantité dr vapeur insuf-
fisante. L'embrasement du lac fut piteux. On se wîraii cru dans un CbMtre
de dixième ordre. L'expérience était suffisante. Néanmoins, .NL Castex
s'enU^ta à ne pas reprendre l'ancienne machine. Il en essaya successivement
deux autres. Fiiialemout, ces différentes tentatives lui coûtèrent plus cher
que la location habituelle.
M. Custex avait traité avec l'éditeur Ricordi pour Othello et FaUtaff,
de Verdi et MéphUtophélès, de Boîto. La reprise de cette dernière œuvre
n'eut aucun succès. M. Abraham, chef machiniste, avait construit, pourtant,
un tnic assez curieux, au moyen duquel, au troisième tableau, Faust et
Mcphislophélès s'envolaient dans les airs. Falaiaff ne fut pas représenté.
Othello se joua le 2 février 1895. Cette œuvre de Verdi, qui marque la
seconde étape de l'évolution musicale de l'illustre compositeur italien,
contient des pages de tout premier ordre. Je suis persuadé qu'Othello aurait
eu du succès si M. Castex s'étai» seulement donné la peine de le monter
proprement. Mais le directeur du Grand-Théâtre n'avait d'estime que pour
le Verdi du Troutère. La mise en scène, le ballet d'Othello éUiienl grotes-
([ues et l'ouvrage fut représenté dare dare, avant d'être su. M. Grimaud
chanta et composa avec habileté le rAle difficile d'Iago, M"« Fiedor chanta
remarquablement Desdémone, M. Ansaldi eut de bons moments dans
Othello, mais aussi quelques fichus quarts d'heure. Les autre* rôles étaient
bien tenus par MM. Fabre, Barthe et Jane Dhasty.
M''" Haynaldi n'était engagée que pour six mois. Elle fut remplacée,
pendant le mois d'avril, par M"' Julia Fotel, dont le très beau talent de
cantatrice et de comédienne arriv:iil à faire pardonner les défaillances
d'une voix très fatiguée. Ce fut cette artiste qui créa le rôle de Sanluzia,
dans Caoalleria Rusticana (10 avril 1895). Cette vulgaire et brutale
composition de la jeune école italienne n'eut aucun succès. L'intermeuo,
qui, partout alors, était bissé avec enthousiasme, fut à peine applaudi.
Ceci est à signaler. Les autres rôles furent tenus par M.M. Ansaldi,
Fabro ; M-" Kerlord et Bélia.
La troisième nouveauté de la saison fut une œuvre d'un haut intérêt,
Thamara de notre éminent concitoyen, M. Bourgault-Ducoudray. Ce(t«
partition, d'une si délicieuse couleur, fut montée sons soin aucun et vr^.
44
270 LE THÉÂTRE A NANTES
une précipitation regrettable. M. Bourgault Ducoudray, qui avait accepté de
diriger son ouvrage, y renonça au dernier moment. La première de
Thamara eut lieu le 25 avril 1895. M. Bourgault-Ducoudray assista à la
représentation dans la loge de la Mairie. Toute la soirée, il fut l'objet de
chaleureuses ovations et il fut, à la fin du dernier acte, traîné sur la scène. Les
interprètes de 7'Aamara étaient MM. Ansaldi, Grimaud, Fabreet M"«Dhasty.
Les opérettes nouvelles furent Cousin-Cousine, Toto et Rip. Cette
dernière pièce, qui demande une grande mise en scène, fut montée d'une
fa(^on grotesque. M"* Lambrechts ayant terminé son engagement fin mars,
le rôle principal de l'opérette de Planquette fut créé par M'"* Martin-Goët.
M. Castex joua aussi deux ballets inédits : le Violon enchanté, de
M. Kaiser, Qi Au Printemps, de M. Bollaërt. L'Attaque du Moulin l\x\
reprise le 2 mars. Cette fois-ei, on joua l'ouvrage avec les costumes de 1870.
Bruneau vint à Nantes avec l'intention de diriger la représentation, mais,
après la répétition, il y renonça, estimant avec raison que M. Castex, selon
sa déplorable habitude, faisait passer l'œuvre avant qu'elle ne fût sue. Le
compositeur asista à la soirée dans une loge de face. A la chute du rideau,
il fut appelé à grands cris sur la scène.
Le 12 février 1895, Sigurd atteignit sa cinquantième représentation. A
cette occasion, AL Castex aurait pu organiser une soirée de gala. Toujour:;
mal conseillé, il s'y refusa.
Dans le courant du mois de février, un des tuyaux du bassin qui se trouve
au-dessus de la scène, à Graslin, creva par suite de la gelée. Il s'ensuivit
uns inondation qui atteignit une partie de la scène et le magasin d'habille-
ments. Il y eut une dizaine de mille francs de dégâts.
Mn avril, Bucognani vint en représentations.
Tournées : Les Joies du Fojjcr, le Chat Noir, Athalie (Marie Laurent),
Pour la Couronne (Philippe Garnier), Monsieur le Directeur, Madame
Sans-Cène, Une Mission délicate. Cabotins (Coqueliu aîné), Gabrielle
(Coquelin aîné, M"" Favart), la. Joie fait peur (Coquelin aîné), la Marraine
de CJiarletj, VAbbé Constantin, les RicocJiets de l'Amour, YEngrenayo,
la Fille bien gardée (Baret), VHàtel du Libre-Echange (Marie Kolb),
JJirorrons (Marie Kolb).
* #
Le 4 février 1H95, la subvention de 100,000 francs fut votée sans aucune
opposition. Plusieurs remaniements heureux furent apportés au cahier des
eharges. L'orchestre fut augmenté de deux premiers violons. Un para-
graphe spécial obligea le directeur à fournir, chaque fois que cela est néces-
saire dans les ouvrages modernes, les instrumentistes supplémentaires. Une
commission spéciale de cinq membres fut créée pour statuer sur les musi-
ciens de l'orchestre. La pénalité de 500 francs infligée au directeur, par
VILLE DE NANTES
1 T
THEATRE CRASLIN
Plan du Grand-Théâtre (état actuel)
HENRY JAHYER 2T1
jour de retird dans la «omposition de la troupe à partir du 9 d/'cembre, fut
réduite à 30() francs. Enfin, pour éviter les scandaleuses razzias de billets,
une clause défendit au direct<'ur de délivrer, à la mt^nio personne, plus de
dix places contiguës de la môme catégorie et plus de cinq places de
catégories différentes. Une pétition ayant réuni 170 signatures, avait été
remise au Conseil municipal pour demander la municipalisalion de
l'excellent chef M. Miranneet l'augmentation du quatuor à cordes. Comme
on l'a vu plus haui, cette augmenLition fut accordée, du moins en co qui
regarde les violons, quant à la municipalisation de M. Miranne elle
eût été votée sans difficulté sans l'intervention de M. Guibourd.
L*ex-maire de Nantes parvint à faire échouer la combinaison proposée,
et qui sauvegardait les intérêts artistiques de notre scène. Mais M.(iuibourd
ne pouvait supporter qu'on municipalisât M. Miranne, successeur de
son excellent ami Abraham Lévy. Le rôle de M. Guibourd, au Conseil
municij»!, fut toujours néf;iste à l'art musical. Malgré son étiquette de
consorvat<^ur, M. Guibourd ne fit jamais que détruire et désorganiser. Si
la municipalisation du chef d'orchestre ne fut pas obtenue, le Conseil intro-
duisit, du moins, dans le cahier des charges, un article portant que la nomi-
nation des chefs d'orchestre devrait être agréée par le Maire.
M. Castt»x ne se reprcsmita pas. Il comprit qu'il pouvait fort bien courir
à un échec et il préféra s'abstenir. M. Henry Jahyer, secrétaire général de
l'Opéra-Comique, lui fut donné comme successeur. Celui-ci demanda de
remplacer la troupe d'opérette soumise aux débuts par une troupe d'opéra"
comique. Le Conseil municipal accorda volontiers ce changement.
La nomination du nouveau directeur fut accueillie par toute la presse
nantaise avec la plus grande satisfaction. Henry Jahyer, qui était d'une
excellente famille, se distinguait du directeur que nous venions de subir
par son instruction de lettré, par son éducation d'homme du monde, par ses
allures cordiales exemptes de tout cabolinisme. Causeur sympathique et
aimable, journaliste actif et intelligent, en relation avec tout le monde
artiste, Jahyer paraissait à même de donner à notre première scène le plus
vif éclat. Ses projets étaient superbes. Il voulait, d'abord, monter 'i
Walkyrie Si^ec la nouvelle traduction d'Alfred Krnst, et cela n'était pas.
comme avec M. Castex ou avec d'autres directi'ursqui vinrent ensuite, un
projet en l'air. Jahyer avait signé, avec les éditeurs de \ii W'alkyrie, un
traité en règle et les partitions furent envoyées à Nantes. Panui les autres
grandes nouveautés promises, il faut aussi signaler trois œuvres inédites,
Brisris, l'opéra que Chabrier avait laissé inachevé, PinySin, de M. Maré-
chal et C/mnso/» AoureZ/c, de M. Bordicr. Hélas I tous c»»- 1v.mm\ i.r,.i.i<
ne devaient pas se réaliser.
Pendant l'été de 181)5 d'importantes réparations furent faites au Grand-
272 le"^théatre a naktes
Théâtre. La façade fut entièrement remise à neuf. Le grand restibule
dont certaines aculplures de la voûte étaient rongées par l'humidité, fut
restauré de fond en comble. Les statues de Corneille et de Molière furent
nettoyées ; — elles en avaient besoin. L'escalier d'honnf^ur fut refait et les
lustres furent redorés. Un nouveau système de cliauffage fut installé dans la
galle et sur la scène. Les water-closeta reçurent d'heureuses améliorations
au point de rue du confortable et de la propreté. On installa enfin des tambours
aux portes du vestibule. Toutes les peintur«'S furent lavées et de nouvelles
lampes électriques furent mises dans les loges, de façon, cette fois, à ne paa
gêner la rue des spectateurs. Dans le foyer du public on plaçaquatre immenses
et superbes aquarelles de notre compatriote Charles Toché, d'une couleur
puissante et harmonieuse, d'un grand effet décoratif. Les deux premières
symbolisent, l'une les goûts artistiques, l'autre les occupations
commerciales de la Ville de Nantes ; la troisième et la quatrième
caractérisent, par des personnages, le drame romantique et la comédie.
D'importantes modifications furent apportées à l'orchestre. Le niveau
du plancher fut baissé d'environ quaire-vingts centimètres. Depuis longtemps
celte réforme était réclamée. Elle eut pour résultat de donner à l'orchestre
une sonorité excellente et pondérée, mais elle mécontenu fort Messieurs
les instrumentistes qui se trouvaient ainsi privés de la vue de la
scène et de la faculté de causer avec les spectateurs du premier rang des
stalles. L'énorme proscenium fut considérabieracnt réduit ; cola permit
de gagner un rang de places au parquet. Par contre, la baignoire du
fond fut supprimée pour permettre de donner au parterre une nouvelle
sortie. Un passage fut aussi ouvert sur toute la longueur du parterre.
Les places supprimées furent remplacées par des strapontins se relevant
automatiquement. Enfin, pour l'établissement du truc de la chevauchée
des Walkyries, on pratiqua dans les murs de la scène, côté cour et côté
jardin, deux larges ouvertures à la hauteur du premier étage. Ces
ouvertures furent fermées par des portes en fer. Plusieurs décors,
notamment le deuxième acte de Mireille, le quatrième acte de Carmen et le
quatrième acte de Roland à Ronceoaux, qu'on devait utiliser dans la
Walhyrie, furent repeints.
En plus des abonnements au mois et à l'année, [M. Jahyer créa des
abonnements au jour. Ces abonnements n'étaient jpas personnels. Tout
abonné était libre de disposer à son gré de la place qu'il n'oocupait pas.
M. Jahyer essaya aussi [de donner les matinées de la Renalsianee à prix
entier. Cette innovation ne réussit pas. Esiimant, avec juste raison, que
doux représentations, par semaine, à moitié prix, faisaient du tort au
Grand-Tliéàtre, le directeur prit un moyen terme : les matinées furent
données» prix réduit. Les suooesseurs de M< Jahyer maintinrent ce s^st^ttie.
LATAnGE — m'** BCHL
m
La Ipoupf réunie par Nf , Jahyer était des plus complète.
SAISON 1895-1896
Henry JAHYER, Directeur
MiRAMNE, pr<'ini'»r clief d'orchestre. — Bokcuot, deuxième chef d'orehe«lr«
Nkrtai,. f'uixMur
MM. Lafarok, premier t^nor en tous
genres.
Claude Maks, fort téacr.
Gaxsmkuve, U'iior léger.
Gbimauu. barvton d'opéra.
Ohacmb. baryton d*op*rn-«omi«7ue.
ViNCBK. baase d'opéra.
AnTua, liafiM' d'op^ra-oomiqa«.
AitNAun. deuxième baaae.
Latit, trial.
MoBDKT. lamette.
MtLUtuL'E, comique.
Ni^MOT, di*nxi^me trial.
PanxaaMAnp, troiai^me ténor.
M"" Tti-PA, falcon.
Bi i.H, Boprano If'ger.
LtiL.HDRT, ••eoad aoprano.
Eva Romaik, coritrult*-).
BoKiBA5, tàleon en doubla.
BotiT, dugaaon.
MouLix, deuxi^m'' du^axon.
Maria Lambrechts, deaxi<'mf' du-
gazoo.
NfewoT, troiaiànte dngazon.
I<£lia, dii>''(^e.
BALLET
M. HoLTZBB, maltrvdo ballet.
M-" Hf>giiia Baudino, premi.-r.' danaeuae.
.N'er..y, demi-caractère.
VwcErrr. travestie.
Cette troupe, à pnrt quelques poinL< faibles, ét^iit do premier ordre. Le
ténor Lafarge était un admirable artiste, chanteur ronsommé, com»'idien
intelligent. Les vrais musiciens n'oublieront pas de longtemps la remarquable
manière dont il interpréta Samson et DnlUa et les P^cheurg de Perles.
Malheurcusemonf, Lafarge était sujet à des indispositions fréquentes. D'un
autre côté, il déplaisait aux amateurs du vieux répertoire qui estiment, avant
tout le colpo di gota. Il fallait donc à côté de Lafarge un fort ténor solide
pour pouvoir tenir, à la satisfaction de certains, les rôles de Guillaume ou
d'Eléazar. M. Jahyer, qui savait parfaitement que Lafarge ne chantait pas
ses rôles, avait engagé un jeune débutant, M. Claude Mars, doué d'une voix
assez éclatante. Le calcul était habile ; si M. Mars avait eu plai de
planches, tout eût été parfait et les mécontent» n'auraient eu aucun prétexte
de plainte. Le ténor léger Cazeneuve, le baryton d'opéra-comique Gbasne,
la basse chantante Artus étaient tous des artistes de valeur dignes des plus
grandes sc«''nes. De mAme M. Vinrhe, basse profonde, chanteur accompli et
qui, pourtant, no trouva pas grâce devant le parti-pris do certains abonn<^;
ceux ci.pourtant.aoceptèrentsans difficultés M*«Tylda, un sopranodramatiquc
d'une taille minuscule et dont la voix criarde et peu juste fit soufTrir cruel-
lement nos oreilles pendant toute la saison. Parmi les femmes, il faut riter
M'i* Bûhl, délicieuse chanteUM légère qui arrivait, comme MM. Lalargeet
Artus, de l'Opéra-Comlque, et M«« Era Romain, un contralto à la roii
chaude et veloutée. Il convient aussi de ne pas oublier parmi 1m booi
274 LE THÉÂTRE A NANTES
éléments de cette troupe le régisseur général, M. Nerval, un artiste véri-
table, un metteur en scène hors ligne. Los débuts furent des plus mouve-
mentés. Un certain groupe d'abonnés et d'habitués du Théâtre prenaient
plaisir à susciter des dilficultés à M. Jahycr, dont la jeunesse, l'esprit
indépendant et hardi, déplaisaient à leur encroûtement routinier. Voir ouvrir
une saison théâtrale par Samson et Dalili leur paraissait une atteinte portée
à leur dignité personnelle! ! Lafarge, fatigué le soir de son premier début
dans Samson et Dalila, avait pris une éclatante revanche quelques jours
après dans le même rôle. Il avait suscité un véritable enthousiasme et son
succès avait continué dans les Pêcheurs de Perles et dans Roméo et
Juliette. Quelle ne fut donc pas la stupéfaction du public quand on apprit,
pendant le dernier entr'acte de Roméo, que M. Lafarge venait d'être refusé
par 24 non contre 16 oui. Dès que l'excellent artiste apparut, ce fut, dans la
salle, une tempête de cris de : Vive Lafarge ! A bas la Commission ! Devant
le tapage, le rideau dut se baisser et, quelques instants après, M. Nénot,
régisseur parlant au public, vint annoncer que M. Lafarge, très émotionné
par la nouvelle de son refus était hors d'état de chanter le cinquième acte.
Le public quitta la salle toujours aux cris de : Vive Lafarge ! A bas la Com-
mission ! Démission !! Deux à trois cents personnes coururent à la sortie des
artistes. Quand Lafarge parut on l'acclama et on le porta en triomphe à la
Grande Brasserie. Là, le ténor remercia les assistants qui lui affirmèrent
qu'ils mettraient tout en œuvre pour le faire rester à Nantes, puis une voix
cria : « Allons chez Etiennez ! » et la foule se précipita vers la place
Royale, où demeurait l'Adjoint aux Beaux-Arts. Mais la police arriva en
nombre et les manifestants se dispersèrent. Le lendemain, on jouait les
Pêcheurs de Perles. La salle était comble. Dès que Lafarge parait la mani-
festation commence. Les rappels succèdent aux rappels, les ovations aux
ovations. Le spectacle devait se terminer par les Rendez-vous bourgeois.
Pendant le dernier entr'acte, le public prend la résolution do ne pas laisser
continuer la représentation si on ne lui donne pas satisfaction. Le tapage
recommence. M. Nénot parait. Quinze cents voix réclament l'admission de
Lafarge. Le régisseur se retire et revient quelques instants après pour
déclarer que « l'Administration municipale ne peut statuer séance tenante »,
et il demande de laisser achever la soirée. Le boucan éclate à nouveau. Enfin,
au bout d'un certain temps, M. Nénot revient une troisième fois pour faire
connaître que : « l'Administration municipale va aviser à donner satisfac-
tion au public. » Cette déclaration ramène le calme et la représentation peut
se terminer. Le lendemain, le Maire prit l'arrêté suivant :
» Le Maire de la Ville do Nantes, chevalier de la Légion d'honneur.
» Vu l'article 10 du cahier des charges, lequel édicté que la Commission
des débuts sera composée de tous les abonnés à l'année et d'un nombre
égal d'abonnés au mois et que, dans le cas où ces derniers seraient en plus
LES INCIDENTS LAPARCE — MARGUERITE VAILLANT-COUTURIER 275
grand nombn; que les premiers, on n'admettrait au vote qu'un nombre
d'abonnés égal à celui des abonnés à l'année et ce, par voie de tirage au
sort;
» Considérant qu'à l'ouverture de la campagne théâtrale, le nombre de>j
abonnés au mois était égal à celui des abonnés à l'année et qu'il n'y a \)n>
eu par suite, à procéder à un tirage au sort;
» Mais qu'au cours et notamment dans la seconde moitié d'octobre, un
certain nombre d'abonnés au mois se sont fait ins«rire, que ces abonnés
venant après la confection de la liste de la Commission des débuts ne
devaient pas voter ;
» Que cependant, en fait, |)lusieurs d'entre eux ont pris part au vote le
samedi 20 octobre, relatif au ténor, M. Lafarge.
» Que ce vote est [jar suite tiiLiclK- de nuUitt- ;
» ARRETONS:
» Article premier. — Le vote du s.miedi 2(» octobre IROô e^t aiuiulé
en ce qui concerne M. Lafarge.
» Art. 2. — Un nouveau vole sur l'aduiisMun de M. Lalargc aura heu
sans nouveau début, à un jour qui sera ultérieurement fixé.
» Art. 3. — M. le Commissaire central est chargé d'assurer l'exécution
du prés»>nt arrûlé.
» En l'Hôtel-de- Ville, à Nantes, le 28 octobre 1895.
Lt; Main',
» Etienne Etiennez. adjoint. *
Au second scrutin, M. Lafarge fut accepté par 39 oui contre 9 non. Ce
résultiit dépassait toutes les espérances de ses amis (jui ne comptaient pas
sur une victoire aussi complète. Le remarquable ténor ét;ut donc des nôtres;
hélas! pour trop peu de temps. Mais avant d'arriver aux nouveaux incidents
que suseita M. Lafarge, finissons-en avec les débuts.
M. Vinchc fut remplacé par .\L Lavallée qui ne fit qu'une seule appari-
tion à la Renaissance. Cet artiste était complètement aphone. Le public,
ordinairement si calme et si bon enfant des matinées, se jxiya lui aussi un
chahut assez bien conditionné. On se serait cru transporté dans (|ueique
théâtre du Midi. La basse Bordeneuve, qui jouissait d'une certaine réputa-
tion, fut alors engagée. Après plusieurs retirds apportés à ses débuts par
une iiulisposition persistante, NL Bordeneuve parut et fut congédié
de suite. Enfin M. Sylvain, une basse à la voix très solide, fut re<;u.
M"* lyéaudry, seconde ehanteuse d'opéra, tomba elle aussi. Sa remplaçante
fut M"" Corroy qui ne tarda pas à résilier. M"" Vaillant-Couturier fut alors
engagée p<.)ur tenir cet emploi. La délicieuse créatrice à Nantes de Mireille
fut revue avec un vif plaisir et. bieii(|ue sa voix eût perdu un peu de Sj^
fraîcheur, elle charma encore bien souvent le public, not;imment dans Faust
et Roméo. M"" Bonjoan et Franck, soprano dramatique et contralto en
double, après des apparitions malheureuses, résilièrent et ne furent pas rera-
plaiées.
879 ^^ THÉÂTRE A. NAWTS9
Le 7 njvoiabro, Lafarge, uttfiint par l'influeozu, n'arrivait qu'à force de
courage à achever Roméo et Juliette. La direction lui accorda quinze jours
de repos. Mais voici que M"« Bùhl tomba elle aussi malade. Le 23
novembre, len //a//«e/io^8 étaient affichés, quand, vers cinq lieures, M"« Buhl
fit dire qu'il lui était complètement imposisible do chanter. On ne savait
que jouer, quand Lafarge.qui se sentait beaucoup mieux, proposa de chanter
Samaon et Dalila, L'offre fut acceptée. Ce changement de spectacle, annoncé
au dernier moment, ne fut pas du goût de tout le monde et, dès le lever du
rideau, on sentait que, dans la salle, couvait un orage. Les deux premiers
actes se passèrent sans incident. Lafarge n'était pas très en Toix, mais,
grâce à son talent de chanteur il charmait quand même, et ses adversaires
ne trouvaient pas l'occasioiiîde « l'attraper ». L'entr'actc entre le second et
le troisième acte se prolongea d'une façon insolite. Plus d'une demi-heure
s'était écoulée et le rideau ne se levait pas. Le tapage commença. Le régis-
seur Nénotviut alopg annoncer que« lu représentation ne pouvait continuer
pour l'instant, que M. Lafarge était tombé sans connaissance et que
deux médecins essayaient vainement de lui faire reprendre ses sens ». Le
public alors se fâcha tout rouge. Les ennemis de M- Jabyeravaient, pendant
Tentr'acte démesuré, habilement chauffé la salle. M. Nénot proposa pour
terminer la soirée soit le ballet d'Hamlet, soit le Chalet ou bien encore le
remboursement des places. Cette dernière proposition fut acceptée et le
public se précipita au contrôle pour exiger son argent. Là, on s'aperçut bien
vite que, les spectateurs ayant quitté leurs places respectives sans prendre de
contre-marque, le remboursement était matériellement impossible.
Alors, éclata une véritable émeute. Des promeneurs accoururent du
dehors se joindi-e aux spectateurs. On hurlait : « A bas Jahyer I » et aussi
« A bas l'Ouest- Artiste ! A bas Destranges ! » Certains imbéciles m'acçu-
saiept, en effet, d'ôti-e cause de ce qui arrivait, parce que j'avais contribué,
plus que tout autre, il est vrai, au maintien de Lafarge. Quelques abounés
prétendaient que ce dernier, en réalité, n'était pas malade et qu'il ne termi-
nait pas Samson simplement par peur des « canards ». S'il avait été
donné à ceux-là de voir, comme moi, le grand artiste étendu sans vie sur le
parquet de sa loge, les yeux fixes, les membres rigides, ils n'auraient pas
douté, un instant, de la réalité de son indisposition.
Cependant, la foule qui s'était massée dans le vestibule rentra dans la salle,
enpoussant des vociférations sauvages. Alors, il se passa un fait inouï. Les
bancs du parterre furent arrachés et brisés, Iqs chaises des baignoires furent
jetées sur les fauteuils d'orchestre, les grandes housses destinées à recouvrir
les balcons des galeries, furent tirées dans la salle et déchirées ; dans
l'uichestre, une contre-basse fut brisée, les timbales renversées. Pendant
ce temps, que faisait la police ? Dès les premiers symptômes de tumulte,
SCAREMBERG — PROSKRPINE
277
M. l'Adjoint aux Beaux-Arts sV-tiit erapivssé de rentrer chez lui. Quant
au commissaire do service, «a femme et son parapluie, qu'il avait f)erdus
dans la bousculade, Tinquiétaient seuls, et c'est en vain que les a^'ents
lui demandaient ihi:> ordres. Voyant cela. Jahyer prit sur lui de faire
brus<|iiement éteindre les lumitres de la salle et le public finit par se
décider à s'en aller brailler au dehors, jusqu'au moment où il en eut
a.ssez. Le lendemain, le Maire prit un arrêté interdisant â M. Lafarpe de
reparaître sur les scènes des Théâtres de V ci-- ........... /.tint mm.- e.mse
de trouble.
Où trouver un premier ténor '.' Les agences n'avaient à offrir que de«
ehant<»urs venant d'échouer sur des scènes de second or<lre. Parmi ceux-ci
se trouvait un jeune artiste, presque débutant, que les dileltanti de
Montp«'llier avaient ivfusé. NL Jahyer engagea M. ScaremlxTg à l'essai,
car, comme tour le monde d'ailleurs, il deraeuniil sc«?ptique à l'égard de
son nouveau pensionnaire. Ce fut pour lui et p^uir le public une agré.ible
surprise de trouver en M. Seareinberg un ténor du plus b<'l a\enir, «'xcel-
lent musicien, dont la voix fraîche et solide était d'un timbre des plus
agréable. Malgré le peu de rôles qu'il connaissait, M. Scaremberg fut re«;u
à l'unanimité. L'excellent artiste, par un travail acharné, se forma bientôt
un répertoire complet, passant avec un égal bonheur do^ Huguenots dont le
rôle de Rioul était son triomphe, à Lakmé el de Lakmé à Lohengrin.
Depuis, M. Scareml)erg a fait brillamment son ch»'min ; il est devenu l'un des
ténors payés U's plus chers de Belgique et de Province.
La première représentation de Pronerpine eut lieu le i janvier 189G, avec
un certain suc<ès. Cette œuvre de Saint-Saéns, qui n'a pas encore réussi à
s'imposer à Paris, contient des pages tour à tour puissantes et gracieuses.
Si cett<» partition de l'illustre auteur de Samaon et Dalila laissa a>sez
froid le gros publi<-, du moins fut-elle tn'^s appn'ciée des musiciens. Klle se
joua six fois devant des spectateurs enthousiastes qui bissèrent, à chaque
soin'M», l'adorable finale du deuxième acte et la chanson à boire de Squarocca.
L'interprétation était excellente. M'"» Vaillant-Couturier lit une ravissante
courtisane du XVP siècle. Elle disait certaines phrases du premitT
acte de la plus délicieuse façon. M"* Bùhl était une exquix» .Vngiola.
MM. Scaremberg. fîrimaud, Artus, ne méritèrent que des éloges. Enfin,
l'orchestre, adnnrablement dirigé par Miraune, ne doit pas ètri' oublié lui
non plus.
Quelques semaines auparavant M. Jahyer avait donné la première repré-
sentation de la Virandiùre. Celte œuvre posthume de M. Benjamin Godird
remportai un four noir et mérité. On joua aussi pendant la {nrioile de la
direction Jahyer: la Dot de Brigitte, la Femme de Xarciêne et VKnt^rement
de la Toledad.
45
278 LE THÉÂTRE A NAÎfTBS
Jahycr était à Paris depuis trois jours quand, le mercredi 15 janvier 1896,
1(3 U'iégrapho apporta à Nantes la triste nouvelle de sa mort subite
due, disait la dépèche, à la rupture d'un anévrisme. L'exacte vérité
ne tarda pas à L^tre eonnue. Le malheureux Jahyer s'était tiré un coup
de revolver, à la suite d'une grosse perte de jeu. 11 importe de faire
remarquer que la situation du Théâtre de Nantes ne put avoir aucune
influence, sur la fatale détermination de Jahyer. En effet, les recettes des
trois premiers mois de la saison étaient supérieures aux recettes correspon-
dantes de l'année précédente.
Pour terminer la saison les artistes se réunirent en société sous la gérance
de M. Nerval. Excellent régisseur, homme intelligent et énergique, nul
n'était plus à môme que M. Nerval de mener à bonne fin cette délicate
entreprise. Malheureusement la bonne volonté, les excellentes intentions de
l'Administrateur général furent, à chaque instant, paralysies par le mauvais
vouloir des uns et des autres. Chacun tirait :i hue et à dia et, malgré les
pleins pouvoirs qu'on lui avait donnés, M. Nerval, découragé, énervé, fut
souvent sur le point de tout hlcher, car, comme il le disait justement lui
même, ses pleins pouvoirs étaient complètement illusoires : c'était comme
s'il avait tenu en main la garde d'une épée sans lame. Les artistes, à part
de rares exceptions, opposèrent, pendant trois mois et demi, la force d'inertie
] i plus complète aux désirs de leur administrateur. On renonça successive-
ment aux reprises du Réce et de Tannhœuser, malgré toutes les promisses
faites et, pour l'œuvre de Wagner, malgré un engagement formel avec
l'éditeur, parce que certains artistes ne voulaient pas apprendre de
nouveaux rôles.
A part une Revue Locale sans grand esprit, intitulée Crébillonnex.Qi pour
laquelle elle n'hésita pas à faire certains gros frais, la Société des artistes
vécut sur les pièces préparées par Jahyer.
C'est ainsi que la Nacarraise, ayant été retardée par suite du suicide de
Jahyer, fît son apparition vers la fin de la saison avec un insuccès complet
d'ailleurs. Le public nantais montra, une fois de plus, son bon goût en accueil-
lant plus que froidement cette méchante élucubration, indigne du talent de
Monsieur Massenet. Le ténor Claude Mars leva le pied vers la fin de janvier
avec une danseuse. Il ne fut pas remplacé.
Le 17 décembre 1895, un peu avant l'ouverture des portes, un commen-
cement d'incendie se déclara dans le grenier situé au-dessus des appartements
de M. Bastié, inspecteur municipal. Des cendres chaudes, déposées par une
domestique imprudente, avaient communiqué le feu à une caisse de bois.
Quelques seaux d'eau suffirent à éteindre les flammes ; les dégâts furent
insignifiants.
M. Artus, basse chantante, ayant écrit dans le courant de février une lettre
L INCIDENT ARTLS 1' '
grossière à M. Bistrhiné, chroniqueur théâtral du Proqrèn, à la suitiî d'une
critique fort anodine, fut mis à l'index par la Presse Nantaise
M"»" Tariol-Beaugé vint en représenUition.
Tournées: La Dnmc aur CamoliaM (Sarah-liernti.tr it;, Mnj'ni (>;ii,in
Beinhardt). \ps Jeux dr L'Amour et du Ilanard, le Paradis, \cs Inutiles,
Prcheum d'InUinde (Marie Laurent), Madame Sans-Orne, les Tenailles, le
lifmplnrani , Marcelle, {nFliLuntirr (Taillade), Charlotte Cor</ay (Taillade),
1\
DIRECTIONS : MARTINI. — QIRAUD.
YILLEFRANCK
1800 — VM\
Mnrgurritr iinrtini — TltCr»'$e Clément.— SémlKnc— Ut>u^man. — Sal.-unmbA. —
EvaiiRoline.— Laittutr. — Era liomain.— M"' Luca. — ItvHaulor.— Alfred Uruneau
à Santfx. —Henri VIII — Dlnnche kfarie.— Vfrdier. —Marguerite DesTarêiUrs.
— lilnnrUe de ConiiHi. •'0<iyl>' UendrirMx. — Hcnnel «l («n-tt-l. — Siri-Lind.
— Priuct'sse «l'Aubergo. — Phryné. —^Inriient Dohhelnrrr. — Samuel
Hnvy.-' Unuri/eiiis. — Siirs. —Jarqmft — .V' liriftti — 3/"- Poiçng.
— Orplw'f.— IluMa. — \é% Vie <!♦• Bolu'me - ASnr/furrile (iiraud.
— Engel. — Dumonthitfr. — féraud de Sointpal. — L'odou.
— Jiitu' lUUhori. - Ili'lt'ne ThtTy. — M^Chotain. — Jeanne
Lambert. — A/H* Sterrkmnnns. — Le cycle des
leurres d'Alfred liruneuu. — IjC Juif
Polooais. — IphigènioenTauridc. —
(>n.lrill.in — TKa;"»
ft'U ^ subvention lui v<»uie dans lo courant de lévrier. Elle était
Ijpjli'r -jj maintenue à lOO.OOO francs avec le ui«imc cahier des charges.
'• *?J^-iN ï-'i clause suivante fut. iit-anmoin*. ajouli'o sur la demande du
^«l^^>•.^L^5A docteur Teillais. « Le directeur n'éUint obligé qu'à une troupe
d'op»'ra et à une troupe d'opérette, ne pourra jouer l'opéra-comique que s'il
cng.ïgo un ténor K'gor et une chautcu^ii' léi;«'»re d'o|>éra comique. » Celte
interdiction cUiil moltvé*' par ceriainf> scandaleuses représentations de la
seconde direction Castex.
M. Castox qui n'avait jamais pu se consoler de quitter Nantes où. en
deux ans, il avait gagné une quarantaine de mille francs, s'empressa.à peine
Jahycr des<cndu dans la tombe, de redemander la direction. Il se croyait,
cette fois, certain de réussir. Quel ne fut pas sou désappointement quand il
apprit que radministration . bien in- " " ' ' 'ré
M. 11. Martini, ((ui avait, jadis, sous l.i n
succès, le rôle de Des Gricux. de Manon.
Tout comme Jahyer. M. Martini appartenait à une bonne famille. Il avait
de l'instrueiion et de l'édueation et. ave^^ !•• "-s rap|x>rt- •'•■••"t f"'»
282
LE THEATRE A NANTES
agréables. Directeur habilo, ayant une connaissarioo approfondie des rouages
du Théâtre, M. Martini éliiit constamment tiraillé par les deux côtés de sa
nature. Artiste d'une intelligence éveillée, il voyait bien ce qu'il fallait faire,
mais le commerçant madré qui était aussi en lui l'empêchait souvent d'accom-
plir le « beau geste ») nécessaire. Il essayait donc, d'abord, de marcher le
plus écononuquemeiit possible, mais quand il sentait que la presse et le
public allaient se rebiffer, avec une dextérité extrême, il savait les désarmer
en leur olfrant. à temps, l'artiste ou l'œuvre désirée. M.Martini avait eu soin
aussi de se mettre au mieux avec M. Lemoine, adjoint aux Beaux Arts, et
de lier avec lui des relations tellement intimes que ce dernier devait se
trouver souvent gôné pour faire au directeur les remontrances nécessaires.
Cet adjoint, honnête passementier de la ville, que les fantaisies du suf-
frage universel avaient poussé à l'Hôtel de Ville, n'était désigné par rien
pour remplir les délicates fonctions de délégué aux Beaux-Arts, sa parenté
avec un peintre de talent étant, en effet, un titre insuffisant. M. Lemoine
se montra, d'abord, plein de bonnes intentions, mais il ne sut jamais les
faire aboutir. De plus, son désir de contenter tout le monde ne réussit qu'à
le brouiller avec beaucoup de personnes. M. Guist'hau, en plein Conseil
municipal, reprocha plusieurs fois à l'adjoint sa regrettable faiblesse envers
le directeur des Théâtres.
M. Martini entra en fonctions dès le mois de mai 1896, le Théâtre n'ayant
été laissé à la Société des artistes que jusqu'à cette date. Pendant ce mois,
M. Décori vint jouer les Deux Gosses et d'autres drames avec plusieurs
artistes de l'Ambigu.
Pendant les mois d'été le mobilier du Théâtre fut en partie repeint et
remis en état; tous les accessoires furent soigneusement inventoriés et classés.
SAISON 1896-1897
Horace MARTINI, Directeur
DoBiiKLAERB, i>remier chef d'orcliostie. — Codls, deuxième chof d'orchestre.
Dklaire. ri'gisseur.
MM. CÎAUTiKH. fort ténor.
Lariuudièrk, deuxième ténor.
Breton, ténor.
Stévens, troisièm*' tônor.
SfvVKii.iiAC. baryton d'opéra.
RossKEi.. baryton d'opéra-coniiquo.
BouxMANN. basse d'opéra.
ZuoooNi, basse chantante.
Uheleyns dt>uxiénio basse.
RoussKi., trial.
MoRORT, lariKMte.
M'»"' Marnuerilo Mautini, soprano dra-
matique.
Dalzen, falcon.
M-
Packhirrs, chanteuse légère.
Vii.LA, contralto.
Dasty. duRu/on.
Campan. deuxième dtigazon.
Marcelle Olivier, divette.
Markels, duègne.
BALLET
Linda Pastore. maîtresse de ballet,
danseuse étoile.
BossY. première danseuse.
TooxûLi. demi -caractère.
rARis. travestie.
MAid.UKKITK MARTINI — TH^HÈSB CLéMBNT 283
Engagé à Lyon à de superbes conditions rexeellenl chef d'orchestre
Miranne quitta Nantes accompagné des regrets de tous. Un certain
M. Dobhielaére lui succéda sans le remplacer. Ce maHtro, comrao jadis
Lévy, avait fait une quantité de théâtres sans avoir jamais pu réussir à se
fixer nulle part. En d<.Tnier lieu, il arrivait de Bordeaux où il ét;iitchef d'or-
chestre en second. D'un caractèn» atrabilaire et ombrageux, M. Dobbelaêre
sut d'autant moins coïKjuérir les sympathies du public que. comme artiste,
il ne s'imposait pas. Sa façon de diriger, nerveuse et irréguli«'*re, sa non-
compréhension des œuvres nouvelles, prêtaient justement le flanc à la cri-
tique. Ce musicien était évidemment déplacé comme premier chef à la tête
d'un orchestre de grande ville. Il aurait pu, néanmoins, comme s«i'ond,
rendre des services car, a défaut d'aulres cjualilés, il était ponctuel et
soigneux.
Cette année là, une artiste prima tous ses camarades parmi lesquels elle
brillait comme une étoile de première grandeur. On gard'-ra toujours. 4
Nantes, le souvenir de l'admirable chanteuse, de la grande tragédienne
qu'était Marguerite Martini, .sœur du directeur des Théâtres municipaux.
Grande, mince, distinguée, le visage rayonnant d'intelligence, M"* Martmi
mett;iit au service d'une voix expressive de soprano dramatique une con-
naissance consommée de l'art du chant. Chacune de ses apparitions sur la
scène était un véritable triomphe . Les rôles d'Eisa, d'Elisabeth, de Korenn,
de nninnehild, de Salammbô, de Valentine, furent interprétés par elle
comme ils ne l'avaient jamais été à Nantes, comme ils ne léseront proba
blement jamais. M'*« Martini n'éuiit malheureusement engagée qu'en repré-
sentations. Non soumise aux débuts, elle ne devait donner, d'abord, que cinq
repré.sentations par mois. Ce nombre fut ensuite élevé à huit en retour de
la tolérance accordée p;ir la munici|);iliié de conserver M"* de Brools,
malgré le relus de la commission. Personne n'eut à se plaindre de cet arran-
gement qui sauvegardait les intérêts artistiques du ThéAtre.
Les cliutes furent nombreuses. Le ténor Gauthier tomlw» et fut remplai é
successivement p;ir MM. Kenaud et .Mestre. Ce dernier fut admis bien que
fort médiocre. MNL Zucconi et Breton échouèrent eux au.ssi. Ils eurent
comme successeurs MM. Darras et Baudin. La falcon en titre, M"* Dalzen
no réussit pas. M. Martini fit alors un coup de maître en engageant pour la
remplacer une débutante de réel talent, élève d'une artiste* qui avait
laissé parmi les amateurs du ThéAtre un excellent souvenir. Alice Rabany.
M''» Thérèse Clément, une grande jeune fîlle à la voix sonor»» et puissante,
au jeu intelligent, fit une excellente impression sur le public. Elle fut reçue
à l'unanimité et, toute l'année.elle fut très juslt»ment applaudie. Elle chanta.
d'une fa(,*on vraiment remarquable, le rôle d'Hilda de Sigurd. et ceux de
Vénus, de Tannhœu»er c\ de Margueril«\ de Fau»t. M"« Packbiers fut rem-
281 LE THEATRE A NANTES
placée par M"« Rhaijane qui échoua elle aussi. M"« de Brools, qui parut
ensuite, ne réunit pas davantage la majorité des suffrages. Cependant M. Mar-
tini ayant olfert, eu échange d(; son maintien, de donner, par mois, trois
représentations de plus avec sa sœur, la présence de M"« de Brools fut
tolérée. Cette artiste, d'ailleurs, quitta Nantes à la fin de février et M. Mar-
tini engagea alors des chanteuses légères en représentation. C'est ainsi que
vinrent successivement M''" Biihl qui, indisposée, ne retrouva pas son
^uccès de l'année précédente, Salambiani, Giaconnetti et Aubecq. M""
Campan fut remplacée par M^^* Gheleyns qui fut refusée. Ces deux
artistes continuèrent, néanmoins, à chanter, M. l'Adjoint aux Beaux Arts
ayant bénévolement consenti à fermer les yeux.
M™"» Marcelle Olivier, par suite de grossesse, dut bientôt abandonner son
service. Un incident amusant s'était produit, quelque temps auparavant^ au
moment du vote touchant radmission de cette chanteuse. Le président venait
de déclarer le scrutin ouvert quand il aperf;ut, sur l'urne, un mystérieux
pli cacheté. Le mari de la jolie débutante, en termes très affîrniatifs, préve-
nait la Commission théâtrale que, contrairement aux bruits répandus dans
le public, la position de sa gentilh; moitié n'était intéressante qu'au point de
vue strictement artistique. M™*-" Olivier fut admise, mais quand, un mois
après, elle dut se rc^tirer, sa présence sur la scène n'étant plus possible, les
abonnés regrettèrent de n'avoir pas exigé d'autres preuves qu'une lettre de
mari. M'"'^ Olivier ne reprit son service qu'en avril. Pendant son absence,
elle fut suppléée par M™" Gilberte Andrée, qui ne plut pas, puis par
M™« Laurent.
Outre M"'' Martini et Clément, quelques artistes méritent aussi une men-
tion particulière : M. Séveilhac, dont la merveilleuse voix de baryton conquit
vite les faveurs du public, mais qui laissait fort à désirer, malheureusement,
au point de vue du chant et de la tenue scénique ; M. Bouxmann, basse
profonde douée d'un bel organe ; le second ténor Larbaudière ; le trial
Roussel, très amusant; enfin M. Paranque, ténor eh double, engagé dans le
courant de la saison et qui, à défaut d'une voix suffisante pour l'emploi,
possédait un assez beau talent de chanteur.
Le jour de l'ouverture de là saison, M. Séveilhac chanta VHi/mne russe,
en l'honneur du Tsar, qui était arrivé le jour même a Paris (G octobre 189G).
Grand erithousiasme.
Dès le mois d'octoi)re, NL Martini monta Lohengrin. Le fait mérite d'être
signalé, les directeurs ayant généralement la détestable habitude d'attendre
les derniers mois de la saison pour faire les reprises intéressantes. Mais
M. Martini avait la grande qualité de savoir faire trav liller ses arti>^tev:.
Avec lui, on ne perdait pas de temps.
La première nouveauté de la saison fut Salammbô, jouée avec succès le
SALAMMBO — EVANGELIM KOI I»'ys 285
22 décembre 18'.Xî. Cette œuvje de Keyer, saos valoir Siyurd, contient
néanmoins dfs p,ig<\s suptrbos, et l'on doit savoir gré à M. Martini de
l'avoir monléç. Marguerite Martini créa avec un talent hors ligne le rôle de
!a prêtresse de Tanit. Los autres personnages furent tenus par MM. Mestre
— tr/'s médiocre en Mathô, - Paranque, Séveilliac, Rouxmann, Rosseel.
M. Martini encadra Salammbô dans des décors superlx?» qui, malheureuse-
ment, sont restés sa propriété. On admira surtout ceux du Templf de Tanit,
dn Temple de Moloch et du Forum de Carthage.
lîranf/e/ine, de M. Xavier Leroux, œuvre d'une jolie couleur, sinon d'une
personnalité accusée, fut représentée le 2<J avril lHi>7, sous la direction de
l'auteur et accueillie avec sympathie, Les interprètes étaient MM. Pa-
ran((ue, Bouxmanii, Ros«eel ; M"'* Martini et Dasty. Le lendemain,
21 avril, à l'occasion du s«^jour à Nantes du Président Félix Faure, une
grande représciitation de gala, par invit^itions, eut lieu au (Jrand-TlK^itre.
Le spectacle se composait d'actes de^ HuguenoUs do Guillaume Tell
ùià'Eoanrjeline. M. Xavier Leroux dirigea encore l'orchestre, ce soir-là.
Les autres nouveautés furent V Amour Xfrdenn et Paillasse. Bien que
supérieur à Caralloria Rusiicann, l'acte brûlai d(» M. Léoncavallo n'eut
pas plus (ic succès que celui de Masc^igni. En opérettes, NI. Martini donna
liaholin, le Lycée de Jeunes JiIIph et Dïl Jours aitx Pi/rénées.
Le Roi d'Ys, qui n'avait pas été donné depuis sa création, en !>>>:*, (ut
repris avec un très gros succès. Marguerite Martini chanta d'une adorable
façon le délicieux rôle de Rozerin. M. Martini remonta aussi Tann^iœuser.
L'interprétation fut excellente de la part de M"^* Martini et Clément, et de
MM. Séveilhac et Bouxniann. Mais le ténor Mestre fut, lui, au-dessous de
tout. Pour cette reprise, on fit peindre une grotte pour le premier acte. Ce
décor, sans être bien famet; it mieux que Tlnfecte toile
couleur de suie dont M. Castox n .i\.iii pa.< lu honte de se servir. On fil aussi
\[\Jerme du château do la Warlburi; et certaines parties de la salle des fêtes.
Ces décors, assez maladroitement peints dans les ateliers de Nantes, ne
sont pas dignes du chef-d'œuvre dç Wag; > l'excellente
idée de faire venir, dans le courant de la mi-^ m i .s Colonne et
Lamoureux. Ces deux concerts eurent lieu à la 1. iiicc devant des
salles combles, le premier en janvier, le second en avril 1807.
Kn avril, M">* Pauline Hocher devait chanter Carmen, mais a la suite
d'une violente altercation avec M. Dobb^i • ■ ■ '!-' fit dire • ^' Martini
qu'elle ne chanterait pas. On dut changer i -le.
Le 28 janvier 18îï7, un léger commencement d'incendie eut lieu après la
second acte de Snlammlni. Une îles lorehèros du T> ' mt
tombée, l'esprit dt* vin qu'ell»; contenait s»* répandit sur !.. na
un coin de décor. Les pompiers eurent vite raison du feu.
286 LE THÉÂTRE A NANTES
En mai et en juin, M. Martini donna des représentations de comédie et
de drame.
Tournées : la Tortue, Blanchette (Antoine), l'Illustre Monthahord
(Baron), Madame Sana-Gène, V Empereur, Doit-on le dire (Brasseur), le
Jloi Koko (Brasseur), Madame la Maréchale (Desclauzas), [c Bemplarant ,
Oriselidia (Paul Mounct, Sylvain), Disparu, le Barbier de Sécille
(Reichemberg), le Dépit amoureux (Reichcmberg), la Petite Fadette (Jane
May), le Petit Lord (Baret), la Doctoresse (Marie Magnier), V Avare, ht
Malade imaginaire, le Cirf, les Précieuses ridicules, le Chat Noir, Frou-
frou (Lina Munte), les Fourchamhault, lo Paradis, Durand et Durand,
les ^«n^^aM (Baret), Bataille de Dames (Reichemberg), Mieux vaut dou-
ceur ('Reichemberg), Eugénie Buffet, le Mari de la Débutante, la Sécurité
fies familles (Brasseur), Monsieur Badin, Un Client sérieux, le Sursis,
les Demoiselles Clochard (Jane May).
Pour la saison 1897-1898 la subvention fut élevée à 120,000 francs. La
campagne devait être de sept mois avec tous les genres lyriques. Différentes
modifications furent apportées au cahier des charges. Les débuts furent
supprimés et l'adjoint délégué aux Beaux-Arts était laissé seul juge de la
situation. La chose était fort imprudente avec un adjoint comme M Lemoine-
aussi M. Guisth'au insista-t-il pour le maintien des débuts, mais il ne
réussit pas à l'obtenir. Doux soprani dramatiques et trois ténors étaient
imposés : un premier ténor d'opéra, un ténor de demi-caractère, un premier
ténor d'opéra-comique. Une amende de 50 francs était infligée au directeur
dans le cas o\x il ne distribuerait pas les rôles conformément aux emplois
indiqués par les partitions. La grande loge du fond était mise gratuitement
à la disposition du général commandant le corps d'armée. Le direcieur
devait payer les sergents de ville de service au Théâtre. Ces deux clauses
étaient absolument grotesques. Pourquoi faire sur le dos du directeur une
politesse au commandant du 11' corps d'armée? ? Depuis quelques années,
l'armée ne rend plus aucun service au Théâtre. Dans ces conditions on se
demande quelle utilité d'accorder, maintenant, une loge au général en chef ?
Quant à faire payer par le directeur les agents de service dans un monument
municipal, c'est une véritable anomalie. La représentation au Wnéfîce du
Bureau de bienfaisance fut supprimée. En revanclie, le droit des pauvres
fut élevé à 35 francs par soirée. Enfin, toutes les anciennes dénominations
d'emploi furent officiellement remplacées dans le tableau do la troupe par la
logique classification selon les voix.
M. Martini fut renommé directeur bien qu'il eût. pendant toute la saison,
donné, avec la tacite complicité de l'adjoint, de nombreuses entorses au
LATA8TK — M™' LI'CA — EVA ROMAIN
287
cahier des charges. Ces infractions avaient été sévèrement jugées par
M. Guist'hau dans une longue interpollation au Conseil municipal el
l'adjoint délégué aux Beaux-Arts n'av.iit pas trouvé un mol à répondre aux
accusations portées par le conseiller inlerpellatcur. M. Lemoine, quelque
temps après, n'autorisait pas moins le directeur à remplacer l'un des
soprani dramati(jues par une second»* chanteuse légère. M. Martini, tou-
jours avisé, s'était dit, en effet, qu'il [)0urrait faire une économie par ce
changement d'emploi.
SAISON 1897-1898
H. MAJITTNT . Directeur
Dr.iJL.mit, régisseur. — DoiiuBLAKnB. chef (i'orclifstre. — K. Miciia, deuxième c\i>-(.
MM. Lvcx, fort ténor.
DAN(i08.sK. tcnor domi-caractére.
Duo, ténor léger.
FioRATTi, deaxièmu tt-nor.
SfcvBiuur:, baryton d'o|>éra.
RdSSKKL, baryton d'opéra comique.
BuuxM&NN, ba.s8e profonde.
Latastk, bas80 cliantanto.
Davikr, deuxième bas.io.
HoussKi., triiil.
MoRDKT, laructte.
M"«* Talkxu, .soprano dramatiiiuo.
LtVcji, chant«;u8o légère.
Mni'
AuBRoo. chanteuse légère.
SÉbA-(^Rv.iLiio, soprano.
Paulin, dugazun.
Hai:u. deuxième dugazoo.
DuFuis, dut>gne.
HALl-KT
I.iNi'V rA.><ToiiK. n)altres.se <!•
danseuse étoile.
Toz/.i, douzième danseuse.
Kaiiri. travesti.
Carlotta Lini>or.
ballet.
Le ténor Luca fut très discute^ pendant toute la saison. Sa voix rude cl
plutôt barytonnante niancjuait souvent do charme ; il avait néanmoins
d'assez bons moments. Comédien chercheur et intelligent, il arrivait,
malgré ses défectuosités vociiles, à intéresser. La baisse chankint(> Lata^te,
artiste jeune et plein d'avenir, doué d'un organe charmant, remporta do
grands succès pendant toute la .saison. M""» Luca était une chanteuse légt'TO
(le valeur. M""* Talexis «'t Paulin, très convenables connue soprano
dramatique et comme dugazon, méritent d'être signalées. M™* Séba-Carvalho
résilia après un début (jui excita une douce hilarité ; elle fut remplacée par
M""" Kva Romain, qu'on revit avec un certain plaisir. Malgré bien des avis
contraires, M. Martini avait engagé comme seconde chanteuse légère
M"« Aubecq, qui était venue en représentation à la fin de la saisoo
précédent*'. M"" .\ubecq, devant l'hostilité du public, fut bientôt forcée do
résilier. M"" Doux, une chanleu><e d'expérience, la rempla<.-a avantageuse-
ment. M. Fioratti, complètement usé, regut comme successeur une autre de
nos anciennes connaissances, M. Forrières. Le ténor lé^er Duc fut rem-
placé successivement par MM. l'abrègues, Leduc et Bonijoly. M.Martini
engagea enfin, à la ()lacede M. Daugossc, M. Sélin. Nous garderons sut
288 Li; TIIKAIKK A NANTES
tous ces artistes un silence indulgent. La <Jut'*gno, M"'« I)upuis, céda la
place à M""* Dessalle?, qui dut se retirer elle aussi et l'emploi fut alors
confié à M™* Tartanac.
La saison .s'ou\rit par... Lfi FiUe du Tambour- Major, au milieu de la
mauvaise humt.-ur générale. Kn effet, on n'avait jamais encore vu la
«ampagne débuter par une opérette. Il fallait toute la faiblesse de M. l'adjoint
Lemoinc pour permettre une telle f^ntiisie à un directeur d'une scène
subventionnée de 120.000 francs. J'ai déjà dit combien les instrumentistes
avaient été furieux de l'abaissement du planclicr de l'orchestre, effectué
en 189."). Leurs lamentations finirent P^ir convaincre M. Lemoine. qui fit
relever ledit planclier. On revit donc, comme i)ar le passé, M. X...
échanger d'amicaux bonjours avec ses élèves dispersés dans la salle,
^^. Y. . envoyer des œillades aux petites dames, M. Z. . . bavarder avec
les spectateurs du parquet, ^L Machin. . . suivre attentivement le jeu des
acteurs au lieu de lire sa partie. Mais on ne tarda pas a constater la faute
qu'avait commise AL Lemoine en cédant aux sollicitations intéressées des
musiciens. La sonorité, ([ui avait tant gagné ])ar l'abaissement du plancher,
était redevenuc défectueuse ; rorciicstre recommeueait à couvrir les voix
d'une déplorable façon : plus de nuances, piano, forte, tout se confondait
dans un assourdissant tapage. Le public et les journaux protestèrent et.
finalement, dans le courant de novembre, le rabaissement de l'orchestre fut
de nouveau effectué.
Les premières semaines de la saison furent quelque peu agitées, par suite
de rinsudisanec de certains artistes. La troupe d'opérette, notamment,
laissait tout à fait à désirer. Manquant de divette, M. Martini ne se gênait
pas, comptant toujours sur l'indulgence incommensurable de M. l'Adjoint,
pour confier les premiers rôles à de seconds emplois. La Presse montra les
dents et AL Martini n'eut pas à se féliciter de certains articles.
A la séance du Conseil municipal du 2G novembre 1897, M. Guist'hau
intcrj)ella M. l'Adjoint aux Beaux-.\rts. Il conclut en disant que
M. Lemoine, du moment qu'il assumait seul la responsabilité do la surveil-
lance artistique des Thé'itres munii-ipaux, deA;iit agir énergiquement, et
qu'en ne le faisant pas, il méritait non seulement la critique, mais le blâme.
A la suite de cette interpellation, M. Martini publia, dans le Phare de la
Loiro, une lettre dans laquelle il répondait aux critiques de M. Guist'hau.
d'une faeiiu un peu vive, allant jus(iu'à traiter l'honorable conseiller de
« Maître Jacques dosquestions artistiques >:. Cette lettre était une maladresse.
Je m'étonne encore que AL Martini, homme généralement prudent et plutAt
tergiversateur{(ue briseurdevitres. ait suivi le conseil de celui ou de ceux qui
lui suggérèrent l'idée de cette missive. La réponse ne se fit pas attendre. Le
8 déeembriv Af. 'îni-t'ii m interpella de noii\-.s-iM \T T,''iii.i;ii,. ««r i! fit v.n.r
ALKIIKD liUKNKAIl A NANTKt — MliSSIDOU 2H*J
l'ordre du jour suivant : « LetConsoil muni(M|ial invite l'AdiuiniiitriKion a
exiger du (liifcteur une plus stricte observation du cahier «i ^•••« eu
mêiue temps (ju'uue meilleure interprétation des a-uvTes , -. ur le»
TbC'âtrea municipaux, u Enfin, sur la proposition de M. Benoit, il fut décidé
que, pour donner une leçon à M. Martini et lui apprendre à ne pas attaquer
les membres du Conseil municipal par la voie def journaux, l'AdminiHtra-
tiou ne l'admettrait pas à postuler une iroisièuie ann<^e la direction des
ThéAlreH.
Cédant à de pressantes sollicitations, M. Martini se décida à monicr lo
nouvel ouvrage d'Alfred Bruneau. .Vtf/»/ii(/or, dont l'i "\ ' lio
nationale de musique avait été fort di>cutée. En ■ ;e
(uuvremal «-ompriso à Paris, M. Martini fit ré<«llement acte d'artiste et l'on
doit lui en savoir gr<^. Afes,sitlor ont une partition ({ui comptera dans l'his-
toire do la niusi(|ue française et notre ville ))««ut, a bon droit, être lien- d'avuir
cassé un sa faveur l'arrêt injuste d«>s ënobn p^irisiens. Alfred Bruncau C4>mpte
à Nantes de nombn'ux amis. Mais les plus fervents sont encore ceux
<|u'il ne connaltpa-i. C'est, en cfTel. le propn'dcs grand.*, arti-i ' • r
dans la foule des amitiés insoupçonnée^. A Nantes, qui a i , li
première à monter, apK's Paris, les cDUvres de l'auteur du Hcce, Bruneau
posst'de de chaleureuses sympathies non seulement ))armi Itvj habitués du
rez de-chaussée et des premières, mais aussi parmi ceux des galeries sup*'--
rieuros qui sont, souvent, meilleurs juges que bien dc£ spectateurs for
tunés.
La première représentation de Met,aidor eut lieu sous la direction de
l'auteur, le W) novembre 1SII7. M"»» et M"* Bruneau assistaient à la repi^
seii talion dans une loge. Le succès fut éclatmt; après chaque acte, le rideau
fut obligé de se relever plusieurs fois et de longues ovations furent faites à
l'autour. Dans son ensemble l'interpréiiition étiit l>oniu>. L' i avec
une grande intelligenc le rùle de Guillaume; .Séveilha, lui du
iiergor avec sa voix superbe; à chaque représentation on lui bis.sait les
idieu*. Latastu obtint, aussi lui. un succès très mérité pour l'excellente
i.içon dont il joua et chanta le dilficile rôle de Maihias. M*' Il ' ;t
parfaite ou Véronique. Dans les autres personnages. M'"» Luca et M . i,
furent convenables. Les choeurs cl l'orchestre, sous l'habile direction du
naître, se su n '.La mise en ■e. Plu>ieui> fragmenta
le décor*^ a\ peinb; ou coiu : ,. ..: . ..«rage de Bruneau. La
municipalité fît même, spécialeuient, l'achat de deux cloohcii. L'auteur de
Met^sidor en fut le parrain et leur donna les noms de Véronique et
La veille de U preuuèro, le Ccrrli' dr la Cnti'^ue offrit un banque! a
M.Alfred Bruneau, des discours y furent prononcés par MM.de Witkowski
290 Lli THÉÂTRE A NANTES
et Etienne Dostranges. De la réponse du compositeur il convient de citer
le [)assage suivant :
« Vous veniez do boire ;'i Km Ile Zola, ^rand ntniancior. Kn von< tendant
mon verre, je bois à Emile Zola, mon ami dans la vie, mon maître d'art,
mon guide, mon maître de cliaque jour en ma carrière. Vous avez entendu
dire, sans doute, que j'étais troj) heureux, que le destin m'avait insolemment
favorisé, que les Théâtres m'ouvraient des portes à peine entrebaillées j)our
de plus vieux que moi. C'est vrai et le peu que je suis, c'est à Emile Zola
que je le dois et je vous remercie encore do me fournir l'occasion de le crier
publiquement. Quoi qu'il arrive, désormais, la joie de mon existence e>l
d'avoir gagné |)arcille alïoction, comme l'honneur de ma musique est d'être
li('-e à r.idiiiirable poème de Messidor. »
Après l;i ic présentation de Messidor, Bruneau se rendit à V Association
des J'.'indiants, où une grande récejjtion avait été organisée on son hoimeur.
Il fut accueilli avec un véritable enthousiasme. J'extrais les lignes qu'on
va lire du discours prononcé par le musicien.
«. Cette émotion ressentie à côté de vous me vient de ce que vous êtes la
jeunesse et de ce que vous semblcz m'aimer. Ah ! être aimé de la jinmesse !
demeurer en communion d'idées avec elle, lui donner des sensations par
une œuvre, quel bonheur et quelle fierté on en doit garder quand on n'est
cb'jà plus un jeune homme et quand on reste un homme jeune ! Et c'est
])oun|iioi \ous me voyez heun'ux. Mon Dieu oui, je suis heureux, parfaite
ni(>iil heureux, car j'ai foi dans l'avenir, dans la vie que vous représentez.
Je dois cela. Messieurs, à mon maître, à mon ami Zola, le plus grand poète
de, la vie. et j<! l'en renuucie tout aufcint qui; de donner à mon humble
musique les chefs-d'œuvre sans lescjucls elle n'existerait pas. Boire à la
bonne \ ie et à son bon poèt<', c'est boire à vous et à \(»tre jeunesse
Comme mon (iuilhiunii'. je bois donc au 'riavail. à la Paix, à la santé de
tous... ))
(^uel(|ues jours plus tard, M. 11. Martini donna à son tour un grand dinor
pour fêter le succès de Messidor. Les critiques des dillereuts journaux y
avaient été convit^s. M. Martini prononça un petit discours qu'il termina par
ces paroles spiiiluelles: « .b^ bois à vous. Messieurs, dont la critique parfois
sévère no m'a jamais garde rancune quand j'ai pu faire o-uvre d'artiste, ce
<^|ui, vous le saxoz. n'est pas toujours ais(" avec les dilHcullés d'une entre
piisc Ihi'-àtrrde, et je suis heureux de penser que vous devez avoir pour moi
d'autani plus de sympathie <(ue vous n'a\ez pas hésité à mettre en prati<iue
l'adage latin : Qui bene aniot, bene castigat. »
Les représentations de Messidor furent arrêtécfs en plein succès, à la neu-
A ièuu> soiré'e, par une interdiction du main», interdiction motivée par les
troubles (|ui airilèrent Nantes au moment de la pi'riode aiguë de l'alfain»
Dr<'yfus. L'Ailmiuisiration municipale fit preuve, ce jour-là. d'une regret-
t.ible pusillaniiuiti'. Son devoir était tie maintenir l'Art en dehors de toute
HENRI VII! :J.»1
<jUC><tion p<)lili<|.i. . < . i.i .11.1 ...lu.iii |.iii-
n'avait on li'eii à ,V/*'j»«/V/o/'. Ouoi qu'il »*n soit. 1
et <!•• Zola fui obligé de disparaître de l'aîRclic, au grand regret de sc< iioin-
brcux admirateurs, Lo> reprises du H'Cf ci de V.\i ' " ' • aiinon-
c»''es par M. Martini, n'eurent pas liiHi, toujours p "»•
Le 20 janvier, un arréti> du Maire prononça, jusqu'à nouvel ordre, la
fermeture du (irandTliéâtn\ touttîs les rues aboutissant à la place Graslin
•^t'inl harrt'es et orcupéi's militairement en pn'*visi<»n ■'' ''•• mani-
festation nationalo-anlidreyfusisto. Mais, devant la i non que
causa cette mesure dans le monde des artistes et des employt^s du Thé;'itre,
M. Ktiennez autorisa le surlendemain la n'ouverture de (ir
Le second grand ouvrage mont»^ par M. Martini (ut //«•/" < i/#/.« i u--
œuvre de Saint-Saiiis, «..ms valoir Sanuton et Proscrpine, est d'une Ix'lle
tenue musiciile. On l'entendit avec plaisir. Elle fut jouée le 17 février 18!»8.
l.'intorprét^ition, eonfl<'e à .\IM. Séveilhac, Sélin. Lata-«te. Houxnuutn, à
M'"*» Romain et Talexis, était honorable.
Un ouvrage jmur lequel M. Martini (jrofessait une afïeetion p;irticulière,
André Cfirnier, du compositeur italien (liordano, tomba d'une façon
lamentiible. On avait prédit cette chute à M. .Martini, mais il n'avait rien
voulu écouter et il passa ur> temps précieux à mettre en scène cette ineptie
musicale qui vaut mieux, pourtant, que la Tarernerlea Trabans deM. Maré-
chal. M. Martini nous infligea aussi cet opéra-comique, dont le four fut
encore plus coujplet que eelui d'André Chrnifir. Nous eûmes encore
W. Portrait de Manon, de M. Massenet qui laissa le public complètement
froid et Photi». un médiocre opéra-comique d'.Vudran qui fit fuir le public
au milieu de l.i représentation. Knfin M. Martini joua un petit opéra comique
inédit, du à deux île nos concitoyens, MM. liathouis. pour le livret el
Hélédin po;;r la musique : Jirit/adler roiuf ara raison et un àprop<iS,
fort bien traité de M. Brunsehwig: La Naissance de la Marseillaise.
Les opérettes nouvelles furent: Le l*uits qui jHirle. Ma Mie Rosette ot
la Poupée. Cette dernière piée»'. fort bien montée. rem|K)rta un vif sucws.
Elle se joua vingt cinq fois et rapporta gros à M. Martini qui, pour le prin
cipal rôle, avait engagé la charmante Blanche Marie. L'auteur. M. Audran,
vint assistera la quatorzième représentation de son ouvrage.
Pendant le mois d'avril M. Martini donna une série de super bt»s repré-
sentations avec Marguerite Martini, Jane Dhasty et Scsirembcrg. Les ténors
David, Lul)ert. Uadoux, .M"^'* Bertlielly et Edeliiiy vinrent en représen-
tations.
Cette année là, la municipalité se décida enfin à faire l'achat d'un nl'>c-
ken^piel, réclamé depuis longtemps.
Pendant la saison de comédie «lu mois de mai, M. Martini monta un
292 LE THÉÂTRE A NANTES
vaudeville : Fernand Cortez, dû à un ancien journaliste parisien, amateur
de théâtre bien connu à Nantes, M. Ernest Adam. La représentiition fut
égayée par une suite de plaisanteries plus ou moins spirituelles organisées,
avec la complicité des artistes, par plusieurs joyeux compagnons. A la chute
du rideau, l'aiitour fut trainé sur la scène et une couronne descendit du
cintre se poser sur son front. Pendant ce temps, les artistes s'agenouillaient
devant lui en des poses extatiques, tandis qu'une quantité de cadeaux fantai-
sistes lui étaient passés par dessus la rampe et que le public le bombardait
de fleurs. Après le spectacle, un groupe nombreux et bruyant reconduisit en
triomphe, M. Ernest Adam qui, devant ces manifestations par trop chaleu
reuscs. dut clierchor un abri dans l'arrière-boutique d'un pâtissier de la rue
Crébillon. Ce fut une folle soirée.
Les opinions peuvent différer sur les résultats des directions Martini. Il
ne faut pourtant pas oublier que ce directeur a amené à Nantes une
cantatrice de premier ordre, M"*^ Marguerite Martini, qu'il donna un
répertoire des plus variés, enfin, que ce fut lui qui monta Messidor,
Salammbô, Henry VIII et qui reprit le Roi d'Ys, trop longtemps délaissé.
Enfin, M. Martini eut toujours à C(x;ur d'entretenir avec le public, la presse
et les abonnés, les relations les plus courtoises.
Pondant cette saison, les tournées suivantes vinrent à Nantes :
Le Chemineau (Lina Munte), Robert Macaire, le Dindon, VEcasion, la
Vie de Bohème, Médor, les Mystères de Paris^ Napoléon, l'Ami Frits, le
Gamin de Paris (Marguerite Ugalde), Blanchctte, Gabrielle (M^^ Favart),
Briiannicus, Leurs Filles, la Râleuse, Pour la Couronne, la Duchesse de
Montélimart, Jalouse, Néorosée, VAube de la guillotine, le Terre-Neuve,
Catherine, Ruy-Blas, Mademoiselle Fiji, Lui, Cyrano de Bergerac, la
Mare au Diable (Jane May), Nos Réseroistes, le Chai-Noir, la. Culotte,
ï Etrangère (Lebargy), la Joueuse d'orgue, le Nouveau Jeu (Brasseur),
Y Amiral (de Féraudy). V Ecole des Belles-Mères, la Roulotte, Madame
Sans-Gcne.
Pour la saison 1898-1899, la sul)vontion fut rabaissée à 100.000 francs. En
revanche l'opéra n'était exigé que pondant six mois. Les débuts furent
rétablis. Tous les abonnés, sans distinction, eurent droit au vote. Né;ui-
moins une Commission municipale de cinq membres était prévue dans le
cas oi!i le nombre des abonnés serait inférieur à vingt cinq. Chaque artiste étiiit
soumis à trois débuts mais, chose absurde, ces débuts pouvaient avoir lieu dans
deux ouvrages seulement.
La Ville donna comme successeur à ^L Martini-, M. Auguste Giraudqui,
depuis trois ans, dirigeait le théâtre ro3*al d'Anvers. Fils de l'ancien séna-
teur maire d'Angers, gentleman accompli. M. Giraud était en relation!
V£RDIER — M"*» IIENDRYCRX, DE CAMILLI, DEVAREILLE8
293
avec la meilleure Société nantaise. Sa nomination fut 1res favorablement
accueillie.
Pendant les mois de fermeture, différente» améliorations furent appor-
tées aux Théâtres raunieip.'iu.x. A Grasiin, le foyer de« artistes fut remis à
neuf ; il en avait besoin. Il fut tapissé d'un beau papier rouge à large bando
et meublé do confortables divans en velours vert. L'entrée des artistes re^ut
quelques modifications ayant pour but de la rendre plus claire. Enfin, un
tirabrt' électrique d'une grande puissanco, placé à l't •' r ot que le ré^gis-
seur peut actionner de son bureau, remplaça, av.i 'raent, l'antique
cloche de l'entr'acte. M. fiiraud, cédant à de nombreuses demandes, créa
des abonnements aux troisirmes galeries.
SAISON 1898-1890
A. OIRAUD, Directeur
DonnsLAERE, ehpf d'nreh<>iitre. — Papix. deiixièmo rhof. — Monm, rèfitMOr.
MM, Vkrdikk. premier l«''nor.
ETKnNoi», ténor (lomi-caract<"'ro.
PoROBiiR. deuxiènu* ténor.
SmuN, baryton d'o|KTft.
Alheh niAi., liarytoii d'opi'rfit»'.
H.V8MEI.IN. douxiônie baryton
SiLTKRTRB. bassf proTonde.
Dons, b«sa« chantante.
Rius, deuxième ba.tse.
JoRDAMis, laruotte.
SoucHXT, trial.
DoNTAL, basse comique.
Steviss, troiaième ténor.
MuLLER, deuxième trial.
^r— ' Théréso CutsiENT. soprano drama-
tique.
Devarbim.bs, soprano léger.
IIendrvi-.kx, contralto.
Dr Camii.i.i, dugazon.
Pei.tikh, diTette.
Bach, deuxième dugazoa.
AuoBR, troisième dugazon.
Gksiy. duègne.
BALLET
M. HoLTXSR, maître de ballet.
M"" Rxaou-BAi'oixo, première danseose.
LiuvA, demi caractère.
Alberb, travestie.
L'ensemble de celte troupe, après les quelques changements apportés par
les débuts, était bon. Le ténor Verdier possesseur d'une voix au timbre trèa
sympathique, adroit chanteur, comédien fort correct, conquit, au bout de
quelque temps, la faveur du public. M™* Hondr}'ckx, douée d'un très bel
organe le mezzo soprano et d'un rcol Uilent do cantatrice ; M"* deCamilli.
une dugazon charmante ; M"»* Devareilles, une excellante musicienne dont
la voix d'une extrême pureté, se pri'Uiit mieux au chafit largo qu'aux voca
lise.s insipides des chanteuses lêgt'ros. furent trôs chaleureusemont applau-
dies pondant toute la saison. On revit, avec un vif plaisir, M"* Clément qui,
deux ans avant. avait fait, à Oraslin, ses premiers débuts. Parmi les artistes
hommes, il faut citer aussi .MM. Silvestre et Forgeur. Les débuL^ éliminè-
rent MM. Alberthall, Etornod et Souchet, qui furent remplacés jMir
MM. Vauthier, Crèmel et Ohambéry, un trial des plus amusants. Nf. Sou-
chet reita, néanmoins, comme comique. M. Jordanii tomb«lui aaisi. Il ent
201 LE THÉATRK A NANTES
comme romplarniit M. St«''phiine, puis M. Auhcrt. M™" ZZ-lo Durand sut-
c6d;iù M""" Pcllicr ot M"' Van-Denosse à M"" Albors, qui passa dans un
qnadrillo. M"' Rogj^ia-Baudino, qui avait été fort appréciée comme pre-
mi6ro danseuse trois ans auparavant, fut refusée à la suite d'une petite
<a1>al(' qui n'avait rien à voir avec l'art. Les amis de cette danseuse organi-
st-ront une série de boucans et l'Administration prit un arrêté int<'rdisant à
M"' Baudino de reiiaraître sur les scènes de Nantes. M"' Ripamonti qui
lui succéda, diit se retirer, son physique ne répondant pas à son talent. alors
a])parut Anita de Bias2i dont la beauté ravissante sullit, seule, à capff' !< -
sullVagcs des abonnés.
I.o 7 janvier 1H99 eut lieu la première représont:Uion d'un ravissant chef-
d'œuvre que M. Giraud avait été le premier à jouer en français, pendant sa
direction d'Anvers : Ilaënsel et Greiel. Cette adorable partition, tout»-
j)arfuméc de poésie naïve, fut accueillie avec enthousiasme par tous le-
musiciens. A chaque représentation, trois morceaux étaient régulièrement
bissés. M'^*-" de Camilli créa d'une délicieuse fa<;on la petite Gretel ; elle a
laissé à Nantes, dans ce rôle, d'inoublial)les souvenirs. Pour Haënsel.
iM. Giraud engagea lUie jeune cantatrice suédoise. M''" Siri-Li\id, dont
l'accent n'avait rien de désagréable. M^'*' Clément chanta' et joua d'une
manière très remarquable le dillicile personnage de la fée Grignotte. L<'s
autres rôles' étaient bien rendus par Mm«* Devareilles, Ilendryckx et
M. Simon. Une assez jolie toile de forêt et quelques fragments de décors
furent brossés pour cet ouvrage.
Là seconde nouveauté fut Princesse (VAulterge, du compositeur belge
Jan Blockx. Cet ouvrage intéressant de l'école flamande contient de fort
belles pages, notamment une scène de carnaval, où la polyphonie vocale
et instrumentale produit un elTet considérable. Vrincesse (VAubi'f[n' fut
jouée le 21 janvier 1899. M"^^ Hendryckx fit une émouvant*» Keinildr.
M. Verdier un excellent Merlyn et M. Dons un farouche Rabo. Le rôle
de Rita ne convenait guère à M""* Devareilles. Les autres personnages
étaient confiés à MISL Simon, Rius et à M''* Clément. Jan Bloekx dirigea
les deux premières représentations de son ouvrage, qui se maintint sur
rafliche avec succès.
Phrijnè fut joué, le 'M j.'(nvier 1S99. On écouta avec un vif plaisir ce
cliarmant opéra comique de Saint-Saëns, dont l'intcprétation était confiée à
la jolie M"»' Devareilles, à M'" de Camilli et à MM. Crémel et Vau-
thier.
Vin fait d'opérettes. M. Giraud monta les J'ciites Mirhu et VAiiherfjc du
Tohu-Bohu. Il joua aussi le l)allet de Delibes : Coppelin.
Le charmant ténor David vint en représentation. MM. Lucas et Séveilhac
firent, chacun, une réapparition sur notre scène.
L'iNCIDEXT DOnBBLAEnK 295
Les |)i«"'rs siiiv.iiilt'S fin ' > par ii<'<
I^ J'oscil (Lill.i MlUii . . Gninil O - ., . n>,iiiHiii--n
f'nntrfileur don Wayonn-IAtH, Antnnr du Cod»\
Terre- Xruce, la Dame de chez Maxim, Villa Gaby^ le {j'^tulurmn tv.
jtitir (Harcl), Cyrano de /icn/erac, le Chrmineau (I.ina MmiU*), \f l*ai •,..„,
Mii.'itx caul douct'ur... ei riolence, Adrienne Lecourreur (Liiia Muiitc), !•;
Chfft Noir, la lioulotte, Pour le Afàle, la C<uêerolê, le Vieux Marcheur,
(lirasseurj, Michel Strof/off {llom:i\iï). Ma liru (Baret).
M. Girami oiilrott'imit le» n^latioiis los plus cordinli^ avo*^ ton
mrmhrt's (II* rAdiiiiiiistrilion mimi«-i|»al«, - '
Lo canicU'i»' fr;in«' ri lo\;il, mais un p<^ij ci .. , ...
longtemps Hym|)athiser arec celui do l'adjoint (U*lt'gu<i aux iWux-Arb), qui
protrgeait le chef d'orclioslro DobbcMatiro contre \f. Giraud. Ce dernier.
n'avait pas tard*'? a s'aporrcvoir de la valeur n'^'ll»» d-' ' ' ' ' ' —
liaulrniont nianjfrslr son int«'nti(Ui d«î K' congédier |»our I
La situation s'était envenimée à un tel point que M. Giraud n*adreâs:iit 1 1
parole à M. I)ohl)ela«'re qjie pour les affaires de serviee. Nf. Lemoine prit
ouvert«'mcnl parti pour le chef d'orrhestre el il lai:isa <•• ' ...i. ......
paroles qui firent supposer que M. Ginud no seniit pas r.
Los cln)8es en étaient là quand, dans les derniers Jours de déeerabn» IWJK,
NL (liraud n-deiuanda la dire«'tion |)our un lap- '
(jue le e^diier des eliargt'^ ne fùl vol»'. l'riU' <|.
IKMi les |M>tiles comliinaisons de l'adjoint aux h<MUX-Arls. La nouvell'*
e.nididature «le M. tîiraud fut fortement appuv«'e par les journaux, qui
profuèreni de l'oceasion po»ir protester contre l.i |)rétention de M. IsC — •
tl'iinposer NL Doliix'laeiv au directeur. Enfiu, r«»mnn* le hruit île Un,
iiiadlenienls s'était Yé|Kuidu dans le public, aUinn tués voulurent
ni.uiili-sler «lain'inent \vhv opinion et ils a<I -iilion
«•ouverli' «!•' Imit «'.lii VI iiiii.v K.tiir i tl.«
M. «lir.iihl. I..' :;i
l>our un
M . Ltii'ii ii'v. ^1 1 1 II' M \ 1 I
M. Giraud à leurs nie>«(iiii > a
\riiuts se briser contre lu haute honnêteté de M h> Mniro de Nant4*s.
\L L<'moine n'avait p:iv ir
M, (iir.uid sou uni l><'l
rê|Wuition de /'Ar//?'» . M. I'
li^te <(ui l'avuit plu- nais san
296
LE THÉÂTRE A NANTES
bornes permises, se mit à l'insulter de la façon la plus grossi^^c'. Dès le
lendemain, la presse nantaise fut saisie de l'incident ; M. Dobbelacre fut
aussilôtrais à l'index et son maintien à Nantes déclaré impossible. M. Lemoine
n'en continua pas moins à soutenir quand môme M. Dobbelaëre, et il fit
tout au monde pour empêcher M. Giraud de trouver un nouveau chef,
allant môme, après avoir fait attendre sa réponse pendant un mois, jusqu'à
refuser d'en accepter un qui offrait toutes les garanties artistiques voulues.
Mais M. Lemoine ne devait pas ôtre le plus fort. Les critiques firent ime
démarche auprès de l'Administration municipale et lui expliquèrent la
situation. Aussitôt, dans une lettre officielle, ^L le Maire de Nantes déclara
(( qu'il ne pouvait être désormais question du maintien de M. Dobbelaëre
comme chef d'orchostrti o. M. Lemomo dut s'incliner. M. Giraud restait
donc à Nantes, M. Dobl>elaëre ctiiit congédié, et satisfaction était donnée à
la Presse nantaise. Après ce triple dessous, tout le monde s'attendait à ce
que M. l'adjoint aux Beaux-Arts donnât sa démission. Il n'en fut rien.
La subvention fut maintenue à 100.000 francs. Six mois seulement d'opéra
étaient exigés, le septième mois le directeur était libre de jouer ce qu'il vou-
drait, mais il devait, quand même, conserver les chœurs et l'orchestre.
Est-il besoin d'insister sur l'absurdité de cette clause? Du moment que
l'on n'exigeait pas d'opéra, à quoi bon forcer le directeur à conserver un
orchestre et des chœurs au complet? Pour sauvegarder les intérêts de;;
musiciens et des choristes, évidemment. Mais alors que faisait-on de ceux
du directeur ?
En outre des abonnés à l'année, une Commission municipale de cinq
membres, prise exclusivement parmi des amateurs, fut appelée à juger les
artistes. Cinq fauteuils devaient être réservés à ces commissaires. Ceci était
tout bonnement scandaleux. Jusqu'alors, quand il existait une Commission,
ses membres avaient simplement leurs entrées au Théâtre. Avec le nouveau
système, ces cinq fauteuils réservés équivalaient, pour le directeur, à une
perte sèche de 480 francs par mois.
SAISON 1899-1900
A. GHRAUD, Directeur
BovY, chef d'orchestre. — Nazy, deuxième chef. — Murfer, régisseur.
MM. Vkbdikh, premier toiior.
Gazotti:, lénur deiiii-curaclère.
FoiuiEUK, deuxième ténor.
Stevens, troisième ténor.
YàLLiKB, barytuu d'optWa.
DjiXphet , baxylou dopera cumi -
que.
Maktln, basse profonde.
Dekvck, basse chanlaule.
RiDs. deuxième basse.
HuussKi.. triai.
MoHDtiT, larueUe.
SoccuKT, comique.
MuLLKR, comique marqué.
SAMUEL BOVY — 8IZE8 — ORPHÉE
2îr7
>[•*• UbiktTI, (Mi|,i..ii>. iir.irri.itPHJ.
Detarbillem. soprano \^-^l^^^.
Hendry.;kx. ••■.(itrall..
ZiNA PoiONV. <lll^;a/.uli.
Edkmnv. «livi-tl.-.
HACii, (N-iixioiiio dagazon.
DBRvtM.K. troisièm*' dugHZi'U
GfcNiN. dii'viie.
b.KLlAVV
MM. HoLTtEH. msHm <1« balleU
Dk Bu«i. I
4 ; 1 1 I 4 I M . I I I ■
\'
tr»v.«sU«'.
A la place de M . I)obbola«'re, dont le d»^part ne pouvait la»>- '%
M. Giniud eiif^afjoa, comme premier chef d'orchet»tn»,M. ." i y.
Jeune, actif, intelligent, excellent musicien, passionnr pour son art,
M. Bovy eut vite fait d'acquérir la situation pn'«pondénmie duc à son m^'-rilc.
Miranne avait, enfin, trouvé un ^ : di^'ne de lui.
La troupe primitive contenait ph. ; ..jn-valeurs. MM. Cazotte, Vallier,
Martin, Deryckx furent refus«>s. M. Cazotte fut remplacé par M. Broca,
M. Vallier par M. Hernard qui tomba lui aussi, puis par M. Sires,
M. Der}'okx par Nf. Jacquin et M. Martin par M. Bourp^ois.
La trou|x» ainsi remaniée se trouva, sanscontn^dit, la meilleure de prorince.
Il y avait de longues années que nous n'avions pas eu à Nantes un ensemble
aussi parfait. J'ai déjà parlé de MM. Verdier et Forgeur, de M™'* Deva-
reilles et Hendr}cks. Le jeune baryton Sizes. excellent chanteur, comédien
plein de spontanéité et de feu, avait été prêtt'î par l'Opéra, l'n autre artiste
de haute valeur, la b;«sc chantante Jacquin. en quittant Nantes, enlri à
rO[)éra-Comique. M. Bourgeois qui, quelques années aupanivant, avait tenu,
avec un grand succt\s. l'emploi de basse profonde, fut revu avec plaisir.
Le ténor léger Broca, un parfait musicien, quelque peu discuté au
début de la saison, devait arriver, par un tnivail acharné, à conquérir l'^timo
de tous. Mordet, dont on avait été privé pendant un an. fit .sa renlnV au
milieu des applaudissements unanimes.
Du côté féminin la troupe n'éhut pas moins bien partagtv. M"* Brietti,
une soprano dramatique à la voix éclauinte et solide, M"« Poi^ny, dont l'or-
(îane délicieux s'unissait a un physique charmant, enfin M»» Edeliny,
une divelte de talent et d'expérienct», complél;iient avet- M"'»»Hendryckx el
Devareilles un remarquable cadre de troupe.
Le premier ouvnijçe donné, cette annéi'-là, en dehors du rép u
rantpar M. (liraud UnOrpfue (11 novembre 1890). L'immortel «1.. . -re
deGliick n'avait pas été joué à Nantes depuis le début du siècle. C'.unt donc,
pour les habitués du Théâtre, une vériuible nouveauté. On doit d'autant plus
féliciter M. Cfiraïul '!' '" ' '. " .é-
diocre confiance en ^1 i ^ , . mt
jamais douter des chefs-d'œuvre: leur heure finit toujours par arriver. Orphée
remporta un succès éclatant. L;i tragédie lyrique de Gluck se joua onie fois
4M
29S LE THÉÂTRE A NANTES
devant dos salles enthousiastes. Il est vrai que l'interprétation était absolu-
ment remarquable. M""' HendrVckx chanta d'une voix chaude et péné-
trantfl et joua d'nno fa.,'On parfaite le rôle écrasant d'Orpluie, M""» Deva-
rcill(^s fit une l»onne Murydic»', M"" Poigny gîizouill.i gentiment le.«« arieties
de l'Amour et M"Miaeh fut très suffisante dans l'Ombre heureuse. Mai<.
avec M"' Ilendryckx, le véritable triomphateur fut M. Bovy, qui sutobtenir
(!(; ses musiciens des effets de douceur auxquels, depuis trois ans, on n'était
plus habitué. A la fin du troisième acte, le publie, ravi, faisait, chaque
fois, au distingué chef d'orchestre une ovation bien méritée. Pour com-
pléter la soirée lorsqu'on jouait Orphée, M. Bovy eut l'excellente idée de
donner une partie de concert composée cxclu-sivement d'œuvres classiques.
C'est ainsi que nous eûmes de très bonnes exécutions de la Symphonie en
ai rameur, de V Héroïque, de la Pastorale de la Si/mphonie écossaiae et de
difierents morceaux de Rameau et de Mozart.
Après Orphée, œuvre de pur classicisme, M. (Jiraud monta Hidda, de
César Franck, l'une des partitions les plus avancées de l'école moderne
française, dont le livret, malheureusement, n'est pas à la hauteur de
l'admirable musique. Hulda fut jouée le 7 décembre 1800. L'interprétation.
confiét» à MM. Verdier, Jacquin, Rius, Broca, à M^'^* Brietti, Deva-
reilles, Ilendryckx et Poigu)-, était bonne. Le ballet, par contre, éuiit mal
réglé par M. Holtzer, et le public faillit se fâcher le premier soir. Bien que
Hulda ait fait une moyenne de 1,750 francs, M. Giraud, cédant à je ne sais
quelle influ(Uioe, ne joua cotte belle partition que trois fois.
La partition de Franck, œuvre d'art noble et austère, fut retirée do l'affiche
pour faire place à la reprise du Cïrf,de M. Massenet, dont la seconde re])ré-
sentation arriva, à grand'poine, à faire 730 francs de recette. La remise à la
scène de cotte pièce fut très sévèrement jugée par les critiques de Nantes.
Tous se trouvèrent d'accord dans leurs appréciations sur cet opéra, dont
quelques rares belles pages ne peuvent faire pardonner le tapageur fatras.
Avec Orphée^ le grand succès de la saison fut la Vie deBolicme, du c«un-
positeur italien Puccini. Cette œtivro, un peu superficielle, mais d'inspira-
tion charmante, sinon toujours très personnelle, de jolie couleur, de vie
intense se joua quinze fois. La première eut lieu It» 8 mars liXX). L'interpré-
tation était absolument remarquable. Le rôle de Mimi servit de début au
llié;\tre, àM'^*" Marguerite (iiraud, lille du directeur. M"' ttiraud, à peine
ilgée alors de dix-neuf ans, elianta le joli rAle de la petite brodeuse, avec une
voix d'un timbre moelleux des plus séduisant, d'une pureté extrême et qui,
dans les sons filés d'une façon exquise, atteignait à de ravissants effets. De
plus, chose véritablement extraordinaire, M>'« Giraud se révéln, du premier
eoup^ comédienne accomplie. Au premier, au troisième et au quatrième actes,
elle avait d'ad^orabh'S trouvailles. A Nantes, le non) de M"^' Marguerite
NfARCUBRITfi OIRAUD — LA Tl» DE BOHèME JOO
Giraihl i -'■">''
.•iprôs, . . . ^' ^
fa<.on lu plus brilUnto par en môina rùle do Mimi. M. Juûi(uiii h4 un Sohau-
nardd»s pîuNîiinuKant. M. Brw.» t - . i :.>.
M. Sizds ix^rsomiifia Marfcl :i 1.1 .1 i - ,
niif fort juste à Colline. M " Poi une tlôlion-UîW Munotu»,
Mordi't et I{ou3*'l furent très amusanw daiiH ien rôloe de M. Boooit et
d.» S:iint-rMidr. ^r. <;ir..nd. fHuir 11 V ' '' ' - '• '■ - ^*-in« le
déror (lu troisi/'inc acte, la Jinrr et di*
iionibicux fragmonia pour le» autres tiblcnux. Les toiles avant subi un
retard dans leur envoi, la promi»'"rf! eut lieu daii-
bien que mal. Il eût mieux valu retarder la r< j-i ■
saison, la Ville acheta les décurH de lu lio/n'-me et elle fit tien.
On repr<5sonla aussi un joli ballet, Nedja, dû à Tun de nos concitoyens,
M. S(^lil:
lîim i\\M' ; ' 1. ••ii< -n-
en e«'la mal ■ , ,^ vclle. Il se
contenta de donner une ineptie intitul«k» le Ê/oulin des Roses, qui lui ayait
C'tA im])oséo par l'éditeur Jouk'rt. ' unie livret
(jutî comme imisi«]i!e. lombi sou.s !■- ....- - - .... , . ..... ..u de mars,
M"" Hendryckx i<»ml»:i ^'lavrment malade. Elle fut remplac«îe par une jeune
débutante, M'* Marcillac, qui réussit à se (aire applaudir dans Orphée,
malgré récr.is.iiii souvenir do M*" Hendryckx.
Profitant d'une clause du «abier des charges, M. Giraud congédia une
partie de la troup»', piinlant le mois d'avril. MM. Verdier et Jacquin, (firent
remplacés par MM. Gautier et Greil, et M«^ Génin par M"»« Stany, ton-,
■•irtistes méiliocres.
Un nouveau décor, assez réussi, do Cathédrale, fut brossé jwur le J*ro-
pInHe. Un nouveau truc fut installé pour rë<Toulûmcnt du temple de Samson
et Dalila, enHn, pendant les mois de fermeture, le manteau d'Arlequin (ut
repoint.
Deux vestiaires furent établis au rox-de chaussée ; celui de gaucbu dans
les anciens locàiix du oommissorial de police, celui de droite dans b'^
anciens \vater-cl<'
Un diman< '■•• v... , - ........
NitoïKfhf, W .1, pour .ilUV'cr la n>p. .le
uclo du liarbier. Des protostiitions s'élevèrent de toutes parts et la potico dut
intervenir, •« "" .re
les acteurs 1 , , -. . lu
mot drûle de Roussel vint entin calmer la colère du public. Le wéine soir
( 1 février lUOO), au moment où lo rideau allait se lever, on sentit sur la
SOO LE THÉÂTRE A NANTES
scène une odeur de chiffons brûlés. On chercha d'où provenait cette odeur
et l'on finit par découvrir que le feu avait pris dans la poche du pardessus
d'un machiniste. Celui-ci, qui fumait en arrivant au théâtre, avait laissé sa
pipe mal éteinte dans la poche de son pardessus qu'il avait suspendu dans
un placard rempli d'effets.
Le 10 mars 1900, à la seconde de la Vie de Bohème, une panique se pro-
duisit pendant le troisième acte. Au début du duo entre Mimi et Marcel,
une forte odeur de caoutchouc brûlé se répandit dans la salle. Quel-
ques personnes sortirent et bientôt le public entier fut debout. M. Giraud et
le régisseur se précipitèrent sur la scène et rassurèrent le public dont l'émo-
tion se calma bientôt devant les assurances qu'on lui donnait qu'il n'y avait
aucun danger. Un court circuit électrique s'était produit sur la scène et l'en-
veloppe en gutta-percha d'un fil avait brûlé.
Tournées : La Dame de chez Maxim ; Le Torrent ; Que Suzanne n'en
aache rien (Baret) ; Le gendarme est aans pitié (Baret); L'anglais tel qu'on
le parle (Baret) ; Coralie et C'^ ; La Conscience de l'Enfant; Les
Fourchambault ; Le Christ (avec son auteur, M. Grandmougin et Jeanne
Brindeau); Jean-Bart ; Andromaque ; Les Plaideurs ; Le Vieux Marcheur ;
Les maris de Léontine (Baret) ; Les gaietés de l'Escadron,
Les directions Giraud, surtout la seconde, compteront parmi les meil-
leures de ces dernières années. Il est à regretter, néanmoins, que M. Giraud
n'ait pas tiré de ses belles troupes tout le parti désirable. Avec les remar-
quables éléments dont il disposait, il lui était possible de varier davantage
le répertoire et de monter, au moins, deux ouvrages nouveaux de plus.
Mais M. Giraud, directeur intelligent et artiste, restait souvent indécis et
flottant entre les décisions à prendre. C'était là sou gros défaut.
Comme je l'ai dit, M. Giraud avait été renommé directeur pour une
période de trois ans avec faculté de résiliation, de part et d'autre, le 31 décem-
bre de chaque année. A la suite d'un mouvement de mauvaise humeur, qu'il
regretta ensuite, j'en suis persuadé, il envoya sa démission à la Municipa-
lité pour les deux saisons qui restaient à courir.
La Ville choisit, pour succéder à M. Giraud, M. Henri Villefranck, qui,
jadis, avait fait partie, comme basse chantante, de la troupe Gaultier de
Loncle (saison 18831S81). Depuis NL Villefranck avait été directeur à
Dijon et à Reims, où il resta sept ans. M. Henri Villefranck, homme d'une
grande affabilité, arrivait à Nantes avec la réput;ition d'un administrateur
dos plus habile. Son séjour dans notre Ville devait confirmer ce juste renom.
M. Villefranck apporta à la mise en scène un soin tout particulier. Jamais
luxe pareil n'avait été déployé au Grand-Théâtre de Nantes. Le directeur
en fut récompensé par une saison des plus fructueuse. M. Villefranck
ENGKL. — JANE BATIIOHl
:m
savait semer pour récol ter. Ilnorogardait pas, comme tant de ses préd<'c< sseurs.
à dépenser, s'il le fallait, quelques renlaines de fnincH p >u • donmr a un
onvr 11' ■ 1.' r- dji.' propre à le bien mettr*' ••" v iL-nr T f t>i. Mi^ tnî . n ^n t.-
SAISON 1900-1901
Hânrl VILLEFHANCK, Directcu -
Samuel Bovv, p oniier chef d orchestre — L» K|!«4X<:k, deuxi «me e!i«f J'orcli «tre.
I »i 1 vNx. r>'giHs«ar.
MM. En<;kl. premier l»^iior.
OKUvt'HxY. pn-inier toiior do grand
c^irrftft tradiictioiiH.
CofKiu. premier ténor d'opén» co
rai que
PfcHiNi, t»«nor d'<»p<'r.i comique.
DiMosTiKH, si'omd U-nor.
NoÉ CAi>EAt'. sei'ond Irnor.
VixcEXT. ténor Masuol.
Jean Albeht, baryton de ^'rancl
opéra.
Edwy. bary-ton d'upéra comique.
FftBALi» DK Saint Poi.. pri-uii.Te
basse cliautanh'.
Athkm, basK*' noble.
RiTKr. seconde bas.se, second bary-
ton d'ojM'ra.
D'Ahzel, seconde basse.
MoHDKT, laruelte.
Dahnai;!). laruetie.
Di iiotit, trial.
Mi'M^:r. dt'uxit-me trial.
M*'« llt'l^neTHEBRV.so; rarodramatiqae.
JuliaCHo'.jiiM. premier ■opraiiolè^er.
Ratiiuri. stipraiio L-ger.
Mari.iu.ac. oontral.o.
Jeanne Sterckhaans. pri m • r. lu-
gazon.
Ifuibelle (HtuRiox, • luint-uso d-q^
rette.
Lkuairk. seconde -Uigixon.
(iKi.i.v-LA.><tAU.K. m'-re iliigazui'.
Jane DakiEY, stcondi' du^-a/ m.
Blanche Kkki.k., LE >•'<-. in, i.dn^a/ n.
Gras, second'* dugizon.
BALLET DIVERTISSEMENT
M"* Ci'line HonKR. inaUr< »i««- de ballet.
Amelta .«hbuna. piemiére d.ins4iia«
noble.
('.iRiiRKRo. pn>miëre danseuse de-
mi caractère.
Eva MtKY. première dnosense tra-
vesiie.
Cette troupe, bim que possédant des éléments de tout premier ordre, était,
dans son ensemble, inférieure, surtout en ce qui concernait !«• grand op« ra,
à celhî de la saison 180i>-ll)00. Pourtiint, présentée ave<' une habileté r.ite
par M. Vilb'frarck, elle arriva à satisf.iirc la majorité du public.
Le ténor Engel, que nous n'avions jajnaisrntcndu à Nantes, chanteur mer-
veilleux, comédien plein do feu, musicien consommé, conquit vite les suf-
frages de tous ceux qui préfèrent, à la qualité brute de la voix, la science el
If style. Cet admirable artiste que, malheureusement, M. Villefranck no
produisit p^is autant qu'il aurait pu le fai:t;, laissera à Nantes d'inoubliai- . >
souvenirs dans Lohengrin^ Le Rèce et Carmen. Il convient de ne pas sépa-
rer de lui une jeuno débutmtc. gon t'Iève, Mil,. Jane Bathori, chanleii><'
(louée non seulement d'une voix ravis»^ mte. mais aussi d'un Iri'-s beau talcni.
Le succ*'S de cette exquise amtatrices'anirma rapidement et il ne se démei:-
lii à aucun moment de la .saison. Pend nt tout l'hiver, M. Engi'l et Mlle
Hathori doMni*>reut. chaque .semaine, d;ins la journée, des séuicr '
ij ils passèrent en reruo les chefs d'<euvre de la n.usique v«.. .
49
302 LE TIIKATRE A NANTES
et nio'lerne. Ces séanrcïi, t "es suivies par toute la haute société nantaise,
étaient u » vrai régal artisiiq.ie.
M. Féraud di S liiit-Pol, basse chmtante, artiste de valeur lui aussi,
complétait avec M. Enf^el et Mlle Balliori un trio tout à fait remar-
quable. Certes, au point de vue voeal, M. Féraud de Saint-P>)l n'était pas
sans défauts, mais il rachetait certaincsdi-faillances de son organe par une
superbe diction, uni! autorité incontestable, unstyle parfait. Il devintensuite
professeur au Conservatoire de Nant(;s.
Le baryton Aubert, voix splendide, avait encore beauc mp à pro;^'r"sser
au point de vue de l'art du chant. Le ténor lé^er Codou, doué d'un organe
chaud, vibrant, sympathique dont il se servait avec une inexpérience com-
plète, fit de rapid-'s progrès. C^tons^ aussi ^L Dumontier, un charmant
second ténor et M. Edwy. Enfii, un de nos comp itriotes, amateur bien
connu, débuta, d'un i faeon fort h^'ureuse, dans remploi des secondes basses,
sous le transpararent pseudon^nK; de Darzel.
Du coté des ( liantoiises, rajjpeloiis hîs noms de Mlle lltîlène Théry, une
jolie fotnnio dont la très agréable voix de soprano dram iti<|ue se prêt.iil
bien aux rôles du nouveau répertoire, de Mme Cholain, soprano léger d'un
talent éprouvé, de Mlle Sterckinaans, une aimable dugnzon et de Mme Gelly-
Lnssalle, une duègne excellente.
Un scrutin par trop in lulgcnt nous conserva Ki ténor Demauroy qui
n'avait, en tout et pour tout, qu'un bel orgme. NL At!;ès, que nous avions
déjà eu à Nantes, fut refusé. Néanmoins, M. Villefranck, toujours babil) et
heureux, obtint des abonnés et de la Commission qu'oji tolérât M. Athè ,
promettant de faire venir une basse en représentation pour remplir le rôle
d'IIagen, de Sicjurd. M. Villefranck tint sa promesse. La basse Dinard
vint avec le ténor Lucas, chanter Sigurd. Mais l'œuvre de Reyer ne fut
montée que quelques jours avant la fin de la saison. Ce n'éiait évidemment
pis ce qu'avaient espéré les abonnés.
La contralto, Mlle Germaine Marcillac qui, l'année précédente, s'étiiit fait
entendre avec succès dans Orp/idc, fut refusée à égalité de voix, malgré un
organe au timbre chaud et sympithique et un tempérament fort intéressant
1:111e fut remplacée par Mme Nady Blanrart, artiste tout au plus convenable.
Dans le courant de février Mme Nady rompit son engagement. ^L Villefranck
engagea alors Mme Linse, l'ancienne créatrice d'Hdrodiade ùlN^uIcs, qui
avait conservé quelques restes de son ancienne bi*lle voix,
La chanteuse d'opérette. M"" Gourjon, prit, au bout de quelques repré-
sentations, le sage parti de résilier. M. Villefranck engagea alors une déli
cieuse divette, M"*^' Jeanne Lambert. Jolie fille, clianteuse habile douée d'une
voix fraîche et sympathique, comédienne excellente, Jeanne Lambert devint
bientôt une des artistes les plus justement aimées du public nantais. Outre
ses rôles d'opérette, dont les meilleurs étaient la Toledad et Véronique, elle
JEANNE LAMUERT — DRUNEAU A NANTES 303
chanta aussi Carmen. Ello iiKuirua la fantasque Zingara, dont elle [>ossMait
k? hfx; p'iysique, avec une vrriu'î exiraord naire.
Le grand iiiiériît du la saison repow datis le nombre et la rariét* d«
œuvres nouvelles et des reprises importantes. Dt*s le mois de novembre,
M. A^illefranck, — et l'on ne saurait lui être trop reconnaissant de c£Ur
intelligente initiative, — remit à la scène im chef-d'œuvre dont la reprise
étJiit iéclani<j« depuis bien longtemps : Le Rfice, d'Alfred Briin<'au. qui avait
été, autnifoi.s, indign<Mnent sacrfié sous l'une des directions Morvand,
Depuis trois ;ms, les ouviages d'Alfred Firuneaii étaient frappés, par suite
de rinlerveniioQ d'Emile Zola dans l'alfaire Dreyfus, d'un iniN-eile ostra-
cisme. Tous les gens de bon sens déploraient un pareil état de choses.
M. Villcfranck, courageusement, annonça qu'i! ne se laisserait pas délouroer
de ses projets par des considérations étnmgères à l'Art, et qu'il remettrait â
la scène les drames dAlfivd Bruneau. Ltf R»ce fut repris ave<- un écl.itant
succès le 16 novembre UMM). [/interprétation de cette œuvn'. d'nne inspira-
tion si personnelle, était des plus remaïquable. M. Féraud de Saint-Pol
tint le personnage do l'évéque avec une dignité, une noble>>e incompa-
rables. 11 exprima toutes l<is nuances de ce rôle complexe avei- un taU-nt de
pr-mier ordre. Engel, qui avait créé le rôle de Félicien avec tant de
bonheur, retrouva à Nanl«:s le nn'ine suee<Vs qu'à Paris. Aprè> la srèiie avec
SIM pcr", le rideau devait, à chaque représentation, se r^-'luver trois fois.
M"*' Bathori fît une exquise .Angélique. Elle chanta à la perfection ce rôle si
difficile. I/i»rchestre, bien dirigé par M. Rovy, eut, aussi lui, une
gninde part dans la réussite de eette repris<». M. Villcfranck monta avi»r le
plus grand soin la pirtition d.* Bruneau. qui fut jouée avec le dernier
tableau: La Mort fi'Anr/étique, supprimé lo s de la cn^ation. VneJ^rtM
représentant la fag.ide d'une église fut brossée fwur ce tableau. De même,
M. Villefr.iiiek fit [>i'in.!r'» vi, ••.;■!.• ii.ijr li vir^'inil'' chambre de la jxîtite
brodeuse.
M. Villefranck organisii, du i8 au 31 janvier lS»>)l, un cycle des «l'uvres
do Brunbau. Le eomp<»siieur, à son grand regn't, avait été retenu à Par»,
lors du la reprise du Hère. Il vint à Nantes pour celle ^e l'.l r/ar/ .^ du
Moulin qui, quelques jours après, atteignit sa trentième rc présentation dans
notre ville.
Le 28 janvier, un grand banquet fut oilt-rt à Alfred Bruneau. dans la
salle Turcaud. par les criti(|ues musicaux nantais, des journalist<>s et de
nombreux amis et admirateurs. J'extrais du discours que je prononeaiau
phampagiio les lignos suiv;#iit(>s, qui fur nt soulignée"^ par de^ applaudift;iOr
ments trî's significatifs:
« Nous admirons en vous. in<>n cher ami. le compositeur profondément
ori^'iiial et i ' ^. qui a >es
musu|Uis 1 .uianoii. .a,
504 LE THÉÂTRE A NANTES
tour à lour, cliaiiti- la rêverie mystique aux prises avec la passion réelle et
la douleur huniaino, l'héroïsme de nos vieux paysans devant l'ennemi, le
triomphe du blé nourricier poussant hiut et dru de la bonne terre de France
sur l'or mauvais (;t démoralisateur.
Nous aimons aussi votre h.iute proI)ité d'Art que, devant les tristes
défaillances de certains, il est bon d'ériger en e.\em[)le ; votre belle et
combative vaillance, votre infatigable ardeur ])our ouvrir à la musique une
larire route vers plus de Vérité et d'Humanité,
Enfin, si notre admiration va sincère et profonde au fier musicien qui n'a
jamais renié son noble idéal, nous estimons en l'homme privé les plus
rares qualités du cœur et de l'esprit, la franchise de ses opinions, la solidité
à toute épreuve de ses amitiés.
Ces qualités, mon cher Bruneau. j'ai été à même plus (|ue tout autre de
les apprécier et il plaît à ma vieille alfeclion de les célébrer ici devant
tous. »
De la réponse d'Alfred Bruneau, voici un passage :
(( En accueillant, comme vous l'avez fait dernièrement, la partition do
mes débuts, vous avez compris, il n'y a pas à en douter, et je vous en
exprime ma profonde gratitude, que je l'aimais d'une particulière tendresse,
non pas, certes, pour les pauvres mélodies qui y chantent, mais pour les
vivants souvenirs qui y sont attachés.
Cette partition, Messieurs, c'est le lieji qui, dès le commencement de ma
carrière, m'a uni fîlialement à mon cher et grand Emile Zola, mon père
intellectuel, car de sa seule inspiration a pu naître, pourra naître mon
œuvre de compositeur. J'ai un orgueil à le dire, et je le dis. »
Après le banquet, une grande réception avait été organisée à la Société
artistique le Clou, dans le bel atelier de l'architecte Lafont. M. Léon
Brunschvig souhaita la bienvenir au Maître dans un speech en vers
dont voici une strophe :
Notre rôvp, ce soir, ici se réalise,
Cfest noire joio ;\ iiou^. c'est au.ssi notre or^uoil
D'applaudir un de coux dont l'art idéalise.
Meunier, ton vieux moulin, Lorgor. ta brebi-' grise,
Angéliciu»-, ton blanc linceul.
Le 29 janvier, on joua Le Rt'-ce, précédé de trois fragments de Messidor,
le magnifique Prélude du quatrième acte, la Légende de rOr, chantée par
M""^ Hélène Théry, les Adieux du Berger, chantés par M. Aubert. Bruneau
dirigea ces fragments et fut longuement acclamé à sa montée au pupitre.
Pendant toute la représentation du Nrre, â laquelle il assista dans une loge
de face, il fut l'objet de manifestations enthousiastes.
Le 30 janvier, la séance hebdomadaire de M. l*'ngel et de M''" Bathori
fut entièrement consacrée aux œuvres de Bruneau. En présence du
compositeur, les deux éminents artistes interprét>rent les Liedx de France
et les Danses françaises.
Le 31 janvier, eut U^u la r-»prise de VAttajiw du Moulin. Ce fut un
véritable triomphe pour Brmieau, ',ui, comme pour le /?«re, se tenait dans
BRl'NEAU A NA.NTE9 — LF. JHF P<)U>NAIS 'î'''
un«' logo. Mais, aprt-s le dernier acte, il fut réclamé avoo une telle insi^t-nnf
qu'il dut céder, au l>out de quelques minutes, uu\ a(X'laniattons du i
et paraître deux fois sur la scène au milieu des artistes. L'interprétation de
VAtiUfjue, conliée à MM. Féraiid de Saint- Pol, qui chanti une version
pointée, la version primitive éUint lr<»p haute jKîur lui, Codou. Dumontier,
Edwy et à M"»* Cholain qui trouva dans Franijoise son meilleur rùle, était
excellfiite. Seule, M™* Nady fut médiocre dans Marcelline.
Après la représentation, Alfred Bruneau. membre d'honneur de I'.Ik*©-
ciation des ICtudiants, se rendit au Corclo de l'A. E. N. Au fond de la
grande salle, fort bien décorée, sur un chevalet entouré d'une lyre en (euil"
lage, avait été placé le portrait du Maître, autour duquel s'«'nroulait une
banderolle vi<»|('tt«î porUint ces mois : « Vive Hruneau ! »»
L'auteur du litre répondit au Pré>ident de TA. K. N.. M. Crcmet, par
un discours dont je donne ci-dessous la partie principale.
« ...Il m'est doux de me trouver en étroit*; «ommunion d'idées avec la
jeunesse qui travaille et qui pense, (''rst, pour moi, un puissant enr<»:.
mont à achever mon ceuvre dans la tranquillité de mos conviction^ I'
le jour déjà lointain, cela remonte à mu* douzaine d'aiinô«!S, où, tr
et très ignoré, j'ai osé aller demander à Emile Zula. très grand oi u-
rieux, le premier dos poèmes que je dois à son infinie bonté, je n'ai ■
L'i "i I' à colui qui est mon maitro d'art et que j'ainio du meilleur de nia t n
:: >>o roconiiaissaiito, do vouloir moltro dans le drame lyrique toujours plus
do Vérité, de LiU'rié «-t d'Hiimaiiité. do vouloir franciser toujours ;
notre oj)éra. Si j'ai été violommont combattu par 1*»'' uns. m ro\
été chaleureusoinoni défendu par les autres. Voii^
m'av^^« nomm»'* membre d'hoiiiiour de votre
accueilli et vous m'accuoilloz a cette minute oiu'ore de façon pi:
ment significative. Laisser-moi. sans phrases, simplement, pui , ■*
me permettez de vous apj^eler mes amis, vous en nMuen lor du fond du
ccDur. vous dire que demain, lorsque je reprendrai ma b<>sogn»' habituyl!»*.
le souvenir de votre réooption si charmante et si cordiale me fortifiera,
m'armera pour de nouvelles luttes.
I» Messieurs, en tendant mon verre, je bois aux soldats des idées qui nous
sont é^^alemonl chères, à vous tous, qui étiiiit la jeunesse, ferei, je n'en
doute pas, triompher ces idé«'s dans l'avenir ».
Après ces vibrantes paroles, une longue ovation fut faite au Maître.
La pnMnièrc nouveauté de la saison fut le Juif Polonatê, de M. Camille
Erlanger, partition robust»* et saine qui possède dos pages spN
«ouvre très remarquable, qui mérite de rester au rt''pertoire ■: -•
représentée avec succès le l\0 novembre rJOO. M. Camille Erlanger vint
surveiller les dernières répétitions de son drame lyrique et, à la première, il
c<mduisil, au milieu de chaleureux bravos, le beau pr ' ' - '• •- •
acte. Il revint à la scptièmi^ ropnsontation et fut appelél^
stHîond- acte. L'iiiti'rjMrétition offrait un parfait ensemble. M. Féraud de
Saint-Pol fil une magnifique création du nMe difficile de l'aubergiste MatJiis,
30G LE THÉÂTRE A NANTES
qu'il joua d'uno façon tros personnelle. Cet artiste distingué laissera à
Nantes d'incffanaMcs souvenirs dans les personnages, si différents pourtant,
(le lYnêque Jean de Ilautccœur et de Malliis. M. Dumontier chanta et joua
à la poifection le nMu do Nickel, Les autres personnages étaient bien tenus
par MM. Codou, Edwy, M'""* Cholain et Nady. M. Bovy et l'orchestre
méritèrent les justes félicitations de l'auteur. La mise on scène, comme tou-
jours, était fort soignée.
IljJiif/énie en Tauride, qui n'avait pas été jouée; a Nantes depuis les pre-
mières années du XIX* siècle, fut reprise le 17 janvier 1001. L'immortel
chef-d'œuvre de Gliiek fut assez inégalement interprété. ^L Engel chanta
avec un j^rand style le rôle de Pylade, M^'^Tliéry F\t une poétique Iphigénie,
mais MM. Aubcrt et Rivet ne furent pas à la haijteur^.des, rôles d'Oreste et
'^^'''^^- ... .v.j ;:,./; ,-
Une autre reprise intéressante fut celle à' Hamtiel et (îrre^L Cet adorable
chef d'œuvre, parfaitement^ interprété par M'»<=s. Bathori et, Storclcmaans,
ravissantes toutes les deux dans les personnages des enfants, et M"' Théry,
fut revu avec un vif plaisir.
Deux autres ouvrages, d'un genre bien différent, furent joués encore par
M. Villefranck : CendviUon et 77/ais, de Monsieur Massenet. Cendrillon,
<euvre vcule, ennuyeuse, sans émotion, sans sincérité, attira les naïfs par
son titre et par les attraits d'une superbe mise on scène. ^L Villefranck fit
brosser à Paris, pour cette partition sans valeur, doux magnifiques décors ;
de luxueux costumes furent confectionnés et de coûteux jeux de lumière
furent installés. Les Nantais furent unanimes pour louer la mise en scène
et pour apprécier la musique à sa juste valeur. Aux représentations de cette
<euvre industrielle, il était fort curieux d'examiner le publie bizarre qui
remplissait la salle, braves suburbains accourus de Trcntemoult, de Couëron
(m de Basse-Indre, croyant voir misa lascôuelo vrai conte qui avait jadis bercé
leur enfance, et déroutés, agacés, désillusionnés par la pièoe de Monsieur
Massenet.
La chute lamentable de T/taïa (21 février IDOl), dont les rcMes furent
tenus par MM. Aubert, Dumonthier, Athès*, M"°* Cholain, Sterckmaans et
Lèmaire, montra bien que les œuvres de Massenet étaient désormais en
baisse à Nantes. L'espoir de voir une féerie au titre en,ir;igeant n'attirait j)lus
le public. La musique restait seule pour défendre cette partition, l'une des
plus mauvaises de l'auteur de Manon. Ce n'éUiil pas suiRsant. Thaïs ne .se
joua (jne deux fois, tît encore devant des salles vides. La première représen-
tation fit 771 fr. 20 d(^ recette. La seconde tomba à 559 fr. 'jr>. Cev chiffres
ont leur éloquence.
Comme opérettes non encore jouées à Nantes, M. Villefranck monta le
Ihiron Tzigane, le PajHi de Franc ine, Véronique, Manxzelle Carabin, les
niRECnOS VILLETBANCK 307
Petiten Jlnlnn. Il j(jiKi aussi un juli i illrt : CnUhri dû a la Je
deux »lo na-> conciloyons, MM- Pa''l«> .\. li.icktn ii»o). fxmr 1 m
(Arondel ih* I|ayes) pour la musique
Outre MM. Lucaa ot Dinard qui \inrent ehanter Sigurd e\ les Ilwjue
notn en fin de -aiïon, deux chanteus. ' ' ' ". "^ " rs,
Mlles KiMilir Mary, et V.ti IImiT i. ...
Mme Cholaiii, indi.spo^«•.
Uu jeune rédacteur *\\x Phatt de la Loire, M. l'ierr» ' uô
pour les choses du Tli6Aîr * 'la j)eintunî U< ■ 'n.ii;>r. u r r»<ia
trois d<^cors, l'un pour ' ■ pour ThatM^ lo ti^iupjuio pjur
Véronique^ Co dernier est vriimenl réussi.
Pendant le mois d'avril, M. V^iUf;frau<k profiunt do la latitude lai^s*^ par
le cahier lies charf^rs, ne joua quu de ro|)érett«". Pendant ; il
interciila dan^ les pii''Ot« un intermède où paraissaient un<- . ii-
seusch anglaiitcs levant la jambe avec un ensemble 6loanant et un clown
imitateur fort habile.
QuehjUes jours avaiu la nii de la saismi, u se ]>i(»(iuis:i ;i > i. imih -ni i:iri-
dent assez, kuial mms dont le-, suites eunuit une graviUi exirLinr. (.lu jouait
/?!/>. Au dernier entr'acte un certain nombre 4o musiciens arriveront en
retarda leurs pupitres. Le public accueillit jKir des rin>8 et de- sitllets
rapp.'irition de ces me^sieurs. Les instrumentistes expliqu6ient leur retard
jKir ce fait que la sonnette électrique n'avait pas fonctionné. Cet incident
n'aurait pas eu d'autre suite si le président du Syndicat des musiciens s'étant
cru olfensé jMTsonnelhMnent par un propos tenu à haute vt>ix par un
rédacteur du Phnrc de la Loire, ne s'étiit livré sur lui a des voies de fait
que les paroles imputées ne pouvaient justifier. Bien plus, le lendemain, le
même instrumentiste frappait, en pleine rédaction de ce journal, un autre
rédacteur choisi comme témoin par le premier. L'alîain^ eut son dénoa(vnent
t>n simple police.
Mais à la suite de divers incidonUi qui vinrent se greffer ^ur le premier.
M. Hovy crut devoir donner sa démission. Tou* le> re.qui
avaient apprécié depuis deux an n le talent de .M. ..... ...,.>., .eut une
pareille détermination et se demandèrent avec inqiaétude p;ir qui NL Vil-
lefranck allait remplacer cet artiste distingué. Bien plu!«, la plupart des
meilleurs solistes >'empre>.st' rent de «' ' " * , Tout
ceci éUiit, t'U réalité, une conséquence i ion do
la subvention de 100,000 fnncs, suppression dont je parlerai dans le volume
({ui contiendra l'historique des Tht^Âtn^ de Nantes à partfr de la saison
Pendant cette s^iison, les tournées furent peu nombreuses. Il n'en vint que
di\ : L*Aiylon,Frou/rou (M»"* Jeanne Brindeau et Lara, M. de Féiaudy),
308 LE THÉÂTRE A NANTES
Le Contrôleur des wagons-lits, Coralie et C"<^, La Darne de cJiez
Maxim, Plus que Reine, La fdle Elisa, La Robe rouge. Main gauche.
Vavtiale 330 (Ch. Baret et Courteline). Polin vint aussi donner une repré-
seutatioii.
Différentes améliorations furent apportées au Théâtre Graslin. Une porte
de comnwinicatiofi avec la rue fut ouverte dans le foyer des artistes. Lo
réflecteur de la rampe fut amélioré de façon à ce que réclat des lampes
élettuiques ne gênât plus les spectateurs des galeries. A l'intérieur du cadre
de la scène on plaça une série de lampes destinées à augmenter d'une façon
notable l'éclairage des premiers plans. On installa pour les figurants qui
s'habillaient, jadis, dans le garde-meuble, une vaste loge au premier étage;
à côté du magasin des costumes. Enfin, le bureau de location fut transporté
rue Corneille dans un local plus grand et mieux aéré que cekii de la rue
Molière.
Ces travaux furent effectués pendant l'été de 1900. Pendant celui de lixjl,
on refit le plancher de la scène qui, datant de 1805, en avait le plus grand
besoin. Il était dans un état lamentable et offrait même un danger constant.
Le nouveau plancher fut construit d'après les indications de l'habile chef
Hiaciiiniste des Théâtres municipaux, M. Abraham, qui y apporta diverses
«édifications fort heureuses.
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THEATRE DE LA RENAISSANCE
1807 — rj()l
(](ui«lructiuii de la ituUe. — L»i Troupeji ilulieniiQS. — Troupes divcr»<-t>. — AcLul >\\i
Thj^titn- par la Villi-. — PioC!» inlcrlites. — Marret'it cl le col<)nel IIub<rt • a--.tc\.
Sarati bernhardt. — Incidents — Accidents. — Hi'paration du monument.
La cuu^tl'U' iK.ii au Tliéitro delà K<ii.nb>aijcu r>l duc a 1 iiiiii,iii\r de
MM. ToiiclKiis frrres, qui déjXMist'ient des sointues considérables dans cette
entreprise et, finalement, s'y ruinèrent. Depuis longtemps, le besoin d'une
seconde salle, plus vaste que la preinirre, où l'on pourrait donner des
grands concert:?, des conférences, des distributions de prix, se faisait -sentir
à Nantes. L'élévation de (!e nouveau théâiro venait donc a son beuro.
Les travaux commencèrent en 186T sous la direction de l'architecte
Chenantais. On cul d<' gran les dillifultés ;i surmonter pour Htablir solide
meut les (onditions. Une source qui, il n'y a pas longienip* oncoce,
envahissait souvent le« dessous» du Théâtre, causa, dès l'abord, de nombreux
ennuis. Cependant la construction marcha assez rapidamenl.
La Renaissance oi,cuj)e une superficie triple de celle de Graslio. Lo
diamètre de la salle exl de 3<>n> tU. Le cadre do la «ct-ne a IH"*7<^ soit j mètre»
d'? plu.s que celui du (Jrand-Théâlre. La hauteur est de IG mètres. Les
dessous ont une profondeur de7"'25. Le fdafond a 2ô mt-lros de diamètre ;
il se compose de quatorz'' ar<ido<, d mt si-ptsout mobiles et pi»u\ eut s'ouvrir
l)our éclairer et aérer la salle. 11 était orné, alors, de compartiments repré
v«ntant des peintures allégoriques : Tragédie, Comédie, Musique, et des
•<ujets antiques : bacchantes, faune lutinant une chèvre, courses de chars.
\) s buste» d'homme.s «»t artistes illustres. p«?inls en relief : Hcetiioven, Mo
/ irt, Méhul, Mcyerbeer, llalévy, Hugo, Voltaire, Malibran, RaAjbel, Mars,
I^éjazel, concouraient aussi à rorneuienlalion du plafoiid. L'en :t
d ■ la aoène est surmouu* de deux statues dues à M. Méuard : la ï ...ô- ^•'-- * t
la Comédie aiisi^es supporloul W^ armes de la Villo. Les décorations de la
61
310 LE THÉÂTRE A NANTES
salle cl le rideau f Liront faits par M. Cambon. Ce rideau, qui a été remplacé
depuis, représentait une vue du port de Nantes prise des hauteurs de
Sainte-Anne ; il était fort réussi. Les décors furent brossés par M. Bernier.
La salle primitive, installée de façon à être transformée en cirque par le
simple arrangement du parterre en piste, contenait 3.094 places. Elle sî
e ompose d'un vaste part.-rre, en forme de corbeille, surmonté de tro's rang
de pourtour. Au dessus s'étagent, en gradins et non en galeries, cinq rangs
de fauteuils et cinq rangs de plat;es de premières. Un rang de loges entourait
jadis ces dernières. Soutenu par de légères colonn?s de fer, un immens;;
amphithéâtre contenant les secondes, les troisièmes et les quatrièmes s'élève
jusqu'au plafond. Adroite et à gauche de . la scène, il y avait autrJoi
des baignoires grillées. Une écurie pour 30 chevaux était installée à gauche
de la scène Un vaste foyer, que Graslin envie justement à la Renaissance,
orné de colonnes en fonte, peintes en imitation de marbre, prend la largeur
de la façade sur la place Brancas. Cette façade assez simple se compose de
quatre colonnes d'ordre composite placées deux à deux de chaque côté des
larges fenêtres éclairant le foyer. On remarquait, jadis, entre autres orne-
ments, deux têtes de chevaux. Ces attributs, inutiles du moment qu'on
avait renoncé à louer la Renaissance à un cirque, ne furent enlevés qu'en
19U1. Une marquise vitrée abrite les baies du vestibule.
1867 — 18G8
L'inauguration de la nouvelle salle, quoiqu'elle fût loin d'être entièrement
aclievée, eut lieu le 25 décembre 1837. La troupe du cirque Ciolli donna
une série de représentations.
L'ouverture définitive de la Renaissance eut lieu le 11 mars ISfîS.
MAL Touchais avaient confié la direction de leur Théâtre à M. Guillaume.
Le spccUicle était composé, ce soir-là, du Misanthrope, joué avec le
concours de Lafo-itaine et de M''^' Lloyd.
M. Guillaume fit venir de nombreux artistes eu représentations. Ou
applaudit successivement Lafontaine dans Dalila, Neuville, des Variétés,
Charles Bataille, M™® Normann-Nérida, violoniste de beaucoup détalent,
Laferrière, M""''' Déjazet et Ugalde.
1868 - 1869
^L Hubert succéda à AL Guillaume. La féerie de Peau- d'Ane, qui fut
montée avec luxe, céda bientôt la place à uuc troupe italienne.
Alors commença la plus brillante période de la Renaissance On s'engoua
à Nantes du répertoire et des artistes transalpins et (îraslin fut délaissé pour
la salle Brancas, qui devint bientôt le rendez vous de toute la haut-» société
TOMDESl
9TR">ZZI — LAUI\A HARRIS
811
nantaise, notamment de celle dite dea Cours. Cette première troupe italienne
ét^iit ainsi composée :
Stkvb.<(s, chef d'orrhîstre.
MM. TuwREBi, premier l^-nor.
Terruni dwuxi^'m*' t«*nor,
Strozzi, baryte)!).
Oruinar, bajitie profondf.
Roccu, basiie boufTe.
Mb** LkVKk Harrm, iu)pr«no,
DtMtRio-I.ii>t.Ar.iiK, coolralto.
Salvam, coiiprimaria.
Tous ces artistei! étaient excellents. M'** Laura Harris était une cbar-
niunte cbantcuso d'un talent tn' -ué. M™'!* ' ' ' '-posscdail
un splendide contralto. Onaj'; i issi dan- i saison un
autre ténor de grand mérite, M. Délia Koca. Toml)esi et Strozzi avaient des
voix magnifiques. Le premier fit bientôt tourner toutes les l6les. C'était un
délire. A ses adieux, il re<;ut un nonjbre fabuleux de bouquets
Pendant cette saison, on joua pour la première fois // ballo in Mouchera^
de Verdi, d«*vant une salle superbe, resplendissante de toilettes luxueuses et
d'habits noirs. Suceès complet.
Pendant l'été, des Concerts Populaires furent organisés sous la direriion
de M. Dernier. Les places les plus chères étaient à deux francs. On jouait
tous les jours.
18G9 1870
Les résultats donnés par la p-emière saison italienne avaient été si
brillants, qu'une nouvelle troupe se forma pour l'exploitation de la Renais-
smce.
MM. Lixzi-CiiKi.i.Y, premier ti-nor.
Maretti, (ii'uxiùiue U'ijor.
Stro/.zi. itaryton.
(■KNniRci.. d(>uxii'mu l)a9S4>.
M*" Laura Harria. première ch«nt«'a*e.
LecriiEAi. i>r<mi"rf ehanleute.
I.Aiiiar.HE, roniralto.
HlCNAROHI. i(l.
Cette seconde .s-iis'ii lut ouverte jur J'uiui. Un i
Jfarl: et du W'alpurf/is. lîn revanelie. <>n ( li.mLi ; t
pas dans la partition française.
M"" Lucchesi, jeune et jolie feinmi», doui-e d'une voix magnifique, rem-
porta un vrai triomphe dans le rôle do NT 1-*. La renlr<'v de I ■ •■ ■
Harris fut aecueillio par des transports d'en ue. On jouait r<* >
la Somnambula, et la représentation, si bien commencée, faillit se terminer
tr uent. Une fuit.
d ... . e. On s'en i.;.. :...... ,. . .., . :. i...:. ... _.
bougea, quoique plusieurs s|>ectateurs eussi>nt crié: <• Au feu î
Le 10 novembre 18(10, on exécuta la Afe.tse de Rossitu
tation exceptionnelle. M"" Alboui et Marie Battu, M.M. jioiiMt, i.i^ni-
312 LE TIH-IATRE A NANTES
fifo, le violoniste Vieuxtemps, le contn.'bassiste Bottesiiii, prêtèrent leur
concours à cette superbe aiulifion.
Cette année l;i, l'exploitation itiilienne marcha moins bien que pendant la
saison pr6c(''dente. La troupe n'était pas aussi bonne, enfin on commençait
à se lasser de ce répertoire usé et rococo, borné au Nord par Luria, au Sud
par la Somnambula, à l'Est par / Puritani, à l'Ouest par Linda. Le
IG novembre, la Renaissance ferma ses portes.
MNL Touchais commençaient déjà à avoir assez de leur Théâtre, qui ne
rapportait pas l'intérêt de l'argent dépensé pour sa construction. II fut
question alors de le mettre en loterie pour devenir ensuite la propriété de la
Ville. Le projet n'aboutit pas.
En décembre, une troupe lyrique française, sous la direction de NL Bou-
zeois, dut exploiter le Théâtre, mais l'autorité militaire ayant refusé de
prêter les soldats pour chanter les chœurs, les représentations ne purent
a\oir lieu.
.\u mois d'avril, une troupe italienne de passage, dont faisait partie la
Krauss et Nicolini, donna quelques représentations. Dt'jazet se fit aussi
entendre à la Renaissance pendant cette saison.
1 «70-1 871
Une troupe sous la direction de M. Ribert exploita le Théâtre pendant le
mois d'avril. On joua une revue assez amusante : La Grande Dépêche, due
à la collaboration de notre concitoyen M. Bureau et du dessinateur
Collodion.
1871-1872
Toujours sous la direction Ribert, on monta La Belle Hélène avec
Desclauzas, Rhoiomago, La Reine Crinoline,
M"" Ernst vint en janvier 1872 et obtint un vif succès en lisant différentes
poô-^ies de nos grands poètes.
Le 27 janvier, la direction passa aux mains de M. Vidaillet, qui joua
l'opérette, la comédie, le vaudeville. Nous remarquons dans la troupe le
nom d'Arnal. C'était le neveu du célèbre comique. Cette nouvelle direction
n'êut qu'une durée éphémère.
Le IH avril, la Renaissance ouvrit de nouveau ses portes sous la direction
de M. Beaugé, le fils de la soullleuse du Grand Théâtre. Entre autres
pièces, il joua un grand drame militaire intitulé : Le Siège de Paris,
Thérésa, Lafontaine qui joua Ruy-Rlas, Pasdeloup et son orchestre
vinrent en représentation.
Dans le courant de juillet, Beaugé mit en répétition Rabagas, une pièce
de Sardou bourrée d'allusions antirépublicaines, dont la représentation à
STROZZI — zrXA DALTI 313
Paris avait fait boaiirniip d^» tnpag*^ [.o Phare de la Ivoire prot^ta dans un
article vioknt auquol Hoati^<^ v<*^mt\\x, TouU» une poU-iniquo sVngag«>a.
Finalement le maire, qui Atail alors M. Leioup, interdit '•
Le L^S sepUîmhre, une grande repivs.ntation eut lieu au béi. . . .....
soullleusc do Grasiin, M"" Beaug(^. On jnua I.p Hépii amoui^-ui o\ Tartufe
avec M. Savary, de la Comédie Français
Cette anm'e, MM. Touchais ofTrirenl a 1 1 \ ;
sance pour uu»» st»njnie de 2*»<).<MMJ frincs. Le < . ■
l'Administration à étudier de près la question.
Une Société, patronnée pr MNL le général M«'llinet, AmousiRivIère,
Boistard, L. BourRiult Ducoudray et ("oiiiqiiet se forma en commandite
pour exploiter la Kcnais?anee. Le capitil était de ItOO.DOcj frnn ^ i, ....•<• ....
COO actions de .*»0() francs < hacunc. Tout soiisf^ripleur de Iroi.s ;
droit à trois cntn^s réduites. Le baryton Strozzi, qui s'était crt^ do nom-
breuses relations dans la société nantiise, avait <'•' nis-
trateur gérant. La troupe italiiMinc réunie par Sti ..s ne
fit pas ses frais. Parmi les artistes qui en faisaient partie, il faut citer en
première ligne la ravissante Zina Daiti, chanteuse d'expression en même
temps qu'étourdissante voealiste. M"» Sonniéri et Carracioli étaient, <""
aussi, des rantafrices de valeur. Le ténor Carrion était parfait. Les cli ■
et l'orchestre étaient médiocres.
Kn mars, on donna do belles auditions du Stahat ^[^lt€r de Rossini.
Frédéric Lemaltre, bien vieux, bien usé, vi"» -^r" "-^nrésOTtation.
1873 — 1874
MM. Chcssor et \'crpy prirent la direction <.'t j'uiçrom lo aranic c: la
comédie.
Ces directeurs montèrent La Femme de feu, pièce tirée du fameux roman
de Belot qui. comme on le sait, se passe en fwrtie à Nantes et ^fareeau ou
len EnfantA de la Ixépuhlique. La Préfecture interdit do chanter la Mar-
seillaise et, à la seconde repn^sentatio'n. interdit l'œuvre elle-même. On
assista ainsi à ce fait curieux, d'une pièce républic^iine et du chant nation.il
répuitlicain, mis s\ l'index p: ' ' ' ' P '" t- ' >
venir en l'rance pour voir
ceau devait encore être cause d'un incident beaucoup plus grav.-.
Déjar.et se fit applaudir dans ditTéren tes pièces de son répertoire.
1«TI — 1875
A signaler seulement quelques troupes de p;issage ; La Maison du Afari
Avec Laferrière, Toto chez Tata (Céline Chaumonl).
314 LE THKATRE A NANTES
Doux grands concerts furont aussi donnés, pendant cette saison, dans la
sallo Brancas : celui de la Nilsson avec Sivori et Servais et celui de l'ini"
presario Ulmann qui faisait une tournée avec PlanK's Diaz de Soria, Sivori,
Alardet Franchorao.
1875 — 187G
Tous les journaux menaient depuis quelques années, une vive camprgne
•■ faveur de l'achat de la Renaissance par la Ville. Le Conseil autorisa cet
achat, dans sa séance du 2 mars 1875, pour une somme de 200,fX)0 francs.
Le monument avait coûté, jadis, p'us de 80^,000 francs.
A partir de cette année l'existence propre de la Ftenaissance est absolu-
ment finie. Elle se confoi d désormais avec celle du Grand-Théâtre. Cepen-
dant la Ville, pour quelqu temps, se réserva le droit de louer la Renais-
sance à un cirque durant les deux mois d'hiver.
Cette année on monta le Tour du Monde. Grand succès pour l'œuvre de
notre éminent compatriote Jules .Verne. Le rôle d'Aouda était tenu par
M"^ Iladamard, qui entra plus tard à la Comédie Française.
1876 — 1877
Grand concert donné par la Patti. Superbe représentation de la Nilsson
dans Faust.
En mais, Faure vint jouer Faust, Hamlet et Guillaume Tell. Les repré-
sentations du célàbre baryton fuient des plus suivies. Apris Guillaume Tell,
les choristes allèrent donner une sérénade sous les fenêtres de l'Hôtel de
France ou Faure était descendu,
Agarvint jouer Athalie avec les chœurs de Mendelssohn.
On représenta aussi pendant cette saison le Voyarje dans la Lune.
1877 — 1878
Un arrêté municipal, en date du 22 décembre 1877, interdit aux femmes
légères de se placer ailleurs que dans les loges. 11 faut croire que
depuis la suppression de ces dernières, l'autorité a renoncé à assigner
aux hétaïres nantaises une catégorie de places, car elles s'étalent ouverte-
ment, aujourd'hui, aux fauteuils aus^i bien qu'au pai terre. Pourquoi, à Gras-
lin, leur interdit-on alors l'accès des fauteuils, si, à la Renaissance on ne le
fait pas? ? ? Beautés de la logique administrative ! ! I
M. Coulon jugea t\ propos de faire, cette année, une reprise do Marchait.
Cetle fois, la Préfecture no s'y opposa pas. La première eut lieu avec un
grand succès devant une salle comble, qui bissa la Marseillaise. L'ordre ne
fut nullement troublé. Quelle ne fut pas, le lendemain, la stupéfaction gêné*
lale lorsqu'on apprit que le colonel Ilubert-Castex venait de refuser au
Directeur de lui continuer le concours de la musique et de la figuration
LES INCIDBMT3 DR MARCEAU
315
miliUiirc, ot avati int nlit à tout soldat, de mettre les piods à la Renaissance,
tant qu'on y joucnit Murrenu, pirce militaire et patriotique où l'on com-
mettait le crime de cliant<T l'hymne national. I^ Phare tîe In Loire publia
môme le texte de l'ordre du jour adressé par le colonel aux soldats.
M. Ilubcrl-Castox fit di^nientir et pr«'t«ndit que I ' ' n
communiqué à la place. Quoi <^u'il en soit, cet iii nt
considérable et mérité. M. Laisant, a la Chambre, interpella à ce sujette
ministre de la guerre. Finalement, le colonel Hub<»rt-Caxtex fut déplacé.
Cette alFaire fil à Marceau, pièce d'un*- ' -• «-rin difîi< il' - - ' ' ■ x-
traordinaire. Pendant plusicurssoiré<'S, I .. -anooviti .\
tour de rôle, (îuillemot et Mlle Keggiani chantaient la Mar e'.Uai»e. Celte
dernière, habillée pour la circorist;ince en Charlotte Corday, tenant à la
Iiiaiii 11' diapi'.iii Iricolnif. sunli'V.iit un f-rii' :<ii>.' i>;tu.' it,,li-..T ImiKl.'.
1878-187i>
Dans le courant de novembre 1878, sur les quitro heurCi du soir, un
commencement d'incendie éclata dans le magasin d'accessoires. Ileureu53-
ment, on s'en aperçut à temps. Il n'y eut que de légers dégâts maté-
riels.
La direction Lcmoigne inaugura, pendant cette saison, le système des
matinées dominicales. L» succès fut -ompletdès le premier jour, et, depuis
lors, ne s'est pas démenti.
Tournée : VAt^sommoir.
I«79 1880
Cette année, le Grand Th-'Atre ét;iit en réparatiuii . i i.i -uo^- nti.'u .i.m
affectée à la réfection do la salle
La Municipalité choisit, pour exploiter la Renaissance, M. Jourdan, qui
était à la tête d'une Société d'arti>tes. Aucun genre n'était impo>é.
L. JOURDAN, Administrateur
Mahtin. prouiicr ch 'f il'urcho*lre. — Jamu. ri^^is-*. ar
(:»)Mf:t)IK
M. M. Vi i-r rùle.
Ia 1 mo deixi'^mo r.M-v
Havmom), li.'nxi.'-iiio r."-'.'-.
Wi«:tox. «1<'u\k'' ne rv'Io.
Saint fiMiuE. troisième rMc.
PnusfKR, p<>re noblo.
Martin, amouretix comiquo.
.)\MKM, roini«|ii«.>
UKI.OnMK COIIli'|M0.
.SunvuR. comique.
M' • M..N* - r.LbiKXT. gr.in.|
1 .1. .
MMNf.viET. joune pr.n.i.";
KoHc^TY jfiine \'\ •
StR\N*Kv n».-* ti „.,
BOKSON
DK SaIX. <!•:> Mil >i.4«.
.\j«oi.»nK. foiihr' llo.
Mar^km r. si.nl.iot*.
C\RLI. liut'gric.
pr.
31G
LI-: tukatki:: a Nantes
()l'i:RA-CUMl<Ji;K ET TIIADICTIONS
MM. r.ODiiviLu:, fort ténor.
Marcel Dr;viiiKs, ténor en duuljlo.
iJAiiiiTTi, dcuxiùm ■ l'-ipT,
MAUdfc, baryton.
(^OMTii, basHC,
IIaly, Uou.\i(!!me bassi-.
tiR.vciANi. trial.
<iAi.i.yLAKociiKu.K, preiiliè.f,' chan-
teuse If'gt're.
Jeanne Ani.rke, jeune ohantease.
SiiiKTri, du;,'ii/on.
De Saise, deuxième dugui^ou.
Sthaxskv, du'gne.
MM. Comte, Maugé et Mme Gally-Larocliello possudaieut une certaine
valeur. Le reste do la troupe (';tait dos j)lus médiocres.
L'exploitation ne fut pas heureuse et se tonnina en décemVjrc A partir de
celte époque, il n'y eut plus que de noral)reuses tournées.
Nouveautés : M^^Facari, Lequel?, IcCnhinet Piperlin, Doit-on te dire Y
Nounou, Gavaud, Minard et C''-'.
Tournées: VAnare, (Marie Kolb), les Martyrs de Strasbourg ^ la Cagnotte,
le Légataire unicersel, le Mariage de Figaro, Jean Nu-Pieda, Phèdre
(Agar), Jonathan, le Fils de Coralie, Gabrielle (Mm<.' Favart),. Daniel
Radiât, Robert Macaire, V Aventurière^ les Inutiles, les Folies amoureuses,
le Vogage de M. Perrichon, le Trésor, le Malade imaginait e, le Marquis
de Villemer. le Denii-M onde {ces doux pièces avec la troupe de l'Odéon),
VAge ingrat.
Les 6. 7, 8 septembre 1880, les Nantais purent enfin applaudir Sarali
Bernhardt. L'immense salle de la Renaissance n'était pourtant pas 1res
pleine. Beaucoup de persoiines étaient encore aux bains île mer et à la cam-
pagne. L'illustre artiste joua Adrienne Lecoucrcur et Froufrou. Elle fut
accueillie par de longs transports d'enthousiasme et couverte de Heurs. A pi es
la seconde représentation, un grand souper lui fut oll'ert chez Monuier.
Sarah s'y montra charmante de verve et d'esprit.
L'ancien directeur du Grand-Théâtre, M. Bellevaut, faisait partie do
cette tournée comme régisseur.
A partir de 1879, î^nnée de sa fondation, la Société des ('once:ts popu-
laires donna ses concerts dans la sall<^ de la Renaissance. 11 n'est pas dans
le cadrede cet ouvragede retracer l'historique de cette Société qui afaitfaire
à l'art musical, à Nantes, les progrès les plus considérables. Disons, toute
fois, qu'elle amena à la Renaissance les plus grands coniposit(nirs et les' plus
brillants virrtuoscs.
js,^ :-lS^l
RiciuU'l)articulieràsignal«r pendani la campagne d'lu\er. Sarah Bernhardt
revint le 8 et le î) seiitembre à la grande joie de ses nombreux admirateurs.
Cette fois la grande artiste joua la. Dame aux Camélias, qu'elle n'avait pas
encore inlcrprélce à Paris et llcrnatii.
SARAii ukrnicaudt SI'
Pfndant IVtcS on fit subîr un rcmanicmcnl à la siillc. Ijc% logws dw
prcnii/îres, sauf deux dans lo fond et irois de «haquo côuis furent î»up-
priniff.s:iinsi quoles avant-scènes. In csoalierdo doffa^enient iul construit
pour les pn^niières.
IhmI \HfsJ,
iN'udam les mois d'IiiviT. :iurun f;ut dijiÇn»' <! •'^
de mai, la Compagnie d«'s f-'^,iirsi,,i,M /'.tm.r lia
dans la salle Branci.s.
1882- IH8:;
pendant la saison lyrique, toujours rien debicnint<*ressant. Le petit ir.iin-
train ordinaire: matinées le dimanche, paroi par-lâ quelques so
Les 21 et 22 juillet. Sarali Hernhardt, accomixipn'-' ' • M.;..;.. ^ ...u
Fii'dora avec un immense succès.
Les Excursions I/amiiton revinrent p«'ndant le mois de septembre.
1S83 tWi
On joua Pfdu iTAne sans ^rind surrhs.
Rien de particulier.
1S8(Î18«7
M. r.iravey donne les inalin«'es du dimanche a moitié prix. Cette inno-
vation est accueillie avec beaucoup de f.iveur.
Kn août 1886 eut lieu une représentiition du Serment (Tun lireton.dnme
de NL Grin^ire, au bénéfice de M. Hesombes, directeur des Variétés.
J887-1888
De même <|U a Graslin, on prit à la Kenaiss;ince d'importantes mesures
de sécurité. On installa un rideau de fer, un bassin et îles herses d'eau.
!i _ il. ii.< . v'i'rieures et de nouveaux ; ' On sup ' 'S
Il 1 11' s (|ui exist;iient au bout <!• nenant i . •l
el on les remplaça par une pente douce commençant à partir du vestibule. La
salle fut aussi rt»sl;iur«'*e. Elle en avait b»*soin. car elle était dans un état de
délabrement complet. Elle fut rep<nnteet Lipisséeà neuf. Enfin, o" ••' ■ > "
nouveau rideau dû au pineeau do Livastre. En voici la description. \
au premier plan, un grand escalier au haut duquel se dressait un Temple
grec; (b>vanl. une sLitiii (rA}>->lI.>ii ' " d'or. An ' ' " s
roBtrale», puis un larue «juai ilaiis t ulwconi; o
:ns
LE THEATRE A NANTES
mer calme et tranquille sillonnée de nombreux navires. Toujours à gauche,
de liautes falaises perdues dans un léger brouillard. A droite, une draperie
ronge avec les armes de Nantes et de Bretagne, descendait en plis harmonieux
5ur ane balustrade surmontée d'un Amour. Au pied de la draperie se
tronvaient des masques, une flûte de Pau et dilférents autres accessoires. Au
bas, dans l'cncadreuient, une vieille ins<;ription latine signifiant: Ville de
Nantks. Ce rideau, fort réussi, était d'ini grand effet.
f^cs dessous, continuellement inondés par la source qui, lors de la cons-
trwction, avait dor.né tant de soucis à l'architecte, furent entièrement
asséchés. On construisit, a cet effet, un véritable aqueduc. M. Lebee dirigea
tous les travaux avec son habileté ordinaire. La restauration de la Renais-
sance et les améliorations apportées au Théâtre s'élevèrent au chiffre de
117.380 francs. N'oublions pas non plus, à propos des travaux considérables
exécutés dans nos théâtres pondant l'année 1887-88, de rendre justice à
l'activité et à l'inlelligence de M. Nicolleau, adjoint délégué aux Beaux'
Arts, qui s'occupa toujours avec un soin particulier et un intérêt constant de
la situation artistique et matérielle de nos scènes.
1888-1880— 188<J-18i)0
h^n fait de choses particulièrement intéressantes et dont je n'ai pas eu
l'occasion de parler â propos du Théâtre Graslin, je ne vois guère à signaler
que les nouvelles représentations de Sarali Bernhardt dans Jeanne d'Arc et
la Tosca, les 19 et 30 juillet 1890.
1890-1891 — 1891 1892 — 1892-1893
Mounet-Sully vint jouer 7/am/e/ (janvier \}l), Jiuy-Blas et Œdipe-Roi
(septembre 92).
Une panique eut liou le dimanclie 27 novembre 1892, à la matinée, où
l'on jouait Robert. Au troisième acte, un rayon de soleil s'étant glissé dans
la salle par un interstice de fenêtre, un imbécile se mit à crier : Au feu !
On juge de l'émoi des .spectateurs et de la bousculade. Plusieurs dames se
trouvèrent mal ; enfin, le directeur et le régisseur accoururent sur la scène
et parvinrent à calmer la frayeur du public. Cet incident aurait eu de graves
conséquences si les spectateurs n'avaient pu être rassurés à temps.
Dans le courant d'août 189.'i, unt» troupe de Dahoméens fut exhibée dans
la salle de la place Brancas.
1893-1894 — 1894 1895
Rien à .signaler.
1 895-1 89G — 1896-1897
Le 15 mai 189G eut lieu une grande représentation de gala au bénéfice do
la statue du général Mellinet. On joua Le ^farfJuis de VjV/cmc/' avec le
ICBSTAURATION DK LA RENA1S8ANCF. '^V*
Prudijtiri, rriidior, M"'* l'iersoii, tlu Minil, Reichemberg tl Amel.
^Au"; ist<w
L<; (iiiiiainrir l'.t d<'<iuiii<i<'. um- jj-iiinju»' 'wi mu, «-n iii.4liiiif,
au preiiiiur a(r(<* de Mit/non, La sallu étant trop ch.lut^é(^ on eut U
malencontreuse idée dVlrindre le calorifère en jetant de l'eau >ur les cliar-
lx)n« embrasés. Une légère (umé«» et une odeur d- nt
dans la .salle. Cela suUit |)our causer une bou.>>cu ^ ^. ^....,..c»
dames .s'évanouirent. Cependant, un grand nombm de s|xc(ateuni qui
n'avaient pas perdu leur sang-froid essayaient de rassurer le public.
M. Martini 8;iut4'i .sur la ^ "irmanl qu'il n'y av^ iii danger. Enfin
le (îaUne revint et la repi' i s'a<'heva s.uis en
pendant l'été de IH'.WS, on oonslruisil pour la Préfecture et la Mairie
de nouvelles avant scènes. Elles furent installées plus en rctriit que les
anciennes cl à la hauti'ur d;vs places de premières.
IHlIK-lrtOlJ — !«>!)■ Î9( M)
En septembre 181)8, M. Romain vint jouer Michel Strognjf avec- un
matériel entiôronient neuf.
Le H février 19<H> eut lieu, .sous les an.^pices de la Symphonir, un grand
festival en l'honneur de notre émiuent concitoyen Hourgault-Ducoudni^'.
Le compositeur dirige;! ses u'uvres au milieu des acrlamation-^ dii public.
Une danseuse de l'Opéra. M"* Sandrini, mima, a wtte soirée, d'une
remarquable f.i^-on, plusieurs Dames ijrecfjuett dv M. Hourgault Ducoudray.
A l'occasion do ce festival, la Presse nantaise offrit un l>anquet à l'auteur
do Thamara.
Le cyclone qui ravagea Nantes en février lîKMj causa d'as.sez grands
dégâts à la Renaissance. Une partie do la toiture fut emportée, et la pluie
qui p«'«nétra dans la s;ille y causa d'importantes détériorations.
«900 — 1901
Durant le prinl<nnps et l'été de 1901, de^ réparations considérables fun>ul
faites à la Renai.ssaoce. Ce thé^ltre avait le plus grand besoin d'une réfection
complète, aussi bien à riiitcriour qu'à l'exi*'- - La subvention de
lOU.lHHi francs fut. en partie, atlcott'v à ca ivx\
L'extérieur du mouument fut entièrement ragréé. On cbaogoa nombre
dû pierres qui étaient en mauvais état, on r- enfin, ou
rempla<;a par deux lyres, d'une forme assez cv^;...... . .v.. ..v ..x tito-s de
chevaux qui se trouvaient sur la fa(.'ade et qui n'avaient plus aucune raison
d'\ clro maintenues. L'intérieur de la ttalle fut refait à neuf et complètement
320 LE THÉÂTRE A NANTES
repeint en « modem stylo », sur les indications de M. Olivier Lcmoine,
adjoint délégué aux Beaux-Arts. Quand le public fut admis à «ontempler ce
chef-d'œuvre de mauvais goût, ce fut, dans la ville entière, un éclat de rire
général. La salle, badigeonnée d'une couleur jaune, réservée ordinairement
aux murs de cuisines, faisait un pitoyable effet. Les différents ornements
perdaient à la lumière électrique tout relief. On ne distinguait absolument
rien. Devant les quolibets qui accueillirent la salle ainsi enlaidie et qu'on
surnomma les <( Folies-Leraoine », — en effet, en entrant, maintenant, à
la Renaissance, on se croirait plutôt dans un music-hall que dans un théâtre
sérieux, — la Municipalité dut regretter amèrement d'avoir permis à
M. l'Adjoint délégué aux Beaux-Arts d'essayer ses fantaisies sur un
monument public. On tâcha alors d'atténuer les laideurs de l'infortunée
salle en renforçant les couleurs des fleurs employées dans l'ornementation,
en faisant courir une large frise de feuillages au-dessous du plafond des
galeries et en jetant sur les ignobles murs jaunes un semis des lettres T. R.
entrelacées, pour en dissimuler un peu la nudité. Malgré tout, on ne put
arriver qu'à corriger imparfaitement des défauts dus à une conception
fausse, maladroite et anti-artistique.
Le soubassement du plafond, orné de grands iris, est d'un assez joli
effet. Par contre, le motif circulaire qui le surmonte et qui sépare les
médaillons où sont inscrits les noms des grands musiciens, est complètement
manqué. Il se compose de trois lyres ornées de guirlandes de glycine et de
roses. Chaque arcade du plafond est séparée par une sorte de pilastre,
composé d'anneaux reposant sur une lyre plus grande que les autres. Le
tout est d'une lourdeur déplorable. La partie du cintre directement située
au-dessus du lustre figure des yelums tendus, peints d'une couleur bleu
tendre. On dirait nn immense parasol ou plutAt un abat-jour de mauvais
goût.
Los noms des musiciens inscrits dans les médaillons, placés dans la
guirlande de lyres, de glycine et de roses sont : au-dessus de la scène, ceux
de Wagner, Gluck, Mozart, Méhul ; ensuite, dans un ridicule désordre, en
partant de la droite, ceux de Verdi, Bach, Berlioz, Haydn, Rossini,
Gounod, Lalo, Bizet, AVeber, Franck. On aurait pu, il nous semble,
adopter une classification plus méthodique et, surtout, no pas oublier
Beethoven. Devant les protestations unanimes soulevées par cette omission,
M. l'Adjoint aux Beaux-Arts se décida à faire peindre sur l'avant-scène de
gauche un médaillon où l'on inscrivit le nom du grand symphoniste, ainsi
orthographié : Reethowen. Cette faute ne fut corrigée qu'après plusieurs
semaines, alors que, dès le premier jour, elle avait été signalée par les
journaux. Sur l'avant-scène de droite, ou mit le nom de Meyerbeer.
Si l'ornementation de la salki est complètement manquée, eti revanche;
RESTAURATION DE (,A RENAISSANCE 321
plusieurs remaniements hetfreux furent apportés dans sonatnénagemenl. Les
places de pourtour, si incommodes, furent sup; ' '. ' se
trouva, par là mt'rme, agrandi. On lui donna un- fs
places devinrent alors excellentes. Elles furent divisées en trois caU^ories :
fauteuils d'orchestre, stalles d'orchestre et parterre. Lc!* deux 1< :c
furent enlevées et remplacées par une sortie directe sur l'a-^iii . -.cr.
Les fauteuils, recouverts de velours bleu paon, paraissent noirs à la lueur
de la lumière électrique. Des ornements « art nouveau » en relief furent
placés dans les vomitoires qui donnent accès aux fauteuils. Ceux de droite
et de gauche ont un aspect a^-sez gracieux, nnis la courbe donnée a l'extré-
mité des parois serait, en cas d'incendie, un obstacle à la prompte évacuation
de la salle. Quant à celui du fond, il est d'une rare laideur. Le rideau peint
par Lavastre en 1887 céda la i>laco à un autre concordant avec la d«''coration
générale de la salle. Ce rideau et toutes le> peintures de la salle furent
exécutés par le peintre-décorateur municipal, M. Guillot, qui venait de
succéder a M . Lucot.
Le plancher de l'orchestre fut considérablement abaissé, de fat.on t{ue la
vue des spectiiteurs ne fût plus g(>néc jar les musiciens. La scène reçut un
nouveau plancher identique à celui du Grand-TbéAtre. L'électricité fut
installée partout. Lo < jeu d'orgues électrique » de la Renaissance est
même supérieur, comme agencemoni, à celui de Graslin. Un nouveau
calorifère remplaça l'ancien, qui était fort défectueux. Diverses modifi-
cations furent apportées du côté de l'entrée des artistes, qui fut rétréci»' pour
permettre d'augmenter de deux pièces la conciergerie. Enfin, diflcrenls
travaux de réparation et de solidification furent entrepris dans les couloirs
et dans le vestibule, où des colonnes de fonte furent placées pour soutenir
le plancher du foyer. Celui ci n'échappa pas à la r.ige d'«>nlaidissemeut de
M. l'Adjoint aux Beaux-Arts. On le peignit de couleurs brutales, où les
blancs, les violets, les rouges hurlent (les uns avec les autres. Les
panneaux furent, eux. tendus d'une jolie étotfe.
Les crédits volés pour les réparations du tbéÀtrc ut- i;i ncuaissance
s'élevaient au chiffre de 133.000 francs. .Mais ils furent dépassés. ICt dire
que pour ce prix on aurait pu faire quelque chose de bien !l
Les remaniements divers opérés dans la salle depuis la construction ont
assez sensiblement diminué le nombre des places. Aujourd'hui, la Renais-
sance ne contient plus ofiiciellemeut que 2.143 places.
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THÉÂTRE DES VARIÉTÉS
1832 — 1894
ra»riru l{iqtn^ui. - I." uourrlle salle de la rue Merr<rur. - .Vj" Lrroux.
Ih'lavilU: - Mnin. - Itesombes. - Les CJochw de (:orneT.ltB.
..,,:.ii.- Vingt Treize. — Valincuurt. — li»narel.
Ih^moUtion de la salle.
ANS un local a^scz pnunh.. :,iluc rue du Calvaire, où se trouve
aujourd'hui le iv 3. vint s'insUiller, en 1832, une scène de
marionnettes dirigée par M. et M™" Leroux. Ils avaient, d'a-
^ bord, donn(^ des représentations en plein vent sur la Petite-
Ilnllande. C' petit théâtre qui faisaient la joie des enfants mais non la tran-
quillité des parents, avait rc.;u du public le nom 'de liiguiqui. Celle appel-
lation devait lui rester. Même, quand bien des années plus tard, l'humble
baraque se transforma en un véritable théâtre, ce fut toujours pour I - V ■"-
tais. liiquiqui.
Cependant, celte troupe de marionnettes faisait des affaires d'or. D'année
en année, un public plus nombreux se pressait sur ses rudimentaires ban-
qurtlrs. La famille du p^re Leroux s'était accrue, les enfants avaient grandi,
s'étaient mariés. Ils se mirent à jouer entre eux quelques petites pièces.
Kn 1854, Riquiqui, qui avait quitté.depuis quelques temps, la ruedu Cal-
vaire pour s'installer rue Merc.eur. au coin de la rue de llndustrie. aban
donna définitivement les marionnettes, qui avaient commencé sa fortuiu*, et
se mit a jouer des ( omédies sous le nom de Théâtre des iMLansenxents-
Comiquea. L'ouverture eut lieu le dimanche G août. Le Rpoitacle se .m
posait de Bruno le Fileur, Pierrot, la léfjende dtt Grand h tan g, chaii!.
par M. Léon, âgé de six ans. et ^Tne/rinme qui ne gri:>e. Le prix des
places était fix6 comme il suit : premières, 1 franc ; deuxièmes, 0 fr. Ù) ;
galeries, 0 fr. 40 ; parterres. • fr. 25.
Cette tentative, qui réussit, encouragtîa la fnuill.» I.rn.ux fi continuer celle
exploitation sous lo Titre de Troupe Nanlai-
Ce fut seulement en octobre 186<î que l'ancien Kiquiqui adapta le n-
Variétés. A celte occasion, on rappropria un peu la salle qui était loin u . ....
324 LE THÉÂTRE A NANTES
luxueuse. Figurez-vous un espace assez exigu entouré d'une simple galerie
de bois. Au milieu, des sièges peu confortables. La façade était formée d'un
encadrement de bois peint ; simple décor à moitié elTacé par la pluie. C'est
dans cette salle malpropre, enfumée, que la famille Leroux gagna sa for-
tune. Ce petit thé;'ilre qui jouait le drame, la comédie, le vaudeville, était
fréquenté par'les ouvriers. Cependant les bourgeois, de temps en temps, se
risquaient à y aller, quitte à recevoir sur la tête des pslures d'orange et de
pomme.
On changeait de spectacle deux fois par semaine. Les samedi, dimanche
et lundi on jouait le drame ; les mardi, mercredi et jeudi, la comédie. Ce
système demeura toujours en vigueur à la salle de la rue Mercœur.
En février 1872, les Variétés jouèrent une pièce locale : Les Mysière» du
Marchix. Ce drame bien noir, mais qui offrait un intérêt palpitant pour les
habitants du quartier, était dû, je crois, à l'un des bons artistes de la troupe,
M. Cardon, qui avait épousé M"' Leroux.
En 1873, une revue du même auteur : Nantes à col d'oiseau^ eut un très
vit succès. A cette occasion, toute la haute société nantaise défila à Riquiqui.
Bien souvent la mère Leroux ne put retenir un mouvement d'orgueil en
voyant une file de luxueux équipages à la porte de son houi-houi..
En mars 1876, les Variétés firent une excursion dans l'opérette et jouèrent
la Fille de Madame Angot, C'était assez drôle. Le chef d'orchestre jouait
du piano de la main gauche et battait la mesure de la main droite.
Cependant M™« Leroux avait peu à peu amassé une fortune assez ron-
delette. La foule aflluait toujours à son théâtre. Elle résolut un jour de rem-
placer la baraque de bois par un véritable monument. Aussitôt dit, aussitôt
fait. Les travaux commencèrent et, en quelques mois, un théâtre d'apparence
sérieuse s'éleva sur l'emplacement jadis occupé par la petite scène des
marionnettes.
Le nouveau théâtre avait été construit par M. Moreau, qui tira tout le
parti possible de l'espace assez restreint mis à sa disposition. La salle, jolie
et coquette, se composait de deux galeries, de fauteuils d'orchestre, d'un
parterre et de quatre avant-scène. Pendant quelque temps, il y eut aussi à la
première galerie deux autres avant-scène, mais elles furent supprimées.
Le plafond, de forme ovale, était entouré de douze petits panneaux représen-
tant différents sujets légers. Les balcons des galeries étaient ornés des attri-
buts de la musique et de la comédie.
L'ouverture de la nouvelle salle eut lieu le jeudi 28 novembre 1878. i..e
spectacle était composé du Cheveu Blanc, de Jeanne qui pleure et Jeanne
qui rit et de Tromh-al-Cazar. Ce fut une véritable scène de famille. La
brave mère Leroux, âgée de près de 80 ans, mais très vaillante encore et
toute fière de sa longue vie de travail, fut amenée sur la scène aux applau-
dissements de tous et reçut plusieurs bouquets.
Théâtre des Variétés
Ru« Mcroaur
LES VARIÉTÉS DE LA RUE MERCŒLR 325
Alors, commença pour les Variétés une période de splendeur qui,ma]heu-
reusoment, ne devait pas durer de longues années. La troupe était bonne. II
me suffira de rappeler les noms de Delaville, un premier rôle de talent ;
d'Alain, un amusant comique, qui était en même temps peintre déco-
rateujr;du désopilant Besombes ; deMalbœuf : dn jeune premier Dubiaux,
qui épousa la [Kîtite fille de M™J Leroux, Cécile Cardon ; do M"»'» Cardon
et Allain, — les doux filles de M*"" Leroux, — et de M"** Besorabe."».
En 1880, profitant de la fermeture du Grand-Théâtre et de la déconfiture
de la troupe de la Renaissance, les Variétés jouèrent avec succès, les Clo-
ches de Corneoilte. Pour cette occasion, deux chanteuses, M"»» Vcrnet-
Lafleur et Berthe +'éal, avaient été engagées.
Un drame signala l'année 1881. L'administrateur Malbœuf qui, comme
comique, ne manquait pas d'un certain talent, fut trouvé pendu à un
portant.
La saison 1882 fut des plus brillantes. Deux pièces eurent un immense
succès : Quatre- Vingt- Treize de Victor Hugo, où Delaville était très remar-
quable dans le rôle de Cimourdain, et les Locataires de M. Blondeau qui,
pendant trente représentations, dilatèrent la rate des Nantais. Dans ce«l«
comédie, Besombes était absolument inénarrable. Allain y était, lui arssi,
fort drôle.
En août 1882, M™' Leroux mourut, âgée de 84 ans. Ses derniers momonts
furent attristés par la venue des huissiers. La construction du nouveau
théâtre avait coûté plus cher qu'on ne pensait d'abord. M*« Leroux s'était
endettée ; les frais, plus considérables, n'avaient pas été compensés par les
recettes, réduites forcément par l'exiguïté de la salle, et, finalement, la ruine
venait briser toutes les espérances que la vieille directrice avait fondées sur
son cher théâtre.
Quelque temps après la mort de M" Leroux, les Variétés furent mis en
adjudication et devinrent la propriété d'un notaire de la Ville.
M. Besombes père voulut alors prendre la suite des affaires de M™' Leroux.
Mais il ne s'rntendit pas avec les propriétaires de la salle. Il fit construire,
sous le nom de Théâtri' Nantais, une salle en bois, dans un terrain vague,
situé en face des Variétés, au coin de larueMercœur et delà rue du Général-
Meusnier.
En 1884, M. Besombes loua définitivement les V^ariétés. Il y resta jjis-
qu'en 1887, année où il abandonna la direction après des affaires peu bril-
lantes. Parmi les artistes qui firent partie de sa troupe, il faut citer M. Fres-
pech, qui avait été, en 1874, administrateur du Théâtre Graslin et les deux
excellents comiques Zynguet et Dargelès.
Au départ de M. Besombes, les Variétés passèrent aux mains de
M. Ganelly. Sous cette direction on joua une amusante revue locale : Ah !
dame, oui dame ! qui avait pour auteurs deux de nosconcitAvens. MM. André
326 LE THÉÂTRE A NANTES
Richard et Paul IJéraud-, et un drame fort intéressant d'un autre de nos
compatriotes, M, Jules Uringoï^é"- Le Serment d'un Breton. Cette pièce histo-
rique eut un grand succès et obtint dix-sept représentations consécutives. Le
soir de la première, une dame, femme de l'un des héros figurant sur l'affi-
che, se présenta au contrôle pour demander si son mari, décédé, n'était pas
niàlmerié dans la pièce.' On la rassura et on lui offrit une loge.
En 1888, M. Viilincourt prit la direction. Parmi les meilleurs artistes de
sa troupe, il faut citer M. Bonarel et M"'^ Yorelle. Une reprise de la. Famille
Benoiton eut un vif silccès. Le jeune Vàlincourt était excellent dans le rôle
de Fan fan.
En janvier 1890, la crise provoquée dans tous les théâtres par l'influenza
éclata aux Variétés et M. Vàlincourt fut obligé d'abandonner son théâtre.
Le Comité dfé la Presse organisa au bénéfiee des artistes de la rue Mercœur'
la grande représentation de Carmen, avec M"'* Boul^nd, dont j'ai parlé
dans un autre chapitre. . .; :..,
La saison 1890-91 se fît sous la direction de M. Berthollot avec une troupe
lie Renfermant aucun artiste digne d'être spécialement signalé. Au mois
d*âvrir, le théâtre fut acheté par un grand propriétaire. M. Bélier^ avec
l'intention d'en faire une maison de rapport. Néanmoins, cette transforma-
tion n'eut pas lieu, mais la salle resta fermée pendant deux ans.
Dans le courant de février 1893, les Variétés rouvrirent leiirs portes sous
le nom de Théâtre des Arts, avec M. Ricouard comme directeur. Le prix
des places fut augmenté. On ne joua que la comédie et le vaudeville. La
troupe était bonne. Les principaux artistes, MM. Blanchét, Howey,
Mmes Leriche, d'Ickles, de Givry. ramenèrent par leur talent le public à la
salle de la rue Mercœur. Pourtant le nouveau directeur ne réussit pas.
Après de fréquentes relâches le Théâtre des Arts ferma définitivement
ses portes à la fin du mois de mars.
A plusieurs reprises, les directeurs qui s'étaient succédé aux Variétés, et
même certains conseillers municipaux, avaient demandé que la Ville subven-
tionnât ce petit théâtre. Toutes ces tentatives n'aboutirent à rien. Un théâtre
des Variétés est pourtant utile à Nantes, puisque les scènes municipales ne
possèdent pas de troupe de comédie. Il eût été bon que le Conseil accordât la
subvention demandée.
Aucun. directeur ne se présentant pour louer la salle, le propritaire se
décida^ en 1894, â la faire démolir: Une maison locative portant le n" 22 de
la rue Mercœur, s'élève aujourd'hui â la place du théâtre créé par la mère
Leroux.
FIN
TABLE DES A\^ATIERES
TABLE DES ^\^ATIERES
A\ ,mt-I'inp<»~ I
liilio<iurliuii III
PREMIftUK PAirriK
Depuis les Origines jusqu'à la Construction du Grand-Théâtre
1430? - 1787
I. - Les MysU>res (14:W - 1518) 1
Lo }eix do Hien lutcisé et. mal adcis'- -~ mu-r-iAr^ ju' c ■< je l'vs t
Nantes à cotte époque.
II. — Le proiuiof Optera à Nantes (1596)
Représentation d'Arimrne, dan.s la grande sallo du ChAtpau.
m. — Molière & Nantes. — Troupes nomades (1G39-1721) ;»
La troupe do l'/i/u^/rt» r«^a«n-«r. — Dans quelle salle Molière joua-t-il?
— Intolérance du Glerg»^.
IV. — Lq Salle du Dignon-Leslard. Première pi'riodo (1T25-17S8) 17
La Montansier. — rolhit-d'llerboi.t. — (îoun-ill»'. — Lari\.'. —
Mil'» DesglandH et Lenfant. — Anecdotes. — Appointements don
artistes à cette époque.
DEIXIÈMK PARTIE
Depuis la construction du ThéAtre jusqu'à l'Incendie
1787 - An IV
I. — Graslin et la conslroction du ûrand-ThëAtrc (1784 17S^
Dir- • — _,j^.
t. :-», —
Description du Ontud-Tutritre.
M
330 LE THÉÂTRE A NANTlfe
Page»
II. — Directions : Longo. — Hodoljilie et IIus (1788-1791) 37
PièglftiTieHl du Théâtre. — Les deux Bapli-sto. - Mole. — I^ Saint-
Huberti. — Mar.sias. - Affaire Fieury. — M"« Saint Jamo.s. —
Anecdotes.
III. — Directions : Fervillo. —Violette et C". — Danglas, Période révo-
lutionnaire (1791-An IV) 45
Anecdotes. — Carrier et le Régisseur du Grand-Théâtre.
IV. — Incendie du Grand-Théâtre (7 Fructidor An IV) 57
Dépositions des témoins. — Souscriptions en faveur des artistes.
TROISIÈME PARTIE
Depuis l'Incendie du Grand-Théâtre jusqu'à sa Reconstruction
An IV - 1813
ThéàivcH du Chapeau- Rouge, du Bignon-Lestard et de la rue du Moulin
I. — Le.s petits Spectacles (1784-An IV) (j7
Première période de la salle du Chapeau Rouge. — Deuxième période
delà salle du Bignon-Lestard. — Pièces révolutionnaires.
II, — Directions: Danglas; — Durnanoir, Termets et Julien Sévin
( An IV-1813) 71
Scandales. — Anecdotes. — Chants patriotiques. — Pièces interdites
ou expurgées. — La Vestale. — Napoléon à Nantes. — Joseph,
— Ml'" Pelet.
III. - La Salle de la rue du Moulin (1802-1818) 83
L'ancienne chapelle des Carmes. — Poltier.
QUATRIÈME PARTIE
De la Reconstruction du Grand-Théâtre à sa Gestion par la Ville
1813 - 1857
Théâtre Graslin. — Tlièàtre des Variétés
I. — Directions : Arnaud ; — Brice ; — Jausserand (1813-1820) 85
La nouvelle salle, — W^' Pelet. — Jaubert. — Talma. — Z>on Juan.
M'i" Georges. — MH'' Mars. — Jausserand. — M"** Lalande et
Floriny. — Huny. — Boioldiou.
II. — Directions: Léger. — Bousigues. — Jaubert et Clerniont 1820-
1829) 103
M™« Allan-Ponchard. — M'"" Danaremont. — Les Noces de Figaro
Noiirrit. — Le Barbier de Séi-illc. — M. et M'« Roche. —
Ml'« Duchcsnois. — M'"" Richard-^Muté. — La Dante Blanche.
Robin des Bois. — ycmand Cartes. — Bfttaille au Théâtre. —
Régnier.
TABLE DES MATIKKES. .'i>31
III. — I)ii<'" (ions : \\<'|s4-|i. — Nduti'Uii. <.ri.iii'-«. iw.. m- --i iiumon
lliiwr. — niot. — Hizot. — Pourcolt »l«* Baron. — Val«Miil»rt. 117
Nicolo-Inoaanl. — Lt Muette. — AnecilolM. — M'I* C»
Fra Diarolo. — Zampa. — />* l'ré-nux Ctern. — l.uo.
Hobert It Itiahle. — .M~ I)amoreaa-Cinti. — Marie Donral.
IV. — I>irerUons : Ponchanl. — Iloti\. I.onionniiT. - I,nf»»nt!liid".
l'rat. — LafTilo. (183«5 18». 129
>!■• Thilloniffurtaux. — Guillaumf Tell. I-'.iLr)-.. I.iji'.uUti.
La Juirr. — Ilt'rnant — I^s l{iiywf^nt$. — Wcrnielrn. I.ucir —
de l.nmermoor. — M" Vr^y — la Fnrorile. —
H«rinann-I>on, — Ln Fille du i. — Sorma. — Ilaner.
M*« Margueron. — Isma*-!. — Anecdotes.
V. — DIrcrtions : Tilly. — Lemonnier. — TnliiT. — Lonionnivr (18U-
1851) n3
Réparation de la Salle. — Tilly. — 6ot. — Solié. — Rach.-l. —
Calcina. — Eli«a-Maii80n. — Charlft I /. — hin/.L — Dulnc.
Chollel. — La Urine df Chypre. — Emoutes. — D^jaiet. — E«pl-
nasse. — Dupro^. — Klarhat. — Ml'* Ulm-a. — M'I* Victoria. —
M'I* Voiron. — Le Songe d'une Xuit d'Eté. — Charl*«n Bataille.
VI. — I)irorlions : Guuriii. — Cléiiioiil. — Defrenne. — Holaiid (1851
18Ô7) !•,-
Mclinguc. — LcvniMoar. — >!■• lUlloii. — lUehel. — Duprat
M">* (l;iinbier. — il''* Lu.nsonne .— Les Socet de Jeanm-tte. —
I^e Prophète. — Scandale. — Caabet. — M"« Cîoi.sinard. —
Hèj^nier. — Moue. — L'Ktuile du Sord. — L'AIboni. — Oline
Monloland. — Api>ointemrnt<i d»- i'< »r. t.. .»i.
VII — Thi^alro di»» VuriéltV-*, rue de l'-Vitliu bcLhi; .lN»i IS >'.'/ Hi'.J
riNOril'lMK IWRTIK
De la Oestion dM Grand Théâtre par la Ville â la fin du XIX Sièrl*^
1857 - 1»)1
I - (.iértintv de Cliorie» Solié. jtour It) coiuple de lu Ville (l^iTiT-iStil). 171
M"»* Hlllen. — Les Drtignns de Villart. — I>«Ji«et el *' ■ ' tr*.
M'i* I.avoyo. — M"' BriènvFaurt'. — Mirapvlli. —
H«'juy. — M"« Bori:h«'«»«'. — />» Pned, :••«.
Le Trour^re. — C.onito Il«»rchari. — \pt-
beoq. — Fnust. — Ma>* Carvalho. — Kcouiialc» tluMtcMT» Je la
gvranoe.
332 LE THÉÂTRE A NANTES
Pages
II. — Directions : Cliahrillnt. — Jourdain. — Comminges. — Ber-
nard. — Coinmingos. — Défossez. (1861-1871) 181
Emeulos. — La Statue. — M'"» Tedesco. — Scandale. — Rigoletto.
Elisa Masson. — M^e Picquet-Will. — Mm>; Barbot. — Picot. —
Pons. — L'Africaine. — MU» de Taisy. — Nouvelles Emeutes,
La Tt-aviata. — Depassio. — Mignon. — Dcsclauzas. — Anec-
dotes.
III. — Directions : Défossez. -- Ferry. — De Tholozé. — Frespech,
Longpré et Francis (1871-1875) 195
Justin Boyer. — Rougé. — Roger. — M™" Balbi. — M'ie Verger. —
Jourdan. — Ricquier-Delaunay. — Cécile Mézeray. — Roméo et
Juliette. — La Fille de M"" Angot. — Diyazet.
IV. — Directions : Coulon. — Bellevaut. — Coulon. — Lemoigne (1875-
1880) 201
Ch. Buziau. — Tournié. — Pons. — Dauphin. — Caroline Mézeray.
M"" Seveste. — Reine Mézeray. — M""© Lacombe-Duprcz. —
Guillemot. — Maupas. — Warot. — Ilamlet. — ïrenioulet. —
Plain. — Féléeie Arnaud. — M'ic de MoUcns. — Aima Rcggiani.
Paul et Virginie. — Aida. — Carmen. — Dereims. — M""» De-
reims-Devriès. — Delabranche. — Coralie Geoffroy. — Dubouchet.
Les Cloches de CorneYille. — Manifestations politiques. —
Réparation du Grand-Tl^éâtre.
V. — Directions : Graviôre. ■— Lafon. — Gaultier. — Solié (1880-
1886) 213
Marguerite Vaillant-Couturier. — Hélène Chevrier. — Jeanne
Fouquet. — Séran. — Couturier. — Guillabert. — Mireille. —
Jean de Nivelle. — Philômon et Baucis. — Polyeucte. — Pel-
lin. — Bérardi. — Le scandale Val. — Le Roi de Lahore. —
Alice Rabany. — Mauras. — Verhées. — Duquesne. — Héro-
diade. — M'"» Lacombe-Duprez. — Villefranck. — Emeute —
Les Contes d'Hoffmann. — Lakmé. — M. et M"'" Simon-
Girard. — Labis. — M'I» Espigat. — Roux. — Manon. — Ml'"
Schweyer. — Laurent. — Le Roi l'a dit. — Le Chevalier Jean.
VI. '- Directions Paravey. — Poitevin 1886-1890) 229
Devillters. — Sujol. — Poitevin. — Jouanne. — Marthe Duvivier. —
M""> Jouanne- Vachot. — M'" Bouland. — M"" Yioletti. —
Le Cid. — Les Pécheurs de Perles. — Méphistophélès. — Mar-
guerite Vaillant Couturier. - M'I' Seveste. — Gounod à Nantes.
— Centenaire de Graslin. — Ilamlet, d'Ignard. — Delvoyc. —
Bucognani. — M'"" Ismaël-Garcin. — Si^«rrf. — Le Roi d'Ys.
— Léon du Bois. — Abraham Lévy. — Lestellier. — Glaverie. —
M«n« Laville-Fcrniinct.
VII. — Les trois directions Morvand (1890-1893) 2i7
Décadence du Graud-Théàtrc. - Bucognani. — Claverie. —
M""» Laville-Ferminet. ' — M"« Salambiani. —La Basoche. —
TABLE DBS MATIIhlRES 3.'i3
— Loftengrin. — I; I. ■
inaltr' Sch\v«-yi'r. — '
Mîir^'Hfiilc Sain' !
IJ ,'!,.:,■. - M.
\lli. - iMir. .mil- t.,i-t.'\. - Jaiiy.T ,iSH:M896)
Miranrp-. — Tourniù. — Sontenai*. — Vilt-tte. — Iienuanii-D«Tri'î«.
— Jano DbaMty. — M*»* Tarml-Uaugi'. — M»»» Hil» •. T.uriii'-.
— Patrie. — l.'AUaque du Moulin. — Alfred Bruiwau ;'i Nan-
tes. — Tnnnhu'user. — Accident «-t incident. — Ansaldi. — tîri-
inaud. — Jofl Fabrs. — Jano Fn.-lor. — Houlia Lambrocbt.
- Othello. — CantMt'ria Ruttirana. — Thamara. — Uê|>ani-
tionn au <iranJ-Tlié4lri!. Norral. — I^fari;6. — QiKmouve. —
— <îhnKni>. — Arlii-j. — M •• Buhl. — Eva Ilomaiii — Mar-
tiirior. - Les incidents. . —
iK'. — Prost-rpinf. — Les arti : . lo.
I\ — Diroclions: .Mnilini. — Giraud. — Villi^fran.k (1896-I9t)l). . . . ÎS\
Marguerite Martini. — Thf'r<^se tlb'-ment. — Sëvellhac. — B<iuxintn.
— Saltimntb". l'.rmifjetini- - I.:it:iHt<>. — Kva Itoiiiain. —
M"*" Luca. — Mrssitlfr. - Alfro I Iirun<'au)^ Nantes. — Henri X'III.
— Hlanrbu Marie. — V»'rdier. — Marj^ucrite Desvan-illoH. —
Hlan<-licdo Camilli. — Odylo Ilendrickx. — nu-nsel et Grt'tel. —
Siri-Lind. — Princesse d'Auhm-tje. — Phryné. — L'Incident
DobliclaiTC. — Samuel Bovy. — Buurfrcois. — 5>izca. — Jarquin.
— M'I* Brictli. - M"« Poigny. — Orphée — Hulda. — Iai Vie de
lii'théiiie. — Marguerite (iiraud. — Eng)-1. — 1^ - —
l'Vrau>l df Saint-Pol. — «'.o.lou. — Jane Balhori. — ••n'.
Mm» (".liulain. — Jeanne I„-itnlM<rt. — M"* > - L«
i-vi-lo (l-s .l'uvo's (lAlfp.J Bruneau. — Le . —
Iphigénie en Tauriiif. — Cendrillon. — Thaïs.
\ Ihùàlre do la Henaiîisnnoo (18<î7 1901). .
Construction dt> la salK'. — Les Iriupes italienn»;.s. — Irwtipth
diverses. — .\cbatdii Tlié.*\tre par la Ville. — Pii«<«s int«riiil»'-s. —
^fal■r,•a^^ et le colonel Iluhert (Jistex. — Sarab-Bernhardl. —
Iii' I i'iils. — Aiciilifits. li l'itration du monuiiifiil.
\l. - 1 ii-Mir.- M.-i \ .iii.-t.'s, ruo Moiv.t uf (1832-180ij Ili»
L'ancii'n Ri(|iiiqui. — La nouwlle Kille -I-' I.i rii.> M. n-.. ir
M"'" L«i.>us, — Delaville. — Alain. - L
de Cornotille. — gc"'--- '•'.■■•'■ /•.•..•
Démolition do la aall
^•:5i-O^Cîi-
TABLE DES NOMS
TAliLL
DES
Principaux Noms & principales pièces
CITÉS DANS LE VOLUME
ifrirahtf. 1H8.
Agar. IIW. liW. '^K).
.■li//(i. 2«IK. '2\:,.
Alain. :C^:..
Allan Ponrhanl. (M-«) 106.1U7.11I.
Alhort. Z/:.
Ail... ni. i;:..
\ 1 i . ■•' :. ■'■>■. Ml, 270.
\' :hl-tli. . i»;.!.
Armand, lifcf.
Aniaua. i:{. 86. K7. '.•!. «J. ••• '7 •>« 1^-.
Armiu.l i'.-licit) 2U7. 'JUH.
Vou/m. (10 'Mi, 27U. 2U1.
;«i'..
Anb«r, ir.Mv»l.
Aubort. W2. m\. .106.
Aubrani, (K. d) '247.
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Ilourvault-Daroodniv. 179. 17V. 'iSP. 271»-
15 'A7.
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-.. i«7. ail, 2ift.
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338
LE THÉÂTRE A NANTES
]{riôre-Faurt. (M"") 174.
Bricp, 97.
Brictli (M"«) 2'.i7, 298.
Briol, 1S4.
Broca, 297, 299.
Broussan, 250.
BruTieaii, (Alfri-.l) 220. 253. 263. 264, 270,
289, 290, 303, »J4, 30.^.
Brunsclnvig (Léon) 2:J«, 291.
Bucognani, 2-10, 248, 249, 253, 2û4, 258,
2.J7. 270.
Dûhl. (M'I') 273, 27G, 284.
Burgcrc, (M"«) 88.
Buziau. (Ch.) 202, 204, 206, 208,209. 214,
217. 218. 221, 225, 226, 230, 234, 249, 241,
242, 243.
Calcina, 76, 145.
(îambier, 161.
Camilli. (MU» de) 293, 294.
Camoin, {MU') 121.
Canilclon, (M"«) 227.
Gardon, 324. 325.
Carmen, 208. 215.
Carrier, 51,52.
Castclmary, 179.
Castox. 2C.1,2(;2,263, 264, 265, 266, 267,
2C.8, 2C.9, 270, 271, 281.
CaY('-Rivonez, (M»») 198.
Caubct, 165, 205.
Cazoneuve, 273,
Cendrillon, 30r).
Chabrillat, 181, 182.
Challart, 1()5.
Charles, 177.
Charny. {M"<») 185.
Charpentier (Gustave^ 220.
Chavaroche, 243.
Cliapplain. ir. 22,24, 51, 123.
Ghauvel, (Paul) 190, 238.
Chenantais, 176, .309.
Chëreau, (Piern-) 307.
Chevalier Jean (Le) 217.
Chevricr (H('aène)214.
Cholain, (M'"e) 302, 305, 306.
Ghollct, 148.
Cid, (Le) 232, 298.
Glavcrie, 243, 248, 249.
Cloiucnt, 162, 10)3.
Clément, (Thérèse) 283, 293,294.
Cloches de Corncvillc (Les) 208.
Codoii, 302. 305, 306/
CocuU, 184,
Collot <i Jlorhois,^;!, 02.
Golombel, 150.
Combcs-Ménard, 252, 254.
Conimingos, 18'», 18<i. 187, 188,190, 191.
(Jlonipain, 42, 2*».
(>omte-Borchard, 178.
Contes d'Hoffmann (Les) 223.
Cuquelin (aînO) 178,
Coulon, 201, 206.
Couturier, 214, 215, 238.
Crucy, I, 31, 32, 33, 34, 84, 80, 87.
Dalti (Zina) 313.
Dame Blanche, (La) 111.
Dame aux Camélias, (La) 158.
Damoreau-Cinti, (M»') 127.
Danylas, 55. 58. 60, 05, 66, 71, 72, 74, 75.
Dangnmont, (M"") 105.
Dauphin, 202.
David, 294.
Dt'fossoz, 192, 19.:-. .
Defresne, 164.
Déjazet, 150, 168, 169, 173, 179, 189.
Delabranclie, 209.
Dflanoue. (M»') 108, 110, 113.
Delaunay, 179.
Dclaville, 325.
Delille, (M"') 151. 152.
Delvoyc, 340, 2il.
Deniauroy, 302.
Demerio-Lal)laclie (M"«) 311.
Demouchy, 95.
Depassio, 191,
Dereims, 210.
Dereims-Devriès, (M") 206, 210, 25t^
Desclauzas, (M»"») 192.
Desgoria. 262.
Desniarets, 24, 25.
Destranges, (Etienne) 21, 236, 237, 257,
276, 290, 303.
Desterbecq, (M»') 179.
Dovareilles. (M-e) 293, 294, 295, 298.
Devilliers. 230, 232.
Devin, l^.
Devriès (Ilermann) 2^2.
Diiasty, (.lane) 262, 2r4,265, 268, 270, 29l
Doboliaëre, 283. 2*'). 296.
Doche. (M-») 183.
Dons, 294.
Don Juan. 92, 210.
Doria, 207,
Dorval, (Marie) 127, 133.
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'MO
LE th^:atre: a nantes
Ilerrinanii-L/'Oii, l'.Çt.
H<.-urteaux, W), 141.
Ilignard, 10'), \m, '£».
union (Mll«), ir)9, 173, 182.
Huguenots (les), 1.3:3, liV).
Ilulda, 2ÎJ8.
Humperdiiick, 220.
Huny, 102, i:JO.
Ilunër, m), 141, 151.
Hus, 4:3, /i'i. 4C., 48. 49.
Iphiffénie en Tauride, 306.
IsmaiU, 140, 147.
Isiiiaol-Gaxcin (M»"), 240, 241.
.Jacquin, 297, 298, 299.
Jahycr, 271,274, 276,278.
Jamet, 185.
Jaubert. 88, 92.
Jausserand, 98, 99. 100, 102.
Jérusalem, 151.
Joncières (Victorinj, 188.
Joseph, 81.
Jouanne, 230.
Jouanne Vachot (:\I'i«), 220, 231, 2:>>.
Jourdan, 197'.
Jourdain, 183, 218.
Judith, 188.
Juif Polonais {le), 305, •W>.
Juive (la), 131.
Julien (S«Win)' 03, G8, 09, 70, 80.
Korlord (M"-). 207.
Kranss (M""). 1!K>.
Labis, 225, 220. 2'i0.
Lacombe-Duproz (M""), 205. 206. 2i\.
Lafargc. 273. 274, 2^5 27<'>.
Lafeuillade, 135, i:».
Lafon (Olive), ai6, 218.
Lafoiid. 49.
Lahmé, 223.
Lalande (M"'), 9î^t, 100.
Lambert (Jeanne), 3<t2, 3ftl.
Lambert. 192.
Lambrecht, 268.
Lamy (M-'). 141.
Lannet (Mno'). 177.
Lary, 252, 202, 2C>5.
Lassenno (M"«), 101,
Lataste, 287, 289.
Laurent, 227.
Laurent (M"")i 185.
Lavilk-Ferminet (M"«), 2'»3. 248. 249,
256, 257.
Lavoye (M"»), 174, 177.
Lekain, 20, 24.
Lemaire (M""), 82.
Leniatte, 227.
Lemoigne, 20:).
Lenioine (Olivier). 282. 284, 286, 2S7, 2«S.
295,2)0. 321». 321.
Lemonnior, 181. 134, 149. 1,')2. 153.
Lemoule (.Mil'), lia, lU», 12.S, 1.31.
Leroux (M--) 323, 324, :«5.
Lesbros, 127, 130, 150.
Lesoeur (M"«), 2()7.
Lestcllier, 243, 244.
Letourneux. (53, 64.
Levasseur, 158.
Levassor, 145.
Lévy (Abraham), 243, 252, 253, 261.
Lind (Siri), 2)4.
Linse (M-^) 220, »>2.
Lloyd (M"«), 2(i2, 264.
Longo, 2:3, 2.5, 29, 37, :!X. 11. Vi. W. fù. fw
Longprt', 199.
Lorant, 234, 2:)8.
Lucas, 287, 289, 302.
Ludovic, l'i5.
Lucchesi (M'"*), 311.
Lyonnel (Marie), 200.
M
Maillard (Mlle). \:\.
Mainvielle. 108. 115. 122.
Maisonneuve (Tli.). 245, 2.''i0.
Mangin, 118, l:«, tiMi, 108, 177. 179.
Manon, 225.
M an-bot, I5'i, 158. 188.
Maicillac (MU"). 2«.)9, 302.
TABLE DES MOMH
3^i\
'«. 112
... ;ij. w
. , .^.. ..... _^, «UK. :l«..
1UhU7. 14M. MU. ti;i. lui,
M ri, IJii.
M'-rly. !«{. lA..
M.T-.l (la lianè. ' "
Ml I ton. I«y, H.'i
.Mi'ijiilitr. '^Hê. v", ..".M,
MftstP . -iHS. M^.
11. IW. 1... !'..
j «1. '»4 "V ••
U, ilU
•iir?. a».
Stiijnon, 191.
M...l!iM farvalliô (M*«). IW. 171».
.Mir;iiiii*, 261. *r.. *VJ, 271. ï/l, UKI.
Mirap^lli. 174. 177.
Mirftllr. iVv
\f, ».• ii.i .,.-if •> .
M
M 'M' M -1 >iii'' II-''. ..■"/. ..■"'^.
Moliore. m. II. !•.?,
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im#. 308.
Ci.
w<T4. !ll\
lA ItU.
342
LE THÉÂTRE A NANTES
Pré aux Clercs (le), 123.
Prévost-Colon (.M«>e), lai,
Prévieux (M""), 192.
Princesse cl' A uberge, 294.
Prophète (le), 161.
Puget, 100.
nabany (Alice), 219, ^83.
Rachel, 145, 153.
Rai ter, 221.
Raucourt (Ml'"), 20.
Raynaut (M^e;, 179.
Régnier, 115, 119, 165.
Reggiani (Aima), 207, 208.
Reine de Saha (la), 237.
Rêve (le), 253, 254,303,304.
Reyer, 183.
Ribes-Tournié (M"'), 262, 264.
Richard, 214.
Richard-Mutèo (]\I°'<'), 110, 111.
Ricquier-Dclaunay, 197.
Rigoletto, 184.
Robert le Diable, 125.
Robinot-Bertrand, 32, 45, 119.
Roche, 109, 106.
Roche-Legrand (M-"'), 109, 111, 115, 16C.
Rocher (Pauline), 256. 285.
Rodel, 119.
Rodolphe, 43, 44, 46, 48, 49.
Roger, 193. 196.
Roid'^s(\c), 241, 285.
Roi de Lahore (le), 217.
Roi l'a dit (le), 227.
Roland Saint-Léger, 168.
Roland à Roncevaux, 188.
Romain (Eva), 273. 287,. 289, 291.
Roméo et Juliette, 203.
J^ougé, 190, 203.
Roux (M""), 124, 125, 133.
Roux (M. et M'"« Léopold), 225, 227, 245.
Roy (M">e), lOG.
Rozan, 109.
Saint-Charles, 137.
Saint-Huberti (la). 43.
Saint-James (Ml'-), 44, 45, 93, 94.
Saint-Laurent (M"e), 252, 25G.
Raint-Saëns, 251, 2&3, 266, 275, 289. 292.
Saint-Scrvan (M™»), 44, 45.
Salambiani (Mlle), 248, 250.
Salambier (M"'), 262.
Salarnmb('), 285.
Samson et Dalila, 253, 257, 265, 268.
Sany (M'I» do), 240, aU.
Sanz (Eléna), 257, 258.
Sasse (Marie), 180.
Scaramberg, 277, 2'.tl.
Schwoyer-Lematte (M™e), 227, 25».
Séché (Léon), 200, 204-
Sentenac, 202, 264.
Séran, 198. 214, 215.
Serpette (Gaston), 200, 230.
Séveilhac, 284, 285, 289, 2i:>l, 2î)4.
Seveste (Ml'*), 203, 235.
Si j'étais Roi, 259.
Silvostre, 292,
Sifftird, 240, 241. 270.
Simiane, 184.
Simon-Girard, 223.
Sizes, 297, 29V).
Solié (Charles), 145, 146. 148, 149, 151, 152,
IM, 157, 159, KiO, 163. 16:1. 1»J«. 172.
173, 179, 180, 224, 225, 226, 227, 22'.i.
Songe d'une nuit d'Eté (le), 15'i.
Statue (la). 182.
Stcrckmaans ('M"'). 302, 306.
Strélesky, 231, 235.
Strozzy, 192, 193, 311, 313.
Sujol, Ki8, 228, 232.
Sylvain, 275.
Taisy (MU* de), 188.
Talexis (M"'), 287, 291.
Tallier, 151.
Talma. 88, 89, 90, 91, 94.
Tannhœuser, 182.»>4, 285.
Tapiau. 205.
Taiiol-Baugé (M"»»), 262, 279.
Todesco (M»'). 183.
Teillais (D'), 259, 266, 281.
Tessier, 175.
Thaïs, 306.
Thamara, 269, 270,
Théry (Hélène), 302, 304, 300.
Tliibâult (M»»). 95.
Thillon (M-"*), 130, 153.
Thuringer (Ml'e), 240.
TABLK DES J«OM9
a«3
Tilly. li). 14:^. IM. 14S.
; Hi. iîJ8,.'ni.
110. 31 .', 31 J.
17.».
I. 223, «U. 't&\
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JUH.
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TylUa (M-«).'/rj.
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Vnillant-Coattirieri Marguerite). 214. 'l\h.
21»;. 214. aC. 2:tT. i», ^VV. 775, /T?.
l'rt/ rf*.4niior.- (l.i, 151.
V<v««r(Mlw^ IM.
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ZoU (EmiU). «n. «U. 301. aOI. 3UG.
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Pugo 4, ligne 9, iiii Ii«'U «le : cette itermère œnrre, lin» : rette ilernitre pi*^e.
pHge 17, ligni^s 7 ri H. au liou de : a écrit i/tie l'hôtel du I'iiahk i»» i \ I-onir,
lire : fl errit ijue l'hùtet occufté, jaiii», rue Scrihe, f*ar le Pmah»
I.OIHK.
l'iiKH (M5, li^ix* 1. au liou (!•• : DamjlarM, lire : iJanglmt.
l'iiKt' 1^, iIcTiiièru IIkiio, au li<Mi de : qui ait itnrue, lire: qui ait paru.
1*11^0 H7, reinpliicer tout le premier alinéo par le »aiviiiit :
a Kn 178i, un sieur J. liëconnniK fil élever, enln> In rue du Calvoirc H la
groudo rour silut'o dt>ri-ii-r«< rilôlullrrii* du (IIiuimmiu H<> In
o<c.ip«>, il y H iiuol'ju'"- Millier», par rilôl<«l «!••« Po-.».-. > re
(le-ttirn'»« aux s;."' !i»î» « \ ariri.-s. A t.
spo<Jl«flL»» de» Hij .. . ut d«' la Koiro ». 1' , . . . la
salle, un cirque qui disparut en 1839, lorw dn l'arlièvonient de la riM* Itoilrau
vern la rue <lu (!al\aire. (> tl, * '■♦,
n'avait anruno farudc. Il prit I*' né
Colniann x.
l'oge 77, ligne 39, au lieu de : H'éceraient, lire : ë'eleeaient.
l'ag*' ^< lignii 13. au lieu de : et île mrlodrame», lire : et de» mélodrame».
Tugo 121. au liou du : .V"* Camfln : lire A/'" Camoin.
Pagn 129, ligne 2 du Mutnmire : au liou de : Lnmermoor, lire : Lammer-
muor.
Page 134, ligne 35, au lieu do : Lamermoor, lira : Lammermoor.
Page 152, ligne 5, au lieu de : Lamermmoor, lire : Lammermoor.
Page 178, ligne 5, aa lieu de: deux piéce$ de cen, lire : deux piieeê en «ert.
Page 187, ligne 6, au lieu do : M"* Wertimberg, lire : Werthimberif.
Page 198, ligne 5, au lieu de: était envahie, lire : étant entahie.
r HBUn:
:{10
l*ii^'(; 231, li^'iKî 22 (il 2.S,nu lien (Ur. lu J''ii,s SL-HNATLKni, de (ircncl-Din-dni-ourt,
liio : lo l''it.s scKNATiHi'.i, (le (rt'cnct-Ddnfoni't.
Vnix,{\ 2.')1, li-.',!)!' 2'i. îiO lien (II': l.cn"i'iirr J<'ii , l,i."' '■/"'' J'i.rrhrsi ri'. \\v :
l.inwHe.
Page 2r)'i-, lii^Mic S, ;ia lien do : (ijjirlic roiif f.rticr. lire : (tffirhr jionr rrrler.
Va^a 260, lignes 36 et 37, an lien di^ : ponvlnut r'Pst jwm-tdnt connae rchi.
lire : r'V.s7 povHnnt.
VkXixv, 2(i7, li/^Mic 'i. au lien di-: (jui n'ouhlirrrut pus dr sitnl. lire : 'iiii /l'oi'/i/if-
roiil jxis.
l'afi-c 272. li/jfiio 27, au lieu (1(î : h'iijin, jtoiir /'('((iblisscmcnl du ti-n<\ Wva : h'n/iri.
eu ju'('vi.si<j/) de r<'t((h//!^.semcitt du (rue.
Pa/^o 273, dans le taljloau do troupe d(! la saison IcS'.lTi-lN'.Hî, ajouter lo nom lU'
M''' Franck, contracte en double.
Pai^c 31."), lij>no 8, au Hou do lïidjci-t ('(Li-tex, lire : Ilid/crl (,'astex; ligiie3i, au
lieu do : Mond CléMcnt, lire : Moïna Chhiwnt.
Pa.uro 323, ligne 1, au lieu de : niluç rue du Calvaire où fie /ronre. lire : à l'en-
droit on .se tronre.
Paye 332. ligne 3Î), au lion d'I;//tdrd, lire : d'ïliiinard .
Nanlf>s. — liiijirimt'rio t". Salibres, riio SanteuU, !2.
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